Je vous demande donc, mon très cher père, si l’on conserve dans Saint-Victor la même mortification intérieure et extérieure, telle qu’elle était dans son origine… Je vous demande encore si les frères de Saint-Victor, c’est ainsi qu’on les appelait, allaient à la campagne chez leurs amis, chez leurs parents, passer des trois semaines entières et des mois entiers ; s’ils allaient par la ville rendre des visites ; s’il en recevaient de toutes personnes et de tout sexe ; s’ils changeaient d’habits, s’ils en prenaient de plus propres et de plus mondains quand ils sortaient pour se montrer en public ; s’ils affectaient de ces airs libres et dégagés, pour ne pas dire licencieux, qui sont si contraires à la tristesse sainte de la modestie religieuse ; s’ils parlaient indifféremment et sans scrupule dans les lieux réguliers ; s’ils s’entretenaient de contes, d’affaires, d’histoires du monde, de plaisanteries, de nouvelles, qui sont choses qui doivent être entièrement bannies des cloîtres. […] Elles valent beaucoup mieux que les anciennes, et si la plus grande partie de celles que nous avons étaient changées et faites avec autant de succès, il y aurait beaucoup plus de piété à les dire.
Lorsqu’on descend le Rhône de Lyon à Avignon, il y a un moment, aux environs de Valence, où le ciel change ; l’azur est plus bleu, l’air plus limpide et plus transparent, les horizons se détachent en contours plus harmonieux : on est entré dans le pur Midi, dans la zone lumineuse. […] Maynard, après avoir épuisé le récit des infortunes d’Apollon et de ses exils terrestres, le montre rétabli dans sa gloire, mais jusque dans l’Olympe ayant à lutter toujours et à travailler, trouvant « avec l’honneur la fatigue mêlée » ; et il en tire une morale poétique qui semble d’abord toute dans le sens de Despréaux : Ne te rebute point ; change, corrige, efface.
La mort de son père changea ce plan, et il se tourna vers la carrière du professorat. […] Dans les épreuves de l’agrégation, on avait alors (cela a changé depuis) un adversaire ; on argumentait contre lui, on le poussait, on le piquait, on tâchait de le démonter : c’était comme dans un cartel.
Ses perruques si amples, qui font comme partie de sa personne, ne le protègent qu’à demi contre le froid de ses fastueux et incommodes appartements ; pour peu qu’il passe dans son Cabinet des perruques pour en changer, et qu’il en essaye quelques-unes, il court risque, chauve ou rasé qu’il est là-dessous, de se morfondre et de s’enrhumer du cerveau. […] Il discerne d’abord et rétablit, dans une page médicalement fort belle, la qualité du tempérament du roi que d’Aquin avait méconnue ; il change son régime.
Il en est des talents comme du serpent qui change bien des fois de peau, a dit Gœthe. […] Les hommes ne savent accepter avec reconnaissance ni de Dieu, ni de la Nature, ni d’un de leurs semblables, les trésors sans prix. » Mais ce ne sont pas seulement nos grands auteurs qui l’occupent et qui fixent son attention ; il va jusqu’à s’inquiéter des plus secondaires et des plus petits de ce temps-là, d’un abbé d’Olivet, d’un abbé Trublet, d’un abbé Le Blanc, et de ce dernier il a dit ce mot qui est bien à la française : « Ce Le Blanc était un homme très-médiocre, et pourtant il ne fut pas de l’Académie52… » Cependant la France changeait ; après les déchirements et les catastrophes sociales, elle accomplissait, littérairement aussi, sa métamorphose.
Mais l’on comprend très-bien, après cette merveilleuse campagne et cette sorte de pêche miraculeuse à laquelle on vient d’assister, et qui faisait de Foucault l’intendant modèle, celui qui était proposé à l’émulation de tous les autres, que Louis XIV, trop bien servi et trompé dans le sens même de ses désirs, ait cru pouvoir changer de système ; qu’il ait renoncé à l’emploi et au maintien des Édits gradués, précédemment rendus dans la supposition que les conversions traîneraient en longueur, et que, persuadé qu’il n’y avait plus à donner, comme on dit vulgairement, que le coup de pouce (tant pis pour le grand roi, s’il n’est pas content de l’expression, mais je n’en sais pas de plus juste), il se soit déterminé à révoquer formellement l’Édit de Nantes. […] Dès lors sa vie change, et n’étant, plus condamné à l’injustice, il redevient l’administrateur exact, ferme et assez aimable, qui va se faire une seconde et dernière réputation.
C’est ainsi qu’au temps où se composait la Nouvelle Héloïse, lui parlant du prochain mariage d’une jeune fille, il la montrait dans sa pudeur, se désolant à l’approche d’un époux : « C’est, disait-il, une eau pure qui commence à se troubler au premier souffle du vent. » Et il ajoutait, comme pour le piquer au jeu : « Dites de belles choses là-dessus. » Rousseau, en effet, répondant à l’appel, s’emparait de cette pensée et de cette image virginale, et l’employait dans la Nouvelle Héloïse à l’occasion du mariage de Claire (deuxième partie, lettre XV) : « Et, en vérité, elle est si belle, disait-il, que j’aurais cru la gâter en y changeant autre chose que quelques termes. » Il aurait même mieux fait de n’y pas changer un seul mot. […] Là, l’auteur de ces romances sentimentales, dont l’une a dû à Rousseau une si délicieuse mélodie, put faire connaissance avec l’abbé Métastase et causer musique avec lui ; mais cette agréable rencontre, et celle aussi du bibliothécaire de l’empereur, le philosophe Jameray-Duval, qui lui marquait confiance et amitié, ne lui rendirent pas l’habitude d’une Cour plus facile ; il y resta peu et changea bientôt d’emploi.
Une des réformes qu’il propose avec le plus d’insistance et d’énergie, c’est de changer la loi des successions et de rendre au père de famille l’entière liberté testamentaire, moyennant laquelle celui-ci pourrait instituer un principal héritier chargé de continuer son œuvre. […] D’autres font un autre genre d’objections qui couperait l’idée à sa racine, et ils disent : Quand vous accorderiez la liberté de tester au père de famille, l’égalité est si bien passée dans nos mœurs, dans notre manière de voir et de sentir, que l’immense majorité des pères n’en userait que dans le sens du droit établi et dans l’esprit de la loi actuelle ; et rien ne serait changé.
Armand Lefebvre prétende qu’il n’y ait pas eu, de la part de la puissante et orgueilleuse nature, bien des promptitudes, des emportements, des complications inutiles et funestes ; mais il estime que ces torts dont l’oligarchie européenne s’empara et fit son profit, n’ont pas notablement changé les éléments essentiels ni les conditions inhérentes aux situations respectives. […] L’expansion de 89 changeait de forme, mais elle n’était pas épuisée.
J’ai désormais des devoirs plus simples et plus clairs ; le reste de ma vie sera, je l’espère, consacré à les remplir, selon la mesure de mes forces… Qu’on ne s’y trompe pas, le monde a changé : il est las des querelles dogmatiques. » Telle est la déclaration formelle que M. de La Mennais exprime aux dernières pages de ce livre ; les termes seuls dans lesquels elle est conçue montrent assez que, si le nouvel écrit est destiné à clore la série de ceux que l’auteur a publiés à partir des Réflexions sur l’État de l’Église, datant de 1808, il ne leur ressemble ni par les principes ni par le ton, et que, sinon pour le sujet et la matière, du moins dans les pensées et les conclusions, il se rattache déjà à cette série d’écrits futurs que nous promet l’illustre auteur. […] Il y a dans sa conduite d’alors et dans sa tendance d’aujourd’hui cette véritable, cette seule ressemblance, à savoir qu’il ne s’est jamais borné et même qu’il n’a guère jamais aimé à envisager le christianisme, comme tant de grands saints l’ont fait, par le côté purement intérieur et individuel, par le point de vue du salut de l’âme et des âmes prises une à une, mais qui l’a embrassé toujours de préférence (et en exceptant, si l’on veut, son Commentaire sur l’Imitation et sa traduction de Louis de Blois) par le côté social, par son influence sur la masse et sur l’organisation de la société ; et c’est ainsi qu’il se portait avant tout pour la défense des grands papes et des institutions catholiques. « Jésus-Christ, disait-il en 1826, ne changea ni la religion, ni les droits, ni les devoirs ; mais, en développant la loi primitive, en l’accomplissant, il éleva la société religieuse à l’état public, il la constitua extérieurement par l’institution d’une merveilleuse police, etc. » Toutefois les moyens que M. de La Mennais proposait et exaltait jusqu’à la veille de juillet 1830 étaient, il faut le dire, séparés du temps actuel et de sa manière de penser présente par un abîme.
Les gouvernements d’Italie, tous plus ou moins aristocratiques, avaient peu changé de forme sous la domination romaine, et s’étaient comme pétrifiés au point où la conquête les avait saisis. […] A Rome, enfin, le parti démocratique n’était pas un allié très-fidèle et très-chaud de la cause italienne, bien que des tribuns essayassent parfois de donner le change et de confondre.
« On peut assurer, dit-il, que l’Académie changea de face à ce moment ; de peu connue qu’elle étoit, elle devint si célèbre, qu’elle faisoit le sujet des conversations ordinaires. »— Perrault, en effet, avait bien vu ; cet homme d’esprit et d’invention, ce bras droit de M. […] Ils sont aussi déraisonnables qu’un architecte qui, voulant changer une prison en maison de plaisance, se bornerait à refaire la façade de l’édifice, et qui conserverait les cachots dans l’intérieur du bâtiment. » Ne dirait-on pas que quelques années auparavant, au plus beau temps de son crédit et de sa faveur, quand il siégeait en son cabinet du ministère, M.
Le seul motif que l’on allègue pour changer entièrement le ton et les formes qui maintiennent les égards et servent à la considération, c’est le despotisme que les classes aristocratiques de la monarchie exerçaient sur le goût et sur les manières. […] L’on n’appelait aux grandes places, dans l’ancien régime, que les individus accoutumés, dès leur enfance, aux privilèges et aux avantages d’un rang supérieur ; le pouvoir ne changeait presque rien à leurs habitudes : mais dans la révolution, des magistratures éminentes ont été remplies par des hommes d’un état inférieur, et dont le caractère n’était pas naturellement élevé : humbles alors sur leur mérite personnel, et vains de leur pouvoir, ils se sont crus obligés d’adopter de nouvelles manières, parce qu’ils occupaient un nouvel emploi.
