Nourri de la sorte, formé parmi ses compatriotes, il resta toute sa vie l’homme de son pays et de sa ville natale ; il ne se dépaysa qu’autant qu’il le fallut, et le type originel en lui ne s’affaiblit jamais. […] L’homme politique était alors tout à fait mûr et formé en lui. […] 2° l’ouvrage a-t-il pour but de réveiller les passions, de former des factions ou de semer des troubles dans l’intérieur ? […] Voici deux agréables lettres de Mme Récamier à Camille, qui donnent bien le ton de cette douce intimité ; elles témoignent en même temps d’une véritable justesse et finesse d’observation chez cette belle Juliette, dont le goût se formait et mûrissait au soleil de la seconde jeunesse : « 26 mars (1813). […] Dans une lettre qu’elle écrivait à Mme Degérando en partant pour l’Italie, et qui est datée de Martigny le 27 septembre 1815, je retrouve une mention de Camille avec le vœu que formait pour lui alors sa généreuse amie : « Parlez de moi, je vous prie, à Camille Jordan.
Pourtant ces fonds de causerie spirituelle, de connaissance du monde et d’expérience en apparence consommée, eussent pu sembler en train d’échapper par un bout à l’uniforme prétention du rôle extérieur, si, plus au fond encore, et sur un troisième plan, pour ainsi dire, ne s’était levée, d’accord avec l’apparence première, la conviction inexpugnable, comme une muraille formée par la nature sur le rocher (arx animi). […] Étranger aux mutations de l’esprit public du dernier siècle, il me disait : « Les adversaires de la Révolution n’ont rien à me reprocher ; je suis pour eux un Solon qui a fait fortune. » « Cette fortune date du siège de Toulon ; le général Carteaux lui écrivait alors en style du temps : « A telle heure, six chevaux de poste, ou la mort. » Il me racontait un jour comment des bandes de brigands déguenillés arrivaient de Paris dans des voitures dorées, pour former, disait-on, l’esprit public. […] Les vœux qu’il m’est pénible de former à son égard se tourneraient en imprécations contre moi-même, s’il était possible qu’aucun instant de ma vie me surprît, dans les intentions anti-libérales auxquelles il a malheureusement prostitué la sienne. » On ne doit pas séparer de ce morceau l’éloquente dédicace qui le termine : « J’en atteste vos mânes, ô mon cher Van Ryssel ! […] Je ne discuterai pas les principaux faits de la vie de La Fayette depuis 89 jusqu’à sa sortie de France en août 92 ; de telles discussions, rebattues pour les contemporains, redeviendraient plus fastidieuses à la distance où nous sommes placés ; c’est à chaque lecteur, dans une réflexion impartiale, à se former son impression particulière. […] Rentré à la Chambre élective en 1818, il vit le parti libéral se former, et, autant qu’aucun chef d’alors, il y aida.
Villemain en effet ne forment pas une histoire littéraire complète, et M.
On dit qu’une société d’actionnaires composée de personnes considérables dans la littérature et la politique, et formée par les soins de M.
C’est qu’il n’est pas, lui, un homme d’antiquité ; il nous l’a raconté quelque part en des pages touchantes et poignantes : enfant, il s’est formé rudement, presque tout seul, sans loisir et sans maître ; il a peiné de bonne heure.
Messieurs les sénateurs, les nos 504 et 506 ne forment qu’une seule et même pétition, identique dans les termes.
Ils agirent comme un puissant réactif, ajoutant sans doute aux éléments celtique et latin, mais surtout les forçant à se combiner, à s’organiser en une forme nouvelle : en leur présence, et à leur contact, se forma, se fixa ce composé qui sera la nation française, composé merveilleux, où l’on ne distingue plus rien de gaulois, de romain ni de tudesque, et dont on affirmerait l’absolue simplicité, si l’histoire ne nous faisait assister à l’opération qui l’a produit.
Telle fut sans doute aussi cette mystérieuse Tahoser, que le poète nous montre coiffée d’un casque formé par une pintade aux ailes déployées, et portant sur la poitrine un pectoral composé de rangs d’émaux, de perles d’or et de grains de cornaline.
L’Histoire de l’Académie, aussi bien que les Eloges des Académiciens, forment une espece d’Encyclopédie, où tous les genres de savoir se réunissent, & sont traités d’une manière conforme à leur objet.
MOTHE, [Antoine Houdart de la] de l’Académie Françoise, né à Paris en 1672, mort dans la même ville en 1731 ; Bel-Esprit agréable, Ecrivain élégant, bon Poëte à certains égards, on trouveroit dans la diversité de ses Ouvrages de quoi former cinq ou six réputations préférables à celle d’un grand nombre de nos Littérateurs actuels, quoiqu’en embrassant trop de genres, il se soit montré foible dans presque tous, pour avoir méconnu ses talens.
L’Eloge historique du Duc de Bourgogne est un morceau d’éloquence qui nous retrace la noble simplicité des Anciens ; son Discours de réception à l’Académie, malgré tout le persifflage qu’il lui attira, peut être regardé comme la production de l’honnête homme, du sage Littérateur, du vrai Philosophe ; ses autres Discours Académiques offrent par-tout l’Ecrivain élégant, & assez formé sur les bons Modeles, pour en devenir un à son tour.
Entraîné long-temps par le tourbillon des intrigues & des cabales ; témoin & peut-être victime des artifices, des perfidies, des lâchetés ordinaires dans un parti formé sous l'apparence d'intérêt général & réellement pour des intérêts particuliers, sa sensibilité s'est aigrie, ses lumieres se sont méprises, parce qu'il ne voyoit, d'un côté, rien que de louche, & qu'il n'éprouvoit, de l'autre, que des procédés révoltans.
Il mit le comble à sa gloire, par la manière de bien penser dans les ouvrages d’esprit ; livre très-utile aux jeunes gens, pour leur former le goût, & leur apprendre à fuir l’enflure, l’obscurité, les pensées fausses & recherchées.
Ils rendaient la tragédie plus régulière et plus variée : plus régulière, en ce que, chez les anciens, le lieu de la scène était toujours le devant d’un temple, d’un palais, ou quelque autre endroit public ; et l’action se passant entre les premières personnes de l’état, la vraisemblance exigeait qu’elle eût beaucoup de témoins, qu’elle intéressât tout un peuple : et ces témoins formaient le chœur.
Ces ligues perpétuelles d’un grand nombre de cités libres ont formé deux aristocraties.
Ce que la vertu a de plus délicieux formait la nature de Becque. […] À quelques pas de deux Hermès trouvés dans les fouilles, Silvain avait fait établir une barrière formée de branches de myrtes et de lauriers. […] Un pan de mur, un peu courbé, y formait angle et protégeait contre le chaud du jour. […] Je me trouvai tout à coup au milieu d’un cercle formé par un grand nombre de jeunes filles. […] Les tout jeunes gens en forment la majeure partie.
Cette vie laborieuse formait leur idéal commun. […] C’est par l’étude de Tacite que Mirabeau s’est formé, et c’est chez lui qu’il a pris son irrésistible violence oratoire. […] J’ai moi-même essayé, avec mes faibles moyens, de mettre en pratique cette méthode, en expliquant dans mes ouvrages comment on peut se former soi-même et comment se sont formés les grands écrivains. […] Jusques ici, ô mon Dieu, nous admirons les belles formes que vos mains divines ont données à ce limon dont vous avez voulu former nos membres. […] La traduction comme moyen de former son style.
Le premier des Royaumes ainsi formé a été celui de la France. […] Tout un groupe s’est formé, sur lequel l’idéologie de 89 n’exerce plus son funeste prestige. […] C’est ainsi que se forment les élites. […] Or, les chefs ne s’improvisent pas, ils se forment, et dans un milieu. […] » On est bien arrivé, par l’École de guerre, à former une élite d’officiers-exemples.
Car tous les instincts et tous les vouloirs, tous les sentiments, toutes les pensées dont sont formés les hommes, ils auront à les découvrir, à les manier, à les joindre. […] Ressusciteront-ils Euripide ou Racine comme au temps d’Athènes ou de Versailles, alors qu’une civilisation les a formés, les baigne, provoque en eux de jeunes pensées, de fraîches visions ? […] Il conçut une humanité sociable, sociale, formée et menée par le milieu. […] Supprimez ce juste rapport, n’eussiez-vous formé votre ouvrage que d’or et de pierres rares, que de morceaux du Parthénon ; plus de beauté. […] Le sonnet est un bloc, formé de blocs égaux, qui s’ajustent exactement, deux à deux, rivés par la rime dure.
Il consacra sa vieillesse à former, à Amsterdam, quelques églises jansénistes qui dépérissent tous les jours. […] La première est le développement de ces secours mutuels que se prêtent les sciences & les arts, & qui forment une chaîne. […] Ainsi l’université de Paris ne reconnoît que les sujets qu’elle a formés ou aggrégés. […] Il forma le dessein de frustrer l’Académie d’un travail de cinquante années. […] Il y eut alors deux églises dans la ville qui sembloient former deux religions différentes.
Les premiers forment le chœur, les autres sont les coryphées. […] On n’est guère capable d’en former, à moins d’avoir comme Shakspeare l’imagination d’un voyant. […] Leur tempérament, leur caractère, leur éducation, leur genre d’esprit, leur situation, leur attitude et leurs actions forment en lui un tout si bien lié, et se réunissent si promptement en êtres palpables et solides, qu’il n’ose attribuer à sa réflexion ni à son raisonnement une création si vaste et si rapide. […] Ce personnage s’appelle Critès, Asper, Sordido, Deliro, Pecunia, Subtil, et le nom transparent indique la méthode logique qui l’a formé. […] Car une idée n’est pas un simple chiffre intérieur employé pour noter un aspect des choses, inerte, toujours disposé à s’aligner correctement avec d’autres semblables pour former un total exact.
À l’occasion de l’Uranie de Tiedge, j’ai remarqué que les personnes pieuses forment une espèce d’aristocratie comme les personnes nobles. […] Cette verdure s’étend bien au-delà et va au loin, vers le sud et vers le couchant, former un horizon harmonieux. […] Si l’enfant attrape le papillon posé sur la fleur, c’est que pour un moment il a rassemblé sur un seul point toute son attention, et il ne va pas au même instant regarder en l’air pour voir se former un joli nuage. […] Si les années de guerre, en ne permettant pas à la poésie d’attirer sur elle un grand intérêt, ont été par là pour un instant défavorables aux muses, il s’est cependant, pendant cette époque, formé une foule d’esprits libres, qui maintenant, pendant la paix, se recueillent et font apparaître leurs remarquables talents. […] Lorsqu’il sent enfin sa cime dans l’air libre, il s’arrête content, et puis commence à s’étendre en largeur pour former une couronne.
