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1421. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De la philosophie. »

Comme elle naît toujours de la profondeur de la réflexion, et qu’elle est souvent inspirée par le besoin de résister à ses passions, elle suppose des qualités supérieures, et donne une jouissance de ses propres facultés tout à fait inconnue à l’homme insensible ; le monde lui convient mieux qu’au philosophe ; il ne craint pas que l’agitation de la société trouble la paix dont il goûte la douceur.

1422. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre premier. Des signes en général et de la substitution » pp. 25-32

Le chiffre arithmétique ne remplace point la chose entière avec toutes ses qualités et caractères, mais seulement sa quantité et son nombre.

1423. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre III. Buffon »

D’autres ont pu peindre quelques apparences de la nature ; ils ont offert à nos sensations quelques formes particulières, éparses dans l’immensité de l’espace et de la durée, et qui s’assortissaient à la qualité de leur âme.

1424. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Prosper Mérimée. »

Mais ces sentiments divers sont tous comprimés et dominés chez lui par un autre sentiment, plus général, ou mieux par une manière d’être qui, jointe, à la qualité particulière de son style ; achève de donner sa marque à ce rare écrivain : car elle nous révèle, après la distinction incomparable de l’artiste, la suprême distinction de l’homme.

1425. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « George Sand. »

Son style même, ample, aisé, frais et plein, ne se recommande ni par une finesse ni par un éclat extraordinaire, mais par des qualités qui semblent encore tenir de la bonté et lui être parentes… George Sand a été une matrice pour recevoir, un peu pêle-mêle, les plus généreuses idées.

1426. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre X. Zola embêté par les jeunes » pp. 136-144

Émile Hennequin, dans une étude que pour sa vertu suasive j’espère vous voir lire, a démontré que l’originalité de Zola parmi les écrivains réalistes était ses surprenantes qualités poétiques, grâce auxquelles malgré l’apparente apathie d’un tempérament également et indifféremment apte à tout décrire, à tout évoquer, il ne s’appliquait qu’à la transcription des êtres et des choses de force : il est artiste, parce qu’il choisit non ses milieux ou ses personnages, mais chez ceux-ci un groupe préféré de leurs propriétés : seules l’intéressent les puissances actives, saines ou délétères, robustesse humaine ou perversion féminine.

1427. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Il faut des qualités solides de cœur pour entretenir autour de soi un tel concert de sympathies.

1428. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’état de la société parisienne à l’époque du symbolisme » pp. 117-124

Je sais bien que sous cette veulerie apparente, la qualité de la race subsiste et qu’il a suffi d’un coup de clairon en 1914 pour redresser tous les courages et faire craquer ce masque d’indifférence et de niaiserie.

1429. (1890) L’avenir de la science « XX »

Remarquez, en effet, que quand un homme vit de son travail intellectuel, ce n’est pas généralement sa vraie science qu’il fait valoir, mais ses qualités inférieures.

1430. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Quimper »

C’est là une qualité qui jusqu’ici n’a pas fait grande fortune dans le monde.

1431. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 39-51

Nous ne lui refuserons cependant pas, comme tant d’autres, de l’esprit, des connoissances, & même un certain talent ; mais nous remarquerons que, par une triste fatalité, ces trois qualités littéraires ne s’annoncent dans lui, qu’avec un défaut de consistance & de maintien, si l’on peut se servir de ce terme, qui leur ôte tout le prix.

1432. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Montmaur, avec tout le Parnasse Latin & François. » pp. 172-183

Tous ces défauts, dans Montmaur, étoient rachetés par quelques bonnes qualités.

1433. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Milton, et Saumaise. » pp. 253-264

Saumaise n’avoit aucune des grandes qualités de son adversaire.

1434. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence du barreau. » pp. 193-204

On a vu un homme de qualité, qui, pénétré de la noblesse de sa profession, signoit, le marquis de ***, avocat.

1435. (1867) Le cerveau et la pensée « Avant-propos »

En un mot, s’il n’y avait pas d’autres faits que ceux que nous venons de signaler, on pourrait conclure d’une manière à peu près sûre de l’instrument au musicien, comme du cerveau à la pensée, mesurer le génie musical par la valeur de l’instrument, comme les matérialistes mesurent le génie intellectuel par le poids, la forme, la qualité des fibres du cerveau.

