Le grand art de la tragédie est que le cœur soit toujours frappé des mêmes coups, et que des idées étrangères n’affaiblissent pas le sentiment dominant. […] Ma fille, de l’autel cherchant à s’échapper, Gémit-elle du coup dont je la veux frapper ? […] Un héros, dans une tragédie, dit qu’il a essuyé une tempête, qu’il a vu périr son ami dans cet orage ; il touche, il intéresse, s’il parle avec douleur de sa perte, s’il est plus occupé de son ami que de tout le reste ; il ne touche point, il devient froid, s’il fait une description de la tempête, s’il parle de source de feux bouillonnants sur les eaux, et de la foudre qui gronde et qui frappe à sillons redoublés la terre et l’onde. […] Le double intérêt de la crainte et de la pitié doit donc être l’âme de toute la tragédie : c’est là le but qu’il faut frapper. […] Elle ne pourra recommander à son amant de songer quelquefois à sa solitude et à ses peines, sans être frappée elle-même de la situation où elle va se trouver dans un moment : ainsi les accents prendront le caractère de la plainte la plus touchante, à laquelle Mandane fera peut-être succéder un effort subit de fermeté, de peur de rendre à Arbace ce moment aussi douloureux qu’il l’est pour elle.
Les contributions dont on avait coutume de frapper les pays ennemis, et moyennant lesquelles ils se rachetaient de l’incendie et du pillage, étaient une autre difficulté que Villars avait prévue dès l’abord et dont il avait parlé au roi. […] Il était très frappé de cette rareté des hommes, surtout à mesure qu’on s’élève dans le grade et dans l’échelle, et qu’on leur demande davantage.
Mais ne frappe pas de cette fausse monnaie dans la langue, ne la met pas en circulation, qui veut. […] Il était préoccupé de l’idée de la mort : il avait de bonnes raisons pour cela, des raisons très particulières, sans compter que le Moyen Âge tout entier en avait l’imagination frappée.
Mais ce qui me frappe chez lui, à le bien voir et à le regarder sous le masque, ce qui est caractéristique et à noter, c’est l’influence qu’eurent les femmes sur sa conduite politique. […] Le besoin de frapper par des réflexions fortes mène à l’exagération ; celui d’amuser par des anecdotes entraîne à la calomnie.
Royer-Collard s’étant fait l’orateur de quelque députation de son quartier à la barre de la Convention, Danton lui frappa familièrement sur l’épaule pour l’avertir de ne pas se compromettre. […] Et pressant le dilemme à leur sujet, le poussant à la dernière rigueur : « Sont-ils à l’abri de la confiscation, s’écriait-il ; la justice ne permet pas que d’autres en soient frappés.
On n’en peut lire quelques pages sans être vivement frappé, ce me semble, de la fermeté, de la netteté, de la maturité précoce et continue de cette jeune langue du xvie siècle dans la prose, et de l’antériorité de formation de celle-ci sur les vers. […] En effet, si l’on passe immédiatement à la lecture des poésies de Louise Labé, on est frappé de la distance : pour quelques vers agréables dans le genre de l’épître, et un petit nombre de sonnets passionnés, que de duretés, que de rudesses, comme la contrainte du rhythme se fait sentir !
— D’un autre côté, plus je lis, plus je pénètre sous les voiles qui me cachaient nos grandes gloires, et moins ] j’ose écrire ; je suis frappée de crainte, comme un ver luisant mis au soleil. » Et cette autre lettre encore, qui semble résonner et bruire de tous les carillons de ces jolies villes flamandes à toutes les grandes et moyennes fêtes de l’année : « Le 1er novembre 1840. — Bruxelles. — 10 heures du soir. — Je vous écris, mes chères âmes, au milieu de toutes les cloches battantes de Bruxelles qui se répondent pour les Saints et pour les Morts. […] Je cherche souvent en moi-même ce qui peut m’avoir fait frapper si durement par notre cher Créateur ; car il est impossible que sa justice punisse ainsi sans cause, et cette pensée achève bien souvent de m’accabler. » Chaque cœur croyant a, ainsi, un jour ou l’autre, son heure de tentation et de doute, son délaissement et sa sueur froide, son jardin des Olives.
Ce fut le cas pour Jomini ; mais, en recourant aux pièces officielles, je suis frappé d’un détail : bien que ces qualifications à adjudant-commandant ou de colonel y figurent à peu près indifféremment, et quelquefois l’une et l’autre dans la même pièce, il en est une de juin 1810, que je produirai en son lieu, dans laquelle l’appellation de colonel donnée à Jomini a été effacée de la main même du maréchal Berthier, qui y a substitué le titre d’adjudant-commandant. […] » La campagne d’Iéna, comme celle d’Ulm, « devait servir de modèle un jour pour apprendre aux généraux l’art de réunir à propos leurs forces, et de les diviser ensuite quand elles ont frappé : je dis modèle, si tant est qu’il y en ait à pareil jeu ; car tout jeu savant suppose le joueur, tout art suppose essentiellement l’artiste ; et la variété, la nouveauté dans l’application, qui se différencie et recommence sans cesse à chaque cas imprévu, c’est l’habileté souveraine, c’est le génie35.
ne frappez que moi, Moi qui brave le crime et combats pour la loi. […] La terre est un séjour d’épreuve, L’homme n’est qu’un hôte en ces lieux, Nous descendons le cours d’un fleuve Où mille objets frappent nos yeux : L’endroit plaît, la rive est fleurie, On ne s’éloigne qu’à regret, Mais une voix d’en haut nous crie : Marche !
Cependant, pour nous en tenir à lui, un contraste a dû frapper d’abord. […] Magnin y allait moins doucement : il savait le fort et le faible de la place, il ne frappait pas à côté.
Ce spectacle des pays conquis et de l’odieuse administration qui pesait sur eux, frappa vivement son âme équitable et compatissante ; il n’en put contenir l’impression en écrivant à son père. […] Un rapprochement, un contraste m’a dès longtemps frappé, et il vient ici assez à propos, puisqu’il s’agit de récit.
Le bon Corneille y manqua de mesure et de convenance ; il insista lourdement là où il devait glisser ; lui, pareil au fond à ses héros, entier par l’âme, mais brisé par le sort, il se baissa trop cette fois pour saluer, et frappa la terre de son noble front. […] Quoi que je m’en promette, ils n’en ont rien à craindre : C’est le dernier éclat d’un feu prêt à s’éteindre ; Sur le point d’expirer, il tâche d’éblouir, Et ne frappe les yeux que pour s’évanouir.
C’était comme le murmure lointain du vent dans les bois, qui vous frappe l’oreille avec les bruissements des feuillages et qui vous dit : « Tu es seul, tu es mélancolique ; resserre ton cœur ; jouis de ta solitude et de ta tristesse, et laisse les autres jouir du bruit qu’ils font ; ce qui t’attend ce soir vaut mieux que ce vain tumulte. » IV Quand mon ami, avant d’aller dans le monde, entrait un moment dans ma chambre pour étaler son costume devant ma cheminée, je le regardais en souriant d’une certaine pitié sans envie, et je lui disais : « Va te montrer, mais voici l’heure où, quand tu seras parti, je m’isolerai dans mon manteau ; je me glisserai sans bruit le long des murailles et j’irai attendre, sur le quai du Louvre, qu’une lumière solitaire s’allume, entre deux persiennes, pour m’annoncer que le dernier visiteur est retiré du salon, et pour laisser place à l’ami inconnu qui rôde dans le voisinage, comme l’âme cherchant son corps et n’en voulant point d’autre dans la foule de ceux qui ne sont pas nés. » V Il sortait, et je restais seul au coin de mon feu, un livre à la main, jusqu’à ce que la cloche de Saint-Roch sonnât onze heures, et que ce même onzième coup sonnât de l’autre côté de la Seine, dans un cœur qu’il faisait transir ou frissonner. […] Cependant je ne sais quel apprêt, tout en me charmant, me frappait.
Pascal avait affirmé avec cette force qui lui est propre, plutôt que pénétré par des efforts d’analyse qu’il dédaignait, nos imperfections et nos impuissances ; il nous avait fait voir la profondeur de nos maladies et la vanité de nos remèdes ; il avait frappé de discrédit jusqu’à notre morale, vraie en deçà des Pyrénées, disait-il, fausse au-delà. […] Suard dit avec raison « qu’en lisant avec attention les Caractères de La Bruyère, il semble qu’on est moins frappé des pensées que du style, et que les tournures et les expressions paraissent avoir quelque chose de plus brillant, de plus fin, de plus inattendu, que le fond des choses mêmes. » Mais il a tort d’ajouter que c’est moins « l’homme de génie qu’on admire alors que le grand écrivain. » Qu’est-ce donc dans les lettres qu’un grand écrivain qui n’est pas un homme de génie ?
Ces principes ne comprennent pas toute la philosophie de Descartes ; mais ils résument ce qui en est le plus apparent, ce qui frappe le plus la génération de Louis XIV. […] Les écrivains dramatiques du temps semblent convaincus que l’homme est le même dans tous les siècles et sous toutes les latitudes ; frappés par cette moitié de vérité, que le fond des sentiments ne change guère au cours des siècles, ils négligent de parti pris l’autre moitié, à savoir, que la forme, la combinaison et l’intensité de ces mêmes sentiments sont dans une mue incessante.
Le vicomte de Launay est majeur en elle ; elle traite le monde comme un champ de bataille où elle sent qu’elle a désormais le pied ferme et qu’elle sait frapper. […] Tout cela est à merveille, bien senti, bien frappé.
Tel était l’homme au régime simple et austère, à l’esprit patriarcal, aux mœurs antiques, que la Révolution française vint frapper d’abord de son spectacle, et qu’elle alla bientôt chercher et relancer dans sa Savoie, en la bouleversant. […] La France, pour M. de Maistre, qui est Français de langue, et, à bien des égards, de cœur et d’esprit, la France est un instrument, un organe européen que rien ne saurait remplacer, et qui, même lorsqu’il frappe à faux, ne doit pas être à l’instant rejeté et brisé : Il y a dit-il, dans la puissance des Français, il y a dans leur caractère, il y a dans leur langue surtout, une certaine force prosélytique qui passe l’imagination.
L’effet que le cardinal Maury fit sur le comte de Maistre répondit peu sans doute à l’attente de ce dernier, et il fut frappé de rencontrer, chez un personnage aussi célèbre et aussi hautement considéré en politique, un si grand nombre de propositions hasardées, irréfléchies, de ces paroles en l’air et de ces légèretés robustes qui retombent de tout leur poids sur celui qui les dit. […] En général, c’est cette justesse, cette solidité, qui me frappent chez Maury, dans une matière qu’il possède à fond.
