» Comme je lui parlais de ses œuvres, Oscar Wilde m’arrêta du geste : « Oh ! […] Baudelaire n’y réussit pas davantage qui, pourtant, de son coup d’œil d’aigle, avait vu dans la doctrine plus clair que ses devanciers français, et Oscar Wilde s’y cassera les reins pour n’avoir pas assez médité ce conseil de Brummel : « Le dandy doit savoir s’arrêter à temps et, dès que l’effet est produit, se retirer. » Les passionnés n’ont rien à voir avec le dandysme.
Cette doctrine qui porte, en Angleterre, le nom générique de « Psychologie de l’Association » (Association-Psychology), dans James Mill n’en est encore qu’à son début ; mais appuyée sur les travaux antérieurs de Hume et de Hartley, elle se présente déjà chez lui sous une forme nette et arrêtée, comme on en va juger. […] Il n’y a pas lieu de s’arrêter longtemps à la croyance au témoignage.
Comment s’unir à un homme qu’elle aime et dont l’ambition n’est pas d’humeur à s’arrêter à la moitié du chemin ? […] Elle s’arrêta à la touchante histoire du bon Larron, qui lui sembla le plus rassurant exemple de la confiance humaine et de la clémence divine, et dont Jeanne Kennedy (l’une de ses filles) lui fit lecture : « C’était un grand pécheur, dit-elle, mais pas si grand que moi ; je supplie Notre-Seigneur, en mémoire de sa Passion, d’avoir souvenance et merci de moi comme il l’eut de lui à l’heure de sa mort. » — Ces sentiments vrais et sincères, cette humilité contrite de ses derniers et sublimes moments, cette intelligence parfaite et ce profond besoin du pardon, ne laissent plus moyen de voir en elle aucune tache du passé qu’à travers les larmes.
Le voiturier s’arrête pendant une heure pour rafraîchir à une auberge du chemin ; une fontaine est dans la cour : « Pendant que l’hôte et le voiturier buvaient le coup de l’étrier : — Buvons le coup de l’étrier, disait Louise à son ami. […] Mais non ; ici je l’arrête et je lui dis : Ami, prends garde, tu dogmatises ; tu fais précisément ce que les gens à doctrines et les philosophes des diverses écoles veulent nous obliger de faire.
Elle s’y oublie elle-même et sans affectation, le plus qu’elle peut ; et elle s’arrête au moment où meurt son frère, la dernière des quatre victimes immolées. […] Ils nous lurent un arrêté de la Commune qui ordonnait de nous fouiller à discrétion, ce qu’ils firent exactement jusque sous les matelas.
Bonaparte apprend leur passage à Milan, il envoie Duroc à franc étrier pour les arrêter ; on les arrête aux frontières du Piémont ; on les ramène à Milan.
Quand on lit aujourd’hui cette histoire si fine, si courue, si touchée à peine, si arrêtée à temps, on a besoin de quelque retour d’imagination pour en ressaisir toute la grâce et en recréer l’enchantement. […] Ce qui la chagrinait surtout, c’était l’impression du libelle (1666) ; Cosnac se chargea de l’arrêter.
» — Je m’arrête dans ma citation, car, dans le reste du discours que Ducis prête à sa mère, ou qu’il poursuit en son propre nom, il est question du « service des Muses » et du « fantôme de la gloire ». […] La mort de Thomas, survenue à l’improviste au moment où son ami venait de guérir, arrêta l’impression de ridicule et remit aux choses un cachet de gravité.
Je ne sais où tu vas les prendre ; mais il n’y a pas moyen de s’y arrêter, quand on fait quelque cas de sa santé. […] Si ses pas le conduisent au Salon, qu’il craigne d’arrêter ses regards sur ta toile sévère !
Cependant, s’il m’est permis de m’arrêter un instant sur les parties moins élevées du sujet qui nous occupe, nous n’aurons pas besoin du vaste regard de l’aigle de Meaux. […] Je supposerai donc, sans m’arrêter même à justifier cette supposition, quelque vraisemblable qu’elle soit, je supposerai que, chez les anciens, les initiations ne fussent, à proprement parler, qu’une imitation de la vie actuelle : l’initié passait par une suite d’épreuves qui servaient à développer ce qui était déjà en lui ; on ne lui révélait point la vérité, mais on la faisait naître de l’ébranlement de ses propres facultés ; on ne la lui disait point ; on la lui faisait trouver, en écartant les obstacles qui s’opposaient à ce qu’elle se montrât.
Ainsi l’homme fait en quelque sorte le climat et le sol : il les fait, les perpétue, les modifie ; mais sitôt qu’il s’arrête, l’invincible nature reprend ses droits. […] Nous nous arrêterons ensuite quelques instants sur les résultats et les conséquences des idées qu’un tel développement aura fait naître en nous ; mais ce sera toujours sans nous permettre aucun conseil de direction, ni aucune vue pour l’application de ces résultats et de ces conséquences.
En effet, en ces deux-là, on trouve, avec ses qualités habituelles et dans le milieu ordinaire de l’observation de l’auteur, deux ou trois individualités, deux ou trois têtes, en profil, il est vrai, mais qui sont arrêtées et dont la fine originalité vous saisit au plus délicat de votre être. […] Ce mot de critique, qui a je ne sais quoi de doctrinal, de péremptoire et de placide, se marie mal, selon moi, à cette notion qu’exprime le mot satirique, lequel implique que le blâme va plus loin que le point où s’arrêterait la justice.
En approfondissant les deux systèmes, on verrait que l’idéalisme a pour essence de s’arrêter à ce qui est étalé dans l’espace et aux divisions spatiales, tandis que le réalisme tient cet étalage pour superficiel et ces divisions pour artificielles : il conçoit, derrière les représentations juxtaposées, un système d’actions réciproques, et par conséquent une implication des représentations les unes dans les autres. […] Tout ce qu’on aura dit du rapport du cerveau à la représentation dans un idéalisme pittoresque, qui s’arrête aux représentations immédiates encore colorées et vivantes, s’appliquera a fortiori à un idéalisme savant, où les représentations sont réduites à leur squelette mathématique, mais où n’apparaît que plus clairement, avec leur caractère spatial et leur extériorité réciproque, l’impossibilité pour l’une d’elles de renfermer toutes les autres.
Enfin, il y en eut un, plus hardi que tous, qui conclut qu’il falloit mettre en règne, tout ensemble, des rimes anciennes que l’on renouvelleroit, ou d’autres que l’on inventeroit, selon que l’on connoitroit qu’elles seroient nécessaires. » J’arrête ici la citation. […] Gustave Kahn, dans sa remarquable étude sur le Parnasse et l’Esthétique parnassienne, a montré, avec la plus grande clarté, comment, au lieu de continuer l’évolution romantique, les Parnassiens l’ont arrêtée.
Aucun professeur ne savait mieux classer les questions, les annoncer, faire compter aux auditeurs tous les pas de sa méthode, les mener par la main, les soutenir aux passages difficiles, marquer les étapes du voyage, les arrêter au bout de chaque question pour leur faire embrasser d’un coup d’œil l’espace parcouru. […] Arrêtez-vous le développement de ces notions, vous limitez arbitrairement la portée d’un fait, vous attaquez donc ce fait lui-même, et par là vous attaquez l’autorité de tous les autres faits.
Parfois, sans s’arrêter, il paraissait écouter le bruit que fait sur les cailloux le clair ruisseau qui court et souriait avec un air d’attendrissement délicieux. […] Quand Glatigny se mettait à marcher on ne savait jamais où il s’arrêterait, tarit ses jambes dévoraient l’espace avec délices. […] J’arrêterai ici cette première causerie. […] Il traversa la ville et s’arrêta devant la boutique de parfumerie au coin de la rue de la Bourse. […] Un invisible doigt l’arrêtait sur sa lèvre.
À celui-ci, le dernier et délicat travail qui arrête le détail de la composition et du style, et donne à tout le fini, le poli, le travail de la dernière main a manqué. […] S’arrêter à combiner des faits qui constituent une intrigue ? […] Arrête ? […] Arrêtez-le, madame, arrêtez-le au nom de la Grèce ; de rage, il ferait faire quelque sottise au peuple athénien. […] Il m’était venu un doute à l’esprit sur quelque passage d’un auteur grec, et rencontrant par hasard Paul-Louis, que je sais homme merveilleusement instruit de ces matières, je l’ai arrêté.
Une fois, dans ce qu’il y mêlait d’affectueux et de trop flatteur, il s’interrompit en ajoutant cette touchante parole : « Je m’arrête, car vous pourriez croire que je suis un candidat en nécrologie. » Mais encore une fois, si j’ai contracté envers lui une dette, ce n’est point le moment de la payer.
Saisi du désir de le soulager, il s’élance de voiture, en habit de bal, arrête le brancard, magnétise le patient, malgré des torrents de pluie, aux yeux des porteurs étonnés, et, quand, fatigué du peu de succès de sa ferveur, il les interroge sur la maladie du pauvre homme, il reçoit pour toute réponse : « Malade !
Il descend de cheval, et la prie d’amour, et la veut emmener en France, lui disant, pour la décider, qu’il est maire du palais du roi ; mais Berte, en cette crise, et ne sachant comment arrêter ce seigneur entreprenant, se déclare, se nomme.
Mais sans analyser les résultats de ce temps horrible qu’il faut considérer comme tout à fait en dehors du cercle que parcourent les événements de la vie, comme un phénomène monstrueux que rien de régulier n’explique ni ne produit, il est dans la nature même de la révolution d’arrêter, pendant quelques années, les progrès des lumières, et de leur donner ensuite une impulsion nouvelle.
pourquoi m’avez-vous fait quitter Paris On allait nous arrêter Allons donc !
Le gendarme y était considéré, comme ailleurs le juif, avec une sorte de répulsion pieuse ; car c’est lui qui arrêta Jésus !
Les faits de toute nature, qu’il rencontre chemin faisant, n’ont pas pour lui d’intérêt en eux-mêmes, ils ne méritent de l’arrêter que par leurs rapports avec les idées, les sentiments ou les formes qui se manifestent dans les œuvres littéraires de l’époque.
Il retient prisonnière à Compiègne la reine-mère, et la force peu après à chercher un asile en terre, étrangère ; il exile ou fait arrêter les amis et les domestiques de cette reine proscrite et met Bassompierre à la Bastille, Il fait décapiter Henri de Montmorency.
L’auteur suppose que Mercure, venant de Paris, rencontre, dans une avenue de cette ville, Honneur qui se promenoit, & qui s’arrête pour lui demander des nouvelles.
Il serait inutile de nous arrêter à l’Araucana, avec ses trois parties et ses trente-cinq chants originaux, sans oublier les chants supplémentaires de Don Diego de Santistevan Ojozio.
L’utilité de pareilles démonstrations ne se limite pas ; on ne peut dire où elle commence ni où elle s’arrête.
On n’ignore pas que toutes les odes de Pindare sont des éloges de ce genre, et je m’y arrêterai peu ; leur impétuosité, leurs écarts, leur désordre, et surtout les longs détours par lesquels il passe pour trouver ou fuir son sujet, tout cela est connu ; il semble que Pindare a peur de rencontrer ses héros, et qu’il les chante, à condition de n’en point parler.
S’étant rendu à Dresde, il y fut arrêté par la police, comme suspect de carbonarisme, et amené de force à Berlin où il subit un emprisonnement de six mois. […] que n’ont-ils su s’arrêter à temps et reconstruire tout le système sur les bases de la psychologie, et de la morale ? […] Le mouvement pratique et industriel de notre époque continuera son chemin et s’arrêtera plutôt encore qu’on ne le pense. […] la grave causerie S’arrête en souriant. […] Ici déjà, je m’arrête !
