Car elle a voulu aussi la guerre, ou du moins elle a fait à l’homme des conditions de vie qui rendaient la guerre inévitable. […] La nature a-t-elle voulu la guerre ? […] De ce nombre sont les guerres d’aujourd’hui. […] Ce sera la guerre. […] De tout cela peut sortir la guerre.
On trouve le caractère tout religieux de ces jugements privés dans les guerres qu’on appelait pura et pia bella. […] Les hérauts qui déclaraient la guerre appelaient les dieux de la cité ennemie hors de ses murs, et dévouaient le peuple attaqué. […] page 208) si le combat restait indécis, comme dans le premier cas, la guerre commençait. […] Ils durent tomber dans cette erreur par un conseil exprès de la Providence : chez des peuples barbares, encore incapables de raisonnement, les guerres auraient toujours produit des guerres, s’ils n’eussent jugé que le parti auquel les dieux se montraient contraires, était le parti injuste. […] Nous retrouvons la même opinion chez les peuples héroïques dans la guerre comme dans la paix.
Votre Majesté était maîtresse de l’empire ; il est inutile d’en parler : la prudence, la circonspection à laquelle on a été accoutumé dans la dernière guerre d’Allemagne (celle d’avant la paix de Riswick), a fait oublier la véritable guerre à plusieurs. […] La morale moyenne de son temps et les usages de la guerre, invoqués à titre de circonstances atténuantes, ne fourniraient que de faibles réponses : il vaut mieux passer condamnation. […] Il faut des hommes dans les guerres importantes ; et je vous assure que ce qui s’appelle des hommes sont très rares. […] M. le maréchal de Marcin, outre ses grands talents pour la guerre, a tous ceux qui sont nécessaires pour bien ménager l’esprit d’un prince et celui de sa Cour. […] J’ai hâte d’arriver aux grands faits des dernières guerres de Villars.
Des panégyriques depuis la fin du règne de Louis XIV jusqu’en 1748 ; d’un éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. […] Je n’en citerai que deux, que le nom seul de leur auteur suffirait pour rendre célèbres ; l’un est le panégyrique de Louis XV, et l’autre l’éloge funèbre des officiers morts dans la guerre de 1741. […] Puisque la guerre durera autant que les intérêts et les passions humaines ; puisque les peuples seront toujours entre eux dans cet état sauvage de nature, où la force ne reconnaît d’autre justice que le meurtre, il importe à tous les gouvernements d’honorer la valeur. Nous avons une école où la jeune noblesse, destinée à la guerre, est élevée. […] À la fin de chaque campagne, ou du moins de chaque guerre, on instituerait une fête publique pour célébrer la mémoire de ces braves citoyens.
C’est presque de la gloire aussi, mais c’est de la gloire de combat, qui ne dure que pendant la guerre. Il avait les qualités qui servent au combat, mais il n’avait pas celles qui subsisteraient sans la guerre, et qui éterniseraient la gloire de ceux qui les ont en dehors de la bataille. […] Dans les guerres de plume qu’il soutint, il prit toujours l’ordre chez quelqu’un ; mais il l’interprétait en caporal intelligent… Ses chefs savaient ce qu’il pouvait. […] Il n’y avait qu’une plume de guerre comme il l’était, qui pût parler convenablement et dignement de cette plume de guerre. […] On a choisi un prêtre, et un prêtre qui n’était pas Bossuet ; car Bossuet, sous sa soutane violette, était un homme de guerre, et c’est pour cela qu’il a parlé si magnifiquement bien du grand Condé.
On a vu, à la guerre de Crimée, que l’Europe entière avait l’instinct unanime du danger de livrer l’empire ottoman aux Russes. […] Mais nous voyons se développer jusqu’ici une diplomatie anglo-piémontaise de nature à donner un jour de grands motifs d’inquiétude à la France sur sa sécurité en cas de guerre avec le continent ou en cas de guerre avec la Grande-Bretagne. […] Ces deux individualités ne sont pas condamnées à se faire la guerre, mais elles sont destinées à se faire toujours contrepoids. […] Nous croyons que la question de la Vénétie se dénouera plus aisément par la négociation qu’elle ne se tranchera par la guerre. […] L’un est la paix de l’Europe ; l’autre est la guerre à perpétuité.
L’habitude des guerres civiles avait ensauvagé les mœurs, et le désordre envahissait toutes les branches de l’administration. […] Ces caresses se faisaient souvent à de petits mestres de camp de guerres civiles, qui n’eussent jamais en leur vie osé parler au roi s’ils n’eussent été ses ennemis, et en cette qualité-là ils en recevaient un bon visage. […] Henri IV, une fois la guerre faite, aimait que ses gentilshommes demeurassent au logis plutôt qu’à la Cour. […] Le bétail était mené sûrement aux champs, et les laboureurs versaient les guérets pour y jeter les blés que les leveurs de taille et les gens de guerre n’avaient pas ravagés. […] quels étaient au juste les longs desseins qu’il avait formés sur l’Europe, et de quelle manière cette grande guerre renaissante, et supposée heureuse, les aurait-elle fait tourner ?
c’est la fin de l’automne ; il a des désirs de revoir la France : « Je voudrais voir la neige de France, dût-elle être haute de six pieds dans les rues. » Revenir en France et avoir une grande guerre en Europe, une guerre régulière, y être employé, c’est là son vœu. […] Thiers était le chef, qui faisait naître dans les rangs de l’armée ces espérances de guerre. […] Cette image de grande guerre se retrouve sans cesse dans les prévisions de Saint-Arnaud et dans ses espérances. […] Il entreprend toutes choses, et sa santé, bien que si atteinte, semble d’abord suffire à tout : « Comme tous les nerfs de mon imagination sont tendus, les autres sont au repos par force. » Un bonheur lui arrive : un marabout se disant chérif, c’est-à-dire de la famille du Prophète, a travaillé les tribus arabes ; il a prêché la guerre sainte et a levé l’étendard. « Cher frère, la guerre, voici la guerre ! […] Ses idées sur l’Afrique plaisent au maréchal ; sa manière de mener les Arabes en paix comme en guerre lui convient.
« Il faut prendre l’esprit de son état », écrivait-il en riant à Voltaire du milieu de la guerre de Sept Ans. […] C’est ce que fit réellement Frédéric, en paix, en guerre, presque en tout temps, et il y dérogea le moins possible. […] Il expliquera avec la même netteté et la même franchise les motifs qui lui firent prendre les devants sur ses ennemis au début de la guerre de Sept Ans, et qui le décidèrent à paraître agresseur sans l’être. […] L’histoire de la guerre de Sept Ans est une de ces quatre compositions, celle par laquelle il se place naturellement entre Napoléon et César. […] L’histoire de la guerre de Sept Ans est admirable de simplicité et de vérité.
On disait : « Une guerre au vingtième siècle ? […] On disait : « Une guerre au vingtième siècle ? […] Prenons la guerre comme un de ces faits. […] Que cette guerre soit courte ? […] Quand, après la guerre de 1870, M.
Tâtez encore si vous pouvez supporter votre mort par un bourreau, après avoir vu votre mari traîné et exposé à l’ignominie du vulgaire ; et, pour fin, vos enfants, infâmes valets de vos ennemis accrus par la guerre et triomphants de vos labeurs. […] D’Aubigné n’est pas sans se faire l’objection sur la cruauté inhérente aux guerres civiles, et qui les déshonore, si quelque chose les pouvait honorer. […] Pourquoi il avait été moins heureux à la guerre depuis son changement de parti ? […] Il y a un point qu’il n’a pas assez vu, parce que ses passions le lui cachaient : c’est combien vite les guerres civiles corrompent et dénaturent les caractères ; il n’a voulu voir, sur son propre exemple, que le côté par où elles les trempent. […] Les arts sont émus par la gloire, et surtout ceux de la guerre.
Ce général, qui avait la force du corps singulière du roi son père, avec la douceur de son esprit et la même valeur, possédait de plus grands talents pour la guerre. » Cette douceur d’esprit qui étonne un peu d’abord, nous la retrouverons nous-même et nous la vérifierons. […] Lui qu’on a appelé d’Argenson la bête, il continue le portrait en refusant au comte de Saxe l’esprit : « Il a peu d’esprit, dit-il, il n’aime que la guerre, le mécanisme12, et les beautés faciles. […] Maurice s’y opposait de toutes ses forces : il assista même alors à un conseil de guerre où Frédéric et lui joutèrent de raisons et d’adresse ; ils eurent là-dessus bien des prises ensemble. […] Nous n’y cherchons que de l’histoire, et nous reconnaissons de grand cœur avec lui qu’il y avait, en effet, l’étoffe d’un politique sous l’homme de guerre en Maurice. […] Voir le Tableau analytique des principales combinaisons de la Guerre, par le général Jomini, 4e édition, 1830, pages II, XIII, de l’Introduction.
Elle nous prépare à comprendre l’appui que certains esprits trouvent au cours de cette guerre dans leur « traditionalisme ». […] Au début de la guerre, Joseph Hudault avait trente-trois ans. […] C’est aujourd’hui la guerre de la délivrance. […] Tous prévoyaient et annonçaient la guerre. […] Parfois il revenait sur ses luttes épiques d’avant guerre et, si jeune, il revisait ses actes et ses pensées.
Ceux des seigneurs de ce temps-là, qui comme le maréchal De Saint-André, le connétable De Montmorenci, le prince De Condé et le duc De Joyeuse furent tuez dans des actions de guerre, y moururent assassinez. […] Nous avons vû dans le dix-septiéme siecle des guerres civiles en France et des partis aussi aigris et aussi animez l’un contre l’autre sous Louis XIII et sous Louis XIV que pouvoient l’être dans le siecle précedent les factions qui suivoient les ducs De Guise ou l’amiral De Coligni, sans que l’histoire des derniers mouvemens soit remplie d’empoisonnemens, d’assassinats, ni des évenemens tragiques si communs en France sous les derniers Valois. Qu’on ne dise pas que le motif de religion qui entroit dans les guerres civiles du temps des Valois, envenimoit les esprits, et que ce motif n’entroit pas dans nos dernieres guerres civiles. […] Comme il ne s’en est pas trouvé de tels durant les dernieres guerres civiles, il faudra tomber d’accord qu’il est des temps où des hommes de ce caractere qui rencontrent toujours assez d’occasions d’extravaguer, sont plus communs que dans d’autres. […] Avant le protestantisme il s’étoit élevé en France plusieurs contestations en matiere de religion, mais si l’on excepte les guerres contre les albigeois, il n’étoit pas arrivé que ces disputes eussent fait verser aux françois le sang de leurs freres, parce que la même acreté ne s’étoit pas encore trouvée dans les humeurs, ni la même irritation dans les esprits.
Si la guerre s’était déclarée, je me sauvais ignoré du monde entier, excepté de lui ; je m’engageais dans sa compagnie, et ne voulais devoir ma fortune qu’à des actions de valeur. […] Ce goût du jeune prince de Ligne pour les armes est quelque chose de plus que l’instinct brillant de la valeur : il a beaucoup écrit sur la guerre ; il a beaucoup étudié et médité sur toutes les parties de ce sujet ; il a analysé les actions et les mérites des grands capitaines des guerres précédentes et des généraux de son temps. […] Lui, il porte à la guerre un dégagé qui rehausse la valeur et lui donne une sorte de bon goût. On a son Journal de la guerre de Sept Ans, dont il fit toutes les campagnes au service de l’Autriche, journal « qui est écrit plus à cheval qu’autrement ». Dans cette guerre, il fut successivement capitaine, lieutenant-colonel, puis colonel dans le régiment wallon qui portait son nom et qui appartenait à son père.
La guerre est tout à la fois pour M. […] La fumée des batteries l’enivre, et il communique son ivresse à l’homme de guerre ; c’est le Shakespeare du soldat ! […] Fox, déclamateur de la paix, lui succède pour déclamer la guerre. […] Tout se prépare à la guerre sans qu’on puisse l’imputer à personne, si ce n’est aux hésitations de M. […] Là on tint un conseil de guerre.
L’auteur prouve d’abord la nécessité de suivre dans cette recherche une nouvelle méthode, par l’insuffisance et la contradiction de tout ce qu’on a dit sur l’histoire ancienne jusqu’à la seconde guerre punique (chap. […] Guerre de Troie. […] Thucydide ; guerre du Péloponnèse 13 . […] Guerre de Tarente et de Pyrrhus. Seconde guerre punique.
… Nous amuser, et autre chose encore, entamer une guerre. […] On se doute aisément de tout ce que mon désir de faire plaisir et de faire la guerre m’inspira dans l’instant. […] La guerre ne l’enivre pas, mais il y est ardent d’une jolie ardeur, comme on l’est à la fin d’un souper. […] Horace et Virgile auraient eu peu de succès pendant les guerres civiles. […] Guerre, amour, succès d’autrefois, lieux où nous les avons eus, vous empoisonnez notre présent !
Homme de discipline, il croyait que la troupe aurait aisément raison de cette guerre de pavés et de rues. […] La question belge commence à le préoccuper : il croit de ce côté à la guerre, il y compte. C’est sur cette question de guerre qu’il tournera bientôt et qu’il ouvrira son feu contre le ministère Périer, du 13 mars (1831), qu’il qualifiera le « ministère de la paix à tout prix ». En attendant, il se borne encore à faire la guerre à la Chambre, sans atteindre ni le ministère ni plus haut. […] Il n’éclate que le jour où le ministère Périer est nommé, le 13 mars ; il sent que la question de guerre lui échappe, et, bien qu’il compte encore sur cette guerre inévitable, de laquelle il attend le triomphe de ses espérances et de ses instincts les plus chers, il sent que la royauté n’en veut pas.
» — « Soyez tranquille, répondit affectueusement le monarque ; vous apercevrez aux premières occasions à quel point je suis content de vous. », La guerre recommençait, et Villars allait retrouver son véritable élément. […] Ce mariage compte dans sa vie, même militaire et publique, parce qu’on prétendit qu’il était amoureux et jaloux au point de déranger quelquefois ses opérations de guerre en vue de sa passion et dans ses inquiétudes d’homme de cinquante ans pour sa jeune femme. […] Mais cependant, à la guerre, il faut agir, s’ingénier, entreprendre. […] Si je parlais autrement à Votre Majesté, je n’aurais plus l’honneur de me conduire à son égard avec un esprit de vérité. » C’est comme un janséniste de la guerre que Catinat ; il y porte l’amour strict de la vérité, et une prudence, une patience opiniâtre. […] Dans le conseil de guerre que Catinat assemble à ce sujet, Villars est seul de son avis, mais le sien est aussi celui du roi, qui l’approuve.
En attendant, et tout en s’excusant de la sorte, ce roi, encore tout chaud et tout poudreux de la guerre de Sept Ans, ne laisse pas de payer tribut à l’idée philosophique, en se faisant l’abréviateur et l’éditeur de Bayle. […] Il disait d’abord qu’il n’y aurait point de guerre de la part de l’Autriche, il ne la désirait pas ; il s’était un peu amolli dans cette vie de Rheinsberg, et il ne se souciait pas de remettre en question sa renommée de victorieux : il n’était pas de ceux qui volontiers recommencent. […] — Si d’ailleurs cette guerre vous répugne, vous n’aviez qu’à me le dire, comme mon frère Ferdinand, et vous étiez maître de vous en dispenser ; mais dans le fond des choses, je ne vois pas ce qui vous peine tant. (17 avril.) […] Le prince Henri avait une santé nerveuse et avait pris de ces habitudes oisives, qui font que l’on est usé pour la guerre. […] C’est, en un mot, un frein de plus, lequel, s’il vient un jour à se relâcher totalement, aura des suites peut être aussi funestes que l’ont été ces affreuses guerres de religion.
C’est donc, avant tout, une plume de guerre, que Ranc. Il est peut-être, en théorie, contre la guerre ; car c’est là, pour l’instant, la plaie commune à la démocratie extrême. […] … Mais s’il est contre la guerre, qu’il le sache bien ! […] Son tempérament et ses opinions, les voilà eux-mêmes en guerre sur ce point. […] Vieilles machines de guerre et de parti qui ratent toujours, et qui tuent ceux-là qui s’en servent !
Que ce soit Pellisson ou le président de Périgny, ou Chamlay pour les choses de guerre, peu importe ! […] On avait déjà des Mémoires de Louis XIV sur d’autres moments de cette guerre, notamment sur la dernière année qui précéda la paix de Nimègue (1678). […] La politique et la guerre sont pour lui un jeu savant, un jeu d’échecs où il s’agit d’être le plus habile et le plus fort. […] A prendre le chemin qui semblait le plus court, « il ne fallait pas moins que déclarer la guerre à l’Espagne et passer sur le ventre de toutes les places fortes que cette couronne possédait aux Pays-Bas » ; ce qui ne faisait pas le compte de Louis XIV, au moins au début de la guerre, car il voulait, avant tout, porter la blessure au cœur de la Hollande. […] Connaît-on beaucoup de conquérants qui aient ainsi rendu justice et hommage, en pleine guerre, aux mesures désespérées de leurs ennemis et à l’exaspération de leur patriotisme : « Mais que ne fait-on point pour se soustraire d’une domination étrangère !
