Avez-vous relu depuis longtemps l’Essai sur les révolutions et Les Natchez, ces œuvres de sa jeunesse et qui nous le livrent tel qu’il était jusqu’à près de trente ans ? […] C’est dans cette lutte inextricable entre l’homme naturel et les personnages solennels, dans ce conflit des deux ou trois natures compliquées en lui, qu’il faut chercher en grande partie le désaccord d’impression et de peu d’agrément de cette œuvre bigarrée, où le talent d’ailleurs a mis sa marque. […] Il y avait toujours en lui des reflets et des parfums retrouvés de la Grèce, mais le vieux Celte aussi reparaissait plus souvent ; et, pour appliquer ici le nom d’un écrivain qu’il cite quelquefois et qui exprime l’extrême recherche dans l’extrême décadence, on dirait que, dans les parties dernières de sa composition, il soit entré du Sidoine Apollinaire, tant l’œuvre semble subtile et martelée ! […] Et pourtant, malgré l’affectation générale du style, qui répond à celle du caractère, malgré une recherche de fausse simplicité, malgré l’abus du néologisme, malgré tout ce qui me déplaît dans cette œuvre, je retrouve à chaque instant des beautés de forme grandes, simples, fraîches, de certaines pages qui sont du plus grand maître de ce siècle, et qu’aucun de nous, freluquets formés à son école, ne pourrions jamais écrire en faisant de notre mieux. […] Dès aujourd’hui une conclusion me paraît incontestable : entre les divers portraits ou statues qu’il a essayé de donner de lui, M. de Chateaubriand n’a réussi qu’à produire une seule œuvre parfaite, un idéal de lui-même où les qualités avec les défauts nous apparaissent arrêtés à temps et fixés dans une attitude immortelle, — c’est René.
Charles Baudelaire 21 I S’il n’y avait que du talent dans Les Fleurs du mal 22 de Charles Baudelaire, il y en aurait certainement assez pour fixer l’attention de la Critique et captiver les connaisseurs ; mais dans ce livre difficile à caractériser tout d’abord, et sur lequel notre devoir est d’empêcher toute confusion et toute méprise, il y a bien autre chose que du talent pour remuer les esprits et les passionner… Charles Baudelaire, le traducteur des œuvres complètes d’Edgar Poe, qui a déjà fait connaître à la France le bizarre conteur, et qui va incessamment lui faire connaître le puissant poète dont le conteur était doublé ; Baudelaire, qui, de génie, semble le frère puîné de son cher Edgar Poe, avait déjà éparpillé, çà et là, quelques-unes de ses poésies. […] Sans doute, étant ce que nous sommes, nous portons tous (et même les plus forts) quelque lambeau saignant de notre cœur dans nos œuvres, et le poète des Fleurs du mal est soumis à cette loi comme chacun de nous. […] Seulement, par une inconséquence qui nous touche et dont nous connaissons la cause, il se mêle à ces poésies, imparfaites par là au point de vue absolu de leur auteur, des cris d’âme chrétienne, malade d’infini, qui rompent l’unité de l’œuvre terrible, et que Caligula et Héliogabale n’auraient pas poussés. […] Elle n’a pas le merveilleux épique qui enlève si haut l’imagination et calme ses terreurs dans la sérénité dont les génies tout à fait exceptionnels savent revêtir leurs œuvres les plus passionnées. […] Elles sont moins des poésies qu’une œuvre poétique de la plus forte unité.
Pour lui, enfermé dans son œuvre, il s’enfonçait toujours plus avant dans sa psychologie des forces, de là dans une métaphysique subtile, plus loin encore jusqu’aux confins du mysticisme, laborieux, abstrait, obscur dans son style, sorte d’oracle visité par quelques chercheurs, mais reculé dans les hauteurs, voilé de nuages, entouré de broussailles, inaccessible au vulgaire. […] Un jour je lui apportai les œuvres de Maine de Biran et je lui dis en empruntant les paroles de M. […] La résolution produit une certaine modification dans le cerveau : voilà toute son œuvre. […] M. de Biran prétend que la résolution agit directement, et que directement nous apercevons son œuvre. La physiologie et la psychologie répondent qu’ici rien n’est direct, ni l’œuvre, ni l’aperception.
Elle n’y prenait pas une place à part ; elle n’avait pas su attacher aux traditions religieuses et aux fêtes nationales quelques empreintes immortelles d’imagination et d’art, ; elle n’était pas entrée dans la vie des Romains, moins poétique et moins libre que celle des Grecs : et, si elle s’était mêlée parfois à ces œuvres artificielles du théâtre que Rome victorieuse chercha comme une distraction, elle n’avait eu, sous cette forme, qu’un rôle secondaire, dont le cadre même devenait difficile et rare sous le pouvoir absolu d’Auguste. […] Car nous, durant les maux de la patrie, nous ne pouvons achever notre œuvre avec un esprit assez libre ; et l’illustre descendant de Memmius ne pourrait non plus, pour être attentif à pareille chose, manquer au salut public. » Mais ce magnifique essor du poëte, à l’ouverture de ses chants, est à la fois son premier salut et son adieu à l’enthousiasme lyrique. […] Nous ne saurions juger, d’après des œuvres trop mutilées, toute la verve satirique de Catulle. […] Nul doute cependant que, formé par l’étude de plusieurs âges de la poésie grecque, Catulle n’en ait retrouvé et mêlé habilement les couleurs dans une autre œuvre de son art, dans un autre souvenir qu’Hésiode lui-même179 avait chanté, l’épithalame de Thétis et de Pélée. […] C’est une étude de grand peintre, plutôt qu’une œuvre originale et librement conçue.
Je n’ai point à entreprendre ici de faire œuvre de logicien, ni à exposer dans le détail les règles et le mécanisme de raisonnement. […] Il y a une logique naturelle à laquelle obéissent les esprits les moins cultivés : la raison fait son œuvre sourdement, inconsciemment jusque dans les intelligences les plus brutes. […] « Toute l’opération, dit-il, consiste à découvrir, par des comparaisons nombreuses et des éliminations progressives, les traits communs qui appartiennent à toutes les œuvres d’art, en même temps que les traits distinctifs par lesquels les œuvres d’art se séparent des autres produits de l’esprit humain. » Considérant donc les cinq grands arts, peinture, sculpture et poésie, architecture et musique, se fondant sur des faits que fournissent l’expérience ordinaire, l’histoire des grands hommes, celle des arts et des lettres, observant tantôt l’œuvre de Michel-Ange ou celle de Corneille, tantôt les peintures de Pompéi ou les mosaïques de Ravenne, il fait cette première induction, que l’objet de l’œuvre d’art semble être l’imitation de la nature. […] Comme contre-épreuve de cette série d’observations, on regarde non plus l’œuvre, mais l’auteur, et l’on voit que chez tous les grands artistes, dans ce qu’on appelle inspiration ou génie, se rencontre toujours une impression originale fournie par un caractère de l’objet, « la vive sensation spontanée qui groupe autour de soi le cortège des idées accessoires, les remanie, les façonne, les métamorphose, et s’en sert pour se manifester ».
Ce livre n’est point une œuvre d’observation, ou du moins l’observation n’y fournit que des arguments complaisants à l’appui d’une doctrine. […] Le premier homme qui aime une femme met en elle sa marque pour toujours. — Mais, au surplus, l’avancement moral de la femme et de l’homme étant à la fois le but de la vie et l’œuvre de l’amour, il est clair que la meilleure condition de cet avancement, et la plus souhaitable, c’est d’être l’œuvre d’un seul amour et qui dure autant que la vie même. — Bien différent de nos plus récents moralistes, Michelet n’a pas l’ombre de complaisance pour le libertinage, ni pour l’adultère, ni pour cette espèce « de divorce dans le mariage qui est, dit-il, l’état d’aujourd’hui (1858). » Les mauvaises mœurs ne lui inspirent aucune curiosité spéculative. […] Sous les mêmes gestes il distingue avec aisance la volupté du libertinage ; ce sont rites qu’il célèbre avec la conscience d’être en harmonie avec le vaste monde, de collaborer à une œuvre divine.
J’y consens, les digressions, les rêveries que suggèrent les œuvres belles peuvent revêtir un charme infini elles ne sont que le délassement du critique, son dessert. L’essentiel lui est, en présence d’un livre, devant un écrivain, d’indiquer « l’humanité » dont celui-ci témoigne, la vision, qu’il veut donner et celle qu’il a réussi à communiquer ; de préciser la nouveauté du thème choisi, le mérite de la composition, l’originalité du style ; en un mot, de limiter, à sa jauge, la valeur de l’œuvre qu’il pèse : le critique doit aimer, pour la bien mener, cette besogne d’appréciateur, d’expert, de « gourmet », il doit avoir le goût du jugement. […] Quand les auteurs improvisent et n’attachent qu’un prix temporaire à leurs œuvres, les critiques ont-ils donc à se gêner si fort ? […] Or si, après, analytiquement, l’œuvre littéraire obéit à une explication sociale, si elle se définit, comme toute chose, résultat et cause, répercussion et action, il ne s’ensuit pas que, avant, synthétiquement, elle ne soit commandée par les lois d’une création tout à fait sui generis, autonome.
Les Allemands sont assurément les plus admirables travailleurs classiques que l’on puisse imaginer ; depuis qu’ils se sont mis à défricher le champ de l’antiquité, ils ont laissé bien peu à faire pour le détail et le positif des recherches ; ils ont exploré, commenté, élucidé les grandes œuvres ; ils en sont maintenant aux bribes et aux fragments, et ils portent là-dedans un esprit de précision et d’analyse qu’on serait plutôt tenté de leur refuser lorsqu’ils parlent et pensent en leur propre nom. […] Auguste Meineke137, sont un assemblage des reliques de quelques poëtes Alexandrins dont les œuvres ne nous sont point parvenues ; ce sont des commentaires sur Euphorion de Chalcis, sur Rhianus de Crète, sur Alexandre l’Étolien, sur Parthénius de Nicée. […] Et encore quelle altération rapide de la pensée et de l’œuvre dans ces reproductions fautives !
Quoi qu’il advienne de ce jugement vénérable et suprême, pour ce que nous savons et voyons directement, nous avons bien le droit de dire que le caractère de notre littérature actuelle est avant tout la diversité, la contradiction, le pour et le contre coexistants, accouplés, mélangés, l’anarchie la plus inorganique, chaque œuvre démentant celle du voisin, un choc, un conflit, et, comme c’est le mot, un gâchis immense. […] Dites que notre littérature est sans choix, désordonnée, impure, pleine de scandales, d’opium et d’adultères ; et l’on va vous citer des œuvres pures, voilées, idéales même avec symbole et quintessence, des amours adorablement chrétiennes, des poëtes qui ont l’accent et le front des vierges. […] Je crois pouvoir affirmer que tout écrivain qui a ce qu’on appelle du succès, c’est-à-dire, qui réunit des lecteurs autour de son œuvre ; que tout homme qui est assez heureux, assez malheureux veux-je dire, pour être en butte à l’admiration, aux éloges, à la haine et aux critiques, n’a pas un moment laissé reposer sa plume sur ses compositions… Dans mon enfance on m’a montré, comme un glorieux témoignage du génie de Bernardin de Saint-Pierre, la première page de Paul et Virginie, écrite quatorze fois de sa main.
S’affranchissant des liens étroits d’une nationalité égoïste, il admirait et glorifiait aux yeux de la France les grands poëtes de l’Angleterre et de l’Allemagne ; il généralisait les idées d’art, les tirait de l’ornière des derniers siècles, provoquait des œuvres, applaudissait sans flatterie aux essais nationaux et méritait que Goethe déclarât apercevoir dans cet ensemble de travaux et d’efforts les symptômes d’une littérature européenne nouvelle. […] Ce n’était plus, comme il y a sept ans, par des investigations historiques que l’œuvre d’association des peuples devait être servie ; on en était dorénavant à la pratique et à l’action. […] L’émancipation complète de la classe la plus nombreuse et la plus pauvre, le classement selon la capacité et les œuvres, avaient de tout temps été pour nous des croyances d’instinct, des idées confuses et naturelles, pour nous qui sommes du peuple et qui ne prétendons valoir qu’autant que nous sommes capables et que nous faisons.
Ainsi, lorsqu’elles réussissent, la moitié de leur beauté appartient à celui qui les a remises en oeuvre. […] Des vers d’Horace et de Virgile bien traduits, et mis en oeuvre à propos dans un poëme françois y font le même effet que les statuës antiques font dans la gallerie de Versailles. […] On leur représenteroit en vain qu’ils peuvent gagner beaucoup à surprendre le public : que le public auroit bien plus de véneration pour eux, s’il ne les avoit jamais vû des apprentifs : que des chef d’oeuvres inesperez, contre lesquels l’envie n’a point eu le temps de cabaler, font bien un autre progrès que des ouvrages attendus long temps, qui trouvent les rivaux sur leurs gardes, et dont on peut définir l’auteur par un poëme ou par un tableau médiocre.
Ce mouvement rétrospectif, reconnaissant, réfléchi, qui nous fait revenir sur de grandes œuvres éclatantes ou replacer dans une juste lumière des ouvrages oubliés ou méconnus, doit être d’autant plus encouragé par la Critique qu’il n’est pas dans la nature du Génie français, lequel, en toutes choses, se porte en avant avec sa proverbiale furie, et mêle si joliment l’ingratitude à ses distributions de gloire. […] Or, c’était cette page de critique souveraine, qui manque toujours sur La Bruyère, que nous attendions à la tête d’une nouvelle édition de ses œuvres. […] On ne sait pas assez à quel point elle importe dans l’étude de leurs œuvres et dans le jeu de leurs facultés.
fut un philosophe plus et mieux que Kant et Hegel, par exemple, les Veaux non pas d’or, mais d’idées, de la philosophie contemporaine ; montrer qu’on peut très bien dégager de son œuvre théologique une philosophie complète avec tous ses compartiments, et que le monde d’un instant qui l’a pris pour une tête énorme, ce grand Bœuf de Sicile dont les mugissements ont ébranlé l’univers, ne fut dupe ni de l’illusion ni de l’ignorance, demander enfin pardon au dix-neuvième siècle pour une telle gloire, voilà le programme de l’Académie et le livre de son lauréat. […] Croirait-on, si ses œuvres ne l’attestaient, qu’il n’a jamais versé dans le mysticisme de Malebranche au dix-septième siècle, lui, l’homme du treizième et le saint ? […] voilà le théologien dans l’œuvre duquel l’Académie des sciences morales et politiques, qui bat, en ce moment, le ban et l’arrière-ban de la Philosophie en détresse, a donné l’ordre d’aller chercher un philosophe, et M.
Son volume retardé a paru enfin, et presque au moment où lui disparaissait, arraché par une mort douloureuse et soudaine à son œuvre achevée ; et voilà comment les sons mélancoliques du Couvre-feu 25 ont pris tout à coup la tristesse profonde d’une agonie ! […] Les premiers recueils romantiques virent de ses vers, et on les distinguait déjà parmi ceux qui avaient le plus de cette verve impatiente et tourmentée, laquelle a marqué les œuvres de ce temps convulsif. […] En publiant les œuvres de Lefèvre-Deumier, il est à croire qu’on n’oubliera pas ce chef-d’œuvre.