Pourquoi s’arrêter, dit-on, à ce point précisément ? […] La figure étonnante de Saint-Cyran vous arrêtera surtout. […] Ici s’arrête le raisonnement, mais seulement ici. […] Quinet, de ne pas arriver au point où nous nous arrêtons. […] Qu’il y a longtemps que les peuples, s’agenouillant dans le désert autour du veau d’or, crurent que c’était là le but de leurs travaux, et qu’il fallait s’y arrêter !
Le propre de l’esprit humain est de ne point s’arrêter au réel, et de passer de là au possible qu’il suppose. […] Les sciences ont une borne qui les arrête : c’est celle de la raison humaine. […] « Va par là, lui dit-il, reviens, détourne, arrête. […] Je m’arrête, de peur de paraître sacrilège en parlant librement d’un philosophe qui jadis fut le patron du lieu, et qui se convertit en saint homme. […] La tendance de ce haut genre s’arrête à faire rire l’esprit, et à corriger le cœur en le divertissant.
Il est de la race de ces hommes qu’il ne faut pas prendre au premier mot, mais dont il faut attendre le développement intellectuel, politique et moral, développement qui ne s’arrête plus en eux qu’à la mort ; hommes qui grandiraient toujours en intelligence, en sagacité, en talent, si Dieu n’avait pas mis à leur développement les bornes de leur existence ici-bas. […] Thiers ne s’arrête qu’un instant à considérer les effets de la bataille de Marengo sur l’opinion de la France ; il reporte le regard et la pensée sur l’Allemagne. […] N’ayant aucune opinion bien arrêtée, seulement une modération naturelle qui répugnait à toutes les exagérations ; s’appropriant à l’instant même les idées de ceux auxquels il voulait plaire par goût ou par intérêt ; s’exprimant dans un langage unique, particulier à cette société dont Voltaire avait été l’instituteur ; plein de réparties vives, poignantes, qui le rendaient redoutable autant qu’il était attrayant ; tour à tour caressant ou dédaigneux, démonstratif ou impénétrable, nonchalant, digne, boiteux sans y perdre de sa grâce, personnage enfin des plus singuliers et tel qu’une révolution seule en peut produire, il était le plus séduisant des négociateurs, mais en même temps incapable de diriger comme chef les affaires d’un grand État ; car, pour diriger, il faut de la volonté, des vues et du travail, et il n’avait aucune de ces choses. […] Thiers ne s’arrête que pour respirer ; mais, tout en respirant, il pense. […] On décida qu’il serait enseveli à Westminster. » Arrêtons-nous là un instant, avant de reprendre cette route immense où M.
Il s’arrête à cette solution : « Je serai ce soir au Temple. — J’y serai aussi ! […] Là-dessus, une patrouille envahit le souterrain et arrête tout le monde. […] Donc, Piégois (Les cœurs de tenanciers sont les vrais cœurs de père) va trouver le jeune avocat : « J’ai obtenu un concordat, des créanciers de votre oncle ; ils se contenteront de 250.000 francs ; j’ai arrêté les poursuites, car je connais beaucoup de juges. […] Ainsi le maire, excusant l’absence du conseiller Barbaroux, boucher de son état : « Notre honorable collègue aurait été arrêté pour avoir vendu à la troupe de la viande corrompue, ou soi-disant telle. […] Le mal s’arrête aux adjudants. » Et les conseillers : « Si les soldats n’ont pas d’eau, qu’ils boivent de la bière !
Le temps semble s’arrêter, et la vie, au lieu de s’écouler, dilate notre cœur. […] « Bref, le mot aux contours bien arrêtés, le mot brutal, qui emmagasine ce qu’il y a de stable, de commun et par conséquent d’impersonnel dans les impressions de l’humanité, écrase ou tout au moins recouvre les impressions délicates et fugitives de notre conscience individuelle35. » Sitôt qu’on pénètre à l’intérieur de la réalité vivante, l’expression, quelque creusée qu’elle soit, se brise sous la poussée de l’idée, et sa plus intime finesse se change en marbre qui s’effrite. […] Semblables à des spectateurs arrêtés au bord d’un océan d’ombre, nous contemplons ravis l’essor prodigieux de fusées lumineuses qui crèvent dans le ciel noir de nos esprits et le transforment une seconde en un grand soleil d’or. […] En second lieu, si nous essayons de passer d’un sens à un autre, un abîme de discontinuité nous arrête. […] Ces sauvages sont dans le vrai, et il suffit de s’observer soi-même un instant pour reconnaître qu’il y a en nous une parole interne à peu près constante, laquelle donne lieu, du reste, à une excitation très sensible des organes vocaux, et provoquerait l’émission d’une parole susceptible d’être entendue si la volonté n’en arrêtait pas les effets. » Dunan.
Il est vrai, cependant, que cette foule bâille aux musées, et s’arrête avec le même enthousiasme devant les tableaux qui représentent des chandelles, des bouteilles, des verres pleins de vin, des fromages et des pots de chambre ; cela a probablement l’attrait d’un joujou bien exécuté, et elle ne s’y arrête qu’à la condition que ces œuvres soient faites selon les lois grossières du trompe-l’œil, sinon elle passe. […] Ceux-là taillent des jugements tout faits pour les autres, qui les répètent sans savoir pourquoi ni comment ces jugements ont été arrêtés. […] Cette peinture était incomplète, vague et mal conçue, on le voit, les passants s’y arrêtaient à peine, hésitaient, cherchaient et n’y formaient pas foule comme autour de l’autre, dont ils avaient peine à se rassasier. […] J’avais pensé à m’arrêter aux défauts de ce travail, mais je préfère l’analyser et en faire ressortir deux ou trois idées remarquables et importantes. […] Chacun a un côté de son existence, quelques faiblesses qu’il cache, et ces bagatelles, auxquelles on ne s’arrête pas, occasionnent le plus souvent les grands événements de la vie.
Elle dit tout ce qu’elle peut pour soulever l’académie contre moi, et elle s’arrête après avoir tout dit, parce que la charité lui défend de me nuire. […] Parce qu’elle sçait que la plûpart des lecteurs s’arrêtent aux noms, et qu’elle a voulu les prendre par leur foible. […] Il n’a plus qu’un pas à faire pour arriver au dénouëment, et on l’arrête par des jeux qui, au lieu de le délasser, le fatiguent en l’éloignant du but qu’il étoit prêt d’atteindre. […] Il assemble les chefs, leur dit qu’il veut éprouver son armée, en lui proposant la fuite, afin que si elle donne dans le piége, ils arrêtent et raniment les lâches qui auront pris son discours à la lettre. […] La grossiereté du procédé d’Agamemnon à l’égard de Chrysés suffisoit pour les arrêter d’abord.
Rien ne me sauroit arrêter, Je n’ai plus ni pudeur ni honte.
Fut d’enseigner leur siècle et de le maintenir, De lui marquer du doigt la limite tracée, De lui dire où le goût modérait la pensée, Où s’arrêtait à point l’art dans le naturel, Et la dose de sens, d’agrément et de sel, Ces talents-là, si vrais, pourtant plus que les autres Sont sujets aux rebuts des temps comme les nôtres, Bruyants, émancipés, prompts aux neuves douceurs, Grands écoliers riant de leurs vieux professeurs.
La traduction des Baisers de Jean Second est précédée d’une notice étendue sur ce poète ; il mérite bien de nous arrêter un peu.
Mais comme dans la suite nous parlerons beaucoup des monastères, nous sommes forcé, pour éviter les répétitions, de nous arrêter ici.
Le Dante arrête un couple malheureux au milieu d’un tourbillon ; Françoise d’Arimino, interrogée par le poète, lui raconte ses malheurs et son amour.
Il me semble que ce passage jette presentement un grand jour sur le titre des comedies de Terence, qui souvent ont mis à la géne des sçavans commentateurs, sans qu’ils y disent rien sur quoi l’on puisse fonder un jugement arrêté.
Il ne croit qu’à la Critique personnelle, irrévérente et indiscrète, qui ne s’arrête pas à faire de l’esthétique, frivole ou imbécile, à la porte de la conscience de l’écrivain dont elle examine l’œuvre, mais qui y pénètre et quelquefois le fouet à la main, pour voir ce qu’il y a dedans… Il ne pense pas qu’il y ait plus à se vanter, d’être impersonnel que d’être incolore, — deux qualités aussi vivantes l’une que l’autre et qu’en littérature, il faut renvoyer aux Albinos !
Un sergent passe ; il a le cafard et s’arrête pour essayer de le dissiper.
Vingt fois il touche à ces brûlantes questions ; vingt fois il est sur le point de réformer nos idées sur le juste et l’injuste, sur le tien et le mien, mais il s’arrête, ce vrai philosophe !
Épuisée de fatigue, elle s’arrête à Éleusis, à l’ombre d’un olivier, près du puits de Parthénios. […] tu l’arrêtais par tes paroles pleines de bonté, par tes discours affables ? […] » Je m’arrête à cette fleur dernière. […] Il y a un moment dans leur vie où ils s’arrêtent et où ils regardent en arrière d’un œil effrayé. […] Sortie de la nuit du Moyen-Age, elle s’arrête au seuil de la Renaissance.
Ces antiques et éternelles géorgiques (ascræum carmen), reprises par une voix chrétienne, ont une douceur nouvelle et plus pénétrante ; la sainte sueur humaine, mêlée à la sueur fumante de la terre, est bénie ; le respect, la religion du travail vous gagne, et, à l’heure de midi, quand la famille épuisée s’arrête et va boire un moment à la source, on s’écrie humainement avec le poëte : Oh ! […] Lamartine, très-probablement, ayant fait le même pèlerinage, eût entonné son hymne d’actions de grâces, au sommet, sans s’arrêter à cette comparaison, fort belle d’ailleurs, mais cherchée, de l’oiseau et du poisson, avec l’âme qui monte, tandis que le corps est étendu immobile. — S’il arrivait devant la hutte d’un Highlander, avec une femme, une dame, pour compagne de voyage, qui marquerait quelque répugnance à entrer dans cette hutte enfumée, il la lui décrirait avec détail, avec grâce, comme il fait pour Valneige, et se complairait bientôt magnifiquement à la bénédiction de Dieu sur les cœurs simples qui y sont cachés, mais sans trop s’arrêter et sans plus revenir à l’hésitation de sa compagne.
Je m’arrête pour écouter ; puis je reprends, pensant que les oiseaux et moi nous faisons nos cantiques à Dieu, et que ces petites créatures chantent peut-être mieux que moi. […] Je m’arrête sur son chemin : la voilà hors de la page ; comme elle est loin ! […] Ma petite bête me mènerait loin, je m’arrête à cette pensée : qu’ainsi je suis, aux yeux de Dieu, petite et infiniment petite créature qu’il aime.
Je le suis dans les trois demeures, je m’arrête aux délices, je passe aux souffrances, aux gouffres de feu. […] Là je m’arrête ; à cette pensée s’attache un million de pensées mortes et vives, mais surtout mortes ; mon mémorandum, commencé pour lui, continué pour vous au même jour, daté de quelque joie l’an dernier et maintenant tout de larmes. […] Pour peu qu’on ait l’âme réfléchissante, il y a de quoi s’arrêter à chaque instant et se mettre à penser sur ce qui se présente dans la vie. » Le 14 novembre.