1436. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre VI. Conclusions » pp. 232-240

Cette théorie, quoique légèrement factice, aurait en littérature la qualité de tout éclaircir.

1437. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre second. Philosophie. — Chapitre VI. Suite des Moralistes. »

Ce n’était pas par défaut de génie, sans doute, que ce Pascal, qui, comme nous l’avons montré, connaissait si bien le vice des lois dans le sens absolu, disait dans le sens relatif : « Que l’on a bien fait de distinguer les hommes par les qualités extérieures !

1438. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 10, du temps où les hommes de génie parviennent au mérite dont ils sont capables » pp. 110-121

Cependant Marius, à peine officier subalterne, n’avoit encore fait aucun exploit, il n’avoit mis encore en évidence aucune qualité qui le rendît digne dès-lors aux yeux des hommes ordinaires d’être le successeur de Scipion.

1439. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre IV. Personnages des fables. »

En un mot l’hyène a tous les défauts et pas une qualité.

1440. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « III »

Quant aux autres auteurs qui n’offrent pas, selon nous, un « profit immédiat », loin d’en avoir dédaigné la lecture, nous avons dit en propres termes : « On trouvera chez eux (les auteurs sans procédés) tout ce qui se transmet par instinct, tout ce que fournît l’inspiration tranquille, l’ensemble des qualités de bon sens, de clarté, de finesse, d’équilibre qui font un ton général. » (Art d’écrire, p. 298.)‌

1441. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Sand ; Octave Feuillet »

Je vois bien là, au compte de cette année, le volume d’histoire de Michelet qu’il a intitulé Régence, et qui flamboie des qualités inextinguibles de cet écrivain de jeunesse éternelle ; mais, hélas !

1442. (1900) Taine et Renan. Pages perdues recueillies et commentées par Victor Giraud « Taine — VII »

De ce que vous ne saisissez pas l’utilité immédiate d’un acte, il n’empêche que, du moment qu’il a nécessité pour sa production les qualités les plus viriles, par exemple le mépris de la mort, il a de grandes chances d’être heureusement fécond.

1443. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre III. Des éloges chez tous les premiers peuples. »

Ainsi partout l’intérêt public a dicté les éloges ; chaque nation a loué ce qui était utile à ses besoins ou à ses plaisirs ; on a loué la piraterie chez les Scandinaves, le brigandage chez les Huns, le fanatisme chez les Arabes, les vertus douces et les talents chez les peuples civilisés, la chasse ou la pêche chez les sauvages, la navigation chez les habitants des îles ; mais il y a une qualité qui partout a toujours été également louée, c’est celle qui a créé toutes les révolutions, qui bouleverse tout, qui assujettit tout, qui soutient les lois et qui les combat, qui fonde les empires et qui les détruit, à qui tout est soumis dans la nature, et devant qui l’univers et les panégyristes seront éternellement prosternés : la force.

1444. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XV. De Tacite. D’un éloge qu’il prononça étant consul ; de son éloge historique d’Agricola. »

qui est descendu plus avant dans les profondeurs de la politique ; a mieux tiré de grands résultats des plus petits événements ; a mieux fait à chaque ligne, dans l’histoire d’un homme, l’histoire de l’esprit humain et de tous les siècles ; a mieux surpris la bassesse qui se cache et s’enveloppe ; a mieux démêlé tous les genres de crainte, tous les genres de courage, tous les secrets des passions, tous les motifs des discours, tous les contrastes entre les sentiments et les actions, tous les mouvements que l’âme se dissimule ; a mieux tracé le mélange bizarre des vertus et des vices, l’assemblage des qualités différentes et quelquefois contraires ; la férocité froide et sombre dans Tibère, la férocité ardente dans Caligula, la férocité imbécile dans Claude, la férocité sans frein comme sans honte dans Néron, la férocité hypocrite et timide dans Domitien, les crimes de la domination et ceux de l’esclavage, la fierté qui sert d’un côté pour commander de l’autre, la corruption tranquille et lente, et la corruption impétueuse et hardie, le caractère et l’esprit des révolutions, les vues opposées des chefs, l’instinct féroce et avide du soldat, l’instinct tumultueux et faible de la multitude, et dans Rome la stupidité d’un grand peuple à qui le vaincu, le vainqueur, sont également indifférents, et qui sans choix, sans regret, sans désir, assis aux spectacles, attend froidement qu’on lui annonce son maître ; prêt à battre des mains au hasard à celui qui viendra, et qu’il aurait foulé aux pieds si un autre eût vaincu ?