En voilà une qui se présente : une veine franche y jaillit, elle frappe, elle monte, elle amuse ; l’esprit moderne y prend une nouvelle forme, bien piquante, bien folle et bien frondeuse, bien à propos. […] Malgré tout, il y a eu là une infusion d’idées, de hardiesses, de folies et d’observations bien frappées, sur lesquelles on vivra cinquante ans et plus.
C’est un petit homme, âgé de soixante-treize ans, sans mine, qui ne s’exprime pas aussi noblement qu’il écrit, modeste au suprême degré, et dont le caractère de probité frappe. […] Sa vie entière se présente comme une de ces années orageuses et frappées de stérilité, où l’on dirait que le cours des saisons et l’ordre de la nature sont intervertis ; et, dans cette confusion, les facultés les plus heureuses se sont tournées contre elles-mêmes.
Ce qui frappe et attriste en le lisant, c’est de voir combien tout ce monde, que de loin on se figure si élégant et si spirituel, et qui l’était, a des vues basses et toutes domestiques. […] J’ai pensé souvent, en lisant Cosnac, à cette classe de gens actifs, appelés M. de Sémonville et autres, et toujours il m’a semblé que, même en ce genre qui n’est pas le premier et le plus relevé, la médaille était mieux frappée et d’un coin plus neuf sous Louis XIV que de nos jours.
… » Et Rousseau lui répondait dans la même pensée : « Il y a un si bel ordre dans l’ordre physique, et tant de désordre dans l’ordre moral, qu’il faut de toute nécessité qu’il y ait un monde où l’âme soit satisfaite. » Et il ajoutait avec effusion : « Nous avons ce sentiment au fond du cœur : Je sens qu’il doit me revenir quelque chose. » Que les personnes religieuses, avant de frapper sur Bernardin et sur Rousseau, veuillent toujours se rappeler ces deux belles paroles de l’un et de l’autre, ce quelque chose et ce quelqu’un. […] Je n’ai pu toutefois parvenir à fixer le moment précis de la grande crise nerveuse de Bernardin, quand il se montre à nous (préambule de L’Arcadie) frappé d’un mal étrange, sujet à des éclairs qui lui sillonnent la vue, voyant les objets doubles et mouvants, et, dès qu’il rencontrait du monde dans les jardins publics et dans les rues, se croyant entouré d’ennemis et de malveillants.
Le poëte se meut dans son œuvre comme la providence dans la sienne ; il émeut, consterne, frappe, puis relève ou abat, souvent à l’inverse de votre attente, vous creusant l’aine par la surprise. […] Homère rencontre l’envieux et le frappe du sceptre, Shakespeare donne le sceptre à l’envieux, et de Thersite il fait Richard III ; l’envie est d’autant plus mise à nu qu’elle est vêtue de pourpre ; sa raison d’être est alors visiblement toute en elle-même ; le trône envieux, quoi de plus saisissant !
Vous retournez la tête, et vous cherchez d’où vient le bruit qui vous frappe : c’est celui d’une large nappe d’eau qui tombe du sommet d’un des rochers que vous avez d’abord apperçus. […] On voit à gauche, assis à terre, un esclave qui frappe avec des baguettes une espèce de tympanon.
Cet esprit, de principes si sévères qu’on l’a accusé d’être un puritain en littérature, n’a point, quand il touche aux œuvres contemporaines et aux hommes vivants, l’implacabilité qui est le caractère de toute justice qui doit frapper et courageusement frappe… Excepté ce coup de feu et de jeunesse, justifié par les guerres du temps, contre une masse, d’ailleurs, contre toute une littérature dans laquelle le nom d’un seul écrivain fut prononcé, et au milieu de quelle revanche d’éloges !
Des spectacles inondés de sang, des catastrophes, des succès momentanés et terribles, des retentissements inattendus, sortis tout à coup de la trompette de la Renommée, — cette sourde sonneuse de fanfares qui ne s’entend pas elle-même quand elle sonne, car souvent elle s’interromprait, — tous les fracas d’un monde solide pour quelques siècles encore, et qui ne se fût point écroulé si on ne l’avait frappé à coups redoublés au faîte, aux flancs et à la base, n’était-ce pas là plus qu’il n’en fallait pour enivrer et faire chanceler la pensée ? […] Or, déshonorer la Révolution, c’est faire cela et mieux encore, c’est la tuer — non pas seulement comme une ennemie, mais comme une idée, — au seuil même de toute âme qui lui eût donné un asile si elle n’eût été que haïe, frappée et proscrite.
Devant le malheur qui le frappa si jeune, cet artiste savant qui avait, pour travailler, plus besoin de ses yeux que personne et qui sut s’en passer, à force de volonté, d’attention, d’amour héroïque pour l’art et la science ; devant ce malheur, plus grand pour lui que pour un poète, — car un poète aveugle se replie sur ses sentiments et ses souvenirs, et ils éclatent ! […] J’y vois aussi la même hauteur relative dans les jugements généraux, les mêmes tendances politiques, la même gravité, et s’il y a une différence de fond entre ces deux intelligences dont l’effigie si ressemblante qu’elle soit n’a pourtant pas été frappée d’un seul et même coup de balancier, elle serait toute à l’avantage de l’auteur des Récits de l’histoire romaine qui a le sentiment chrétien que son frère ne connaissait pas.
Pour faire mouvoir cet immense héros, quinze cents vers n’étaient pas assez, si merveilleusement frappés qu’ils pussent être. […] Pommier a détaillés avec une opulence et un fini qui semblent avoir épuisé les ressources et les combinaisons des démons eux-mêmes, ce qui frappe, ce n’est plus l’invention, ce n’est plus même ce dessin, si pur et si net sur son fond de flamme, des souffrances horribles des damnés, c’est le sentiment qui circule à travers ces formes étranges et ces épouvantements matériels !
C’est au contraire la faculté cérébralement créatrice de l’amour, qui me frappe, en examinant cette question. […] N’êtes-vous pas frappé, en leur présence, d’une sorte de sécheresse et d’inhumanité, ne sentez-vous pas un souffle glacial vous traverser, et l’atmosphère se raréfier autour d’eux ?
De même qu’immobile, après le dernier soupir exhalé, son corps gisait insensible, privé d’un si grand souffle ; ainsi la terre, frappée à cette nouvelle, reste dans la stupeur. […] La nature surtout le frappa de ses merveilles.
Un scrupule ou un obstacle retient souvent leur bras prêt à frapper ; ils ont sucé le lait de la tendre humanité, comme dit Macbeth. […] Il ne comprend réellement pas le mensonge : cela dépasse son intelligence et le frappe littéralement de stupidité. […] Cette honnêteté de maintien frappe naturellement davantage chez les hommes de condition inférieure. […] La vision ne nous frappe que lorsqu’elle atteste sa réalité par quelque forme excessive ou exceptionnelle. […] Il sentit qu’il ne se relèverait jamais du coup qui le frappait, se regarda à bon droit comme perdu, et tomba dans un morne désespoir.
Que si ma pensée se reporte, non plus sur le poëte, mais sur l’homme auquel tant de liens de ma jeunesse m’avaient si étroitement uni et en qui j’avais mis mon orgueil, ressongeant à celui qui était à notre tête dans nos premières et brillantes campagnes romantiques et pour qui je conserve les sentiments de respect d’un lieutenant vieilli pour son ancien général, je me prends aussi à rêver, à chercher l’unité de sa vie et de son caractère à travers les brisures apparentes ; je m’interroge à son sujet dans les circonstances intimes et décisives dont il me fut donné d’être témoin ; je remue tout le passé, je fouille dans de vieilles lettres qui ravivent mes plus émouvants, mes plus poignants souvenirs, et tout à coup je rencontre une page jaunie qui me paraît aujourd’hui d’un à-propos, d’une signification presque prophétique ; je n’en avais été que peu frappé dans le moment même.
Mais vous m’avez trop généreusement donné de votre temps pour que je veuille vous en dérober ; et j’aime mieux, monsieur, employer le reste de cette lettre à vous dire combien, sous d’autres rapports que ceux qui frapperont tout le monde, il m’est précieux d’avoir un moment arrêté votre attention.
Lorsque le soleil parut sur l’horizon et frappa de ses premiers feux les pyramides, tous posèrent leurs armes, et firent une halte spontanée pour contempler le spectacle sublime dont ils étaient témoins.
La classe qui dominait en France sur la nation, était exercée à saisir les nuances les plus fines ; et comme le ridicule la frappait avant tout, ce qu’il fallait éviter avant tout, c’était le ridicule.
Il écrivit & parla comme le devoit faire un homme emporté par une imagination qui prenoit feu sur tout & ne se repaissoit que de chimères ; un homme qui ne voyoit en Europe que révolutions & que carnage ; qui brigua d’être à la tête des fanatiques de son parti ; qui se mêla de présages, de miracles, de prophéties ; qui prédit qu’en l’année 1689 le calvinisme seroit rétabli en France ; qui se déchaîna contre toutes les puissances de l’Europe, & qui porta la fureur jusqu’à faire frapper des médailles qui éternisent sa démence & sa haine contre Rome & contre sa patrie.
« Il est bien vrai, dit-il, que les changements organiques du cerveau font quelquefois disparaître la mémoire des faits qui se rapportent à certaines périodes ou à certaines classes de mots, tels que les substantifs, les adjectifs ; mais cette perte ne pourrait être expliquée au point de vue matériel qu’en admettant que les impressions se fixent d’une manière successive dans des portions stratifiées du cerveau, ce à quoi il n’est pas permis de s’arrêter un seul instant… La faculté de conserver ou de reproduire les images ou les idées des objets qui ont frappé les sens ne permet pas d’admettre que les séries d’idées soient fixées dans telles ou telles parties du cerveau, par exemple, dans les corpuscules ganglionnaires de la substance grise, car les idées accumulées dans l’âme s’unissent entre elles de manières très-variées, telles que les relations de succession, de simultanéité, d’analogie, de dissemblance, et ces relations varient à chaque instant. » Müller ajoute : « D’ailleurs, si l’on voulait attribuer la perception et la pensée aux corpuscules ganglionnaires et considérer le travail de l’esprit, — quand il s’élève des notions particulières aux notions générales, ou redescend de celles-ci à celle-là, — comme l’effet d’une exaltation de la partie périphérique des corpuscules ganglionnaires relativement à celle de leurs parties centrales ou de leur noyau relativement à leur périphérie, si l’on prétendait que la réunion des conceptions en une pensée ou en un jugement qui exige à la fois l’idée de l’objet, celle des attributs et celle de la copule, dépend du conflit de ces corpuscules et d’une action des prolongements qui les unissent ensemble ; si l’on prétendait que l’association des idées dépend de l’action soit simultanée, soit successive, de ces corpuscules, — on ne ferait que se perdre au milieu d’hypothèses vagues et dépourvues de tout fondement72. » De tout ce qui précède, je ne crois pas qu’il soit bien téméraire de conclure que nous ne savons rien, absolument rien, des opérations du cerveau, rien des phénomènes dont il est le théâtre lorsque la pensée se produit dans l’esprit.