Il est impossible de ne pas éprouver le besoin d’une doctrine nouvelle, qui porte la lumière dans cet affreux amas de prétextes informes, derrière lesquels se retranche l’esprit faux, ou l’homme vil ou l’homme coupable, comme si la transformation d’erreurs en principes, et de sophismes en conséquences, changeait rien à la fausseté radicale d’une première assertion, et palliait les effets détestables de cette logique de scélératesse. […] La preuve des combinaisons de l’esprit, est dans l’expérience et le sentiment ; et le raisonnement, sous quelques formes qu’on le présente, ne peut jamais ni changer, ni modifier la nature des choses : il analyse ce qui est.
Les molécules changent incessamment de place et dans ces déplacements continuels, les figures qu’elles forment passent successivement par toutes les combinaisons possibles. […] Par exemple, j’ai constaté que l’hydrogène s’unissait à l’oxygène sous l’influence de l’étincelle, et je suis certain que ces deux gaz s’uniront de nouveau, bien que la longitude de Jupiter ait changé considérablement dans l’intervalle.
Tenter une innovation religieuse, c’est faire acte de croyant, et c’est parce que le monde sait fort bien qu’il n’y a rien à faire dans cet ordre qu’il devient de mauvais goût de rien changer au statu quo en religion. […] Le XVIIIe siècle demeure ici notre éternel modèle, le XVIIIe siècle qui a changé le monde et inspiré d’énergiques convictions, sans se faire secte ou religion, en restant bien purement science et philosophie.
Un homme simple, synthétique, sans critique, est plus puissant pour changer le monde et faire des prosélytes que le philosophe inaccessible et sévère. […] Il avait été assez fin pour jouer tous les diplomates de l’Europe, assez hardi pour célébrer la messe de la liberté et se constituer schismatique ; mais, quand il s’agit d’une question théorique, il est un esprit faible et trouve tout simple que Nabuchodonosor ait été changé en bête, que l’âne de Balaam ait conversé avec son maître et que les diplomates du Concile de Trente aient été assistés du Saint-Esprit.
Il n’est pas douteux pourtant qu’il n’ait, dans son intimité de Passy, agi sur bien des hommes éminents qui prirent part ensuite à ce grand mouvement révolutionnaire, et qu’il n’ait contribué à leur donner plus de confiance et de hardiesse : « Franklin, nous dit Mallet du Pan, répéta plus d’une fois à ses élèves de Paris que celui qui transporterait dans l’état politique les principes du christianisme primitif changerait la face de la société. » Il est un de ceux qui ont le plus mis en avant cette doctrine de séculariser le christianisme, d’en obtenir, s’il se peut, les bons et utiles résultats sur la terre. […] Pour le moment, je vous donnerai seulement mon opinion, c’est que, bien que vos raisonnements soient subtils et puissent prévaloir auprès de quelques lecteurs, vous ne réussirez pas au point de changer les sentiments généraux de l’humanité sur ce sujet ; et, si vous faites imprimer cet ouvrage, la conséquence sera beaucoup d’odieux amassé sur vous-même, du dommage pour vous, et aucun profit pour les autres.
Tout se changeait en ange et en démon. […] Le fou est absolument incapable d’attention, il est subjugué par les idées qui l’occupent et par son imagination ; il ne peut changer les rapports de ces idées entre elles ; il ne peut suivre la trace d’une vérité qui apparaît ; il ne peut lier les faits et les causes, les conséquences et les principes-.
De plus, les lois y sont instables : on les change sans cesse, sans attendre même qu’elles aient produit leur effet ; les gouvernants n’y sont pas toujours les plus éclairés, ni même parfaitement honnêtes, parce qu’ils sont souvent besoigneux. […] Or l’activité politique, quand elle ne se change pas en fièvre désordonnée, détermine et développe tous les autres modes d’activité, le commerce, l’industrie, l’agriculture, la science, au moins dans ses applications.
Un continuateur de Banville pourrait m’objecter qu’avec le vers libre la difficulté ne fait que changer et que l’aphorisme de Banville demeure entier : soit : si le vers pseudo-classique ou le vers romantique faible ne se distingue que par la rime, et peut être confondu avec de la prose, le vers libre, plus flottant, pourra être confondu avec une prose poétique, rythmée et nombrée, avec une sorte de musique. […] * Observons que si la méthode rythmique a changé cela ne procède point seulement d’une volonté de varier les rythmes et les timbres du chant, mais encore d’une façon nouvelle d’envisager (à côté de l’unité rythmique), l’unité de beauté du vers.
les vieilles couleuvres ne changent pas de peau. […] Nous doutons fort qu’elles soient heureuses de cela… Seulement, Michelet pourrait bien racheter la brutalité de sa définition à force de madrigaux immenses et de poésies dans la tonalité de celle-ci : « Au nom de la femme et par la femme, souveraine de la terre, ordre à l’homme de changer la terre et de mettre le ciel ici-bas. » Ce n’est pas facile, mais c’est assez flatteur, et les femmes, dit-on, aiment la flatterie.
Les plans lointains du panorama dessinaient leur succession par une série de bandes horizontales, de plus en plus claires, bordées de lignes sinueuses, et — dans la transfiguration marine que subissait alors, en l’esprit de Victor Charme, le majestueux spectacle, — ces lignes de plans scandaient par larges lames la houle tumultueuse des combles ardoisés, changés en croupes de flots mouvants… « Voyez, dit-il, ne se croirait-on pas au bord d’une falaise ? […] Car ce sont là de saines nécropoles ; l’air empesté des tombes s’y change en virils et généreux parfums. « Pourquoi donc n’aurions-nous pas, à notre tour, notre Westminster et notre Campo Santo ?
Les dogmes abstraits acquis par la science se changeaient ainsi en émotions personnelles et en espérances journalières ; dans une observation de psychologie, dans une classification de logique, il apercevait contenus sa conduite et son bonheur. […] J’en vins même à me convaincre que je ne comprenais véritablement que ce que j’avais trouvé moi-même ; je perdis toute foi à l’instruction transmise ; et dès lors je n’ai point changé d’opinion.
Comparez les deux traductions, la complète et l’incomplète, la moderne et l’ancienne, et vous apercevrez l’analyse, sa nature, ses instruments et ses effets : « L’estomac change les aliments en bouillie. » Voilà la science ancienne ; elle tient en une ligne. […] Avec des couteaux et des scalpels, on met à nu l’estomac, et on remarque que, lorsqu’il reçoit les aliments, il change de forme et de direction.
Il est bien changé aujourd’hui, et il semble, en vérité, qu’en serrant à son cou la cravate blanche du chroniqueur officiel, il ait étranglé sa verve au passage. […] Mais ont-ils gagné au change, depuis que, devenus pour la plupart avoués ou juges de paix, au fond de leur province, ils font leur société de trois idiots d’une sous-préfecture ? […] et lorsque son style, flairant l’impiété, semble montrer les dents aux grandes figures de Rabelais, de Montaigne, de La Fontaine, de Molière, de Voltaire et de Rousseau, — ne prenons pas le change ! […] — M. d’Avrigny, de l’Assemblée nationale, change bien, d’un trait de plume, les yeux d’une Parisienne en une paire d’arrosoirs ! […] Il ne faudrait pas cependant que ce succès, mérité en partie, fit prendre le change à une actrice de talent.
Lamartine croyait à l’inspiration spontanée. « Créer est beau, disait-il, mais corriger, changer, gâter est pauvre et plat. […] Souvent je voudrais changer un mot, et pourtant je le laisse, la puissance d’exécution ne répondant pas à mon goût. […] La peinture aussi change ; on ne peint plus comme Raphaël ou Rembrandt ; mais chaque peintre continue à chercher la forme et la perfection. […] Comment s’entendrait-on avec autrui, quand on change si souvent d’opinion soi-même ? […] Rien de plus vrai et, sans remonter jusqu’au latin, que de mots ont changé de sens dans notre propre langue !
Les choses, je crois, n’ont point tant changé pour le fond. Ce qui a le plus changé, c’est l’aspect, c’est le costume, ce sont les façons. […] Tout cela a bien changé. […] Bref, on me changeait trop soudainement mon plaisir. […] Lahirel a changé de méthode.
Il reproduit les travers de la société pour en rire ; il s’inspire des sentiments à la mode pour les poétiser : il épure les idées, mais ne cherche point à les changer. […] Qu’il change ma destinée ? […] S’il ne peut pas empêcher ses affections de changer, ne peut-il pas leur résister et les contenir ? […] Comme Sganarelle, il a changé les choses de place, il a mis à droite ce qui était à gauche, voilà tout. […] Qui a nié l’une, essaiera de changer l’autre : la logique des idées et celle des passions y poussent inévitablement.
Une jeune Espagnole aux grands yeux pénétrants ; Et sa voix se mêlait à la voix des rafales Qu’on entendait mugir au-dessus des torrents… Si j’osais conjecturer, je dirais que par toutes ces figures diverses qu’a évoquées autour d’elle l’imagination de l’ouvrière-poète, elle s’est plu à multiplier, comme dans un miroir légèrement enchanté, des images d’elle-même, et elle n’a changé que juste ce qu’il fallait pour pouvoir dire : Ce n’est pas moi !
S’il avait eu un de ces éclairs d’indignation comme en avait à ses côtés sa généreuse compagne, si le sang lui avait monté au visage, s’il s’était souvenu qu’il était le dernier roi d’une race militaire, s’il avait résisté à la force par la force, l’épée à la main, avec ses dévoués serviteurs qui y comptaient ; si, dans le conflit, il s’était seulement fait tuer en gentilhomme sur les marches de son palais, l’histoire de la Révolution eût changé ; il n’y aurait pas eu cette tache juridique sanglante qui s’appelle le procès de Louis XVI, et qui fut la plaie livide et toujours ouverte pendant de longues années.
alors, les soupirs se changent en cris amers, et comme la jeune Captive qui ne veut pas mourir encore, on crie : je ne veux pas vieillir !
Si l’on s’attaque à un lyrique, la question change, et il est permis de douter que la même manière convienne.
Quant au public, le drame moderne ne l’a pas changé : le peuple d’Athènes aimera toujours la comédie.
Nous avons changé tout cela.
Comme tout change d’un moment à l’autre !
Il faut que la vérité ait changé de nature, depuis qu’il a entrepris de nous l’enseigner.
Il y avait péril, en effet, à changer ainsi brusquement d’auditoire, à risquer sur le théâtre des tentatives confiées jusqu’ici seulement au papier qui souffre tout ; le public des livres est bien différent du public des spectacles, et l’on pouvait craindre de voir le second repousser ce que le premier avait accepté.