La guerre d’Italie ne fut pardonnée que quand on la vit tourner coud et rester à mi-chemin. […] La chambre d’un pays ultra-pacifique a voté d’enthousiasme la guerre la plus funeste. […] La guerre est essentiellement une chose d’ancien régime. […] Avec cet esprit-là il n’y a pas de guerre possible. […] Il y a quelque chose que la démocratie ne fera jamais, c’est la guerre, j’entends la guerre savante comme la Prusse l’a inaugurée.
L’an de Rome 507, de Carthage 605, et avant Jésus-Christ 241, la première guerre punique étant terminée, les Carthaginois, qui avaient été contraints, par leurs dernières défaites, de signer avec les Romains un traité désavantageux, eurent à soutenir une autre guerre contre leurs propres soldats, les Mercenaires, qui avaient servi sous leurs généraux en Sicile. […] La guerre commence, la plus abominable des guerres. […] Aussi eurent-ils là, comme les Romains, leur guerre sociale, et en partie leur guerre servile. Cette guerre interne, ainsi menée traîtreusement contre Carthage par Mathos et Spendius, un Africain et un esclave, fut marquée par toutes sortes de vicissitudes. […] Telle fut en résumé cette guerre horrible entre toutes les autres, et de laquelle Polybe a dit qu’il n’en savait aucune où l’on eût porté plus loin la barbarie et l’impiété.
Il a rappelé que l’Ordre teutonique fondé pour combattre les Musulmans et déviant de son institution en faisant, au nom de Dieu, une guerre atroce aux Slaves, aux Danois, aux Lithuaniens, aux Poméraniens, un cri sacerdotal indigné sortit de la poitrine d’un évêque et monta vers Innocent III, qui s’opposa aux esclavages et réclama la liberté des enfants de Dieu. […] Entre les Maures et les Espagnols, ce ne fut point une guerre religieuse, mais de race ; une guerre de sang, dans toutes les acceptions du mot. […] Mais l’Église, qui n’avait pas brûlé Abélard, — qui s’était contentée de le cloîtrer, — l’Église, dans cette guerre des Albigeois qui menaçait la chrétienté tout entière et la civilisation du monde, crut devoir se montrer terrible. […] Les guerres du xvie siècle éclatèrent et dévorèrent la France et l’Allemagne le même nombre d’années ; elles eurent toutes deux leur guerre de Trente ans. […] Le fanatisme religieux s’était usé en ces longues guerres, et si on les avait prolongées, il se serait usé bien davantage.
J’ai été à tant de batailles, de sièges et de combats, dont j’ai rapporté onze blessures, que j’en pourrais faire des relations et des critiques judicieuses pour l’instruction des gens de guerre. […] La guerre ayant recommencé en 1688, le ministre Seignelay, qui faisait sa visite à Rochefort, passant en revue les gardes de la marine, voulut réformer le jeune Bonneval, comme n’ayant que treize ans. […] Il fut d’abord dans les gardes-françaises en 1698, et, quand commença la guerre de la Succession (1701), il obtint d’acheter un régiment d’infanterie, à la tête duquel il servit au-delà des Alpes. […] La guerre éclata entre l’Empire et la Turquie ; le prince Eugène commandait l’armée impériale en Hongrie, et Bonneval s’y couvrit de gloire. […] Traduit devant un conseil de guerre, sur la plainte du prince Eugène, il subit un an de détention dans un château fort ; après quoi il se rendit à Venise, ville pour lui fatale par sa première désertion.
Il entreprit d’écrire l’histoire de la guerre du Péloponnèse. […] Nous n’avons aujourd’hui que les guerres d’Afrique, de Syrie, des Parthes, de Mithridate, d’Espagne, d’Annibal, quelque chose sur celle d’Illyrie, cinq livres sur les guerres civiles & quelques fragmens. […] C’est proprement l’histoire des guerres de France qu’il nous a données & non pas celle de la nation. […] L’historien a également bien parlé dans son ouvrage de la politique, de la guerre & des lettres. […] de la guerre contre les Turcs, 3°.
Le jeune Fels a été professeur en Angleterre avant la guerre et y a noué des contacts notamment avec des écrivains participant à cette revue (voir Walter G. […] Ce qui fut spécial à cette guerre récente, c’est l’abaissement moral des gens d’intellectualité raffinée, des savants, des philosophes, des écrivains. […] Parole attribuée au maréchal Mac-Mahon, exprimant son refus d’abandonner la tour Malakoff aux Russes en 1855, durant la guerre de Crimée. […] L’anthologie est précédée d’une introduction de Romain Rolland, « L’esprit contre la guerre » (p. 11-17), datée de janvier 1920. […] Il correspond durant la guerre avec Romain Rolland, qu’il soutient.
C’est la guerre et la paix. […] Une guerre de saint Louis est une guerre juste. […] Une guerre de Philippe le Bel, une guerre moderne est une guerre profitable, ou censément profitable, enfin une guerre voulue profitable. […] Si la guerre s’engage il faut que cette guerre qu’elle mènera soit une juste guerre. […] J’ai fait la guerre de forteresse et j’ai fait la guerre en rase campagne.
La vie par le fer, ense et aratro, car la guerre, c’est la vie, malgré la mort qu’elle sème autour d’elle ; c’est la vie morale qui importe bien plus que la vie physiologique ! Les peuples mourant de mollesse, de paix, d’abjection diplomatique, ressuscitent par la guerre. […] Avec des soldats, vous avez l’Épopée, car le poème épique, parmi les hommes, se taille mieux que dans toute autre étoffe dans le manteau de guerre du soldat ! […] L’héroïque défense de Milianah, un épisode de notre guerre d’Afrique, comme il l’appelle, avait, il y a bien des années, tenté la jeune verve de M. […] Autran, qui ressemblent à des vers écrits pour un concours académique, ne peuvent lutter contre le récit du commandant de Milianah, le colonel d’Illens, contre cette page magnifique de simplicité et de tristesse que tout le monde a lue dans le livre de La Guerre et l’Homme de guerre, par M.
— Apprentissage de guerre. — Il se distingue sous Turenne, Condé et Créqui. — Volontaire à l’armée de Hongrie. — Envoyé du roi en Bavière […] — Sert sous Luxembourg. — Souffre des guerres inactives. […] La guerre entre l’empereur et le Turc, comme on disait, ayant recommencé, Villars eut l’idée d’y aller tenter prouesse. […] Né pour la guerre, on sentit à Versailles qu’il pouvait être utile encore à autre chose. […] [NdA] Il existe aux Manuscrits de la Bibliothèque impériale un Traité de la guerre par Villars.
Après cette cause de dissolution vint la guerre de la Fronde qui divisa toutes les familles de la capitale. […] Mais, vers 1648, cette guerre de la Fronde étant près d’éclater, Montausier se brouilla avec un grand nombre de ses amis qui prirent parti contre l’autorité royale. […] Pendant ces qu’être années d’absence et de guerre intestine, la maison de la marquise était fort délaissée. […] En 1652, après la guerre de la Fronde, Madame de Rambouillet, âgée de 72 ans, fut accablée de chagrins. […] La guerre de la fronde était un obstacle à leur développement et à leurs jouissances.
Toute la diction dans La Guerre et la Paix, dans Anna Karénine, témoigne de l’insouciance et de l’impuissance de l’écrivain. […] La Guerre et la Paix atteint presque ainsi au véritable but du roman réaliste, celui de contenir non pas un cas particulier et spécial auquel la sympathie ne se concède en somme que par politesse, mais de comprendre quelque large ensemble social, do façon à satisfaire le plus profond et le plus universel des intérêts humains, celui qui lie chacun à la communauté de tous, au monde. […] Les vieux aspects des cieux et des horizons, les grandes et antiques scènes des champs, de la route, de la guerre, de la ville, toutes les mille cérémonies de la vie sociale dont il s’est détourné avec indifférence, lui apparaissent à nouveau définis et retracés avec la vision obstinément exacte et clignante d’un prestigieux dessinateur, dont les claires pupilles savent prendre aux choses les vrais reflets. […] Et ce tableau véridique si charmant du mariage ordinaire est loin encore des scènes familiales dans La Guerre et la Paix, de la vie de château et de palais des Rostow avec leurs enfants, leurs amis et leurs domestiques. […] La joie, l’ambition, le ressaisissement ; il se mêle aux affaires publiques, s’éprend, est trahi, retourne à la guerre et, mortellement atteint sur un champ de bataille, s’abandonne tout entier, au seuil de l’ombre, à cette méditation muette de la mort, cette contemplation ravie de l’inconnaissable où ne le touchent plus les caresses de son fils et de son amante.
Que d’affaires, que de desseins, que de projets, que de secrets, que d’intérêts à démêler, que de guerres commencées, que d’intrigues, que de beaux coups d’échecs à faire et à conduire ! […] Or, Louvois a été dès le premier jour l’homme de cette politique dont l’unique moyen était la guerre, et il est douteux que, sans lui, sans la nature de génie spécial à la fois et complexe qu’il y apporta, Louis XIV, même à l’aide de ses grands capitaines, eut réussi et triomphé. […] Disons tout : il y a le revers de la médaille, les vilains, les affreux côtés, les abominables nécessités de la guerre, un intendant Robert, des plus capables et homme de ressources, — de trop de ressources ! […] Tout compté, si trop souvent il s’est montré dur, cruel, sans scrupule dans l’exécution, il a rendu en somme un éminent service à l’État, et même, on l’ose dire, à l’humanité, en organisant cette chose sauvage, la guerre : il l’a, jusqu’à un certain point, moralisée. […] Vauban était, de fait, le plus humain des hommes de guerre.
Mémoires : Blaise de Monluc Les guerres civiles n’interrompirent donc pas le mouvement intellectuel et la marche de la littérature. […] Les grandes guerres de François 1er et de Henri II, donnant occasion aux énergies individuelles de se déployer, fournirent un exercice aux auteurs des Mémoires. Puis les guerres civiles, surexcitant toutes les passions, lâchant toutes les ambitions, opposant des adversaires plus détestés et plus connus, leur offrirent une matière familière et domestique, ou les faits, moindres peut-être, sont plus riches de sens et d’émotion. […] Page, archer, capitaine, mestre de camp, gouverneur de Sienne, colonel général de l’infanterie, lieutenant du roi en Guyenne, maréchal de France, au bout de près de cinquante ans de guerres, il fallut une terrible arquebusade qui lui enleva la moitié du visage, pour le contraindre au repos. […] Il fit la guerre civile comme il avait fait les guerres d’Italie, avec le même dévouement sans réserve et sans scrupules au roi son maître.
Les nouvelles les plus importantes de la guerre s’y entremêlent et sont enregistrées à côté : on a la physionomie exacte des choses. […] Chacun s’empresse d’en être ; nous avons la composition de cette brillante armée, dont la tête est formée de princes et des plus beaux noms de noblesse et de guerre. […] Eh bien même à travers cette guerre immense et laborieuse, les années 1691, 1692, 1693, sont encore fort belles, et continuent de donner une bien haute idée de Louis XIV. […] Ils ne cesseront sensiblement que dans les dernières années de cette guerre. […] Il renonce désormais à être général et à aller de sa personne à la guerre.
Il réussit à tous les exercices qui faisaient partie de l’éducation d’un gentilhomme et d’un homme de guerre, et s’appliqua aussi aux choses de l’esprit, notamment à l’histoire, à la géographie, aux mathématiques, qu’il disait être la véritable science d’un prince. […] Le jeune vicomte de Rohan fit sa première campagne sous ses yeux au siège d’Amiens, à l’âge de seize ans : ce fut sa première école de guerre. […] Il aime tout de la Hollande, même ce qu’elle a d’un peu triste, même ses difficultés et cette longue guerre qu’elle achève de soutenir contre la puissante Espagne pour son établissement et son indépendance. […] Ses mémoires, qui comprennent, à son point de vue, toute l’histoire de France depuis la mort de Henri IV jusqu’à la fin de la troisième guerre contre les réformés où succomba La Rochelle (1610-1629), se ressentent de la complication des événements et des embarras de l’auteur. […] D’un autre côté, il eut à se défendre par-devant les siens contre des censeurs qui, la plupart, avaient eu les bras croisés durant la guerre, et à justifier « ses bonnes intentions blâmées, et ses meilleures actions calomniées. » Nous commençons à voir le rôle ingrat et difficile qu’il eut à remplir, et qui le deviendra bien davantage dans les deux guerres suivantes, en présence de Richelieu.
En 1784, il fut pourvu d’un brevet de lieutenant d’artillerie (dans les canonniers garde-côtes), et, bientôt après, d’une charge de commissaire des guerres ; il fallut une dispense d’âge, car il n’avait que dix-sept ans. […] Petiet, qui fut plus tard ministre de la Guerre sous le Directoire. […] En l’an IV (1796), son ami Petiet étant ministre de la Guerre, Daru fut appelé par lui comme chef de division. […] Ce fut son premier coup de main en fait d’intégrité publique et de guerre déclarée à la rapine. […] Le général Berthier étant rentré au ministère de la Guerre, Daru y fut secrétaire général et y porta le poids de toute la réorganisation qui se fit alors (1801).
Appelé un peu inopinément à l’honneur de venir ici entretenir nos lecteurs d’un homme de guerre aussi éminent, je dirai par quelle succession d’impressions j’ai passé moi-même à son égard. […] Marmont n’est pas seulement un homme de guerre, c’est un homme d’esprit qui juge, qui a des aperçus supérieurs, et qui, en toute matière, pénètre à la philosophie et à la moralité de son sujet. […] » Il se trouve à toutes ces actions immortelles dont l’ensemble compose le chef-d’œuvre le plus accompli qu’ait jamais produit l’art de la guerre. […] Il n’est pas besoin d’être spécial pour distinguer la nature du talent de Marmont dans les parties savantes de la guerre ou de l’administration militaire. […] Le colonel Fabvier ne trouve plus le roi Joseph à Montmartre ; le roi, emmenant le ministre de la Guerre et tout le cortège du pouvoir, était parti pour Saint-Cloud et Versailles.
La guerre pour de simples intérêts politiques, entre des peuples également éclairés, est le plus funeste fléau que les passions humaines aient produit ; mais la guerre, mais la leçon éclatante des événements peut quelquefois faire adopter de certaines idées par la rapide autorité de la puissance. […] Le dogme des peines et des récompenses n’avait pour but que d’encourager ou de punir les actions de la guerre. […] La guerre était leur unique but. […] Le dogme de la fatalité, qui rend invincible à la guerre, abrutissait pendant la paix. […] Il était dans leurs mœurs de tout supporter pour s’illustrer à la guerre.
Chapitre VII,seconde guerre médique. […] La cause était jugée, la guerre serait heureuse, puisque les dieux la voulaient : elle fut aussitôt résolue. […] Déserterait-elle, traîtreusement une guerre qu’elle avait elle-même déclarée ? […] Mais la guerre, dont les Grecs avaient fait un art, n’était pour les Perses qu’une fantasia déréglée. […] Même dans la guerre, sa science unique, elle eut toujours la gaucherie de l’athlète avec sa vigueur.
Le prince Eugène et Marlborough réunis nous faisaient la guerre en Flandre, assiégeaient et reprenaient les villes autrefois conquises par Louis XIV, et menaçaient nos frontières. […] Mais tout, à la guerre, dépend de l’occasion et du moment. […] C’est à ce moment extrême et décisif (ô fortune aléatoire de la guerre !) […] On n’a rien trouve dans les papiers de la Guerre qui fasse connaître positivement quel fut le motif d’un changement aussi subit ; mais, d’après tout ce qui se lit dans les lettres du roi et des maréchaux de Villars et de Montesquiou, il n’y a nul doute que ce fut celui-ci qui détermina le premier. […] Dans toute sa carrière active antérieure, il a montré l’instinct et le sentiment de la grande guerre, de brillantes et solides parties, des talents de plus d’un genre qui le classent comme capitaine à une belle place entre ceux qui viennent après les plus grands.
L’ambassadeur portugais partit, de guerre lasse, fort mécontent et exhalant son mépris. […] Louis XIV exige qu’on leur fasse la guerre, qu’on les convertisse ou qu’on les expulse. […] Lui, si économe, il choisit l’instant où la guerre menace sa frontière découverte, pour faire, avec toute sa Cour, un voyage d’agrément à Nice. […] Je n’ai pas à entrer dans le détail de cette guerre : cela nous mènerait trop loin. […] Les dernières réformes de ce grand organisateur ; comme quoi elles manquèrent et furent la plupart neutralisées ou révoquées après lui ; — comment lui-même, par sa brusque et foudroyante disparition, manqua tout à fait à la guerre qui était en plein cours et à celles qui suivirent ; — ce qu’était la guerre avec Louvois, et la guerre sans lui ; — comment il était trop nécessaire et indispensable quand il disparut, pour être à la veille d’une chute, ainsi qu’on l’a tant dit et répété : — tous ces points et bien d’autres, dans l’ouvrage de M.
La guerre finie, le public des lecteurs s’était développé et transformé. […] Émergeant aujourd’hui d’un emballage éventré, c’est la couverture de la Guerre à vingt ans que j’aperçois. […] Il n’exploite point la guerre, ni les soldats, ni leurs chefs, pas davantage les beaux effets ni les plus désolants. […] Maurice Barrès, Chronique de la Grande Guerre, 14 vol., Plon, 1920-1924. […] Les Lettres de guerre de J.