Rencontre-t-il une tête, qui le frappe, il se mettrait volontiers aux genoux du porteur de cette tête pour l’attirer dans son atelier.
Nous ne serions pas aussi frappez de tous les traits qui peignent l’avare, que nous le sommes, si Harpagon exerçoit sa lezine sur la dépense d’une maison reglée suivant l’oeconomie des maisons d’Italie.
Le chevalier Temple qui a été frappé de la difference du caractere des bataves et des hollandois, et qui a voulu en rendre raison, attribuë cette difference au changement de nourriture.
Tout à coup, comme frappé d’une révélation subite) Oh !!!
A propos d’un Werther en musique, il y a quelques années, averti par les observations de plusieurs critiques éminents de l’insignifiance et de la puérilité du Werther de Goethe, je relus Werther, que je n’avais pas lu depuis à peu près un demi-siècle, ayant accoutumé de relire plutôt Faust et le Divan, Je fus certainement moins ému qu’à seize ans ; je ne pleurai point ; mais je fus frappé de la solidité de l’ouvrage, de l’admirable disposition des parties, de la progression lente et forte, de tout ce qu’il y a enfin de savant dans cet ouvrage d’un étudiant et qui ne se retrouve plus du tout, beaucoup plus tard, dans les Affinités électives.
Serait-ce, par hasard, que le captif de Savone et de Fontainebleau, l’héritier du pauvre pêcheur, avec ces paroles qui contenaient les menaces du ciel, aurait frappé de vertige l’homme contre lequel l’Europe a dû finir par se croiser ?
Chose étonnante et qui me frappe, c’est la précision de ce style si doux, qui n’a ni une colère ni même une vivacité.
Des exemples nombreux ne nous manqueraient pas, mais en voici un qui nous frappe.
On ne fait pas sortir les hommes de terre en quatre ans de règne, même lorsqu’on frappe la terre avec un véritable sceptre !
A l’École Normale, où je m’occupais de choisir les principes qui ont déterminé ma vie, une phrase de Stendhal m’a frappé : « Tant qu’on n’a pas six mille francs de rentes, ne penser qu’à cela ; quand on les a, n’y plus penser. » Il faudrait ajouter : « Se choisir un milieu social, un ordre où passer sa vie avec régularité, et, cette élection faite, n’y plus penser. » Un ordre dans lequel on puisse d’ailleurs travailler en toute indépendance.
C’est là qu’occupé de grands travaux, on est frappé de la rapidité de la vie, et qu’on veut étendre sur l’avenir une existence si courte.
Nous avons frappé les Perses au cœur, les accablant de maux, souvenir de leur affreuse défaite sur mer.
Enfin, dans ses dernières pièces, ce qu’il va dire, c’est le Napoléon de l’exil, frappé dans ses rêves d’empereur, dans sa gloire aussi bien que dans ses affections de père. […] répond de la façon suivante ; il répond que : « Être poète, c’est écouter dans son cœur l’écho de son génie. » Et c’est lui encore qui, dans des vers adressés à un ami, écrit ceci : Tu te frappais le front un lisant Lamartine. […] frappe-toi le cœur, c’est là qu’est le génie. […] Et, fidèle à son procédé de traduction poétique, voici par quel symbole ingénieux il le traduit : il suppose, dans une pièce intitulée La Mort du loup, que des chasseurs ont frappé à mort un loup et que le loup ne s’est pas défendu. […] Vous trouverez la Lettre d’un mobile breton, qui est belle par la générosité de ses sentiments et par la simplicité de la forme ; ou bien ce poème intitulé La Bénédiction, où l’on voit un vieux prêtre, dans un couvent envahi par les soldats, continuer à dire la messe sans se laisser troubler par le danger ; frappé d’un coup de fusil, frappé à mort, et, en mourant, bénissant ceux qui viennent de le tuer.
Il est frappé surtout par un aspect de l’œuvre qu’il étudie, et il contribue à le mettre en relief. […] Mais il n’est que de frapper fort, quand on sait d’ailleurs qu’on frappe juste. […] Il a une foi sincère en Dieu, dans le Dieu d’Israël, Dieu des armées, qui frappe, qui punit et qui se venge. […] Lavisse a été frappé de ce fait : c’est que la jeunesse, au sortir du collège, est « moralement abandonnée ». […] Il frappe comme un sourd.
Il est impossible, même en l’examinant avec réflexion, de ne pas être frappé de ce caractère de force, de facilité et de grâce, qui distingue la muse tragique de Voltaire. […] Du moins on y retrouvera quelque chose de dramatique qui frappera et attachera notre esprit. […] Il n’avait pas assez de force pour concevoir un vaste sujet ; son esprit n’était point frappé de l’ensemble des objets. […] Croyaient-ils pouvoir remplacer, par des ressorts purement humains, les moyens que fournit la religion pour frapper l’imagination et pour émouvoir les âmes ? […] On se regarde avant de frapper. » Tel était le langage de Saint-Just, de cet orateur dont la cruauté systématique et passionnée est demeurée célèbre.
Plus encore que les défaites militaires, la Commune avait frappé Taine. […] La véritable humanité consiste à frapper sévèrement les coupables avérés, pour empêcher leurs nouveaux forfaits. […] C’est du même coup frapper tous ceux que ces chefs d’industrie emploient dans leurs entreprises. […] Et d’abord, comment ne pas en être frappé ? […] Frapper la fortune acquise, c’est donc frapper ces trois vertus.
Jullien une phrase qui m’a frappé. […] Il frappe en plein dans le tas. […] Un autre point m’a beaucoup frappé. […] A la répétition générale, la scène m’avait beaucoup frappé. […] Un exemple m’a beaucoup frappé.
Au début d’un mouvement, les mots écrasent toujours l’idée, parce qu’ils frappent davantage. […] Est-ce un souffle de Paris qui l’a frappé au passage ? […] Je viens d’être très frappé par un exemple. […] La noblesse a été frappée au cœur. […] Une autre remarque de M. de Goncourt m’a beaucoup frappé.
Le peuple tout entier tomba dans l’état d’un homme qu’un coup écrasant de la destinée frappe soudainement dans ses biens, sa situation, sa famille, sa considération, son estime de lui-même. […] Si maintenant une excitation nouvelle, quoique faible, la frappe, elle éveille en elle l’image d’excitations semblables qui l’ont frappée précédemment, et cette image rappelée renforce la nouvelle excitation et la rend plus nette, plus compréhensible à la conscience. […] Il suffit maintenant qu’une seule de ces excitations frappe le cerveau pour éveiller aussi en lui les autres excitations du même groupe, grâce à l’association habituelle des images gardées. […] Avant tout, nous sommes frappés de sa prédilection pour les refrains. […] Là il doit tomber comme une fleur frappée par la pluie d’orage, rouge à son intérieur déchiré et assombrie par la pluie.
Montesquieu crut devoir de nouveau sacrifier aux grâces, mais lui-même n’éleva qu’un monument factice, son Temple de Gnide, que madame du Deffand, frappée de la froideur étudiée qui le caractérisait, appela l’Apocalypse de la galanterie. […] M. de Montesquieu ne peut ignorer que le gouvernement chinois est un régime où le bâton n’est que le signe du mandarin qui rend la justice et qui frappe dans certains cas spécifiés le coupable avec sa baguette. […] « Ne pourrait-il pas se faire que les missionnaires auraient été trompés par une apparence d’ordre ; qu’ils auraient été frappés de cet exercice continuel de la volonté d’un seul par lequel ils sont gouvernés eux-mêmes, et qu’ils aiment tant à trouver dans les cours des rois des Indes, parce que, n’y allant que pour y faire de grands changements, il leur est plus aisé de convaincre les princes qu’ils peuvent tout faire, que de persuader aux peuples qu’ils peuvent tout souffrir ?
De même, la langue française se reconnaît à cette netteté de l’expression, à cette grâce du tour, à cette fermeté sans roideur, à cet éclat tempéré, qui frappent le critique le moins suspect d’archaïsme, et que sentiraient ceux même qui veulent lire sans juger. […] Mais là il fut frappé d’une flèche au gros du bras, sous l’épaule, mortellement, en sorte qu’il commença à jeter beaucoup de sang. […] Voici la traduction de ce passage : « Et en bref temps le vent frappa dans les voiles, et nous enleva si bien la vue de la terre, que nous ne vîmes que le ciel et l’eau, et chaque jour le vent nous éloigna du pays où nous étions né.
Tant de grandeur le frappe d’admiration, et il proclame l’homme supérieur à l’univers ; mais bientôt tant de misères le confondent, et il met l’homme au-dessous du néant. […] Pascal en avait été frappé tout d’abord. […] Tout Pascal se découvre dans cette magnifique apostrophe à ses adversaires : « Vous vous sentez frappés par une main invisible ; vous essayez en vain de m’attaquer en la personne de ceux auxquels vous me croyez uni.
Si des sciences particulières la pensée s’élève à la spéculation générale qui embrasse tout l’ensemble des connaissances humaines et tout le système de la réalité universelle, on est bien plus frappé encore du caractère de nécessité logique ou métaphysique que présente l’enchaînement des idées, des principes et des conclusions dont se compose chacune de ces grandes et vastes synthèses. […] On peut certainement admettre le parallélisme entre les deux ordres de faits cérébraux et psychiques qui a tant frappé M. […] Cette erreur capitale touchant la cause et le sujet des phénomènes psychiques fausse toutes les explications données par les physiologistes sur le principe de certains états moraux extraordinaires qui ont frappé l’attention des observateurs de la nature humaine, tels que la folie, l’enthousiasme, la fureur, la monomanie du meurtre, l’excentrique originalité du génie, etc.