1445. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Après des études fort distraites et fort traversées, qu’entrecoupa un voyage à la Martinique avec un de ses oncles, Bernardin, qui avait poussé assez loin les mathématiques, devint une espèce d’ingénieur sans brevet fort régulier ; et c’est en cette qualité un peu douteuse qu’il fit la campagne de Hesse en 1760, qu’il s’en fut à Malte, et de là successivement en Russie et à l’Ile-de-France. […] Jean-Jacques, le maître de Bernardin, et supérieur à son disciple par tant de qualités fécondes et fortes, n’a jamais eu cette rencontre d’une œuvre si d’accord avec le talent de l’auteur que la volonté de celui-ci y disparaît, et que le génie facile et partout présent s’y fait seulement sentir, comme Dieu dans la nature, par de continuelles et attachantes images. […] S’il n’a plus rencontré de sujet aussi admirablement venu que Paul et Virginie, Bernardin de Saint-Pierre a trouvé moyen encore, dans le Café de Surate, dans la Chaumière indienne, de déployer avec bonheur quelques-unes des qualités distinctives de son talent.

1446. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Walpole, bon observateur, ne s’y est pas trompé. « D’après ce que je vous ai dit de leurs opinions religieuses ou plutôt irréligieuses, ne concluez pas, écrit-il, que les personnes de qualité, les hommes du moins, soient athées. […] « Le pouvoir absolu, dit l’une d’elles, est une maladie mortelle qui, en corrompant insensiblement les qualités morales, finit par détruire les États… Les actions des souverains sont soumises à la censure de leurs propres sujets comme à celle de l’univers… La France est détruite, si l’administration présente subsiste530. » — Lorsque, sous Louis XVI, une nouvelle administration avance et retire des velléités de réformes, leur critique demeure aussi ferme. « Enfance, faiblesse, inconséquence continuelle « écrit une autre531, nous changeons sans cesse et pour être plus mal que nous n’étions d’abord. […] Je suis chargé de vous offrir de vous réunir à nous pour ne faire qu’un seul cahier. » — « Il faut trois qualités à un député, dit le marquis de Barbançon au nom de la noblesse de Châteauroux : probité, fermeté, connaissances ; les deux premières se trouvent également dans les députés des trois ordres ; mais les connaissances se rencontreront plus généralement dans le Tiers-état, dont l’esprit est exercé aux affaires. » — « Un nouvel ordre de choses se déploie à nos yeux, dit l’abbé Legrand au nom du clergé de Châteauroux ; le voile du préjugé est déchiré, la raison en a pris la place.

1447. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Le peintre de Montpellier, si estimable à tant d’égards, n’avait d’ailleurs aucune des qualités qui peuvent séduire un cœur enthousiaste. […] Comme il n’est rien qu’avec effort, comme il veut toujours paraître au lieu d’être lui-même, ses défauts sont tachés comme ses qualités, et une vérité profonde, une vérité sur laquelle on se repose avec assurance, n’anime pas tous ses écrits. […] … Quant à l’homme qui tombe aujourd’hui, j’ai publié quatorze volumes sous son règne, presque tous avec le but de combattre son système et sa politique, et sans avoir à me reprocher ni une flatterie, ni même un mot de louange, bien que conforme à la vérité ; mais au moment d’une chute si effrayante, d’un malheur sans exemple dans l’univers, je ne puis plus être frappé que de ses grandes qualités.

1448. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — H — Hugo, Victor (1802-1885) »

Victor Hugo une qualité, la plus grande, la plus rare de toutes dans les arts : la force ! […] Il est de la race, désormais éteinte sans doute, des génies universels, de ceux qui n’ont point de mesure, parce qu’ils voient tout plus grand que nature ; de ceux qui, se dégageant de haute lutte et par bonds des entraves communes, embrassent de jour en jour une plus large sphère par le débordement de leurs qualités natives et de leurs défauts non moins extraordinaires ; de ceux qui cessent parfois d’être aisément compréhensibles, parce que l’envolée de leur imagination les emporte jusqu’à l’inconnaissable, et qu’ils sont possédés par elle plus qu’ils ne la possèdent et ne la dirigent ; parce que leur âme contient une part de toutes les âmes ; parce que les choses, enfin, n’existent et ne valent que par le cerveau qui les conçoit et par les yeux qui les contemplent. […] L’atmosphère hugolienne s’est accrue une fois encore à jamais, et notre enthousiasme, duquel ne saurait se définir la qualité.