Ce maître d’école, étant allé demeurer à Venise, y changera le nom de Burden contre celui de Scaliger, parce qu’il avoit une échelle pour enseigne, ou parce qu’il habitoit la rue de l’échelle.
Quatre chapitres qui viennent ensuite résoudront les difficultés les plus graves et les plus apparentes de la théorie : c’est d’abord la difficulté des transitions, c’est-à-dire comment il se peut qu’un être rudimentaire ou un organe simple se soit changé en un être d’un développement élevé et parfait ou en un organe ingénieusement construit ; secondement, l’instinct ou les facultés mentales des animaux ; troisièmement, l’hybridité ou la stérilité des croisements entre espèces et la fécondité des variétés croisées ; quatrièmement, l’insuffisance des documents géologiques.
On voudroit inutilement faire changer de sentiment aux italiens, et l’on se doute bien de ce qu’ils répondroient à l’étranger qui s’aviseroit de les réprimander sur la dépravation de leur goût.
Gide découvrira probablement par la suite que ce bohémianisme devient à la longue un peu monotone ; que la variété, comme le bonheur, est en nous ; que ce qui dure est moins décevant après tout que ce qui change et que le premier de ces éléments est nécessaire pour goûter toute la saveur du second : on n’a tout le plaisir du voyage que si au départ on quitte un foyer avec la perspective de le retrouver au retour. […] Que de fois n’ai-je pas admiré la manière dont fond la neige : on dirait que le manteau s’use par en dessous, et son aspect reste le même. » A chaque hiver, Amélie y est prise et déclare : « La neige n’a tou-toujours pas changé ; on la croit épaisse encore quand déjà la voici qui cède, et tout à coup de place en place, laisse reparaître la vie. » Ce qui coûte au maître le plus de peine, c’est de donner à la jeune aveugle une idée des couleurs. […] Gide ne faisant pas de politique, je n’ai même pas eu à me demander s’il était royaliste ou républicain, ce qui n’aurait d’ailleurs rien changé à mes jugements sur ses écrits. […] Les mœurs ont changé. […] Il m’échappe, il me paraît changer à toute heure.
Tout était changé dans la maison de Swift. « À mon arrivée, dit-il, je crus que je mourrais de chagrin, et tout le temps qu’on mit à m’installer, je fus horriblement triste. » Des larmes, la défiance, le ressentiment, un silence glacé, voilà ce qu’il trouvait à la place de la familiarité et des tendresses. […] Telle fut la puissance de l’Examiner, qui changea en un an l’opinion de trois royaumes, et surtout du Drapier, qui fit reculer un gouvernement. […] En un instant, par besoin d’action, il frappe, caresse, change cent fois de ton, de visage, avec de brusques mouvements, d’impétueuses saillies, quelquefois enfant, toujours homme du monde, de goût et de conversation. […] Par exemple, la mode en ce moment était aux nœuds d’épaule (shoulder-knots), et le testament de leur père leur défendait expressément d’ajouter, de changer, ou d’ôter rien à leurs habits. « Après beaucoup de réflexions, l’un des frères, qui se trouvait plus lettré que les deux autres, dit qu’il avait trouvé un expédient. […] If we let these great ministers pretend too much, there will be no governing them… One thing I warned him of, never to appear cold to me, for I would not be treated like a school-boy ; that I expected every great minister who honoured me with his acquaintance, if he heard or saw anything to my disadvantage, would let me know in plain words, and not put me in pain to guess by the change or coldness of his countenance or behaviour ; for it was what I would hardly bear from a crowned head ; and I thought no subject’s favour was worth it ; and that I designed to let my lord Keeper and M.
Duval, instruit du départ prochain de M. de Saint-Pierre, fit tous ses efforts pour changer sa résolution ; mais, ne pouvant y réussir, il lui ouvrit généreusement sa bourse ; et le même jeune homme qui venait de refuser les dons d’un maréchal d’empire, parce qu’il ne pouvait voir en lui qu’un protecteur étranger, consentit à emprunter dix roubles (50 fr.) d’un simple particulier dans lequel son cœur voyait un ami. […] C’était lui qui n’était plus le même, dit-il, et il s’affligeait de trouver tout changé. […] monsieur Henri, les temps sont bien changés ! […] Souvent elles les changeaient de lait: « Mon amie, disait madame de la Tour, chacune de nous aura deux enfants, et chacun de nos enfants aura deux mères. » Comme deux bourgeons qui, restés sur deux arbres de la même espèce dont la tempête a brisé toutes les branches, viennent à produire des fruits plus doux si chacun d’eux, détaché du tronc maternel, est greffé sur le tronc voisin: ainsi ces deux petits enfants, privés de tous leurs parents, se remplissaient de sentiments plus tendres que ceux de fils et de fille, de frère et de sœur, quand ils venaient à être changés de mamelle par les deux amies qui leur avaient donné le jour. […] Ils portaient leurs fusils baissés: leurs tambours, couverts de longs crêpes, ne faisaient entendre que des sons lugubres, et on voyait l’abattement peint dans les traits de ces guerriers, qui avaient tant de fois affronté la mort dans les combats sans changer de visage.
Cette dernière raison fit changer de résolution le pape. […] L’université change de recteur. […] Il changea les règlemens de l’université, toutes les fois qu’elle lui mit l’autorité en main. […] Innocent X mourut vers ce tems-là ; mais les choses ne changèrent pas de face. […] Les matelots Italiens, prenant meilleure opinion de lui, changèrent de résolution.
Aucune des empreintes ne peut changer sans entraîner le changement des autres, parce que si l’une d’elles change, c’est par le changement du sceau. […] Pourquoi le protectorat n’a-t-il pu se changer en royauté ? […] Pourquoi le roi change-t-il de politique ? […] L’homme, comme toute chose vivante, change avec l’air qui le nourrit. […] Mais la formule du préteur et la toge n’avaient point changé leur cœur.
Elle s’impose à notre vie de chaque jour, change peu à peu les dispositions de nos demeures, modifie nos habitudes. […] C’est cette fermentation charnelle qui nous donne le change sur la valeur morale de cet art néfaste. […] Ces aristocraties turbulentes et entreprenantes ont maintenant à changer de mœurs. […] Il n’aurait pas changé son visage grotesque pour celui de l’Antinoüs ou de l’Apollon Pythien. […] Maintenant tout était changé.
Paroles présomptueuses que les amants crient parfois très haut pour donner le change, en le prenant eux-mêmes ! […] C’était la créance commune ; mais tout a changé. […] Mais là tout change, à cause de la qualité. […] Ce Dieu qui en fleur t’a changée N’a point changé ta volonté ; Encor, belle fleur orangée. […] Son état tenait de l’imbécillité, et cet état ne changea point jusqu’au dix-septième jour de sa maladie, qui fut celui de sa mort.
La vie avait pu le changer, mais il n’avait rien changé à sa vie. […] Soudain mon essouflement se changeait en un violent battement de cœur, à côté de moi, un vieux monsieur était assis, robuste et un peu trapu. […] Rien n’avait changé dans la mosquée magique. […] Pendant les années 1785, 86, 87, 88, les lettres de change se suivent régulièrement, presque toujours signées de M. […] Mme de Chasans se sert sans façon de Monge pour faire passer des lettres de change à ses fils.
Les fruits, selon les régions, changent d’odeur, de couleur, de suc, de grosseur et même de forme. […] Le Dantec se console en songeant que les théories ne changent rien aux faits. […] Dès que l’on connaît sa cause, il change de cause. […] Le nez de Cléopâtre, dit Pascal, s’il eût été plus court, la face du monde était changée. […] Des assassinats se peuvent justifier ; le mot assassinat ne peut changer de signification générale.
Cela ne plut guère à La Rochefoucauld, qui pria Mme de Sablé de changer un peu ce qu’elle avait fait.
Cette démence sacrée, cette sainte fureur qui saisit les hommes ou les dieux et qu’exprime le mot μέμηνεν, se change en ce terme burlesque de fou qui tombe à la fin du vers, comme dans cette ballade du fou de Tolède, de Victor Hugo, où du moins l’effet est à sa place.
Thiers : le courant des idées est si changé en France, et les esprits sont tellement tournés à une admiration presque sans réserve pour la force et pour l’organisation, qu’on remarque à peine la sévérité que montre l’historien contre la résistance politique du Tribunat.
Mais plutôt entraînement spécial à transformer le retentissement émotif en notions intellectuelles, à changer automatiquement les images concrètes — terrifiantes à l’état d’image — en éléments abstraits de diagnostic, éléments intéressants mais non plus émouvants.
Elle existe toujours, mais a changé de destination et la façade en est masquée par une construction neuve.
Toutes ces naïvetés-là ont changé de nuance jusqu’à Voltaire, qui fut libre, leste et gai, mais avec une retenue dont la société de madame Duchatelet lui avait fait sentir la convenance.
Ce jésuite, dont tous les écrits respirent l’enjouement & les graces, changea de ton, & prêcha la plus austère morale.
La multitude de ses négligences a confirmé cette opinion ; mais sa négligence n’était que la paresse d’un esprit aimable qui craint le travail de corriger, de changer une mauvaise rime, etc.
C’est par l’opposition qui se trouve entre ce grand cœur, cette princesse si admirée, et cet accident, inévitable de la mort, qui lui est arrivé comme à la plus misérable des femmes ; c’est parce que ce verbe faire, appliqué à la mort qui défait tout, produit une contradiction dans les mots et un choc dans les pensées, qui ébranlent l’âme ; comme si, pour peindre cet événement malheureux, les termes avaient changé d’acception, et que le langage fût bouleversé comme le cœur.
Metternich et Haller ont vu qu’il y a des vérités générales providentielles qu’on ne changera pas.
Ainsi, dans l’espace de près de cinq cents ans, les lois, les mœurs, les arts, le gouvernement, la religion, le langage même, tout avait changé ; et dans le pays où César et Caton, Cicéron et Auguste avaient parlé aux maîtres du monde, en attestant souvent les dieux de l’empire et près de l’autel de la victoire, un Gaulois, chrétien et évêque, haranguait en langage barbare, un roi goth venu avec sa nation des bords du Pont-Euxin pour régner au Capitole.
Mais pour ne point laisser de doute sur cette succession naturelle, nous examinerons comment chaque état se combine avec le gouvernement de l’état précédent ; mélange fondé sur l’axiome : lorsque les hommes changent, ils conservent quelque temps l’impression de leurs premières habitudes.