J’arrivai par cette voie à la conception réfléchie de l’idéal qui s’était obscurément formé en moi, vague image à laquelle l’artiste aspirait. […] L’action qui vient à s’accomplir dépend d’une seule cause, de l’âme qui la provoque, et cette action éclate au jour telle que l’âme s’en est formé l’image dans ses rêves. » Au propos de ce drame, réalisation complète de l’idéal projeté, Wagner se défend de vouloir supprimer la mélodie, la mélodie étant l’unique forme de la musique. […] Il admit la doctrine suivant laquelle la Volonté, substance intime de l’Univers, devenait, en l’homme, la volonté, funeste, de vivre, et supposait le monde sensible, le monde de la Représentation, formé d’individus isolés, avec la lutte pour loi. […] Les Souvenirs forment un complément indispensable aux autres écrits du grand réformateur, et, bien qu’il ne contiennent nullement un exposé régulier de ses principes, ils fournissent de curieux renseignements sur ses idées et ses impressions personnelles. […] Cette publication formera le premier volume d’une Bibliographie de Richard Wagner.
Formez le bataillon ! […] Des autres raisons — bien incertaines — nous apparaissent : en Wagner, l’influence de Schopenhauer, la native disposition aux théories, le besoin de former au Drame Idéal un Public Idéal : en Tolstoï, l’aspiration slave vers le certain, le nihilisme environnant. […] Dans tous les cas, les passages où Jésus affirme qu’il est la seconde personne de la Trinité et qu’il rachète les péchés de l’humanité forment la partie la plus minime et la moins claire de l’Évangile. […] D’après Wagner, l’Univers, que nous croyons formé d’êtres multiples, est, dans la réalité, simple et un. […] Néanmoins on pourrait, et cela pour de puissants motifs intérieurs, regarder le socialisme contemporain comme très digne d’être pris en considération par notre société civile, aussitôt qu’il formerait une alliance étroite avec les trois associations mentionnées plus haut, celle des végétariens, celle pour la protection des animaux et la société de tempérance.
La table à manger, placée dans un angle, près d’une fenêtre, formait un carré long, appuyé de deux côtés à la muraille. […] C’était un carré de bois jaune, sans rideaux, dont la partie la plus haute, à jours, était formée de petits balustres. […] Dans la nef vide, nous formions un groupe brillant, devant le maître-autel. […] Confinant à la chapelle, il semblait avoir formé, jadis, une église plus vaste, dans laquelle on avait disposé des compartiments, pour différents usages. […] Et d’avance, nous formions une alliance offensive et défensive contre la majestueuse Honorine.
C’est l’épopée à la Callot, mais, cette fois, les mendiants, les loqueteux ou « les pouillards » ne forment pas tout le cortège. […] Pour ma part, je ne puis pas ouvrir ce livre sans songer à quelque bouquet de violette sauvage, de rose rouge, de houx vert, comme celui qu’auraient formé certains feuillets disparus de l’Anthologie grecque. […] Le grain même n’est-il pas formé de déchets indigestes, peu utilisables, et, d’autre part, de la substance assimilable, nourricière, dont l’homme ne peut se passer ? […] La même éducation formait d’ailleurs, je me hâte de le reconnaître, des pédagogues décidés, des esprits agiles, au sens latin du mot, c’est-à-dire enchantés d’exercer leur action, et dogmatiques « avec délices ». […] Aux craintes tendres d’Hermia, le mélancolique amoureux ajoute, pour surenchérir, un couplet tout formé de sombres pressentiments.
V Il avait environ vingt ans ; ses cheveux, secoués sur son front comme par un coup de vent perpétuel, formaient d’un côté de la tête une masse ondoyante et ruisselante le long de sa joue ; la ligne de ce front était longue, droite, renflée seulement par les deux lobes de la pensée. […] Mais, quand il daignait s’abaisser vers nous pour nous rechercher, nous revenions facilement à lui et nous formions un trio d’intimité redoutable aux maîtres et aux élèves. […] C’était un rocher à pic, dominant comme un promontoire les abords ombragés de la montagne et ombragé lui-même par derrière de sept à huit gigantesques sapins qui formaient rideau contre les regards curieux. […] Je la pris dans mes bras pour l’enlever. « Soutiens-moi seulement, me dit-elle ; j’aurai peut-être encore la force de marcher. » Je la conduisis lentement jusque dans les noisetiers ; je lui formai un coussin avec des feuilles sèches qu’elle y avait rassemblées elle-même, et, l’ayant couverte d’un voile, afin de la préserver de l’humidité de la nuit, je me plaçai auprès d’elle ; mais elle désira être seule dans sa dernière méditation : je m’éloignai sans la perdre de vue.
Elle m’enseignait à lire et à former une à une ces lettres mystérieuses qui en s’assemblant composent la syllabe, puis, en rassemblant encore davantage, le mot ; puis, en se coordonnant d’après certaines règles, la phrase ; puis, en liant la phrase à la phrase, finissent par produire, ô prodige de transformation ! […] Ces trois chaires, rapprochées les unes des autres comme des stalles dans un chœur d’église, forment une façade semi-circulaire qui regarde l’orient ; en sorte que les bergers ou les chasseurs fatigués qui s’y placent et qui s’y assoient, pour se reposer à l’abri du vent, peuvent se voir obliquement les uns presque vis-à-vis des autres, et s’entretenir même à voix basse, sans que le mouvement de l’air dans ces hauts lieux emporte leurs paroles préservées du vent. […] XXVII Parvenu avec moi sur la galerie, M. de Valmont, au lieu d’ouvrir une des portes de la maison, monta devant moi une échelle de bois appliquée contre la muraille ; cette échelle conduisait dans une espèce de grenier formé par un petit pavillon un peu plus élevé que le reste du toit. […] Chaque entretien, d’inégale grandeur, contiendra tantôt 64 pages, tantôt 80 pages, tantôt 96 pages, selon l’étendue du sujet, mais de manière à former toujours 2 forts volumes à la fin de l’année.
Les premiers paysages qu’il retrace, et qui sont les plus cités dans les cours de littérature, sont ceux de la vallée de Campan et des rives de l’Adour : Je ne peindrai point cette belle vallée qui voit naître (l’Adour), cette vallée si connue, si célébrée, si digne de l’être ; ces maisons si jolies et si propres, chacune entourée de sa prairie, accompagnée de son jardin, ombragée de sa touffe d’arbres ; les méandres de l’Adour, plus vifs qu’impétueux, impatient de ses rives, mais en respectant la verdure ; les molles inflexions du sol, ondé comme des vagues qui se balancent sous un vent doux et léger : la gaieté des troupeaux et la richesse du berger ; ces bourgs opulents formés, comme fortuitement, là où les habitations répandues dans la vallée ont redoublé de proximité… Il finit cette description riante par des présages menaçants qui font contraste, et qui furent trop réalisés l’année suivante (1788) par l’affreux débordement qui dévasta ces beaux lieux. […] Pour lui, laissant là en arrière ses compagnons et son guide, et retrouvant son sentiment allègre des hautes Alpes, il se met à gravir seul et en droite ligne vers la cime : « Je l’atteignis en peu de temps, et, du bord d’un précipice effroyable, je vis un monde à mes pieds. » C’est ici qu’il entre dans une description parfaite et de ce que la vue embrasse du côté des plaines, et des rangées de monts qui s’étagent en amphithéâtre au midi, et des collines et pâturages plus rapprochés qui s’élèvent du fond du précipice vers la pente escarpée du Pic et forment un repos entre sa cime et sa base : Là, dit-il, j’apercevais la hutte du berger dans la douce verdure de sa prairie ; le serpentement des eaux me traçait le contour des éminences ; la rapidité de leur cours m’était rendue sensible par le scintillement de leurs flots.
Ses Commentaires, ainsi nommés très justement, sont dans sa pensée un livre tout pratique, destiné à instruire la jeune noblesse de son temps et à la former au métier des armes. […] il commence par quelques recommandations qu’il juge fondamentales et qu’il adresse à ceux qu’il veut former.
Croyez que je forçai bien mon naturel… » Il s’attacha à réfuter par sa conduite les préventions qu’on avait formées en France contre son caractère, et il pratiqua le conseil que le roi lui avait donné en le nommant, qui était de laisser sa colère en Gascogne. […] Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.
Il considérait, en effet, ces morceaux comme des jeux d’esprit, ou du moins des exercices de rhétorique dans lesquels le jeune auteur avait essayé de se former et de se rompre aux divers styles, et il en parlait ainsi d’un air de certitude et comme le tenant de bonne source. […] Il ne les écrivait pas précisément pour s’amuser, il les écrivait pour se former.
Élevé au hasard, mis pour toute école à la mutuelle, puis petit clerc d’avoué, il s’est formé lui seul ; il a dû faire lui-même son éducation, acquérir sans maître sa littérature : il a commencé d’écrire avant de commencer à étudier. […] On l’envoya rédiger des journaux en province, à Rouen, à Périgueux ; il s’y fit la main, il s’y forma l’esprit, il y connut les hommes, et conçut d’emblée fort peu d’estime pour l’espèce en général, sauf un petit nombre d’exceptions.
» De Flers rendit alors à cette armée, démoralisée en quelque sorte avant de naître, le seul service qu’il pût rendre : il profita des lenteurs du général espagnol pour former un camp retranché sous Perpignan, et pour y exercer, pour y aguerrir peu à peu les bataillons de volontaires. […] Il data de Belver, le 13 avril (1794), son dernier bulletin ; et transporté à Puycerda, il y expira le 18, regretté de tous, pleuré de ses troupes dont il avait formé et guidé l’inexpérience avec un dévouement patriotique.
Ses articles sur Galilée, comme ceux qu’il a donnés. sur Newton, forment tout un ensemble qui offre bien de l’instruction et de l’intérêt, et ils laissent peu à désirer au point de vue de l’exposé et de la netteté de l’analyse. […] Que de connaissances il faudrait réunir, en effet, pour le suivre utilement et pour réussir à se former un avis sur un sujet si ardu et si complexe !
Dans un temps où notre pays est infesté de tant de fausses doctrines mortelles aux vraies méthodes, et traversé d’un détestable esprit où les charlatanismes et les timidités se combinent, sachons au moins les noms de ceux qui forment l’élite scientifique et philosophique, qui marchent à l’avant-garde de la pensée et demeurent l’espoir de l’avenir. […] Il raconte que, dans une de ses tournées de début, un consul de Nogaro, qui était à la fois médecin, lui dit dans sa harangue « que le roi l’avait envoyé dans la province pour la purger de tous les fainéants et gens de mauvaise vie, et qu’au sentiment d’Hippocrate ce qui formait les humeurs peccantes était l’oisiveté. » L’idée, en un sens, n’était pas aussi fausse que l’expression était ridicule. — « Je gardai mon sérieux, ajoute Foucault, mai les assistants ne se crurent pas obligés à la-même gravité. » Foucault, comme autrefois Fléchier aux Grands Jours d’Auvergne, se moque des harangueurs surannés de la province ; il est un homme, de goût par rapport à ce consul.