La courtoisie dont le marquis de Marignan usait envers Montluc assiégé, en lui envoyant la veille de Noël un cadeau de gibier et de vin, était en même temps une ruse de guerre ; car la même nuit il pensait à lui faire un autre festin, en tentant une escalade vigoureuse à la citadelle et à un fort qui donnait accès dans la ville. […] Quant à la paix qui venait de se conclure, il l’estimait désavantageuse à la France et, funeste, non seulement pour les conditions, mais aussi en ce qu’elle allait laisser vacants et sans emplois tant de grands capitaines, qui n’eurent plus qu’à « s’entremanger » ensuite dans les guerres civiles, et tant de soldats aguerris qui, faute de pain, durent prêter leurs bras aux factions qui les enrôlèrent. […] Il avait eu de tout temps le premier mouvement terrible, il érigea en système cette terreur : Ce n’est pas comme aux guerres étrangères, remarque-t-il, où on combat comme pour l’amour et l’honneur : mais aux civiles, il faut être ou maître ou valet, vu qu’on demeure sous même toit ; et ainsi il faut venir à la rigueur et à la cruauté : autrement la friandise du gain est telle, qu’on désire plutôt la continuation de la guerre que la fin. […] Politiquement toutefois, la partie de ses mémoires qui traite des guerres civiles est fort à prendre en considération. […] Ces idées graves lui revinrent plus présentes dans l’inaction forcée à laquelle le condamnait la vieillesse ; de ses quatre enfants mâles, il en avait vu mourir trois avant lui pour le service du roi ; il prévoyait pour la France et pour son pays de Guyenne de nouvelles guerres et de nouveaux malheurs.
La France était entrée, par l’alliance de Vienne, dans la guerre de Sept-Ans et s’était donné bénévolement pour adversaire le plus grand capitaine du siècle. […] Richelieu était alors dans tout son éclat, dans tout le brillant de cette poudre aux yeux dont il eut l’art d’éblouir ses contemporains, même à la guerre. […] Sa mission, après le scandale des maraudes et pillages effrontément exercés, même en pays soumis, semblait être d’abord de discipline autant et plus que de guerre. […] Le général des Bénédictins, comme on l’avait surnommé dans la dernière guerre, était désormais averti de songer tout de bon à se réformer. […] Il existe au Dépôt de la guerre des Mémoires inédits du marquis de Voyer, fils du comte d’Argenson, sur la campagne de 1758.
Sous la forme brusque, rien de plus fin et de plus persuasif : « Sire, je me tiens bien heureux, tant de ce qu’il vous plaît que je vous die mon avis sur cette délibération qui a été tenue en votre conseil, que parce aussi que j’ai à parler devant un roi soldat, et non devant un roi qui n’a jamais été en guerre. » Et il appuie adroitement sur cette fibre chevaleresque de François Ier, de ce roi qui, dans les fortunes de guerre, n’a jamais épargné sa personne non plus que s’il eût été le moindre gentilhomme de son royaume. […] Cérisoles fut une journée signalée et qui compte dans les fastes de la France comme aussi dans l’histoire de la guerre (11 avril 1544). […] Hors cela, et dans ses guerres d’Italie, on le voit faisant tout pour ses soldats, aimé d’eux et possédant le secret de leur « mettre les ailes aux talons et le cœur au ventre », dès que l’un et l’autre étaient nécessaires. […] La guerre se continuait avec succès en Piémont sous le maréchal de Brissac : cependant la ville de Sienne, en Toscane, ayant chassé les Espagnols, recouvra son indépendance et demanda secours au roi. […] Il n’y a pas, à proprement parler, de haine ni de guerre d’extermination comme dans ces résistances désespérées des Numance et des Saragosse.
Ce n’est pas la bonne méthode de prendre les grands hommes de biais ou au rebours ; ne faisons pas une guerre de chicane à ces hautes natures. […] L’Angleterre n’était point possible à désarmer ; le commerce, qui partout ailleurs aime la paix, avait intérêt chez elle à la guerre. Cet état de guerre, « qui contient et arrête les autres peuples, ouvrait au contraire au peuple anglais une sphère d’ambition sans limite et ne l’exposait presque à aucun péril. » Aussi il s’y était engagé avec tout le feu de la cupidité et de la passion. […] La mission des pouvoirs révolutionnaires était une mission de guerre : le traité de Campo-Formio fut, comme tout ce qu’ils créèrent, une œuvre de guerre. […] Les traités de Campo-Formio et de Lunéville, en donnant Anvers à la France, en plaçant sous sa main les républiques batave, suisse et cisalpine, organisèrent en quelque sorte une guerre interminable entre la France d’une part, et l’Autriche et l’Angleterre de l’autre.
Carrel était persuadé (et en cela il se trompa, il crut trop à ce qu’il désirait) qu’une guerre générale était alors inévitable, et que, puisqu’elle l’était, il en fallait saisir l’occasion pour se relever des traités de 1815. […] Dans les autres questions qu’il engagea plus tard et hors du cercle constitutionnel, il fit plutôt la guerre en chef de partisans ou de guérillas dans les montagnes. […] En un mot, dans cette rude guerre qu’il soutint durant près de six années, les soldats de Carrel sont vigoureux, fermes, adroits, infatigables, ils ne sont pas brillants ; ils n’ont pas de casque au soleil. […] Mais je m’aperçois que j’ai laissé le journaliste dans sa guerre ouverte contre le ministère Périer, et nous ne sommes, ce me semble, avec lui qu’à mi-chemin. […] Par là, du moins, toutes guerres cessées, toutes animosités éteintes, il mérite des regrets de ceux même qu’il a combattus, et une place fort distinguée dans l’histoire littéraire.
Législateur doublé d’un grand capitaine (ce qui était bien nécessaire alors), mais aussi compliqué d’un conquérant, il aimait avant tout son premier art, celui de la guerre ; il en aimait l’émotion, le risque et le jeu. […] Lorsqu’en 1814 la Restauration, trouvant le général Dupont en prison, en eut fait un ministre de la Guerre, celui-ci travailla à anéantir toute trace de cette douloureuse procédure ; mais il n’en put faire détruire que deux exemplaires, celui du Sénat et celui du Dépôt de la guerre. […] Me serait-il permis de dire que Napoléon ici faisait son métier de monarque en faisant la guerre à Tacite et à Shakespeare ? […] Mais, pour l’ordre civil, pour l’administration, pour la guerre, il a poussé l’exposition au dernier degré d’éclaircissement et d’évidence où elle peut aller. […] M. le général Pelet, directeur du Dépôt de la guerre, est spontanément intervenu dans ce débat pour confirmer les assertions de l’historien et nos explications.
Il ne restera aux habitants que la guerre, la chasse, la mangeaille et l’ivrognerie. […] La guerre est à chaque porte, je le sais, mais les vertus guerrières sont derrière chaque porte ; le courage d’abord, et aussi la fidélité. […] Mais il a atteint les misérables avec sa pointe, avec sa hache de guerre. […] » Pareillement ici le vieil instinct guerrier s’enflammait au contact des guerres hébraïques. […] Mais les guerres danoises vinrent écraser cette humble plante qui d’elle-même eût avorté68.
C’est au xviie siècle en France qu’il prend sa forme complète et qu’il se définit tout à fait, qu’il se limite en se développant, et va prêter désormais à des guerres régulières, à des batailles rangées. […] De même qu’au xvie siècle les guerres de religion eurent plus d’une période et d’un accès, de même, au xviie , ces guerres littéraires. La querelle des anciens et des modernes est, à sa manière, non pas une guerre de Trente Ans, mais une guerre de quarante-huit ans ou de cinquante. […] Le second s’ouvre avec Perrault, qui rallume la guerre en lisant à l’Académie française son poème du Siècle de Louis le Grand, composé tout à la glorification de l’âge présent et au détriment de l’Antiquité (1687). […] Cette seconde guerre classique dure jusqu’en 1694 et finit par une paix plâtrée, par la réconciliation, du moins extérieure, des deux contendants, grâce à l’entremise du grand Arnauld.
Ainsi Tacite, s’imposant la loi de faire l’histoire du monde romain année par année, raconte d’abord l’histoire extérieure, les campagnes, les guerres, les révoltes, puis l’histoire intérieure, les événements du palais impérial, et les affaires du sénat, enfin les menus incidents, les singularités, les circonstances secondaires, ce qu’on peut appeler les faits-divers de la vie romaine : et dans tous ces morceaux juxtaposés, il n’empiète guère d’une année sur l’autre. […] Qui peut, en lisant les Annales de Tacite comme il les a écrites, prendre une idée claire des guerres de Germanie ou d’Arménie ? […] D’autre part, à lire Voltaire, on saisit bien l’ensemble des guerres, ou l’ensemble de l’administration financière : mais les rapports de ces parties entre elles, l’action et la réaction réciproques de la politique extérieure, de la politique intérieure, des guerres, de l’administration, de la vie de la cour, comment la situation de la France à chaque année du règne et le développement ultérieur de chaque partie de l’histoire dépendent du développement antérieur de toutes les parties, comment tout vient de tout et aboutit à tout, voilà ce qu’on ignore. Quand on lit l’histoire des guerres, on ne voit que des généraux et des soldats : il n’y a pas autre chose en France : quand on lit l’administration, il n’y a que des bureaux, des commis et des ministres ; la France, semble-t-il, est seule dans le monde et sans voisins. […] Quel autre peindrait plus l’horreur de la scène et l’inhumanité de la guerre ?
Chapitre viii Catholiques, protestants, socialistes, tous en défendant la France, défendent leur foi particulière Un trait commun à ces diverses familles d’esprit durant cette guerre, c’est qu’elles sentent toutes que le meilleur, le plus haut d’elles-mêmes, leur part divine est engagée dans le drame, et périrait avec la France. […] Là-dessus, on a beaucoup brodé depuis le commencement de la guerre ; c’est possible que le plus grand nombre des catholiques d’outre-Rhin ne soient ni kantistes, ni hypercritiques, et que l’on ait exagéré leur modernisme, mais ce qu’on ne dira jamais trop, c’est leur superstition du pouvoir et par suite leur tendance au schisme. […] Maintes fois les catholiques ont pu penser qu’en défendant la France, ils défendaient l’Église ; jamais autant que dans cette guerre ils n’ont rempli ce rôle. […] On le voit trop dans cette guerre. […] Notre pensée socialiste propre eût été submergée par notre défaite dans la guerre présente.
L’esprit du xiiie siècle, c’est la guerre et la religion. […] Les fêtes y succédaient aux guerres, et les guerres aux fêtes. […] Quant à la France, elle souffre des guerres ou elle s’amuse des fêtes, sans voir plus loin dans l’avenir que les princes qui s’y disputent l’empire. […] Où Froissart aurait-il imaginé de pénétrer le secret de guerres suscitées par les moeurs belliqueuses du temps presque autant que par les intérêts ? […] Ses premières impressions furent des impressions de guerre, ses premiers regards rencontrèrent les signes caractéristiques de la société féodale.
Rôle de Fontenelle dans la guerre contre les anciens. […] Guerre contre l’antiquité chrétienne. — La Mothe-Le Vayer. — Pascal. — Huet. — Bayle. — § VI. […] Toute la cause de sa guerre contre les anciens est sa vanité blessée. […] Rôle de Fontenelle dans la guerre contre l’antiquité classique. — Le mauvais et le bon Fontenelle. […] Guerre contre l’antiquité chrétienne. — les trois sortes de doutes. — La Mothe-Le Vayer. — Pascal. — Huet. — Bayle.
Chaque spectateur s’en allait avec la rage des combats au cœur. » Le grand sujet des Sept Chefs est bien la guerre, en effet, et rien que la guerre. […] » Leur chant reflète, en même temps, toutes les images de la guerre qui les environne, il en répercute tous les bruits par des échos de terreur. […] Le poète se complaît à peindre en eux l’ostentation de la force, la pompe et la jactance de la guerre. […] Quand vient le tour d’Amphiaraos, il honore et il plaint ce juste enrôlé malgré lui dans une guerre inique. […] Cette guerre, issue du fratricide, en porta les marques ; la haine y sévit de toutes parts, avec une rage délirante.
Cette guerre éclata d’abord dans une ville de la Bohême ; mais elle s’étendit avec rapidité sur la plus grande partie de l’Europe. […] L’influence de la guerre de trente ans a subsisté jusqu’à notre siècle. […] La guerre de trente ans est encore intéressante sous un autre point de vue. […] Ces hommes alors aiment la guerre pour la guerre, et ils la cherchent en un lieu quand ils ne la trouvent pas dans un autre. […] Tout ce qui se rapporte à la guerre de trente ans, dont le théâtre a été en Allemagne, est national pour les Allemands, et, comme tel, est connu de tout le monde.
Mais il était peu probable, d’après les règles de la guerre, que les ennemis commissent pareille faute. […] Il serait curieux de savoir en quels termes : le dossier du Dépôt de la guerre est des plus minces pour cette période, et muet sur ce qui nous intéresse. […] C’est un militaire de peu de valeur ; c’est cependant un écrivain qui a saisi quelques idées saines sur la guerre. […] Il est « le premier auteur, en aucun temps, qui ait tiré des campagnes des plus grands généraux les vrais principes de guerre et qui les ait exprimés en clair et intelligible langage. » C’est le témoignage que lui rendent à leur tour les généraux américains de la dernière guerre, les tacticiens sortis de l’École de West-Point53. […] Mais il ne prit aucune part aux affaires de guerre, et ne fit autre chose que veiller aux intérêts de la Suisse, qui en avait grand besoin.
Quel écrivain a mieux dit ce dont nous sommes capables dans la guerre comme dans la paix, sous la conduite de ceux qui sont les premiers d’entre nous, par nos qualités nationales ? […] Je prends pour exemple le tableau des guerres, et parmi ces guerres celles de Hollande. […] Louis XIV, au plus fort des désastres de la guerre de la succession, disait de Guillaume III : « Mon frère d’Angleterre connaît mes forces, mais il ne connaît pas mon cœur. » On peut de même dire de Voltaire, historien du dix-septième siècle : Il a connu les forces de ce siècle ; il n’en a pas connu le cœur. […] L’Essai n’est que la guerre déclarée au christianisme par l’histoire. […] On fait plus que s’intéresser à sa guerre contre l’injustice, la violence, le duel, le meurtre juridique, contre tout ce qui dépeuple les nations et détruit les individus ; on y prend parti.
Rosny, des plus vaillants soldats et des mieux payant de sa personne, était employé par Henri, même en guerre, aux emplois qui demandaient autre chose encore que du courage. […] À la guerre, plus habile et plus prudent que bien d’autres, il ne se montre pas au-dessus des mœurs de son temps. […] Cette morale en temps de guerre, même chez des voisins et des compatriotes, ne faisait pas un pli. […] Dès qu’il le peut, il civilise la guerre, il l’humanise. […] De même à Fontenay en Poitou : après une bonne défense, la ville se rend et capitule sans vouloir rien mettre par écrit, sans demander d’otages, mais en se fiant entièrement en la foi et en la parole de Henri qu’ils savent bien être inviolable : « De quoi ce brave courage se trouva tellement touché, qu’il accorda tant aux gens de guerre qu’aux habitants quasi tout ce qu’ils voulurent demander, et le leur fit observer loyaument, traitant ceux de la ville tout ainsi que si elle n’eût point été prise par siège. » Le soin que mettent les secrétaires de Sully à enregistrer ces actes de clémence et ce nouveau droit de la guerre, prouve à quel point il était nouveau en effet, et combien il tranchait sur les mœurs et les habitudes du temps.
Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre (suite et fin) Lundi 11 août 1865. […] Au fond, il n’est pas interdit de penser que, tout en s’élevant si fort contre l’idée d’un premier ministre, le maréchal de Noailles n’était pas fâché de se frayer la voie à devenir ministre lui-même, et le ministre le plus influent ; c’est ce qu’il fut, en effet, à un moment où il réunissait sans titre spécial et tenait presque entièrement dans ses mains les Affaires extérieures et la Guerre. […] Il s’agissait de montrer à l’Europe, dans la guerre inégale où l’on s’était engagé sur le pied d’auxiliaires et sans volonté ni plan arrêté au début, que la France avait décidément un roi, et de porter Louis XV à faire comme ses glorieux et redoutés prédécesseurs, à paraître à la tête de ses armées. […] « Pâris du Verney, très bon munitionnaire, très entendu dans le détail des subsistances, mais dont le faible est de vouloir faire des projets de guerre » ; c’est ainsi que le maréchal de Noailles étend et paraphrase son bon mot dans une lettre au roi (27 mars 1743). […] Cette dernière affaire notamment, cette belle occasion manquée en Alsace et la fâcheuse impression qu’on en reçut à Paris, sont bien senties et rendues. — Un contrôle d’un tout autre ordre et qui se rapporte à l’histoire la plus sévère, à la science même, nous est fourni par la Relation de la Guerre de Succession, que le général Jomini a ajoutée à celle de la Guerre de Sept ans, dans la 4e édition de son Traité des grandes Opérations militaires.
La guerre d’Espagne, entreprise par la Restauration et tant discutée à l’avance, commençait enfin : c’était une grande épreuve à laquelle l’armée allait être soumise. […] Son instinct de guerre le poussait à entrer dans leurs rangs : la peur de paraître avoir peur l’y obligeait. […] Le premier conseil de guerre s’étant déclaré incompétent, il fut traduit devant un second, qui eut ordre de passer outre, et il fut condamné à mort. […] Traduit devant un dernier conseil de guerre à Toulouse, il s’obstinait à vouloir plaider l’incompétence : M. […] Les premiers morceaux très remarqués de lui furent les deux articles qu’il donna à la Revue française (mars et mai 1828) sur l’Espagne et sur la guerre de 1823.