1449. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

D’être un orateur sans tribune, sans chaire, sans barreau ; de n’avoir pas d’haleine pour un ouvrage de quelque étendue ; de ne point parler naturellement, c’est-à-dire de n’avoir point les qualités des grands écrivains qui allaient suivre, et d’avoir les défauts dont ils devaient purifier l’esprit français et la langue. […] Ce grand nombre d’imitateurs ne rehausse pas la gloire du modèle ; il prouve tout au plus que ses défauts venaient du mauvais emploi qu’il a fait de grandes qualités, et que ses contemporains ont été médiocres. […] Toutes les qualités d’appropriation y sont réunies.

1450. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

. — Qui a les qualités du diamant. […] — Qualité de ce qui est mat. […] P. affirme sa qualité par une tavelure de blanc.

1451. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Victor Hugo »

Les Travailleurs de la Mer ont marqué dans le génie de Victor Hugo non pas les qualités, mais les défauts de sa manière, et c’est des Travailleurs de la Mer que ressort son livre d’aujourd’hui. […] Ce poète, qui ne fut jamais qu’un lyrique, c’est-à-dire un égoïsme chantant, et qui s’est donné, et que les imbécilles ont pris, pour un poète dramatique, dont la première qualité obligatoire est d’être impersonnel, a, dans ses drames, poussé le monologue jusqu’aux dernières limites de l’abus. […] Si Hugo est toujours, littérairement, Hugo, dans son Quatre-vingt-treize, — et c’est ce que l’on peut en dire de pis, — il n’est pas moins vrai qu’à part sa manière si connue, qualités et défauts éternels, il nous donne le spectacle de quelque chose de très inattendu et qui a le droit de nous étonner.

1452. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Dans ce pays de France, où la franchise est la première de toutes les qualités, où l’on a horreur des vaines apparences, où l’on aime à écarter les voiles de la phraséologie menteuse pour aller droit au fait, et l’envisager en face, Molière a été la plus haute expression de ce génie national. […] C’est l’exagération d’une ou de plusieurs qualités. […] Mais Philinte, le vrai Philinte de Molière, celui que Pressant rendait si bien, qu’y a-t-il d’étonnant qu’il dise : « Madame, j’ai pour vous la plus vive estime, et je crois que vos qualités, qui sont de premier ordre, rendraient un mari fort heureux. […] Je ne parle pas de sa prestance et de sa figure ; ce sont là assurément des qualités nécessaires au rôle. […] Elle est une fille suivante, dit Mme Pernelle, et je n’ai pas besoin de vous renvoyer à la suivante de Corneille pour que vous vous rappeliez que le mot veut dire : demoiselle ou dame de compagnie, et parfois même de qualité.

1453. (1907) Propos littéraires. Quatrième série

On trouve cette qualité à un moindre degré dans le livre de M.  […] Mais, cependant, — sans parler des admirables qualités de cœur de Gambetta, que M.  […] Et il faut se demander par suite de quelles qualités il a été cela. […] Mais, comme qualités proprement dites de politicien, c’est une autre affaire, et ici je suis sûr d’une chose, c’est que Gambetta était incomparablement supérieur à son rival et ami. […] Il voulait faire un roman napoléonien, mettre en scène Bonaparte « empereur du Midi », Bonaparte considéré comme synthèse de toutes les qualités et défauts du méridional.

1454. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

Prenez toutes les qualités que n’avait pas Michelet et que, pour ainsi parler, il se défendait d’avoir ; faites-en un bel ensemble, et vous avez la presque totalité des vertus de Mgr Mathieu comme historien. […] Henry Houssaye l’a écrite tout entière avec ce don de la vie, c’est-à-dire ce don de vivre ce qu’il raconte et le faire vivre à son lecteur, qui est sa qualité maîtresse. C’est sa qualité maîtresse, parce qu’il l’a, sans doute ; mais aussi parce qu’il fait tout ce qu’il faut pour, la possédant, la nourrir, la développer et la porter à son plus haut point de développement. […] Prévost sait très bien que, dans le mariage, l’amour est un résultat, et qu’il résulte de toutes les qualités que l’épouse peut avoir et de l’exercice de ces qualités, c’est, avec beaucoup de raison, sur toutes ces qualités à avoir, à acquérir ou à cultiver, que M.  […] On le sait détesté de Marie-Antoinette, ce qui est un brevet de civisme et ce qui équivaut, dans les idées du temps, à avoir toutes les vertus et toutes les qualités du monde.