Leurs sentiments se changent aisément en passions, en passions qui agissent. […] De là une communication constante entre ces deux termes dont le rapport change suivant les siècles : le goût du public et l’inspiration de l’artiste. […] Ainsi la Renaissance eut pour premier effet d’attacher les yeux des modernes sur la beauté antique, qui est à tant d’égards la beauté idéale : elle leur donna une nouvelle forme artistique, sans changer d’abord les inclinations de leur âme. […] Mais elle n’a fait que changer de travail. […] Ils commentent éternellement le mot de Pascal : « Le nez de Cléopâtre, s’il eût été court… » et professent qu’il a dépendu d’un rhume de Napoléon, d’un verre d’eau répandu à la cour d’Angleterre, que la face de l’histoire fût changée.
Il fit Le Bossu et le porta à Féval ; mais Fechter avait changé d’idée ; il ne voulait plus être bossu. […] Tout le monde de l’argent, banquiers, agents de change, courtiers, remisiers, spéculateurs, y est étudié avec méthode. […] Jules Huret est venu me prendre, et je déclare que je n’ai rien à changer ni à cet article ni à cette interview. […] Le cordelier s’aperçut bien, en vieillissant, qu’il n’avait pas changé le train du monde. […] Elle ne change pas la condition de ces rapports et elle ne sera jamais que l’expansion sublime du sensualisme.
M. de Chateaubriand changea de route et prouva le christianisme par des élans de sensibilité et des peintures poétiques. […] Il peignit les avoués, les recors, les banquiers ; il fit entrer partout le Code civil et la lettre de change. […] Changez les habitudes de conduite et de pensée : à l’instant toutes les règles de style se trouvent changées. […] Par le changement des idées le caractère du prêtre a changé comme celui du roi. […] Ces justes, au lieu de monter au ciel, demeureront sur la terre dont les climats seront changés et qui deviendra un vaste jardin.
Sinon les choses changent complètement. […] Il peut les modifier, les refaire, en créer de nouveaux, il ne saurait tout changer. […] L’idée maîtresse subsistait, jusqu’au bout sans doute, mais elle se développait de manière à être très sensiblement changée, comme un enfant qui devient homme. […] Musset, qui offre une si riche mine d’associations par contraste, semble avoir parfois changé, d’une manière brusque, au témoignage de M. […] Le développement ne se poursuit pas toujours dans la même direction, il change de sens, sans que l’œuvre définitive se trouve déséquilibrée.
L’opposition prématurée et inique y reçoit même un coup de marotte : Graves auteurs, Froids rhéteurs, Tristes prédicateurs, Endormeurs d’auditoires, Gens à pamphlets, À couplets, Changez en gobelets Vos larges écritoires. […] V Au mois de juin, la note commence à changer avec le souffle populaire ; mais l’opposition, dans les couplets de cette année, ne s’adresse encore qu’à la Chambre obséquieuse, à l’aristocratie gourmée du faubourg Saint-Germain, au clergé envahissant, à la censure ombrageuse. […] XV Ici le rôle du poète change tout à coup : il devient homme d’État. […] Chaque flot du peuple qui pénétrait dans les vastes cours et dans les vestibules de l’hôtel faisait changer, par ses cris de victoire ou de colère, les paroles sur les lèvres des orateurs délibérants. […] Je multipliai mes visites à la rue de Vendôme : rien n’était changé, ni dans ses entretiens, ni dans son visage, ni dans la gracieuse nonchalance de ses habitudes dans sa chambre.
On la leur a donnée, et depuis ce temps on voit tout changer en histoire : l’objet, la méthode, les instruments, la conception des lois et des causes. […] Elle-même provient d’une autre cause plus générale, l’idée de la conduite humaine tout entière, intérieure et extérieure, prières, actions, dispositions de tout genre auxquelles l’homme est tenu vis-à-vis de Dieu ; c’est celle-ci qui a intronisé la doctrine et la grâce, amoindri le clergé, transformé les sacrements, supprimé les pratiques, et changé la religion disciplinaire en religion morale. […] Certainement, à chacun de ces deux points extrêmes, la conception générale n’a pas changé ; c’est toujours le même type humain qu’il s’agit de représenter ou de peindre ; le moule du vers, la structure du drame, l’espèce des corps ont persisté.
En passant le long des côtes des îles Canaries, Humboldt croyait voir des formes de montagnes depuis longtemps connues et situées sur les bords du Rhin, près de Bonn, tandis que les espèces de plantes et d’animaux changent avec le climat et varient encore d’après l’élévation ou l’abaissement des lieux. […] Il y a huit jours que cela dure.” » XV L’avènement du nouveau roi au trône ne changea rien à la situation culminante de Humboldt : les princes regardaient ce vieillard comme une pierre précieuse dont ils ornaient leur trône. […] Dans une lettre rendue publique et qu’il écrivait au beau-frère d’Arago, il se plaignait avec raison en ces termes : “Me voilà tristement payé de mon zèle et de ma bonne volonté.” » XVIII On voit par le sourire sarcastique que l’ami de Berlin lui prête dans ses dernières années, que son caractère, tempéré par les dernières années, n’avait pas changé.
Il en est autrement des harmonies : elles paraissent, en effet, contenir une sorte de Rythme particulier, s’attirent réciproquement et changent de l’une à l’autre en un perpétuel roulement ; mais ces évolutions procèdent par des progressions régulières et bien assises et ne sont en réalité qu’un résultat de l’inertie. […] Si, dans un poème, on les change sans repos selon les exigences du rythme, elles n’ont plus d’existence réelle puisqu’elles ne sont plus un nombre périodique, et leur nom, vainement conservé, ne peut servir qu’à faire confondre encore une fois les rythmes avec le chiffre des syllabes alignées. […] L’hédonisme est aussi méprisable en art qu’en philosophie ; il énerve, débilite, affadit ; il répugne aux grandes actions comme aux grandes pensées, change le beau en joli, l’héroïque en agréable, et doit susciter une indignation sévère chez tout homme qui veut agir ou créer.
Dans presque tous ses drames, sous l’éclat d’un malheur subit, le personnage frappé se changeait subitement en statue béante, retournée vers une ville en flammes ou des enfants massacrés. […] Il y revient avec une insistance indignée : — « La source ouverte des maux, c’est mon fils qui l’a déchaînée par sa jeunesse insolente : lui qui, chargeant de chaînes comme un esclave d’Hellespont sacré, voulut arrêter le divin Bosphore, changer la face du détroit, et, le captivant par des entraves forgées au marteau, ouvrir à une immense armée un chemin immense. […] La revue triomphale s’est changée en revue funèbre. — « Et Xanthés le Marde, qui commandait à dix mille soldats, et le vaillant Ancharès, et Dièxis, et Arsamès, maîtres des cavaliers, et Cédathatès, et Lythymnès, et Tolmos insatiable de combats ?
Rien ne ressemblait plus alors au poétique encadrement de l’apparition de Terni ; la scène avait changé, mais non la personne ; les années l’avaient embellie encore. […] Je restai seule, en proie à mes nouveaux transports ; Un céleste pouvoir secondait mes efforts ; Le Seigneur m’inspirait ; sa divine lumière Embrasait de ses feux mon âme tout entière, Et déjà l’avenir était changé pour moi. […] Je la trouvai peu changée ; elle avait maigri pendant son séjour à Saint-Germain, mais une coloration plus vive de ses joues, un éclat plus vif de ses yeux, un repos plus visible de ses traits, un timbre plus naturel de sa voix, me remplissaient de l’illusion d’une convalescence.
C’est un vieux mensonge, que les serpents changent de peau ! Et ce sera là, même, de n’en avoir pas changé, une des causes du succès de M. […] Elles ne sont pas souillées et déformées sous leurs pas en tombant du ciel en terre ; ils ne les ont pas vues se changer dans leurs mains en hideuses caricatures.
Mais, pendant l’expédition, survint une dépêche de la Cour, par laquelle Joyeuse apprenait que le vent avait tourné et que Henri III refaisait la guerre au roi de Navarre et à ceux de son bord : s’adressant à Rosny qui était présent quand le paquet arriva, il lui dit en riant qu’il espérait bien que cela ne changerait rien à son projet, et qu’il ne serait pas assez fou pour s’embarquer avec le roi de Navarre et perdre de gaieté de cœur sa belle terre de Rosny. […] Le compte entier ne s’y trouvant point (et encore ce qui paraissait n’était qu’en lettres de change), et Sully s’en plaignant au gentilhomme porteur et qui était le père de celui même qui avait donné l’avis, tout d’un coup, comme il se promenait dans la chambre avec ce gentilhomme, il arriva que les poches de celui-ci crevèrent et qu’il en sortit une traînée d’écus au soleil : « Nous ne nous amuserons point, disent les secrétaires, à réciter les colères de monsieur votre frère et de M. de Bellengreville (autre gouverneur), ni les risées du roi lorsque tout cela fut su. » Pour couronner le récit de cette petite affaire, il faut savoir que cet argent de contrebande, ainsi intercepté par Rosny, ne fit pas retour au roi et fut pour lui de bonne prise.
En matière de finances, de même que plus tard en artillerie et dans l’art des sièges, ne demandez pas à Rosny des inventions qui changent la science et la fassent avancer : il n’a pas de ces grandes vues générales, et souvent simples dans leur principe ; mais des inventions et des industries de détail, il en est plein ; il a toutes sortes d’expédients pour tirer parti des circonstances et pour rétablir les choses sur le meilleur pied et le plus solide. […] Il a horreur des mésalliances, et il appelle de ce nom les mariages des enfants de la noblesse d’épée « aux fils et filles de ces gens de robe longue, financiers et secrétaires, desquels les pères ne faisaient que de sortir de la chicane, de la marchandise, du change, de l’ouvroir et de la boutique ».
Mais je puis bien vous dire encore, en général, qu’il n’y a ni proportion, ni convenance, entre mes forces et mes désirs, entre ma raison et mon cœur, entre mon cœur et mon état, sans qu’il y ait plus de ma faute que de celle d’un malade qui ne peut rien savourer de tout ce qu’on lui présente, et qui n’a pas en lui la force de changer la disposition de ses organes et de ses sens, ou de trouver des objets qui leur puissent convenir. […] Au risque de démentir ses propres conseils de tout à l’heure, il dira à Mirabeau : Il n’est pas facile de changer son cœur, mais il est encore plus difficile de détourner le cours rapide et puissant des choses humaines ; c’est donc principalement sur nous que nous devons travailler, et la véritable grandeur se trouve dans ce travail.