Dans les grades plus élevés, on voit de plus loin, plus en grand ; le génie de la guerre, si on l’a, trouve mieux à se déployer. […] M. de Fezensac, jeune, doué de toutes les qualités qui humanisent et civilisent la guerre, comprit ce rôle dans son plus noble sens et, l’on peut dire, dans sa beauté morale ; il ne s’attacha plus qu’à le bien remplir. […] Parvenu au haut d’une colline, je contemplai longtemps, dit le narrateur, ce spectacle qui rappelait les guerres des conquérants de l’Asie ; la plaine était couverte de ces immenses bagages, et les clochers de Moscou, à l’horizon, terminaient le tableau. […] Le maréchal, « doué de ce talent d’homme de guerre qui apprend à tirer parti des moindres circonstances », remarqua dans la plaine une ligne de glace et la fit casser pour voir le sens du courant, pensant bien que ce devait être un ruisseau qui allait au Dniepr. […] Il a fallu abandonner à l’ennemi l’artillerie, le bagage, et (triste nécessité de la guerre !)
Quand la France aura un Shakespeare, nous saurons alors les affres de ce temps… On sortait des guerres civiles d’Armagnac contre Bourgogne, de la folie de Charles VI, des déportements d’Isabeau, mais on était entré dans une période non moins funeste : la guerre étrangère, l’invasion par les Anglais, et tous ces désastres et toutes ces incomparables misères invétérées depuis tant d’années, et qui allaient durer trente ans encore, « Quand le roi Charles VII commença la guerre pour son droit, — nous dit un vieux historien avec une expression tragique, — il y avait soixante-dix ans que la France était dans le sang et dans la misère… Il n’y avait de toutes parts que déchirements, confusions, frayeurs, solitude… Le paysan, dénué de chair et de graisse, n’avait que les os… encore étaient-ils foulés ! […] Moins poétique, moins mystérieux, moins divin que la sainte « Pastoure », incompréhensible si le miracle n’était pas là pour l’expliquer, Jacques Cœur, qui fut, lui, tout positivement et tout bonnement un grand homme, donna à Charles VII pour continuer la guerre tout ce que celui-ci voulut prendre d’une colossale fortune, et il fut payé de son dévouement avec la même ingratitude qui avait soldé le sacrifice de la vierge de Domrémy. […] Muableté, diffidence, envye, voilà, dans le langage de son siècle, ce qui agitait et rongeait ce triste Victorieux, lassé et « méhaigné » de ses guerres, ce chagrin « cagneux, aux chausses vertes », que la Légende et les Romances couronnent de myrtes et de lauriers par la main d’Agnès, et qui, mélancoliquement voluptueux, retiré dans les tourelles de ses châteaux des bords de la Loire, avait au front comme un reflet de la folie hagarde de son père, — reflet sinistre d’un mal héréditaire qu’on vit encore passer, dans de cruelles défiances, jusque sur le front de son fils ! […] Fils de ses œuvres, cet imposant plébéien donnait aux hommes de race et de destruction qui l’entouraient le spectacle de la prospérité la plus merveilleuse, obtenue, à une époque de guerre, par le Commerce, la plus grande force des temps de paix. […] Jacques Cœur, en effet, avait souvent manié l’épée dans cette guerre perpétuelle de France, et combattu, avec Lahire et Xaintrailles, à l’ombre des flèches des archers anglais.
Moreau n’était qu’un grand homme de guerre, Bonaparte était un grand homme de guerre et un grand homme de gouvernement. […] Un passage des Alpes est devenu, comme le passage du Rhin, une des opérations militaires les plus banales de la grande guerre. […] Toutefois il avait un mérite moral : c’était d’aimer la paix sous un maître qui aimait la guerre, et de le laisser voir. […] Thiers, par ses instincts et par son goût pour les armes, est plus enclin à la philosophie de la guerre. […] Pitt dans leurs harangues, affectant de préconiser la paix quand le salut de leur pays commandait la guerre d’Annibal à M.
. — Il eût désiré parfois plus de résistance et de rencontrer une sérieuse action de guerre, afin de pouvoir rétablir dans ses troupes un peu de discipline ; car lui-même ne parvenait plus à être obéi. […] « Il ne m’appartient pas de raisonner sur la guerre, et je n’ai garde de tomber dans ce ridicule », dit quelque part, et à propos de Villars même, Fénelon. […] Dans son discours de réception à l’Académie, il ne fait allusion qu’à une seule de ses grandes actions de guerre ; vous croyez que c’est de Denain et d’une victoire qu’il veut parler, point du tout ; il y encadre et il y glorifie le souvenir de Malplaquet. […] Nous n’avons plus ici, pour nous guider, les Mémoires militaires de la guerre de la succession, dont les derniers volumes ne sont pas publiés encore, et nous en sommes réduits à des témoignages abrégés ou incomplets. […] Dans le résumé des guerres illustres que Napoléon a tracées en une quarantaine de pages, Villars obtient une ligne, mais cette ligne est celle-ci : « Le maréchal de Villars sauva la France à Denain. » C’est là le mot de l’histoire.
Craufurd, ministre des États-Unis à Paris, qui, en ce moment, quittait ce poste pour aller occuper celui de secrétaire d’État de la guerre dans le cabinet de Washington. […] La lettre que j’envoie aujourd’hui est d’une autre espèce : elle parle de Bonaparte comme s’il était en train de recouvrer son ancienne importance, et de la probabilité qu’il réussira à rendre la guerre nationale. […] Avec la guerre elle ne sera qu’une partie d’un tout déjà divisé. […] que le Prince-Régent veuille être le dieu de la paix, ou qu’il laisse (avec des chances bien douteuses) l’empereur de Russie être le roi de cette guerre ! […] J’avoue qu’ils me paraissent très dignes de Mme de Staël : ils portent tous sur le désir de la paix, sur les forces et les ressources que la France peut trouver en elle pour soutenir une guerre, pour maintenir son indépendance.
Le programme qu’il eût voulu voir adopter à la jeune génération parlementaire, c’eût été non-seulement de ne pas faire la guerre à la forme des gouvernements établis, mais de ne pas faire la guerre à mort aux ministères existants, à moins d’absolue nécessité, et de chercher bien plutôt à en tirer parti pour obtenir le plus de réformes possible, pour introduire le mouvement et le progrès dans la conservation même. […] Quand il parle, comme il le fait, contre la guerre et ses effets désastreux, ce n’est pas qu’il supprime le courage et l’intrépidité humaine, c’est qu’il sait où les placer ailleurs. […] demandait-il et demandait-on de toutes parts dans le public : « On l’a arrêté, répondit-on de guerre lasse et pour unique raison, parce que si l’on se fût borné à suspendre ou à supprimer son journal, il eût exécuté ce qu’il avait annoncé ; il eût protesté, ne fût-ce que sur le plus petit carré de papier. […] J’en reviens, de guerre lasse, à penser que de même que les Prières dans l’Antiquité, et selon la belle allégorie homérique, étaient représentées boiteuses, dans les temps modernes les réformes ne viennent que boiteuses aussi ; on ne les obtient que lentement, une à une ; elles s’arrachent par morceaux, et les eût-on toutes à la fois, l’homme trouverait encore moyen d’y réintroduire les abus à l’instant même. […] Il a abordé d’emblée plus d’une question et a mené de front, pour ainsi dire, plus d’une campagne : le congrès, la paix et la guerre, les élections, etc.
« Observez de plus que cette loi, déjà si terrible, de la guerre, n’est cependant qu’un chapitre de la loi générale qui pèse sur l’univers. […] C’est la guerre qui accomplira le décret. […] Si la justice humaine les frappait tous, il n’y aurait point de guerre ; mais elle ne saurait en atteindre qu’un petit nombre, et souvent même elle les épargne, sans se douter que sa féroce humanité contribue à nécessiter la guerre, si, dans le même temps surtout, un autre aveuglement, non moins stupide et non moins funeste, travaillait à éteindre l’expiation dans le monde. La terre n’a pas crié en vain : la guerre s’allume. […] Les batailles qui vont se livrer autour de lui vont jouer sa couronne terrestre au jeu de la guerre.
Le vainqueur de Rocroy descend à la guerre des pavés et des rues, à ce qu’il appelle lui-même « la guerre des pots de chambre ». […] La paix et la guerre sont décidées à la muette. […] Un certain Brifaut avait fait une tragédie dont l’action se passait en Espagne, et l’Empire français était en guerre avec l’Espagne. […] Les alliances, les guerres surtout réagissent sur la littérature. […] La guerre, quand elle a été malheureuse, entraîne d’autres conséquences.
» Les deux passions de la vie romaine, le labourage et la guerre, s’exprimaient dans cette rude antienne ; et, soit qu’elle nous arrive dans un texte déjà rajeuni, soit que plusieurs mots de ce texte demeurent inexpliqués pour nous, soit toute autre hypothèse, l’accent général cependant n’est pas douteux ; et cette voix nous rappelle bien la dureté laborieuse et le courage de l’ancienne Rome. […] Rien de pareil, sous la forte institution des premiers Romains, sous cette institution sévèrement gardée par la pauvreté, le travail et la guerre. […] Ce n’est pas à dire toutefois que ces mœurs âpres et laborieuses, cet esprit appliqué à l’art de la guerre, cette ambition de la patrie commune et de chaque citoyen n’aient eu leur enthousiasme et, partant, leur poésie. […] Des prédictions en vers circulaient, au temps de la guerre punique. […] C’est quelque chose de plus tragique, la peinture des maux affreux de la guerre, et l’affliction sans terme et sans espoir.
Découverte du véritable Homère Ces observations philosophiques et philologiques nous portent à croire qu’il en est d’Homère comme de la guerre de Troie, qui fournit à l’histoire une fameuse époque chronologique, et dont cependant les plus sages critiques révoquent en doute la réalité. Certainement, s’il ne restait pas plus de traces d’Homère que de la guerre de Troie, nous ne pourrions y voir, après tant de difficultés, qu’un être idéal, et non pas un homme. […] D’abord l’incertitude de la patrie d’Homère nous oblige de dire que si les peuples de la Grèce se disputèrent l’honneur de lui avoir donné le jour, et le revendiquèrent tous pour concitoyen, c’est qu’ils étaient eux-mêmes Homère. — S’il y a une telle diversité d’opinion sur l’époque où il a vécu, c’est qu’il vécut en effet dans la bouche et dans la mémoire des mêmes peuples, depuis la guerre de Troie jusqu’au temps de Numa, ce qui fait quatre cent soixante ans. — 2. […] Convenons plutôt que l’auteur de l’Iliade dut précéder de longtemps celui de l’Odyssée ; que le premier, originaire du nord-est de la Grèce, chanta la guerre de Troie qui avait eu lieu dans son pays ; et que l’autre, né du côté de l’Orient et du Midi, célèbre Ulysse qui régnait dans ces contrées. — 4.
Les premiers chapitres sont de plusieurs mois antérieurs à la guerre ; les autres, contemporains de la guerre. […] Lorsque la guerre a éclaté, ces garçons avaient un an ou deux. […] Toute notre vie, ensuite, c’est la guerre qui l’a marquée. […] Dès le lendemain de la guerre et dans les années suivantes, un apophtegme paradoxal a régné en France. […] Il lui semble que la guerre est « l’état naturel » de la France.
Louis XIV, pris au dépourvu, envoyait Chamlay, un militaire de confiance, le meilleur officier d’état-major et l’homme des bureaux de la guerre, auprès de Catinat pour se renseigner, tout voir de ses yeux et lui rapporter une idée nette des choses. […] Comme j’ai tenu le roi au courant de cette campagne et que j’ai pu en donner des idées à M. de Chamlav et de la nature de cette guerre, Sa Majesté me paraît très-contente de la conduite que j’ai tenue. […] Tout rempli des projets de conquête qu’on lui préparait sur ce prochain théâtre, le roi s’en remettait à Catinat de tout ce qui était à faire dans la guerre restreinte qu’il désirait à cette autre frontière. […] Je n’ai pu éviter ce coup ; les raisons seraient longues à t’en déduire ; tu peux compter que ma conduite n’est exposée qu’aux mauvais discours des gens qui ne connaissent point la nature de cette guerre ; c’est une ample matière à en tenir. […] Le duc de Savoie avait bloqué Pignerol ; il venait de prendre le fort de Sainte-Brigitte tout proche et au-dessus ; il se disposait à bombarder Pignerol avant de l’assiéger, ce qui n’était pas d’usage dans une guerre polie et entre honnêtes gens.
Il fit la guerre avec allégresse et, l’on n’en saurait douter, avec génie. […] Les hommes de guerre ne m’éblouissent point. […] Et c’est par là que le rôle de l’homme de guerre devient d’une incomparable grandeur. […] La guerre est l’action par excellence. […] Aussi tous les grands hommes de guerre ont-ils eu besoin de croire à leur étoile, c’est-à-dire à une volonté divine, plus forte que tout, et qui leur donnait la victoire.
» Tant que durera la guerre, il n’y a de salut à ses yeux que dans les gros bataillons. […] Ils devraient, ce me semble, laisser leurs disputes jusqu’à ce que la paix générale fût faite, et ensuite recommencer leurs guerres civiles, s’arracher leurs bonnets de la tête, s’ils en avaient envie ; mais présentement nous avons des choses plus sérieuses ; et pour moi, j’ai si fort regardé ces deux partis avec indifférence, que je n’ai pas voulu presque en entendre parler, et que je cherche toujours mes confesseurs exempts de haine ou d’amitié pour eux. » Grâce à madame des Ursins et à la reine d’Espagne, princesse remplie de force et de prudence, l’intérieur de cette cour demeura libre de toute intrigue religieuse, quoique le roi Philippe méritât d’être appelé un grand saint ; et, malgré l’exemple de la France, on n’eut à s’occuper en Espagne que des soins de la guerre. […] Mais la paix était encore moins faisable alors que la guerre. […] Chamillard, elle demande à madame de Maintenon à propos de ce dernier, « si c’était assez de sa bonté pour gouverner la guerre et les finances durant tant d’années si terribles.
Ce n’est partout, sur le sol de la vieille Europe, que guerres religieuses, guerres civiles, guerres pour un dogme, guerres pour un sacrement, guerres pour une idée, de peuple à peuple, de roi à roi, d’homme à homme, que cliquetis d’épées toujours tirées et de docteurs toujours irrités, que commotions politiques, que chutes et écroulements des choses anciennes, que bruyant et sonore avènement des nouveautés ; en même temps, ce n’est dans l’art que chefs-d’œuvre.
La guerre en outre était partout. […] Le soldat fait la guerre. […] C’était au lendemain de la guerre. […] La guerre ! […] La guerre d’une des puissances de la Triple-Alliance avec la Russie, c’était la guerre de toutes avec la France.
Camille Rousset, conservateur des archives historiques au Dépôt de la Guerre, a sous la main des trésors dont il sent le prix et dont le Gouvernement lui permet de n’être point avare. […] Ce séjour en Provence et à Nice, mêlé de guerre et de diplomatie, se prolongea pendant toute l’année 1748 et jusqu’au mois de février 1749. […] 69 Celui-ci paraît l’avoir adorée fidèlement et sans qu’on puisse apercevoir ombre de distraction ou de faiblesse, durant ses années de voyage ou de guerre. […] La guerre recommençait. […] J’ai déjà parlé, et ici même, de cette guerre à l’occasion du comte de Clermont.
Mais le triomphe de la maison, ce sont les chromos de la guerre franco-allemande (Voyez rayons 1870 et 1871). […] Vue du côté français, cette guerre de 1870 est une tragédie mal faite dont l’action multiple se dissémine insaisissable sur dix théâtres à la fois. […] Car la guerre devient « le premier, le plus beau des devoirs, aussitôt qu’elle défend les champs, les villes, la race même, les trésors et le passé d’un peuple ». Les frères Margueritte déclarent que leur but est d’inspirer au lecteur « l’horreur de la guerre ». […] Ce volume est une bonne arme de guerre.
L’établissement de la Paix ou Trêve de Dieu, imposée à coups de conciles, de décisions, d’excommunications civilisatrices, à des hommes que cette paix contrariait dans leurs passions et dans leurs instincts, lui paraît la victoire définitive de l’Église sur la Barbarie et la guerre. […] Il avait créé la guerre pour la guerre, — mieux que l’art pour l’art ! — la guerre pour l’honneur, et l’Église, l’Église, la raison divine sur la terre, blâmait ce luxe de la gloire pour la gloire, trouvait que c’était trop, et, à travers les glaives, étendait sa main. […] Pourquoi n’a-t-il pas entrouvert une seule fois cette cause toute puissante et éternelle des guerres qui surgissaient alors de toutes parts ? […] dressa la chevalerie à la guerre chrétienne, acheva par les cathédrales le mouvement commencé par les châteaux forts, et enfin mit ses cent bras de Briarée partout, jusque dans les décisions de l’Église, qui établirent la Trêve de Dieu, mais qui l’établirent… avec des lances !