Oui, l’œuvre sort plus belle D’une forme au travail Rebelle ; Vers, marbre, onyx, émail ! […] Gautier a toujours été, depuis vingt-cinq ans, en progrès sur lui-même, et ce que la Critique doit voir dans l’appréciation des œuvres d’un homme et surtout d’un poète, c’est bien moins le point de départ que le progrès. […] Théophile Gautier va peut-être se répandre un jour en œuvres plus aérées et plus larges, et la raison de ce doute, semblable à un espoir, le croira-t-on ?
II Et tel est le poète nouveau qui se présente aujourd’hui au public, son œuvre à la main. […] Les Allemands, ces Indiens de l’Europe, épanchent parfois de ces vastes nappes d’ennui dans leurs œuvres, belles, comme les vers de M. de l’Isle, par beaucoup de côtés d’exécution, mais de la beauté qui ennuie ; terrible variété de la beauté, telle que la créent les hommes dans ce monde imparfait et borné ! […] Il est, au contraire, beaucoup plus commun qu’on ne croit, ce singulier bon ménage du talent et de l’ennui, qui habite des œuvres réputées imposantes, et qu’on ne saurait expliquer, le talent, que par le mérite actif de l’homme ; l’ennui, que par le choix de son sujet.
Or, encore, si vous ne mettez pas dans votre roman les facultés surabondantes nécessaires à une création, vous avez interverti l’ordre des œuvres, et, au lieu de ce monde inventé et organisé d’un roman dans lequel Walter Scott, par exemple, aurait fait tenir jusqu’à l’Histoire, vous n’avez qu’une histoire, qui n’a peut-être pas la réalité pure de l’Histoire, et c’est dans les formes énergiques, mais étroites, maigres et décharnées de cette histoire, que vous étranglez le roman ! […] Mais sous la main féconde et puissante d’un véritable romancier, ce sujet, lieu commun d’histoire, pouvait devenir une grande œuvre, humaine, profonde et palpitante. […] se rappeler le Redgauntlet de Walter Scott, voilà qui est mortel à l’œuvre de Ranc !
Si le livre que nous annonçons était une œuvre considérable, d’une santé robuste, d’une musculature de génie, par conséquent fort capable de résister tout seul à l’étranglement du silence, je m’en inquiéterais moins et je le laisserais peut-être sur les rayons de son éditeur, entre les deux volumes qui le pressent à gauche et à droite, bien sûr qu’on n’étouffe pas le génie si aisément entre deux platitudes. […] Il n’y a pas d’analyse à faire de cette œuvre charmante, brûlante et chaste, dont les détails sont ravissants. […] Deltuf n’imite personne et ne refait pas ce qui a été fait déjà, et mieux que par lui, — ce talent qui est une promesse, mais qui n’est encore qu’une promesse, — justifiera-t-il un jour par de véritables œuvres, et non par quelques très-jolies pages, le bien que nous disons de lui dans le silence dont on l’honore, et que nous voudrions voir répété ?
ma critique n’a de valeur que parce qu’elle n’est pas œuvre de complaisance : j’ai pu quelquefois être indulgent pour des jeunes gens qui débutaient dans les lettres ou la poésie ; mais ici ce n’est pas le cas. […] Nous ne demandons qu’à rester dans le rôle obscur et d’observateur malgré nous, qui nous a été fait par huit années de secrétariat, ne cherchant pas à nous exhausser sur la tombe du maître, mais ne négligeant rien non plus, cependant, quand l’occasion s’en présente, de ce qui peut servir à éclairer, par quelque point important et lumineux, la biographie de celui qui nous fit son éditeur posthume, son légataire universel, et nous mit en son lieu et place pour la correction et la publication de ses dernières œuvres.
Mais son œuvre, désuète de l’aveu même de Flaubert, reste éparpillée et bien peu documentaire. […] Il nous a suffi que Shakespeare, Wagner, Ibsen et d’autres encore, aient fait œuvre de vérité, même inconsciente, pour nous croire autorisé à puiser chez eux de justifiables arguments.
— Les Œuvres et les Hommes, 1re édition (4 vol., 1861-1865). — Les Misérables de Victor Hugo (1862). — Les Quarante Médaillons de l’Académie (1863). — Le Chevalier des Touches (1864). — Un prêtre marié (1864) […] — Les Diaboliques (1874). — Les Bas-Bleus (1877). — Goethe et Diderot (1880). — Une histoire sans nom (1882). — Ce qui ne meurt pas (1884). — Les Vieilles Actrices, le Musée des Antiques (1884). — Les Ridicules du temps (1884). — Les Critiques ou les Juges jugés (1885). — Sensations d’art (1886). — Memoranda (1887). — Les Philosophes et les Écrivains religieux (1887). — Les Œuvres et les Hommes, seconde édition (1889 et années suivantes).
Certes, il la fuit, cette banalité, serait-ce parfois aux dépens de la clarté, de la régularité, de la forme ; tant pis pour les césures, pour les rimes, il s’élance résolument, cingle sans pitié son Pégase fin de siècle et arrive au but ; enfant de race habitué à réaliser tous ses caprices, les obstacles ne comptent pas pour lui ; rien ne l’arrête, il forge les mots que la langue ne lui donne pas, prend ses aspirations parfois d’une assonance ou d’une consonance, mais il dit tout ce qui lui vient à la tête, et, s’il y passe des choses un peu surprenantes, il y passe aussi, et le plus souvent, d’exquises… L’idée maîtresse du Chef des odeurs suaves, la dominante de cette œuvre de délicat, de raffiné, c’est l’influence qu’exercent sur nos sens les objets qui nous environnent. […] Certains le classèrent parmi les poètes amateurs ; on se fût extasié devant de courtes pièces dérobées à quelque album, on ne lui pardonna par la publication d’une œuvre qui s’impose, ne serait-ce que par la richesse de son vocabulaire.
Or, la postérité est pressée ; elle est emportée par un train de plus en plus rapide ; elle est obligée, et le sera chaque jour davantage, de faire un choix parmi tant d’œuvres qui sollicitent son attention. […] Une œuvre littéraire peut être comparée à une fleur ; la fleur dépend du rameau ; le rameau se rattache à une branche ; la branche se relie à un tronc ; nous sommes contraints, pour nous expliquer la fleur, de considérer l’arbre tout entier et le sol même où il a grandi.
Vous ignorez sans doute tout ce que je vous dois ; vous savez du moins dans quel sentiment je vous offre ces pages qui sont une œuvre d’amour plus encore que de science. […] Je pourrais citer l’œuvre de Henri Poincaré à Paris, de Benedetto Croce à Naples, de Karl Vossler à Munich, de Vossler qui livre au positivisme en linguistique la même bataille que je livre au positivisme en histoire littéraire.
Ces ouvriers patients ont d’abord accompli une œuvre qui semblait impossible. […] Nous sommes d’ailleurs avertis — par une préface où il est question de Dieu — que cette œuvre sadique est, « en quelque sorte, l’Enfer d’un Œuvre chrétien ». […] Il y a une correspondance parfaite entre le commentaire et l’œuvre commentée. […] Le fond de cette œuvre était un peu grêle. […] Œuvre digne de respect, pourtant, et d’émotion.
Anatole France ; et une bonne place moyenne dans les œuvres de M. […] C’est une des meilleures œuvres du célèbre polygraphe. […] Cela sent la grande œuvre. […] C’est une œuvre très considérable et souvent très brillante. […] Tolstoï, ne peut empêcher d’être une œuvre miraculeuse.
Malgré toute la volonté d’une raison qui se croit maîtresse des moindres éléments d’une œuvre, l’inspiration sauve de ses griffes nombre de morceaux éblouissants. […] Pour moi, je brûlerais sans trop de remords la moitié au moins de l’œuvre de Proust : n’en retiendrais-je que deux cents pages, qu’importe, si elles sont de celles qui gardent un nom de mourir ? […] Cependant ce qui est vrai de la poésie, considérée par un effort d’observation, dans sa pure essence, n’est plus également vrai de l’œuvre infiniment complexe où cette poésie se trouve réalisée. […] (défense de la poésie, " œuvres de Shelley, t. […] dans tout vers remarquable d’un vrai poète, il y a deux ou trois fois plus que ce qui est dit : c’est au lecteur à suppléer le reste… " (œuvres posthumes.)
Dans une œuvre moins intime et moins pénétrante, il n’eût pas été tolérable. […] L’œuvre de Delacroix a été mis en poudre et jeté aux quatre vents du ciel. […] L’esprit se porte tout d’abord vers Callot ; mais je crois n’avoir rien vu, dans la longue série de ses œuvres, qui soit plus dramatiquement composé. […] — Parce qu’il y a dans son œuvre une monotonie fatigante. — Ce mot n’a sans doute pas trait à l’imagination de M. […] On ne trouvera donc pas surprenant que je sois bref dans l’examen des œuvres de cette année.
Cette première veine d’Ampère, non contrariée, mais qui n’aboutit jamais à une franche manifestation et à un succès, fut très-durable, très-persistante, et se prolongea presque jusqu’à la fin sous l’œuvre critique et la culture d’histoire littéraire à laquelle il semblait exclusivement adonné. […] J’en tire seulement cette conclusion, que dans la critique des œuvres contemporaines, par bon goût peut-être, par discrétion et aussi par une sorte de compromis secret entre les diverses écoles, Ampère ne sut jamais apporter cette vigueur décisive qui tranche les hésitations, qui fait saillir les caractères (qualités et défauts), et qui classe non-seulement l’œuvre et l’auteur en question, mais le critique lui-même. […] Il était davantage dans ses tons en présentant une analyse et un jugement excellent des œuvres dramatiques de Goethe (29 avril et 20 mai 1826). […] En homme qui connaît le métier à fond, il montre la parenté de l’œuvre avec l’ouvrier, et juge les différentes productions poétiques comme des fruits différents des différentes époques de la vie du poète. […] C’est pour moi encore un sensible regret, toutes les fois que j’y songe, de penser que le travail immense, spirituel et judicieux auquel il s’était livré, n’ait point pris la forme d’une œuvre suivie et définitive, d’un monument, et que ce qui était fait et comme bâti déjà n’ait pas été cimenté et fixé.
L'auteur, en mettant ses œuvres à des prix si exagérés, se livre par là même aux bailleurs de fonds et se dessaisit, en quelque sorte, de ses droits paternels sur l’œuvre.
Le succès de la tragédie de Virginie se soutient au Théâtre-Français ; c’est le succès de mademoiselle Rachel plus encore que celui de l’œuvre elle-même. […] Les ingénieurs étaient donc à l’œuvre ; on essayait de tracer à la moderne bande des novateurs dramatiques une route qui tournât les temples de Racine et de Corneille et qui n’en fût pas écrasée ; car les vieux critiques, logés dans ces temples, en faisaient des espèces de forteresses d’où ils tiraient sur les nouveaux venus et croyaient leur barrer le passage.
Il serait prématuré de juger du premier coup une œuvre sérieuse que nous avons pu à peine parcourir. […] — On vient de recueillir dans la Bibliothèque Charpentier les œuvres de Théophile Gautier ; son volume de vers, qui en contient un assez grand nombre d’inédits, aura un certain succès auprès de ceux à qui la grâce de la fantaisie et la vivacité de la couleur suffisen On peut citer comme une élégie d’un paganisme très-nu, mais très-gracieux (le genre admis), son Premier rayon de mai.
La pièce de Mme Judith Gautier est imitée de plusieurs drames japonais, habilement fondus en une action unique… J’ai indiqué rapidement les lignes principales de cette œuvre saisissante, où l’églogue et l’élégie se mêlent à l’épopée. […] Mais l’œuvre de Judith Gautier n’est pas tissée que de songe.
Pottecher est un jeune écrivain qui s’était fait connaître naguère par des œuvres délicates et charmantes. […] Déjà ont été représentées sur la montagne de Bussang des œuvres telles que le Diable marchand de goutte et Morteville, la première dirigée contre les méfaits de l’alcoolisme, la seconde montrant les excès de la civilisation aux prises avec les défauts de la barbarie.
Sainte-Beuve, Charles-Augustin (1804-1869) [Bibliographie] Tableau de la poésie française au xvie siècle, et Œuvres choisies de Ronsard avec notices, notes et commentaires (1828). — Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme (1829). — Les Consolations (1830). — Volupté, roman (1834). — Pensées d’août (1837). — Poésies complètes (1840). — Portraits littéraires (1839, 1841, 1844). — Histoire de Port-Royal (1840-1862). — Portraits de femme (1844). — Portraits contemporains (1846). — Causeries du lundi (1851-1857) […] [Les Œuvres et les Hommes : les Poètes (1862).]
Dans ses Plaidoyers, qui forment la partie principale de ses Œuvres, on trouve tantôt une éloquence mâle & vigoureuse, qui rejette les vains ornemens ; tantôt une éloquence touchante & persuasive, où les fleurs sont répandues avec choix, selon que les matieres en sont susceptibles. […] Les Œuvres de M.
Les Voix intérieures, in Œuvres complètes de Victor Hugo. […] Et, disons-le en passant, dans cette mêlée d’hommes, de doctrines et d’intérêts qui se ruent si violemment tous les jours sur chacune des œuvres qu’il est donné à ce siècle de faire, le poète a une fonction sérieuse.
Maurice Talmeyr, dans un éreintement de mon Journal, m’accuse de travailler à faire oublier la place, que mon frère a dans notre œuvre. […] « Mon cher Helleu, « Vous me faites l’honneur de me demander de présenter en quelques lignes au public, votre œuvre. […] C’est lui qui les pousse à l’action, aux grandes réparations d’équité, de vérité… « Avoir été pour un jour, pour une heure, l’ouvrier d’une telle œuvre, suffirait à la gloire d’une vie. […] Ce que sa conversation signale surtout de curieux : c’est l’engouement de la France, dans le moment, pour les œuvres étrangères. […] ces deux inspirations mal mariées, et donnant à notre premier livre, le caractère d’une œuvre à deux voix, à deux plumes.
. — Sous ce rapport, il faut la laisser aux esprits méticuleux et jaloux, qui se consolent de leur impuissance en montrant les imperfections des œuvres d’autrui. […] C’est de cette seconde nature de critique dont j’ai voulu donner sur moi-même un exemple aujourd’hui dans cet Entretien et que j’insère dans mes œuvres complètes. […] Aujourd’hui je le réimprime dans mes œuvres complètes, ce livre, tel qu’il fut publié en 1847. […] Ce jugement manquait à la France ; c’était une bonne œuvre que d’essayer de le porter selon mes faibles forces. […] On le trouvera, si on daigne le relire, tel qu’il fut imprimé alors, dans mes Œuvres complètes, imprimées aujourd’hui.