Loin de nier l’espèce de police à laquelle il se livrait, il en explique à merveille et avec esprit les difficultés dans un pays si vaste et chez un peuple à imagination vive, doué à ce degré de la faculté d’illusion : « L’établissement et la direction d’une agence assez nombreuse d’observation militaire formait alors, nous dit-il, l’une de mes plus laborieuses attributions. […] La Confédération de Pologne proclamée, organisée à Varsovie, formerait de là des comités, autant de foyers d’action dans les divers palatinats.
On voit pourtant quelle était l’opinion que s’étaient déjà formée du personnage ceux qui l’avaient observé de près, et dans la Galerie des États-Généraux, dans cette première et fine série de profils parlementaires dont le La Bruyère anonyme était Laclos, à côté d’un portrait de La Fayette, retracé dans son attitude et sa pose vertueuse sous le nom de Philarète, on lisait celui de M. de Talleyrand sous le nom d’Amène ; c’est d’un parfait contraste. […] Une manière sentencieuse, une politesse froide, un air d’examen, voilà ce qui formait une défense autour de lui dans son rôle diplomatique. » Mais dans l’intérieur et l’intimité le masque tombait ou avait l’air de tomber tout à fait : il était alors charmant, familier, d’une grâce caressante, aux petits soins pour plaire, « se faisant amusant pour être amusé. » Son goût le plus vif semblait être celui de la conversation avec des esprits faits pour l’entendre, et il aimait à la prolonger jusque bien avant dans la nuit.
Cela formait le côté romantique des Roches, si j’ose l’appeler ainsi ; mais en face, mais à travers, les classiques, et des plus jeunes, des plus alertes, ne manquaient pas. […] Mais c’est sur eux, la plupart, que nous vivons dans cette série dès longtemps entreprise ; ce sont eux qui formeront en définitive le corps de réserve et d’élite de la poésie du dix-neuvième siècle contre le choc du formidable avenir, et qui montreront que les gloires de quelques-uns n’ont pas été des exceptions ni des accidents.
On voit de quels éléments est formé le génie de La Fontaine, et ce qu’y peuvent revendiquer toutes les influences extérieures et antérieures. […] Mais ce fait réveille en lui des sensations lointaines421 : le carrosse de Poitiers gravissant une rude montée dans la vallée de Torfou ; et de ces sensations réveillées va se former le tableau merveilleux, d’une couleur si sobre et si intense, que présente le début de la fable.
Entre ces émotions particulières de l’individu et ces conditions essentielles de l’humanité, qui, réunies, forment l’objet du lyrisme romantique, restent l’intelligence avec la réflexion et les facultés discursives, et les vérités universelles d’ordre rationnel : deux choses que le romantisme laisse de côté. […] Nodier, fureteur et voyageur, est épris de sentimentalité, de fantastique, d’exotisme, possédé du besoin de romancer l’histoire et d’y machiner des dessous ténébreux ou singuliers ; avec lui, Emile et Antony Deschamps721, Vigny, Soumet, Chênedollé, Jules Lefèvre, forment le premier Cénacle722.
Cependant elle est si bien ancrée dans leur pensée, qu’ils ont un syndicat et un cercle, et sont formés en société professionnelle comme d’autres corps de métier. […] Huysmans, de reprendre résolument la tradition haute de Taine, Baudelaire, Emerson — de former le conseil supérieur de l’intellectualité nationale, de reconstituer la critique française.
Les recherches relatives aux écritures cunéiformes, qui forment un des objets les plus importants des études orientales dans l’état actuel de la science, offrent un des plus curieux exemples d’études dignes d’être poursuivies avec le plus grand zèle, malgré l’incertitude des résultats auxquels elles amèneront. […] On conçoit d’après cela un état où écrire ne formerait plus un droit à part, mais où des masses d’hommes ne songeraient qu’à faire entrer dans la circulation telles ou telles idées, sans songer à y mettre l’étiquette de leur personnalité.
En effet, les êtres humains dont est formé cet ensemble sont exposés et soumis à l’action de forces inégales et différentes. […] Est-ce qu’une génération ne transmet pas à celle qui la suit une langue toute formée, des moules et des procédés éprouvés par une longue expérience, toute une technique enfin ?
Cette juridiction est ordinairement très-bien exercée, puisque c’est dans le sein des universités et particulièrement des facultés de droit que se forment les juges de tous les tribunaux supérieurs et inférieurs du pays. […] Les professeurs des différentes facultés, indépendamment de leur devoir d’enseigner, forment encore un corps particulier, qui a son travail et ses séances, et auquel ceux qui, sans être professeurs publics, ont pris leurs degrés, peuvent être agrégés.
Tous les traits que Moliere emploïe pour craïonner son misantrope, ne sont pas également heureux, mais les uns ajoutent aux autres, et pris tous ensemble, ils forment le caractere le mieux dessiné et le portrait le plus parfait qui jamais ait été mis sur le théatre. […] C’est même souvent en vain qu’il tente de corriger sa faute ; il recommence sans faire mieux, et semblable à ceux qui cherchent dans leur memoire un nom propre oublié, il trouve tout hormis le trait qui pourroit seul former l’expression qu’il veut imiter.
On croit communément que l’art de traduire serait le plus facile de tous, si les langues étaient exactement formées les unes sur les autres. […] « Les Français, disait-il, manquent de goût ; il n’y a que le goût ancien qui puisse former parmi nous des auteurs et des connaisseurs ; et de bonnes traductions donneraient ce goût précieux à ceux qui ne seraient pas en état de lire les originaux. » Si nous manquons de goût, j’ignore où il s’est réfugié ; ce n’est pas au moins faute de modèles dans notre propre langue, qui ne cèdent en rien aux anciens.
De tout cela s’est formé l’éclectisme. […] Cousin invente peu ou point ; mais il a besoin d’éprouver des émotions métaphysiques ; il ressent le plus vif et le plus poétique plaisir, lorsqu’il voit un système se former dans son cerveau, se développer et embrasser l’univers dans ses conséquences.
Les deux œuvres forment deux espèces d’un genre que l’on peut bien appeler avec Stendhal la cristallisation. […] L’artiste vrai est celui dont les œuvres vivantes sont cristallisées autour de ses moments d’inspiration, de façon à former une série, à remplir harmonieusement une durée.
Il forma au-dedans le caractère de sa politique, et fit croire que la nation était lui, et que ses propres besoins étaient ceux de l’État. […] Notre esprit naturel devint du génie ; notre activité inquiète, de la force ; notre impétuosité, un courage docile et terrible ; tout prit un caractère, et l’esprit national (car nous commençâmes alors à en avoir un), formé par de grands exemples et de grands objets, acquit un degré de hauteur inconnu jusqu’alors.
A côté et en face du groupe où se détachaient les noms de Chateaubriand, de Bonald, il s’en formait un au sein même du parti philosophique, un autre groupe bien remarquable et bien fécond d’idées, qui, pour mieux continuer ce parti déjà vieux, méditait à son tour de faire divorce avec lui. […] Dans le tableau qu’il trace de la liaison de M. de La Rochefoucauld et de Mme de La Fayette, on croit sentir un cœur formé lui-même pour les longues et constantes amitiés, et qui en goûtera jusqu’à la fin la régulière douceur. […] Était-il si fâcheux, après tout, d’être dans la nécessité de choisir et, jusqu’à un certain point, de former sa langue, de la tenir au-dessus des jargons du jour, et de la rapporter à un type supérieur qui s’appuie directement par un si large côté aux exemples des vieux maîtres ? […] Les premiers de ces conquérants qui forment établissement dans le pays sont les Visigoths, les moins opiniâtres et les moins écrasants de tous. […] Par leur position la plus éloignée du centre, les contrées du Midi échappent de bonne heure à presque toute dépendance, et forment comme le nid le plus favorable à la naissante féodalité.
Féli Gautier a donc bien fait d’en former l’épais et précieux volume où il nous les présente. […] C’est bien à cette triple école que se forma le style de M. […] A eux tous, ils forment un monde spécial qui a, comme tous les mondes, ses médiocres et ses heureux, ses ratés et ses héros. […] Formé d’une large houppelande généralement noire, il se complétait d’une sorte de capuchon en soie, également. […] Il avait formé une excellente galerie de tableaux, dont quelques-uns figurent actuellement au musée du Louvre, de même qu’un sarcophage égyptien qui lui appartint, car il prisait les objets rares et curieux.
Ces opinions si étranges et si contradictoires forment un des principes fondamentaux de la poétique de madame de Staël. […] Un barde, ignoré onze cents ans dans les montagnes d’Écosse, n’a point formé les poètes que je viens de nommer. […] Un hasard utile a formé cette colonne dont les effets ont été regardés comme le chef-d’œuvre d’un art terrible et profond. […] Une triple attaque est formée sur un nouveau plan, la colonne rompue : la France se rassure, et Louis est vainqueur. […] Chez lui, elle a un peu perdu de ces périodes harmonieuses de Racine, qui formaient un enchantement presque continu pour l’oreille.
Je fus admis dans le petit cénacle ; nous formions une espèce de franc-maçonnerie qui avait même son langage et son écriture hiéroglyphique.
De même que les crânes dans l’enfance se forment et se déforment, s’allongent ou se dépriment sous une pression continue, ils se sont fait l’esprit et le caractère selon le moule de leur vocation obstinée, et se sont en quelque sorte déformés en souverains et en empereurs.
Ainsi le Mariage de Figaro fut un éclair de la Révolution française, quoiqu’après tout, l’éclair n’apparaisse que quand l’orage se forme ou est formé.
Les heures de son enfance furent troublées et permirent à la légende qui se forma autour de son nom de le représenter comme une sorte de personnage dégradé par une certaine perversion.
L’amour du bien public, le sentiment abstrait du devoir formaient l’unique mobile de sa vie.
À peine l’Académie était-elle formée quand Corneille donna Le Cid.
Les sociétés formées des débris de l’hôtel Rambouillet, les femmes de bonne compagnie, voient sans déplaisir Molière ramener au naturel les affectations de pruderie et de bel esprit ; mais elles continuent à mettre en honneur l’honnêteté, la décence des mœurs, la pureté et l’élégance du langage, et elles parviennent à en assurer le triomphe.
Néanmoins, quand la maîtresse du roi ne fait pas scandale dans la société, la société est plus corrompue que le roi, parce que, en l’imitant, elle n’a pas comme lui l’excuse de mariages formés par la politique, au lieu de l’être par les convenances morales.
Sa Muse, à qui voudroit s’en former une idée, offriroit assez l’image d’une femme plus jolie qu’intéressante, sans cesse occupée à plaire, & plaisant en effet à ceux qui préferent l’Art à la Nature, l’esprit à la sensibilité, le ton pétillant & cavalier à la modestie & à la pudeur ; ou, pour se la peindre plus exactement, elle annonce le caractere & les manéges d’une Coquette, qui, au milieu de son changement perpétuel d’ajustemens, de fantaisies, de conversation & de cercle, a toujours la même façon de s’habiller, la même démarche, les mêmes manieres, le même jargon.