Lorsqu’un secrétaire d’État arrivait pour le travail à l’heure indiquée, son sac rempli de dossiers et de dépêches, il avait eu soin de laisser dans chaque affaire un point sans importance à résoudre, dans chaque dépêche un ou deux mots à suppléer ou à changer ; le secrétaire d’État suggérait : le roi résolvait, suppléait, changeait et signait.
Après les formules et les cérémonies d’usage, elle se frotte le corpsd’une certaine pommade et se change à vue d’œil en oiseau. […] dans sa précipitation elle s’est trompée de boîte, et le bel amoureux, au lieu de devenir oiseau, se voit instantanément changé en âne, — le plus bel âne de Thessalie, l’Âne d’or, si vous voulez l’appeler ainsi, comme on dit l’Âge d’or, — un véritable âne pourtant, sauf qu’il garde sous ce poil et sous cette peau l’entendement d’un homme.
Il a dû changer d’armes plus d’une fois et se transformer pour se faire égal aux circonstances ; mais, certes, ce qui ne lui a jamais manqué, c’est le courage ; ce n’est pas non plus l’intelligence des temps, des moments et de la société moderne largement envisagée, hardiment comprise, et si souvent talonnée par lui ou devancée en plus d’un sens. […] La morale a changé de nom ; elle s’appelle maintenant statistique : c’est de la comparaison seule des faits que la vérité doit désormais jaillir… » Tel est ce petit livre où l’on ne saurait méconnaître le talent et dans lequel, à défaut d’éclat et d’originalité de forme ou de style, il y a exaltation, chaleur, et même de l’éloquence.
Nous avons changé de forme de bel esprit, voilà tout ; nous aimons l’emphase, le lyrisme ; nous poussons à l’enthousiasme : M. […] Ô mages de l’éternelle vérité, apôtres du sacrifice, pères de la sagesse, toi, Socrate, qui pris la ciguë, toi, son élève, ô Platon, — vous, Phidias et Praxitèle, sculpteurs de la beauté, — vous, disciples de l’Évangile, Jean, Paul, Augustin, — vous, apôtres de la science, Galilée, Képler, Newton, Descartes, Pascal, — et vous Raphaël et Michel-Ange, dont les conceptions resteront toujours nos modèles, — et vous, chantres divins, Hésiode, Dante, Milton, Racine ; Pergolèse, Mozart, Beethoven, seriez-vous donc maintenant immobilisés dans un paradis imaginaire ; auriez-vous changé de nature ; ne seriez-vous plus les hommes que nous avons connus et admirés, et dormiriez-vous maintenant, véritables momies, éternellement assis à votre place dernière ?
Les jugements successifs que l’ancien précepteur transmettait sur le compte de la princesse sont, nous devons le dire, fort judicieux dans leur modération, et nous semblent même d’une expression assez heureuse : « Mme la dauphine (1773) a beaucoup changé à son avantage depuis deux ans ; elle changera encore sur des articles importants : elle a l’esprit naturellement juste ; il serait à désirer qu’elle en fût plus persuadée.
Il est sans épée, mais les cheveux en bourse, et en habit brodé et galonné ; il doit deux millions dans Paris, et change tous les jours de maîtresse. » D’inconstances en inconstances et qui, toutes, faisaient bruit, il passa sous la bannière ou plutôt sous le joug d’une danseuse de l’Opéra, Mlle Leduc, qui exerça sur lui un durable empire, devint sa marquise de Pompadour au petit pied, tint bon jusqu’au bout, parodia même la Maintenon et finit par être épousée. […] Il ne perdait pas au change : il afferma l’abbaye de Saint-Germain pour 180,000 livres, « sans compter les prés réservés, et tout ce que les fermiers lui fournissaient de paille et avoine pour ses chevaux. » Avec cela, le Journal de Lhuynes nous apprend que certain jour il prétendit, ainsi que les princes du sang, ne pas devoir payer ses ports de lettres ; mais Louis XV, qui était assez ferme avec les personnes de sa famille, lui dit qu’il avait tort et qu’il devait les payer comme les autres.
Mais aussi, si jamais œuvres ne furent plus robustes, plus pleines, plus solidement édifiées sur le fond humain qui ne change pas, si jamais art ne fut plus sincère, plus probe et plus sûr, si jamais plus de grandeur ne fut unie à plus de clarté, et plus proportionnée à la capacité moyenne des esprits, en sorte que chacun peut trouver à comprendre et de quoi jouir même dans ce qui le dépasse infiniment, et qu’on ne saurait en épuiser la suggestivité ni en limiter la réceptivité, Boileau nous dit ou nous fait deviner comment cela s’est fait : sa doctrine met en lumière et ramène à son principe ce qui fait la beauté propre de la littérature classique et en assure la durée. […] Et Boileau, voyez-le tailler, rogner, changer, abréger son Longin, sans autre loi que son goût et le désir d’éviter de la peine à son lecteur, écartant les « antiquailles » (entendez ce qui suppose une teinture d’histoire ou d’archéologie), supprimant ce qui est « entièrement attaché à la langue grecque » (entendez ce qui suppose la connaissance du grec), substituant, dans une citation de Sapho, un « frisson » à une « sueur froide », parce que « le mot de sueur en français ne peut jamais être agréable, et laisse une vilaine idée à l’esprit ».
La métaphore soutenue plaît ou déplaît, selon que dans cette continuité l’on sent une rencontre naturelle ou une recherche laborieuse ; elle est de bon goût, quand les expressions figurées qui font cortège à la figure initiale naissent d’une création incessante de l’imagination, qui garde l’image comme elle la changerait, par la découverte instantanée et toujours renaissante de ressemblances successives ; elle est de mauvais goût, quand, par un renversement des rôles, l’esprit sacrifie la pensée à la figure, quand celle-ci, devenant tyrannique en cessant d’être dépendante, avide de durer, ne laisse plus pénétrer dans la phrase que les idées qu’elle peut absorber et amalgamer. […] Il y en a qui sont bonnes, fécondes, nécessaires, et la même change de valeur selon l’occasion.
Voici venir Giboyer ; il a vieilli, il n’a pas changé. […] Maréchal, menacé dans son éloquence, pousse les cris d’un geai qui verrait s’envoler le paon dont il pillait le plumage : ses cris se changent en clameurs lorsqu’il apprend que ce bachelier sans son ni maille ose aimer sa fille.
La Décade, avant d’expirer, avait changé de nom et d’esprit. […] Il eut assez de flexibilité pour changer sa manière.
Je trouve cependant que l’esprit de la Cour a bien changé depuis que je suis sortie de France, car le roi ne me paraissait point de ce sentiment lorsque j’avais l’honneur de l’entretenir ; ne serait-ce pas cela la cause de tous nos malheurs ? […] Puis, l’ayant suivie dans un cabinet, elle la vit à l’instant changer de ton.
Mariée à un agent de change, M. […] Je ne veux pas dire qu’à toutes ces époques diverses, on fasse des choses bien différentes, mais c’est la manière qui a changé.
À l’instant, me dit un des convives, l’esprit de la réunion changea et s’épura, les cœurs s’élevèrent ; il avait obtenu ce qu’il désirait. […] — « Citoyen… » — « Mais asseyez-vous donc, messieurs », reprend Carrel en montrant de la main des sièges, et il force, par ce simple accueil, ses interlocuteurs à changer de ton et à se rapprocher du sien.
Depuis vingt-cinq ans, le point de vue en ce qui regarde Boileau a fort changé. […] Par ses premières Satires, composées en 1660 et qui commençaient à courir (Damon, ce grand auteur, etc. ; Les Embarras de Paris), par celles qui suivirent immédiatement : Muse, changeons de style (1663), et la Satire dédiée à Molière (1664), Boileau se montrait un versificateur déjà habile, exact et scrupuleux entre tous ceux du jour, très préoccupé d’exprimer élégamment certains détails particuliers de citadin et de rimeur, n’abordant l’homme et la vie ni par le côté de la sensibilité comme Racine et comme La Fontaine, ni par le côté de l’observation moralement railleuse et philosophique comme La Fontaine encore et Molière, mais par un aspect moins étendu, moins fertile, pourtant agréable déjà et piquant.
Du moment que Frédéric monte sur le trône, ces riens prennent de l’importance et du caractère : ainsi, dès les premiers jours du règne, à la fin d’un billet insignifiant : « Adieu, lui écrit Frédéric ; je vais écrire au roi de France, composer un solo, faire des vers à Voltaire, changer les règlements de l’armée, et faire encore cent autres choses de cette espèce. » Dans un court voyage au pays de Liège, Frédéric voit pour la première fois Voltaire qui vient le saluer au château de Meurs sur la Meuse ; le roi, avant d’arriver en Belgique, avait fait une pointe sur Strasbourg où le maréchal de Broglie l’avait reçu, l’avait reconnu à travers son incognito, et lui avait fait les honneurs de la place. […] Qui aurait dit que la Providence eût choisi un poète pour bouleverser le système de l’Europe et changer en entier les combinaisons politiques des rois qui y gouvernent ?
Enfin, je l’ai déjà comparé à madame de Staël, mais c’est une madame de Staël changée en un Roméo littéraire qui serait très bien monté au balcon de l’autre, et que l’autre madame de Staël — la non transformée — aurait préféré pour la vitalité, la verve et toutes les diableries de l’expression, à ce sceptique blond de Benjamin, ce nom fade et faux qui sent le benjoin, tandis qu’il y a comme un coup de cymbale dans le nom tintant et frémissant de Xavier, qui sonne, pour Aubryet, comme un écho de son esprit ! […] Voilà pourquoi il a écrit, avec cette bonne amertume d’écorce d’orange, — et d’une orange qui ne tourne jamais à l’acide, — ce livre des Patriciennes de l’Amour qui est un livre de mécontent distingué, de sybarite qui veut qu’on lui change ses roses, d’homme qui a fini par trouver que la vertu pourrait bien être du piquant… et le vice, de la piquette !
Gardez plutôt la théorie qui déclare les vivants tout formés dans l’ovaire ; dites que l’animal ne se crée pas, qu’il s’accroît ; que, fabriqué tout entier d’avance, il est aussi compliqué au premier qu’au dernier jour, que sa grosseur change, non sa structure ; qu’Ève contenait incluses les unes dans les autres, achevées et complètes, les cent quatre-vingts générations qui d’elle ont transmis la vie jusqu’à nous. […] À l’instant la scène change.