Dès lors, elle ne s’arrête plus : chaque année, pendant quarante ans, elle donne un ou deux romans, des nouvelles, des récits biographiques ou critiques. […] Ce système, qui n’en est pas un, a ses inconvénients : le pire est la prolixité ; quand on n’a pas marqué d’avance le terme où l’on doit arriver, il n’y a pas de raison pour s’arrêter ; il n’y en a pas non plus pour borner l’étendue de chaque partie, par son rapport à un ensemble qui n’existe pas. […] Cependant, il ne faut pas s’arrêter aux accessoires ni à la surface de l’œuvre.
Depuis cinquante ans, nous assistons à une sorte de revanche de la bataille de Muret, en ce sens que les seuls princes que puisse s’offrir une république, parlementaires retentissants ou ministres relativement durables, ont été très fréquemment des enfants du Midi… Et des poètes des mêmes régions, plus nombreux parce que démocratiques, se sont tout naturellement développés à leur ombre, comme d’autres jadis dans le rayonnement royal… Mais je m’arrête. […] André Fontainas Depuis longtemps j’avais arrêté en moi cette règle de ne répondre aux enquêtes : à quoi bon parler de choses auxquelles on ne s’est pas préparé ? […] Seulement, il y a Théophile Gautier, de Tarbes ; il y a même Catulle Mendès, de Bordeaux et Armand Silvestre, sans doute, de Toulouse… Je crains d’enfreindre la règle que vous imposez ; je m’arrête, non à ceux qui en 1880 ne sont pas nés, mais à ceux qui, en 1880, n’ont pas produit encore !
Amyot eut cette sorte de génie, qu’il sentit avec une admirable justesse tout ce que l’esprit français développé par cette première culture de l’antiquité, pouvait concevoir et exprimer d’idées générales, et qu’en traduisant un des écrivains de l’antiquité les plus riches en idées de cet ordre, il s’arrêta toujours au point juste où le génie de notre langue aurait résisté. […] Il n’a pas de goût pour les choses arrêtées, et sur lesquelles tout le monde est d’accord. […] Méthode attrayante, mêlée de tous les genres et de tous les tons ; le dogmatique arrêté à temps, coupé par des récits et de piquantes confidences sur lui-même, jamais pédantesque, même aux endroits où Montaigne paraît être le plus sérieusement de l’opinion qu’il professe la causerie jamais vaine ; l’auteur remplaçant à propos par un discours serré le laisser-aller du causeur ; tous les genres de style agréablement mêlés, depuis le plus relevé jusqu’au plus familier, sans attendre que le relevé ait trop tendu l’esprit du lecteur, ni que le familier l’ait relâché, toutes les formes du discours appelant toutes les ressources de la langue.
Je m’arrête d’écrire pour relire encore une fois. […] Mais il ne peut revenir en arrière et son effort deviendra enfin vaillant jusqu’au calme, car devant lui il apercevra, se confondant, s’unifiant, prometteuse d’il ne sait quelles joies pour les futures destinées : l’enfançonne dont le sourire précipita sa marche jusqu’à la chute ; la femme qui l’arrêta quelques jours et l’attarda des années. […] Le poème terminé, il faut s’arrêter longuement, comme au sommet d’une montagne et, en une joie puissante, tourné vers le chemin parcouru, contempler la largeur et l’harmonie du paysage où nous sourirent l’un après l’autre tant de grands arbres et tant de fleurettes.
Mais l’impuissance de Gaston Deschamps, le pitre au nez cassé, quelle excuse aurions-nous de nous y arrêter ? […] Perdu entre la vision passionnante et le noble spectacle, le chapelet des petits bassins régulateurs arrête peu le regard. […] Ce raffiné méprise « les formes arrêtées ».
le traqueur d’une voix sourde et brusque et coupée par des temps, comme s’il semait, en marchant, des maximes et des axiomes : « Besoin de pluie… tuyaux engorgés… alors ils sortent… » Devant nous, à vingt pas du traqueur, trottine quelque chose de grisâtre qui s’arrête, puis repart flairant : « Trim ! […] Elle s’arrête, se passe la main sur les yeux : — Non, c’est impossible, il vaut mieux ne pas nous revoir. […] Edmond et lui ont ainsi parlé six heures durant de choses passées, du passage Choiseul, où leur jeunesse à tous deux a usé ses bottes, d’une Marie qui les a trompés successivement l’un avec l’autre, des suprêmes de volaille aux truffes de Véfour, de parties de billard arrêtées par la dernière pièce de vingt sous de la bourse commune, du prunier de Reine-Claude de la maison de l’allée des Veuves, de la première polka d’Edmond, de la promotion de Léon à l’École polytechnique.
Il faut des choses permises et des choses défendues, sans quoi les goûts hésitants et paresseux s’arrêteraient à la première treille, se coucheraient sur le premier gazon venu. […] Ce danger n’a pas arrêté M. […] Babylas n’est pas le médiocre d’un milieu humble ; c’est un être nul arrêté dans son développement vers une nullité équilibrée ; et encore autre chose, car il contient du grotesque : c’est une larve, un gnome. […] Je suis arrêté par les mots : mon enfant, la grammaire instrumentale étant muette sur la couleur des nasales, qui sont pourtant des voyelles. […] Hello, fourmi de bonne volonté, s’arrête sur la pente du fétu, et rend à Dieu son regard d’amour.
Arrêtons-nous ici. […] Elle s’arrête à un certain bon sens moyen, qu’elle soutient comme elle peut d’un appel et d’une confiance aux passions généreuses. […] Houssaye ne s’y est ni trompé ni arrêté. […] Je n’y puis penser sans m’arrêter un moment d’écrire… Et quelle bonne maison ! […] C’est cette frêle et triste digue qui arrête la descente excessive du salaire et qui permet encore à la famille ouvrière de vivre à peu près.
Il faut bien que cet état soit particulier, puisque tout d’un coup et pendant soixante ans le drame pousse ici avec une merveilleuse abondance, et qu’au bout de ce temps il s’arrête sans que jamais aucun effort puisse le ranimer. […] Le catholicisme, réduit aux pratiques extérieures et aux tracasseries cléricales, vient de finir ; le protestantisme, arrêté dans les tâtonnements ou égaré dans les sectes, n’a pas encore pris l’empire ; la religion disciplinaire est défaite, et la religion morale n’est pas encore faite ; l’homme a cessé d’écouter les prescriptions du clergé, et n’a pas encore épelé la loi de la conscience. […] Ce n’est pas nous qui vous arrêtons, c’est la loi ; nous ne faisons que vous conduire. » Joignez à cela deux autres empoisonnements, une machine infernale pour faire sauter toute la garnison turque, un complot pour jeter dans un puits le commandant turc. […] il arrête ma langue ! […] Ils voient tout le détail, tout l’ondoiement de l’homme, celui du dehors et celui du dedans, l’un par l’autre, et l’un dans l’autre, tous les deux ensemble sans défaillir ou s’arrêter.
Partout où nous nous arrêtions, comme il s’accommodait gentiment à un chacun ! […] Ils s’étaient trouvés copistes trop minutieux et moralistes trop décidés, incapables des grandes divinations et des larges sympathies qui ouvrent l’histoire ; leur imagination était trop littérale et leur jugement trop arrêté. […] Prenons pour personnage un enfant idiot, une vieille paysanne qui grelotte, un colporteur, une servante arrêtée dans la rue. […] Il y a un sérieux imposant, une austère beauté dans cette réflexion si sincère ; le respect vient, on s’arrête et on est touché. […] Je m’arrêterai à temps, je n’irai pas, comme lui, au-delà des souvenirs de son printemps.
Son père, en particulier, mérite qu’on s’arrête à le ressaisir et à le considérer. […] Sa carrière ne fut même fixée et arrêtée à ce cran définitif qu’à la suite d’un incident où il fit preuve d’une probité intraitable et inflexible. […] Pourquoi s’être arrêté ainsi au terme, non pas devant le seuil d’une initiation nouvelle et d’une épreuve (ce n’en était pas une pour un tel candidat), mais devant la porte de sortie toute grande ouverte ? […] Sa fille, se précipitant sur le corps de son père et appelant les habitants et citoyens à la vengeance, devint si menaçante pour l’ordre d’alors que les autorités la firent arrêter. — Je ne regarde point en tout ceci à la couleur des opinions du père ; je ne vois que le courage de la fille.
Des vers satiriques contre le conseil des Dix le font arrêter par l’inquisition d’État : on le juge ; le professorat public lui est interdit pour toute peine. […] Après un moment d’hésitation, après s’être consultés et avoir comprimé un tressaillement d’horreur qu’ils éprouvent à la vue de l’homme fatal qui pèse sur leurs destinées, donn’Elvira, donn’Anna et don Ottavio se décident à poursuivre jusqu’au bout leur dangereuse entreprise ; mais, avant d’entrer dans le château qui cache tant de nombreux mystères, ils s’arrêtent sur le seuil, et, l’âme émue d’une sainte terreur, ils adressent au ciel l’une des plus touchantes prières qui aient été écrites par la main des hommes. […] Et sur un ordre de don Juan, qui ordonne à Leporello de préparer un nouveau souper, l’esprit de la mort lui crie : “Arrête ! […] — Je viendrai”, répond don Juan avec une intrépidité que rien n’arrête.
” — Mais elle, avec un tremblement qu’elle ne peut arrêter : « “Je ne me suis pas, dit-elle, fait de mal, nenni ! […] « Je t’aime tellement que si tu disais : Je veux une étoile, il n’est ni traversée de mers, ni forêts, ni torrents en fureur, ni bourreau, ni feu, ni fer qui m’arrêtent. […] « Et les six mules, belles et luisantes, suivaient, sans détourner ni s’arrêter, le sillon ; elles semblaient, en tirant, comprendre elles-mêmes pourquoi il faut labourer la terre sans marcher trop lentement et sans courir, vers le sol baissant le museau, patientes, attentives à l’ouvrage, et le cou tendu comme un arc ! […] À chaque stance le souffle s’arrête dans la poitrine et l’esprit se repose par un point d’admiration !
Et puis cependant elle était si gaie et si jeune d’esprit que cet attendrissement, sans cesse dévié par son sourire, n’allait pas jusqu’à la passion et s’arrêtait au charme ; le charme est ce crépuscule et ce pressentiment de l’amour, où l’amour devrait s’arrêter éternellement, pour n’arriver jamais jusqu’au feu, jusqu’à l’amertume et jusqu’aux larmes. […] « Angélique s’arrête à la fin dans un délicieux bocage dont une brise légère fait frissonner les feuilles ; deux clairs ruisseaux murmurent à son ombre ; leur onde fraîche y fait verdoyer en tout temps des herbes tendres et nouvelles ; les petits cailloux dont leur courant était ralenti leur faisaient rendre une suave harmonie qui charmait l’oreille. […] — Je vous arrête, jeune homme, me dit le professeur ; vous oubliez qu’un poète de votre propre pays l’a fait.