Elle semble avoir formé celui-ci pour l’éloquence.
La religion chrétienne est si heureusement formée, qu’elle est elle-même une sorte de poésie, puisqu’elle place les caractères dans le beau idéal : c’est ce que prouvent nos martyrs chez nos peintres, les chevaliers chez nos poètes, etc.
La société où la morale parvint le plus tôt à son développement, dut atteindre le plus vite au beau idéal moral, ou, ce qui revient au même, au beau idéal des caractères : or, c’est ce qui distingue éminemment les sociétés formées dans la religion chrétienne.
Convenez de leurs maximes, et l’univers entier retombe dans un affreux chaos ; et tout est confondu sur la terre ; et toutes les idées du vice et de la vertu sont renversées ; et les lois les plus inviolables de la société s’évanouissent ; et la discipline des mœurs périt ; et le gouvernement des États et des Empires n’a plus de règle ; et toute l’harmonie des corps politiques s’écroule ; et le genre humain n’est plus qu’un assemblage d’insensés, de barbares, de fourbes, de dénaturés, qui n’ont plus d’autres lois que la force, plus d’autre frein que leurs passions et la crainte de l’autorité, plus d’autre lien que l’irréligion et l’indépendance, plus d’autres dieux qu’eux-mêmes : voilà le monde des impies ; et si ce plan de république vous plaît, formez, si vous le pouvez, une société de ces hommes monstrueux : tout ce qui nous reste à vous dire, c’est que vous êtes dignes d’y occuper une place. » Que l’on compare Cicéron à Massillon, Bossuet à Démosthène, et l’on trouvera toujours entre leur éloquence les différences que nous avons indiquées ; dans les orateurs chrétiens, un ordre d’idées plus général, une connaissance du cœur humain plus profonde, une chaîne de raisonnements plus claire, enfin une éloquence religieuse et triste, ignorée de l’antiquité.
C’est d’après ce dernier que nos neveux se forment les images des grands hommes qui les ont précédés.
Au contraire ils en sont remplis ; mais leurs fictions sans vrai-semblance, et les évenemens trop prodigieux, dégoutent les lecteurs dont le jugement est formé, et qui connoissent les auteurs judicieux.
Si l’on me demande quel temps il faut au public pour bien connoître un ouvrage et pour former son jugement sur le mérite de l’artisan, je répondrai que la durée de ce temps d’incertitude dépend de deux choses.
Tel était son tempérament : nous souffrons de ses limites, mais tout de même acceptons avec reconnaissance une manière de voir dont il a tiré une méthode si propre à nous former.
Sous l’influence de cette religion se sont formées les plus illustres sociétés du monde ; l’athéisme n’a rien fondé.
L’enfance, l’adolescence et la jeunesse de Lamartine jusqu’à vingt-huit ou trente ans furent celles d’un hobereau assez pauvre, très vivace, même un peu rude, qui eut beaucoup de temps pour s’ennuyer et rêver et qui se forma à peu près tout seul. […] Le poète allègue les gloires de la Suisse, et l’âme de Rousseau, que cette nature a nourrie et formée. […] Ce que les Harmonies sont aux Contemplations, l’énorme épopée dont la Chute et Jocelyn forment des « chants » détachés le devait être à la Légende des siècles. […] Quant à la conception que le poète s’est formée de l’humanité antédiluvienne, tous les critiques ont répété, plus ou moins, qu’elle était incohérente, antihistorique, enfantine, saugrenue. […] Je ne dis point que les Harmonies ne forment pas un ensemble plus lié, et plus harmonieux en effet.
S’il est à l’affût, son attente est une action anticipée et formera un tout indivisé avec l’acte s’accomplissant. […] Tenons-nous ici une de ces représentations que nous appelons « réellement primitives », spontanément formées par l’humanité en vert-Li d’une tendance naturelle ? […] Il ne nous paraît pas probable que la représentation correspondant à des termes tels que « mana », « orenda », etc., ait été formée d’abord, et que la magie soit sortie d’elle. […] Ainsi, chez les Égyptiens, le dieu solaire Râ, d’abord objet d’adoration suprême, attire à lui d’autres divinités, se les assimile ou s’accole à elles, s’amalgame avec l’important dieu de Thèbes Amon pour former Amon-Râ. […] Mais la vérité est que la cité ou l’empire, d’une part, ses dieux tutélaires de l’autre, formaient un consortium vague dont le caractère a dû varier indéfiniment.
De ce mariage, des cousines lui naquirent encore, et le tout forma contre deux garçons un lot de sept filles, les deux sœurs passant une partie de l’année en pension. […] Les Corinnes italiennes ont rendu intact à la ville des Necker un jeune homme modèle, et, quelle que fût sa réserve avec les jeunes, un peu à cause de cette réserve, l’hiver de 1843 vit déjà se former les cadres des Amielines. […] Le mollusque doit obéissance à l’idée de la coquille qu’il est appelé à former. […] Ses cinq ans de plongée, de liberté, de joie et d’intelligence dans la haute mer germanique avaient formé en lui un cerveau universel, par ses possibilités, sa souplesse, ses ouvertures à tout, ses pentes et ses routes vers le Tout. […] Les quelques années qui suivent 1848 formeraient la partie la plus vivante et la plus riche d’une Genève d’Amiel.
Toutes les troupes de la garnison prendront les armes, et se formeront en bataille sur la place en avant du pavillon ; elles porteront les armes, et les tambours rappelleront. […] Ben-Abou est un homme superbe ; il était monté sur une mule blanche et environné d’une vingtaine de jeunes pages de l’empereur, le fusil haut, la tête découverte, une longue tresse de cheveux courts pendant sur l’oreille gauche, et vêtus de robes de toutes couleurs ; les chevaux richement équipés : le tout formait un groupe éclatant. […] Quand une éducation a formé des hommes aussi distingués que le sont MM.
Pourquoi celui-ci qui semblait né pour vivre et qui était comme formé à souhait n’a-t-il duré qu’une saison et s’est-il vu moissonné dans sa fleur ? […] Et comment écouter un écrivain qui, s’attaquant aux Remarques de Vaugelas, venait vous dire en 1651 : « J’ai desseigné (formé le dessein) d’impugner particulièrement cette pièce » ; qui appelait La Mothe-Le-Vayer, « ce pivot de l’Académie » ; qui voulait qu’on dît Madamoiselle, et non Mademoiselle, attendu que la substitution de l’E à l’A est une marque du ramollissement du langage et n’a cours en pareil cas que « dans la coquetterie des femmes et de ceux qui les cajolent ? […] Impressionner dont vous ne voulez pas, n’est pas plus mal formé qu’ambitionner qui a fait doute à son heure et qui a eu le dessus.
L’opinion qu’on s’est formée de cette loi et qu’il n’est pas aisé de résumer ne saurait se séparer de son historique, car la loi a été en quelque sorte successive ; elle n’a pas été faite d’un seul jet. […] Jeune homme sous la Restauration, formé à l’éducation politique par l’étude des hommes éminents qui luttèrent depuis 1816 pour l’établissement d’un équitable régime constitutionnel, je ne puis croire que la vraie juridiction pour la presse doive se chercher autre part que dans le jury. […] Il s’est formé depuis plus de quinze ans, je l’ai déjà fait remarquer, des générations jeunes, animées d’un esprit qui n’est plus celui des régimes antérieurs.
Tous les professeurs de sciences vous le diront comme moi… » Cette remarque très grave d’un professeur qui, sous ses yeux, chaque jour, voit se former et se développer les jeunes intelligences nouvelles, est confirmée d’une façon extrêmement forte par une lettre au ministre de l’Instruction publique, écrite par M. […] Il faut restaurer la tradition latine pour former des jeunes gens au cerveau bien fait plutôt que bien rempli. […] Nous ne demandons pas à l’Université de fabriquer des latinistes, mais de former, grâce à l’indispensable étude du latin, des jeunes gens aptes à jouir du magnifique patrimoine littéraire de leur pays, et à s’exprimer, sinon avec élégance, du moins avec précision et correction.
Si l’on observe autour de soi, on s’aperçoit cependant que Wagner n’est pas parvenu à faire comprendre son œuvre par sa seule manifestation, et que cette œuvre d’art de l’avenir, ne pourra bien être comprise que par les auditeurs de l’avenir, dont la perception (Gefühle) sera débarrassée de tous les obstacles qui nous embarrassent aujourd’hui et sera formée et non déformée (gebildet, verbildet). […] Quand les rideaux s’écartent, les grandes travées rectangulaires, qui forment comme autant de larges diaphragmes dans la salie, s’éclairent faiblement. […] Elle enseigna à la fin de sa carrière et forma une autre immense wagnérienne : Germaine Lubin.
Voici un morceau qui porte la date de 1772 et qui est inscrit sous le titre d’Économie politique ; tout le dédain des faits existants, tout ce premier dessein de politique idéale qui occupa et passionna si longtemps l’intelligence de Sieyès, s’y déclarent et s’y accusent sans détour : Je laisse les nations formées au hasard. […] Mme de Staël dit que les écrits et les opinions de l’abbé formeront une nouvelle ère en politique comme ceux de Newton en physique. […] [NdA] Et cette autre pensée sur la religion, c’est du Lucrèce encore : « L’homme arrivé sur la terre observe pour jouir ; il commence à se former la science des causes.
Il est à remarquer, en effet, qu’à l’époque que l’on vient de considérer et où les sociétés occidentales se forment, chacune d’elles a le pouvoir de distinguer dans quelle mesure le poison chrétien lui est utile. […] Jointe au facteur ethnique et à l’habitat, elle contribue puissamment à former entre ces hommes un état de cohésion. […] Ce fut, nous dit Fustel de Coulanges, une conception particulière que les hommes de cette race avaient alors formée sur le destin de l’âme après la mort.
Cependant il s’agit du mot latin lacertus, lequel veut dire lézard, et que les poètes ont maintes fois employé pour désigner le bras d’un héros ou d’un athlète. » Mais s’il est surprenant déjà qu’une telle image ait été formée une fois, car elle est très étrange, quoi que très juste, et elle aurait pu, certes, ne jamais sortir du réservoir profond des sensations, quel étonnement de la voir périodiquement retrouvée, qu’il s’agisse de lézard ou de souris, au cours des siècles et des langues ! […] Beaucoup de ces mots ont également servi à former des dérivés dont le sens, tout métaphorique, est identique en beaucoup de langues. […] Antoine Thomas rappelle fort à propos que de [mot à caractères grecs], chapeau, les Grecs avaient formé [mot à caractères grecs], jambon : « Ce serait un rapport inverse qui aurait fait baptiser, perna, bavolette, par les Gallo-Romains197. » Le mot latin gracilis 198 avait pris le sens de trompette au son grêle ou clair ; c’est exactement notre mot clairon.