Et quand, pour accabler cette nation Il désabusée, les rois, comme des démons mis en ligne par la baguette d’un enchanteur, marchèrent au combat dans un mauvais jour, et que la Grande-Bretagne se joignit au funeste armement, quoique bien des amitiés, bien de jeunes amours, eussent soulevé en moi l’émotion patriotique et fait briller sur nos collines et nos forêts une magique lumière, cependant ma voix non changée dénonça défaite à tous ceux qui braveraient la lance levée contre les tyrans, et prédit la honte à leur retraite impuissante et tardive. […] L’état du monde, la science de l’apôtre, le lieu de sa mission, la forme de son sacrifice, tout est bien changé, bien divers : ce sont les horizons de feu, les diamants de Golconde, le luxe de Calcutta, les palais des princes déchus, au lieu des huttes éparses sur les bords du Rhin et dans les forêts de la Thuringe ; mais l’âme du charitable apôtre est la même.
En un jour, tout changea. […] Les périls disséminés ailleurs dans des ouvrages et des talents de physionomie différente, il les a tous cumulés dans son œuvre : idéalisme, illuminisme, réalisme, sensualisme, passion, mariage, ordre, désordre, religion, absolutisme, il a abusé de tout, il a tout fait concourir à un ensemble dissolvant et corrupteur : contrairement à cette science qui change les poisons en médicaments, ses romans changent en poisons les plantes les plus salubres. […] Nous avons, comme Sganarelle, changé tout cela, et les grandes imaginations de notre époque ressemblent à ces tempéraments malsains dont les humeurs âcres achèvent de s’aigrir avec l’âge, et finissent par devenir mortelles. […] Hugo, après avoir chanté en beaux vers les souvenirs et les anniversaires royalistes, eût changé d’opinion : M. […] Je me disais, en le lisant, qu’il était difficile d’être plus Français que le sujet choisi par son double patriotisme : son style, ses pensées, l’âme qui respire dans son livre, ne m’ont pas fait changer d’avis.
Il a tout changé pour elle, patrie, condition, figure, esprit.
Les temps sont changés ; ils vont en détail et font entrer l’ennemi dans la place par petites bandes.
Depuis dix ans cet état de choses n’a point changé.
Par ma ceinture noire à la terre arrêtée, Ma mère était partie et tout m’avait quittée : Le monde était trop grand, trop défait, trop désert ; Une voix seule éteinte en changeait le concert !
Le caractère, les faiblesses, les vices et l’entêtement des Bourbons n’avaient d’exemple que chez les Stuarts ; les mêmes conseillers jésuites semblaient avoir passé des uns aux autres ; un siècle et demi qui s’était écoulé dans l’intervalle n’avait changé ni leur robe ni leur langage.
Comment le mal augmente, quel remède on y trouve, et par quels degrés Eugène en vient à changer sa vieille et bonne moitié, qui se résigne d’elle-même au divorce, contre la petite nièce de quatorze ans qui a fini par en avoir seize, c’est ce que le lecteur ne manquera pas de lire tout au long dans Hoffmann avec plus d’un sourire entremêlé d’attendrissement.
Les guerres religieuses avaient fait naître un esprit de parti qui change plusieurs histoires en plaidoyers théologiques ; l’esprit de corps, différent encore de l’esprit de parti, mais non moins éloigné de la vérité, dénature également les faits.
Il n’y avait rien, en effet, dans ces conseils qui ne fût pour eux, avant qu’ils leur fussent dédiés, et c’est à peine si, pour en changer l’adresse, j’ai dû faire quelques retouches et quelques suppressions.
Tout est si fort changé qu’on ne peut même pas comparer l’Abbaye-au-Bois et nos Sacré-Cœur ou nos Ursulines.
D’autres célèbrent de pieux acteurs de l’Italie moderne, tels que Giovanni Buono, retiré dans un cloître et vivant dans la pénitence : « Lequel, après avoir excité si longtemps le rire, disait le poète, s’est changé en une source de larmes. » Un sonnet est consacré à la mémoire d’Isabelle Andreini, la mère de l’auteur.
Mon opinion est que la règle morale et légale du mariage sera changée.
Ils changèrent peu le fond des races ; mais ils imposèrent des dynasties et une aristocratie militaire à des parties plus ou moins considérables de l’ancien Empire d’Occident, lesquelles prirent le nom de leurs envahisseurs.
Rappelons-nous maintenant comment on peut changer un concret en un abstrait, en faisant disparaître la connotation, et appliquons cette doctrine aux cas de successions.
Comment oser changer d’avis ?
Depuis ce temps-là je n’avois pas changé d’avis, & je me reposois de bonne foi dans ma première opinion.
Il est bien difficile, en effet, qu’un long séjour hors de sa patrie, que les infirmités & les années ne changent la manière d’un écrivain.
On aime à se le représenter dans la compagnie des Pascal, des Arnauld, des Nicole, des Boileau, des Racine : c’est alors qu’il eût été forcé de changer de ton.
La force du génie change en bonne nourriture les préceptes les plus mal digerez.
Auguste Nicolas6 Si, comme nous le disions récemment, la littérature française est affligée de stérilité, nous n’espérons guères que cet état puisse changer en un instant.
L’illustre auteur de La Comédie humaine n’a pas changé la nature du roman qui existait avant lui , mais il en a élargi les assises, et il l’a positivement élevé à l’état de Science, à force d’observations, de renseignements, de notions de toute espèce, d’une exactitude, d’une sûreté et d’une justesse merveilleuses.
L’émigration, malgré son aveuglement, n’avait pas pris le change. […] Mais, pour prendre ici le change, il faudrait une singulière inexpérience. […] Aujourd’hui, je m’assure qu’il doit avoir changé d’avis. […] La vie entière est changée, et ne peut revenir à ses premières émotions sans d’horribles tortures. […] Sous la régence et sous Louis XV, il y a eu progrès : la profession s’est changé en devoir.
De 1080 à 1200, cela n’avait pas changé du tout. […] — Travaillons à changer l’état social, nous sommes ici précisément pour cela. […] Après 1830, tout change, et très rapidement ; et il n’y a rien de plus naturel. […] Ou bien l’on commence par mentir par bonté et l’on s’aperçoit assez vite que cette bonté n’est pas sans profit et l’on en vient à mentir pour ses profils, sans s’apercevoir très précisément que l’on a changé de mobiles, et l’on ne croit pas avoir changé de mobiles, parce qu’on n’a pas changé d’habitudes. […] Il a changé de monde, d’atmosphère, d’entours.
En outre, la situation qui avait favorisé leurs succès est profondément changée. […] Aujourd’hui elle ne veut plus rien prouver ; à la bonne heure ; les années, qui changent souvent les idées, ont changé les siennes ; mais sa pensée d’aujourd’hui n’efface pas sa pensée d’autrefois, et, nous le verrons tout à l’heure, elle ne sera pas sa pensée de demain. […] Ce sont là des apparences qui voilent la réalité sans la changer. […] « Changez vos mœurs, nous dit-il, nous changerons nos livres. […] Changer la condition sociale pour changer la condition humaine, pour abolir la misère, le prolétariat, voilà l’utopie contemporaine plus dangereuse que son aînée.
Depuis, j’ai changé, je me suis mis à préconiser la nature, la vie agissante et la simplicité. […] Autrefois, un banquet, c’était le couronnement d’une carrière bien remplie — nous avons changé tout cela. […] Mallarmé, ses habitudes ne changent point : il va toujours, avec une sûreté de flair prodigieuse, jusqu’au fond de l’ordure ou jusqu’aux extrêmes limites de l’aberration. […] Nul feuillage ne l’égayait, nulle saison ne le changeait ; l’oiseau s’y posait à peine, comme si, en touchant la masse échappée du feu central, il eût craint de se brûler les ailes. […] On lui change son fardeau d’épaule, et rien de plus.
À la fin du onzième siècle, tout était changé dans la langue des peuples de l’Europe latine. […] Le quinzième siècle se ferme presque par cet événement le plus mémorable qui ait paru dans l’histoire du monde, depuis celui qui a changé la foi des nations. […] Saint Jérôme avait observé que la langue latine changeait incessamment par les temps et par les lieux. […] La grande révolution des croisades en multiplia le nombre, mais n’en changea pas le caractère tour à tour religieux et profane. […] La langue était encore loin d’avoir un caractère fixe et durable : elle changeait sans cesse.
Surgère a changé d’attitude vis-à-vis de vous ? […] », la nuit de noces enfin où la mariée qui, pour changer, résistait, tombe giflée et se relève en s’écriant ; — « Je t’aime ! […] Il en fut de cet amour-là comme de bien d’autres ; soit que celle à qui nous avions donné nos cœurs ait bien changé, soit que nous ayons changé nous-mêmes, il faut avouer que la passion n’y est plus, l’amour est devenu d’abord de l’amitié, puis de l’indifférence, nous en sommes aujourd’hui au vieux ménage. […] Et il changeait tous les six mois, le sous-préfet ! […] Rien n’était changé
Comment se fait-il qu’ayant gardé son nom il eût changé de nature, et quelle série de rénovations avait fait d’un peuple germanique un peuple latin ? […] Par ce seul mot, l’honneur, tout l’esprit de la guerre est changé. […] Il y a dans chaque esprit une action élémentaire qui, incessamment répétée, compose sa trame et lui donne son tour : à la ville ou dans les champs, cultivé ou inculte, enfant ou vieillard, il passe sa vie et emploie sa force à concevoir un événement ou un objet ; c’est là sa démarche originelle et perpétuelle, et il a beau changer de terrain, revenir, avancer, allonger et varier sa course, tout son mouvement n’est jamais qu’une suite de ces pas joints bout à bout ; en sorte que la moindre altération dans la grandeur, la promptitude ou la sûreté de l’enjambée primitive transforme et régit toute la course, comme dans un arbre la structure du premier bourgeon dispose tout le feuillage et gouverne toute la végétation88. […] Que les termes savants, la langue du droit, les expressions abstraites et philosophiques, bref tous les mots qui tiennent à la réflexion et à la culture, soient français, rien ne s’y oppose, et c’est ce qui arrive ; ces sortes d’idées et cette sorte de langue restent au-dessus du gros public, qui, ne pouvant les toucher, ne peut les changer ; cela fait du français, du français colonial sans doute, avarié, prononcé les dents serrées, avec une contorsion de gosier « à la mode non de Paris, mais de Stradford-at-Bow » ; néanmoins c’est encore du français. […] Le second ne peut pas gouverner ses peuples par d’autres lois que par celles qu’ils ont consenties ; et ainsi ne peut mettre sur eux des impositions sans leur consentement154. » Dans un État comme celui-ci, c’est la volonté du peuple qui est « la première chose vivante, et qui envoie le sang dans la tête et dans tous les membres du corps politique… Et de même que la tête du corps physique ne peut changer ses nerfs, ni refuser à ses membres les forces et le sang qui doit les alimenter, de même le roi qui est la tête du corps politique ne peut changer les lois de ce corps, ni enlever à son peuple sa substance lorsque celui-ci réclame et refuse… Un roi de cette sorte n’a été élevé à sa dignité que pour protéger les sujets de la loi, leurs corps et leurs biens, et le peuple ne lui a délégué de pouvoir que pour cet objet ; il ne lui est pas permis d’en exercer un autre155. » Voici donc, dès le quinzième siècle, toutes les idées de Locke ; tant la pratique est puissante à suggérer la théorie !