Après avoir vainement frappé à la porte de ce magistrat, le solliciteur apprit que le seul moyen d’obtenir des audiences, c’était de faire un cadeau à sa femme. […] Alors le premier le frappa de son long couteau de toute sa force au milieu de la poitrine. […] C’est ce dernier courant qui domine aujourd’hui ; c’est lui seul qui frappe les yeux du public lorsqu’il accuse la poésie contemporaine de manquer de naturel et de simplicité. […] Gustave Vinot, qu’il ne connaissait pas auparavant, disait-il, mais dont les vers l’avaient beaucoup frappé ; il faisait de lui le plus grand éloge et il justifiait son éloge par des citations. […] Mais je ne suis pas frappé d’une semblable disposition chez lui ; ce que je remarque, c’est l’inexpérience, une certaine indécision bien naturelle à qui débute.
Celui-ci frappait le corps entier de l’état et ses chefs dénommés : mais le ridicule général n’atteint que des castes, des corporations, des classes, telles que la noblesse de cour et de province, les facultés, et la bourgeoisie, et jamais il ne se permet de dénominations directes. […] Qu’au dignitaire empesé, hautain, inabordable, ébloui de son propre faste, il oppose un ministre accessible, aisé dans son maintien, soutenant son titre, son rang, sans orgueil, et toujours au-dessus de ses graves fonctions : le ridicule ne frappe que le faquin, et non les prérogatives de la place. […] L’auteur français n’a frappé qu’un seul ridicule en sa pièce, et l’objet qu’il lui oppose devient une leçon exemplaire à suivre. […] Le ridicule frappe d’autant mieux que sa rivale présumée est une honnête demoiselle qu’un hasard fit tomber évanouie entre les bras de son mari. […] Or les hommes de quelques pays et de quelques temps qu’ils soient, seront frappés de son langage.
Ulysse le confond en présence de ses partisans et le frappe impunément de son sceptre sur les épaules. […] « Soudain, dit-il, Pandarus empoigne son arc poli, fait avec les cornes d’une chèvre sauvage que lui-même avait frappée au poitrail pendant qu’elle s’élançait de la crête d’un rocher. […] il n’appartient qu’au guerrier jeune d’être couché sur la poussière, frappé dans le combat par le tranchant du fer. […] Écoutons le poète lui-même à ce déchirant épisode, dénouement de son poème : « Lorsqu’une grande misère pèse sur un homme qui a commis un meurtre dans sa patrie, il se retire chez un peuple étranger, dans la maison d’un héros opulent, et tous ceux qui l’aperçoivent sont frappés de surprise.
« Si parmi tant d’ennemis nous ne frappions que Catilina seul, sa mort nous laisserait respirer, il est vrai ; mais le péril subsisterait, et le venin serait renfermé dans le sein de la république. […] « Mais aujourd’hui que la fortune m’a frappé d’un coup terrible et que le fardeau du gouvernement ne pèse plus sur moi, je demande à la philosophie l’adoucissement de ma douleur, et je la regarde comme l’occupation de mes loisirs la plus douce et la plus noble à la fois. […] « La beauté essentielle de l’ordre avait d’abord frappé l’esprit dans l’univers visible, et c’est de là que nous l’avons transporté dans nos actions et dans nos paroles, monde moral dont l’ordre est l’ornement ; puis vient la modération, ou la mesure qui nous fait éviter en tout l’excès ou la témérité, qui nous détourne d’offenser nos semblables par nos actions ou par nos discours, et de rien faire, en un mot, a qui soit indigne de la nature humaine. […] Alors Pison : — Puisque tout le monde, dit-il, a été frappé de quelque souvenir, je voudrais bien savoir ce qui a fait impression sur notre jeune Lucius ?
Tu auras vu des rois légitimes, héritiers d’un juste décapité, rappelés de l’exil au trône, rapporter la paix, la liberté, la libération du territoire ; adopter ce qu’il y avait de juste dans la révolution ; rétablir la souveraineté représentative du peuple ; faire prospérer leur pays sous la sauvegarde de tous les droits équitablement pondérés ; y faire fleurir l’éloquence de la tribune et de la presse, cette royauté de l’intelligence de niveau avec la royauté du sang ; présider du haut d’un trône populaire à une véritable renaissance de tous les arts de l’esprit, de toutes les industries de la paix ; tu les auras vus, frappés par les armes mêmes qu’ils avaient remises à la nation, odieusement accusés des désastres que leur présence venait réparer, et chassés du trône, d’exil en exil, par l’ingratitude de la liberté. […] Dupont (de l’Eure), type d’honneur démocratique, qui était ministre à cette époque, m’a bien souvent rappelé cette lettre et cette démission, qui l’avaient frappé, pendant que nous étions ensemble, et dans un même esprit de résistance aux excès populaires, à la tête de la république, en 1848. […] Un mot surtout me frappa par la signification de l’homme qui le prononça, et par le geste, l’accent et le regard d’intelligence avec lesquels cet homme d’État affirma sa résolution et sa fureur. […] Molé seul se promenait d’un pas saccadé dans son cabinet et allait frapper du doigt la vitre de ses fenêtres, comme un homme qui s’impatiente et qui cherche à se distraire de l’obsession de ses pensées, témoignant un mécontentement très mal contenu de mes arguments.
Le garçon frappe. […] Trois intérieurs, à trois crans de l’échelle, m’ont frappé… Au fond d’une cour, rue Jacob, on monte cinq étages, on suit un corridor où donnent des portes de chambres de domestiques, une sorte de labyrinthe dans des communs. Une clef est sur la porte ; après avoir frappé en vain, on se décide à tourner la clef, on est dans une façon de resserre, pleine de livres en désordre sur le carreau, au milieu desquels est une paire de bottines d’homme, non faite. […] Aujourd’hui Sainte-Beuve me frappe par sa ressemblance avec Hippolyte Passy, même vieille mine futée, même œil, même forme de crâne, et surtout même timbre de voix un peu zézeyante.
Il aurait sans doute voulu être ; il a, simple virtualité, plusieurs fois frappé à la porte. […] Surtout elle voit simple, et cette simplicité, qui frappe aussi bien dans ses paroles et dans sa conduite, la guide à travers des complications qu’elle semble ne pas même apercevoir. […] Mais celui qui vient philosopher quand la société a déjà poussé fort loin son travail, et qui en trouve les résultats emmagasines dans le langage, peut être frappé d’admiration pour ce système d’idées sur lesquelles les choses semblent se régler. […] On ne tire rien du vide, et la connaissance d’une telle âme est naturellement incapable de progrès ; — sans compter que l’idée sonne creux dès qu’une philosophie antagoniste frappe sur elle.
Aucun poète plus que Camoëns ne fut inspiré par les grands spectacles des tropiques : c’est à l’Inde qu’il emprunte ses plus riches descriptions ; son imagination, frappée des trombes, des tempêtes et des divers aspects de l’Océan, les a exprimés avec une vérité et une vigueur qui répandent sur ses écrits un charme éternel.
Ce qui m’a le plus frappé dans ce second volume, comme différence avec le premier, c’est la spirituelle et subtile analyse, la poursuite infinie et déliée de certaines nuances de passions, de certains replis du cœur ; le récit délicat, l’explication malicieuse et vraie de plusieurs singularités de sentiments.
Le caractère qui me frappe le plus dans la poésie de M.
Dès qu’un homme et une femme ne sont point attachés ailleurs par l’amour, ils cherchent dans leur amitié tout le dévouement de ce sentiment, et il y a une sorte d’exigence naturelle, entre deux personnes d’un sexe différent, qui fait demander par degrés, et sans s’en apercevoir, ce que la passion seule peut donner, quelque éloigné que l’un et l’autre soit de la ressentir ; on se soumet d’avance et sans peine à la préférence que son ami accorde à sa maîtresse ; mais on ne s’accoutume pas à voir les bornes, que la nature même de son sentiment met aux preuves de son amitié ; on croit donner plus qu’on ne reçoit, par cela même qu’on est plus frappé de l’un que de l’autre, et l’égalité est aussi difficile à établir sous ce rapport que sous tous les autres ; cependant elle est le but où tendent ceux qui se livrent à ce lien.
Une fois il a saisi la solution d’un problème qui l’occupait depuis longtemps, une autrefois une beauté nouvelle l’a frappé dans un ouvrage inconnu ; enfin, ses jours sont marqués entre eux par les différents plaisirs qu’il a conquis par sa pensée : et ce qui distingue surtout cette espèce de jouissance, c’est que l’avoir éprouvée la veille, vaut la certitude de la retrouver le lendemain.
La première, le vers « bien frappé », le vers proverbe, le vers qu’on répète, le vers que les critiques enchâssent dans la monture en chrysocale de leurs articles et qui suffirait volontiers, selon eux, à jauger un poète.
Le roi, se voyant pris : Je vois bien, dit-il, qu’il faut que j’en passe par là, puisque la reine le veut, mais regardez bien au moins de ne me frapper pas fort.
. — Celles-ci se forment, dit Wundt, par la mise en relief d’un caractère important, aperçu et trié parmi les autres ; ainsi, parmi tous les caractères du cheval, il y en a un qui a vivement frappé l’Arya primitif, la vitesse ; pour les Aryas, le cheval fut le rapide ; l’homme fut le penseur ou le mortel, la terre la labourée, la lune la brillante.
Ce contraste frappe surtout ceux qui savent tant de traits honorables pour ce grand poëte.
« Car, lorsque vous m’avez saluée, votre voix n’a pas plus tôt frappé mon oreille, que mon enfant a tressailli de joie dans mon sein. » Marie entonne alors le magnifique cantique : « Ô mon âme, glorifie le Seigneur !
L’un vous dira que le Poussin est sec, l’autre que Rubens est outré ; et moi je suis le lilliputien qui leur frappe doucement sur l’épaule, et qui les avertit qu’ils ont dit une sottise.
La difference qui peut se trouver entre le mérite de deux tableaux exposez à côté l’un de l’autre, frappe tous ceux qui ne sont pas stupides.
Prenons un exemple qui nous frappe encore davantage.
Mais la Critique ne pouvait-elle espérer sans outrecuidance que ces faits, contre lesquels l’historien se révolte, le frapperaient puissamment par ce qu’ils ont d’extraordinaire et même pour lui d’incompréhensible, et que de cette indignation aveugle, mais vraie et largement vibrante, contre le Moyen Âge, ses passions colossales, ses déchirements nécessaires, ses institutions, tout cet ensemble de servitudes chevaleresques dont Labutte n’a pas même la notion première et que Schiller, qui était un grand poète et un noble cœur, appuyait sur un fond céleste, il serait au moins sorti un cri énergique, une réprobation digne de ce temps immense, quelque chose, enfin, qui aurait eu son éloquence, son injuste, mais réelle beauté ?