Spencer a montré que les sociétés primitives, en vertu des lois du progrès sociologique, ne tardent pas à devenir plus hétérogènes, à s’agréger à d’autres pour former une intégration supérieure d’Etats, à se diversifier pour se rassembler en nations, en vastes empires. […] Hennequin n’a fait que la part des admirations par reconnaissance de soi-même en autrui, par imitation. « L’admiration, dit-il, est formée en partie par l’adhésion, par la reconnaissance de soi-même en autrui ; or, évidemment on ne peut se reconnaître en deux types, et mieux l’on s’est reconnu en un, moins on peut se reconnaître en d’autres36. » Mais, répondrons-nous, l’admiration comme l’affection se plaît quelquefois aux contrastes ; elle va au nouveau, à ce qui nous sort de nous-mêmes. […] Nous avons déjà vu que le génie est l’apparition d’une de ces formes nouvelles dans un cerveau extraordinaire, lieu de rencontre où des séries de phénomènes auparavant indépendantes viennent former des synthèses inattendues et manifester des dépendances imprévues.
L’homme ainsi formé conservera le don d’impressionnabilité. […] J’ajoute qu’il n’existe que dans une âme déjà formée, et qu’on ne peut écrire un roman véritable avant la trentaine, parce que, sauf exception, l’expérience est courte, et que la philosophie de la peine n’est pas née en nous. […] Elle ne consiste pas à admirer, en homme du monde et pour des hommes du monde, la peinture des maîtres flamands ou hollandais, ce qui est un exercice littéraire, et le mode en général adopté ; elle n’a pas pour but premier de faire voir le tableau à ceux qui ne l’ont pas vu, ou de le rappeler aux autres : elle va bien plus avant, elle explique le milieu où chaque maître a vécu, les influences qui l’ont formé, la qualité de son œil, l’idéal poursuivi, le procédé, le métier dont chacun a usé.
Le temps des purs prophètes et des jeunes Daniels est passé ; c’est à l’école de l’histoire, à celle de l’expérience pratique et présente que se forment les sages et les mieux voyants. […] L’homme moral est plus tôt formé qu’on ne croit. […] Pour explication de ses défauts, de ses excès spirituels, de ce ton roide et tranchant, il faut penser à la solitude où il vivait, à ce manque d’un enseignement, toujours réciproque, où l’esprit enseignant se corrige à son tour et prend mesure sur celui qu’il veut former, à l’absence fréquente de discussion ou même d’intelligence égale autour de lui. […] En effet, à travers ce qu’il appelle un pur interrègne, un chaos, quelque chose en dessous s’est péniblement formé, ou du moins trituré, pétri, préparé ; c’est ce quelque chose de nouveau et de mixte qui doit faire le fond du prochain régime et qui doit vivre. […] Il forma aussitôt une assemblée de Savoisiens pour y faire délibérer une question qui ne pouvait pas être douteuse, celle de la réunion à la France. » (Thiers, tome III).
Ils se sont formé un modèle, et, dorénavant, comme une consigne, ce modèle les retient ou les pousse. […] Les sentiments et les besoins qui forment et règlent ses croyances construisent et colorent ses phrases. […] Quand une idée s’enfonce dans un esprit logicien, elle y végète et fructifie par une multitude d’idées accessoires et explicatives qui l’entourent, s’attachent entre elles, et forment comme un fourré et une forêt. […] Il se formait ainsi un style composite et éclatant, moins naturel que celui de ses précurseurs, moins propre aux effusions, moins voisin de là vive sensation prime-sautière, mais plus solide, plus régulier, plus capable de concentrer en une large nappe de clarté tous leurs scintillements et toutes leurs lueurs. […] — La terre était formée, mais dans les entrailles des eaux — encore enclose, embryon inachevé, — elle n’apparaissait pas.
Bossuet l’évita en rangeant la sienne à la tradition, c’est-à-dire en la mettant à la suite de tant de grands hommes, de tant d’intelligences supérieures, de tant de sagesses accumulées, qui en formaient comme la chaîne. […] Dans les sermons qui remplissent ces dix années, son génie se déploie ; la vie humaine à parcourir, la morale chrétienne à développer, vont ouvrir à la fois toutes les sources qui doivent former ce grand fleuve. […] Il est vrai que ce fond était formé de la moelle des deux antiquités. […] Une royauté formée de tout ce que la tradition sacrée a signalé de qualités dans les bons princes, pure des vices notés dans les mauvais, voilà la royauté de Bossuet. […] Ceux-ci profitaient réciproquement de leurs qualités, à peu près comme des armées ennemies se forment, en se combattant, aux usages de guerre et à la discipline qui donnent la victoire.
Les principes qu’elle emploie ne sont plus eux-mêmes que de véritables faits, seulement plus généraux et plus abstraits que ceux dont ils doivent former le lien. […] C’est uniquement ainsi que nos connaissances positives peuvent former un véritable système de manière à offrir un caractère pleinement satisfaisant. […] Tandis que s’y accomplissait graduellement, pendant les cinq derniers siècles, l’irrévocable dissolution de la philosophie théologique, le système politique dont elle formait la base mentale subissait de plus en plus une décomposition non moins radicale, pareillement présidée par l’esprit métaphysique. […] Son indépendance fondamentale et même son ascendant normal résultèrent enfin, autant qu’il était alors possible, du régime monothéique propre au Moyen Âge : cet immense service social, dû surtout au catholicisme, formera toujours son principal titre à l’éternelle reconnaissance du genre humain. […] Sa principale utilité consiste donc aujourd’hui à déterminer rigoureusement la marche invariable de toute éducation vraiment positive, au milieu des préjugés irrationnels et des vicieuses habitudes propres à l’essor préliminaire du système scientifique, ainsi graduellement formé de théories partielles et incohérentes, dont les relations mutuelles devaient jusqu’ici rester inaperçues de leurs fondateurs successifs.
On craint en effet dans cette minorité si puissante que, pour peu qu’on accorde au clergé cette seule petite faculté de former jusqu’au bout dans ses écoles des élèves aptes à subir l’examen du baccalauréat, il ne fasse à l’instant une trop vive et trop redoutable concurrence aux colléges de l’Université.
« Elle parlait pourtant assez bien espagnol, nous dit l’auteur du récit, mais elle n’en prononça pas un mot.Il semble que dans les grandes douleurs, on revient à la langue naturelle, comme on se réfugie dans le sein d’un ami. » L’arrivée de la jeune Mercedès à Cadix, puis à Madrid où elle retrouve sa mère, sa famille ; l’état de la société peu avant l’invasion des Français ; les accidents gracieux qui formaient de légers orages ou des intérêts passagers dans cette existence de jeune fille, puis l’invasion de Murat, la fuite de Madrid, le retour, la cour de Joseph, et le mariage ; tels sont les événements compris dans ces deux premiers volumes de Souvenirs.
Demesmay a ses notes aussi considérables que le texte et qui forment une moitié du volume.
« Pour bien écrire, il faut donc posséder pleinement son sujet ; il faut y réfléchir assez pour voir clairement l’ordre de ses pensées, et en former une suite, une chaîne continue, dont chaque point représente une idée ; et lorsqu’on aura pris la plume, il faudra la conduire successivement sur ce premier trait, sans lui permettre de s’en écarter, sans l’appuyer trop inégalement, sans lui donner d’autre mouvement que celui qui sera déterminé par l’espace qu’elle doit parcourir5. » Voilà bien comme il faut procéder.
Les deux mots sont excellents, bien formés, le premier sur des analogies multiples, le second d’après muet et fluet. — Le vieux français avait asoleillé.
Il ne seroit pas pardonnable à un littérateur, qui veut former une Bibliothèque, de négliger les livres qui peuvent l’instruire de sa croyance & de ses devoirs.
Il me semble que la jeunesse, l’innocence, la gaieté, la légèreté, la mollesse, un peu de tendre volupté devaient former leur caractère.
L’essence des poëmes bucoliques consiste à emprunter des prez, des bois, des arbres, des animaux ; en un mot de tous les objets qui parent nos campagnes, les métaphores, les comparaisons et les autres figures dont le stile de ces poëmes est specialement formé.
Mais ce dernier cliché s’est formé à un moment où le mot comble était très vivant et tout à fait concret ; c’est parce qu’il contient encore un résidu d’image sensible que son alliance avec vœux nous contrarie » Dans le précédent, le mot colorer est devenu abstrait, puisque le verbe concret de cette idée est colorier, et il s’allie très mal avec rougeur et avec joues.
Sous cette discipline un peuple redoutable s’était formé, cœurs farouches dans des corps athlétiques77, incapables de contrainte, affamés d’actions violentes, nés pour la guerre permanente, parce qu’ils s’étaient trempés dans la guerre permanente, héros et brigands qui, pour sortir de leur solitude, se lançaient dans les entreprises, et s’en allaient en Sicile, en Portugal, en Espagne, en Livonie, en Palestine, en Angleterre, conquérir des terres ou gagner le paradis. […] Solidarité et lutte : voilà les deux effets de ce grand établissement réglementé qui forme et maintient en corps, d’un côté l’aristocratie conquérante, de l’autre la nation conquise ; de même qu’à Rome l’importation systématique des vaincus dans la plèbe, et l’organisation forcée des patriciens en face de la plèbe, enrégimenta les particuliers en deux ordres dont l’opposition et l’union formèrent l’État. […] Lentement, par degrés, à travers les douloureuses plaintes des chroniqueurs, on voit ce nouvel homme se former en s’agitant, comme un enfant qui crie parce qu’une machine d’acier en le blessant lui fortifie la taille. […] Sur trois colonnes d’attaque, à Hastings, il y en avait deux formées par les auxiliaires. […] Ex quibus rex unum tantum eliget, quam per litteras suas patentes constituit vice-comitem comitatus… Du jury, et des trois récusations successives, permises aux parties : Juratis demum in forma prædicta XII probis et legalibus hominibus habentibus ultra mobilia sua possessiones sufficientes unde eorum statum ipsi continere poterunt, et nulli partium suspectis nec invisis sed eisdem vicinis, legitur in anglico coram eis per curiam totum recordatum et processus placiti… 156.
Ainsi, par l’objet étudié comme par l’exposition dénuée d’appareil érudit, ces articles, publiés d’ailleurs vers le même temps, forment une série. […] De cette image du combat telle que nous pouvons nous la former, il ne reste pas grand-chose dans nos poèmes. […] Ailleurs, c’est dans une de ces montagnes qui semblent former la barrière de l’empire nocturne du soleil, qu’on a placé le palais de l’éternelle jeunesse. […] L’inspiration en est d’ailleurs peu conforme à l’esprit d’autres légendes formées autour du récit de la Passion. […] Deschamps ; elle ne l’aurait pas été lors de la mienne : les grandes prairies qui forment le milieu de la plaine n’étaient pas marécageuses et se seraient fort bien prêtées à des mouvements de cavalerie.