Mais un article du Quarlerly Review, reproduit par la Revue britannique avec une certaine emphase et des réserves qui sont un peu là pour la forme (car elle-même a souvent exprimé pour son compte des opinions analogues), intente contre toute notre littérature actuelle un procès criminel dans de tels termes, qu’il est impossible aux gens d’humble sens et de goût, dont notre pays n’a pas jusqu’ici manqué, de taire l’impression qu’ils reçoivent de semblables diatribes importées de l’étranger, lorsque toutes les distinctions à faire, toutes les proportions à noter entre les talents et les œuvres, sont bouleversées et confondues dans un flot d’injures que l’encre du traducteur épaissit encore. […] Les œuvres les plus suaves et les plus chastes de sa plume ont passé, chez l’auteur anglais qui nous lisait en masse, dans une même bouchée, pour ainsi dire, que les plus fortes ; Lavinia n’a fait qu’un seul morceau avec Leone Leoni. […] Or, depuis qu’il y a des sociétés civilisées, des littératures polies, ces littératures, soit sur le théâtre, soit dans les poésies lyriques, soit dans les autres genres d’imagination, ont vécu sur des exceptions pathétiques, passionnées, criminelles souvent, sur des amours, des séductions, des faiblesses, et les œuvres qu’on admire le plus parmi les hommes sont celles qui ont triomphé dans la forme et l’expression, dans un certain charme qui y respire, dans une certaine moralité qui résulte autant de la beauté de la production que de la conclusion expresse, ou qui même est quelquefois en sens contraire de cette conclusion littérale qu’on y pourrait voir.
Sous la Restauration, cette littérature était encore contenue par des doctrines et des espèces de principes ; sous le régime des dix-huit années, elle n’a plus rien eu qui la contînt, et le désir du gain, joint au besoin de faire du bruit, a produit beaucoup d’œuvres qui ont contribué à la dissolution des pouvoirs publics et des idées. […] Ce document, en raison même de la publicité qu’on lui a donnée, était tout naturellement indiqué pour faire partie des œuvres non recueillies de M. […] Nous ne croyons pas, quant à nous, qu’il nous soit permis d’entrer dans la discussion, comme éditeur des œuvres posthumes de M.
J’ai dit, lorsqu’à paru pour la première fois ce livre, qu’il me semblait une défaillance parmi, les œuvres de ce poète. […] Dans les Sites et dans Épisodes, cette lutte intime entre des instincts opposés se trahit plus nettement que dans les œuvres postérieures où la maîtrise technique est absolue. […] Quand fut représenté, en juillet 1894, au théâtre de l’Œuvre, son poème, La Gardienne, il n’était guère connu que des lettrés.
Nous avons remarqué précédemment que le Convitato di pietra fit très probablement plus d’un emprunt au Dom Juan de Molière qui avait fait sur la scène une courte apparition, car tandis que Molière était contraint de retirer son œuvre du théâtre, les Italiens continuaient de jouer impunément leur parade qui ne scandalisait personne ; ce qu’on jugeait condamnable le mardi cessait de l’être le mercredi, et Arlequin, voyant son maître s’engouffrer dans la flamme infernale, pouvait s’écrier : « Mes gages ! […] Toute production italienne où Cailhava aperçoit quelque analogie avec l’œuvre de Molière témoigne, pour lui, d’un emprunt de notre comique, et il ne se pose jamais l’hypothèse contraire. Il y a pourtant, de cette revanche d’ailleurs légitime, des traces bien frappantes jusque dans le répertoire de l’Arlequin Dominique : en voici un remarquable exemple : un peu plus d’un an après la première représentation du Malade imaginaire, les Italiens en donnèrent une grossière copie sous le titre de : Le Triomphe de la médecine, représenté le 14 mai 1674, presque en même temps que la dernière œuvre de Molière était reprise par la troupe française.
Cazals n’œuvre point dans le sentimentalisme mais ni dans la rosserie à la mode. […] Elles expliquent et complètent l’œuvre artistique de la Plume. […] Il a découvert un nouveau local et il va se remettre à l’œuvre.
Mais il y a dans les branches diverses de la science et de l’art deux éléments parfaitement distincts et qui, également nécessaires pour la production de l’œuvre scientifique ou artistique, contribuent très inégalement à la perfection de l’individu : d’une part, les procédés, l’habileté pratique, indispensables pour la découverte du vrai ou la réali-sation du beau ; de l’autre, l’esprit qui crée et anime, l’âme qui vivifie l’œuvre d’art, la grande loi qui donne un sens et une valeur à telle découverte scientifique. […] La vie des hommes de génie présente presque toujours le ravissant spectacle d’une vaste capacité intellectuelle jointe à un sens poétique très élevé et à une charmante bonté d’âme, si bien que leur vie, dans sa calme et suave placidité, est presque toujours leur plus bel ouvrage et forme une partie essentielle de leurs oeuvres complètes. […] Il maudit cette surabondance de vie, qui n’aboutit qu’à se consumer sans fruit, ou, s’il déverse son activité sur quelque œuvre extérieure, il souffre encore de n’y pouvoir mettre qu’une portion de lui-même.
Odes et Ballades, in Œuvres complètes de Victor Hugo. […] D’après le sens littéral de cette explication, il semble que le Paradis perdu serait un poème classique, et la Henriade une œuvre romantique. […] C’est précisément, disent-ils, parce que cette révolution littéraire est le résultat de notre révolution politique que nous en déplorons le triomphe, que nous en condamnons les œuvres
I « De toutes les œuvres qui tentent l’effort de l’esprit humain, — disait un grand critique anglais, — l’histoire est tout à la fois la plus difficile à réussir et la plus facile à aborder. […] Les retracer fidèlement, mais sous l’impression de ce coup porté à l’esprit, qui doit toujours le féconder, semble une chose aisée ; et cela l’est si peu, néanmoins, que, depuis Hérodote jusqu’à nos jours, on trouve bien sur son chemin quelques bons romans historiques et quelques essais (good historical romances and good historical essays), mais, dans toute la rigueur du mot, pas une irréprochable histoire. » Et, pour mieux creuser sa pensée, le critique anglais ajoutait : « Dans les sciences, il est des œuvres qu’on peut appeler parfaites. […] Dans la littérature oratoire, enfin, on rencontre quelques discours, — par exemple, ceux de Démosthènes, — dont il est impossible d’altérer un seul mot sans altérer la valeur intégrale de l’œuvre.
II Ce poème est une œuvre d’haleine, et qui a l’ambition d’être un poème d’une unité qu’on ne connaît plus, en ce temps d’éparpillement et de faiblesse. […] Anglais de mœurs poétiques, Maurice Bouchor est un shakespearien d’une telle préoccupation qu’il a coupé son poème en vers par des couplets en prose, comme le fait quelquefois Shakespeare dans ses drames, ce que j’ose blâmer, même en Shakespeare ; car ce que je respecte plus encore que Shakespeare lui-même, c’est la beauté dans les œuvres et leur unité, sans laquelle la beauté n’est pas ! Mais ces défauts, que j’explique, et que le devoir de la Critique était de signaler, n’empêcheront pas l’œuvre actuelle de Bouchor d’être ce qu’elle est, c’est à dire quelque chose d’un accent formidable, qui retentira dans le cœur de tous les nobles êtres qui ont encore le cœur poétique.
Malgré cet échec, le haut et le bas clergé, continuaient leur œuvre. […] Toutes ses œuvres sont inondées de citations puisées à ces trois sources principales. […] Du lourd amas de ses œuvres, que demeure-t-il pour nous de vivant, d’humain, de véridique, d’éternel, de sincère ou de grand ? Laquelle de ses facultés ou de ses œuvres pourrait-elle légitimer la survie glorieuse de son nom dans la mémoire humaine ? […] Elle enveloppe toute son œuvre comme un manteau royal.
Toutes ces considérations s’imposent quand il s’agit d’une œuvre d’art. […] La structure de notre esprit est donc en grande partie notre œuvre, ou tout au moins l’œuvre de quelques-uns d’entre nous. […] L’auteur est resté extérieur à l’œuvre. […] On trouve dans l’œuvre de M. […] L’œuvre entière du maître pourrait servir de commentaire à ce mot.
S’étant trouvé un jour chez le célèbre coadjuteur de Paris, le futur cardinal de Retz, comme on vint à parler des traductions des poètes et que ce prélat eut avancé qu’il ne croyait pas qu’on en pût faire une de Virgile, à la fois agréable et juste, Marolles répliqua qu’avant de déclarer la chose impossible il faudrait essayer, et il se mit à l’œuvre incontinent : il a bien soin de nous avertir dans sa préface qu’il n’y employa que peu de mois. […] Il a traduit les œuvres de Virgile, de Lucain, de Lucrèce, d’Horace, de Juvénal, de Perse, de Catulle, de Tibulle, de Properce, de Martial, de Plaute, de Térence, de Sénèque le tragique, de Stace, avec les Fastes d’Ovide, et plusieurs autres livres du même poète. […] Rou se confondit alors en respects et en humilités, se déclarant un trop petit écolier pour prétendre juger des œuvres d’un tel maître […] Jean Rou avait pour aïeul maternel Jean Toutin, célèbre orfèvre-joaillier : celui-ci, étant allé à une de ses métairies pour une réparation, y vit deux scieurs de long à l’œuvre et, prenant plaisir à leur naturel d’attitude et de mouvement, il en fit un petit dessin qu’il s’amusa ensuite à graver à l’eau-forte. […] [NdA] Dans le Discours pour servir de préface sur les œuvres d’Ovide, etc., etc., in-4°, imprimé à la suite de la traduction des Tristes et des Politiques, 1678 (1679)
Il avait la plume facile, distinguée, élégante, de cette élégance courante, qui ne se donne pas le temps d’approfondir, mais qui sied et suffit au compte rendu de la plupart des œuvres contemporaines. […] Il est trop aisé de déclamer alors dans un sens ou dans un autre ; le thème est tout donné, on n’a qu’à le suivre ; mais l’appréciation véritable et distincte des œuvres de l’esprit demande plus de précaution et l’emploi d’un art tout différent, qui a ses principes aussi sans les afficher. […] Il se représente dès l’abord comme l’organe de la société polie, de ses dégoûts et de ses révoltes contre les œuvres du temps, où tout ce qu’elle aime et ce qu’elle honore est sacrifié et insulté : « Même dans la bourgeoisie, ajoute-t-il, dans ces milieux un peu inférieurs qui n’ont pas toujours montré autant de sagacité et de prévoyance, la littérature est suspecte et discréditée comme le contraire de ce raisonnable et substantiel esprit de conduite nécessaire à qui veut prendre la vie du côté positif et productif. […] Mais laissant de côté ce qui me regarde, je demande si cette sorte d’exaltation dans laquelle se place tout d’abord M. de Pontmartin, cette sorte de ferveur guerroyante d’un chevalier armé et croisé pour la défense de la société, est une disposition favorable pour juger sainement de l’œuvre d’un artiste, d’un romancier, d’un auteur dramatique. […] Autran, des poésies de Brizeux, du Constantinople de Théophile Gautier, des œuvres de Mme Émile de Girardin, etc., etc., — il est très-agréable ; il a, chemin faisant, quantité de choses fort bien dites : ce sont celles qui lui échappent et qui ressemblent à des saillies.
Œuvres inédites de F. de La Mennais Publiées par M. […] Ces Œuvres inédites, qui se composent en très grande partie de lettres de La Mennais, ont trop peu appelé l’attention. […] Quelquefois, surtout en lisant les relations des Missionnaires, je serais tenté de m’affliger de ma profonde nullité, qui m’ôte tout moyen d’être jamais utile à l’œuvre de Dieu. […] Il emploie pour le déterminer les arguments les plus pressants, les plus fraternels : l’abbé Jean se croyant engagé envers l’évêque de Saint-Brieuc ; pur Breton, prêtre dévoué, tout d’application et de pratique, son horizon d’ailleurs était circonscrit et sa voie toute tracée ; il avait en vue mainte œuvre locale à entreprendre ou à poursuivre. […] J’ai fait œuvre de charité, moi philosophe, d’essayer de lui indiquer son chemin ; mais je crains bien qu’il ne m’en sache pas très bon gré.
Mais, indépendamment de ces talents établis qui poursuivent leur œuvre, en la modifiant la plupart, et avec raison, selon une pensée sociale, voilà qu’il s’élève et se dresse une troisième génération de poëtes, dont on peut déjà saisir la physionomie distincte et payer l’effort généreux. […] Si j’ai dit que l’œuvre manquait d’unité, je me rétracte ; l’insaisissable unité se rassemble ici comme dans un éclair, et tombe magiquement sur ce visage : voilà l’objet d’idolâtrie. […] Les comédies de cape et d’épée, par lesquelles il peut coudoyer un moment Mérimée, ne sont qu’une portion secondaire de son œuvre. […] Rotrou fit de même devant Corneille. — A plus forte raison la critique le doit-elle faire à l’égard des œuvres de prix qui se succèdent. […] Éclectiques, romantiques, doctrinaires, républicains ou monarchistes ; systématiques de tout bord et de toute conviction, il les a laissés dire ; il n’en a repoussé ni épousé aucun, se taisant, n’écoutant pas toujours, s’abstenant d’avoir là-dessus le moindre avis ; mais il relisait de temps à autre le Prince de Machiavel, qui lui semblait une œuvre solide à méditer ; il relisait l’Art poétique d’Horace, pour y rctiouver quelques détails sur les procédés scéniques des anciens, ou les Confessions de saint Augustin, pour y voir comment un jour le saint prit goût, malgré lui, aux jeux du cirque.
Mais ce fut surtout lorsqu’une école nouvelle s’éleva en littérature, lorsque certains esprits, bien peu nombreux d’abord, commencèrent de mettre en avant des théories inusitées et les appliquèrent dans des œuvres, ce fut alors qu’en haine des innovations on revint de toutes parts à Boileau comme à un ancêtre illustre et qu’on se rallia à son nom dans chaque mêlée. Les académies proposèrent à l’envi son éloge : les éditions de ses œuvres se multiplièrent ; des commentateurs distingués, MM. […] Tandis que dans les ordres d’idées différents, en politique, en religion, en philosophie, chaque homme, chaque œuvre tient son rang, et que tout fait bruit et nombre, le médiocre à côté du passable, et le passable à côté de l’excellent, dans l’art il n’y a que l’excellent qui compte ; et notez que l’excellent ici peut toujours être une exception, un jeu de la nature, un caprice du ciel, un don de Dieu. […] Jaloux de défendre Homère, Boileau, au lieu d’accueillir bravement la critique de Perrault et d’en décorer son poëte à titre d’éloge, au lieu d’oser admettre que la cour d’Agamemnon n’était pas tenue à la même étiquette de langage que celle de Louis le Grand, Boileau se rejette sur ce que Longin, qui reproche des termes bas à plusieurs auteurs et à Hérodote en particulier, ne parle pas d’Homère : preuve évidente que les œuvres de ce poëte ne renferment point un seul terme bas, et que toutes ses expressions sont nobles. […] Cousin, à propos de Pascal, posait en principe, au sein de l’Académie, qu’il était temps de traiter les auteurs du siècle de Louis XIV comme des anciens ; et l’Académie applaudissait. — Il est vrai que dans ce second temps et depuis qu’on est entré méthodiquement dans cette voie, on s’est mis à appliquer aux œuvres du xviie siècle tous les procédés de la critique comme l’entendaient les anciens grammairiens.
. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. […] Sa grande œuvre, son œuvre pour ainsi dire individuelle, fut l’Encyclopédie. […] Si l’Encyclopédie fut l’œuvre sociale et principale de Diderot en son temps et à son heure, sa principale gloire à nos yeux aujourd’hui est d’avoir été le créateur de la critique émue, empressée et éloquente : c’est par ce côté qu’il survit et qu’il nous doit être à jamais cher à nous tous, journalistes et improvisateurs sur tous sujets. […] [NdA] Les Salons de Diderot ne parurent point de son vivant, et ils n’ont été imprimés pour la première fois que dans la collection de ses Œuvres donnée par Naigeon (1798) ; mais ils étaient connus dans la société, et il en circulait des copies, comme on le voit par la lettre de Mme Necker.