Ces conventions une fois arrêtées, et le pape ayant autorisé la séparation a mensa et toro, Charles-Édouard signa la déclaration que voici : « Nous, Charles, roi légitime de la Grande-Bretagne, sur les représentations qui nous ont été faites par Louise-Caroline-Maximilienne-Emmanuel, princesse de Stolberg, que pour bien des raisons elle souhaitait demeurer dans un éloignement et séparation de notre personne, que les circonstances et nos malheurs communs rendaient nécessaires et utiles pour nous deux, et considérant toutes les raisons qu’elle nous a exposées, nous déclarons par la présente que nous donnons notre consentement libre et volontaire à cette séparation, et que nous lui permettons dores en avant de vivre à Rome, ou en telle autre ville qu’elle jugera le plus convenable, tel étant notre bon plaisir. […] pour arrêter mon amie et la conduire en prison. […] Déjà, l’année précédente, j’avais, dans un accès d’ennui, abandonné le Misogallo, et m’étais arrêté à l’occupation de Rome, que je regardais comme le plus brillant épisode de cette épopée servile. […] Ainsi avaient été arrêtés sous le titre d’otages une foule de jeunes gens des plus nobles familles.
Je m’approchai pour lui serrer la main, je vis que nous nous comprenions sans phrase, et tout fut dit entre nous ; il était lancé, il n’avait pas le temps de s’arrêter. […] Ce fut son premier chagrin ; il pleura bien fort quand on lui dit qu’il ne verrait plus son aïeul, et son souvenir lui resta tellement à l’esprit que, longtemps après ce jour néfaste, me voyant prise d’un malencontreux fou rire pendant une réprimande de notre mère, il s’approche de moi, et pour arrêter cette gaieté intempestive qui menaçait de tourner à mal, me dit à l’oreille d’un ton tragique : « — Pense à la mort de ton grand-papa ! […] Oui, tu as raison, je ne m’arrêterai pas, j’avancerai, j’atteindrai le but, et tu me verras un jour compté parmi les grandes intelligences de mon pays ! […] … « “Je m’arrête, je suis trop triste ; le ciel devait un frère plus heureux à une sœur si affectionnée !
Mais la ressemblance s’arrête là. […] Wilder écrit : « S’il s’arrêtait sur moi, tout à coup radouci, l’œil du vieillard semblait se voiler d’une larme » (45)63. […] Elle joue ici le rôle d’un décor, d’une plastique, d’un jeu de gestes et d’intentions perceptible à l’oreille et pénétrant l’intelligence sans être arrêtée par l’objectivité des phénomènes visuels. […] Alors intervient un motif qui sous cette forme semble tout à fait étranger au premier ; c’est un appel puissant et large des cuivres doucement répété en hauteur par les flûtes ; puis un troisième motif qui semble également particulier, que nous analyserons à son tour, et à la fin duquel (p. 5, lignes 2, 5, 6), réapparaît la terminaison E du motif fondamental. — Celui-ci revient alors et forme toute la fin de l’ouverture, et successivement toutes ses fractions se mettent en évidence : d’abord A, B et C ensemble, puis B, qui s’altère de différentes façons ; et le motif A, B, C, revient encore trois fois, toujours arrêté par B qui se représente obstinément de plus en plus altéré, jusqu’à ce que D arrive à son tour ; E apparaît ensuite et semble une réponse à D et prend même à un moment un développement considérable ; et, à plein orchestre, une complication expressive met en valeur les notes finales qui se trouvent ici n’être plus autre chose que la répétition de B, au point d’être suivies enfin de D. qui s’affaisse bientôt, tandis que les bois reprennent, faiblement et de plus en plus en hauteur, le motif ascensionnel qui semble ici fuir, en se dissipant dans les hauteurs de l’orchestre, le milieu sonore encore troublé par les successifs déchirements et les vertigineuses éducations du motif fondamental.
Là donc où la création artistique « de consciente devient inconsciente » (Wagner, IX, 82), à ce point juste, je m’arrête. […] Comme artiste d’une originalité puissante, il a ouvert de vastes horizons, inconnus avant lui, aux possibilités humaines, et de temps en temps il a ressenti la nécessité de s’arrêter, pour s’orienter lui-même dans ce monde nouveau, et pour se rendre compte de la direction qu’il lui incombait de suivre. […] Il vaut la peine de s’y arrêter, car elle nous donne la clef de l’œuvre. […] Ici se séparent les deux penseurs : Schopenhauer conclut à l’Ascétisme : « La volonté se détourne du monde ; il éprouve une répulsion de l’espèce dont il est un produit ; il nie le vouloir et punit la tromperie du corps (la propagation de l’espèce) par la Chasteté. » Wagner semble s’être arrêté à la période du dévouement.
« Il arrête leur cours et montre leur profondeur à la lumière. […] « Et c’est sur un pareil néant que vos yeux, Seigneur, daigneraient s’arrêter ! […] Mais il est beau de ne s’arrêter que devant Dieu, il est beau d’être égal à tout, excepté à celui qui ne saurait avoir d’égal. […] Certes, si les grands esprits, au lieu de s’arrêter à la surface, de se scandaliser de l’apparence ou de se décourager de la souffrance, avaient été plus logiques et plus courageux, ils n’auraient pas ri comme des fous dans leurs loges : ils auraient prié comme des sages ou combattu comme des héros ; ils ne se seraient pas faits les bouffons de leur espèce : ils se seraient faits ses consolateurs.
Il était, nous dit Huet qui l’avait beaucoup connu, et qui même s’était senti dévotement enflammé par lui pendant une semaine sainte, il était d’un naturel hardi et ardent ; nulle considération ne l’arrêtait lorsqu’il s’agissait des intérêts de Dieu et de la charité. […] Le premier volume de son Histoire n’est pour nous que curieux et mérite assez peu qu’on s’y arrête.
Dans tout le cours de ce développement, il est impossible de s’arrêter et de mettre le point à aucun endroit ; c’est une seule et unique pensée qui court par des branches multipliées et sous des couleurs diverses. […] Un homme de la Cour allait à l’Opéra, et voyant son carrosse arrêté par la file de ceux qui allaient à l’église où Massillon devait prêcher, il se dit qu’un spectacle en valait bien un autre, et il entra dans l’église : il n’en sortit que touché au cœur.
Le duc de Chevreuse, tel qu’on le voit et par Saint-Simon, et dans sa correspondance avec Fénelon, se montre à nous précisément comme un type de ces hommes qui raisonnent à merveille, qui raisonnent trop bien, qui raisonnent sur tout et à perte de vue : seulement le principe d’où ils partent est faux ou contestable : « On était perdu, dit Saint-Simon, si on ne l’arrêtait dès le commencement, parce qu’aussitôt qu’on lui avait passé deux ou trois propositions qui paraissaient simples et qu’il faisait résulter l’une de l’autre, il menait son homme étant jusqu’au bout. » On sentait bien qu’il n’avait pas raison, mais il raisonnait si serré qu’on ne trouvait plus le joint pour rompre la chaîne. […] Il y a des moments où l’expérience de Fénelon est ainsi toute voisine de l’amertume ; mais chez lui cette amertume s’arrête et s’adoucit aussitôt, elle ne ressemble pas à la misanthropie des autres.
Ami de Tallemant des Réaux presque autant que de La Fontaine, il aimait l’historiette, l’anecdote, le bon conte, mais il s’arrêtait en chemin et n’allait pas jusqu’à le mettre en vers. […] En traduisant, il s’arrête plus au sens général qu’aux paroles ; quand il rencontre dans son auteur une pensée qui lui paraît subtile ou forcée, il ne se fait aucun scrupule de la retrancher ou de l’adoucir.
L’abbé de Montesquiou, étant venu faire part d’un arrêté au nom de l’ordre du clergé, prononce un discours et loue le secrétaire de l’Assemblée, c’est-à-dire Bailly, comme l’ami des pauvres et l’écrivain des hôpitaux : J’ai promis, s’écrie Bailly, que mon âme serait ici toute nue, et en conséquence je dirai que cette justice qui me fut rendue inopinément au milieu de mes collègues, dans une si digne assemblée et par un autre ordre que le mien, me causa une vive et sensible émotion. […] J’apprenais la nouvelle de la réunion à tous ceux à qui je pouvais parler, et je me rappelle qu’ayant arrêté à Sèvres, où je vis quelques-uns des soldats qui y étaient de poste et au nombre de ces troupes que l’Assemblée voulait repousser au loin, je leur criai la nouvelle de ma voiture : ces soldats étaient des Suisses, et j’aperçus qu’ils ne comprenaient rien à ce que je leur disais.
. — On eut nouvelles que du Bordage avait été arrêté auprès de Trelon, entre Sambre et Meuse : il voulait sortir du royaume avec sa famille. Sa femme a été blessée d’un coup de fusil ; ce sont les paysans qui l’ont arrêté et qui faisaient la garde pour empêcher les gens de la religion qui veulent sortir du royaume… » — « Vendredi 25. — On mène du Bordage dans la citadelle de Lille, sa femme dans celle de Cambray, et Mlle de La Moussaye, sa belle-sœur, dans celle de Tournay.
» Enfin il revient sur l’importance capitale dont serait cette victoire, selon lui facile, qui déconcerterait la coalition et arrêterait les souverains ennemis tout net ; il le dit en des termes plus crus et en une image parlante. — Notez que du moment que Montluc a commencé de parler, il n’a plus pour contradicteur que M. de Saint-Pol. […] Tandis que la droite, commandée par M. de Chais, et le centre, là où était Montluc, enfonçaient l’armée ennemie et que le marquis du Guast voyait la partie désespérée, M. d’Enghien, de son côté, voyait sa gauche complètement en déroute par la lâcheté des Gruyens (gens de la vallée de Gruyère), et essayait en vain par deux charges de cavalerie d’arrêter le bataillon des victorieux.
La vertu ou vraie prud’homie, que Charron veut édifier là-dessus, est à son tour « libre et franche, mâle et généreuse, riante et joyeuse, égale, uniforme et constante, marchant d’un pas ferme, fier et hautain, allant toujours son train, sans regarder de côté ni derrière, sans s’arrêter et altérer son pas et ses allures pour le vent, le temps, les occasions ». […] Tâchons comme lui de glisser doucement sur le fleuve du temps ; arrêtons-nous près des rives fleuries, et souvenons-nous pendant la tempête que le terme de notre course est aux îles Fortunées où meminisse juvabit.
On préparait le second passage du Danube ; Napoléon voit passer le général Mathieu Dumas, qui cherchait le maréchal Berthier : il l’arrête, le questionne sur plusieurs points de détail ; puis, tout d’un coup, changeant de sujet et se ressouvenant que Mathieu Dumas avait été des constitutionnels en 89 et dans l’Assemblée législative : — Général Dumas, vous étiez de ces enthousiastes (j’adoucis le mot) qui croyaient à la liberté ? […] Il se pose, il commence sa phrase, il s’arrête.
Ainsi, la Chambre des pairs s’oppose-t-elle à la loi du sacrilège, telle que la proposait le ministère et telle que la voudrait Lamennais, celui-ci écrit à M. de Coriolis (16 février 1825) : « Je trouve que la Chambre des pairs va chaque jour se surpassant elle-même ; on ne sait où elle s’arrêtera… Imaginez, monsieur le marquis, quatre cents… je ne sais que dire, le mot me manque pour désigner cette espèce d’êtres, — qui écoutent gravement des choses de cette force et délibèrent, etc., etc. » La Chambre des députés, vouée pourtant à l’esprit de réaction, mais qui ne va pas assez vite à son gré, n’est pas mieux traitée par lui. […] Et quand, après cela, j’arrête mes regards sur cette immense Éternité, fixe, immobile, vaste comme mon cœur, inépuisable comme ses désirs, je voudrais, je voudrais m’élancer dans ses profondeurs.
Pour Scribe, cette réaction, qui d’ailleurs ne venait pas de bien haut, n’a pas dépassé le jour funèbre et s’est arrêtée au bord de sa fosse ; il n’y avait plus lieu de lui en vouloir plus longtemps. […] Béranger l’arrête à temps, lui prêche la patience ; il en avait le droit, car il pouvait lui dire ce qu’il redira à d’autres : « A quarante-deux ans, je n’avais pas de feu dans mon taudis, même au plus fort de l’hiver.