S’ils forment une race homogène, c’est une face pratique. […] Cette dénomination doit passer provisoirement aux éléments dont il est formé. […] Sommes-nous libres des idées qui nous viennent, des images qui se forment dans ; notre esprit, c’est-à-dire dans notre cerveau ? […] Armand Gautier, des légumes secs, du fromage et un verre d’eau peuvent former un excellent menu scientifique ; forment-ils également un excellent menu psychologique, un menu qui donne à l’homme toute satisfaction, qui comble les vides, non seulement de son corps, mais de sa sensibilité générale ? […] Mais comme il la tient pour formée de points inétendus, cet évanouissement ne l’eût pas surpris, s’il avait pu concevoir un arrêt du mouvement.
Ici nous assistons au phénomène d’une vocation au génie pour ainsi dire formée et conduite par les circonstances même en apparence les plus hostiles. […] La réflexion, l’expérience, la vie, achevèrent de la former. […] Il nous apparaît comme un de ces jeunes Romains qui allaient se former à Athènes et s’exercer à Rhodes. […] Il fallait un poète à l’Union libérale qui se formait à peine, mais qui grandissait tous les jours. […] Ses cours de Lyon devaient former le beau livre sur le Génie des religions.
Tant de spectacles et d’idées se pressent dans l’esprit du poète qu’ils n’attendent pas de laisser la période se former exactement. […] Il est formé de longues phrases ascendantes que couronne l’évanouissement. […] Il est moins spontané ; il a été formé par un admirable effort de volonté. […] Tout est rompu, sitôt que formé. […] Sans doute, c’est d’épisodes que l’œuvre est formée, et qui ne se continuent pas les uns les autres en droite ligne.
Elles sont directes ou indirectes, et forment une chaîne dont les premiers anneaux n’agissent qu’en tirant le dernier anneau. […] « Une irritation directe, dit Griesinger, peut bien, dans la rétine, déterminer des taches lumineuses, des globes de feu, des images colorées, etc., mais non des formes compliquées, un homme, une maison, un arbre ; elle peut bien, dans l’oreille, déterminer des bourdonnements, des sons élevés ou bas, mais non pas des mots formés ou des mélodies. » — La distinction se marque mieux encore dans les hallucinations qui suivent l’usage du microscope ; j’en donne le détail d’après une lettre que m’écrit un des plus illustres micrographes, M. […] Ils forment deux longues séries dont l’une est la condition nécessaire et suffisante de l’autre, et qui se correspondent aussi exactement que la convexité et la concavité de la même courbe. […] Nous ne pouvons le dire avec précision ; mais il est certain que la moelle allongée a des supérieurs qui jouent par rapport à elle le rôle qu’elle joue elle-même par rapport aux centres locaux. — Au-dessus d’elle, à la base de l’encéphale, un autre groupe d’organes, les pédoncules cérébraux, les couches optiques et les corps striés, forment un centre distinct, en partie sensitif, notamment dans les couches optiques, en partie moteur, notamment dans les corps striés. […] Non seulement les images persistent, mais, quoique de familles différentes, l’une tient à l’autre ; quand la première se produit, la seconde surgit par contrecoup ; les deux forment un couple plus ou moins solide, parfois indestructible.
L’estime réciproque, la conformité de goûts et quelques relations précieuses de services et d’hospitalité avaient formé entre nous une liaison intime. […] La lumière et les ténèbres semblent se mêler et comme s’entendre pour former le voile transparent qui couvre alors ces campagnes. […] C’est au milieu de cette solitude et de cette espèce de vide formé autour de lui qu’il vit seul avec sa femelle et ses petits, qui lui font connaître la voix de l’homme ; sans eux il n’en connaîtrait que les gémissements… Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui. […] La république, que vous prophétisiez suivie de proscriptions et d’échafauds, a reparu pour abolir la peine de mort, les confiscations, l’esclavage, et pour convier les classes et les opinions hostiles entre elles à ne former qu’un seul peuple solidaire de la même liberté ; elle a péri par sa mansuétude, qui sera un jour son titre à quelque future réhabilitation de la liberté.
Ainsi, d’une façon marquée dans les œuvres où le style est plus libre des choses, moins nettement dans les romans, chaque livre de Flaubert se résout en chapitres dissociés, que constituent des paragraphes autonomes, formés de phrases que relie seul le rhythme et qu’assimile la syntaxe. […] L’étrange et bas palais de Constantin précède le festin farouche de Nabuchodonosor ; l’apparition de la reine de Saba galante et vieillote en son charme de chèvre ; dans le temple des hérésiarques la beauté flétrie, monacale et livide des femmes montanistes, le culte horrible des ophites, conduisent à l’évocation d’Apollonius de Thyane qu’un charme maintient suspendu sur l’abîme, planant et montant en sa noble robe de thaumaturge ; le défilé des théogonies et sur la frise qu’a formée le pullulement des dieux brahmaniques, le Bouddha apparaissant assis, la tète ceinte d’un halo et sa large main levée ; le catafalque des adonisiennes, Aphrodite, puis l’immortel dialogue de la luxure et de la mort où les mots sont tantôt liquides de beauté, tantôt lourds de tristesse ; et ces dernières pages où tous les monstres se dégagent et se confondent en un protoplasme ’ qui est la vie même quelle grandiose suite d’épisodes, dont chacun figure une plus charmante ou rayonnante ou tragique beauté. […] Son amour des mots indéfinis c’est-à-dire tels qu’ils provoquent dans l’esprit non une image, mais la sourde tendance à en former une et le vif sentiment d’effort et d’élation qui accompagne toute tendance intellectuelle confuse le porta aux sujets où il pouvait le satisfaire, aux époques lointaines et vagues, aux mouvements intimes de l’âme féminine, aux scènes lunaires et aux théogonies mortes. […] L’influence des acquisitions verbales sur les idées me semble le seul moyen d’expliquer l’unité des écoles littéraires, surtout de la romantique, l’unité même d’une nation formée d’éléments ethniques divers et notamment l’assimilation rapide des étrangers naturalisés.
Il n’est arrivé qu’à une seule nation moderne de voir sa langue formée dès les siècles de ferveur de son âge héroïque et religieux, et d’avoir ainsi deux grandes périodes poétiques. […] Ce génie de Ballanche, si progressif, si clairvoyant, si amoureux de l’avenir, nous pourrions dire si prophétique, s’est formé à l’école des vieilles traditions. […] Autant le désir est impuissant à susciter le génie, autant sa bonne direction est souveraine pour former le talent. […] Les préceptes, la scolastique, les formulaires, tout-puissants sur le talent, sont incapables de former le génie et la raison. […] C’est donc une erreur de croire que les poèmes se forment comme un rêve pendant le sommeil du poète.
La propagation des lumières, la foule innombrable d’écrits, les journaux, les commentaires sur les grands écrivains, les extraits, les dissertations critiques ont formé un dictionnaire général d’idées, de résultats, de jugements où chacun peut trouver à s’assortir et puiser la matière d’un ouvrage, en changeant, décomposant, délayant. […] Il est le moraliste qui nous a le mieux décrit et présenté le Français de son temps, le Français déjà formé avant 89 et ne pouvant que souffrir et perdre après cette date, qui sépare deux régimes par un abîme.
Pour moi, je ne l’estime grand que dans le sens de ce vieux proverbe : Magnus liber, magnum malum, et me suis déclaré là-dessus dans une de mes lettres latines que vous avez laissée passer sans y former d’opposition. […] Ce n’est pas, à cette heure, que je ne lui trouve bien des défauts hors de ce feu et de cet air poétique qu’il possédait naturellement, car on peut dire qu’il était sans art et qu’il n’en connaissait point d’autre que celui qu’il s’était formé lui-même dans la lecture des poètes grecs et latins, comme on le peut voir dans le traité qu’il en a fait à la tête de sa Franciade.
Des fragments de lettres cités, des épanchements qui révélaient une tendre et belle âme, formaient, autour de ce morceau colossal de marbre antique, comme un chœur charmant de demi-confidences à moitié voilées, et ce qu’on en saisissait au passage faisait vivement désirer le reste. […] Vingt ans se sont écoulés depuis, et des difficultés, des scrupules, des pudeurs de toute sorte, et de la nature la plus respectable, avaient retardé l’accomplissement du vœu formé au nom de l’art par l’amitié.
Delécluze est, à mes yeux, le bourgeois de Paris par excellence ; c’est le bourgeois de Paris fils de bourgeois, resté bourgeois lui-même, ni pauvre ni enrichi, ayant eu de bonne heure pignon sur rue, modeste et très-content, aimant les lettres, les arts, et en parlant, en jugeant à son aise, de son coin, — un bon coin ; — ayant gardé quelques-uns des préjugés et peut-être quelques-unes des locutions de son quartier ; s’étant formé sur place, rondement et sans en demander la permission au voisin ; ayant voyagé sans changer, s’étant porté lui-même partout ; ne s’étant guère perfectionné, mais ne s’étant pas corrompu. […] Delécluze n’eut point de maître pour la littérature et qu’il se forma lui-même, lisant directement les auteurs, apprenant le latin dans Térence, et devenant même assez fort plus tard dans l’étude du grec.
C’est au sortir de là qu’Hamilcar se met à visiter sa maison qu’il a depuis si longtemps quittée, et ses magasins, ses entrepôts, ses cachettes secrètes, les caveaux où gisent accumulées des richesses de toute sorte qui nous sont énumérées avec la minutie et l’exactitude d’un inventaire : exactitude est trop peu dire, car nous avons affaire ici à un commissaire-priseur qui s’amuse, et qui, dans le caveau des pierreries, se plaira, par exemple, à nous dénombrer toutes les merveilles minéralogiques imaginables, et jusqu’à des escarboucles « formées par l’urine des lynx. » C’est passer la mesure et laisser trop voir le bout de l’oreille du dilettante mystificateur. […] Et puis c’est une plaisanterie trop forte que de nous dire à un endroit, en nous parlant de la disposition de l’armée carthaginoise, que, « grosse de onze mille trois cent quatre-vingt-seize hommes, elle semblait à peine les contenir, car elle formait un carré long, etc. » Que dites-vous de ce chiffre excédant de trois cent quatre-vingt-seize hommes, ni plus ni moins ?
Il était de cette première génération, de ce premier essaim de l’École d’Athènes, qui inaugura l’institution en 1847, et il s’est formé ses idées sur le peuple et sur le pays pendant un séjour de trois années. […] Les nations, pour se former, pour sortir de l’état social élémentaire et pour s’élever dans la civilisation et dans la puissance, ont besoin de tels hommes ; quand elles se sont défaites et qu’elles sont restées, des siècles durant, en dissolution et en déconfiture, elles en ont également besoin pour se reformer, et rien n’en saurait tenir lieu : elles languissent et traînent, ou s’agitent vainement, jusqu’à ce qu’elles aient trouvé cet homme-là.