Il mourut d’épuisement à l’œuvre et à la peine, le 10 mai 1800, dans sa cinquante et unième année, pauvre et pur, hautement estimé et considéré de tous ceux qui l’avaient connu. […] Il en garda avec Voltaire mort, qu’il avait connu durant huit années consécutives et dans son intérieur ; il marquait ses erreurs, mais ne confondait pas toutes les opinions et les œuvres de ce brillant génie dans un même anathème. À propos de l’édition complète des Œuvres de Voltaire, qui fut entreprise en 1781, une vive polémique s’engagea. […] Il reçut des lettres anonymes : « Vous verrez, lui écrivait-on, dans l’imprimé que je joins ici, le cri de l’indignation publique. » Et on joignait à la lettre un exemplaire de la Dénonciation au Parlement de la souscription des Œuvres de Voltaire, avec cette épigraphe « Ululate et clamate ». Mallet, dans une réponse imprimée, écrivait : « Toutes les violentes sorties contre Voltaire, à propos de la souscription de ses Œuvres complètes, m’étaient déjà connues.
Cette pensée fondamentale de l’auteur donne à son livre une grande force et une grande unité ; on peut trouver sans doute que cette manière abstraite de juger les œuvres et les écrivains conviendrait mieux à un métaphysicien qu’à un critique. […] Ou bien il faut reconnaître qu’il y a un genre de beautés dont l’ordre et la règle ne sont pas le principe, ou il faut condamner les Pensées de Pascal comme une œuvre déréglée où quelques beautés sublimes ne compensent pas le dangereux exemple d’une raison fière et solitaire, qui dans l’obéissance même a tous les caractères de la révolte, et, tout en se soumettant, ne veut se soumettre qu’à sa manière et ne servir que comme un roi vaincu. […] Ce qu’il y a de plus beau d’ailleurs à Versailles, c’est la mélancolie de cette grandeur évanouie et déserte ; ce n’est pas là l’œuvre de Louis XIV. […] Jusqu’au moment où l’Académie s’est trouvée remplie par les hommes de génie du siècle, par ceux-là mêmes qui ont fait les chefs-d’œuvre qu’elle aurait précédés, jusque-là, dis-je, l’Académie me paraît avoir eu bien peu d’influence sur les œuvres littéraires. […] Ne saisissant pas l’origine historique et tout humaine du spectacle qu’il avait devant les yeux, Bossuet n’en vit que la beauté idéale, et crut y reconnaître une œuvre divine.
Il parcourut l’univers, la science et la vie, montrant que tout spectacle, tout événement et toute pensée y ramènent l’homme, qu’elle est l’œuvre, non d’une curiosité tranquille, mais d’un besoin impérieux et âpre, qu’elle n’est point un divertissement de l’esprit, mais la vraie et la première nourriture du cœur. […] Il n’est pas l’œuvre de l’expérience et de la généralisation ; il est une découverte de la raison intuitive. […] Puisque chaque être a sa fin, la création, qui n’est que l’ensemble des êtres, a sa fin ; « et les fins particulières de tous les êtres qui peuplent et composent l’univers ne sont que des moyens divers qui concourent à l’accomplissement de cette fin totale et suprême. » — « Ce concours des fins éparses aspire à un but unique, celui-là même que Dieu s’est proposé en laissant échapper l’univers de ses mains. » Jusqu’ici les conceptions et les déductions qu’on vient de lire ne sont que spéculatives ; la remarque suivante les rend pratiques ; elles n’étaient que des œuvres de science, elles deviennent des ressorts d’action. […] Il y voyait d’abord une œuvre des forces naturelles ; il y voyait ensuite l’accomplissement d’une volonté surnaturelle. […] Jouffroy étudia les œuvres de l’illustre prédicateur français ; il le jugea moins observateur que logicien, moins logicien qu’orateur, moins orateur que politique.
Non seulement ses œuvres sont dignes de pitié, mais il est impossible de savoir où sont ses œuvres. […] Dumas y prenne garde, le style seul fait la durée des œuvres poétiques. […] Non, le succès ne justifie pas l’œuvre. […] Son œuvre, avec ses défauts et ses qualités, ne relève absolument que de sa libre fantaisie. […] Victor Hugo, mais dans la série totale de ses œuvres, ce serait un point bibliographique à éclaircir.
Mais quand les temps nouveaux sont arrivés, se séparant du passé avec autant d’ingratitude que de violence, le passé avait fait son œuvre, et, ce germe fécondé, l’on peut dire, par cette lente incubation, allait se développer par un progrès irrésistible et sûr. […] Ils n’ont peint que le corps, ils ont déchiré une des plus belles pages de l’œuvre de Dieu dans sa nature animée ; ils ont ainsi privé le Créateur d’une partie de sa gloire. […] Voilà toute l’œuvre de lui que nous a léguée le temps et que M. […] J’ai été plus ravi encore de l’œuvre de Barthélemy Saint-Hilaire que de celle d’Aristote. […] Ils ont contribué tous à amener la science où elle en est ; et ce n’est qu’un acte de gratitude que d’assigner à chacun la part qui leur revient dans cette œuvre commune.
Les projections réelles de leurs œuvres, nul ne saurait en mesurer la force, la lumière, les progrèsbj. […] La phrase citée est légèrement différente dans l’édition des œuvres complètes. […] Les faits pourtant, sont clairs et impitoyables. […] » Paul Valéry, Variété I, Œuvres, éd. […] Les morceaux rescapés figurent dans La Défense de l’infini, texte établi, présenté et annoté par Daniel Bougnoux dans les Oeuvres romanesques complètes, t. […] Wilde est passé par là : Mettre le génie dans sa vie, le talent dans son œuvre.
Car il n’y a pas que l’œuvre à faire, il y a la vie à gagner. Nous ne reverrons presque plus jamais, ou nous ne reverrons peut-être que de loin en loin, le type de l’écrivain solitaire et entièrement désintéressé, qui se borne à son œuvre et l’accomplit silencieusement pour la joie de l’accomplir. […] De plus en plus, l’écrivain est un homme d’action, mêlé à la vie quotidienne, et surtout, répétons-le, contraint par les nécessités de l’existence à gagner sa vie, en même temps qu’il fait son œuvre. […] Ainsi nous aurons vu à l’œuvre dans un bref espace de temps les deux grands instincts français, l’instinct révolutionnaire et le conservateur. […] Un tableau grossier provoquera, en effet, chez les spectateurs, plus de sensations malsaines et de dégradation qu’une œuvre noble et hardie le fera de générosité.
Nous les connaissons depuis longtemps, nous les avons vus à l’œuvre, nous savons leurs pasquinades et leurs insuffisances. […] — À ce que la littérature n’a point encore osé aborder les œuvres modernes et réellement vivantes. […] Ces travaux immenses furent qualifiés d’œuvres diaboliques ; c’était, disait-on, l’esprit du mal qui inspirait ces connaissances impures, afin d’entraîner l’humanité à son éternelle damnation. […] Par suite d’un dédain condamnable, mais naturel aux hommes perdus dans les hautes contemplations, les savants semblent avoir fait de grands efforts pour rendre leurs œuvres inabordables ou tout au moins inintelligibles. […] Les purs savants regardent le Cosmos comme une œuvre un peu légère.
Mais il y a un peu de silence autour de lui, et ce silence est favorable à l’étude que je désire faire de ses œuvres et de son talent. […] Le lendemain, c’était la princesse Zénaïde Wolkonski, toute catholique et propagandiste, toute chrétienne comme l’autre était tout païen, ayant à raconter des œuvres merveilleuses, couronnées de bénédictions surnaturelles : était-ce l’âge d’or des trois premiers siècles de l’Église qui recommençait ? […] C’est l’œuvre d’un La Bruyère ligueur, voisin des halles, vengeur des paroisses, qui profite habilement de la languerévolutionnaire et s’en fait un ragoût de plus ; qui s’en donne à cœur-joie et à lèche-doigts ; qui, à défaut de Versailles où il n’est pas allé, se rabat et tombe sur la haute et basse bourgeoisie, sur la gent parlementaire, la gent écriveuse, grosse et menue, le fretin des journaux, la province ; mais qui, jusque dans le trivial et l’injurieux, dans ce qui dégoûte et repousse, a gardé l’art de l’imprévu, l’art de réveiller à chaque coup son lecteur par la variété des tons, le contraste des fragments, le brûle-pourpoint des apostrophes, tout ce qui supplée au manque de transitions. […] Il s’y montre fort réconcilié avec l’état militaire, qu’il avait moins honoré avant de levoir à l’œuvre et en action.
. — Que s’ils y ajoutaient encore, avec l’instinct et l’intelligence des hautes origines historiques, du génie des races et des langues, le sentiment littéraire et poétique dans toute sa sève et sa première fleur, le goût et la connaissance directe des puissantes œuvres de l’imagination humaine primitive, la lecture d’Homère ou des grands poèmes indiens (je montre exprès toutes les cimes), que leur manquerait-il enfin ? […] Biot « de mettre volontiers en œuvre, à l’occasion de chaque question, toutes les ressources dont dispose la science, en employant parfois les plus étrangères aux savants dont il abordait la spécialité. » Ainsi, dans le cas présent, il apportait aux chimistes le secours de l’optique pour, démêler certaines qualités distinctives des molécules dans les produits organisés. […] Stanislas Julien ; animé par le souvenir de son fils enlevé prématurément, et qui s’était occupé de ces mêmes études, il a fait dans l’année qui précéda sa fin une œuvre considérable, tout un livre, qui court risque de ne pas rencontrer un seul contradicteur : car il y a à peine des juges. […] Bour » ce dernier qui était en province reçut, peu après, une caisse contenant six gros volumes, formant un exemplaire unique des œuvres de Lagrange, lesquelles n’ont jamais été recueillies et sont éparses dans les mémoires des diverses Compagnies savantes.
Pourquoi y a-t-il des romanciers distingués dont toute l’œuvre aura passé sans que j’aie dit le plaisir ou l’estime qu’on leur doit ? […] Si on ne lit pas tout, presque tout, dans cette quantité de productions qui ont chacune leur qualité, si l’on a manqué le moment où elles passent pour la première fois sous nos yeux, on est en peine ensuite pour rétablir le point de vue ; un mouvement si compliqué, si divers, si fécond, et dans un genre indéfini qui menace de devenir la forme universelle, demande à être suivi jour par jour ; faute de quoi l’on ne sait plus exactement les rapports, les proportions des talents entre eux, la mesure d’originalité ou d’imitation, le degré de mérite des œuvres, ce qu’elles promettent au juste et ce que l’auteur peut tenir. […] Après la première représentation, le général en chef dépêcha l’un de ses jeunes aides de camp à un dessinateur de ses amis2, pour lui dire qu’il ne serait pas mal d’envoyer encore un renfort, une recrue de jeunes gens, de ceux qui sont tout dévoués sans tant de façons au succès d’une œuvre colossale et forte. […] Dans des œuvres plus considérables et plus développées, dont Dalila est la plus forte, le Roman d’un Jeune Homme pauvre la plus triomphante, et Sibylle la plus ambitieuse, il a déployé des facultés de drame, une habileté de construction et d’émotion qui ont laissé subsister les autres qualités nuancées : il a étendu et varié sa sphère.
Trébutien, à redoubler de zèle, à compléter son œuvre commémorative et à donner tout ce qu’il a pu depuis retrouver et rassembler encore de la correspondance de cette personne rare. […] Or, Mme la comtesse Agénor de Gasparin, — c’est elle en toutes lettres, — femme d’un homme de cœur et d’un homme de bien, Genevoise de famille et de naissance, de la haute bourgeoisie ou de l’aristocratie de cette république (c’est tout un), passant certaines saisons à Paris, mais établie et vivant plus ordinairement en son château ou manoir au pied du Jura suisse, dans le canton de Vaud, dans le pays de Glaire d’Orbe, a publié, en ces dernières années surtout, une série d’esquisses, d’impressions morales ou pittoresques, de tableaux paysanesques ou alpestres avec intention et inspiration chrétienne très-marquée46, toute une œuvre qu’il est naturel de rapprocher des Lettres et Journaux d’Eugénie de Guérin. […] Ce qu’ils n’ont pas fait, Mme de Gasparin Pose, et la devise donnée par Victor Hugo est devenue la sienne : la Bible, rien que la Bible d’une part, et de l’autre Dieu dans le soleil, dans la nature et dans ses œuvres. […] Les Horizons prochains ; — les Horizons célestes ; — Vesper ; — les Tristesses humaines ; et aujourd’hui enfin les Prouesses ou Voyages de la Bande du Jura, c’est-à-dire de la société active, honnête, rieuse et vaillante, amoureuse de la nature, amoureuse des œuvres de Dieu, qui se réunit et se groupe chaque été autour de la châtelaine de Valleyres. — (Michel Lévy.)
. — Certainement on constate ici un dédoublement du moi, la présence simultanée de deux séries d’idées parallèles et indépendantes, de deux centres d’action, ou, si l’on veut, de deux personnes morales juxtaposées dans le même cerveau, chacune à son œuvre et chacune à une œuvre différente, l’une sur la scène et l’autre dans la coulisse, la seconde aussi complète que la première, puisque, seule et hors des regards de l’autre, elle construit des idées suivies et aligne des phrases liées auxquelles l’autre n’a point de part. — En général, tout état singulier de l’intelligence doit être le sujet d’une monographie ; car il faut voir l’horloge dérangée pour distinguer les contrepoids et les rouages que nous ne remarquons pas dans l’horloge qui va bien. […] Pour l’embrasser tout entière, il faudrait à la théorie de l’intelligence ajouter la théorie de la volonté ; si je juge de l’œuvre que je n’ose encore entreprendre par l’œuvre que j’ai essayé d’accomplir, mes forces ne suffiront pas ; tout ce que je me hasarde à souhaiter, c’est que le lecteur accorde à celle-ci son indulgence, en considérant la difficulté du travail et la longueur de l’effort.
Il dresse un univers qui lui semble tout neuf, un univers qu’il croit l’œuvre de « sa propre volonté » et qu’il affirme « son propre monde ». […] Je recherche mon œuvre. » Il va créer surtout deux doctrines : la doctrine du surhomme et la doctrine du grand retour. […] Déplacer quelques mystères qui semblaient extérieurs et transcendants pour les rendre immanents à l’homme ; transformer du mystère métaphysique en mystère psychologique ; ramener nos yeux du macrocosme vers le microcosme : c’est, à de certaines époques, l’œuvre nécessaire du philosophe. […] Je montrerais ensuite que, malgré son affectation d’élégance indifférente, malgré la coquetterie qui lui fait présenter les pensées les plus aimées comme des paradoxes souriants, la part du voulu et de l’artificiel est faible dans la beauté de l’homme et de l’œuvre.
on peut dire qu’elle est « laïque », l’œuvre de Molière ! […] C’est une de ces œuvres sur lesquelles « on peut causer ». […] Le contraste eût été intéressant et l’œuvre en eût été plus claire. […] ce n’est qu’une photographie sommaire, pas tout à fait une œuvre d’art. […] Léon Hennique, est une œuvre très singulière.