Comme Tarquin, je sais abattre d’une main courageuse ces fleurs de la vie qui s’élèvent au-dessus des autres, et ce triste nivellement m’est devenu si familier, que je remplis ma tâche sans murmure et sans plainte. » Il faut partir de là avec elle, sans quoi on est arrêté à tout instant et on ne la suit pas. […] Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur.
Renan croit fermement que l’homme individuel a un but, « une perfection morale et intellectuelle à atteindre. » Il professe avec énergie ces hautes doctrines ; et, si on le presse, si on le chicane, si on lui oppose ses propres recherches, sa propre méthode, ce qu’il y a d’inexorable dans les résultats ou les inductions de l’analyse positive, il n’hésite pas à s’arrêter, à réserver l’avenir, à poser au terme de tout examen critique, et en présence du grand inconnu, ce qu’il appelle un doute inébranlable, mais un doute qui est tout en faveur des plus nobles suppositions et des hypothèses les plus conformes à la dignité du genre humain. […] Renan, que l’opinion des compagnies savantes désignait pour son successeur, était tout prêt à déclarer sa candidature : des difficultés pressenties l’arrêtèrent.
Guizot se prononce décisivement en faveur de celles-ci : « Pour moi, dit-il, arrivé au terme d’une longue vie pleine de travail, de réflexions et d’épreuves, d’épreuves dans la pensée comme dans l’action, je demeure convaincu que les dogmes chrétiens sont les légitimes et efficaces solutions des problèmes religieux naturels que l’homme porte en lui-même, et auxquels il ne saurait échapper. » L’auteur, ou plutôt le penseur chrétien, ne s’arrête point, dans les Méditations qu’il nous offre aujourd’hui, à ce qui divise entre eux les chrétiens des diverses communions ; il ne s’attache en ce moment qu’aux dogmes fondamentaux dont la suite exacte et l’enchaînement satisfait aux doutes qui agitent l’âme humaine, dès qu’elle se recueille et s’interroge à la manière de Pascal. […] Quelques-uns le voudraient plus large, moins arrêté ; mais il est conséquent avec lui-même, avec toute sa vie ; il est consistant.
Toutefois il a vu des plaies, il les a sondées, il a cru découvrir des dangers pour l’avenir et, à certains égards, des principes de décadence, si l’on n’y avisait et si l’on n’y portait remède ; et non seulement en bon citoyen il pousse un cri d’alarme, non seulement il avertit, mais en savant, en homme pratique, muni de toutes les lumières de son temps et de tous les matériaux particuliers qu’il a rassemblés, au fait de tous les ingrédients et les mobiles sociaux, sachant tous les rouages et tous les ressorts, il propose des moyens précis de se corriger et de s’arrêter à temps. […] — Il n’a pas paru de livre plus important et plus intéressant depuis le grand ouvrage de Tocqueville sur la Démocratie : et Le Play a le mérite d’avoir bien plus de courage que Tocqueville, qui n’a jamais osé braver un préjugé puissant… Il faut que vous lui rendiez pleine justice, et que nous adoptions son livre comme notre programme, sans nous arrêter aux dissentiments de détail, qui pourront être assez nombreux. » 35.
. — Sont venus ensuite les Girondins, et j’appelle ainsi tous les hommes du second moment, ceux d’après la fuite de Varennes, la plupart provinciaux, s’échauffant et s’enflammant à mEsure que les premiers se refroidissaient, et qui sont entrés dans l’arène politique avec des pensées républicaines honnêtes, avec la conviction arrêtée de l’incompatibilité de Louis xvi et de la Révolution, apportant d’ailleurs dans la discussion et la conduite des affaires plus d’ardeur et de générosité ou d’utopie que de réflexion et de prudence, depuis Brissot, Roland et sa noble femme, jusqu’à Condorcet. — Puis les Montagnards : ceux-ci violents, exaspérés, partant d’un principe extrême, s’inspirant d’une passion outrée, mais bon nombre également sincères, patriotes, d’une intégrité exemplaire, ne songeant dans l’établissement de leur terrible dictature temporaire qu’à la défense du territoire et au salut de la Révolution : Carnot, Cambon, Robert Lindet, Jean-Bon Saint-André, d’autres moins en vue comme Levasseur, Baudot… Pour les juger avec équité, il faut faire la part du feu, la part de la fièvre, et sacrifier sans doute beaucoup des idées applicables aux temps ordinaires ; mais, historiquement, à leur égard, ce n’est que justice. — Puis, la Terreur passée, il y a eu les hommes fermes, modérés, honorables, qui ont essayé de fonder l’ordre et le régime républicain en dépit des réactions, les hommes de l’an iii, Thibaudeau, Daunou, La Revellière-Lépeaux… — Je compterai ensuite une autre génération d’hommes politiques, ceux de 1797, de la veille de Fructidor, très honnêtes gens d’intention, un peu prématurés d’action et d’initiative, qui voulaient bien peut-être du régime légalement institué, mais qui le voulaient avec une justice de plus en plus étendue et sans les lois d’exception : les Barbé-Marbois, les Portalis, les Camille Jordan. — Enfin il y eut, à la dernière heure du Directoire, les hommes qui en étaient las avec toute la France, qui avaient soif d’en sortir et qui entrèrent avec patriotisme dans la pensée et l’accomplissement du 18 brumaire : Rœderer, Volney, Cabanis… Je crois que je n’ai rien omis, que tous les moments essentiels de la Révolution sont représentés, et que chacun de ces principaux courants d’opinion vient, en effet, livrer à son tour au jugement de l’histoire des chefs de file en renom, des hommes sui generis qui ont le droit d’être jugés selon leurs convictions, selon leur formule, et eu égard aux graves et périlleuses circonstances où ils intervinrent. […] J’acquérais ainsi l’habitude du travail, de la maturité dans mes idées ; je m’étais déjà exercé sur divers objets, j’avais vu différents pays, beaucoup d’hommes et de choses ; j’avais donc, dès cette époque, des opinions arrêtées sur les intérêts et les devoirs des hommes, sur la morale, sur l’administration, sur la politique.
Mais c’est trop nous arrêter aux bagatelles de la porte. […] Adieu : amitié, admiration, respect, reconnaissance ; on ne sait où s’arrêter dans cette énumération. » Il me semble encore une fois lire du Voltaire, dans sa lune de miel avec le grand Frédéric.
Dans les Harmonies, il perce déjà beaucoup d’idées de transformation chrétienne, mais arrêtées à temps. […] Où la transformation doit-elle convenablement s’arrêter, et où la déviation véritable commence-t-elle ?
J’ai dit qu’il n’y avait nulle vapeur, rien de vague qui circulât ; pourtant, au fond et à travers la discrétion extrême de l’idée, le long de la ligne arrêtée du fait, je ne sais quoi d’une ironie un peu amère se glissait insensiblement et gravait comme à l’eau-forte le trait simple202. […] On a bientôt fait de dire que Marius représentait le principe populaire, et Sylla l’élément patricien ; que le plébéianisme, depuis les Gracques, était généralement favorable à l’émancipation de l’Italie tout entière et à une égalité de droits à laquelle s’opposait le sénat ; que les Italiens s’armèrent pour conquérir par la force ce qu’on leur déniait avec iniquité ; que la guerre fut atroce et Rome plus d’une fois en danger ; que le patriciat, en triomphant même, en se relevant un moment par l’épée de Sylla, ne put guère faire autre chose que ce qu’aurait fait également l’autre parti s’il eût été victorieux, c’est-à-dire proclamer les concessions devenues inévitables et qui ne s’arrêtèrent pas là.
Il était fort aimable dans le monde, quoi qu’on en ait dit, et particulièrement dans un monde privé ; sa conversation, abandonnée et naïve, s’assaisonnait au besoin de finesse malicieuse, et ses distractions savaient fort bien s’arrêter à temps pour n’être qu’un charme de plus : il était certainement moins bonhomme en société que le grand Corneille. […] La Fontaine lui rendit un caractère primitif d’expression vive et discrète ; il la débarrassa de tout ce qu’elle pouvait avoir contracté de banal ou de sensuel ; Platon, par ce côté, lui fut bon à quelque chose comme il l’avait été à Pétrarque ; et quand le poëte s’écrie dans une de ses fables délicieuses : Ne sentirai-je plus de charme qui m’arrête ?
On s’explique que la Sorbonne et le Parlement aient arrêté le livre. […] Ses figures, nettement arrêtées en leurs contours, ont un vigoureux relief : il a une manière de peindre, grasse et comme substantielle ; ce ne sont pas les touches d’un homme qui croirait peindre les fluides apparences de l’universelle illusion.
On y est engourdi par la béatitude de vivre, et l’abondance et la continuité des sensations agréables vous y berce dans un rêve sans fin… Mais en même temps le vieux monde fait des apparitions brusques et bizarres dans cette île enfantine où ses navires s’arrêtent en passant : et le vieux monde, c’est sans doute le péché, mais c’est l’effort ; c’est la douleur morale, mais c’est la dignité ; c’est le labeur, mais c’est l’intelligence. […] Et c’est pourquoi, quand le quêteur d’exotisme et d’impressions rares s’arrêtera au pays de France, il ne pourra que nous raconter des idylles, plus poignantes sans doute, mais aussi peu compliquées que Paul et Virginie, Graziella ou même l’épisode de Nausicaa dans l’exquise Odyssée.
Sans doute la conversion, l’adhésion de l’adulte à une doctrine étrangère et arrêtée, marque toujours faiblesse et lâcheté intellectuelles. […] Je m’arrête.
J’en demande bien pardon, je désire ici tout simplement qu’on fasse désormais pour tout le monde ce que Bossuet, en son temps, faisait pour M. le Dauphin dans cet admirable Discours qui, par malheur, s’arrête à Charlemagne, là où le développement moderne allait commencer. […] On me permettra de m’y arrêter.
Napoléon, l’appréciant plus tard pour ses beaux développements au Conseil d’État et au Corps législatif, disait de lui : « Portalis serait l’orateur le plus fleuri et le plus éloquent, s’il savait s’arrêter. » Son discours, nourri de maximes, avait quelque chose d’un Nestor précoce, et qui ne craint pas de se répéter. […] À la vue des armes et du costume des Troyens, Achéménide effrayé s’arrête un instant, et il se demande s’il osera se faire voir à eux ; mais le sentiment de sa misère l’emporte : Au nom des astres, au nom des dieux, s’écrie-t-il en s’avançant, par cet air commun que nous respirons, prenez-moi, Troyens, partout où vous voudrez emmenez-moi ; c’est tout ce que je vous demande.
C’est là qu’un jour il vit arriver un jeune élève de l’École normale, Jouffroy, de deux ans plus âgé que lui, et qui, en revenant passer les vacances au hameau des Pontets, s’arrêta un moment au passage. […] Partout il est le même : figurez-vous une démarche longue et lente, un peu penchée, dans une paisible allée où l’on cause à deux du côté de l’ombre, et où il s’arrête souvent en causant ; voyez de près ce sourire affectueux et fin, cette physionomie bénigne où il se mêle quelque chose du Fléchier et du Fénelon ; écoutez cette parole ingénieuse, élevée, fertile en idées, un peu entrecoupée par la fatigue de la voix, et qui reprend haleine souvent ; remarquez, au milieu des vues de doctrine et des aperçus explicatifs qui s’essaient et naissent d’eux-mêmes sur ses lèvres, des mots heureux, des anecdotes agréables, un discours semé de souvenirs, orné proprement d’aménité : et ne demandez pas si c’est un autre, c’est lui.