Mais, ce premier examen terminé et dans le calme profond dont on jouit si pleinement au milieu de la vaste cité aux trois quarts déserte, quelques monuments, quelques peintures revenaient dans la mémoire, en y laissant chaque jour des traces plus profondes ; bientôt ils formaient comme des points lumineux dont les reflets jetaient la clarté jusque sur les objets les plus médiocres en apparence. […] Viollet-Le-Duc s’avance jusqu’à penser que l’édifice romain, en général, n’aurait guère plus de beauté, ne ferait guère plus d’effet, si on le suppose complètement restauré, et qu’il gagne plutôt peut-être à la ruine, puisque c’est par là encore que s’atteste le mieux son double caractère dominant, solidité et grandeur ; mais il maintient que ce serait le contraire pour les Grecs qui, eux, tenaient si grand compte dans tout ce qu’ils édifiaient des circonstances environnantes et des accessoires : « Le Romain est peu sensible au contour, à la forme apparente de l’œuvre d’art : ses monuments composent souvent une silhouette peu attrayante ; il faut se figurer la masse restaurée des grands monuments qui appartiennent à son génie pour reconnaître que, la dimension mise de côté, cette masse devait former des lignes, des contours qui sont bien éloignés de l’élégance grecque.
À cette occasion, son père composa pour lui une Instruction détaillée que de bons juges considèrent comme un chef-d’œuvre en son genre et qui contient tous les préceptes militaires et moraux capables de former un parfait colonel. […] Dans une lettre du 18 juin à son père, cinq jours avant la bataille de Crefeld, M. de Gisors écrivait : « Je n’ai pu jusqu’ici vous parler à cœur ouvert ; vous verrez avec amertume que, si les choses demeurent dans l’état où elles sont, il n’y a pas le moindre succès à se promettre ; les plus grands malheurs sont à craindre, au contraire M. le comte de Clermont, dépourvu de toute connaissance du pays, incapable de former aucun projet par lui-même, ne veut être constamment gouverné par personne, et cependant se rend toujours l’avis du dernier.
Le général-prophète ne s’était occupé que de l’obéissance, il n’avait formé que des soldats. […] Mais le genre d’esprit qui rend propre à l’étude des sciences, se formait par les disputes sur les dogmes, quoique leur objet fût aussi puéril qu’absurde.
Les Italiens auraient de la dignité, si la plus sombre tristesse formait leur caractère ; mais quand les successeurs des Romains, privés de tout éclat national, de toute liberté politique, sont encore un des peuples les plus gais de la terre, ils ne peuvent avoir aucune élévation naturelle. […] Les lumières se réunissaient dans un seul foyer : le goût pouvait s’y former aussi ; et c’était d’un même tribunal que partaient tous les jugements littéraires.
Insuffisance du caractère ainsi formé. — Adapté à une situation, il n’est pas préparé pour la situation contraire. — Lacunes dans l’intelligence. — Lacunes dans la volonté. — Ce caractère est désarmé par le savoir-vivre. […] Où trouver la résistance dans un caractère formé par les mœurs qu’on vient de décrire Avant tout, pour se défendre, il faut regarder autour de soi, voir et prévoir, se munir contre le danger.
Mais Ronsard a singulièrement enrichi l’art de ses prédécesseurs : chacune de ses quinze odes pindariques est construite sur un type particulier198 et dans le reste des odes, le nombre des vers dans la strophe, le nombre des syllabes dans le vers, le mélange des vers, et la succession des rimes forment plus de soixante combinaisons. […] Mais comme le monde n’a souci d’éruditions et suit son plaisir, il ne remonte point aux temps antérieurs ; une tradition mondaine, en fait de jugements littéraires, ne commence à se former que dans les dernières années de Malherbe, et c’est à partir du xviie siècle seulement que se constitue et s’enrichit peu à peu dans l’opinion de la société polie le dépôt des chefs-d’œuvre de notre littérature classique.
Il marqua dans son prospectus, qu’« en réduisant sous la forme de dictionnaire tout ce qui concerne les sciences et les arts, il s’agissait de faire sentir les secours mutuels qu’ils se prêtent, d’user de ces secours pour en rendre les principes plus sûrs et leurs conséquences plus claires ; d’indiquer les liaisons éloignées ou prochaines des êtres qui composent la nature, et qui ont occupé les hommes, … de former un tableau général des efforts de l’esprit humain dans tous les genres et dans tous les siècles ». […] Au fond, l’avocat général Omer de Fleury ne se trompait pas tant quand il dénonçait au Parlement les Encyclopédistes comme « une société formée pour soutenir le matérialisme, pour détruire la religion, pour inspirer l’indépendance, et nourrir la corruption des mœurs ».
La synagogue était riche en maximes très heureusement exprimées, qui formaient une sorte de littérature proverbiale courante 228. […] Les Logia de saint Matthieu réunissent plusieurs de ces axiomes ensemble, pour en former de grands discours.
On pourrait conclure de là que l’âme avait deux enveloppes : cachée d’abord dans l’ombre qui avait la figure humaine, elle formait un homme intérieur, sur qui se moulait l’homme extérieur, c’est-à-dire le corps. […] Il suppose aussi, d’après les anciens, que les ombres parlent la bouche béante, parce que la parole leur sort toute formée du fond de la poitrine ; et il est reconnu lui-même pour un homme encore vivant, aux mouvements de ses lèvres.
Cette suppression entrait d’ailleurs dans les plans de Louis XIV, lequel, exposant ses maximes d’État pour l’instruction particulière de son fils, a écrit : « Je m’appliquai à détruire le Jansénisme et à dissiper les Communautés où se formait cet esprit de nouveauté, bien intentionnées peut-être, mais qui ignoraient ou voulaient ignorer les dangereuses suites qu’il pourrait avoir. » La destruction de l’institut de l’Enfance, plus ou moins retardée, n’était qu’une des applications et des conséquences de cette politique fixe de Louis XIV. […] C’est ce saint évêque qui avait d’abord établi dans son diocèse des filles régentes pour l’éducation des personnes du sexe, et M. de Ciron lui avait demandé d’en envoyer quelqu’une à Toulouse pour y former d’autres maîtresses et y faire école.
À voir l’ardeur que mit Franklin à cette question qu’il considérait comme nationale, on comprend que quinze ans plus tard, lorsque la rupture éclata entre les colonies et la mère patrie, il ait eu un moment de vive douleur, et que, sans en être ébranlé dans sa détermination, il ait du moins versé quelques larmes ; car il avait, en son âge le plus viril, contribué lui-même à consolider cette grandeur ; et il put dire dans une dernière lettre à lord Howe (juillet 1776) : Longtemps je me suis efforcé, avec un zèle sincère et infatigable, de préserver de tout accident d’éclat ce beau et noble vase de porcelaine, l’empire britannique ; car je savais qu’une fois brisé, les morceaux n’en pourraient garder même la part de force et la valeur qu’ils avaient quand ils ne formaient qu’un seul tout, et qu’une réunion parfaite en serait à peine à espérer désormais. […] Il visita l’Écosse dans l’été même de cette année 1759, et il s’y lia avec les hommes de premier mérite dont cette contrée était alors si pourvue, et qui y formaient un groupe intellectuel ayant un caractère particulier, l’historien Robertson, David Hume, Ferguson et plusieurs autres : En somme, je dois dire, écrivait-il en revenant sur ce voyage d’Édimbourg, que ces six semaines que j’y ai passées sont, je le crois, celles du bonheur le mieux rempli et le plus dense que j’aie jamais eu dans aucun temps de ma vie ; et l’agréable et instructive société que j’y ai trouvée en telle abondance a laissé une si douce impression dans ma mémoire, que, si de forts liens ne me tiraient ailleurs, je crois que l’Écosse serait le pays que je choisirais pour y passer le reste de mes jours.
Fontanes, plus sérieux, et qui préludait à son rôle de critique et d’arbitre du goût, saluait Barthélemy par une épître qui commence en ces mots : D’Athène et de Paris la bonne compagnie A formé dès longtemps votre goût et vos mœurs… Le succès enfin, sauf quelques protestations isolées, fut soudain et universel ; les Français savaient un gré infini à l’auteur d’avoir continuellement pensé à eux quand il peignait les Athéniens, et ils applaudissaient avec transport à une ressemblance si aimable. […] Cependant les ressorts de la vie étaient usés chez lui ; on a remarqué que le désir de plaire, « qui fut peut-être sa passion dominante », l’abandonnait insensiblement ; un deuil habituel enveloppait son âme ; la Révolution lui semblait, comme il l’appelait, une révélation qui déconcertait les idées modérément indulgentes qu’il s’était formées jusque-là de la nature humaine.
Les hommes ont commencé par améliorer leur situation sur la terre, soit par un instinct plus ou moins semblable à celui des animaux, soit par une sorte de tâtonnement empirique, se développant au jour le jour, en raison des circonstances et des besoins : c’est ainsi que se formèrent les premières industries et les premières sociétés ; puis un premier degré de réflexion survint. […] Par une étude approfondie de ces divers travaux, le philosophe réussirait à se former ce que j’appellerai volontiers la psychologie de l’esprit scientifique.
Les génies français formés par eux appellent du fond de l’Europe les étrangers, qui viennent s’instruire chez nous et qui contribuent à l’abondance de Paris. […] Une des meilleures règles pour bien former un plan, c’est de diviser l’action principale en cinq parties bien distinctes, qui fassent autant de tableaux différents qui ne se confondent pas les uns dans les autres, et qui mettent une espèce d’unité dans chaque acte.
Regardez bien ce tableau, Monsieur De La Grenée ; et lorsque je vous disais : donnez de la profondeur à votre scène ; réservez-vous sur le devant un grand espace de rivage ; que ce soit sur cet espace que l’on présente à César la tête de Pompée ; qu’on voie d’un côté, un genou fléchi, l’esclave qui porte la tête ; un peu plus sur le fond et vers la droite, Théodote, ses compagnons, sa suite ; autour et par derrière, les vases, les étoffes, et les autres présens ; à droite, le César entouré de ses principaux officiers ; que le fond soit occupé par les deux barques et d’autres bâtimens, les uns arrivant d’égypte, les autres de la suite de César ; que ces barques forment une espèce d’amphithéâtre couvert des spectateurs de la scène ; que les attitudes, les expressions, les actions de ces spectateurs soient variées en tant de manières qu’il vous plaira ; que sur le bord de la barque la plus à gauche il y ait, par exemple, une femme assise, les pieds pendans vers la mer, vue par le dos, la tête tournée, et allaitant son enfant ; car tout cela se peut, puisque j’imagine votre toile devant moi, et que sur cette toile j’y vois la scène peinte comme je vous la décris ; et convenez que lorsque je vous l’ordonnais ainsi, vous aviez tort de m’objecter les limites de votre espace. […] Et puis ces diables sont de mauvais goût, insupportables de figures et de caractère ; ils forment une guirlande ovale dont l’intérieur est vide, nulle masse d’ombre ni de lumière.