Cette lettre a été publiée depuis peu par les éditeurs des Œuvres de Baudelaire, mais avec des fautes d’impression selon l’usage ; j’ai tenu à les corriger. […] Vous êtes, vous aussi, de ceux qui cherchent de la poésie partout ; et comme, avant vous, d’autres l’avaient cherchée dans des régions tout ouvertes et toutes différentes ; comme on vous avait laissé peu d’espace ; comme les champs terrestres et célestes étaient à peu près tous moissonnés, et que, depuis trente ans et plus, les lyriques, sous toutes les formes, sont à l’œuvre, — venu si tard et le dernier, vous vous êtes dit, j’imagine : « Eh bien !
Béranger a joué le rôle le plus perfide, le plus coupable et le plus vil ; qu’il doit figurer au premier rang de ceux qui ont fait du mal à l’humanité, à leur époque et à leur pays ; que ce mal, il l’a fait sciemment, froidement, non pas par entraînement et par passion… mais avec calcul, en versant la goutte de poison là où il savait qu’elle serait plus corrosive et plus meurtrière et en prenant pour auxiliaire, dans son œuvre criminelle, tout ce que l’esprit de parti a de plus bas, de plus méchant et de plus bête. […] Ernest Renan On ne peut nier que son œuvre ne soulève aux yeux du critique une singulière difficulté.
. — Œuvres de Jean-Arthur Rimbaud (1898) […] Ce n’est pas la faute de Rimbaud si des esprits lourds, fâcheusement logiques, s’en sont fait une méthode plutôt divertissante ; c’est encore moins sa faute si on a attribué à ce sonnet, dans son œuvre et en n’importe quel sens, une importance exorbitante.
Stanislas Guyard, Professeur au Collège de France 9 septembre 1884 Quelle fatalité, Messieurs, que la mort soit venue prendre parmi nous le plus jeune, le plus désigné pour les grandes œuvres, le plus aimé ! […] Tu as été un bon ouvrier dans l’œuvre excellente qui se construit avec nos efforts.
C’est dans son œuvre, en général, un excellent peintre et un des dix plus beaux d’aujourd’hui. […] Crime et Châtiment est admirable parce que ce roman est appelé à peindre l’hallucination criminelle, mais le peintre qui entoure d’une pareille hallucination indifféremment un violoniste mondain, une jeune femme charmante, Carlyle, ou de délicieux enfants roses est absurde, parce que ces œuvres sont absurdes et morbides, parce que l’absurde et le malade ne peuvent pas rationnellement prétendre prendre jamais place dans notre admiration..
Il a la double aptitude, la double face, ce quelque chose d’hybride, — disent les pédants, — d’harmonieux et de fondu, — disent les artistes, — qui produit les œuvres d’ordre composite en littérature. […] Romanciers d’hier et d’avant-hier (Les Œuvres et les Hommes, IIIe série).
En effet, cette manière d’écrire l’histoire d’une époque, en la tournant autour d’un livre considérable ou d’une œuvre justement exhumée, nous semble plus intéressante, plus concentrée et plus vivante que l’histoire qui se déploie d’elle-même, dans son ordre chronologique et dans le mouvement général de ses événements. […] C’est un observateur sans vertige, et, quoique le rabelaisien soit dans le tonde son œuvre, il ne fausse pas les faits parce qu’il aime à gausser et à rire, et, s’il peint des grotesques, il ne les invente pas.
Vie du Tasse (1re partie) I De tous les hommes qui ont illustré leur nom dans les œuvres de l’esprit, le Tasse est peut-être celui dont la vie et l’œuvre se confondent le mieux dans une conformité plus complète. Son œuvre est un poème, sa vie une poésie : en lui naissance, patrie, nature, génie, vie, amour, infortune et mort, tout est d’un poète. […] À l’exception du duc d’Urbin, qui continua à combler l’auteur de sa faveur et de ses bienfaits, Bernardo Tasso ne reçut des autres princes de France et d’Italie, auxquels il adressa son œuvre, que des louanges et des remercîments. […] » Le père s’affligea d’abord, puis s’enorgueillit bientôt après de cette œuvre imparfaite et prématurée, mais merveilleuse, dit-il, dans ses lettres, d’un enfant de dix-sept ans ! […] Celui qui ferait de ces traditions une épopée chrétienne serait assisté dans son œuvre, non-seulement par l’imagination, mais par la foi des hommes ; il serait l’Homère d’un culte vivant au lieu d’être l’Homère de fables mortes.
Il ne le prononçait pas dans ses œuvres ; il était du nombre de ces savants issus du matérialisme le plus pur qui, n’osant pas le nier, le passent sous silence, ou qui disent : Dieu est une hypothèse dont je n’ai jamais eu besoin pour la solution de mes problèmes. […] Puisse le destin, que notre affection implore en tremblant pour toi, t’accorder toujours la même faveur, toutes les fois que l’autre hémisphère attirera tes pas ; puisse-t-il te ramener toujours heureusement aux rivages de ta patrie, le front ceint d’une nouvelle couronne… Pour moi, dans le sein de l’amitié, je ne demande qu’une maison tranquille, où ton nom réveille dans mon fils le désir d’atteindre ta renommée, une tombe qui me recouvre, un jour, avec ses frères… Allez maintenant, mes vers, allez dire à celui que j’aime que ces chants vont timidement à lui, des collines d’Albano ; d’autres porteront plus haut sa gloire, sur les ailes de la poésie… » Pendant qu’Alexandre de Humboldt, faisant collaborer à son œuvre tous les savants français, par un concours de travaux spéciaux dont il leur donnait les sujets, et dont il payait les frais de sa fortune, formait une œuvre sur les régions équinoxiales, dont le prix dépassait déjà 5 ou 6 mille francs l’exemplaire, monument plus digne d’une nation que d’un particulier, Guillaume, chassé de Rome par Bonaparte, rentrait attristé dans sa patrie. […] XIV Quant à Alexandre de Humboldt, sa vie, dispersée comme sa pensée, continua à se répandre sur une multitude de sujets scientifiques adressés aux académies comme autant de notices destinées à être recueillies plus tard dans son œuvre capitale : pierres plus ou moins taillées pour élever son monument. […] L’œuvre, déjà plusieurs fois entreprise, n’était pas facile même à lui. […] Sans parler de l’exécution progressive de son Cosmos, Humboldt avait eu à remplir le pieux devoir d’enrichir d’une préface les œuvres de son ami Arago, que la mort lui enleva, comme elle en ravit tant d’autres, et, tout dernièrement, ses amis intimes, Léopold de Buch et le statuaire Rauch.
Il l’a purifié par ses rites, lavé du sang des victimes et des eaux lustrales ; Pallas, sa grande sœur, achèvera son œuvre. […] D’une main, elles brandissaient un bâton, insigne menaçant de leurs hautes œuvres : de l’autre elles agitaient un flambeau chargé d’une flamme sulfureuse. […] Toutes les sciences dérivent de sa sagesse, tous les arts lui sont attribués, toutes les industries sont ses œuvres vives. […] » — Pallas est fière de son miracle, de cette insigne conversion qui est l’œuvre de sa sagesse. […] Il a détruit la masse de son œuvre, et de longs siècles se sont passés avant qu’il ait justifié la confiance superbe que le poète avait mise en lui.
Vraiment on a beaucoup trop abusé de la biographie de Molière pour expliquer ses œuvres. […] A coup sûr, il a connu Jean Sobieski, qui était mousquetaire à cette époque-là et qui devait, un jour, devenir roi de Pologne et dont il a parlé dans ses œuvres. […] [La Fontaine avait écrit à très peu près toutes ses œuvres.] […] Et, en effet, presque tous les hommes de lettres illustres sont, dans leur vie, plus petits que leurs œuvres ; il y en a très peu qui échappent à cette dissection. […] Son œuvre ne sera jamais démolie par la comparaison que l’on pourra en faire avec sa vie.
Voilà ce que je trouve dans l’œuvre de Sophocle. […] L’œuvre de ce supplicié est un long — très long — éclat de rire. […] C’est une œuvre extraordinairement touffue. […] Legouvé aime à la passion le théâtre, ses pompes et ses œuvres. […] Et alors il lui a très résolument subordonné tout le reste de l’œuvre.
Son œuvre est un étonnant paradoxe littéraire. […] Et de tout cela, il n’est resté que deux ou trois noms, — et pas une œuvre. […] L’Œuvre : le Petit Eyolf, drame en trois actes, de M. […] Ainsi le dernier spectacle de l’Œuvre fut divers jusqu’au bariolage. […] Théâtre de l’Œuvre : le Père, drame en trois actes, de M.
M. de Norvins a donc mis beaucoup d’esprit à faire une œuvre inanimée. […] C’est à vivre dans la société de cet ami, c’est à le venir voir à son foyer domestique, et à recevoir les premières confidences de l’œuvre qui vient d’éclore ou de l’œuvre qui se prépare, c’est à le consoler des tribulations du théâtre, que M. […] De quel droit a-t-il critiqué les œuvres d’autrui ? […] Le nom du poète au bas du portrait, gravé en caractères gothiques, est l’emblème de la nouveauté de son œuvre. […] Les œuvres de l’homme font honte aux œuvres de l’enfant.
L’événement d’hier est déjà de la chronique, de la poésie ou de l’histoire ; l’œuvre de demain s’anticipe impatiemment, et la curiosité la dévore. […] Dans son application à la politique, et dans l’Itinéraire de son voyage en Orient, il a si bien su proportionner son style à la nature des sujets, que c’est aujourd’hui l’opinion universelle qu’il y a chez lui une seconde manière, une seconde portion de son œuvre qui est irréprochable. […] Si tout, dans ce brillant assaut, n’était pas également solide, si les preuves qui s’adressaient surtout à des cœurs encore saignants et à des imaginations ébranlées par l’orage ne suffisent plus désormais, l’esprit de cette inspiration se continue encore ; c’est à l’œuvre et au nom de M. de Chateaubriand que se rattache le premier anneau de cette renaissance. […] Mais jusqu’ici cette œuvre de jeunesse était restée en dehors du grand monument poétique, religieux et politique, de M. de Chateaubriand, et n’était pas comprise, pour ainsi dire, dans la même enceinte. […] En présence surtout de l’œuvre et de la vie de M. de Chateaubriand, j’ai senti combien il sied à la faculté puissante, au génie, d’enfanter de longues espérances, de se proposer de grands buts, d’épouser d’immenses causes.
La Bruyère Vers 1687, année où parut le livre des Caractères, le siècle de Louis XIV arrivait à ce qu’on peut appeler sa troisième période ; les grandes œuvres qui avaient illustré son début et sa plus brillante moitié étaient accomplies ; les grands auteurs vivaient encore la plupart, mais se reposaient. […] Boileau et Racine avaient à peu près terminé leur œuvre à cette date de 1687 ; ils étaient tout occupés de leurs fonctions d’historiographes. […] La chaleur modérée de tant de nobles œuvres, l’épuration continue qui s’en était suivie, la constance enfin des astres et de la saison, avaient amené l’atmosphère des esprits à un état tellement limpide et lumineux, que du prochain beau livre qui saurait naître, pas un mot immanquablement ne serait perdu, pas une pensée ne resterait dans l’ombre, et que tout naîtrait dans son vrai jour. […] On ne sait rien ou presque rien de la vie de La Bruyère, et cette obscurité ajoute, comme on l’a remarqué, à l’effet de son œuvre, et, on peut dire, au bonheur piquant de sa destinée. […] Il y a des endroits où, en marchant dans l’œuvre, dans le poëme, dans le roman, l’homme qui a le pied fait s’aperçoit qu’il est sur le creux : ce creux ne rend pas l’écho le moins sonore pour le vulgaire.
Le travail actif au contraire, et qui se traduit en œuvres, nous distrait de cette comparaison perpétuelle qu’on est tenté de faire de soi à de moins dignes, plus favorisés souvent, et il remplit mieux les fins de la vie, qui sont d’être ou de se croire utile, et de ne pas se retrancher dans une abnégation pénible à soutenir et malaisément sincère. […] L’ancienne société, tout ce beau monde, les Grammont, les Choiseul, la reine, voyant un jeune poète qui promettait par ses œuvres et qui payait argent comptant par son esprit, voulurent le protéger et l’admettre sur le pied où l’homme de lettres était admis alors. […] En se les exagérant singulièrement, ainsi que l’importance de ses premières œuvres qui sont si peu de chose, et qui furent si surpayées, Chamfort en était arrivé à haïr, d’une haine qui transpire dans toutes ses paroles, et les cabaleurs et du même coup les protecteurs aussi. […] Le jugement le plus équitable et le plus indulgent qu’il soit possible de porter sur lui me paraît être celui de Roederer dans un article du Journal de Paris, qui a été reproduit dans l’édition la plus complète des Œuvres de Chamfort. […] Est-ce ma faute si jugeant à l’œuvre, en 1848, plusieurs des amis de M.
D’ailleurs, une critique un peu large et qui se pique de justice n’a point à faire de chicanes à des facultés qui naissent tard, pourvu qu’elles naissent ; à des œuvres inespérées et qui rompent une série de travaux sur lesquels on pouvait compter, pourvu toutefois que l’œuvre nouvelle vaille ce qu’on perd dans un autre ordre. […] Quand les sociétés n’ont plus la flamme qui crée les grandes œuvres et l’intérêt palpitant qui s’y attache longtemps avec une passion, qui est au génie ce qu’un cœur tendre est à un grand cœur, l’amour de l’archéologie, ce touche-à-tout des vieillards redevenus enfants, s’empare de ces esprits qui baissent, et on joue aux bagatelles de l’histoire, aux curiosités, aux minuties. […] Le livre en question, s’il continue d’être ce qu’il est dans le premier volume, s’engloutira un jour tout doucement dans les œuvres complètes de l’auteur, et ne sera plus tiré par personne du rayon protecteur où les ouvrages qu’on ne lit plus se livrent à des somnolences éternelles. […] Il aurait fait œuvre d’artiste. […] Quand il fit son dernier cours de philosophie, il insulta à l’originalité de l’homme, soit dans ses œuvres, soit dans sa vie, avec une énergie pédante qui prouve à quel point il est dénué d’un des plus profonds instincts de l’artiste.
Leur œuvre assurément n’a pas été louable de tout point ; mais, s’il s’agit de dire qui a porté les coups redoutables aux recettes sentimentales et artificielles de 1830, il ne faut point oublier les vrais démolisseurs de la convention romantique. […] C’est cet important facteur de toute œuvre humaine, la personnalité propre et spéciale de l’individu, que la théorie nouvelle a le grand tort de méconnaître, c’est là même au fond le facteur essentiel dans tous les ouvrages de l’esprit. […] Traduit dans le langage de la critique, ce sage précepte peut s’énoncer ainsi : « C’est aux œuvres des disciples que se voit la valeur des théories littéraires. » Quel que soit en effet le système auquel s’arrête et que recommande un artiste supérieur, on peut dire que lui-même n’en est jamais complètement l’esclave : ses doctrines ne représentent qu’une partie de lui-même et pas toujours la plus originale. […] L’artiste n’est pas un savant qui recherche les causes ; sa tâche à lui c’est de peindre les effets, de faire jaillir de son œuvre l’émotion, douce ou terrible, qui tour à tour nous prend en face de la vie elle-même, de remuer nos cœurs, de nous attendrir, de nous faire sourire ou frémir. […] Rien de semblable ne m’apparaît dans les œuvres littéraires de l’école naturaliste.