Il y a là quelque chose d’enivré, de chaud et d’aimablement fou dans la forme, qui n’est pas en Rochefort, au talent, pour moi, trop frappé de glace.
En effet, je suis frappé (et je l’ai toujours été) de la consanguinité de ces deux hommes, tous les deux de la même double race : tous les deux Juifs, tous les deux Allemands, tous les deux poètes et reflétant dans leurs poésies leur double nationalité, entraînés tous les deux, par aptitude et par goût, vers la philosophie et la science ; mais dont l’un a brisé tout : religion, race, philosophie, système, pour s’asseoir, isolé et désespéré, au milieu des massacres de son esprit, comme un meurtrier au milieu de ses meurtres, et dont l’autre s’est conservé intégral, — noble, ferme et pur.
Seulement, si le Caïn n’a pas tué en lui tout à fait Abel, ce n’est point faute de l’avoir frappé.
Sur une trentaine de princes qui régnèrent de Septime Sévère à Constantin, près de vingt-cinq périrent de mort violente ; et ceux qui montaient sur le trône étaient pour la plupart des soldats de fortune, plus féroces qu’instruits, et qui connaissaient moins la tribune que les champs de bataille ; d’ailleurs, on ne loue pas ordinairement ceux qu’on assassine, et souvent c’étaient les meurtriers même qui étaient les successeurs de ceux qu’ils faisaient périr ; ils conspiraient, frappaient, régnaient et mouraient pour faire place à d’autres meurtriers.
De tout cela ensemble, dut naître un mélange de beautés et de défauts, de négligence dans le style et de grandeur dans les idées, quelquefois toute la force et toute l’impétuosité du zèle religieux, quelquefois toute la faiblesse d’une morale froide et monotone, ce qui peut souvent frapper l’imagination, ce qui doit souvent révolter le goût.
« Enhardi par le feu de la jeunesse, bientôt, s’écriait-il, tu diras les champs de Philippe blanchis sous les ossements italiques, et la bataille de Pharsale, ce coup de foudre entre les exploits du vainqueur divinisé, et Caton, grand par la sainte liberté, et Pompée, ce chef populaire. » La Muse prolonge en vers élégants cette apothéose du poëte, et n’est arrêtée que par ses larmes, à la pensée du tyran qui l’a frappé.
Le fer heurte le fer ; Dans la main du guerrier l’arme tue ou se brise ; Ferme au poste, et taisant sa douleur qu’il maîtrise, Le blessé ne fuit pas, il lutte ; et quand la mort, À son rang, par devant le frappe, il lutte encor. […] Vaincu, l’ennemi se débande… Mon maître Amphitryon l’a vu fuir : il commande Les cavaliers, il vole, il frappe, et ses grands coups Achèvent de prouver que le droit est pour nous378. […] Dans un siècle où le souverain disait : L’État, c’est moi ; où, sans la crainte du diable que Dieu lui laissa jusque dans ses plus grands désordres, ce roi qui pouvait tout se serait fait adorer422 ; où quelqu’un423 l’adora et mit un luminaire dans la niche de sa statue transformée en chapelle, il est clair tout d’abord qu’une arme aussi terrible que celle que Molière maniait n’aurait jamais pu frapper un seul coup, si elle n’avait été mise au service de ce demi-dieu 424. […] Don Juan, que Molière composa pendant que le Tartuffe restait frappé d’interdiction, en est la contrepartie. […] « Molière est tellement grand qu’on est toujours frappé d’étonnement lorsqu’on le relit.
Il ne condamne point les actions de Strafford ou de Charles ; il les explique ; il montre dans Strafford le naturel impérieux, le génie dominateur qui se sent né pour commander et briser les résistances, qu’un penchant invincible révolte contre la loi ou le droit qui l’enchaîne, qui opprime par une sorte de nécessité intérieure, et qui est fait pour gouverner comme une épée pour frapper. […] Ce qui frappe en lui d’abord, c’est l’extrême solidité de son esprit. […] Macaulay a la main rude ; quand il frappe, il assomme. […] On a vu des spectacles plus éblouissants pour l’œil, plus resplendissants de pierreries et de drap d’or, plus attrayants pour des hommes enfants ; mais peut-être il n’y en eut jamais de mieux calculé pour frapper un esprit réfléchi et une imagination cultivée. […] Voilà quelques-uns des défauts qui ne peuvent manquer de frapper toute personne qui examinera l’Acte de Tolérance d’après ces lois de la raison qui sont les mêmes dans tous les pays et dans tous les âges.
., à tout bruit, à tout son qui vient frapper leurs oreilles. » (J. […] La malédiction d’Ève frappe Adam comme elle : l’homme aussi enfante dans la douleur. […] Il se frappa la poitrine. […] Malgré sa colère, il ne voulut pas frapper cet homme. […] Les images nous frappent ; nous ignorons la pensée qui les assemble : il faut qu’on nous la montre.
» Mais, en général, le moyen âge n’est point frappé par le mal dont j’étudie l’histoire. […] Ce qui frappe tout de suite dans Jean-Jacques Rousseau, c’est le penchant à la rêverie. […] Un écrivain prend pour sujet les pensées les plus tristes qu’un homme frappé dans ses plus chères affections puisse agiter au milieu du silence des nuits. […] Ainsi, frappé de l’inanité de l’être humain si vite détruit, il posait cette question : « Où est la poussière qui n’ait pas vécu ? […] Pope le frappe aussi fortement.
Bossuet ne s’étourdit pas à en creuser le mystère : il l’envisage sous l’aspect qui frappe l’imagination de la foule. […] Enfin, s’il a devant lui, couchée dans le cercueil, une femme belle et brillante, qu’un coup inattendu a frappée au milieu d’une cour qu’elle remplissait de ses grâces, les convenances mêmes de l’oraison funèbre feront une beauté de l’attendrissement avec lequel il déplorera sa mort. […] Frappé des innombrables contradictions que trahissent non seulement ces professions de foi comparées les unes aux autres, mais les différents articles de chacune d’elles, sa première idée fut de les relever et d’en faire la matière d’un discours préliminaire en tête d’une nouvelle édition du traité de l’Exposition. […] Il apercevait le calcul jusque dans la soumission ; et ce noble mandement par lequel Fénelon faisait connaître à ses diocésains la condamnation dont l’avait frappé le saint-siège, Leibniz y voyait l’acte d’un habile homme. […] La bulle du pape vint enfin frapper l’archevêque de Cambrai : il était prêt pour un triomphe décent comme pour une défaite habilement supportée.
Plusieurs de mes poèmes postérieurs sont frappés à ce coin qui, s’il n’est pas le bon, du moins me semble idoine à ces lieu et place. […] Ceci sera plutôt un peu plus biographique qu’autrement, et pour entrer vite dans le sujet et dans son vif, sachez que, à la fin des vacances 1871, vacances que j’avais passées à la campagne dans le Pas-de-Calais, chez de proches parents, je trouvai, en rentrant à Paris, une lettre signée Arthur Rimbaud et contenant les Effarés, les Premières Communions, d’autres poèmes encore, qui me frappèrent par, comment dirais-je, sinon bourgeoisement parlant, par leur extrême originalité ? […] Il logeait dans une chambre où il y avait, entre autres vieilleries, un portrait d’« ancêtre », pastel un peu défraîchi et que la moisissure avait marqué au front, parmi divers endommagements, d’une tache assez maussade, en effet, mais qui frappa Rimbaud de façon tellement fantastique et même sinistre que je dus, sur sa demande réitérée, reléguer ailleurs le lépreux marquis. […] La première chose qui frappe à la lecture du tome des poètes, c’est la sympathie de l’auteur pour les « inspirés », et partant un dédain superbe des travailleurs, fait tout simple, d’ailleurs, et particulier aux critiques d’un certain âge, témoins enthousiastes des prouesses de l’inspiration, et tout ébahis en présence des œuvres de la nouvelle école, qui a, comme on sait, ce ridicule de penser que les beaux vers ne se font pas tous seuls et que les rimes pauvres n’entraînent pas fatalement la richesse des images ni même celle des idées. […] Et je suis sûr qu’il n’a jamais frappé une femme ni voulu se procurer des sensations « inédites » par des moyens chirurgicaux.
Puis il interroge Berthelot sur la race égyptienne, et il lui demande de quelle malédiction elle est frappée ? […] Je suis frappé par le regard de ces hommes : le regard du fuyard est diffus, trouble, glauque, il ne s’arrête, ne se fixe sur rien. […] Cet homme, ces femmes, ces lits vides, attendant l’amputation, la mort, enfin cette mise en scène et cette répétition des choses douloureuses qui vont se passer demain, dans ce local, cela frappe plus que s’il y avait des blessés dans ces lits. […] Plus proche, les maisons du Parc des Princes, de Billancourt, toute la bâtisse jusqu’à la Seine, détachée en violet sur des bouquets d’arbres pâles, et qu’on dirait sillonnée, là où le soleil frappe les ardoises, de petits cours d’eau brillantée. […] Moi, je suis surtout frappé de la démoralisation de la classe ouvrière par le luxe de bien-être que lui a donné l’Empereur.
Qui ne se représente l’écolier de treize ou quatorze ans, la tête remplie de ses premières connaissances littéraires, l’esprit frappé peut-être de quelque représentation théâtrale, élevant, dans un transport poétique, l’animal qui va tomber sous ses coups à la dignité de victime, ou peut-être à celle de tyran ? […] Des imaginations grossières devinaient facilement les trivialités qui avaient pu se mêler aux incidents de cette histoire ; l’Évangile, les actes des martyrs, les vies des saints les eussent beaucoup moins frappées si on ne leur en eût fait voir que le côté tragique ou les vérités rationnelles. […] De même qu’un homme pouvait, sans nuire à leur émotion, leur représenter la sensible Ophélia, la délicate Desdemona, ils pouvaient voir pointer, à un coin du théâtre, le canon qui devait tuer au côté opposé le duc de Bedford, et ce grand événement ne les frappait pas avec moins de vivacité ; et ils recevaient avec toute la force de l’illusion dramatique l’impression touchante de la mort des deux Talbot, sur un champ de bataille animé par les mouvements de quatre soldats. […] Quand, au contraire, le centre d’action et le centre d’intérêt sont confondus, quand l’attention du spectateur a été fixée sur le personnage, à la fois actif et immuable, dont le caractère, toujours le même, fera sa destinée toujours changeante, alors les événements qui s’agitent autour d’un tel homme ne nous frappent que par rapport à lui ; l’impression que nous en recevons prend la couleur qu’il leur a lui-même imposée. […] Aucun détail de ces tristes préparatifs n’est perdu pour le sentiment qu’ils excitent ; l’insensible grossièreté des hommes voués aux habitudes d’un pareil métier, leurs chansons, leurs quolibets, tout porte coup ; et les formes, les moyens du comique rentrent ainsi sans effort dans la tragédie, dont les impressions ne sont jamais plus vives que lorsqu’on les voit près de tomber sur l’homme déjà frappé à son insu et se jouant en présence du malheur qu’il ignore.