Depuis quatorze années d’une guerre dont le début avait été signalé par le désastre d’Azincourt, il ne s’était rien fait qui pût relever le moral du pays en proie à l’invasion. […] Et sur ce que l’enfant répondait qu’elle n’était qu’une pauvre fille qui ne savait chevaucher ni faire la guerre, la voix lui répliquait qu’elle ne s’en souciât et qu’elle allât néanmoins. […] Parlant d’une certaine épée qui avait été prise sur un Bourguignon, elle dit qu’elle s’en servait parce que c’était une bonne épée de guerre, et propre à donner « de bonnes buffes et de bons torchons ». […] Voilà la vraie douceur de Jeanne après son moment d’exaltation et quand sa fureur de guerre était passée. […] Ces juges, tout occupés de convaincre d’idolâtrie cette simple fille, l’interrogeaient à satiété sur son étendard, sur l’image qu’elle y avait fait peindre : si elle ne croyait pas que des étendards tout pareils à celui-là étaient plus heureux que d’autres à la guerre.
Ce mérite inespéré n’était ni l’observation, ni l’étude, ni le renseignement, ni la science exacte et forte, technique et claire, ni enfin aucune des qualités substantielles qu’on est accoutumé de demander aux écrits d’un homme de guerre, instruit et pénétrant, et qui se trouvaient en lui au plus haut degré de précision et de développement. […] Selon nous, ces espèces de capacités sont les meilleures, les plus nettes, les plus lumineuses qu’il y ait eu jamais parmi les hommes, et la littérature qui en est l’expression, soit sur les choses de la guerre, soit sur les choses de la politique et de l’histoire, est certainement la littérature où se trouvent relativement le plus d’œuvres supérieures et le moins d’œuvres médiocres… La cause de cela ne vient point seulement de ce que la vie militaire est une grande école pour le caractère, et qu’à une certaine profondeur le caractère et l’intelligence confluent et s’étreignent. […] Il leur avait préféré le côté extérieur, mouvementé, visiblement éloquent des choses, et il s’était rencontré tour à tour, mais exclusivement, le peintre de mœurs et de guerre que des ouvrages ultérieurs, comme les Chevaux du Sahara 21 les Mœurs et coutumes de l’Algérie 22, et les Principes généraux du cavalier arabe 23 ont définitivement classé. […] Et voilà le miracle que nous devons à notre guerre d’Afrique, et que les livres du général Daumas font aisément comprendre ! […] Elle maintenait sa place dans le sentiment de l’Europe, pour le jour où, en Europe, la guerre éclaterait, c’est-à-dire que par son prestige elle combattait et vainquait déjà, puisque les succès à la guerre ne sont qu’une affaire d’opinion.
. — La Guerre et l’Homme de guerre (1855). — Mélanges (1856-1858). — Le Parti catholique (1856). — Agnès de Lauvens (1867). — L’Honnête Femme (1858) […] Jésus-Christ (1864). — Le Guêpier italien (1865). — À propos de la guerre (1866). — L’Illusion libérale (1866). — Les Odeurs de Paris (1866). — Célébrités catholiques contemporaines (1869). — Corbris et d’Aubecourt (1869). — Les Couleuvres (1869). — La Liberté du Concile (1870). — Les Filles de Babylone, en vers (1871). — La Légalité (1871). — Paris pendant les deux sièges (1871). — La République de tout le monde (1871). — Dialogues socialistes (1872)
La guerre de Sept Ans, en venant rompre le cours des prospérités de Frédéric et de ses loisirs si bien occupés, mit à l’épreuve l’âme de sa sœur, cette âme supérieure et sensible, et nous permet de l’apprécier par ses plus hauts côtés, dans son attitude vraiment historique. Cette guerre, Frédéric la voyait de loin venir, quoiqu’elle l’ait en définitive un peu surpris. […] La guerre voyage en grande dame : elle a commencé en Amérique, à présent elle est arrivée dans l’océan et dans la Manche ; elle n’a pas débarqué encore, et si elle prend terre le printemps qui vient, elle pourrait peut-être, pour plus grande commodité, cheminer en litière, de sorte qu’on la verra venir de loin ; et, après tout, on est exposé à tant de hasards dans le cours commun de la vie, que la guerre n’y ajoute qu’un petit degré de plus. […] Frédéric essaie de sauver aux états de sa sœur les horreurs de la guerre, et, par ses diversions, d’attirer l’ennemi d’un autre côté. […] [NdA] Il faut lire au tome vii des Mémoires de Napoléon (1830), pages 161-339, une appréciation sommaire et lumineuse de toutes les opérations militaires de Frédéric dans la guerre de Sept Ans.
PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) […] L’Essai sur la Guerre sociale, dont nous avons à donner idée ici, n’est qu’une espèce d’introduction par laquelle il a cru nécessaire de préluder. […] Or, ces grands ambitieux avaient rencontré sur leur chemin des auxiliaires ou des adversaires dans les alliés latins et italiotes ; la lutte que ceux-ci avaient entreprise contre Rome, la guerre sociale, comme on l’appelle, était venue traverser et compliquer le duel flagrant des deux précurseurs de Pompée et de César. […] Les causes complexes, qui, après les grandes guerres d’Annibal, rendaient la situation de l’Italiote de plus en plus précaire et pénible, à mesure qu’au contraire celle du citoyen romain s’élevait et visait au roi, sont très-bien démêlées et viennent se traduire en un tableau général d’oppression et de dépopulation tout à fait effrayant. […] Enfin la guerre éclate ; le meurtre de Drusus, patron des Italiotes à Rome, donne le signal, et le complot, depuis quelque temps tramé, se déchire à nu.
Ces inscriptions n’eurent pas lieu : je parle de celle de la place Vendôme, où il est dit, par exemple, que Louis XIV ne fit la guerre que malgré lui. […] Ce torrent de panégyriques s’arrêta pourtant, et fut suspendu pendant la guerre de la succession d’Espagne. […] Il lui donna ce goût éternel de représentation, qu’il porta partout, même à la guerre, où cependant ses armées et ses victoires représentaient assez bien pour lui. […] D’après ces principes, qu’on juge de la félicité réelle des peuples dans un règne de soixante-douze ans, où il y eut quarante-six ans de guerre. Ce n’est pas que je confonde toutes les époques de ce règne célèbre : la France fut heureuse, ou parut l’être jusqu’à la guerre de 1688 ; mais après cette époque tout change.
La guerre éclate, et la tragédie nationale va l’occuper uniquement. […] Et puis la guerre arrive, et c’est l’avortement. […] Davignon en janvier 1913, « un parti puissant qui désire la guerre. » Et par là il faut entendre naturellement la guerre contre la France. […] La guerre éclate, il y prend part comme sous-lieutenant. […] Il siège au Conseil supérieur de la guerre.
Cette hâtive vivisection secoua d’un haut-le-corps un homme que la guerre ne devait jamais ébranler, mais qui était à la merci d’un trop brusque bourreau, juge ou femme. […] La conversation s’engagea mal, sur la Guerre. […] Il en résulte une forte déclaration de guerre au sentimentalisme énervant, à la contemplation bouddhique, à la fixité des opinions étroites, à la stabilité des notions reçues. […] Pierre Benoit, rédacteur au ministère de l’Instruction publique à partir de 1910, fait la connaissance avant la guerre de Francis Carco et rencontre Guillaume Apollinaire. […] Le Feu de Barbusse, paru en 1916, au plus fort de la bataille de Verdun, est la première peinture réaliste de la guerre.
Je vois poindre une dynastie populaire retrempée depuis trente ans dans les légendes de la guerre. […] Il leur inspirait la guerre en Espagne, guerre qui était dans leur nature, guerre de restauration, de constitution même ; guerre d’intervention contre la démagogie espagnole et contre l’insurrection militaire, mais guerre désintéressée de toute conquête. […] Ils voulaient l’un et l’autre la gloire pour les Bourbons, et par conséquent la guerre d’Espagne. […] Les Talleyrand, les Foy, les orateurs, étaient opposés par esprit de parti à la guerre d’Espagne ; M. de Montmorency, M. de Chateaubriand, seuls la voulaient, avec les amis des Bourbons. […] Ils se vengèrent de leur déception en Espagne, en fomentant et en reconnaissant en Amérique l’indépendance des Amériques espagnoles, dont trente ans de guerres civiles n’ont pas encore éteint les conséquences.
Le pays, envahi, ravagé par les Anglais, souffre à la fois des calamités, de la guerre étrangère et des horreurs pires encore de la guerre civile. Or, la guerre, qui est toujours désastreuse, traîne après elle en ce temps-là plus de malheurs encore qu’aujourd’hui. […] Guerre, famine, épidémie forment ainsi un cercle meurtrier dont il est bien difficile de sortir. […] Une époque pareille se présente au lendemain des atroces guerres de religion qui ont ensanglanté le xvie siècle. […] Et tantôt ont éclaté des grèves, ces étranges guerres en pleine paix, où les deux adversaires, au lieu de se saisir et de s’étreindre corps à corps, luttent à qui pourra rester le plus longtemps les bras croisés ; tantôt aux faubourgs des grandes capitales ont surgi des émeutes formidables, prélude sanglant de la guerre la plus implacable qui existe, la guerre de classes, la guerre entre pauvres et riches.
Nos jeunes gens de la récente guerre prouvent que non. […] » et crie maintenant « Vive la guerre ! […] Comment s’est maintenue, au cours de la guerre, l’entente, pour ainsi dire, du corps et de l’esprit : voilà l’histoire intime de la guerre. Et après la guerre ? […] Or, la vérité de la guerre dure après la guerre.
Les républiques aristocratiques se décident difficilement à la guerre, de crainte d’aguerrir la multitude des plébéiens. […] Tel est le principe de l’héroïsme romain depuis l’expulsion des rois jusqu’aux guerres puniques. […] De là résultent à la fois des guerres civiles au-dedans, des guerres injustes au-dehors. […] Les nations encore barbares sont impénétrables ; au-dehors, il faut la guerre pour les ouvrir aux étrangers, au-dedans l’intérêt du commerce, pour les déterminer à les admettre. […] Les Romains ne commencèrent à connaître les Grecs d’Italie qu’à l’occasion de la guerre de Tarente, qui entraîna celle de Pyrrhus et des Grecs d’outre-mer (Florus).
Au sortir de la guerre de Sept Ans, quand d’Alembert alla visiter Frédéric à Potsdam et qu’il lui parlait de sa gloire : « Il m’a dit avec la plus grande simplicité, écrit d’Alembert, qu’il y avait furieusement à rabattre de cette gloire ; que le hasard y était presque pour tout, et qu’il aimerait bien mieux avoir fait Athalie que toute cette guerre. » Il y a certes du philosophe dans cette manière de juger les triomphes militaires ; mais il y a aussi de l’homme de lettres dans cette préférence donnée à Athalie. Je ne sais si Frédéric ne se fût pas dédit, au cas qu’un malin génie l’eût pris au mot et qu’il lui eût fallu opter tout de bon entre la guerre de Sept Ans et Athalie, ou plutôt je suis bien sûr que le roi, en définitive, l’eût emporté : mais le cœur du poète aurait saigné au-dedans de lui, et il nous suffit, pour le qualifier comme nous faisons, qu’il eût pu hésiter un seul instant. […] Ce projet devint tout à fait sérieux après la mort de Maupertuis, et quand Frédéric fut sorti de la guerre de Sept Ans. […] Il commence par causer quatre heures de suite avec d’Alembert ; il lui parle avec simplicité, avec modestie, de la philosophie, des lettres, de la paix, de la guerre, de toute chose. […] Si vous saviez quel nombre d’écrits infâmes vos chers compatriotes ont publiés contre moi pendant la guerre, vous ririez de ce misérable folliculaire.
Depuis Hésiode et depuis Homère, l’art grec avait dû bien des fois reprendre ce souvenir voisin des Argonautes et de la guerre de Troie. […] « Nul héros ne pourra se comparer à lui dans la mêlée, quand les fleuves de Phrygie déborderont de sang troyen, et que, sous les coups d’une guerre lointaine, le troisième héritier du parjure Pélops ravagera les murs de Troie. […] Souvent, aux luttes sanglantes de la guerre, Mars, ou Pallas, ou la vierge Némésis anima de sa présence les bataillons armés. […] Elle pouvait entretenir, sous quelque obscur abri, le rêveur solitaire, le sage égoïste, au milieu des tumultes de la guerre ou du silence imposé par la proscription. […] Seulement, il nous reste à chercher ce que deviendra cette poésie, lorsqu’à l’horreur des guerres civiles et de l’anarchie succéderont la modération habile d’un maître et la monotone sécurité d’un long esclavage.
C’est une seconde génération de braves qui pousse la première et qui va l’égaler ou la remplacer ; les promotions se font vite à la guerre. […] Le brave La Noue, cet excellent homme de guerre du xvie siècle, a soutenu dans ses Paradoxes militaires « qu’il est profitable à un chef de guerre d’avoir reçu une route », c’est-à-dire d’avoir, une fois dans sa vie, essuyé une déroute ou du moins un échec qui lui est une leçon ; Joubert essuya une première défaite à Corona, et cela dut lui servir : il paraît bien, d’ailleurs, qu’il avait reconnu tout d’abord, et mieux que Masséna son chef, l’importance de ce poste de Corona, qui est la clef, le point stratégique des opérations dans cette contrée du Montebaldo : Pour ce qui me regarde, dit-il, je n’osais, après ma défaite de Corona, me présenter à Bonaparte ; mais tous les volontaires avaient parlé de ma défense. […] Il s’usait beaucoup de généraux28 dans cette guerre sans cesse renaissante et où les victoires elles-mêmes, en récidivant, épuisaient une armée que le Directoire ne renforçait pas. […] Bon officier dans l’ordinaire, s’acquittant bien des emplois réguliers, il s’est trouvé au-dessous du poste de guerre qui lui a été confié dans le Tyrol, et sa retraite a dégénéré un moment en déroute. […] Mais à la guerre rien n’est fait tant qu’il reste à faire quelque chose.
Tite-Live dit que dans la guerre des latins, on distinguoit leurs troupes d’avec les troupes romaines au premier coup d’oeil. […] Cesar avoit été surpris de voir que les gaulois qu’il assiegeoit eussent très-bien imité les machines de guerre des romains les plus composées, quoiqu’elles fussent nouvelles pour les assiegez. […] C’étoit demander à ces gaulois de faire de leur païs le théatre de la guerre pour empêcher Annibal de la porter sur les bords du Tibre. […] Les naturels du païs, qu’on prétend avoir fait de si grands exploits de guerre sous Sesostris et sous leurs premiers rois, étoient déja bien dégenerez dès le temps d’Alexandre Le Grand. […] Ceux qui se souviennent des évenemens de guerre arrivez durant les troubles du Païs-Bas, lesquels ont donné naissance à la republique de Hollande, sçavent bien que l’infanterie composée de flamands, ne tenoit pas contre l’infanterie composée d’espagnols naturels.
Il y a maintenant deux partis dans la littérature comme dans l’état ; et la guerre poétique ne paraît pas devoir être moins acharnée que la guerre sociale n’est furieuse. […] Ils s’obstinent à ne vouloir point parler la même langue ; ils n’ont d’autre langage que le mot d’ordre à l’intérieur et le cri de guerre à l’extérieur : ce n’est pas le moyen de s’entendre. […] On objectera peut-être ici que les deux mots de guerre ont depuis quelque temps changé encore d’acception, et que certains critiques sont convenus d’honorer désormais du nom de classique toute production de l’esprit antérieure à notre époque, tandis que la qualification de romantique serait spécialement restreinte à cette littérature qui grandit et se développe avec le dix-neuvième siècle. […] Et certes, puisque les Alcides du législateur du Parnasse tirent du canon, le Satan de Milton peut, à toute force, considérer cet anachronisme comme de bonne guerre.
Les unes ont été composées pour être propres à produire un certain effet, et les autres pour être propres à produire un effet contraire. à la guerre, lorsqu’il faut faire marcher les troupes en avant, les instrumens ne jouent pas un air du même caractere que celui qu’ils jouent, lorsqu’il faut qu’elles se retirent. L’air que sonnent nos instrumens militaires, quand il faut demander quartier, ne ressemble point à celui qu’ils sonnent, quand il faut aller à la charge. " comme les anciens n’avoient point d’armes à feu dont le bruit empêchât les soldats d’entendre durant l’action le son des instrumens militaires dont on se servoit à la fois pour leur faire connoître le commandement, et pour les encourager, les anciens faisoient sur cette partie de l’art de la guerre, une attention et des recherches qu’il seroit inutile de faire aujourd’hui. […] N’est il pas même permis de croire que c’est au talent de faire usage des instrumens de guerre, lequel nous possedons superieurement aux autres nations, qu’est dûë en partie la reputation de la milice romaine. […] Annibal aïant surpris la ville de Tarente sur les romains, il usa d’un stratagême pour empêcher la garnison de se jetter dans la forteresse de la place et pour la faire prisonniere de guerre.
— La guerre ! […] … Est-ce que ces guerres nous regardent, nous ? […] C’est de l’histoire, nous vous renvoyons aux analystes des guerres de l’Empire. […] Goulden : « Sois toujours bon, honnête, à la guerre. […] Je reconnus aussi la chambre où je venais passer de si beaux dimanches, avant de partir pour la guerre.