Philosophie En ce qui concerne la recherche des manuscrits, traitant de matières philosophiques, on n’aura pas à s’occuper beaucoup de ce qui peut s’être fait avant le xiie siècle, 1º parce que les œuvres philosophiques antérieures à ce siècle, comme celles de Saint-Anselme, de Scot Érigène, etc., existent imprimées ; 2º parce que la scolastique, qui est la grande philosophie du moyen âge, n’était pas véritablement fondée ; 3º parce que les auteurs de ces œuvres, antérieures au xiie siècle, appartiennent rarement à la France. […] On sait qu’il y a deux grands ouvrages de Roger Bacon qui, réunis à l’Opus majus, composaient son œuvre générale.
Les œuvres de Balzac me l’ont appris. […] Ces lettres ne sont point datées dans les nombreuses éditions qui ont été faites des œuvres diverses de Balzac, elles paraissent être de 1620 à 1630, temps où Balzac était âgé de 26 à 36 ans, et la marquise de 38 à 48. On en trouverait probablement la date précise dans l’édition complète des Œuvres de l’auteur, en 2 vol. in-fol., publiée en 1665, après sa mort, par l’abbé Cassaigne, son ami.
… Comme œuvre pensée et combinée, positivement cela n’est pas. Comme œuvre écrite, cela est-il davantage ? […] Ces affreuses petites cours d’Allemagne, gouvernées par des évêques mariés (comme l’évêque d’Osnabruck, qui devint plus tard électeur de Hanovre), préludaient fort bien, et mieux que la France elle-même, à ce xviiie siècle qui allait commencer et qui devait achever l’œuvre de dissolution de Henri IV et de Louis XIV.
Ils en ramassaient beaucoup, quand ils vivaient, pour en orner leurs plus belles œuvres. […] Eh bien, ce sont ces inconnus, chers à tous les poètes et à tous les généreux, que Quitard ne ressuscite pas, mais qu’il range à nos yeux dans leur mérite anonyme, puisqu’il y a rangé leurs œuvres ! si l’on peut dire œuvres de ces traits marqués en quelques mots, et par cela même plus durables, d’autant plus fixes dans le souvenir qu’ils sont plus brefs, comme ces insectes lumineux qui restent mieux immobiles sur leurs courtes ailes.
Ils ont cru qu’elle datait de la Régence et de ses libertinages d’esprit et de sens, du règne de Louis XV qui la surpassa en cette double espèce de libertinage, et surtout de cette Philosophie — autre libertinage aussi mais dans l’ordre de la pensée — qui acheva l’œuvre de destruction commencée, et donna, de sa plume, le coup de balai final ! […] … Seulement, la critique des œuvres de l’esprit n’a pas été instituée pour couronner les intentions vertueuses ; et, d’ailleurs, elle ne croit guères, cette critique, qui connaît ses auteurs, à la modestie ou à la défiance de soi dans un homme qui se carre en un livre d’histoire de cinq cents pages in-8º ; car s’il y a quelque chose qui doive caler l’aplomb d’un homme, ce doit être cela ! […] Félix Rocquain n’a pas ce geste du talent qui fait de l’histoire, appartenant à tous, une œuvre glorieusement individuelle !
L’imitation n’est point et ne saurait être le premier des livres humains, car il n’est pas humain de confondre la cité domestique et la cité monastique, comme le faisait le vieux Tyrcis, qui ne comprenait pas plus l’une que l’autre, et comme le feraient tous ceux, qui ne verraient pas que l’Imitation est une œuvre exclusivement monacale. […] Le monde, puisqu’il s’agit de son goût pour une œuvre qui ne fut jamais faite pour lui, lit avec avidité l’Imitation, et ne veut pas lire l’Évangile, et les raisons de cela ne viennent pas de l’Imitation. […] Seulement, si nous n’entrons pas plus avant dans ce point de vue pratique, qu’il est impossible de ne pas ouvrir quand il s’agit d’un livre chrétien, il nous reste à connaître le côté littéraire de l’Imitation comme œuvre humaine, et nous allons l’examiner.
… Toute l’œuvre poétique de M. […] La manière des poètes importe plus à la Critique que le menu ou le gros des œuvres, car c’est par la manière qu’elle classe les poètes et qu’elle peut les caractériser. […] Assurément, il y a une grande différence entre les Heures de loisir de lord Byron et ses autres œuvres ; mais, sous l’adolescente indécision des Heures de loisir, sous cette fausse emphase de jeunesse que nous eûmes tous, et qui n’est rien de plus que l’ignorance de la vie, on reconnaît pourtant déjà les lignes de ce galbe immortel qui sera tout à l’heure d’une beauté divine.
Milton Milton, sa vie et ses œuvres, par M. […] le projet de traduire plus tard aussi l’œuvre de Milton ? […] L’irrésistibilité de la vocation du génie est toujours en raison directe de son originalité… La vocation poétique de Milton fut révélée par ses premières œuvres de jeunesse, mais elle fut arrêtée et suspendue par toute une vie de travaux et de préoccupations contraires.
Au fond de chacun de nous repose la France entière, désireuse de s’épancher en œuvres vives. […] » Et voilà qu’il y a quelque temps, m’étant trouvé séparé de mon cercle habituel d’amis, je fus mis dans une intimité étroite et prolongée avec quelques-uns de mes camarades qui pouvaient, en raccourci, me représenter à peu près toute la nation : il y avait des ouvriers et des agriculteurs, des gars du Nord, du Midi, du Centre et de l’Est… Peu à peu, je vis combien, sans qu’ils s’en doutent eux-mêmes, la souffrance avait fait son œuvre en eux, les avait épurés, combien ils sortiraient modifiés de la guerre. […] Ce manteau s’est usé peu à peu ; il a chez presque tous disparu aujourd’hui ; c’est pourquoi la masse paraît moins brillante qu’aux premiers jours, mais je crois qu’un changement essentiel et profond ne s’est pas moins opéré, et il continue son œuvre.
Ce fut l’œuvre de Lamarck. […] On en voit qui furent ainsi désharmonisés et dont l’œuvre est toute sagesse et toute harmonie. […] Les conditions de la naissance des œuvres littéraires nous sont encore à peu près inconnues. […] Le contact de son œuvre a mis au jour les vérités qui sommeillaient dans les esprits. […] Dans le choix des œuvres d’Helvétius, collection des Plus belles pages.
Ce n’est pas là une petite œuvre, car c’est à une œuvre semblable que tout le monde pensant travaille aujourd’hui. […] Quand l’art a donné toutes ses œuvres, la philosophie toutes ses théories, la science toutes ses découvertes, il s’arrête ; une autre forme d’esprit prend l’empire, ou l’homme cesse de penser. […] Il se rattache, comme eux, toutes les grandes œuvres de l’intelligence contemporaine. […] C’est la faculté philosophique par excellence, et, en effet, c’est la faculté philosophique qui, dans toutes leurs œuvres, a imprimé son sceau. […] Son principe est que dans une œuvre d’esprit la forme est peu de chose, le fond seul est important.
Trois savants hommes, dans la seconde moitié du siècle dernier, se sont attachés à le faire connaître, à dégager son œuvre, sa personnalité en tant que poète, Reiske, Ilgen et Meinecke : ces noms, familiers aux savants, présentent l’idée d’une érudition profonde unie à un goût sûr ; on ne court pas risque de s’égarer en les suivant, et en ayant de plus M. […] « La partie droite de cette bordure de robe, dans une longueur de neuf pouces et quatre doigts, est l’œuvre de Bitlium ; Antianire a fait toute la partie gauche. […] Les habiles critiques qui ont étudié et éclairé ses œuvres ont remarqué combien, en cela, il fut peu favorisé du sort, combien sa faculté poétique ne rencontra guère que de chétives occasions, et ils ont répondu pour lui, et à sa décharge, en alléguant l’exemple de Martial, à qui l’on demandait, sur des riens, des épigrammes pleines de feu : « Tu me demandes, ô Cæcilianus, des épigrammes toutes piquantes et toutes vives, et tu ne m’offres que des thèmes froids et morts. […] Léonidas pourtant nourrit une consolation élevée ; il a foi aux Muses, et elles ne l’ont point tout à fait trompé, puisque son nom, son œuvre éparse, nous occupent encore aujourd’hui : « Je gis bien loin de la terre italienne et de Tarente, ma patrie ; et cela m’est plus amer que la mort. […] Un voyageur altéré, Aristoclès, a bu avec plaisir de l’eau d’une source où se voyaient des statues de Nymphes, œuvre rustique des bergers ; reconnaissant, il offre aux Nymphes elles-mêmes la coupe dans laquelle il a bu, pour qu’elle serve aux autres passants qui auront soif comme lui : « Onde fraîche qui jaillis d’un double rocher ; salut !
Une puissante école de constructeurs laïques, protégée par l’épiscopat, accueillie par les seigneurs, favorisée par le peuple, supplante l’école religieuse précédente et porte dans la conception et l’exécution de ses œuvres la plus grande indépendance. […] nous le savons de reste, les choses humaines, dès qu’elles ont atteint une certaine hauteur, retombent assez vite, s’embrouillent et se gâtent assez tôt : et sans sortir du domaine de l’architecture, cette Notre-Dame de Paris dont la façade s’était élevée en moins de quinze ans avec une célérité prodigieuse, œuvre d’un maître dont on a oublié de nous transmettre le nom, ne fut pas même terminée d’après le plan primitif : il manqua toujours les deux flèches au front des deux tours, d’où elles se seraient élancées, également aériennes et légères, mais variées sans doute dans leur dentelure et dissemblables entre elles sur leur double base. […] Ce qui suit est tiré d’un roman-poème du XIIIe siècle, Partonopeus de Blois, œuvre de Denis Pyram, un poète des plus polis. […] pourquoi pense-t-il de la plupart des architectes modernes les mieux établis et les plus favorisés que ce sont gens qui, pleins des formes du passé, — d’un passé lointain, — et obéissant à une idée préconçue, procèdent dans leur œuvre du dehors au dedans, font d’abord une boîte pour les yeux, un couvercle de grande apparence selon les règles dites du beau, et qui ne songent qu’ensuite et secondairement à ce qui sera à l’intérieur, à ce qui doit s’y loger, y agir, s’y mouvoir et s’en accommoder ? […] Un bon juge, et qui l’a vu à l’œuvre, me disait : « Je ne connais personne qui dessine mieux, plus facilement, et qui rende plus exactement le caractère de l’objet qu’il dessine.
Quelques strophes nobles et fières de Malherbe promettaient, faisaient pressentir et désirer une œuvre entière et de longue haleine : elle n’était pas venue. […] Pour arriver à une œuvre qui enlève, qui passionne tout le public et fasse événement, il faut en venir au Cid représenté avec un applaudissement enthousiaste vers la fin de décembre 1636, et qui sacra Corneille grand poète. […] Le Cid est une œuvre de poésie, mais sa prompte influence s’est fait sentir sur toute la langue, et tout au moins son succès coïncide avec un progrès notable dans la prose. […] Toute œuvre étrangère, en passant par la France, par la forme et par l’expression française, se clarifie à la fois et se solidifie, de même qu’en philosophie une pensée n’est sûre d’avoir atteint toute sa netteté et sa lumière, que lorsqu’elle a été exprimée en français. […] ayons toutes les qualités, s’il se peut, et le moins possible les défauts de nos divers âges ; mais gardons-nous, tout en faisant pour la forme nos légers mea culpa, de prétendre retoucher à notre jeunesse, — aux œuvres et aux actes de notre jeunesse ; — et surtout si ç’a été celle du grand Corneille.
et si quelque chose de véritablement essentiel ou de piquant, d’original en un mot, est en jeu ; c’est à ce fond qu’il faut venir pour classer les œuvres et surtout les hommes. En érudition, l’œuvre vaut souvent mieux que l’homme. […] Dans l’histoire qu’on a tracée jusqu’à présent de la littérature des deux derniers siècles, on ne s’est pris qu’à des œuvres éminentes, à des monuments en vue, à de plus ou moins grands noms : les intervalles de ces noms, on les a comblés avec des aperçus rapides, spirituels, mais vagues et souvent inexacts. […] Allez aux grands noms, aux pics éclatants ; laissez ces bas-fonds et ces marnières. » Mais il ne s’agirait pas ici de réhabiliter des noms ; les noms en ce genre sont peu ; les hommes y sont médiocrement intéressants d’ordinaire, et même les personnes morales s’y trouvent le plus souvent gâtées et assez viles ; il s’agirait de relever des idées et de prendre les justes mesures des choses autour des œuvres qu’on admire. Quand on a vécu très au centre et au foyer de la littérature de son temps, on comprend combien, en ce genre d’histoire aussi (quoiqu’il semble que là du moins les œuvres restent), la mesure qui ne se prend que du dehors est inexacte et, jusqu’à un certain point, mensongère et convenue ; combien on surfait d’un côté en supprimant de l’autre, et comme de loin l’on a vite dérangé les vraies proportions dans l’estime.
On dirait que la terre, en travail pour enfanter l’ordre progressif des sociétés, fait un effort de fécondité comparable à l’œuvre énergique de régénération que la Providence veut accomplir. […] Les têtes tombent une à une, les unes justement, les autres injustement, mais elles tombent toutes à l’œuvre. […] Réconcilions-nous sur leurs tombeaux pour reprendre leur œuvre interrompue ! […] C’est un enseignement propre à fausser le jugement de ce peuple et non à le moraliser ; c’est un mensonge à la postérité, qui a droit à aimer ou à abhorrer selon les œuvres ; c’est une offense à Dieu, dont vous faites mentir la justice dans votre bouche ; c’est un crime contre la conscience, dont vous étouffez la voix par un chant de triomphe, au lieu de lui livrer les justes à récompenser, les criminels à punir. […] Les révolutions ne sont pas, comme on l’a dit, l’interrègne de la conscience, elles en sont l’épreuve, et elles ne succombent que pour avoir mêlé dans leur œuvre le crime et la vertu.
Mais ce défaut expliqué ou excusé, l’œuvre de Fénelon n’est pas moins sublime. […] Seize ans après que Télémaque, imprimé sous toutes les formes et traduit en toutes les langues, inondait l’Europe, les orateurs à l’Académie française, en parlant des œuvres littéraires du temps, se taisaient sur le livre en possession du siècle et de la postérité. […] Ce changement était l’œuvre de madame de Maintenon, à qui le jeune prince, conseillé par Fénelon, avait témoigné une déférence flatteuse pour son amour-propre et rassurante pour son avenir. […] Fénelon avait corrigé et achevé dans cette âme l’œuvre ébauchée par la nature d’un prince accompli. […] Son nom est resté populaire et plus immortel encore que ses œuvres, parce qu’il répandit plus d’âme encore que de génie dans ses ouvrages et dans son siècle.