Seul, le son cheval est relié arbitrairement, par une simple convention, au groupe dont il semble faire partie ; c’est là ce qui le distingue des autres images ; c’est par là qu’il est un signe262 ; le propre d’une convention, c’est de pouvoir être soit modifiée dans certains détails, soit abrogée et remplacée par une autre ; si nous modifions le bruit spécifique et la forme visible du cheval, ce n’est plus un cheval, c’est un autre animal, son voisin dans la classification naturelle : l’idée n’est plus la même ; si nous fusionnons le groupe principal et le groupe accessoire, le cheval devient centaure : encore une idée nouvelle ; mais l’idée ne change pas si nous convenons de remplacer le son cheval par ses abrégés populaires ou enfantins, chval, sval, sual, ou même par dada, coursier, equus, hippos ; avec les prosateurs de mon pays et de mon âge, je dis cheval, avec les enfants dada, avec les poètes français coursier, avec les auteurs latins equus, avec les auteurs grecs hippos ; c’est ainsi que des conventions différentes régissent les rapports commerciaux et judiciaires d’un état donné avec les états voisins. […] Si, au contraire, l’acte d’attention par lequel une idée nouvelle et non-sensible a été associée à une idée usuelle et sensible se répète à toute occasion, et s’il porte de préférence sur la portion non-sensible du couple ainsi formé, l’autre portion se trouve ainsi livrée à l’action destructive de l’habitude négative ; l’image s’affaiblit, l’idée se dégage de ses voiles ; le mot lui reste attaché ; mais, son évolution vers un nouveau sens étant accomplie, désormais il possède une signification nette, simple, sans équivoque, et, s’il n’était pas déjà, dans sa première acception, un signe arbitraire, maintenant il ne peut manquer d’avoir cette qualité, avec la conséquence qu’elle entraîne, l’impartialité, d’abord parce qu’il a changé de sens, ensuite parce que, étant un son, il ne peut ressembler, même de loin et par hasard, à une idée non-sensible. […] Ces qualités résultent d’une attention bien réglée, qui choisit ses objets et ne les change pas au hasard, qui les choisit même au sein d’un groupe donné d’images hétérogènes, et maintient sa préférence avec persistance. […] Mais si l’idée générale est telle qu’un signe analogique soit possible pour elle, la persistance d’un tel signe est un obstacle à sa généralité ; elle ne peut être purifiée de tout élément particulier que si elle change de nom et s’attache pour la désigner un signe arbitraire. […] Mais dans un groupe restreint, individuel, une image ne peut-elle pas jouer par rapport aux autres le rôle de signe, et cela naturellement, sans intention significatrice de notre part, sans que l’intervention de la volonté mentale ait changé l’importance relative des images composantes ?
L’auteur a eu beau s’appliquer à changer le « milieu », à rajeunir le langage et l’allure de ses personnages, et emprunter à M. […] Et il en change ! […] Il a cela de commun avec Vichnou, qu’il passe son temps à changer d’âme. […] Il n’est jamais indispensable de changer une institution. […] Mais tout est bien changé.
En effet, entre la répétition générale et la première représentation, souvent la pièce change ; et l’on conviendra que c’est pour qu’on la puisse changer, qu’est faite la répétition générale. […] Le bon Guéret songe à tout, et par exemple exige « que les poètes changent deux fois de linge par semaine, et fassent décrotter leurs chaussures ». […] Ce n’est pas notre faute si, depuis 1650, le costume a changé ; mais il a changé si précisément qu’un pourpoint est une date. […] Il y a des choses, comme : « Quoi, seigneur, vous changez de visage ! […] C’est Dumesnil, c’est Clairon, c’est Lekain qui ont absolument changé tout cela ; mais c’est Voltaire qui les y a poussés, les unes et l’autre, de toutes ses forces.
La preuve d’ailleurs que pour Voltaire changer n’eût pas été dégénérer, c’est qu’il n’a rien épargné pour changer autant qu’il était en lui la formule tragique de Racine : l’esthétique révolutionnaire de l’auteur du Fils naturel et du Père de famille est tout au long déjà dans les préfaces des tragédies de Voltaire. […] Les banquiers, trésoriers, agents de change, commis, et tous les marchands, tant gros que petits, ne sont pas fort scrupuleux. […] Ce n’est pas lui qui a changé, c’est nous ; ce n’est même pas nous, c’est le temps ; et, bien plus que le temps, c’est peut-être le sens des mots. […] Ce n’en était pas moins la cinquième fois qu’il changeait brusquement tout le train de son existence, — et ce ne devait pas être la dernière. […] Rousseau vint, et tout changea.
Mais beaucoup de personnes prennent le change sur ce mot d’individualité et croient qu’il s’agit tout simplement de retourner au procédé de Sainte-Beuve. […] Je ne sais, à vrai dire, si le tour de notre imagination en eût été changé, et j’en doute. […] Mais Auguste fait grâce entière à son amant, à elle ; il révèle une générosité qu’elle ne soupçonnait pas : par suite le jugement d’Émilie change soudain. […] et comment la comédie changea-t-elle ? […] La comédie a changé de ton ; et, quelles que soient les mœurs, le goût lui impose sa forme et lui choisit ses objets.
De plus, l’individu, c’est-à-dire le point de départ ou le terme de comparaison, change avec les années, ou bien aussi c’est son point de vue qui change. […] Mais changeons maintenant de point de vue, et considérons la morale dans sa nature. […] Notre chartreux avait bien changé de sentiments. […] Ce n’est pas sa raison, c’est son être qui est changé. […] Et ce qui épouvante, ne change ni ne rapproche le cœur.
Le musicien vit la démence guerrière qui bouillonnait sur le visage d’Alexandre, il remarqua ses joues enflammées, ses yeux ardents, et, tandis que le héros défiait la terre et le ciel, il changea de ton et abattit son orgueil. […] Grimm, le meilleur de nos amis, avait faite pour elle ; on a été obligé de la changer : la comtesse ne veut pas être louée ; c’est dommage, car cette dédicace la dépeignait très bien, ainsi que mon fils. […] En général, Paris a beaucoup changé. » Quand on pense que ce pauvre frileux touchant de ses doigts engourdis le clavecin vermoulu d’une antichambre pour des oreilles inattentives était le Raphaël de la musique, l’auteur futur du Mariage de Figaro et de la tragédie de Don Juan dans un même homme, les yeux se mouillent et le cœur se crispe ; de tous les déboires du génie en ce monde, le plus amer c’est l’ignorance de ses juges. […] Je le prie tous les jours de me donner la grâce de persévérer ici, afin que je fasse honneur à toute la nation allemande, que je gagne quelque argent pour être en état de vous venir en aide, qu’en un mot nous nous réunissions tous les quatre, et que nous passions le reste de nos jours dans la paix et dans la joie. » XV Cette paix et cette joie, qu’il aimait à voir en perspective, se changèrent peu de jours après en larmes éternelles et en complet isolement : la seule joie de sa solitude, sa mère, malade de tristesse et d’exil, lui donnait de temps en temps des appréhensions sur sa santé ; il la soignait comme le souffle de ses lèvres, il passait seul les jours et les nuits à composer, à prier, à espérer et à désespérer à son chevet.
« Ces goûts changeront ; cette sincérité s’altérera ; le poète se révélera avec plus de pudeur ; il nous montrera les blessures de son âme, les pleurs de ses yeux, mais non plus les flétrissures livides de ses membres, les égarements obscurs de ses sens, les haillons de son indigence morale. […] Après 1848, votre vie changea de lit ; la mienne aussi. […] J’étais pièce d’or et je me changeais en monnaie. […] « “Tout l’aspect de la nature change : au lieu des vignes, on ne voit que des prés, des prés virgiliens, herbosa prata.
Je suis content, si je vois aujourd’hui les premières folioles verdir ; je serai content quand je verrai de semaine en semaine la feuille se changer en tige, j’aurai de la joie à voir en mai le bouton, et enfin, je serai heureux quand juin me présentera la rose elle-même dans toute sa magnificence et avec tous ses parfums. […] Laissez donc Eckermann, il est comme il est, et vous ne le changerez pas. […] Comme tout a changé, comme tout a grandi ! […] Les buissons se sont changés en arbres épais, et c’est à peine si on peut découvrir le magnifique hêtre de notre jeunesse !
Philippe Gille, à propos du tombeau qu’on va élever à Métra, au compositeur de valses, parle de l’homme, du pochard, du récidiviste de la boisson, qui avait pris une telle habitude d’être ramassé, et de coucher dans un certain poste, près de Clignancourt, qu’il avait demandé qu’on changeât le papier, parce qu’il prétendait que le vert de ce papier l’empoisonnait. […] Supposons au bout de beaucoup d’années, où les millions seront changés en milliards, une crise financière, et la recherche impie et macabre de cet or. […] Voici le petit morceau de prose qu’il a dû mettre en dialogue, sans y changer, sans y ajouter rien : — Vous avez lu l’interview de La France à propos de votre Journal sur le siège de Paris et la Commune ? […] * * * Eh bien, non, ça s’est passé mieux que je ne croyais, et ma voix s’est fait entendre jusqu’au bout, dans une bourrasque impétueuse qui me collait au corps ma fourrure, et me cassait sous le nez les pages de mon discours, — car l’orateur ici est un harangueur de plein air ; — mais mon émotion, au lieu de se faire aujourd’hui dans la gorge, m’était descendue dans les jambes, et j’ai éprouvé un trémolo qui m’a fait craindre de tomber, et m’a forcé à tout moment de changer de pied, comme appui.