Sans dessein bien arrêté, ils vont ainsi jusqu’à Stockholm, partout bien reçus et avec une distinction particulière. […] de la vie qui consiste uniquement dans le repos, et que cette tranquillité d’âme si heureuse se trouve dans une douce profession qui nous arrête, comme l’ancre fait un vaisseau retenu au milieu de la tempête.
Ici seulement on a droit de remarquer que les commissaires américains, au nombre de quatre ou cinq, parmi lesquels était Franklin, brusquèrent leur traité dans les dernières conférences et n’en communiquèrent au ministre français, M. de Vergennes, les articles préliminaires que déjà arrêtés, bien que non ratifiés encore. […] Rien d’ailleurs, dans les bases arrêtées, n’était de nature à porter préjudice à la France : tout était bien, sauf la forme à laquelle on avait manqué.
Mérimée, qui n’aime que ce qui est sûr, s’en abstient strictement ; il aborde l’histoire par ses monuments les plus authentiques et ses témoignages les plus précis, s’en écarte peu, ne les combine qu’autant qu’il lui semble que les faits s’y prêtent, et s’arrête dès que la donnée positive fait défaut. […] Dans Emmeline de même : cette vive, espiègle et rieuse personne, et qui pourtant a un cœur, se prend d’un premier amour de jeune fille, qui la rend mélancolique d’abord ; mais, sitôt qu’elle a aimé et qu’elle a épousé l’homme qu’elle aime, la gaieté revient : « Il semblait que la vie d’Emmeline eût été suspendue par son amour ; dès qu’il fut satisfait, elle reprit son cours, comme un ruisseau arrêté un instant. » Ne cherchez point chez M.
Or, voici l’article qui devait nous faire asseoir sur les bancs de la police correctionnelle, absolument comme des messieurs arrêtés dans une pissotière. […] Ce qu’il voyait, ce qu’il entendait, la déclaration de ce substitut, les dénégations de Latour-Dumoulin qui lui avait dit travailler à arrêter les poursuites, tout cela, le sortant de son égoïste optimisme, faisait tout à coup, ainsi que du feu d’un caillou, jaillir de l’indignation de ce vieux bourgeois habitué par sa longue vie à ne s’indigner de rien.
Il avait le goût ferme et sobre et savait s’arrêter, quelle que fût son envie. […] Un matin, il travaillait, levé de bonne heure, pour le soulagement des âmes souffrantes ; un jeune homme (impétueux, dit-il), ne s’arrêta pas à la consigne : il pénétra, frappa, entra !
Mais il n’y a pas lieu de s’arrêter ici à ces nombreuses erreurs ; l’intention dernière de Hugo transparaît presque naïvement : il veut prouver que son époque est celle du drame ; en secret, il se flatte de dépasser Shakespeare ; et la préface de Cromwell a quelque chose de truqué. — On a souvent dit déjà pourquoi l’école romantique, essentiellement lyrique, tenait tellement à s’affirmer au théâtre : il s’agissait de vaincre Corneille et Racine. […] Laissons de côté l’idylle, le poème héroï-comique, et ce « nouveau genre d’épopée » que la subtilité de Chapelain découvrait dans l’Adone de Marini ; ce sont là des catégories trop évidemment factices ; mais arrêtons-nous à la satire pour laquelle on a voulu monopoliser certaines formes, et dont on fait un « genre » bien à tort.
Jouffroy autour du « problème de la destinée humaine. » Elle a perverti sa réponse par une équivoque91 involontaire, et l’a arrêté sur le seuil, dans un préjugé théologique d’où il n’est point sorti. […] Vers 1810, la dernière ondulation s’arrêtait.
Vous êtes prompt en besogne ; au besoin, vous pourriez répondre à ces bonnes gens qui arrêtent un homme sur le trottoir, le priant de leur expliquer, au pied levé, ce qu’il pense de Dieu, du monde, de l’âme et du reste. […] L’analyse s’arrête ici ; vous savez en quoi elle consiste : traduire les mots par des faits ; voilà sa définition ; traduction exacte, traduction complète ; voilà ses deux parties.
Il reconnut que ces deux opérations sont le commencement de la science ; que, si on omet la première, on se lance à la recherche des êtres métaphysiques ; que si on omet la seconde, on ne peut entrer dans aucune recherche ; que, faute de la première, on s’égare ; que, faute de la seconde, on est arrêté. […] Je m’arrête, il faudrait décrire tout.
Et Beethoven, lorsque, sans chapeau, sans habit, il se laissait arrêter comme vagabond ? […] Tout est déjà parfaitement arrêté et il est rare que ma partition diffère beaucoup de ce que j’avais auparavant dans ma tête. […] Les gens s’arrêtaient un instant devant ces simulacres ou les saluaient en passant, ainsi que font encore les paysans qui rencontrent un calvaire ou une Vierge. […] L’utopiste, ayant réalisé cet effort original, s’arrête et doute ; non de lui-même, mais de la possibilité de réaliser son idéal. […] Il faut parler de l’amour comme si l’âge d’or de l’amour régnait encore et n’en retenir que l’essentiel, loin de s’arrêter aux phénomènes de surface et passagers.
L'abbé Dupanloup, encouragé par le succès de sa première lettre au duc de Broglie, en a publié une deuxième, qui a moins réussi : personne ne sait s’arrêter à temps et ne pas abuser. — Le Rancé de Chateaubriand a été une déception ; les articles de M.
M. de Metternich fit même arrêter Batiste, aide de camp du général ; et celui-ci n’eut que le temps de s’enfuir à Berne, que bientôt il fut forcé de quitter pour Hambourg.
« Une fois dans cette voie, il ne s’arrêta plus et même alla beaucoup plus loin que des Esseintes, car, avec des moyens restreints, il arriva à des résultats surprenants, vraiment.
Serait-il capable d’arrêter un siècle sur la pente où il roule et de lui imprimer la direction qu’il lui plaît ?
Ces détails de critique peuvent ne pas être sans intérêt ni sans enseignements, mais ils sembleraient minutieux aujourd’hui ; la liberté de l’art est admise, la question principale est résolue, à quoi bon s’arrêter aux questions secondaires ?
Qu’il soit jeune, vigoureux, et d’une beauté rustique ; qu’il soit assis sur un bout de rocher ; que de vieux arbres qui ont pris racine sur ce rocher et qui le couronnent, entrelacent leurs branches touffues au-dessus de sa tête ; que le soleil penche vers son couchant ; que ses rayons, dorant le sommet des montagnes et la sommité des arbres viennent éclairer pour un moment encore le lieu de la scène ; que les trois déesses soient en présence de Paris ; que Venus semble de préférence arrêter ses regards ; qu’elles soient toutes les trois si belles, que je ne sache moi-même à qui accorder la pomme ; que chacune ait sa beauté particulière ; qu’elles soient toutes nues ; que Venus ait seulement son ceste, Pallas son casque ; Junon son bandeau.
Je n’ai « pas d’enfant, vous le savez : nous vivrons « ici toutes trois en famille. » Les jeunes filles s’arrêtèrent dans leur fuite et vinrent auprès de la vieille.
S’il fait autre chose que leur montrer ce qui est déjà en eux, il n’aura réussi qu’à être trouvé étrange, qu’à être considéré comme un homme d’imagination : il faut de la sympathie et des points convenus entre tous ; et l’émotion qui s’arrête sur le bord de la tribune, sans aller au-delà, finit par s’y éteindre.
Mais pour ceux qui savent combien était haut le sentiment de la responsabilité chez ce parfait honnête homme, il paraîtra que ses dernières préoccupations, — celles où il puisa la paix suprême, — ont été pour un examen de conscience plus intime et où il s’arrêta moins à peser les idées auxquelles il avait lié sa vie qu’à venfier la façon même dont il avait usé de la vie.
Lorsqu’il fut arrêté, on trouva, dans ses papiers, moins de complots que de chimères. […] Nous ne nous arrêterons qu’à celles qui ont fait un grand bruit. […] On ne s’y seroit point arrêté, si la police & des cours souveraines fussent intervenues. […] La police fit arrêter promptement les exemplaires d’un libèle qui parut à ce sujet. […] Le cardinal parvint à obtenir un ordre de la cour pour le faire arrêter.
La loi nous donne le rapport numérique de l’effet à sa cause, et c’est là le but auquel s’arrête la science. […] Néanmoins les entraves qui arrêtent la puissance du physiologiste ne résident point dans la nature même des phénomènes de la vie, mais seulement dans leur complexité. […] Les préjugés qui se sont attachés au respect des cadavres ont pendant très longtemps arrêté le progrès de l’anatomie. […] Je les explique très bien, et c’est pour cela qu’ils ne m’arrêtent pas. […] De même le chirurgien n’est pas arrêté par les cris et les sanglots les plus émouvants, parce qu’il ne voit que son idée et le but de son opération.
Garat, rendant compte de l’Almanach des Muses dans le Mercure (avril 1780), s’arrêta longuement sur le poëme de Fontanes, et le critiqua avec une sévérité indirecte et masquée, qui put sembler piquante dans les habitudes du temps. […] Veut-on que notre mètre, en sa marche arrêté, De la mesure antique ait la variété ? […] semblable au mortel que sa force abandonne, Dieu, qui ne cesse point d’agir et d’enfanter, Eût dit : « Voici la borne où je dois m’arrêter ! […] Celui-ci ne fut pas arrêté, ou du moins il ne le fut que durant trois fois vingt-quatre heures, et par mégarde, comme s’étant trouvé dans la voiture de M. de Langeac, son ami, à qui on en voulait. […] Mais ton pas s’est ralenti, Il s’arrête, et lu chancelles ; Un bruit sourd a retenti.
Où s’arrête la vérité ? […] La plaie s’envenima vite, et il se vit contraint de s’arrêter trois jours à Viterbe. […] Pourquoi s’arrêtent-ils ? […] Il paraît qu’après un pansement, d’Aubigné monta à cheval et fit vingt-deux lieues sans s’arrêter. […] Il fut arrêté alors que la célébration du mariage se ferait au commencement de juin.
Un critique, qui a des idées arrêtées, est lié par son passé. […] Il a arrêté plus d’une erreur qui courait sur les débuts de la critique d’art. […] Mais rien n’a pu l’arrêter ; car il est tenace autant que prompt à l’attaque. […] Arrête-t-il sa pensée sur la politique ? […] Il est ennemi de la démocratie et il estime qu’on ne peut pas plus l’arrêter que la marée montante.
Je ne m’arrêterai point à parler des malheurs causés par l’avarice ; on ne voit point de gradation ni de nuance dans cette singulière passion ; tout y paraît également douloureux et vil.
Et c’est pourquoi, non seulement certains hommes ne sont éloquents que parce qu’ils sont révolutionnaires ; mais on en cite qui, peut-être à leur insu, ne sont devenus révolutionnaires que parce qu’ils étaient nés éloquents ; qui, partis du criticisme un peu timide du centre gauche, ne se sont arrêtés que là où ils trouvaient l’emploi total de leur éloquence magnifique, violente et vague, et qui, menés par leur langue, dupes de leur propre séduction, ont sans doute fini par croire qu’ils remplissaient une mission, quand ils ne faisaient qu’accomplir une fonction naturelle et fatale.