1455. (1925) Proses datées

Et si l’écrivain chez Allais était sympathique par ses qualités solides et simples, l’homme ne l’était pas moins par la bravoure de son caractère et par sa délicate sensibilité. […] De plus, il devait avoir certaines qualités d’éloquence et devait être un causeur intéressant, je le soupçonne même d’avoir été quoique peu beau parleur et de n’avoir manqué ni de pompe ni d’emphase. […] S’il n’a pas l’assiduité de l’Eckermann de Weimar, il en a cependant quelques-unes des qualités, dont une sincère et profonde admiration pour le grand poète. […] Poe devait séduire Baudelaire, non seulement par sa qualité d’imagination, mais aussi par ses théories esthétiques, de même que ce qu’avait été la vie de Poe devait paraître à Baudelaire comme un miroir de la sienne. […] Ne joint-il point l’ampleur de la conception à la qualité magistrale de l’exécution ?

1456. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

La qualité du style imagé répond à la qualité de l’œil, à la qualité de la mémoire visuelle, et aussi à la qualité de la mémoire verbale. […] La qualité du type est déterminée par un comité de professeurs de sociologie. […] Il reste l’accommodation au milieu ; humainement, c’est la sincérité ; comme la résistance au milieu, qualité générale du vertébré, représente, magnifiée dans l’homme, le mensonge. […] La clarté n’est pas une qualité essentielle de la poésie ; il est-même dangereux pour un poète d’être trop clair et de laisser trop bien voir le fond, généralement assez pauvre, de sa pensée. […] « Actuellement, pour exprimer les qualités que quelques droits conquis donnent à la femme, il n’y a pas de mots.

1457. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et c’est l’occasion pour le père de s’étendre sur l’atavisme, de se demander si le style ne vient pas d’un certain mécanisme du cerveau qui se lègue, et dont sa fille a hérité, car elle a toutes ses qualités de fabrication, jointes à « une essence poétique » qu’il confesse ne pas avoir, et qui doit faire d’elle, si elle continue, un poète remarquable. […] Villard soutenait que la qualité du Français et sa supériorité sur tous les autres Européens, étant l’ordre, la méthode, l’économie, on ne savait pourquoi, dans tout l’univers, sa grande réputation était sa légèreté. […] En sa qualité d’humain exotique, dénué de système nerveux, il préféra les coups de bambou. […] Et quant à la peinture, c’est de la blague : le sentiment, l’esprit, l’ingénuité, l’honnêteté, toutes ces qualités inventées par les Thiers, les Guizot, les Taine, tous ces professeurs de peinture qui n’auraient pas été foutus de reconnaître la plus ignoble copie d’un original. […] Dubreuilh comptant les mille premiers mots de Manette Salomon, répartis en sept groupes : Êtres et Choses (substantifs et prénoms), Qualités (adjectifs qualificatifs), Déterminations, Actions, Modifications, Relations, Connexions, Interjections, et les rapprochant des premiers mille mots du Discours de la méthode, de Descartes, des premiers mille mots de l’Esprit des lois, de Montesquieu, des premiers mille mots de Télémaque, de Fénelon, etc., etc., me trouve beaucoup plus riche en Déterminations (adjectifs et articles) qu’en Connexions (les mots qui servent à lier les êtres et les choses) et déclarant que je suis l’écrivain qui s’éloigne le plus de Descartes, il me classe, en la haute et respectable compagnie de Bossuet et de Chateaubriand.

1458. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Si l’on change la qualité physique des aliments et si on les humecte, on voit la quantité de salive parotidienne devenir moins considérable. […] D’après ce qui a été dit plus haut, on peut prévoir que les aliments réclameront d’autant plus de salive qu’ils seront plus secs ; de sorte que la quantité de salive fournie n’est pas en raison de la qualité chimique de l’aliment, mais bien en raison de la qualité physique. […] C’est un chien de berger ; il doit bien résister et se trouve dans les conditions les plus propres à nous assurer un suc pancréatique de bonne qualité (fig. 27). […] Le suc pancréatique a coulé avec les qualités normales dès le commencement de l’expérience. […] J’ai surtout établi les conditions physiologiques dans lesquelles le suc pancréatique devait être recueilli pour être de bonne qualité.