Ressuscitez donc alors ce peuple féroce, nourri par la louve dans les cavernes du Latium, suçant plus tard, au lieu de lait, le sang du genre humain, ne pouvant grandir qu’en dévorant tour à tour tous les peuples libres pour aliments de sa faim insatiable de domination ; souveraineté du brigandage, de l’iniquité, de la force, de la guerre, sur l’espèce humaine, et qui avait posé ainsi la question de sa grandeur exclusive en face des dieux et des hommes : « Que Rome périsse, ou que l’homme soit esclave partout ! […] L’Allemagne et la France, sans cesse provoquées à des luttes incessantes par une puissance si forte et si active que le Piémont, n’auraient plus une heure de paix ; la guerre entre la France et l’Allemagne aurait deux champs de bataille au lieu d’un, et le Rhin ne roulerait pas moins de sang que le Pô et l’Adige. […] l’annexion continue de vos autres États indépendants au Piémont vous constitue inévitablement en jalousie, en suspicion et bientôt en guerre sourde avec la France ; or une guerre sourde ou déclarée à la France est la perte, à un jour donné, de l’indépendance de l’Italie. […] L’Italie redevient ainsi le champ de bataille inévitable et perpétuel de la France, de l’Autriche et de l’Angleterre ; l’annexion universelle n’est qu’un drapeau de guerre avec l’Angleterre, élevé par la main de la maison de Savoie tantôt pour, tantôt contre ces trois grandes puissances et contre l’Europe, drapeau que chacune de ces puissances viendra abattre à son tour dans une main monarchique très militaire, mais trop récente, trop faible, trop étroite pour en couvrir l’Italie. […] La révélation tardive sortie d’une guerre fatale à tant de braves aurait été aussi la révélation de la paix ; pourquoi la maison de Savoie et l’Angleterre ont-elles réussi à fausser cette pensée en l’exagérant ?
Je n’aime pas mieux la politique de ses mémoires sur la guerre de la Succession. Le remède qu’il propose pour guérir tous les maux causés par cette guerre, qui le croirait ? […] On a vu quels durs avis le précepteur donne au vieux roi, l’étrange conseil de restituer ses conquêtes, comme illégitimes, et, pour unique remède à tous les maux de la guerre, la défaite. […] Les rois qui faisaient la guerre à Louis XIV, trouvèrent beau de l’insulter par l’affectation de leurs égards pour Fénelon, et de leur admiration pour le Télémaque. […] A qui, sinon à Louis XIV personnifié dans Idoménée, Mentor conseille-t-il de ne point marier contre leur gré des filles riches à des généraux ruinés à la guerre ?
Et la guerre et la misère n’ont fait qu’accentuer cet Evangile moderne. […] Ce dernier (tombé à la guerre) a publié toutes ses œuvres aux éditions du Sturm. […] Puis la guerre en a fait un véritable révolutionnaire. […] finissez la guerre ! […] Le nationalisme suscité par la guerre accentue cette méconnaissance.
J’étais un peu en arrière avec cette Histoire, et avant le tome xiie dont j’ai à rendre compte, j’ai dû lire le xie , qui contient les événements de la guerre d’Espagne et de Portugal pendant la première moitié de l’année 1809, l’expédition des Anglais sur Walcheren, et, après la paix de Vienne, le divorce avec Joséphine et le mariage avec une archiduchesse, — le tout formant deux livres seulement. […] Simple, dépourvu d’extérieur, ne cherchant pas à montrer son esprit, qui était pourtant remarquable, négligent même lorsqu’il avait encore toute l’activité de la jeunesse, déjà très dégoûté de la guerre, sacrifiant beaucoup à ses plaisirs, il n’avait pas cette hauteur d’attitude, naturelle ou étudiée, qui impose aux hommes, qui est l’un des talents du commandement, que Napoléon lui-même négligeait quelquefois de se donner, mais qui était suppléée chez lui par le prestige d’un génie prodigieux, d’une gloire éblouissante, d’une fortune sans égale. […] Au moment le plus critique de l’expédition, et lorsqu’il s’agit de savoir si après des mois d’attente au fond du Portugal devant les lignes inexpugnables de Torrès-Vedras, sans secours reçus, on passera ou non le Tage, et à quel parti on s’arrêtera, il y a un déjeuner chez le général Loison à Golgao, où, dans une sorte de conseil de guerre amical, on a en présence et en action la physionomie, le caractère et les idées des principaux chefs consultés par Masséna : c’est un récit des plus piquants, et qu’il n’eût tenu qu’à l’historien de rendre plus piquant encore ; mais M. […] Je ne sais si je limite mon observation au point juste où je le désire : je ne voudrais rien retrancher à l’exposé des faits de guerre, tels que les présente M. […] Il ignore que partout où sont mes armées, ce sont des conseils de guerre français qui jugent les assassinats commis sur mes troupes… Il veut être aimé des Espagnols, il veut leur faire croire à son amour.
On a ensuite, il est vrai, l’admirable seconde guerre punique, les guerres de Macédoine et la première guerre d’Asie ; mais tout ce qui suit et ce qui eût été d’un si haut intérêt, manque, les luttes de Marius et de Sylla, la rivalité de Pompée et de César, la vraie histoire politique réelle, ces époques récentes que Tite-Live savait dans leur esprit et dans leur détail par les mémoires du temps, par les récits d’une tradition prochaine, par cette transmission animée et vivante qui est comme un souffle fécondant. […] Qu’on me permette un exemple bien disproportionné quant à la splendeur, mais non pas quant aux circonstances essentielles : supposez que de la grande Histoire de Mézeray on n’ait conservé que les premiers âges à demi fabuleux des Mérovingiens, et puis les règnes de Jean, de Charles V, de Charles VI, et, si l’on veut même, de Charles VII, les guerres des Anglais, et qu’on ait perdu tout le xvie siècle, où Mézeray abonde et excelle, ces tableaux des guerres civiles religieuses, où il est le compilateur le plus nourri, le plus naïvement gaulois et le plus indépendant à la française, où il se montre le mieux informé et le plus sensé des narrateurs ; aura-t-on, je le demande, du talent de Mézeray et de sa nature d’esprit une idée entière, et surtout pourra-t-on pousser cette idée et la définition de cet esprit jusqu’à la rigueur d’une formule, jusqu’à en extraire le dernier mot ? […] Taine peut répondre que, quand on déclare la guerre à une école puissante, on la fait comme on l’entend, et que, quel que soit le tour de sa forme, il n’a rien sacrifié du fond des questions. […] Ici je me récuse ; je demande à ne pas entrer dans ces guerres de méthode, dans ces dissections délicates qui pénètrent jusqu’au vif, et à rappeler simplement que, à quelque point de vue qu’on se place pour le juger, M.
L’organisation électorale qui a groupé les chefs de la production s’est appelée, au lendemain de la guerre, les Intérêts Économiques. […] Chef, enfin, le grand chef, au grand moment, dans la grande guerre. […] vivement la fin de la guerre, pour qu’on la retrouve, la vraie vie militaire — ?! […] La guerre qu’il soutint fut une guerre idéaliste, Idée contre Idée, croisade pour la Cause. […] Il ne semble pas crue la peur brute des catastrophes suffise à diminuer très sensiblement le potentiel moral de guerre.
La guerre, en présentant aux peuples l’ambition de la France au lieu de son exemple, et l’invasion des territoires au lieu de l’apostolat des principes, la guerre devait paraître un outrage français à l’indépendance des nations ; la guerre devait, tôt ou tard, les rallier dans l’intérêt d’une défense désespérée. […] Cette guerre fatale les empêcha de se reconnaître et de fraterniser dans la même foi. […] La guerre, qui ne pense pas, mais qui tue, tua la pensée en France et en Europe. […] La guerre offensive fut et sera toujours le piège de la Révolution. […] C’est ici le moment d’examiner le talent de cet homme de guerre.
Ce ne sont pas des guerres seigneuriales, comme en France, mais des guerres de ville à ville. […] La paix ne me convient pas ; la guerre seule me plaît. […] L’état du monde rendait inévitable cette guerre. […] Je ne veux pas entrer dans le récit de cette guerre ; elle dura vingt ans. […] Il fallait s’indemniser par la guerre.
Le capital, c’est la guerre. […] La guerre de 1914-1918 en a fourni la preuve saisissante. […] Sa victoire de la Marne eût clos la guerre, en tranchant tout l’espoir allemand. […] Que de guerres supprimées, quel déluge inutile de sang ! […] Le protestantisme s’est chargé de la guerre religieuse dans l’enseignement.
« J’ai entendu en 1788, dit quelque part Mallet, Marat lire et commenter le Contrat social, dans les promenades publiques, aux applaudissements d’un auditoire enthousiaste65. » Un Journal intime de Mallet, dont on nous donne des extraits et qui contient ses observations sur Paris, de 1785 à 1789, nous transporte au milieu des mœurs du temps et dans les scènes les plus vives de la guerre de la Cour contre les parlements. […] La ligne qui serait la sienne, et qui est de bonne heure enfoncée et détruite, est celle des Constitutionnels comme Mounier, Lally ; mais, plus résolu qu’eux et plus homme de guerre, il reste sur la brèche, il ne quitte point le champ de bataille en présence des vainqueurs ; il tient pied jusqu’à la dernière heure, et tant qu’il y a place pour une table et pour une feuille de papier. […] Le maréchal de Castries, du côté des princes, frères du roi, lui écrivait : « J’ai vu l’impression que vos écrits faisaient sur tous les bons esprits… Il est temps de parler à la nation et de l’éclairer. » Mallet reprit la plume pour parler non à la nation, qui, à cette date, avait peu de liberté d’oreille et d’entendement, mais aux chefs des cabinets et à ceux de l’émigration, pour les éclairer, s’il se pouvait, sur ce qui, selon lui, était raisonnable et nécessaire ; car il ne voyait plus qu’un moyen de mener à bien cette grande « guerre sociale », comme il l’appelait : c’était d’en faire une guerre à la Révolution seule, à la Convention qui résumait en elle l’esprit vital de la Révolution, non à la France. […] Sa conclusion, c’est que, la force révolutionnaire grandissant chaque jour, on sera vaincu par elle, fût-on toute l’Europe, si on n’oppose à cette flamme volcanique envahissante qu’une guerre sans passion, sans concert, qu’une guerre de routine, et qui n’aille pas se susciter et puiser des ressources jusqu’au cœur de la France. […] Mallet voudrait donc qu’en redoublant d’habileté et d’activité militaire, et en laissant les vieilles lenteurs stratégiques qui ont été si funestes, on proclamât en même temps, par une manifestation publique éclatante, qu’on ne va pas faire la guerre indistinctement à tout ce qui a trempé dans la Révolution ; il voudrait qu’on ne la déclarât, et à titre de guerre sociale, qu’à la Convention et au jacobinisme, qu’on ne proposât à la France que le rétablissement de la royauté, en laissant à toutes les nuances de royalistes, et même aux plus constitutionnels d’entre eux, le libre accès du retour ; en un mot, qu’on fît tout pour déraciner des esprits cette idée que c’est la cause des rois absolus qu’on maintient et qu’on veut faire prévaloir.
Un homme né avec le génie du commandement à la guerre, et capable de devenir un grand capitaine à l’aide de l’expérience, c’est un homme dont la conformation organique est telle que sa valeur n’ôte rien à sa présence d’esprit, et que sa présence d’esprit n’ôte rien à sa valeur. […] Voilà pourquoi tant de gens, qui raisonnent si bien sur la guerre dans leur cabinet, la font si mal en campagne. Voilà pourquoi tant de gens vont à la guerre toute leur vie sans se rendre capables d’y commander. […] Il en est de toutes les professions, comme de celle de la guerre.
Il donna, dès ses débuts, dans tous les vices et tous les travers de son temps : duelliste, joueur, débauché, un raffiné en toute chose : avec cela un tour d’esprit qui sentait l’homme poli jusque dans l’homme de guerre et qui sauvait ses actions de la brutalité. […] Il avait le génie admirable, et particulièrement pour la guerre : le jour du combat, il était fort doux à ses amis, fier aux ennemis ; il avait une netteté d’esprit, une force de jugement et une facilité sans égale. […] Il s’était trouvé en tant d’occasions à la guerre, qu’avec un bon jugement qu’il avait et une application extraordinaire au métier, il s’était rendu le plus grand capitaine de son siècle. […] Son véritable talent, qui est, à mon avis, le plus estimable à la guerre, était de rétablir une affaire en méchant état. […] La guerre éclate (avril 1667).
Il y a déclin de la guerre, déclin du despotisme, déclin de la théocratie, déclin de l’esclavage, déclin de l’échafaud. […] Napoléon faisait la guerre, Pitt la créait. Toutes les guerres de la révolution et de l’empire, c’est Pitt qui les a voulues. […] Pitt a été l’âme de la coalition, et, lui mort, son âme est restée dans la guerre universelle. […] Rien n’est petit de la guerre, du guerrier, du prince, du trône, de la cour.
. — D’autre part, parmi les chefs de guerre aux longs cheveux, à côté des rois vêtus de fourrures, l’évêque mitré et l’abbé au front tondu siègent aux assemblées ; ils sont les seuls qui tiennent la plume, qui sachent discourir. […] Il n’y a plus d’hommes de guerre à partir de la bataille de Fontanet ; pendant un demi-siècle des bandes de quatre ou cinq cents brigands viennent impunément tuer, brûler, dévaster dans tout le pays. — Mais, par contre-coup, à ce moment même, la dissolution de l’État suscite une génération militaire. […] Dans la langue du temps, le noble est l’homme de guerre, le soldat (miles), et c’est lui qui pose la seconde assise de la société moderne. […] Lorsqu’il est veuf et sans enfants, on députe auprès de lui pour qu’il se remarie et que sa mort ne livre pas le pays à la guerre des prétendants ou aux convoitises des voisins. — Ainsi renaît, après mille ans, le plus puissant et le plus vivace des sentiments qui soutiennent la société humaine. […] Au dedans, dès le douzième siècle, le casque en tête et toujours par chemins, il est le grand justicier, il démolit les tours des brigands féodaux, il réprime les excès des forts, il protège les opprimés13, il abolit les guerres privées, il établit l’ordre et la paix : œuvre immense qui, de Louis le Gros à saint Louis, de Philippe le Bel à Charles VII et à Louis XI, de Henri IV à Louis XIII et à Louis XIV, se continue sans s’interrompre jusqu’au milieu du dix-septième siècle, par l’édit contre les duels et par les Grands Jours14.
Elle était une république ; elle avait des institutions libres, des partis politiques, des guerres civiles ; et, quand elle fut lasse de tant d’épreuves, elle eut pour maîtres, d’abord un sage, puis, longtemps après, le peuple athénien, qui, dans sa victoire, l’admit au partage de ses lois généralement humaines et modérées, et lui rendit plus, en exemples de grandeur, en amour du travail et de la gloire, qu’il ne lui ôtait en stérile indépendance. […] Il fut tour à tour un chef attaqué par la foule et un banni protestant contre la dictature ; et, dans ces vicissitudes qui remplirent sa vie, il mêla l’invective à la guerre, la poésie aux armes, les plaisirs aux entreprises hardies, et devint à la fois le héros et le poëte d’une longue guerre civile. […] Mais les injures violentes, les noms de débauché nocturne, de ventru, de pied-bot, qu’il jeta plus tard au sage Pittacus, furent sans puissance, comme ses armes : « Répète un chant romain, nous dit Horace, ô lyre modulée d’abord par le citoyen de Lesbos, qui, forcené pour la guerre, savait pourtant, soit au milieu des armes, soit quand son navire battu des flots reprenait le rivage, chanter Bacchus et les Muses, Vénus et l’enfant qui la suit toujours62. » Puis ailleurs, lorsque, échappé à un danger de mort, Horace, qui a cru voir de près l’Élysée, y place le belliqueux Alcée, comme Virgile osait y mettre Caton : « De combien peu, dit-il, nous avons failli voir l’empire de la sombre Proserpine, et le tribunal d’Éaque, et les demeures réservées des âmes pieuses, et Sapho sur la lyre éolienne se plaignant des jeunes filles ses compatriotes, et toi aussi, Alcée, redisant plus haut sur ton luth d’or les maux de la tempête, les maux de l’exil, les maux de la guerre ! Ces deux voix qui racontent des choses dignes d’être ouïes dans un mystérieux silence, les ombres les admirent ; mais la foule serrée écoute davantage, et d’une oreille avide, les combats et la défaite des tyrans63. » Cette ardeur inattendue d’Horace, cette préférence qu’il attribue à la foule, même des ombres, pour les vers belliqueux et les cris de guerre d’Alcée, n’est-elle pas un précieux témoignage au moins de la verve du poëte banni de Lesbos, et chantant ses vicissitudes, à mesure qu’il les éprouvait ? […] En effet, parmi le peu de vers épars qui nous restent de lui, rien de plus éclatant que ses allusions et ses souvenirs de guerre.
Chapitre premier Nos diversités disparaissent au 4 août 1914 On n’a jamais vu, dans aucune époque, une armée aussi frémissante d’intelligence et de rêve que la nôtre durant cette guerre. […] Après la Marne, commence une guerre morne, épaisse, privée de mouvement. […] C’est la vie morale des Français à la guerre exposée dans sa prodigieuse richesse.
Par ce seul mot, l’honneur, tout l’esprit de la guerre est changé. […] Pendant le reste de la guerre, ils ne surent que se lever par petites bandes, combattre furieusement et se faire massacrer. […] La vie à ce moment, en dehors de la guerre et même pendant la guerre, est une grande parade, une sorte de fête éclatante et tumultueuse. […] Regardez chez Froissart, en France comme ici, les débauches et les meurtres de la grande guerre de Cent ans, puis ici les tueries de la guerre des Deux Roses ; dans les deux pays, l’indépendance féodale aboutit à la guerre civile, et le moyen âge sombre sous ses vices. […] La guerre des Deux Roses releva encore les communes : avant les batailles, ordre fut donné souvent de tuer les nobles et d’épargner les roturiers.