Delavigne, l’essor de la grande ambition littéraire, en ce qu’il peut avoir parfois de téméraire et de suprême, était arrêté en lui et comme limité par une sorte de réserve naturelle, qu’on peut louer ou blâmer, selon qu’on préfère dans les productions de l’esprit le goût qui circonscrit ou le génie qui entreprend, mais qui était une qualité aimable et gracieuse, et qui se traduisait en modestie dans son caractère et en prudence dans ses ouvrages.
Il fut arrêté et mis dans un cachot (on n’était plus sous Henri IV), et le saisissement qu’il en eut causa sa mort.
Ces versets forment une conclusion du second évangile, différente de la conclusion XVI, 1-8, après laquelle s’arrêtent beaucoup de manuscrits.
Le marquis d’Urfé devait en grande partie sa célébrité à sa longue et merveilleuse passion pour Diane de Châteaumorand, personne d’une admirable beauté, d’une grande fortune, toute occupée de ses charmes, et pénétrée du respect pour elle-même, au point d’avoir refusé à un neveu de s’arrêter une nuit dans un château qu’il avait sur une route où elle passait, parce qu’on y avait remplacé des vitres de cristal par du verre.
Cette consonnance fait ici un très-bon effet, parce qu’elle arrête l’esprit sur l’idée de l’exagération qu’emploient les accusateurs.
Énée va consulter la Sibylle : arrêté au soupirail de l’antre, il attend les paroles de la prophétesse.
Elle est assez singulière pour qu’on dût s’arrêter sur elle. […] Arrêtons-nous sur Thérèse. […] Diderot est arrêté le 29 juillet et conduit au donjon de Vincennes. […] Il poursuit : Il y a un âge auquel l’homme individuel voudrait s’arrêter : tu chercheras l’âge auquel tu désirerais que ton espèce se fût arrêtée ! […] Cependant, Rousseau arrive à l’étape du développement humain où il aurait voulu que l’humanité se fût arrêtée.
Elles ne s’arrêtent ni ne se hâtent jamais. […] Il a sur le monde et la vie des idées très arrêtées. […] Il s’arrêta pour souffler. […] Le journal s’arrête au lundi 20 octobre. […] Girardin, il voulut s’arrêter.
» Vabre eût volontiers arrêté les gens dans la rue pour leur demander : « Avez-vous lu Shakespeare ? […] Le bourg où l’on s’arrêtait s’appelait « Hernani ». […] Ce n’était nullement insouciance ou froideur ; mais, pareil au martinet des tours, qui est apode et dont la vie est un vol perpétuel, il ne pouvait s’arrêter. […] Il croyait, ainsi que Glück, qu’au théâtre, la parole et la note devaient être étroitement unies, et il n’admettait pas ces coupes d’airs, de cavatine, qui arrêtent l’action. […] Le grand mouvement shakespearien de 1830 s’arrêtait entravé par d’insurmontables obstacles.
Les sens s’arrêtent au papier lumineux. […] Je crois que, dans le domaine de l’observation pure, on peut s’arrêter là ! […] Le cheval s’arrête, le train entre en gare. […] Le sapin s’arrête 27, boulevard Y ! […] Cependant des passants s’arrêtent.
Le travail a toujours sa récompense ; jamais les batailleurs, impuissants presque toujours, n’arrêteront l’homme convaincu et laborieux. […] Il y a au-dessus des critiques une chose qu’ils ne peuvent arrêter : l’esprit humain. […] Je puis donc être, avec tranquillité, ennuyeux, pédant ou lourd, à de certains moments, parce que j’ai l’assurance que ce n’est là qu’une étape de mon voyage, un pays où je ne m’arrêterai pas. […] Ce n’est pas pour eux que nous écrivons, nous n’avons pas l’intention de les convertir ; que nous arrêtions quelques esprits sur cette pente qui conduit à la folie, c’est tout notre désir. […] Toute notion qu’elle présente est une grandeur absolue, de même que toutes les décisions qu’elle arrête ; et tel est aussi l’idéaliste digne de ce nom, dans son savoir et dans ses actes.
Il n’y a pas lieu de s’arrêter sur cette parole enfantine d’un petit garçon persécuté. […] Les chevaux, rondement menés, trottèrent bon train pendant quinze lieues, traversèrent, sans s’arrêter, le pavé de Soissons. Au relai de Courcelles, on s’arrêta. […] M. l’Empereur et Roi, Nous avons arrêté et arrêtons ce qui suit : Article 1er. […] Un soir, il s’arrêta aux premières pentes du mont Rangen, près du château d’Engelbourg.
Car ils ne s’arrêteront pas à mi-chemin. […] Son Amaury est un Durtal qui ne s’est pas arrêté à mi-chemin. […] L’évangélisme s’arrête au seuil de l’adultère. […] Léon Daudet ne s’arrête pas en si beau chemin. […] Il ne s’arrêtera pas devant l’indescriptible.
Ils valent qu’on s’y arrête quelque connus qu’ils soient. […] Les lectrices de Monsieur Bois s’arrêteront longuement à certains chapitres. […] Cependant elle s’arrêtait et mordait son porte-plume. […] Léon Bloy ne s’arrête pas court, lorsque l’heure a sonné de l’enthousiasme. […] Ne craignons pas de nous arrêter à notre tour sur le roman de M.
Mais nous ne nous arrêterons que devant l’immuable. […] Toutefois le finalisme n’est pas, comme le mécanisme, une doctrine aux lignes arrêtées. […] Le moment est venu d’établir que, si le mécanisme ne suffit pas à rendre compte de l’évolution, le moyen de prouver cette insuffisance n’est pas de s’arrêter à la conception classique de la finalité, encore moins de la rétrécir ou de l’atténuer, mais au contraire d’aller plus loin qu’elle. […] A un certain moment, ma main aura épuisé son effort, et, à ce moment précis, les grains de limaille se seront juxtaposés et coordonnés en une forme déterminée, celle même de la main qui s’arrête et d’une partie du bras. […] Mais, quel que soit le point où elle s’arrête, instantanément et automatiquement les grains s’équilibrent, se coordonnent entre eux.
En réalité, on n’a fait qu’écarter ce qui la gênait ou l’arrêtait. […] Mais il frappe l’attention quand on s’y arrête, — signe ordinaire d’une insuffisance d’élan. […] Qui s’arrête entre les deux est nécessairement dans la égion de la pure contemplation, et pratique en tout cas naturellement, ne s’en tenant plus à l’un et n’étant pas allé jusqu’à l’autre, cette demi-vertu qu’est le détachement. […] Elle mesurera d’ailleurs la peine à la gravité de l’offense, puisque, sans cela, on n’aurait aucun intérêt à s’arrêter quand on commence à mal faire ; on ne courrait pas plus de risque à aller jusqu’au bout. […] Disons seulement qu’elle se rattache à notre habitude de considérer tout mouvement en avant comme le rétrécissement progressif de la distance entre le point de départ (qui est effectivement donné), et le point d’arrivée, qui n’existe comme station que lorsque le mobile a choisi de s’y arrêter.
Il trouva une file de chameaux arrêtés un peu hors du chemin, et un berceau qui penchait tout d’un côté. […] Je ne m’arrêterai pas à nommer les maisons et les jardins des côtés, qui sont au nombre de quatorze, sept de chaque côté ; chacun porte le nom du seigneur qui l’a fait construire. […] Je m’assure qu’il vous punira, et que le moindre châtiment que vous en devez attendre est d’être envoyés nus en quelque désert, prier Dieu pour lui de ce qu’il vous aura laissé la vie. » Là-dessus, il s’arrêta tout court, le visage un peu ému ; puis reprenant la parole au même instant avec une exclamation subite: « Hamzeh-Mirza, s’écria-t-il, Hamzeh-Mirza ! […] Ainsi, bien loin qu’aucun d’eux voulût tenir ferme sur son premier sentiment, ils se hâtèrent à l’envi l’un de l’autre de se rétracter ; et dissimulant leur mécontentement, ils arrêtèrent, tout d’une voix, « qu’attendu que l’aîné se trouvait en état de recevoir la couronne qui lui appartenait par la loi, il fallait sans délai l’aller tirer du palais de la Grandeur pour le porter sur le trône. » Voilà comme Sefie-Mirza (Sséfy-Myrzâ) fut élu monarque des Perses, contre la volonté de ceux mêmes qui lui donnaient leurs suffrages. […] Ce fleuve a cela de particulier, que, lorsque l’on l’arrête tout entier dans un endroit, il s’en échappe encore assez d’eau par la filtration pour former un grand fleuve.
Si l’on ajoute enfin que Zola né à Paris, élevé en Provence, a reçu une éducation semblable à la nôtre, a toujours imprégné sa pensée de l’esprit de nos auteurs, on ne pourra s’arrêter plus longtemps à cette futile explication. […] depuis plusieurs mois vous arrêtez en faveur d’un seul homme la vie de toute une nation, d’une nation sollicitée par tant d’autres grands et pressants problèmes ; de vos larges gestes théâtraux, vous provoquez l’opinion publique ; autour de vos tristes tréteaux vous amassez la foule, et alors, avec un cynisme ou une inconscience vraiment extraordinaires, vous déclarez, en vous frappant la poitrine, que vous possédez des preuves, des preuves que vous n’apportez jamais ; vous affirmez, que dis-je, hier encore, après quelques phrases sur « la glorieuse cité de Venise », vous juriez solennellement qu’un homme condamné pour trahison n’avait jamais trahi, et puis, lamentablement, vous mendiez un acquittement en promettant aux jurés la reprise des affaires ; vous avez semé le trouble dans les esprits et la haine dans les cœurs ; vous avez osé couvrir du glorieux pavillon des principes proclamés, il y a cent ans, par la France à son éternel honneur, des passions louches et des combinaisons politiques ; vous êtes assez naïf pour croire, ou assez impudent pour proclamer, que vous marchez à la conquête de la Vérité et de la Justice… Mais regardez donc un peu quelques-uns de vos compagnons d’armes ! […] Des hommes ont lutté héroïquement à Cuba et en Crète pour leur indépendance ; des Arméniens, par centaines de mille ont été massacrés, leurs villages pillés et incendiés ; des prisonniers, arrêtés pour leurs opinions, ont été épouvantablement torturés à Montjuich ; des Français, déportés à la Guyane, ont été exécutés en masse sous couleur de répression d’une révolte, révolte fomentée par des agitateurs louches ; les mécaniciens anglais ont attendu plusieurs mois qu’un secours leur vînt contre l’audacieuse férocité et leurs patrons ; enfin, la Grèce, cette Grèce dont tout homme ayant une âme ne peut prononcer le nom sans être remué d’une émotion presque sacrée, cette Grèce, notre mère vénérable, éternelle patrie de toute beauté, a été bâillonnée et enchaînée par les bandits de l’Europe financière, pendant que, riant de ses sursauts héroïques et désespérés, le Turc immonde la violait. […] Nous pourrions continuer ainsi longtemps, nous préférons nous arrêter : aussi bien nous avons un remerciement à vous adresser, c’est d’avoir involontairement hâté la fin d’un régime. […] Oui, les idées sont en marche et elles ne s’arrêteront plus.