1459. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Et puis, savez-vous que Henri Heine n’est un poète si émouvant que par les qualités qui font en même temps de lui un des plus profonds penseurs de ce siècle ? […] Les qualités de profondeur ou de distinction que nos modernes prétendent qu’on leur reconnaisse, sont des qualités inhérentes au caractère même de l’individu ; quiconque n’en est originalement doué ne les devra jamais à la couverture de ses livres, ni à la coupe de ses formules. […] Nous devons noter la qualité de cette nostalgie. […] Ensuite, il faudrait discuter un peu sur Stendhal et ses qualités. […] Busnach, novateur, la quantité, qualité principale, la vente, étalon de la valeur !

1460. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Les spectateurs peuvent se dire, ce qui flattera singulièrement leur amour-propre, que la première qualité d’un auteur dramatique, c’est d’être spectateur. […] Aucune qualité de Shakespeare n’est relevée ou seulement reconnue. […] Elle n’est « héroïque » que par la qualité des personnages et si l’on veut par le sacrifice final de Bérénice. […] C’est là que cette qualité de la sincérité que je signalais plus haut est particulièrement marquée. […] Mayer a une qualité rare au théâtre : la mesure ; il ne donne jamais dans aucun excès ; il est toujours délicat, sûr et distingué, parfaitement maître de lui et de tous ses effets.

1461. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

J’ai recours à des comparaisons, ne trouvant pas de manière droite pour caractériser cette espèce de dépravation de l’art, où il y a moins d’art que d’artifice, moins de choses que de figures, et où l’esprit, faute d’avoir à s’employer au service de la raison et de la vérité, en arrive à jouer avec ses qualités comme avec ses défauts, et à s’amuser de soi-même. […] Il possédait toutes les qualités opposées aux défauts qu’il avait à corriger ; c’étaient comme autant d’armes appropriées à tous les genres de combat qu’il allait livrer. […] En même temps qu’il opposait à la poésie contemporaine la raison et le vrai, réintégrés pour ainsi dire dans la langue poétique, d’où la mode les avait bannis, il opposait aux mœurs des poètes un idéal formé de toutes les qualités de l’homme de bien. […] Ainsi Molière, Racine et Boileau grondaient Chapelle sur sa faiblesse pour la table, en présence de La Fontaine, qui se taisait, n’ayant guère qualité pour faire la morale à autrui ; ainsi Boileau et Racine engageaient, pour réconcilier La Fontaine avec sa femme, des négociations dont on comprend trop bien que Molière ne se mêlât point. […] Nous devons à ces liaisons illustres non leurs grandes qualités, mais l’unité de direction et d’objet qui leur fit chercher et atteindre, dans les genres très divers où chacun d’eux est le premier, la perfection, c’est-à-dire le vrai par la raison.

1462. (1933) De mon temps…

Certes, on rendait justice aux qualités qui en faisaient la valeur ; mais ces qualités se rapportaient plutôt à la forme qu’au fond et attestaient une virtuosité qui ne voilait qu’à demi le vide au-dessus duquel elle accomplissait ses prodiges froidement improvisés. […] Son style était d’une qualité médiocre et sa clarté n’allait pas sans platitude. […] Ma qualité de représentant de l’Académie française me valut de prendre place aux côtés de Sa Majesté la Reine Elisabeth. […] Aussi lui passait-on ses boutades et même ses insolences, parce qu’elles n’étaient que le masque de ses secrètes qualités de cœur. […] J’y pris la place modeste que me conseillait ma qualité de « nouveau ».

1463. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — III. (Fin.) » pp. 371-393

Amené à parler de la guerre, « de cet art immense qui comprend tous les autres », des qualités nombreuses qu’elle requiert, qui sont tout autres que le courage personnel, et qu’on ne se donne pas à volonté : Militaire, je le suis, moi, s’écriait Napoléon, parce que c’est le don particulier que j’ai reçu en naissant ; c’est mon existence, c’est mon habitude. […] [NdA] On devine assez, sans que j’avertisse, que tout ce que Napoléon dit ici de lui, il est amené à le dire par opposition au roi Joseph, aux goûts littéraires de ce dernier, à ses illusions de souverain nouveau, et aux qualités militaires et de commandant en chef qu’il n’avait pas.