J’entrerai résolument dans l’action, et je consacrerai les années de ma maturité à la guerre, véritable vocation de ma nature, qui aime à jouer, avec la mort et la gloire, ces grandes parties dont les vaincus sont des victimes, dont les vainqueurs sont des héros. […] En ambition militaire, l’occasion m’a manqué ; j’ai vécu dans un temps de paix ; il n’y avait guerre que d’idées. […] Thiers, qui mena la France à deux doigts d’une guerre universelle, à propos d’un pacha d’Égypte révolté contre son maître, cause de guerre aussi absurde que celle qu’on a inventée aujourd’hui pour satisfaire la fantaisie d’un roi des Alpes qui veut régner à Florence, à Naples, à Palerme, à Venise, à Rome, sans avoir ni droit ni force pour s’y maintenir sans la France. […] En s’arrêtant, il préserva l’Europe d’une guerre insensée. Le ministre, son rival, qui avait consenti à servir, à Londres, la politique de guerre et qui n’avait servi qu’à se rendre acceptable au roi pour remplacer M.
L’acceptation de ce testament qui souleva toute l’Europe contre Louis XIV, et qu’à sa place aucun de ses ennemis n’aurait rejeté, produisit immédiatement cette guerre de coalition si acharnée et si funeste qui se fit partout : en Allemagne, en Flandre, en Italie, et plus tard enfin en Espagne, et dans laquelle la France opposa à ces fléaux incarnés contre nous : Guillaume III, Marlborough, le prince Eugène, le duc de Savoie, le regain magnifique encore de ses grands hommes : Vendôme, Villars, Berwick et Catinat. Moret suit pied à pied les négociations mêlées à la guerre, et la guerre elle-même, jusqu’au moment des défections, plus amer peut-être que celui des défaites, où les alliés de Louis XIV commencèrent de l’abandonner, et où Villars, frappé dans le sentiment de sa supériorité méconnue, quitta le théâtre de la guerre pour venir pacifier les Cévennes, déchirées par le calvinisme insurgé. […] Avec des ouvrages presque spéciaux de diplomatie et de guerre, il a construit une histoire essentiellement politique.
Dans une histoire sommaire des grandes guerres, venu entre le prince Eugène et le grand Frédéric, il est un peu perdu, il n’est pas à leur niveau ; au plus sera-t-il nommé et mentionné comme un jalon intermédiaire18. […] Celui de la guerre veut faire le généralissime et n’y entend rien. […] L’ancien régime ou, pour mieux parler, la vieille France, lui a dû ses derniers beaux jours de guerre heureuse, ses derniers rayons de gloire à la veille de la décadence extrême, déjà commencée. Fontenoy, escorté de Raucoux et de Lawfeld, est la dernière étoile qui brille à l’horizon avant les désastres de la guerre de Sept-Ans. La guerre d’Amérique sous Louis XVI ne fut qu’un accessoire, un épisode honorable, sans rien de bien éclatant, du moins sur terre21 .
Plein de sang-froid, il se pique très peu pourtant d’héroïsme militaire, et il est d’avis, comme son futur maître, que « qui a le profit de la guerre, en a l’honneur ». […] Jamais, durant sept années de suite qu’il fut à la guerre à côté de lui, Commynes ne le vit une seule fois depuis convenir d’une fatigue, ni témoigner une incertitude. […] Commynes a vu et sondé la plaie de ces temps rudes et violents du Moyen Âge, la guerre. […] Il pense que le délai même que ce consentement entraîne en cas de guerre, est bon et profitable ; que les rois et princes, quand ils n’entreprennent rien que du conseil de leurs sujets, en sont plus forts et plus craints de leurs ennemis. […] Ainsi, dans les luttes sanglantes des Deux-Roses, les malheurs de la guerre frappaient sur les nobles bien plus que sur le peuple et les gens des communes.
Charlemagne, comme il était naturel, par son long règne, ses grandes guerres, son vaste génie, et la restauration prodigieuse de la puissance impériale, devint le héros favori et comme le centre de l’épopée. […] Ces hommes sont barbares, violents, brutaux, sans délicatesse, de pauvres et étroits cerveaux peu garnis d’idées : où est la souplesse merveilleuse, la richesse épanouie de l’âme grecque, même aux rudes temps des guerres homériques ? […] Toutes ces horreurs sont racontées, dans Garin surtout, d’un style étrangement bref et sec, où pourtant le trait caractéristique est appuyé de façon à prendre une intense énergie d’expression : ainsi le monotone refrain des villes détruites ou incendiées par Bègue dans sa course en Bourgogne, finit par évoquer, avec une netteté singulière, je ne sais quelle image simplifiée et comme le symbole horrible de la guerre, de la guerre abstraite, d’une contrée imprécise où tout est ruine ou flammes. […] C’est par hasard que Jean Bodel trouve un vers d’une sensibilité délicate, faisant parler une mère qui donne son fils à l’empereur Charles pour la guerre saxonne : Il sera en pleurant de sa mère attendu28. […] Chants épiques, bien entendu, non poème unique et suivi : naissance de Mérovée ; exil de Childéric ; mariage, baptême, guerres de Clovis ; la biche qui lui découvre un gué ; les murs croulant au son des trompettes ; meurtres des chefs francs, etc.
Mais, à cette heure, il paraît bien qu’il était réellement las et dégoûté de la guerre, tout l’indique ; il n’en désirait pas la durée, et il l’écrivait à son frère en termes expressifs et pour lesquels il recourait à un proverbe de son pays : « Dieu m’en préserve ! j’en suis rassasié de la guerre, comme si j’en avais mangé à petites cuillerées. » Ce qui est probable, c’est que s’il avait été le maître, il y aurait eu des jours où le démon de l’ambition lui aurait dit : « Poursuis et marche ! […] L’oisiveté, on le comprend, était plus pesante et plus funeste au maréchal de Saxe que la guerre. […] Elle serait plus historique, je le répète, s’il avait vécu l’âge de Turenne, s’il avait eu sa guerre de Sept Ans. […] Les alternatives de la grande guerre et le vis-à-vis de Frédéric, le roi capitaine, lui ont manqué ; une telle partie finale jouée comme il l’aurait pu faire eût agrandi et consacré sa réputation ; elle l’eût placé au premier rang.
C’est surtout au milieu des complications de la guerre malheureuse dont son diocèse est le théâtre et la victime que sa figure devient la plus touchante personnification de la charité. […] Pendant l’hiver et pendant la disette de 1709, cette charité s’exerça avec un zèle plus actif et sous les formes les plus diverses, pour répondre à la triple épreuve de la guerre, du froid et de la famine. […] Des villages entiers, ruinés par les gens de guerre, venaient se réfugier auprès de lui. […] Les terres qui lui appartenaient, respectées par les ennemis, devenaient un refuge pour les paysans du voisinage qui, à l’approche des gens de guerre, y couraient avec leurs familles et tout ce qu’ils pouvaient emporter. […] Sans mère, sans régent, avec une guerre malheureuse au dehors, tout épuisé au dedans !
Ce n’est pas en vain qu’une nation subit de telles guerres. […] C’est pourquoi, quelle que soit la tristesse de la guerre, et si fâcheuses principalement que purent être pour nous les défaites subies, je ne puis trop m’en désoler, tant est grand l’amour que m’inspirent les lettres, en considération des magnifiques profits que celles-ci en ont retirés. […] La chimérique mélancolie qui alanguissait les esprits aux environs de 1890, et depuis une dizaine d’années, les passe-temps où ils se plaisaient, aucune de leurs occupations ni des émotions dont ils s’ampoulaient, n’étaient susceptibles de convenir à de frémissants écrivains auxquels leurs pères ont su transmettre un peu de ces haines généreuses qui les animaient avec force pendant la guerre et après la Commune. […] Les hommes ne sont pas moins touchants pendant le repos et pendant la guerre.
Nous avons de lui, outre son histoire, sept livres d’éloges, consacrés aux hommes les plus célèbres dans le gouvernement ou dans la guerre, et un autre livre très considérable sur les gens de lettres et les savants du quatorzième, quinzième et seizième siècles. […] Dans le nouvel empire d’Occident, Charlemagne, le plus grand homme de la France, et peut-être de l’Europe moderne ; et ce Frédéric Barberousse, sous qui commença la lutte sanglante du sacerdoce contre l’empire, qui fit la guerre aux papes et aux Sarrazins, et mourut dans son pèlerinage guerrier. […] En Espagne, vous trouverez Ferdinand-le-Catholique, qui chassa et vainquit les rois Maures, et trompa tous les rois chrétiens ; Charles-Quint, heureux et tout-puissant, politique par lui-même, grand par ses généraux, et cette foule de héros dans tous les genres qui servaient alors l’Espagne ; Christophe Colomb, qui lui créa un nouveau monde ; Fernand Cortez qui, avec cinq cents hommes, lui soumit un empire de six cents lieues ; Antoine de Lève qui, de simple soldat, parvint à être duc et prince, et plus que cela grand homme de guerre ; Pierre de Navarre, autre soldat de fortune, célèbre par ses talents, et parce que le premier il inventa les mines ; Gonzalve de Cordoue, surnommé le grand Capitaine, mais qui put compter plus de victoires que de vertus ; le fameux duc d’Albe, qui servit Charles-Quint à Pavie, à Tunis, en Allemagne, gagna contre les protestants la bataille de Mulberg, conquit le Portugal sous Philippe II, mais qui se déshonora dans les Pays-Bas, par les dix-huit mille hommes qu’il se vantait d’avoir fait passer par la main du bourreau ; enfin, le jeune marquis Pescaire, aimable et brillant, qui contribua au gain de plusieurs batailles, fut à la fois capitaine et homme de lettres, épousa une femme célèbre par son esprit comme par sa beauté, et mourut à trente-deux ans d’une maladie très courte, peu de temps après que Charles-Quint eut été instruit que le pape lui avait proposé de se faire roi de Naples. […] Le sénat de Venise, politique et hardi, commerçant et guerrier, voulait dominer sur la mer et s’étendre en terre-ferme ; une foule de villes et de républiques étaient agitées à la fois par les orages de la liberté et par ceux de la guerre ; des factions s’élevaient, se choquaient et tombaient ; des conjurés et des tyrans périssaient tour à tour ; des généraux qui n’avaient pour bien qu’une armée, la vendaient à qui voulait ou pouvait la payer.
Nous ne rassemblons pas ici le reste des refrains épars de ce peuple poétique, chants de guerre ou de fête, chants du marin ou du moissonneur ; mais, l’histoire ne peut oublier ce qui sert à l’expliquer et fit battre des cœurs généreux, même en les égarant. […] Salamine garde nos ossements ; et notre patrie, Corinthe, pour prix de notre fidèle service, a élevé ce monument. » Ailleurs, sur la lyre du même poëte, c’est la Grèce entière qui est célébrée, soit dans la dédicace d’un temple à Jupiter Libérateur, soit dans l’éloge de la part que même les tyrans grecs de Sicile avaient prise à la lutte commune contre les barbares : « Depuis, dit le poëte, que la mer a séparé l’Europe de l’Asie, et que l’impétueux Mars excite les guerres des mortels, jamais il ne fut fait ici-bas par les hommes plus grand effort qu’aujourd’hui, et sur le continent et sur mer. […] L’Asie poussa un long gémissement, se sentant ainsi t’rappée à deux mains par la guerre. » On le croira sans peine, ce n’était pas seulement par ces courtes épitaphes que devait se marquer l’admiration du poëte pour la gloire de son pays. […] Je le croirai, par exemple, pour quelques vers qui ne me semblent que le début d’un hymne à la gloire d’Athènes : « Salut, braves105, vous qui avez remporté le grand honneur de la guerre, enfants d’Athènes, habiles cavaliers qui jadis, pour votre patrie aux belles fêtes, avez consumé votre jeunesse, en suivant un parti contraire à celui du plus grand nombre des Grecs !
Chef de division au ministère de la guerre (1805). […] Toutefois, cette petite guerre du Midi ne fut pas exempte de sang ni de larmes. […] Ils avaient pris part, glorieusement, aux grandes guerres de la République. […] Ce n’est point le ministre de la Guerre qui nous présentera Bonaparte. […] La guerre de 1870, l’horrible guerre recule dans un passé presque fabuleux.
Il réalisait, dans les institutions du gouvernement intérieur, l’ordre qui régnait dans les pensées du roi, en même temps qu’il préparait les moyens de faire la guerre sans accabler les peuples. Aussi, quand la guerre avec l’Espagne éclata en 1667, Louis XIV trouva, pour l’y suivre, une armée bien organisée, et, pour l’y soutenir, une nation unie. […] C’est cette suite de guerres heureuses et glorieuses qui se terminaient par la paix de Nimègue, et qui plaçaient en moins de dix ans la France à la tête de l’Europe. […] Mais si une moitié de ses scrupules lui vient de la connaissance qu’il a de lui-même, l’autre est d’un homme sensé qui à la guerre la plus glorieuse préfère la paix. […] Historiographe du roi, il lisait à Louis XIV un récit de guerre ou parlant d’une marche en arrière, commandée par ce prince pour tromper l’ennemi, il se servait du mot rebrousser.
Il dure même encore, malgré le téléphone, l’auto, le cinéma, le communisme, tout le bouleversement économique qui se préparait dès avant la guerre, et que les suites de la guerre ont seulement précipité. […] Il faut haïr le meurtre collectif qui s’appelle la guerre, et le militarisme, à la fois cause et résultante de la guerre. […] Dès avant la guerre, on pouvait dire qu’il était « Européen ». […] Allez au fond… Et avant… avant, il y avait eu, en pleine guerre aussi, presque au début de cette guerre, Le Feu de Barbusse. […] Chez nous, cela s’est fait tout de suite, et durant la guerre même.
Où est-ce Ducomar, ce foudre de guerre ? […] Je ne retournerai point dans tes bras que la tempête de la guerre ne soit apaisée. Ô Connal, parle-moi de guerres et de combats ; bannis-la de ma pensée ; car elle m’est trop chère, la fille de Sorglan, au sein d’albâtre, à la noire chevelure. […] J’ai combattu, j’ai vaincu souvent dans les guerres d’Erin ; mais maintenant, aveugle, dans les larmes, et délaissé, je me traîne confondu dans la foule des mortels vulgaires. […] Tu es le premier des héros dans la guerre ; tu es le plus sage des rois dans la paix.
On la prononçait contre un peuple aussi bien que contre un individu ; les guerres (pura et pia bella) étaient des jugements de Dieu. […] Le duel offrait seul un moyen d’empêcher que les guerres individuelles ne s’éternisassent. […] De là des guerres civiles au-dedans, des guerres injustes au-dehors. […] Si quelque insensé, par corruption, par négligence ou par légèreté, enfreint cette loi, criminel au premier chef, qu’il se fasse à lui-même une guerre cruelle…… puis vient la description pathétique de cette guerre intérieure. […] Comparaison remarquable entre la guerre de la succession d’Espagne et la seconde guerre punique. — 1727.
Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils7 « Dans le métier de la guerre comme dans le lettres, chacun a son genre » Napoléon Lundi, 28 septembre 1857. […] La guerre seule pouvait donner plein essor à cette jeunesse : elle éclata. […] Mais dans les épreuves multipliées, dans les vicissitudes de chaque jour, les incapables étaient vite balayés, tandis que les hommes de talent, une fois promus et dans des postes élevés, prenaient de l’ascendant, acquéraient l’habileté que donne la guerre ; ils sauvèrent le pays en s’illustrant. […] Quelques lettres du général Desaix à Friant, dans cette guerre de la Haute Égypte, en établissent bien le caractère et donnent le ton des généraux entre eux. […] Davout et les divisions Morand, Friant, Gudin, qui formaient le noyau de ce 3e corps invincible, sont comme un seul nom indissolublement enchaîné dans la mémoire quand on a lu une fois dans un récit rapide les opérations de ces guerres ; c’est comme un seul homme inséparable qui frappe et agit sans cesse, et dont le triple coup retentit. — Friant est une des principales articulations dans ce grand corps appelé la Grande Armée.
La guerre contre le peuple envahisseur, guerre rude et opiniâtre, est restée, dans toute sa durée, unanime et simple. […] La première constitution fédérale, décrétée en 1778 dans la troisième année de l’Indépendance, subsista sans inconvénient tant que dura la guerre ; l’esprit des peuples, excité par le danger et réuni dans un intérêt commun, servait de supplément à l’acte fédéral et les portait spontanément aux efforts les plus énergiques ; mais la guerre une fois terminée et chacun réinstallé dans ses foyers, on accorda moins d’attention aux demandes du Congrès. […] Au lieu de ce noble amour de la liberté et du gouvernement républicain qui nous a fait surmonter toutes les difficultés de la guerre, il s’est formé un parti monarchique et aristocratique dont l’objet avoué est de nous imposer la substance, comme il nous a déjà donné la forme du gouvernement de l’Angleterre.