Mercredi 9 janvier Ce soir, rue de Berri, on cause du décolletage des femmes, et comme je disais que la gorge de la femme honnête devrait être la chose la plus secrète pour les autres, autres que le mari, d’Ocagne nous raconte la présentation d’un Chinois qu’il a faite chez About, ce Chinois s’étant obstinément arrêté à la porte du salon, il avait été obligé d’aller le rechercher et de le forcer à entrer. […] Quand ma pensée va à cette nomination, elle ne s’y arrête pas, comme elle s’arrête aux événements de votre vie qui, vous donnent de la sincère joie, et passe de suite à autre chose. […] Lorsqu’il nous remet en voiture, un moment, arrêté à la portière, il s’ouvre sur le chagrin que lui cause la brouille avec son fils : « Quant à moi, fait-il, il ne me parle plus, ne me salue plus… Dans ma jeunesse, j’étais violent, prêt à frapper, et cependant lui — il lève le doigt en l’air, et le laisse retomber — je ne lui ai jamais même fait cela… je ne l’ai jamais puni ! […] Un ami, qui était là, part à sa place… Mais voici le curieux : le vent nous pousse juste sur la Varenne, et là un calme nous y arrête… Nous étions à huit cents mètres… j’entends une voix, qui m’appelle par mon nom… nous étions juste au-dessus du jardin de l’abbé… nous ne le voyons pas, mais nous voyons très bien sa maison… Un moment l’idée de descendre et de le reprendre, mon ami en ayant assez… mais le vent revient… Le lendemain, nous étions à cinq heures à Spa.
Arrêtons-nous sur ce dernier point. […] Les images qui nous environnent paraîtront tourner vers notre corps, mais éclairée cette fois, la face qui l’intéresse ; elles détacheront de leur substance ce que nous aurons arrêté au passage, ce que nous sommes capables d’influencer. […] Or, je vois que les ébranlements transmis du point P aux divers corpuscules rétiniens sont conduits aux centres optiques sous-corticaux et corticaux, souvent aussi à d’autres centres, et que ces centres tantôt les transmettent à des mécanismes moteurs, tantôt les arrêtent provisoirement. […] Tout se passera donc enfin comme si, par un véritable retour des actions réelles et virtuelles à leurs points d’application ou d’origine, les images extérieures étaient réfléchies par notre corps dans l’espace qui l’environne, et les actions réelles arrêtées par lui à l’intérieur de sa substance. […] Cette indétermination, comme nous l’avons montré, se traduira par une réflexion sur elles-mêmes, ou mieux par une division des images qui entourent notre corps ; et comme la chaîne d’éléments nerveux qui reçoit, arrête et transmet des mouvements est justement le siège et donne la mesure de cette indétermination, notre perception suivra tout le détail et paraîtra exprimer toutes les variations de ces éléments nerveux eux-mêmes.
Habituée qu’elle était à donner à ses sentiments une forme unique, elle s’est senti plus d’une fois le cœur aveuvé ; elle s’est demandé, elle a demandé aux objets muets si c’était bien la loi fatale et dernière ; ainsi, hier encore, en regardant une horloge arrêtée : Horloge, d’où s’élançait l’heure, Vibrante en passant dans l’or pur, Comme un oiseau qui chante ou pleure Dans un arbre où son nid est sûr, Ton haleine égale et sonore Sous le froid cadran ne bat plus : Tout s’éteint-il comme l’aurore Des beaux jours qu’à ton front j’ai lus ? […] Il y a toujours quelque raison grave pour arrêter l’élan de mon âme. […] qu’il faille arrêter les élans d’un pauvre cœur qui bat toujours si vite pour ceux qu’il a aimés et qu’il aimera toujours !
trois ans à peine s’étaient écoulés, et lui-même allait être initié à ces secrets de la mort, où il semble que, par un triste pressentiment, il s’était plu à s’arrêter avec une curiosité mélancolique. » Il allait savoir le dernier mot (s’il est permis !) […] Cet honorable ouvrage, et la préface qu’il mit depuis à la publication de la Satyre Ménippée 230, lui valurent des attaques, parmi lesquelles je ne m’arrêterai qu’à la plus sérieuse, à celle qui touche un point d’histoire saillant et délicat. […] Si Lucrèce nous rend avec une saveur amère les angoisses des mortels, nul aussi n’a peint plus fermement et plus fièrement que lui la majesté sacrée de la nature, le calme et la sérénité du sage ; à ce titre auguste, le pieux Virgile lui-même, en un passage célèbre, le proclame heureux : Félix qui potuit rerum , etc… Quoi qu’il en soit cependant de l’énigme que le poëte nous propose, et si tant est qu’il y ait vraiment énigme dans son œuvre, c’était aux expressions de trouble et de douleur que s’attachait surtout notre ami ; le livre III, où il est traité à fond de l’âme humaine et de la mort, avait attiré particulièrement son attention ; dans son exemplaire, chaque trait saillant des admirables peintures de la fin est surchargé de coups de crayon et de notes marginales, et il s’arrêtait avec réflexion sur cette dernière et fatale pensée, comme devant l’inévitable perspective : « Que nous ayons vécu peu de jours, ou que nous ayons poussé au-delà d’un siècle, une fois morts, nous n’en sommes pas moins morts pour une éternité ; et celui-là ne sera pas couché moins longtemps désormais, qui a terminé sa vie aujourd’hui même, et celui qui est tombé depuis bien des mois et bien des ans : Mors aeterna tamen nihilominus illa manebit ; Nec minus ille diu jam non erit, ex hodierno Lumine qui finem vitaï fecit, et ille Mensibus atque annis qui multis occidit ante. » Notre ami était donc en train d’attacher ses travaux à des sujets et à des noms déjà éprouvés, et les moins périssables de tous sur cette terre fragile ; il voguait à plein courant dans la vie de l’intelligence ; des pensées plus douces de cœur et d’avenir s’y ajoutaient tout bas, lorsque tout d’un coup il fut saisi d’une indisposition violente, sans siège local bien déterminé, et c’est alors, durant une fièvre orageuse, qu’en deux jours, sans que la science et l’amitié consternées pussent se rendre compte ni avoir prévu, sans aucune cause appréciable suffisante, la vie subitement lui fit faute ; et le vendredi 19 septembre 1845, vers six heures du soir, il était mort quand il ne semblait qu’endormi.
Comme, à cause du blocus anglais, le vaisseau sur lequel voyageait Humboldt ne pouvait s’arrêter plus de quatre ou cinq jours, Humboldt devait se hâter d’arriver avec Bonpland au port d’Orotava, d’où il prendrait un guide pour le conduire au pic. […] Les passagers que le fléau n’avait pas atteints, effrayés de la contagion, avaient pris la résolution de s’arrêter au plus prochain lieu de relâche favorable, pour attendre un autre navire qui les porterait au terme de leur voyage, Cuba ou Mexico. […] Il allait partir, sur l’invitation de l’empereur de Russie, pour un voyage d’exploration dans ce vaste empire, quand la maladie de sa belle-sœur, Mme Guillaume de Humboldt, l’arrêta à Tégel.
Les bûcherons s’arrêtèrent, leurs haches levées, de peur de nous blesser en les laissant retomber contre le pied de l’arbre. […] Hyeronimo arrêta le sang que perdait Zampogna en entourant l’os de sa pauvre jambe coupée d’une terre glaise, et en retenant cette terre humide autour de l’os nu avec une bande arrachée de sa manche de chemise. […] alors, monsieur, je pus à peine achever, malgré la dissonance si je n’achevais pas, et, malgré la peur de manquer ainsi à l’oreille de la Madone, j’achevai cependant, mais le chalumeau s’échappa de mes doigts à la dernière note de gaieté qui contrastait trop fort avec mon désespoir : mes larmes me coupèrent le souffle, la zampogne se dégonfla dessous mon coude avec un long gémissement faux, comme de quelqu’un qu’on étrangle, et je roulai évanouie sur le pont sans regarder, sans voir, jusqu’à ce qu’un char à quatre bœufs, qui menait une noce de contadini, s’arrêta devant moi, à ce qu’on me dit depuis.
Bien qu’il ne soit pas très univoque, comme disent les scolastiques, il correspond à une idée suffisamment délimitée : le summum et l’ultimum, la limite où l’esprit s’arrête dans l’échelle de l’infini. […] Je ne sais, et à vrai dire je crois la question impertinente ; car il faut s’arrêter aux notions simples. […] Qui ne s’est arrêté, en parcourant nos anciennes villes devenues modernes, au pied de ces gigantesques monuments de la foi des vieux âges ?
L’essor des précieuses en fut arrêté. […] Elle s’arrêta devant plusieurs mots auxquels était attachée une haute considération. […] Toutefois, ne nous arrêtons pas à une phrase de l’exposition : quelles sont les provinciales que la pièce met sur la scène ?
arrête ! arrête ! […] Mais l’abîme salé s’apaisa aussitôt, et le Soleil arrêta ses chevaux aux pieds rapides, jusqu’à ce que la vierge Pallas eût enlevé ses armes divines de ses épaules immortelles, et le très sage Zeus s’en réjouit. » Les éléments subtils qui l’avaient formée s’étaient convertis dans Pallas, en intelligence.
Où s’arrêtera-t-on ? […] Un vautour qui saisit, malgré sa course, une hase pleine, et qui s’en repaît, « mange toute une race arrêtée en sa fuite ». […] De temps en temps un despote cherche à l’arrêter ou à le ralentir, et s’use au frottement.
On a beau être un artiste redoutable, au point de vue le plus arrêté, à la volonté la plus soutenue, et s’être juré d’être athée comme Shelley, forcené comme Leopardi, impersonnel comme Shakspeare, indifférent à tout, excepté à la beauté, comme Goethe, on va quelque temps ainsi, — misérable et superbe, — comédien à l’aise dans le masque réussi de ses traits grimés ; — mais il arrive que, tout à coup, au bas d’une de ses poésies le plus amèrement calmes ou le plus cruellement sauvages, on se retrouve chrétien dans une demi-teinte inattendue, dans un dernier mot qui détonne, — mais qui détonne pour nous délicieusement dans le cœur : Ah ! […] Si je m’arrête tout d’abord à ce résultat, c’est qu’en s’ajoutant à d’autres observations, elle confirme une opinion que j’ai depuis longtemps sur l’avenir de la poésie. […] La pièce vingt et unième (Parfum exotique) est remarquable par cette faculté d’arrêter l’insaisissable et de donner une réalité pittoresque aux sensations les plus subtiles et les plus fugaces.
Il se mettait si mal qu’on l’aurait pris parfois pour un vagabond et presque pour un galérien, à ce point qu’un jour il fut arrêté par des archers sur sa mine. […] C’est trop nous arrêter à des faiblesses et à des travers : Mézeray s’est mieux peint, par le meilleur côté de lui-même, dans ses Histoires.
Il s’arrêtait aux difficultés de détail qui se présentaient, soit philologiques, soit historiques, cherchait à les résoudre, et il entra dès lors en correspondance avec plusieurs savants, Crevier à Paris, Breitinger à Zürich, Gesner à Göttingen ; il leur proposait ses doutes ou ses idées, et il eut le plaisir de voir plus d’une de ses conjectures accueillie. […] Durant les saisons qu’il passait à Buriton, résidence de campagne de son père, il dérobait le plus d’heures qu’il pouvait aux devoirs de la société et aux obligations du voisinage : « Je ne touchais jamais un fusil, je montais rarement à cheval ; et mes promenades philosophiques aboutissaient bientôt à un banc à l’ombre, où je m’arrêtais longtemps dans la tranquille occupation de lire ou de méditer. » Le sentiment de la nature champêtre n’est pas étranger à Gibbon ; il y a dans ses Mémoires deux ou trois endroits qui prêtent à la rêverie : le passage que je viens de citer, par exemple, toute cette page qui nous rend un joli tableau de la vie anglaise, posée, réglée, studieuse.