1464. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Victor de Tracy, fils de l’illustre philosophe, et lui-même si distingué par un ensemble de qualités et de vertus qu’il a portées dans la carrière publique et qu’il aime à pratiquer dans la vie privée. […] Elles font un solide estomac à l’esprit ; elles enhardissent le goût, et on emprunte de leurs qualités à deux races.

1465. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Il ne faut pas demander au récit du général Pelleport, son ami et son collègue comme colonel pendant la retraite de Russie, et qui, comme lui, eut l’honneur d’être à l’extrême arrière-garde de l’arrière-garde, il ne faut pas lui demander, dirai-je tout d’abord, les mêmes qualités de correction, d’élégance, et d’un pathétique par moments presque virgilien ; mais la vérité, la candeur, un ton de sûreté et de probité dans les moindres circonstances, le scrupule, la crainte de trop dire jointe à une bravoure si entière et si intrépide, un bon sens pratique et des jugements à peine exprimés qui comptent d’autant plus qu’ils ne portent jamais que sur ce que le narrateur a su par lui-même, tout cela compense bien pour le lecteur ce qui est inachevé littérairement, et nous dessine dans l’esprit une figure de plus d’un bien digne et bien estimable guerrier. […] Une autre race de guerriers, que personnifie le nom de Catinat, ou, si l’on veut, de Vauban, est celle des militaires qui joignent aux qualités de leur profession des mérites presque contradictoires de penseurs, de philosophes, de raisonneurs ; ils jugent, ils ont des idées politiques, des vertus civiles ; une capacité de plus les complète, mais parfois aussi les complique ; ils y perdent un peu en relief s’ils y gagnent en profondeur.

1466. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La femme au XVIIIe siècle, par MM. Edmond et Jules de Goncourt. » pp. 2-30

La jeunesse de qualité prenait ses grades d’esprit à l’hôtel de Luxembourg. […] Quelquefois ce ton, ce mordant, cet imposant étaient poussés un peu loin ; il n’est si belle qualité qui par moments n’excède et ne franchisse ses limites.

1467. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

De ce qu’ils ont une qualité à un degré éminent, il ne s’ensuit pas qu’ils n’en aient pas d’autres, au second plan pour ainsi dire, et qui ne se produisent que par intervalle, à l’occasion, mais qui ne leur font pas défaut. […] Horace avait à ne pas se montrer ingrat envers l’empereur, et à ne pas trahir sa qualité de Français : il sut tout concilier.

1468. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Mais, sur la fin de la cérémonie, le duc d’Albe, qui y avait présidé en qualité de grand maître de la maison du roi, se présenta le dernier pour le serment, et comme au retour il allait oublier de baiser la main du prince, don Carlos le lui rappela par un regard de mécontentement et de courroux. […] Une seule bonne qualité surnageait au milieu de tant de travers et de vices, c’était son sentiment d’affectueuse déférence pour sa jeune belle-mère, la reine Elisabeth, dont la bonté compatissante et gracieuse l’avait touché.

1469. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Nous faisions entendre qu’en notre qualité d’otages l’aga devait veiller à notre sûreté et qu’il était responsable de notre conservation ; ces représentations produisaient si peu d’effet qu’un jour que le citoyen Majastre se présenta à lui la tète ensanglantée d’une pierre qu’il venait de recevoir à côté de l’œil et qui lui avait fait une blessure large et profonde, il n’en obtint pas un signe d’intérêt. […] Je compterai sur votre indulgence, je la réclamerai souvent, parce que j’en aurai souvent besoin ; mais je me flatte que, dans les erreurs même qui m’échapperont, vous distinguerez facilement un homme dont le caractère n’est peut-être pas indigne de quelque estime, et qui s’applaudira quand vous ne la lui refuserez pas. » Quelques jours après (19 septembre 1802), le ministre Chaptal lui écrivait : « L’exécution de l’arrêté des Consuls du 11 messidor dernier va faire cesser, Citoyen commissaire général, les rapports qu’en cette qualité vous avez entretenus jusqu’ici avec l’administration générale, et je ne laisserai point échapper cette nouvelle occasion de vous faire connaître ma satisfaction de la sagesse qui a dirigé votre surveillance et vos actes dans cette importante partie de la République.