Chaque année, chaque jour amène avec soi sa comédie, et ce qu’on appelle la société, va changer, en vingt-quatre heures de vices et de ridicules, tout comme une habile coquette arrange et dispose, à son gré, les mouches de son visage et les fanfreluches de son habit. […] même le fameux chapitre des passions du cœur, il n’a pas moins changé que le chapitre de La femme savante. […] Il n’y a pas jusqu’à ce mot-là : un riche, qui n’ait tout à fait changé de sens et d’acception. […] La pelure est changée, eh !
Il change la distribution à laquelle on avoit été accoutumé jusqu’à lui. […] Il a changé, ajouté & retranché, selon qu’il l’a cru convenable à son dessein. […] L’auteur dit qu’il s’est permis de supprimer, de transposer, de changer quelques vers, même d’augmenter, enfin d’ajouter à la pensée de Tibulle. […] Tous les caracteres à commencer par ceux de César & de Pompée, sont totalement défigurés, changés, travestis.
Il est probable que si Henri IV avait montré plus de fermeté, s’il avait refusé l’abjuration, et surtout si le parti qui l’aida à conquérir le pouvoir avait été plus fort, l’avenir religieux de la France aurait alors changé brusquement. […] Mais comme ils n’en parurent pas satisfaits et qu’ils ne voulurent point promettre à leur évèque de changer de sentiments, il les envoya prendre deux jours après par ordre du Roy, et ils ont été conduits dans les prisons de la Conciergerie de cette ville, où on les fait instruire. » Ces simples textes se passent, semble-t-il de tout commentaire. […] De ces idées découle nécessairement la condamnation du monde, où tout change et se renouvelle. […] Ceux qui, par la suite, eurent l’air d’être changés avec plus de loisir, ne tardèrent pas, par leur fuite ou par leur conduite, à démentir leur prétendu retour.
Lus aujourd’hui, ils plaisent encore ; ils montrent surtout combien le goût public a changé, et comment on demande moins souvent qu’autrefois aux auteurs de ces vers qu’on appelait spirituels. […] Il me semble qu’en cet endroit Cowper a pensé à la profession de fei du vicaire savoyard et qu’il en touche l’endroit faible et défectueux, qui est aussi celui de tous les éloquents continuateurs de Rousseau : il y manque la toute petite parole qui change les cœurs.
Ce radotage dura une demi-heure en présence de tout le monde, sans qu’il fût possible à Mme Du Deffand de faire taire son panégyriste ou de le faire changer de conversation. […] Que le janséniste Fouillou y soit appelé Fouillon (p. 42) ; que le cardinal de Bonzi y soit appelé Bouzi (p. 48) ; que M. d’Ormesson, le célèbre rapporteur dans le procès de Fouquet, y soit changé en Darmesson (p. 272) ; qu’on lise, à côté du nom de Choiseul, Stainville pour Slainville (p. 214) ; que M.
Elle ne change rien d’ailleurs à ce qu’on connaissait, elle n’y ajoute rien d’imprévu ; avec Voltaire, il ne faut plus s’attendre depuis longtemps à des révélations ; il a tout dit du premier coup. […] Le succès même a toujours quelque chose d’avilissant par le soin qu’on a d’encourager je ne sais quels bateleurs d’Italie à tourner le sérieux en ridicule et à gâter le goût dans le comique (allusion aux parodies qu’on faisait de ses pièces)… J’ai toujours été indigné pour vous et pour moi, que des travaux si difficiles et si utiles fussent payés de tant d’ingratitude ; mais à présent mon indignation est changée en découragement.
Les premiers discours furent sur Mme de La Maisonfort, sa santé, sa situation et la fermeté qu’elle devait avoir à persévérer dans la maison des ursulincs de Meaux sans songer à changer. […] Mon jardin tout changé, nouveau parterre, nouveaux arbres fruitiers, le jardin net et approprié. » Il met sa vanité à ce qu’on le croie bien portant : « Je déclare à tout le monde que, ma santé étant assez bonne, je fais état de partir pour Paris lundi 30 janvier. » Arrivé à Paris, il se remet en veine et en pointe d’un peu de haine contre l’abbé Bossuet ; c’est son montant.
Tout influe sur nous, et nous changeons sans cesse avec ce qui nous environne. […] Ce côté duquel il se tourne, il vient de le nommer, c’est une sorte de stoïcisme. — Quelques années après, il avait changé et s’était transformé encore, il était dans sa troisième et dernière phase, et son journal se termine par cette parole qui est un désaveu de la précédente et qui semble indiquer l’entrée définitive dans une autre sphère : Le stoïcien est seul, ou avec sa conscience de force propre le trompe ; le chrétien ne marche qu’en présence de Dieu et avec Dieu, par le médiateur qu’il a pris pour guide et compagnon de sa vie présente et future.
Je laisse les souvenirs de Rouen comme trop lointains et trop vagues ; mais, depuis sa translation au siège de Paris, depuis qu’il avait changé de théâtre, comme il lui était échappé un jour de le dire, il n’avait pas changé de jeu, et les chansons n’avaient cessé de pleuvoir : À Paris comme à Rouen, il fait tout ce qu’il défend ; et bien d’autres refrains qu’il faut chercher dans le Recueil de Maurepas et qu’on ne peut redire.
Fromentin ne s’y absorbe pas ; il pense aux maîtres, à l’art, à ce qui a été fait, à ce qui peut se faire encore ; même en voyant du nouveau et en faisant du neuf, il ne croit pas qu’il convienne de rompre en visière avec le passé ; il n’est nullement d’avis qu’il convienne de changer absolument de méthode selon les lieux et les temps ; qu’il faille désormais tout détailler, tout montrer. […] Le paysage change d’aspect et, de rose qu’il était, devient fauve ; la ville elle-même devient plus grise à mesure que le soleil s’élève ; des exhalaisons chaudes semblent monter des sables.
Dans la pièce espagnole, c’est don Arias qui suggère l’idée de tenter cette épreuve sur le cœur de Chimène et de faire annoncer par un domestique la mort de Rodrigue ; et il y a cela de bien et de naturel que le vieux don Diègue, en entendant ce faux rapport, se dit à part soi dans son cœur de père : « Ces nouvelles, quoique je les sache fausses, m’arrachent des larmes. » A la brusque nouvelle de la mort de Rodrigue, Chimène s’est trahie ; elle a changé de couleur et va se pâmer : le roi se hâte de la détromper pour la faire revenir ; mais il s’est trop pressé, le bon roi, et Chimène se dédit par ce vers : « Sire, on pâme de joie ainsi que de tristesse. » Ceci est pris dans l’espagnol. […] Mais Rodrigue est impitoyable ; il ne se laisse point donner le change.
Ils allaient avoir contre eux Catinat encore, général en chef alors de l’armée d’Italie, mais Catinat seul : le vent avait tourné, la politique de Victor Amédée avait changé sur ces entrefaites ; ce prince avait besoin désormais de ces mêmes sujets qu’il avait exterminés et qui venaient de se rapatrier malgré lui. […] Mais chacun a son génie à soi et sa façon de faire, et il n’y a pas de sûreté à en sortir ni à en vouloir changer.
Vous y tracez le portrait le moins ressemblant de mon caractère et poussez l’erreur jusqu’à prendre le change sur mes impressions. […] La destination en fut changée à l’impression.
La religion, les mœurs, si nécessaires pour attirer la bénédiction de Dieu et pour contenir les peuples, ne sont pas oubliées ; enfin je suis dans la joie de mon cœur, et prie Dieu qu’il vous conserve ainsi pour le bien de vos peuples, pour l’univers, pour votre famille et pour votre vieille maman que vous faites revivre. (16 juin 1774.) » Elle y mêle de sages avis, de ne rien précipiter, de tout voir de ses propres yeux, de ne rien changer à la légère ni par un premier entraînement. […] Pour Madame, elle a plus d’esprit, mais je ne voudrais pas changer de réputation avec elle. » Il reste évident et plus qu’évident, par ces citations surabondantes, que Marie-Thérèse a parfaitement saisi le faible de sa fille et ce qui a annulé chez elle tant de nobles et charmantes qualités.
Que le Parisien est donc changé ! […] Les députés s’avalent bien de temps en temps, mais cela ne change rien aux plaisirs ni à notre bon gouvernement, qui est soutenu par la sagesse de notre roi et par l’esprit de l’armée qui est bon… » La spirituelle chroniqueuse, on le voit, était dans les meilleurs principes.
Mais non content de me faire rétrograder dans ma carrière et de changer un rôle important contre le poste le moins estimé de l’armée, on me place sous la férule de mon plus cruel ennemi. […] Il aurait fallu, pour me remettre, un repos de plusieurs années ; mais, quand l’Europe doit changer de face, un homme qui a du zèle et de l’honneur ne peut pas rester oisif ; j’ai donc persisté à remplir mes devoirs.
l’amitié virginale ne se donne-t-elle pas le change ? […] Henriette accourut pour la sauver ; elle voulait changer d’habits avec elle et rester prisonnière en sa place : « Mais on te tuerait, ma bonne Henriette, » lui répétait sans cesse la noble victime, et elle ne consentit jamais.
Né du peuple et dans le plus large courant de l’esprit de la Révolution française — en sorte qu’il n’eut ni à changer ni à se contraindre pour être « avec son temps », — la vie de Victor Duruy, exemplaire, tout unie dans son fond, mais avec un air de merveilleux, et, au milieu de son cours, un coup de baguette des fées, ressemble à quelque beau récit de la « morale en action », à mettre entre les mains des écoliers, de ces écoliers de France pour qui il a tant travaillé. […] Il changeait ainsi de besogne, mais non de pensée, et ne quittait point le service de la France.
Il n’est pas rare de constater de graves méprises d’un peuple à l’égard d’un autre, tantôt faute de moyens sérieux d’informations, tantôt parce que l’original a changé, tandis que son portrait, une fois tracé, restait immuable et continuait à passer pour fidèle. […] Au xvie siècle, le français doit se défendre contre un terrible assaut des langues anciennes et des modernes ; le latin essaie d’abord de le supplanter ; puis, débouté de cette prétention, il réussit du moins à pénétrer en masse dans le vocabulaire, à compliquer l’orthographe, à changer pour un temps ou pour toujours le genre de certains substantifs, la forme de quelques comparatifs et superlatifs, le système de la versification.
On y voit Napoléon hésiter jusqu’au dernier moment, changer d’avis, ne s’ouvrir tout entier à personne, ne découvrir que des coins de vérité à ses plus intimes agents, vouloir être éclairé et sembler en même temps le craindre. […] Les goûts changent, l’opinion a ses flux et ses reflux, même par rapport aux renommées toutes faites.