Ces jeunes gens s’imaginent qu’il s’agit de frapper fort Il suffit de frapper juste, comme dit l’autre. […] Le vieillard s’est décidé à frapper à la porte de la maison. […] … Elle n’a pas pu me retenir… Je /’ai frappée… J’ai couru… Vite ! […] Un esclave entre avec une épée. « Frappe, Narsès, dit le doux jeune homme, frappe au cœur ! […] » Et, pris de pitié, l’un des soldats le frappe de son glaive.
Il lui semblait que les injures qui frappaient M. de Louverchal atteignaient aussi sa fille. […] La personne physique du peintre lui apparaissait elle-même sous un jour nouveau ; elle était frappée de la dignité naturelle de sa démarche, qui la faisait penser à l’allure puissante et souple des grands fauves : elle était frappée de l’éclat lumineux de son front, du caractère énergique de ses traits calmes, auxquels ses cheveux légèrement blanchis et comme à demi poudrés prêtaient alors une douceur étrange. […] Par instants il frappait sur les cadavres avec une baguette qu’il tenait à la main, et cela sonnait le cuir comme une valise vide. […] L’autre jour, dès qu’il a frappé mon oreille, rien qu’à l’entendre, je me suis senti subitement rajeuni, il m’a semblé que toute mon enfance revivait en moi. […] Que la mort me frappe debout, ainsi que tant d’hommes de la forte génération à laquelle j’appartiens, c’est ma seule ambition désormais.
On est aisément frappé de ce caractère de la Pallas : cependant je ne suis pas bien sûr de ne pas emprunter à mes études philosophiques quelque chose de cette manière de la concevoir. […] et dans ce dernier cas, lequel des deux termes du fini la frappe d’abord ? […] À peine détachée du principe éternel des choses, ce n’est pas elle qui la frappe et la captive, mais le principe auquel elle tient encore. […] Reconnaissons maintenant quel est l’élément qui doit frapper davantage et préoccuper l’attention, c’est-à-dire quelle est la première erreur et la première vérité qui devait se présenter à la science de l’histoire. […] Il suit de là que, comme il était impossible de n’être pas frappé de la place de la religion dans la vie et dans l’histoire, il était également impossible de n’être pas frappé du rôle qu’y jouent les lois, les institutions politiques, les gouvernements.
Quoi qu’il en soit, Béatrice était frappée dans la fleur de sa jeunesse et de sa beauté, le 9 juin 1290. […] Quelques-uns s’arrêtaient comme frappés de stupeur, et demeuraient dans un état d’immobilité presque incroyable. […] En relisant, ces jours passés, les Mémoires de Gœthe, j’ai été frappée d’une scène bizarre à laquelle je n’avais pas d’abord pris garde, et qui jette un jour singulier sur les relations du frère et de la sœur. […] Aux premiers rayons du soleil levant qui vient frapper, sous son miroir ardent, la pastille symbolique, le jeune prêtre, avec recueillement, offre son sacrifice. […] Werther ou Gœthe, ce qui est tout un, en voyant la femme qu’il aime se donner à un autre, Dante, en apprenant la mort de Béatrice, sont frappés d’un étonnement douloureux.
C’est le lendemain matin, après cette soirée, que Musset vint frapper à ma porte. […] Poitrine large et forte, constitution qu’on eût dite des plus robustes, épaules carrées (il avait une grosse veine bleue sur la poitrine à droite, près du sein, qui frappait tout d’abord le regard), la voix toujours ferme et haute sans fatigue, l’appétit solide même durant ses souffrances, sans répugnance pour aucun mets, pas de délicatesse maladive, un organisme des plus sains, de lésion nulle part, sauf celle produite par la maladie dont il est mort, et qui n’était peut-être pas incurable. […] Il était frappé du contraste : d’un côté toute prévenance et toute politesse, de l’autre rudesse, ignorance, grossièreté.
Ballanche à leur premier état de spontanéité et ceux qu’a consacrés la lyre des Méditations nous a singulièrement frappé ; nous le retrouverons bientôt dans les Fragments. […] La Harpe avait été fort frappé que, dans le livre du Sentiment, l’auteur eût appelé l’Élysée du Télémaque un véritable paradis chrétien ; il lui enviait cette idée : « Moi qui ai fait un éloge de Fénelon, je n’ai pas songé à cela, s’écriait-il, et voilà qu’un jeune homme a mieux trouvé : le Seigneur est avec ceux qui font le bien ! […] Plus tard, en 1825, il retrouva dans une malle, à Lyon, de vieux papiers oubliés où cette théorie était déjà ébauchée en entier ; ce travail ancien, qui le frappa comme une découverte, se rapportait probablement à l’époque de sa jeunesse où il avait tenté une réfutation du Contrat Social : tant il y avait eu antériorité instinctive et prédestination, pour ainsi dire, dans les idées de M.
Les contrastes qui frappent chez Laplace, Lagrange, Monge et Cuvier, ce sont, par exemple, leurs prétentions ou leurs qualités d’hommes d’État, d’hommes politiques influents, ce sont les titres et les dignités dont ils recouvrent et quelquefois affublent leur vrai génie. […] Jusqu’à la fin, et pendant les années qui suivirent, nous l’avons toujours vu allier et concilier sans plus d’effort, et de manière à frapper d’étonnement et de respect, la foi et la science, la croyance et l’espoir en la pensée humaine et l’adoration envers la parole révélée. […] Le caractère, estimable ou non, mais doué de conduite et de persistance même intéressée, quand il se joint à un génie incontestable, les frappe et a gain de cause en définitive dans leur appréciation.
En d’autres termes, des analogies qui ne frappent pas l’animal frappent l’homme. — L’enfant dit oua-oua à propos du chien de la maison ; au bout d’un peu de temps, il dit oua-oua à propos des caniches, des carlins et des terre-neuve de la rue. — Un peu plus tard, ce que ne fait jamais un animal, il dit oua-oua à propos d’un chien en carton qui aboie par le jeu intérieur d’une mécanique, puis à propos d’un chien en carton qui n’aboie pas, mais qui marche sur des roulettes, puis à propos d’un chien de bronze immobile et muet sur l’étagère du salon, puis à propos d’un petit cousin qui marche à quatre pattes dans la chambre, puis enfin à propos d’un dessin qui représente un chien. — Dans ces dernières circonstances, j’ai vu un petit garçon de deux ans répéter le mot oua-oua, quarante à cinquante fois de suite, avec un étonnement, un entrain, une joie extraordinaire. […] Nous construisons l’utile, le beau et le bien, et nous agissons de manière à rapprocher les choses, autant que possible, de nos constructions. — Par exemple, étant données des pierres éparses et brutes, nous les supposons équarries, transportées, empilées à l’endroit où nous voulons habiter, et, conformément à l’idée du mur ainsi construit, nous construisons le mur réel qui nous préservera du vent. — Étant donnés les hommes qui vivent autour de nous, nous sommes frappés d’une certaine forme générale qui leur est propre ; nous remarquons à un plus haut degré, tantôt chez l’un, tantôt chez l’autre, les signes extérieurs de telle qualité ou disposition bienfaisante pour l’individu ou pour l’espèce, agilité, vigueur, santé, finesse ou énergie93 ; nous recueillons par degrés tous ces signes ; nous souhaitons contempler un corps humain en qui les caractères que nous jugeons les plus importants et les plus précieux se manifestent par une empreinte plus universelle et plus forte, et, s’il se trouve un artiste chez qui ce groupe de conditions conçues aboutisse à une image expresse, à une représentation sensible, à une demi-vision intérieure, il prend un bloc de marbre et y taille la forme idéale que la nature n’a pas su nous montrer. — Enfin, étant donnés les divers motifs qui poussent les hommes à vouloir, nous constatons que l’individu agit le plus souvent en vue de son bien personnel, c’est-à-dire par intérêt, souvent en vue du bien d’un autre individu qu’il aime, c’est-à-dire par sympathie, très rarement en vue du bien général, abstraction faite de son intérêt ou de ses sympathies, sans plus d’égard pour lui-même ou pour ses amis que pour tout autre homme, sans autre intention que d’être utile à la communauté présente ou future de tous les êtres sensibles et intelligents.
Au premier nous frappons à une porte d’appartement. […] Ce qui le frappe surtout dans Hugo, qui a l’ambition de passer pour un penseur : c’est l’absence de pensée. […] Vieux et cassés, les hémistiches garderont la majesté foudroyée de ces rois Sarmates, frappés de boulets en pleine poitrine.
Ils exaltent leurs tics, leurs qualités, leurs vertus, leurs ridicules et leur méchanceté ; ils se confessent avec une abondance d’indications, une franchise d’aveux, qui frappent et amusent les plus inattentifs lecteurs, qui compromettent parfois l’effet d’effroi que devraient produire les traîtres, féroces vraiment avec trop d’abandon, qui font verser la vertu des héros et des héroïnes tantôt dans une benoiterie stupide, tantôt dans trop d’humilité. […] Outrés encore dans leur étrangeté, le vague qui les entoure, les inquiétantes suppositions qu’ils donnent à concevoir, ces personnages de mystère à peine esquissés qui figurent dans les derniers livres du romancier et qui joignent cependant à tout l’étonnement qu’ils causent une complexité et une vérité profondes, comme sont vrais également, malgré tous leur débordants ridicules, les personnages comiques qui satirisent et montrent à merveille en un énorme grossissement les travers, quelquefois les vices, le plus souvent les innocentes manies qu’il est facile d’observer en tout lieu et qui frappent quiconque a quelque peu voyagé en Angleterre. […] Par contre, ni les merveilleux paysages qu’il dut voir au-delà de l’Atlantique ou ailleurs, en Écosse, dans le pays de Galles, ni les monuments artistiques qu’il visita plus tard en France et en Italie, ni les traits de mœurs réalistes qui durent le frapper, ne lui inspirent de longs commentaires.