Ainsi, dans les révolutions, il y a un certain nombre d’hommes qui forment la multitude, et qui tendent à se débarrasser de toute forme sociale. […] Ancillon, en cela d’accord avec M. de Maistre, dit fort bien qu’à l’origine ce sont les princes qui ont formé les nations, et non point les nations qui ont fait les princes.
VI Les Névroses forment un volume de poésies — faut-il dire lyriques ou élégiaques ? […] Il trouve dans sa profondeur de la variété… Ces poésies, qui expriment des états d’âmes effroyablement exceptionnels, ne sont pas le collier vulgairement enfilé de la plupart des recueils de poésies, et elles forment dans l’enchaînement de leurs tableaux comme une construction réfléchie et presque grandiose.
Dans la seconde hypothèse, leur réalité intime est constituée par leur solidarité avec tout ce qui est derrière l’ensemble de nos autres perceptions ; et, par cela seul que nous considérons leur réalité intime, nous considérons le tout de la réalité avec lequel ils forment un système indivisé : ce qui revient à dire que le mouvement intracérébral, envisagé comme un phénomène isolé, s’évanouit, et qu’il ne peut plus être question de donner pour substrat à la représentation tout entière un phénomène qui n’en est qu’une partie, et une partie découpée artificiellement au milieu d’elle. […] Toutes forment aujourd’hui autour d’elle une ligne de défense imposante, qu’on ne peut forcer sur un point sans que la résistance renaisse sur un autre.
Arrivé au bon manuscrit, il montre par des raisons logiques que toutes ses parties se tiennent, qu’elles forment un cours complet de dialectique, que des ressemblances de style et diverses autres probabilités indiquent que cette dialectique est celle d’Abailard, citée dans la Théologie chrétienne par Abailard lui-même. […] La Nature nous jette au hasard dans le temps et dans l’espace ; et pour un qui se développe, il y en a mille qui avortent, ou qui restent à demi formés.
La thèse ou plutôt les thèses que l’on y trouvera soutenues forment un ensemble de vues sur Molière, une étude de son génie et de son théâtre assez particulière, assez nouvelle, inattendue même en plus d’un point, et en tout cas très personnelle. […] Est-ce que jamais personne d’entre vous a pu se reconnaître au milieu de ces suppositions de personnes, de ces changements de noms, de ces déguisements, de ces filles perdues et retrouvées, retrouvées et perdues, qui forment toute l’intrigue et le dénouement du Dépit ? […] Armande Béjart, qu’il a épousée, est née sous ses yeux, il l’a vue grandir, elle a été formée par lui ; c’est précisément ainsi qu’Arnolphe forme, pétrit, élève Agnès pour en faire sa femme. […] Après chaque danse, chaque couple de danseurs ira saluer le Seigneur commis et fera une révérence très respectueuse, moyennant quoi le bal sera une école de morale, où l’on ne verra jamais d’intrigue, où ne se formeront jamais que des engagements irréprochables, tant est grande la vertu d’une réforme faite à propos. […] Louer ce qu’il y a d’humain et de tolérant dans la société française, c’est faire l’éloge de l’esprit qui a tant contribué à la former.
Un grand inconvénient des Mémoires de Wagnière, c’est qu’ils ne forment pas un texte continu, mais sont composés de notes, commentaires, etc., ce qui en rend la lecture assez pénible.
Ils n’ont point encore de littérature formée : mais quand leurs magistrats sont appelés à s’adresser, de quelque manière, à l’opinion publique, ils possèdent éminemment le don de remuer toutes les affections de l’âme, par l’expression des vérités simples et des sentiments purs ; et c’est déjà connaître les plus utiles secrets du style.
Mais la vérité, c’est qu’ils assemblent les couleurs au hasard, absolument au hasard, et que ces assemblages, où l’intelligence et le choix ne sont pour rien, peuvent quelquefois, par rencontre, former des harmonies plaisantes et singulières — surtout quand le temps a fané les étoffes et adouci les teintes… Les appellerai-je pour cela des artistes ?
Cette place ne sera jamais, je pense, celle des écrivains classiques dignes d’être proposés comme modèles, sans restriction, aux étrangers et aux jeunes esprits dont le goût n’est pas encore entièrement formé.
Ce n’est pas par des Remarques plus subtiles que justes, par des Réflexions plus fausses que conformes au goût, par des Analyses infidelles & insidieusement présentées, par des Critiques minutieuses & souvent puériles, par des Notes grammaticales auxquelles on attache une importance d’autant plus ridicule, que les fautes de langue qu’on y releve appartiennent moins au Poëte qu’au temps où il vivoit, qu’on pourroit se former une idée sûre du Héros de la Tragédie.
La matiere mise en délibération, ils convinrent qu’on lui députeroit en poste un d’entre eux, avec pouvoir de l’interroger juridiquement, & de juger s’il avoit les qualités nécessaires pour former un bon Historien ; mais principalement pour s’éclaircir s’il savoir le Grec.
C’est ainsi que se sont formées les légendes des saints.
On trouve en lui tout ce qu’on peut attendre d’un génie heureusement né pour les vers, cultivé par la lecture des auteurs agréables, & formé sur-tout à l’école du monde.
Tous ces sons differens forment un seul concert.
À Rome, sans avoir les mêmes institutions, on fortifiait de même les corps par l’exercice ; la course, la lutte, le disque, la danse militaire, le Tibre à traverser à la nage, étaient l’amusement de tous les Romains ; c’était sur le champ de Mars que se formaient les conquérants de l’Afrique et de l’Asie.
C’est de là que nous tirerons les principes qui expliquent comment se forment, comment se maintiennent toutes les sociétés, principes universels et éternels, comme doivent l’être ceux de toute science.
Les inconvenances, les bizarreries qu’on pourrait lui reprocher, furent l’effet naturel de l’impuissance, de la pauvreté de la langue qui se formait alors.
Notre jury musical n’est-il pas formé des musiciens qui ont composé les meilleures partitions ? […] Ce n’est qu’un assemblage de scènes dont quelques-unes sont assez belles, mais qui ne forment point un tout : voilà ce que ne cessaient de répéter nos plus fameux docteurs en littérature. […] Les contes que Dorante débite sont d’une imagination très gaie et très vive, et forment des scènes du plus agréable comique. […] Le nœud de la pièce est formé par les intrigues d’Arsinoé pour perdre le prince né d’une première épouse de Prusias. […] Ce ne sont pas sans doute ces tableaux de mélodrames, formés par un groupe d’acteurs dans des attitudes pittoresques.
C’est de l’examen réfléchi de ces chefs-d’œuvre que s’est formé le goût. […] Ce n’est pas qu’il n’y ait encore en France des têtes qui valent les meilleures de l’antiquité, des têtes en état de former les entreprises les plus hardies, les projets les plus vastes ; mais c’est en politique, et non pas en poésie. […] ne nous formons point ces indignes obstacles ; car Agamemnon ne se forme point à lui-même d’indignes obstacles ; ce n’est pas lui qui enchaîne les vents, qui arrête la flotte dans le port. […] Aricie est aussi une princesse absolument dans le goût français ; son caractère est formé sur un modèle dont Euripide et les poètes de son temps n’avaient pas même l’idée. […] Racine forma le projet de changer toute la constitution de la Phèdre d’Euripide, et de faire porter sur la passion de Phèdre toute l’action tragique, qui, dans Euripide, roule entièrement sur le caractère et le malheur d’Hippolyte.
Il a formé son art en n’étudiant que les monuments de l’urbanité latine ; il a pris le goût des élégances et de finesses, des réussites et des artifices de style ; il est devenu attentif sur soi, correct, capable de savoir et de perfectionner sa propre langue. […] Ainsi s’est formé l’écrivain achevé, au contact de l’urbanité antique et moderne, étrangère et nationale, par le spectacle des beaux-arts, la pratique du monde et l’étude du style, par le choix continu et délicat de tout ce qu’il y a d’agréable dans les choses et dans les hommes, dans la vie et dans l’art. […] Il observe pour former sa raison et celle des autres ; il s’approvisionne de morale ; il veut tirer le meilleur parti de lui-même et de la vie. […] En lisant ces essais, on l’imagine encore plus aimable qu’il n’est ; nulle prétention ; jamais d’efforts ; des ménagements infinis qu’on emploie sans le vouloir et qu’on obtient sans les demander ; le don d’être enjoué et agréable ; un badinage fin, des railleries sans aigreur, une gaieté soutenue ; l’art de prendre en toute chose la fleur la plus épanouie et la plus fraîche, et de la respirer sans la froisser ni la ternir ; la science, la politique, l’expérience, la morale apportant leurs plus beaux fruits, les parant, les offrant au moment choisi, promptes à se retirer dès que la conversation les a goûtés et avant qu’elle ne s’en lasse ; les dames placées au premier rang929, arbitres des délicatesses, entourées d’hommages, achevant la politesse des hommes et l’éclat du monde par l’attrait de leurs toilettes, la finesse de leur esprit et la grâce de leurs sourires : voilà le spectacle intérieur où l’écrivain s’est formé et s’est complu. […] If the former was too furious, this was too sheepish for his part ; in so much that after a short modest walk upon the stage, he would fall at the first touch of Hydaspes, without grappling with him and giving him an opportunity of showing his variety of Italian tricks.
Il a formé des élèves. […] Les deux schèmes se réunissent admirablement pour former le sujet d’un combat épique. […] Daudet, qui a toujours besoin de penser, de parler, d’agir, d’exister contre quelqu’un, s’est formé contre ces mêmes écrivains du Grenier dont sa critique continue la conversation. […] Le génie n’a pas touché à la critique sans y avoir laissé ses traces d’or, sans lui avoir formé son épaule d’ivoire. […] Comment s’est formé dans l’Université le Corpus de jugements qu’on répète et qu’on délaye ?
L’ensemble de ces travaux, que l’amitié, nous l’espérons, se fera un devoir de recueillir, formerait l’ouvrage le plus ingénieux et le plus complet sur ce sujet délicat.
On se formera peut-être une idée de lui en prenant un terme moyen dans tout cela.
Pour apprendre à écrire, nous l’avons toujours dit, il faut évidemment avoir d’abord des dispositions, et l’on ne forme son style que si l’on a des aptitudes à le former.
Les hommes qui étaient restés sauvages se réfugient auprès de ceux qui avaient déjà formé des familles, et deviennent leurs clients ou vassaux.
Le troisième et le quatrième étaient autant d’artifices salutaires que permettait la Providence, afin qu’il se formât des philosophes capables de la comprendre et de la reconnaître pour ce qu’elle est, un attribut du vrai Dieu.