Nous aurons donc ainsi, dans un format distingué, élégant, et qui n’est plus le démocratique format Charpentier, toute l’œuvre poétique de M. […] Sainte-Beuve, c’eût été assez que de publier le Joseph Delorme, ce premier recueil de vers qui, dans l’œuvre du poète, est le premier, de toutes manières, et dans lequel il y a, selon moi, l’accent le plus profond que la poésie de 1830, la poésie dite romantique, ait donné. […] Sainte-Beuve a été un jour, aux yeux des connaisseurs, un trop rare poète pour que l’Imagination autant que la Critique ne tienne pas à connaître toute l’œuvre de l’homme qui a donné cette note unique de profondeur, et à savoir, s’il l’a perdue, comment cela se fit. […] Sainte-Beuve, après avoir débuté dans les lettres par un livre qui doit être mis au premier rang des Œuvres poétiques du xixe siècle et mieux qu’au premier rang, à part des autres livres en raison de sa profonde individualité, comment M. […] Sainte-Beuve puisse publier, sans retouche, cette œuvre, fausse à force de recherche, des Pensées d’août !
Quoi qu’il en soit, aucun membre de nos Facultés ne serait capable d’une telle œuvre ; ce ne sont que d’habiles empiriques ou des éclectiques instruits. L'œuvre de Raspail comptera dans la science et portera coup à l’étranger.
Ainsi nous ont frappé les Symphonies de M. de Laprade, œuvre de méditation et de candeur, mélange d’inductions métaphysiques, de sentiments austères avec tendresse, et de vives émotions empruntées au spectacle de la nature et rapprochées toujours des grandes vérités inscrites au cœur de l’homme comme sur la voûte des cieux. […] [V. de Laprade, sa vie, ses œuvres (1886).]
Il serait temps, semble-t-il, que l’homme capable d’écrire cent lignes comme celles-là voulût bien surseoir à ses méditations éthiques et esthétiques et parfaire l’œuvre qu’il nous doit. […] L’œuvre, a deux parties bien marquées : c’est d’abord une brusque et rythmique allégorie, où les forces naturelles concordent à représenter les moments, les saisons.
Volontiers donc je le remercierai de s’être tu sur ce que mon œuvre peut avoir de médiocre, s’il ne m’avait paru un peu trop méconnaître ce qu’elle peut contenir de bon. […] Voici exactement ce que j’ai dit dans le passage auquel vous faites allusion : « J’ai tâché d’écrire simplement et sèchement cet ouvrage qui n’est qu’une tentative de démonstration, réservant mon effort d’écrire pour des ouvrages d’imagination ou de critique proprement dite. » Loin d’être immodeste, je m’excusais d’avoir trop négligemment écrit ; je demandais l’indulgence, je promettais de mieux faire une autre fois, de réserver mes efforts pour d’autres œuvres.
Plus tard et presque dans toutes ses œuvres, on en trouvera l’effet. […] Devant ses pieds de fer, — le Meurtre s’est blotti pour compter les œuvres de mort. — Car ce matin trois puissantes nations se rencontrent — pour verser devant son autel le sang qu’elle trouve le plus doux. […] Comprendre la légende et aussi comprendre la vie, voilà l’objet de cette œuvre et de toute l’œuvre de Gœthe. […] Combien difficile est une telle œuvre pour un moderne ! […] Triste héros, qui pour toute œuvre parle, a peur, étudie les nuances de ses sensations et se promène !
Natanson compare son œuvre à un vase en faïence ; M. […] Il faudrait pourtant en finir : l’œuvre de M. […] Or quels sont les caractères constants de cette œuvre ? […] Il en abomine les œuvres. […] Il y a autre chose dans son œuvre.
C’est à ces dernières que se rattachent les Nuits et toute la partie brûlante et passionnée de l’œuvre de Musset. […] Il était aussi des soirées de l’Arsenal, chez Nodier, où chacun récitait ses œuvres, vers ou prose. […] Est-ce une œuvre de bonne foi ? […] Il avait toujours eu le goût « de se mettre lui-même, de sa personne, dans son œuvre ». […] C’est pourquoi la lecture de son œuvre poétique laisse triste.
. — Ses œuvres […] Jamais l’art ne fut l’instrument d’une œuvre plus morale et plus anglaise. […] Le squatter, comme Robinson, se réjouit des objets non-seulement parce qu’ils lui sont utiles, mais parce qu’ils sont son œuvre. […] On n’a qu’à regarder alentour ; le même penchant commence de tous côtés la même œuvre. […] Ils ont beau différer, tous deux travaillent à la même œuvre.
Thiers lui fait gloire comme s’il eût été inspiré dans son œuvre de Charlemagne par l’esprit même du christianisme, n’avait donc nullement la religion du chrétien ; il avait la religion de l’homme d’État. […] Et il ne fallait pas moins que sa gloire pour une telle œuvre ! […] C’est l’intelligence qui découvre l’intelligence dans l’univers, et un grand esprit est plus capable qu’un petit de voir Dieu à travers ses œuvres. […] L’œuvre du jeune écrivain, empreinte de ce sentiment profond, remuait fortement les esprits, et avait été accueillie avec une faveur marquée par l’homme qui alors dispensait toutes les gloires. […] L’œuvre du véritable homme d’État n’est pas de caresser les vanités de notre nature, mais de les transformer en vertu publique.
Œuvres complètes de Saint-Amant nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. […] Il commença par Chapelain et par sa Pucelle ; mais La Pucelle et Chapelain lui produisirent l’effet qu’ils ont toujours produit ; ils l’ennuyèrent et allaient le dégoûter de poursuivre de ce côté, lorsqu’il ouvrit un autre volume de poésies de ce temps-là, les œuvres de Saint-Amant, et il se sentit au contraire amorcé, affriandé. […] Jannet, en accueillant les Œuvres de Saint-Amant, procure à M. […] Il est question, dans les lettres de Voiture, de Mme de Saint-Amand (voir Œuvres de Voiture, publiées par M.
Taine déduit tout l’homme et toute son œuvre. […] On n’a que 35 livres sur 142, le quart de l’œuvre. […] S’il avait entrepris une si grande œuvre, c’était sans doute l’impression qu’il avait reçue de ces spectacles de son enfance et de ces récits émouvants des anciens, qui l’y avait le plus excité et déterminé. […] C’est qu’un historien n’est pas un biographe : il n’est pas tenu à creuser d’égale sorte un caractère, à en détacher tous les contours ; mais, même quand il le pourrait faire avec avantage et rehaussement pour son œuvre (ce que je n’examine pas ici), le point qui importe dans l’exemple cité, c’est que, si M.
Buffon avait l’amour-propre haut et tranquille, d’un équilibre stable : il se jugeait lui et ses œuvres comme la postérité elle-même l’allait faire, comme ses contemporains le faisaient déjà. […] Lui qui rend si pleine justice à Voltaire, il reste fidèle à ses connaissances et à ses admirations du bon cru : le président de Brosses demeure pour lui jusqu’à la fin « le plus digne de ses amis comme le plus savant de nos littérateurs. » L’homme qui a le plus fait pour Buffon en ce temps-ci, en commentant ses idées, en rééditant ses œuvres et en conférant ses manuscrits, M. […] Ce serait, jusque dans l’œuvre et la maison de Buffon, faire infraction et injure à ce fameux axiome ; « Le style, c’est l’homme même. » Car ces oiseaux sont d’une autre plume que la sienne : Le Paon est de Gueneau, Le Rossignol aussi ; Le Cygne, ce Cygne tant vanté, pourrait bien être du pur Bexon ; ce petit abbé l’a beaucoup peigné, en effet, avant qu’il passât sous la main du maître qui lui donna seulement son dernier lustre. […] Il y eut à l’origine de la littérature classique une école homérique : tel rhapsode qui, sans Homère, n’aurait jamais rien été ni rien laissé, a fait, grâce à Homère, telle description, je ne sais laquelle, mais qui figure très dignement, je me l’imagine, dans l’œuvre homérique.
Puis tout à coup lui apparaît l’ombre du vieux Corneille, et il se console de quitter la Ville éternelle, en pensant qu’il la retrouvera tout entière dans les œuvres de notre grand tragique. […] Longtemps méconnue et contrariée, mais facile à saisir dans les diverses œuvres du poëte, elle s’est prononcée, dès l’abord, par des choix d’instinct, et elle ne se prononce pas moins nettement aujourd’hui par ses répugnances. […] Si peu d’œuvres modernes laissent sur une impression semblable, que c’est un éloge tout particulier qu’on doit d’abord à M. […] Dans la première et entière liberté après juillet 1830, on aurait pu avoir quelque œuvre de verve, un éclair rapide, mais l’homme a manqué.
Et c’est pour cela que je me suis un peu arrêté sur cette œuvre d’adolescent. […] Alphonse Daudet avance dans son oeuvre, Paris, c’est-à-dire la modernité, l’attire davantage : d’abord le Paris tragique, touchant ou grotesque du siège ; puis le Paris de tous les jours et tous les étages de Paris, du haut en bas (Voyez Mœurs parisiennes et les Femmes d’artistes). […] » Et, de fait, nombre des romans de la nouvelle école sont des oeuvres violentes et froides et ne donnent que des émotions pessimistes, c’est-à-dire des émotions qui, par-delà les souffrances des individus, vont à la grande misère universelle. […] On peut, de la nervosité de MM. de Goncourt et de leur passion de la modernité, déduire leur œuvre presque tout entière.
C’est un romancier de passion et de mœurs, qui, dans la conception de sa première œuvre, a montré une force de tête sur laquelle la Critique n’avait aucun droit de compter. […] Pour lui, on n’aura pas besoin, comme on l’a tenté pour Machiavel, l’homme sans âme qui écrivit avec la main de bronze du Destin sous la dictée des Perversités de son siècle, — et ce qu’on vient de renouveler pour Flaubert, talent sans âme non plus, — on n’aura pas besoin d’inventer une ironie d’après coup, qui n’existe pas dans leurs œuvres glacées. […] Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche. […] … J’ose revenir à cette idée, et ce sera ma conclusion : ce roman renferme surtout une œuvre de théâtre.
Épiques ou apocalyptiques, puisque c’étaient les qualités nouvelles qu’il fallait louer dans Germinal, par exemple, ou dans L’Œuvre, nous ne l’eussions pu faire d’ailleurs qu’aux dépens des anciennes, de celles que nous goûtions peu, mais que nous reconnaissions enfin dans L’Assommoir ou dans Le Ventre de Paris ; et, pour La Joie de vivre, en dépit des clameurs, nous n’y pouvions vraiment rien voir de plus obscène ou de plus incongru que dans Pot-Bouille ou dans Nana. […] — mais un autre talent à coup sûr que celui dont leurs œuvres nous ont donné les preuves jusqu’ici. […] Dans L’Œuvre, dans Germinal, dans La Joie de vivre, on pouvait encore, en y regardant bien, discerner quelque trace et reconnaître au moins quelque effort d’observation, mais ici, c’est vainement qu’on en chercherait l’ombre ; et les jésuites d’Eugène Sue, les mousquetaires d’Alexandre Dumas, les Burgraves eux-mêmes de Victor Hugo sont plus vrais, moins fantastiques, plus vivans peut-être que les paysans de M. […] Zola ne s’intéresse qu’au succès de ses œuvres, et qu’au développement de sa personnalité.
Prenons Malherbe dans ses bonnes pièces, dans ses odes historiques et ses stances religieuses : ce sont des œuvres fortes et simples, où il y a, en vertu même des sujets, plus de conviction que de passion, plus de raisonnement que d’effusion ; le mouvement, la chaleur viennent surtout de l’intelligence. […] Ainsi, en rejetant Ronsard et tout ce qui se rattachait à Ronsard, Malherbe sauvait le meilleur et l’essentiel de l’œuvre de Ronsard. […] Son œuvre est grande, si l’on ajoute son influence à ses vers.
Conférence sur la conférence6 Mesdames, Messieurs, Entre toutes les excentricités dont on accuse les théâtres novateurs et spécialement la scène de l’Œuvre, aucune, pour moi, n’est plus imprévue que de m’y voir devant vous et de m’entendre vous parler. […] Ces danois, ces norvégiens, ces slaves (je ne parle pas d’Ostrowski, d’Ibsen, de Bjornson, dont nous savons des œuvres si belles), mais les autres, les moindres, les barbari minores, ont leur intérêt. […] Faite sur la scène de l’Œuvre, et sténographiée par M.
Peut-être même la hauteur extrême du caractère de Jésus ne rend-elle pas un tel attendrissement personnel vraisemblable, au moment où, uniquement préoccupé de son œuvre, il n’existait plus que pour l’humanité 1184. […] Ton œuvre est achevée ; ta divinité est fondée. […] On est donc par moments porté à croire que l’œuvre des topographes dévots du temps de Constantin eut quelque chose de sérieux, qu’ils cherchèrent des indices et que, bien qu’ils ne se refusassent pas certaines fraudes pieuses, ils se guidèrent par des analogies.
Elle est partout, circulant dans beaucoup de livres, comme certains poisons circulent dans le sang, mais elle ne se formule nulle part, dans des œuvres transcendantes, non pas seulement de fait, mais même de visée. […] D’œuvres fortes, aucune. […] Fatigué d’une étreinte si vaine, il peut un jour prendre dans ses bras autre chose que cette nuée et produire une œuvre vivante.
Ni la lecture des œuvres de Bossuet, ni ses lettres, ni ses Élévations, ni ses écrits mystiques, ni cent passages de ses sermons, n’ont pu modifier ce jugement faux, coulé en plomb dans le moule à bêtises de la tête des sots, lequel jugement vient de la gloire de Bossuet et de l’éclat extérieur de sa vie, mais qu’une autre partie de cette vie pourrait réfuter, comme ses œuvres, si l’on prenait la peine de l’invoquer ! […] Ce sont les œuvres et les travaux du prêtre qu’il fallait dire, et Floquet les a dits avec une phrase forgée un peu trop peut-être sur la phrase de Bossuet ; car l’amour aime la dépendance.
Guizot a méconnu la plus vulgaire règle de composition, qui exige que l’intérêt aille toujours croissant dans toute œuvre littéraire, et il a commencé son livre par ceux avec lesquels il devait le finir ; car, à moins que toutes les notions ne se trouvent brouillées dans sa tête, saint Louis et Calvin sont bien autrement intéressants en histoire que Duplessis-Mornay et même que saint Vincent de Paul ! […] nous nous attendions ici à une œuvre de protestantisme et de philosophie, dont nous n’aurions même pas discuté les principes dans une polémique inutile ; mais puisqu’il s’agissait du protestantisme et de Calvin, nous nous attendions, cependant, à une œuvre, sinon forte, au moins substantielle de l’ancienne substance de Guizot.
… On avait déjà affligé de ce mot-là — commun au fond comme un trottoir — les contes d’Edgar Poe, traduits et révélés par Baudelaire, et que le profond américain, qui savait bien ce qu’il faisait, — qui avait, lui, mieux que personne, le sens lumineux de son œuvre, — avait appelés : Contes arabesques. […] Nous avons déjà (V. la IIe série des Œuvres et des Hommes) signalé le curieux talent d’Ernest Hello, sur lequel tant de gens se taisent qui devraient parler, et nous avons montré les pointes de génie qui apparaissent à travers son talent, comme les pointes de la fleur à travers l’enveloppe de son bouton. […] V. aussi les Plateaux de la Balance (Critiques ou juges jugés), IIe série des Œuvres et des Hommes.