La beauté de l’idéal frappe tous les hommes, la beauté du faire n’arrête que le connaisseur ; si elle le fait rêver, c’est sur l’art et l’artiste, et non sur la chose, il reste toujours hors de la scène, il n’y entre jamais. […] On y discerne sans fatigue les objets, même le chat et le cuvier qui placés à l’angle antérieur du mur latéral gauche, sont au lieu le plus opposé à la lumière, le plus éloigné d’elle et le plus sombre, le jour fort qui vient de l’ouverture faite au même mur frappe le chien, le pavé, le dos de la cuisinière, l’enfant qui est debout proche d’elle, et la partie voisine de la cheminée ; mais le soleil étant encore assez élevé sur l’horizon, ce que l’on reconnaît à l’angle de ses rayons avec le pavé, tout en éclairant vivement la sphère d’objets compris dans la masse de sa lumière, laisse le reste dans une obscurité qui s’accroît à proportion de la distance de ce foyer lumineux. […] Au-dessus de cet escalier, sur la plate-forme, une foule de petites figures si barbouillées qu’on ne sait ce que c’est, quoiqu’elles soient frappées directement de la lumière de la fenêtre grillée qui est presque de niveau avec la plate-forme et les figures.
Édélestand du Méril, que l’on rencontre dans toute recherche originale sur le Moyen-Age, est également frappé de l’incohérence et de l’amalgame des idées d’abord si disparates, si peu conformes à la réalité, qui se sont glissées sous le nom et sous le masque presque mythologique du Cid61. […] Dans un de ces combats où l’un des siens, Pero Bermuez, est allé mettre sa bannière au plus épais des bataillons ennemis, au plus fort du danger, afin de forcer la victoire, il faut entendre le Cid s’écrier en montrant du geste les Maures et en donnant l’exemple : « Frappez-les, chevaliers, pour l’amour de la charité : je suis Ruy Diaz le Cid Campéador de Bivar !
Achille, de son côté, fait de même et se précipite au milieu des Troyens, frappant à droite et à gauche ; — nous y voici : « Il frappe d’abord Iphition, le vaillant fils d’Otrynte, chef de peuples nombreux, que la nymphe Néis avait engendré au valeureux Otrynte, au pied du Tmolus neigeux, dans le gras pays d’Hyda. » Achille le pourfend et s’écrie : « Gis ici, fils d’Otrynte, le plus effrayant des hommes, c’est ici qu’est ton trépas ; et ta naissance est au bord du lac Gygée, où est ton domaine paternel, près de l’Hyllus poissonneux et du tournoyant Hermus. » Nous avons là un exemple de la beauté homérique dans toute son étendue et son expansion : elle est volontiers éparse et non concise. […] Paul Grimblot ; je mets ici le résultat de ces diverses consultations auxquelles Virgile trouve toujours son compte par quelque à-propos heureux et plein de grandeur : « En 1723, Swift publia à Dublin un de ses plus célèbres pamphlets, les Lettres d’un Drapier, contre le privilège donné à un certain Wood de frapper de la petite monnaie de cuivre pour la circulation exclusive de l’Irlande.
Le malheur qui le frappe m’atteint très sensiblement. » On n’est pas habitué, je l’ai dit, à considérer Mlle Mars par le côté du sentiment : cette femme, d’un talent admirable, passait, dans ses relations de théâtre, pour une personne assez rude, peu indulgente aux camarades et au prochain ; mais, pour ceux qu’elle aimait, elle était amie sûre, loyale, essentielle et positive. […] À peine avais-je été frappée de la perte foudroyante de M.
La vie tumultueuse de Rancé reçut à diverses reprises des avertissements qui le frappèrent et lui donnèrent à penser. […] Les pieux biographes de Rancé sont extrêmement sobres de détails à cet endroit ; tout au plus s’ils se hasardent à dire à mots couverts que tantôt une cause ou une autre, tantôt la mort de quelques personnes de considération du nombre de ses meilleurs amis, le frappaient et le rappelaient à Dieu ; mais ils se plaisent à raconter au long, d’après lui, la simple aventure suivante, comme un des moyens dont Dieu se servait pour l’attirer doucement : « Il m’arriva un jour (c’est Rancé qui parle) de joindre un berger qui conduisoit son troupeau dans la campagne, et par un temps qui l’avoit obligé de se retirer à l’abri d’un grand arbre pour se mettre à couvert de la pluie et de l’orage.
Ils nous avaient frappés en les entendant ; ils firent le même effet sur tous ceux qui les apprirent, et le sentiment général fut de conclure qu’une troisième saignée prouverait au roi qu’il était bien malade, et le déterminerait au renvoi de Mme Dubarry. […] On entoura donc les médecins, on les chambra ; on fit envisager aux honnêtes, ou à ceux qu’on croyait tels, combien le roi avait été frappé de l’idée de cette troisième saignée, combien il se croirait malade s’il se la voyait faire, et quel était le danger de la peur pour un homme de cette faiblesse et de cette pusillanimité.
Que l’on vienne, dans une bibliothèque populaire, distribuer à des lecteurs inexpérimentés des aliments ou malsains, ou trop forts et d’une digestion intellectuelle difficile, ce n’est pas, vous le sentez bien, ce que je m’efforcerai de justifier ; mais ce qui me paraît d’autre part excessif, injustifiable, c’est qu’on prenne occasion de ce qui peut être un fait controversable ou blâmable, pour venir afficher une sorte de jugement public et officiel d’ouvrages et de noms livrés à la dispute des hommes, établir contre eux une sorte de sentence définitive et sans appel, les frapper d’une note odieuse de censure, et instituer dans notre libre France une sorte d’index des livres condamnés, comme à Rome. […] Mais le Rapport frappe de haut : il n’a pas daigné entrer dans ces nuances.
Il ne peut pas y avoir d’usurpateur dans un pays où il faudrait que le même homme ralliât l’opinion à lui, depuis le Rhin jusqu’aux Pyrénées ; l’idée d’une constitution, d’un ordre légal consenti par tous, peut seule réunir et frapper à distance. […] Deux motifs de sentiment me frappent surtout ; voudrait-on souffrir une nouvelle révolution pour renverser celle qui établit la république ?
Un seul, Montesicco, avec le reste de loyauté qui honore toujours même le crime dans l’homme dévoué, ayant appris qu’il fallait frapper ses victimes dans une église, au pied de l’autel, au moment de l’élévation qui courbe toutes les têtes devant l’image de Dieu, se récusa, non pour le crime, mais pour le lieu de la scène ; les deux prêtres, Maffei et Bagnone persévérèrent. […] François Pazzi se précipite sur lui pour l’achever, et, dans son impatiente fureur, se perce lui-même la cuisse en cherchant à le frapper de son épée.
Il n’y a pas grande merveille non plus dans les descriptions des dix images peintes en dehors sur les murs du verger d’Amour ; mais une chose frappe dans ces portraits : c’est la simplification hardie et juste des éléments moraux, et la précision minutieuse, nette, pittoresque des apparences physiques qui les revêtent et les expriment. […] Son œuvre a subi de durs assauts : mais il semble que les pieux esprits qu’il a scandalisés, Christine de Pisan, Gerson, aient été frappés de certains détails apparents et extérieurs, propos cyniques, épisodes immoraux, plutôt que du sens hardi et profond de l’ensemble.
Aussi, tout naturellement, les princes que Fénelon voulut rendre odieux au duc de Bourgogne, pour le détourner de les imiter, eurent-ils tous quelques traits du grand roi : les ennemis intérieurs et extérieurs de Louis XIV eurent raison d’en être frappés. […] Ce jeu irrite Bossuet, le logicien ferme et droit, qui fait de son mieux pour fixer les points du débat, pour débrouiller les équivoques : il frappe de plus en plus fort sur cet adversaire qui ne s’avouera jamais touché, tant qu’il ne sera pas assommé.
J’ai pu me figurer l’heure d’une fin de jour d’hiver, aux vastes fenêtres, pas l’ennui, qui frappa latéralement une compagnie avec goût composée. […] Surprendre habituellement cela, le marquer, me frappe comme une obligation de qui déchaîna l’Infini ; dont le rythme, parmi les touches du clavier verbal, se rend, comme sous l’interrogation d’un doigté, à l’emploi des mots, aptes, quotidiens.
que le vers acquît une plus totale fermeté, qu’un labeur patient achevât ce que les dons innés commencèrent, que l’artiste arrachât les quelques négligences laissées par le poète, — que ce fût par exemple la trame élastique et indéchirable des vers de Stéphane Mallarmé ou l’infrangible et sonore métal frappé du sceau de Hérédia ; que ce fût aussi l’impeccable et classique syntaxe des Trophées, ou cette autre syntaxe d’une intellectuelle logique, souple, fuyante mais impressive, étroitement serrée et pourtant impalpable, qui étonne et séduit dans l’Après-midi d’un faune ou dans Hérodiade. […] Les Cygnes comme la Chevauchée montrent l’élan direct d’un cœur impatient de bondir et de frapper de son choc d’autres cœurs, le vœu d’une personnalité prompte à se manifester, insistante, impérieuse.
Quels sont les noms qui frappent à la première vue jetée sur l’histoire de cette époque ? […] Si de tels hommes ont été frappés d’incapacité, est-ce leur faute ?
— La jeune fille est frappée deux fois par cet odieux mensonge : sa réputation est flétrie et son avenir est perdu. […] Alors Bernard, les bras ouverts, tend à Léopold la joue qu’il vient de frapper : « Efface !
Ces avantages sont répandus et comme disséminés dans un ensemble d’effets généraux insensibles qui tiennent au contrôle de la publicité et à tout ce qu’elle prévient d’abus : au contraire, les inconvénients de cette liberté sont directs et très sensibles ; ils touchent et frappent chacun. […] M. de Malesherbes, avec sa bonté naturelle, se trouva alors dans la situation la plus pénible, obligé de réserver et de maintenir les droits de son père, de négocier avec le Parlement, qui n’en tint compte et lança son arrêt, de rassurer et de conseiller son ami Helvétius tout en le frappant, et de frapper enfin le pauvre censeur Tercier qu’on demandait de toutes parts pour victime et qui n’avait été que maladroit.