L’entrée en matière de ses Annales fait espérer d’utiles révélations ; en quelques mots profonds et rapides, il montre le monde fatigué des guerres civiles, un besoin général de repos et de sécurité ; Auguste, maître de l’armée par ses largesses, du peuple par ses distributions, des nobles par ses faveurs, de tous par la douce tranquillité de son gouvernement ; les provinces acceptant avec joie cette domination d’un seul homme par aversion pour l’empire du sénat et du peuple, pour les combats des grands, pour l’avarice des magistrats, pour la violence, la corruption et la brigue qui avaient pris la place des lois ; enfin, la République s’effaçant peu à peu du souvenir d’une société qui, sous un sceptre protecteur, goûtait un repos dont elle avait été si longtemps privée. […] Depuis, la décadence a tout envahi : beaucoup de lois et beaucoup de corruption ; des mesures engendrées par les dissensions, arrachées par la violence et dictées par l’ambition, la haine et la jalousie contre les hommes éminents ; les Gracques, les Saturninus et les Drusus, ces agitateurs du peuple ; la corruption et les prétentions insolentes des alliés ; la guerre Italique, puis les guerres civiles ; le bien public oublié et les lois faites à cause des hommes et non pour la République ; enfin, le mépris des coutumes et du droit, jusqu’à ce qu’Auguste donne un corps de lois, qui aboutit à la délation, à la confiscation et à la terreur (terror omnibus intentabatur). […] Je ne connais vraiment pas de rôle plus commode que celui d’être pompéien sous un ferme et généreux César : on jouit de toutes les sécurités, de toutes les garanties contre les guerres civiles, et l’on se donne un air de vertu ou même une fraîcheur de souffle populaire. […] Tenir à la fois présents tous les ressorts, y avoir l’œil pour les tendre et les détendre insensiblement : prendre une détermination dans les crises, la maintenir ou ne la modifier qu’autant qu’il faut pendant les difficultés et les lenteurs de l’exécution ; être naturellement secret ; porter légèrement tout ce poids sans que le front en ait un nuage ; entremêler la paix à la guerre, et, sans faiblir, les mener de front, songer en toutes deux au nécessaire, c’est-à-dire aussi, chez de certaines nations, à la grandeur des résultats et à la gloire : dans le même temps exalter les courages et continuer d’apaiser les passions, les tenir comprimées de telle sorte que les gens de bien, selon la belle expression de Richelieu, dorment en paix à l’ombre de vos veilles, et que les laborieux dont la masse de la société se compose se livrent en tous sens au développement légitime de leur activité, que dis-je ?
La guerre présentait tant de chances diverses quand on savait persévérer ! […] Il n’était pas possible de nous initier davantage à toutes les difficultés, et à toutes les opérations de guerre imaginées pour les vaincre. […] Thiers appelle un grand acte militaire, un vrai phénomène de guerre, montre tout ce qu’on peut et jusqu’où l’on peut, et sert à couvrir une retraite devenue nécessaire devant des forces si démesurées ; elle nous laissait dans un immense péril. […] Dans une telle situation, là où personne autre n’entrevoyait de ressources possibles que dans le résultat des négociations engagées, Napoléon, lui, ne cherchait et ne voyait d’issue que par quelqu’un de ces grands coups comme il en avait tant de fois frappé, et comme le jeu de la guerre en offre volontiers aux grands capitaines. […] Dans les dernières combinaisons stratégiques imaginées jusqu’à la fin de la lutte par Napoléon et qui consistent à enfermer plus ou moins les coalisés, à opérer sur leurs flancs et sur leurs communications, à les étreindre dans un cercle fatal d’où ils ne sortiront pas, il y a toujours une supposition et un sous-entendu qui frappe même les profanes comme nous et les ignorants dans l’art de la guerre : c’est que Paris, pendant ce temps, tiendra ferme, c’est que le point d’appui de tout l’effort, la clef de voûte ne cédera pas.
La fermentation est au plus haut degré, les plus folles espérances sont entretenues et caressées avec enthousiasme ; on se propose l’exemple de l’Espagne, et si la guerre vient à éclater, toutes les contrées situées entre le Rhin et l’Oder seront le foyer d’une vaste et active insurrection… » Il faut lire toute cette lettre dans les Mémoires mêmes où elle est produite39. — M. […] M. de Senfft désirait in petto un rétablissement complet de la Pologne, mais sans le concours de la France, par un soulèvement spontané des anciennes provinces polonaises, à la faveur de la guerre que la Russie soutenait alors contre les Turcs, avec je ne sais quels efforts combinés de l’Autriche, de la Suède, d’une partie de l’Allemagne du centre, et avec l’assentiment de l’Angleterre, — tout un rêve : il dut contenir de telles pensées dans son for le plus intérieur, et les quelques Polonais auxquels il crut pouvoir s’en ouvrir en confidence, n’étaient pas en position d’y aider. […] « L’immensité des moyens, des efforts et des pertes que révéla cette expédition porta au comble, pensait-il, l’effet tragique de la guerre : il fallait que la pitié et l’épouvante coulassent à pleins bords. » Nous avons là l’expression fidèle, l’écho direct de la pensée allemande en 1813. […] Bignon, avocat de Rouen, ancien protégé de M. de Talleyrand et qui avait été l’instrument de l’expulsion de l’Électeur de Hesse à Cassel, et des exactions de la guerre de 1807 à Berlin ; puis envoyé à la Cour de Bade, il avait fait des vers pour la princesse Stéphanie. […] Cet abbé, bizarrement célèbre, et qui s’était intitulé lui-même dans un de ses accès de flagornerie « l’aumônier du dieu Mars », avait été chargé, sous le titre d’ambassadeur, de prendre en main le mouvement de la nation polonaise au moment où la guerre contre la Russie se décida.
La Fare servit dans la guerre de 1667, surtout dans celle qui recommença en 1672 ; il se distingua à Seneffe (1674) et mérita sur le terrain les éloges du prince de Condé. Vers la fin de l’année, ayant rejoint avec son corps M. de Turenne, il eut part aux bontés et à l’amitié de ce grand homme, qui se plaisait à le faire parler sur les choses de guerre et à lui donner jour dans ses desseins. […] Ainsi finit au comble de sa gloire, dit-il, non seulement le plus grand homme de guerre de ce siècle et de plusieurs autres, mais aussi le plus homme de bien et le meilleur citoyen ; et, pour moi, j’avouerai que, de tous les hommes que j’ai connus, c’est celui qui m’a paru approcher le plus de la perfection. […] Il sent bien que ce qui a porté l’autorité royale au point où il la voit élevée, ça été précisément l’abaissement qu’elle avait souffert au siècle précédent et le souvenir laissé par les guerres civiles : et s’il y a eu sous Louis XIV cette recrudescence d’effort et de zèle monarchique, ça été au ressentiment récent de la Fronde qu’on le doit. […] Je fus voir hier, à quatre heures après midi, M. le marquis de La Fare, en son nom de guerre M. de la Cochonière, croyant que c’était une heure propre à rendre une visite sérieuse76 ; mais je fus bien étonné d’entendre dès la cour des ris immodérés et toutes les marques d’une bacchanale complète.
Il rendit d’importants services dans les trois premières campagnes de la guerre qui commença en 1672, et principalement en 1673 à l’attaque de l’ouvrage à corne de Maëstricht. […] Un homme vain, fastueux, un roué habile, un ambitieux toujours aux aguets, allant à ses fins sous des airs d’extravagance, tout occupé de faire sa cour, à se trouver sur le passage du roi, à le lasser de son assiduité jusqu’au moment où il enleva la faveur ; à la guerre, un homme qui n’était pas embarrassé à se donner les honneurs des services d’autrui et à leur ravir leur part de récompense, comme il le fit pour Coligny dans cette croisade de 1664 en Hongrie ; pendant la paix, le plus effronté des courtisans et un somptueux flatteur en plein soleil et en place publique ; mais que dis-je et de quoi me mêlé-je avec mes couleurs délayées ? […] L’affaire manquée, Catinat revint vite à son métier de guerre ; il fut nommé gouverneur de Longwy, puis de Condé, puis de Tournai. […] La marche de la petite armée de Boufflers était réglée de point en point et d’étape en étape par M. de Louvois ; le jour de l’arrivée de son infanterie sous Pignerol était marqué pour le 27 septembre, et Catinat, qui était dans cette place, après trois semaines d’une prison simulée, jetant le masque et rentrant dans son rôle actif de guerre, devait lui donner toutes les munitions et les vivres pour quatre ou cinq jours. […] Mais alors c’était chose avouée et censée permise ; la diplomatie vivait là-dessus : c’était une guerre de ruses et de mensonges.
Cet historien avait fait ses preuves d’avance et comme gagné son titre en tirant des papiers conservés dans le Dépôt de la guerre sa belle et solide Histoire de Louvois. […] On le vit de bonne heure bien servir à la guerre, concevoir des plans de campagne, avoir des idées en politique, s’exprimer et agir d’une manière aisée et grande qui le rattache encore au siècle dont il était l’un des plus jeunes à soutenir le déclin. […] Quand on en venait au fait et au prendre, le succès pour lui ne répondait pas aux vues, et il ne retrouva jamais à la guerre de quoi couronner ou confirmer les exploits plus ou moins faciles de sa jeunesse. […] À la guerre, il est avantageux, c’est-à-dire faux brave ; à la Cour, sa grande politique est de protester beaucoup d’amitié à ceux qu’il veut perdre. […] La guerre appelle la guerre.
On ne saurait dire sans une grande impropriété de termes que le prince comte de Clermont ait été l’un des lieutenants du maréchal de Saxe dans ses guerres de Flandre : ce serait lui faire trop d’honneur. […] Le comte de Clermont eut toujours ainsi auprès de lui, à la guerre, un mentor ou conseiller ; bientôt Lœwendal à Namur, plus tard M. de Mortaigne à Crefeld. […] J’accompagnai plusieurs fois le baron de Tott, lieutenant-colonel de Berchiny, auquel il avait beaucoup de confiance et qui entendait bien cette espèce de guerre ; nous y eûmes des succès balancés, mais toujours des coups de fusil et des occasions de s’instruire. […] L’on ne saurait être, Monsieur, etc. » Et c’est ainsi, en ce temps-là, que se menait la guerre entre adversaires qui savaient vivre : on se rappelle les saluts et les politesses des deux corps d’élite avant les coups de fusil de Fontenoy. […] je crois sentir dans ce simple récit de Rochambeau l’homme déjà moderne, l’homme de la guerre d’Amérique et qui a traversé honorablement 89.
M. de Tocqueville, légitimiste et chrétien, a tâché de comprendre son temps, cette France nouvelle qui rejetait la légitimité et faisait la guerre à l’Église. […] Il s’était alors donné une mission : « guerre à Mézeray, guerre à Velly, à leurs continuateurs et à leurs disciples ! […] Il s’agit, en montrant la vie, d’expliquer la vie : loin de chercher l’effet dramatique, loin d’emplir le public de stupeur par l’étrangeté ou l’énormité des choses, l’historien doit réduire tout à la nature, faire la guerre au miracle, découvrir la simplicité du prodige sans en diminuer la grandeur. […] Cependant Michelet écrira encore d’admirables pages, toutes pleines d’idées profondes et suggestives, sur la Renaissance, sur la Réforme, sur les guerres de religion : il nous donnera en tableaux merveilleux une vision précise, colorée du xvie siècle. […] Michelet assiste, avec une pitié immense, à la naissance du sentiment de la patrie dans l’âme obscure des masses populaires, pendant l’horrible guerre de Cent Ans ; il voit éclore ce sentiment dans la dévotion chrétienne et monarchique, il le voit s’incarner dans la douce voyante qui sauve la France, dans Jeanne d’Arc ; et jamais la pieuse fille n’a été mieux comprise que par ce féroce anticlérical.
César, Frédéric, Napoléon, ont mérité d’être pareillement loués et admirés pour la simplicité de leurs récits quand ils expliquent leurs opérations de guerre. […] La république de Venise était aux prises avec l’archiduc de Gratz ; Louis XIII, par le conseil de Richelieu, veut évoquer à lui l’affaire ; et, comme la guerre de Piémont se prolonge malgré les efforts qu’on a faits sur les lieux pour l’apaiser, Louis XIII désire également que le duc de Savoie dépêche un négociateur à Paris pour traiter avec l’ambassadeur d’Espagne qui y réside, jugeant que l’affaire se réglera mieux auprès de sa personne ; il envoie en Espagne un ambassadeur pour obtenir, à cet effet, l’agrément du Roi Catholique. […] Non ; Richelieu donna alors, même aux gens de guerre, de meilleurs conseils, et qui ne furent point suivis ; mais ce qui est la vraie explication, selon moi, c’est qu’il n’était point de cœur avec les confédérés. […] Pendant que Richelieu patiente et attend, la guerre commence dans le Midi contre les protestants qui se sont organisés en églises et ont élu pour leur chef et généralissime le duc de Rohan (1624). […] Il s’amusait à sceller, à faire l’office de garde des Sceaux, pendant que les autres étaient aux mains ; bon garde des Sceaux en temps de guerre, disait-on, et bon connétable en temps de paix : « Au fort de ses lâchetés, s’écrie Richelieu, il ne laissait pas de parler comme s’il était percé de plaies, tout couvert du sang des ennemis… » Au fort de ses lâchetés est une de ces expressions involontaires qui qualifient un grand et généreux écrivain.
Elle rend ce dimanche de guerre à peu près semblable aux dimanches du pays. […] e corps colonial : « Venu du Brésil pour réclamer, malgré son grand âge, sa part des dangers de la guerre, s’est fait tuer glorieusement dans les tranchées allemandes, où il avait accompagné les troupes d’assaut. » (Journal Officiel, 9 février 1916.) […] L’abbé Salini (F.), soldat au 273e régiment d’infanterie : « Très brave, deux fois blessé, déjà titulaire de la Croix de guerre (deux palmes). […] Mon âme est prête à l’accueillir, elle sera ma délivrance… Si je sors de la guerre, avec quelle ardeur je me livrerai à l’apostolat des âmes…. […] Il écrit a son père : « Je pense que vous ne serez pas mécontent de votre fils qui vous aime et a cherché à vous imiter. » Le Conseil de guerre l’acquitte, mais il est mis en non-activité.
Homere avoit entrepris d’écrire en vers une partie des évenemens d’une guerre que les grecs ses compatriotes avoient faite depuis quelque temps contre les troyens, et dont la tradition étoit encore recente. Suivant l’opinion la plus commune, Homere vivoit environ cent cinquante ans après la guerre de Troye, et suivant la chronologie de Monsieur Newton, Homere étoit encore bien plus voisin des temps où se fit cette guerre, et il a pû voir plusieurs personnes qui avoient vû Achille et les autres heros célebres dans le camp d’Agamemnon. […] Tous deux avoient perdu la vie dans les guerres d’Espagne.
Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés. […] Constantin fit rouvrir les écoles d’Athènes, il honora les lettres, il les cultiva lui-même, mais comme on pouvait les cultiver dans son siècle, et parmi les occupations de la guerre et du trône ; l’éloquence romaine était alors très affaiblie ; l’éloquence grecque se soutenait. […] Il est étonné que son héros, avec si peu de forces, ait tenté une guerre si importante : « Assurément, lui dit-il, vous avez quelque intelligence secrète avec l’âme universelle et divine, qui daigne se manifester à vous seul, tandis que nous, ce sont des dieux subalternes et du second ordre qui sont chargés de nous conduire. » Ensuite il ne peut comprendre qu’il se soit trouvé dans l’univers des hommes qui aient eu l’audace de résister à Constantin : « Eux qui auraient dû, lui dit-il, céder, je ne dis pas à la présence de votre divinité, mais en entendant seulement prononcer votre nom. » Bientôt après, ce lâche orateur fait un crime à son héros d’avoir combattu lui-même, et de s’être mêlé au milieu des ennemis, d’avoir par là, dit-il, presque causé la ruine de l’univers. […] C’est bien le moins, quand on fait la guerre pour se disputer un trône, de combattre soi-même, et de se mêler, dans sa propre cause, à ceux qui veulent bien combattre et mourir pour elle.
Le soldat qui revenait de la guerre le remerciait de l’avoir fait échapper aux périls. […] Les Lentulus ne paraissent qu’à l’époque des guerres des Samnites, les Céthégus que dans la seconde guerre punique. […] En temps de guerre ils marchaient au combat au milieu d’eux. […] Dans la guerre la religion était pour le moins aussi puissante que dans la paix. […] Ainsi, en temps de paix et en temps de guerre, la religion intervenait dans tous les actes.
On voit, dès ce moment, qu’il ne veut de paix que juste ce qu’il en faut pour préparer d’autres guerres, et que son véritable ministre des affaires étrangères sera le hasard des batailles. […] La paix d’Amiens est rompue, la guerre commence. […] La responsabilité de la longue période de guerre qui suit la courte paix d’Amiens pèsera sur la Grande-Bretagne plus que sur le général Bonaparte. […] J’ai fait dix ans la guerre, et pendant ces dix ans je n’ai pas, que je sache, fait de choses ridicules.” […] La Russie seule peut aujourd’hui faire en Europe une guerre de fantaisie.
. — Les Guerres médiques ressuscitent le théâtre grec. […] Les guerres médiques sont les Propylées de ce monument chargé de chefs-d’œuvre. […] Cette renaissance du théâtre, après les deux guerres, fut d’une fertilité prodigieuse. […] L’Asie a perdu sa fleur et sa force, la guerre a enlevé sa jeunesse dans un tourbillon. […] — Certes jamais celui-là ne perdit les hommes dans une guerre désastreuse.