Car chacun d’eux faisait son édition, à part, des Œuvres complètes, mais ils n’avaient pas, chacun, leur Vie, et la même devait servir à tous les trois. […] Les plus suaves tendresses d’Alfred de Musset, de ce poète de l’Amour et de la Douleur, sont ici, comme dans ses Œuvres, sous le rayon, qui n’éclaire pas, de ces trois opaques et impatientantes étoiles de l’anonyme, que j’espérais voir enfin scintiller ! […] Jamais, en effet, l’amer, le sauvage, le strident Byron n’eut, même dans ses œuvres qui voulaient être tendres (comme, par exemple, Parisina et La Fiancée d’Abydos), la tendresse, la pureté, la mélancolie au divin sourire d’Alfred de Musset.
A côté de son individualité, il y a celle de son traducteur, qui — en dehors de sa traduction — a fait œuvre d’histoire pour son propre compte et à sa manière, et cette manière est telle qu’elle mérite que la Critique s’y arrête, pour la bien caractériser. […] Je sais bien que José-Maria de Heredia a composé beaucoup de vers que je pourrais citer et dans lesquels il a su mêler au marbre impassible de Gautier une veine de sentiment superbe que Gautier ne connut jamais, — la veine rouge de la fierté humaine, — mais il n’en est pas moins certain que l’ensemble des poésies de ce poète, qui a cette noble veine, porte la trace ou le souvenir d’une admiration que je ne voudrais pas voir dans ses œuvres pour le grand pétrificateur de la poésie passionnée. […] Et il s’est trouvé qu’ainsi traduite, la pauvre relation était un chef- d’œuvre !
I C’est se sculpter en marbre que de faire de ses œuvres une édition définitive. […] L’écuyer, roide et sans défaut, Qui dans les entrailles lui plante Ce fer, dit : « Crève s’il le faut, Mais poursuivons l’œuvre sanglante. […] Voir Les Œuvres et les Hommes, 3e volume : Les Poètes.
I Je voudrais pouvoir tenir droite et ferme la plume avec laquelle je vais écrire et faire simplement ici de la critique littéraire sur les œuvres et le talent d’un homme le plus digne d’inspirer la Critique et de s’en faire respecter. […] Et moi, je ne reproche rien à cette œuvre accomplie, si ce n’est pourtant l’absence d’une croix, que j’y voudrais… Il n’y a que les croix qui fassent bien sur les tombes. […] Les Œuvres et les Hommes, IIIe vol. : Les Poètes.
C’est son moi qui sera toujours l’intérêt le plus passionné de ses œuvres. […] Les œuvres et les hommes sont immédiatement solidaires, sous peine de néant, et quand l’œuvre mérite la trique, c’est sur les omoplates de l’homme que la trique doit tomber et, infatigablement, ressauter. […] Il n’y a pas de poète au monde qui ne dût tirer d’une pareille œuvre un immortel honneur. […] Ce n’est pas une œuvre d’une force infinie, ça ne crève pas la voûte céleste. […] De naïves et saintes femmes avaient entrepris cette œuvre chrétienne de recueillir les infortunées et cette œuvre, je crois, a prospéré.
Il flatte son auditoire, il fait des compliments à son siècle, il se dit le concitoyen de tout le monde, cite des vers en chaire, loue Chateaubriand en face (qui est là assis dans le banc d’œuvre) ; en un mot Lacordaire fait d’autant plus le mondain qu’il est dominicain. […] C'est une étude mâle et sévère de Tacite ; les défauts de sécheresse et de déclamation n’empêchent pas cette œuvre d’être une des plus remarquables de l’ancienne école.
Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne précédées d’une notice sur sa vie, par M. […] On discute leurs actes, on imprime leurs œuvres, on lit tout ce qui est d’eux ou sur eux ; et ce sont bien là peut-être, d’aussi solides marques de reconnaissance que le seraient de vagues déclamations ou des éloges académiques.
Pierre Dupont, qui le sera un jour, n’est encore que populaire… Mais il est venu à son heure ; et en rendant, je le répète, la chanson plus humaine, il a fait œuvre de génie. […] On sort de son œuvre comme d’un bain de jeunesse et de santé, plus vaillant, meilleur, presque en confiance avec cette compagne si peu sûre qui s’appelle l’humaine destinée.
Nous savons donc que l’évolution littéraire ne peut être séparée que par abstraction du reste de l’évolution sociale ; qu’il y a ainsi des ressemblances et aussi des rapports de cause à effet ou d’effet à cause entre les œuvres qui nous intéressent et leur entourage. […] Les faits de toute nature, qu’il rencontre chemin faisant, n’ont pas pour lui d’intérêt en eux-mêmes, ils ne méritent de l’arrêter que par leurs rapports avec les idées, les sentiments ou les formes qui se manifestent dans les œuvres littéraires de l’époque.
Les œuvres sont-elles nourrissantes, généreuses, fortes ? […] Troublez une communauté de moines dans l’œuvre de la canonisation d’un de leurs saints, ils vous jetteront la pierre et ne feront qu’entonner plus haut leur Hosannah
Cette mort fut poétique, en effet, dans un temps où la vie ne l’est plus, et elle parle plus haut à l’imagination que les œuvres de celui-là qui s’appellera Gabriel Ferry dans l’histoire littéraire du xixe siècle. […] Dupe, ou, pour dire un mot moins dur, victime du génie de Cooper, Ferry a cru qu’on pouvait reprendre la création achevée d’un immense artiste, et il ne s’est pas aperçu que dans Fenimore Cooper le véritable personnage, le vrai héros des poèmes que nous avons sous les yeux, c’est l’Amérique elle-même, la mer, la plaine, le ciel, la terre, la poussière enfin de ce pays qui n’a pas fait son peuple et qui est émietté par lui… Il n’a pas vu qu’en ôtant Bas-de-Cuir lui-même des romans de Fenimore, — cette figure que Balzac, qui avait le sens de la critique autant que le sens de l’invention, a trop grandie en la comparant à la figure épique de Gurth dans Ivanhoe et qui n’est guères que le reflet du colossal Robinson de Daniel de Foe, — il n’a pas vu qu’il n’y avait plus dans les récits du grand américain qu’une magnifique interprétation de la nature, que l’individualisation, audacieuse et réussie, de tout un hémisphère, mais que là justement étaient le mérite, la profondeur, l’incomparable originalité d’une œuvre qui n’a d’analogue dans aucune littérature.
Et si, comme je le crois, son rôle se borne à nous donner tout de suite une petite œuvre que nos fils, plus tard, eussent publiée, je ne puis lui en vouloir d’avancer ainsi nos plaisirs. […] Il ne compta que sur la force et la logique de son œuvre, pour donner, de ses idées et de sa personne, une image exacte au public.
Comment Louis XIV n’eût-il pas préféré à cette noblesse, qui avait attiré sur la France tous les maux de la Fronde, la partie de la nation née de ses œuvres, qui se personnifiait en Colbert ? […] Ce devait être l’œuvre de Racine. […] Œuvre nécessaire, surtout dans la nation littéraire par excellence, où, de toutes les grandes affaires, les plus grandes sont celles de l’esprit. […] Il faut lire, dans les Œuvres de Louis XIV, le passage où il recommande à son petit-fils d’éviter la raillerie. […] Œuvres de Bossuet, Lettres diverses, 24 et 25.
… Lors donc que, dans une société, il existe un pouvoir constitué et mis à l’œuvre, l’intérêt commun se trouve lié à ce pouvoir, et l’on doit, pour cette raison, l’accepter tel qu’il est. […] « Les moindres manquements lui semblent des crimes », n’y ayant « indulgences » ni « œuvres » qui puissent les réparer. […] IV, Œuvres, p. 395. […] Son œuvre en est-elle moins ce qu’elle est ? […] Et enfin les « œuvres » ne servant de rien, je veux dire ici les « pratiques », elle ne trouve de secours, uniquement, que dans le succès de son effort individuel contre elle-même.
Beaucoup de ces feuilletons sont autant de petites œuvres charmantes, faisant un ensemble, se répondant l’un à l’autre par des situations qu’elle imagine, par des correspondances qu’elle se suggère. […] Elle comptait médiocrement sur l’homme, elle ne vit de moyen de l’améliorer que par l’enfance, et se mit à l’œuvre sans plus tarder. […] Son idée ingénieuse, et trop vraie peut-être, était même que la sensibilité ne passe si bien dans les œuvres de l’art qu’en se détournant un peu de la vie. […] M. de Rémusat a cité d’elle ce pathétique aveu (1821) : « L’effet des œuvres de l’art doit être tel qu’aucune idée de réalité ne s’y joigne ; car, dès qu’elle y pénètre, l’impression en est troublée et devient bientôt insupportable. […] Il n’y a depuis longtemps que la musique qui ait produit sur moi, dans l’Agnese, l’effet attaché en général aux œuvres de l’art.
Le talent, je le sais, est bien à l’origine un talent gratuit, une sorte de prédestination non méritée, une grâce en un mot dans toute la rigueur du sens augustinien et janséniste, indépendamment de la volonté et des œuvres ordinaires de la vie. […] Bernardin refit en quelque sorte le livre de Fénelon, en profitant des observations amassées dans l’intervalle, et en s’arrêtant avec plus de complaisance sur la nature, cette œuvre vivante et cette ouvrière de Dieu60. […] Sa Chaumière indienne, publiée en 1791, fut introduite également dans les Études, et, à partir de ce moment, son œuvre générale peut être considérée comme achevée ; car les Harmonies, qui ont de si belles pages, ne sont que les Études encore et toujours. […] Jean-Jacques, le maître de Bernardin, et supérieur à son disciple par tant de qualités fécondes et fortes, n’a jamais eu cette rencontre d’une œuvre si d’accord avec le talent de l’auteur que la volonté de celui-ci y disparaît, et que le génie facile et partout présent s’y fait seulement sentir, comme Dieu dans la nature, par de continuelles et attachantes images. […] Il en est un peu de la critique comme de la nature, qui (n’en déplaise à l’optimisme de son interprète), quand elle a obtenu des êtres leur œuvre de jeunesse et de reproduction, les abandonne ensuite à eux-mêmes et les laisse achever comme ils peuvent, tandis que jusque-là elle les soignait avec prédilection, les entourait de caresses et d’attraits.
Jugeant l’art en homme de génie, et ses propres œuvres en honnête homme qui ne craint pas d’avouer en quoi il a failli à l’idéal, Corneille inventait à la fois l’œuvre et les perfectionnements. […] Toutes les parties de l’œuvre tirent leur beauté de cette ressemblance avec la vie. […] du sublime dans le ridicule ; cette naïveté même, une des séductions de ce beau génie, qui lui fait mettre sa Mélite sur le même rang que ses chefs-d’œuvre, et trahit ainsi, jusque dans une connaissance si précise de son art, une si singulière illusion sur ses œuvres ; tant de maladresse dans une si grande habileté ; des défauts si peu soupçonnés par lui et si mal surveillés, parmi des qualités supérieures dont il paraît avoir une conscience si claire : tous ces contrastes ont de quoi confondre d’abord, et Corneille n’est guère moins étonnant par sa hauteur que par l’impuissance de s’y soutenir. […] Une fois qu’il y fut engagé, il lui devint impossible de revenir sur ses pas, et dans la force de l’âge et du talent, l’auteur d’œuvres sublimes ne put retrouver sa propre tradition. […] Là se révèle l’invention, qui n’est que la connaissance et le sentiment profond de la réalité ; là est le trait par lequel l’œuvre du génie se rapproche le plus des œuvres de Celui qui sonde les cœurs, et pour lequel toute vie qui s’écoule est un drame qui s’accomplit.
Persuadé par mes maîtres de deux vérités absolues : la première, que quelqu’un qui se respecte ne peut travailler qu’à une œuvre idéale, que le reste est secondaire, infime, presque honteux, ignominia seculi ; la seconde, que le christianisme est le résumé de tout idéal, il était inévitable que je me crusse destiné à être prêtre. […] Une importunité déplacée pouvait amener un non qui eût renversé l’œuvre si savamment concertée. […] Un plan général de grande propagande par l’éducation classique et religieuse s’était dès lors emparé de son esprit, et il allait s’y vouer avec l’ardeur passionnée qu’il portait dans toutes les œuvres dont il s’occupait. […] Ce n’était ni la belle imagination qui assure une valeur durable à certaines œuvres de Lacordaire et de Montalembert, ni la profonde passion de Lamennais ; l’humanisme, la bonne éducation, étaient ici le but, la fin, le terme de toute chose ; la faveur des gens du monde bien élevés devenait le suprême critérium du bien. […] Qui a passé des années au port d’armes à la façon allemande est mort pour les œuvres fines ; aussi l’Allemagne, depuis qu’elle s’est donnée tout entière à la vie militaire, n’aurait plus de talent si elle n’avait les juifs, envers qui elle est si ingrate.
Barthélemy pour la Villéliade, Napoléon en Égypte, et tant de belles œuvres ; M. […] Du reste, voici en résumé, ce que j’ai entendu sur les œuvres dramatiques de M. […] Anicet-Bourgeois essuya les mauvaises œuvres : Ainsi le Fils de l’Émigré, ainsi la Vénitienne. […] C’était un beau talent qui se formait et se mûrissait pour de bonnes œuvres. […] Le secrétaire, enthousiasmé du succès de son œuvre, ne trahit pas, il est vrai, le secret qui avait présidé à l’enfantement du livre, mais il songea qu’il valait mieux clouer son nom au front de ses œuvres, que de les voir retentir sous celui d’un autre, fût-ce une princesse.
Voyons-le à l’œuvre dans le passé ; il s’y est mis de bonne heure, et voilà près de trente ans. […] Le ministère Villèle, en venant, dès 1821, reprendre à sa manière l’œuvre de la Chambre de 1815 et en se prolongeant six ans, perdit tout ; il mit la méfiance et la désaffection dans tous les rangs. […] Facile de talent, difficile de goût, il se disait que, pour les œuvres d’imagination, il ne faut produire que de l’excellent. […] Il fut sévère ; entre ses amis, il alla consulter et il écouta le plus sévère, le seul rigoureux peut-être ; il sacrifia l’œuvre de l’imagination. […] J’en noie un troisième, qui n’a pas été recueilli, sur les Œuvres de madame de Staël (Lycée, tome III, page 156).
Eh bien, savez-vous, ce que disait la supérieure à la présidente de l’œuvre ? […] Il faut qu’il représente le grand diplomate des secrètes œuvres de l’intérieur, avec ses côtés de brocante et de littérature des Bouffes. […] Chez Flaubert, Tourguéneff nous traduit le Prométhée et nous analyse le Satyre : deux œuvres de la jeunesse de Goethe, deux imaginations de la plus haute envolée. […] Les grandes, les originales œuvres, dans quelque langue qu’elles existent, n’ont jamais été écrites en style académique. […] Il m’a semblé en interrogeant mon triste cerveau, que je n’avais plus en moi la puissance, le talent de faire un livre d’imagination, et j’ai peur… d’une œuvre que je ne commence plus avec la confiance que j’avais, quand lui, il travaillait avec moi.
On aurait pu le conjecturer d’après son œuvre, sans rien connaître de sa biographie. […] Le vieillissement précoce de leurs œuvres est un signe de décrépitude initiale. […] Nous allons, de nouveau, le voir à l’œuvre, en philosophie et dans l’Enseignement. […] C’est ainsi que le divorce a été l’œuvre du juif Naquet. Je l’ai connu ce juif et vu à l’œuvre.