» Il aime et affecte ces métaphores de foudre, de coups de tonnerre : « La Révolution est comme un coup de foudre, il faut frapper. » C’est ainsi encore qu’il dira en paroles d’airain, que l’Histoire cependant ne peut s’empêcher de graver, car elles apportaient avec elles leurs actes terribles : Que le cours rapide de votre politique entraîne toutes les intrigues de l’étranger. Un grand coup que vous frappez retentit sur le trône et sur le cœur de tous les rois ; les lois et les mesures de détail sont les piqûres que l’aveuglement endurci ne sent pas… On trompe les peuples de l’Europe sur ce qui se passe chez nous ; on travestit vos discussions, mais on ne travestit point les lois fortes : elles pénètrent tout à coup les pays étrangers comme l’éclair inextinguible.
À entrevoir les résultats de la science, ils croient en posséder les secrets ; à se promener dans la partie du domaine de la connaissance qui a clé aménagée pour l’intelligence vulgaire ils se croient aptes à s’engager dans ses taillis les plus inextricables et à découvrir des routes nouvelles ; à manier et à posséder tine monnaie qui procure les choses, ils croient, que cette monnaie est frappée à leur effigie et qu’ils ont eux-mêmes le pouvoir d’émettre des pièces d’or nouvelles. […] L’intelligence humaine, la faculté de comprendre elle-même, devient le thème de la représentation et nous apparaît atteinte du même mal dont nous avons vu quelques esprits frappés.
Elles font foi également, et avec la même force, soit qu’elles s’appliquent à des coupables, soit qu’elles frappent des innocents. […] La découverte du vaccin contre la rage est peu de chose comparée aux admirables travaux de Pasteur sur la dissymétrie moléculaire ; mais par sa portée pratique elle a frappé l’imagination populaire et a illustré le nom du savant.
* * * — Des jours hostiles et de malechance, où l’on voudrait, ainsi que dans un gros temps, fermer les sabords de sa maison, et se dérober aux gens qui frappent à votre porte, aux lettres que le facteur dépose dans votre boîte. […] Je suis frappé de la pâleur de cire de ses mains.
Les fragments dont il est question, l’une inspiration magnifique et nouvelle, avaient l’accent d’une personnalité si rare, qu’ils frappèrent également les esprits puissants et les esprits délicats. […] III Dans la correspondance qui nous reste de Mme de Guérin, nous trouvons cette phrase qui nous frappe : « Le salut ne serait-il qu’au désert ?
A une heure, Jean Rival, en menant sa section, tombait frappé d’une balle à la tête. […] Quand la nuit viendra, nous unirons nos cœurs. » Sur son passage, il note : « Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les vieilles femmes.
Cet homme eut l’oppression des montagnes sur le cœur ; il en eut la noble infirmité et le chaos dans les hasards de ses délirants systèmes ; il en eut les contours et la virginité dans le galbe sans soleil de son style blanc et terne. » Mais c’est en entrant dans le Valais seulement que l’on comprend bien certaines descriptions désolées d’Oberman et ces contrées d’un amer abandon : le pays et le livre s’expliquent l’un par l’autre, et je me suis dit tout d’abord à cette vue : Et l’ombre des hauts monts l’a durement frappé !
Quand je suis seul et que je souffre, dans ma chambre, près d’un livre que je ne lis pas, je rêve sans trop presser mes pensées, je me résigne, je jouis d’une tristesse sévère ; et à ma porte, sans avoir frappé, se présentent debout ces deux hôtesses silencieuses, la Philosophie et la Nécessité, belles encore dans leur attitude auguste, — mais combien différentes de ce que me furent autrefois ces deux jeunes déesses, la Grâce et le Désir !
Il y a dans Werther un passage qui m’a toujours frappé par son admirable justesse : Werther compare l’homme de génie qui passe au milieu de son siècle, à un fleuve abondant, rapide, aux crues inégales, aux ondes parfois débordées ; sur chaque rive se trouvent d’honnêtes propriétaires, gens de prudence et de bon sens, qui, soigneux de leurs jardins potagers ou de leurs plates-bandes de tulipes, craignent toujours que le fleuve ne déborde au temps des grandes eaux et ne détruise leur petit bien-être ; ils s’entendent donc pour lui pratiquer des saignées à droite et à gauche, pour lui creuser des fossés, des rigoles ; et les plus habiles profitent même de ces eaux détournées pour arroser leur héritage, et s’en font des viviers et des étangs à leur fantaisie.
Loève-Veimars l’a rempli avec simplicité et sentiment ; lui aussi il sait peindre ; il nous a peint tour à tour Aloysius Block et l’abbé Joie, portraits à la flamande, et récemment Casimir Périer moribond, en traits historiques qui ont fortement frappé.
Homme de guerre, d’escarmouche rapide, archer fuyant et un peu cruel, il s’est jeté parmi nous, sur notre rive du Rhin, et de là, il nous a montré comment il savait décocher l’ironie et frapper au cœur des siens quand les siens n’étaient pas des nôtres.
L’idée de liberté, ainsi adoptée dans sa plénitude rejoignait si bien l’autre idée première d’association pacifique et d’unité intellectuelle à établir entre tous les peuples ; elle y ramenait si directement en faisant tomber les douanes de diverse nature qui s’opposaient à la communication libre des nations les unes avec les autres ; le moyen, en un mot, semblait si bien adapté au but, et le but tellement ressortir du moyen, qu’un homme dont toute la vie avait été consacrée à produire cette association et cette unité, Saint-Simon, frappé vivement de l’aspect du journal et de sa tendance définitive, crut un moment qu’il y avait peu à faire pour élever et consacrer l’idée du Globe à sa propre conception.
Je frappai du pied le sol, et je me rendis compte de sa résistance ; mais cette résistance me semblait illusoire ; il ne me semblait pas que le sol fût mou, mais que le poids de mon corps fût réduit à presque rien.
C’est que les astres ne nous envoient pas seulement cette lumière visible et grossière qui frappe nos yeux de chair, c’est d’eux aussi que nous vient une lumière bien autrement subtile, qui éclaire nos esprits et dont je vais essayer de vous montrer les effets.
C’est le simple, c’est le vrai qui, dans cette âme candide, l’attire et le retient, et n’est-il pas évident, qu’au milieu des dandies amers, secs, brûlés, que sont les autres, la spontanéité, disons l’ingénuité de style et de pensée de Desbordes-Valmore frappe comme un rappel d’enfance et séduit comme une vertu ?
Jamais on ne trouve chez lui ce pédantisme fatigant des Juifs de son temps, ces déclamations contre l’idolâtrie, si familières à ses coreligionnaires depuis Alexandre, et qui remplissent par exemple le livre de la « Sagesse 648. » Ce qui le frappe dans les païens, ce n’est pas leur idolâtrie, c’est leur servilité 649.
Tel paysage, qui nous a charmés, parce que nous l’avons traversé dans une heureuse disposition d’humeur, parce qu’il s’est trouvé ce jour-là en harmonie avec notre état d’esprit, se grave dans notre mémoire avec une énergie singulière et garde dans nos souvenirs une importance disproportionnée avec la durée pendant laquelle il a frappé nos regards.
Il en fut de la langue comme il en serait de la monnaie, si tout le monde avait la liberté d’en frapper : d’abord on en mettrait beaucoup de mauvaise en circulation, avec une certaine quantité de bonne : mais bientôt celle-ci aurait la préférence.
Elle en tomba dans le désespoir, elle se trouva mal ; la fureur succéda à la défaillance ; elle poussa des cris ; elle s’arracha les cheveux, elle se roula par terre ; elle tenait un couteau, incertaine si elle s’en frapperait ou son tableau.
Un endroit devoit quelquefois se prononcer suivant la note plus bas que le sens ne paroissoit le demander, mais c’étoit afin que le ton élevé où l’acteur devoit sauter à deux vers de là frappât davantage.
Elle frappe tous ses lecteurs.
Sans existence positive avant ce grand homme, fortement organisé sous ses successeurs, ébranlé par les croisades, frappé à mort par Louis XIV, le régime féodal vient d’être remplacé par le gouvernement constitutionnel, par le système représentatif, enfant lui-même de nos plus anciennes traditions, de nos traditions que l’on pourrait appeler primitives.
S’il en avait eu, aurait-il demandé sa grâce au Régent dans des vers que de Lescure a publiés à la fin de son volume, et, la grâce obtenue, se serait-il relevé d’à genoux, à la mort du Régent, pour frapper d’une dernière Philippique la mémoire de l’homme qu’il ne craignait plus et qui lui avait pardonné ?
— frappait et refrappait, de sa baguette de fée enchanteresse, sur nos fronts charmés, et nous aveuglait de ces coups délicieux qu’on aime… Mais nous osons écrire qu’il nous aveuglait !
… À quoi pensait-il, au milieu d’événements qui auraient dû le frapper, l’avertir, le distraire des étiquettes et du tous les jours de la vie ?
Charrière — est devenu dans notre traduction les Mémoires d’un seigneur russe, c’est pour prendre avec ce titre le caractère du témoignage de l’aristocratie russe sur la situation du pays qu’elle domine. » Aveu plus forcé que naïf, et qu’il fallait bien faire tout d’abord pour expliquer ce changement de titre qu’on ose se permettre, mais qu’on expie presque immédiatement par un embarras qui commence : « Quelques fragments de cet ouvrage — ajoute le traducteur — avaient paru dans un journal de Moscou et frappé l’attention, quoique venant d’une plume inconnue et qui n’avait pas fait ses preuves devant le public… On était loin de prévoir l’impression que devait produire la réunion de ces morceaux, lorsque ayant été mis en volume et complétés dans leur ensemble, on put saisir la donnée supérieure qui s’en dégageait et qu’on vit s’y manifester la pensée intime de l’auteur ou plutôt l’inspiration sociale à laquelle il avait involontairement cédé… » Certes !
Saint Thomas d’Aquin ne serait donc qu’un tome second d’Aristote, si le théologien, l’homme de la science surnaturelle, ne le frappait pas tout à coup d’une différence sublime, — empreinte éternelle qui empêchera désormais les siècles de confondre cette tête rase de moine avec la tête aux cheveux courts de la médaille du Stagyrite.
Imagination spirituelle, et cela dans une époque où le talent, le lyrisme dans le talent, existait à haute dose, mais où l’esprit n’était pas la faculté la plus commune et la plus formidable, Jules Lefèvre frappait aussi par une sensibilité qui n’était ni la molle des uns ni la maladive des autres, et qu’il avait trempée, pour lui donner du ton, dans les sources amères et sombres de la poésie anglaise.
Ainsi la sentence fatale Frappe d’avance — On meurt de loin !
Bouilhet imite, sans pillerie grossière, mais avec une évidence qui frappera tous ceux qui se connaissent en poésie.
Leur pensée éveillée a-t-elle en sa tristesse Devancé chaque coup qui les frappe et les blesse ?