1470. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

En général, ses qualités sont voilées et à demi dérobées par cette bonhomie et modestie. […] Les auteurs du Lépreux corrigé ont méconnu l’une des plus précieuses qualités du récit original, qui est dans l’absence de toute réflexion commune ou prétentieuse.

1471. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

L’imitation, l’émulation et l’industrie étant partout au comble, les genres et les manières qui pouvaient sembler les plus réservés jusqu’à présent, et qui eussent peut-être suffi autrefois pour marquer la qualité du talent, ne sont plus une garantie, s’ils l’ont jamais été ; tout le monde s’en mêle, et assez bien. […] Plus ou moins tôt, toutes les qualités percent, et la dose de nouveauté qu’on avait en soi est versée dans le public.

1472. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Sa renommée littéraire a souffert, dans le temps, de ses qualités politiques ; sa modération lui avait fait bien de vifs ennemis. […] abusé. « Ce n’est plus un violon qu’a votre Apollon, me disait quelqu’un, c’est un rebec. » Charles Loyson salua la venue de Lamartine d’un applaudissement sympathique où se mêlèrent tout d’abord les conseils prudents142 : « Edera crescentem ornate poetam, s’écrie-t-il en commençant ; voici quelque chose d’assez rare à annoncer aujourd’hui : ce sont des vers d’un poëte. » Et il insiste sur cette haute qualification si souvent usurpée, puis il ajoute : « C’est là ce qui distingue proprement l’auteur de cet ouvrage : il est poëte, voilà le principe de toutes ses qualités, et une excuse qui manque rarement à ses défauts.

1473. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Elles ont quelque utilité, mais leurs qualités factices s’évaporent très-promptement. […] On a trop fait avec ces deux siècles comme le touriste de qualité qui, dans un voyage en Suisse, va droit au Mont-Blanc, puis dans l’Oberland, puis au Righi, et qui ne décrit et ne veut connaître le pays que par ces glorieux sommets.

1474. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Il y avait là un premier droit divin qui n’est pas sans doute tout à fait celui qu’on professait sous Louis XIV, qui n’a pas été transmis à la monarchie de saint Louis sans interruption, que la féodalité a coupé à plus d’un endroit, et qui a dû se retremper, dans l’intervalle, à l’onction romaine ; mais enfin c’était un droit divin très-profond, très-vénéré, qui impliquait l’hérédité, sinon par ordre de primogéniture, du moins par égal partage entre tous les fils ; qui constituait la qualité de prince du sang comme quelque chose de très à part et d’inamissible ; qui excluait toute aristocratie dominante et proportionnait le rang des chefs au degré dans lequel ils approchaient le roi. […] M. de Saint-Priest possède à un haut degré les qualités littéraires : il en faisait déjà preuve dans sa jeunesse, et, quoiqu’il l’ait sans doute oublié lui-même aujourd’hui, d’autres que l’inexorable Quérard se souviennent encore de gracieux essais par lesquels il préludait avec aisance et goût dans la mêlée, alors si vive.

1475. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

C’est d’ailleurs le caractère et la qualité de certains esprits que, tout en atteignant à la réputation méritée, ils ne tombent pas dans les grands chemins et sous les jugements courants de la foule ; ils échappent ainsi au lieu-commun de la louange ; ils demeurent des sujets choisis. […] Gibbon et Hume avaient su combiner avec des opinions très-marquées, et presque des partis pris, de hautes qualités de science et de clairvoyance auxquelles on a trop cessé de rendre justice.

1476. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Je ne dis rien non plus du vieil Eschyle : vous les connaissez amplement en leur qualité de poètes. […] Ainsi la qualité du cavalier est bien la même, ce n’est que le cheval qui a manqué.

1477. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

Il était naturel que sa prose fût de meilleure qualité que ses vers : quand il s’agissait de conter et de causer, cette intelligente femme n’avait pas besoin d’être écrivain pour écrire excellemment. […] De plus, écrivant pour un public d’élite, asservissant son inspiration au goût de ses lecteurs, il ouvre l’ère de la littérature mondaine, il fait prédominer les qualités sociables sur la puissance intime de la personnalité ; avec lui commence le règne — salutaire ou désastreux comme on voudra, ou mêlé de bien et de mal — d’une société polie.

1478. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Telle qu’elle est, c’est un des exemplaires, je ne dis pas les plus nobles, mais les plus complets et les plus curieux des qualités et des défauts de la race française, de ces Welhies dont il a dit tant de mal, et qui se sont aimés en lui. […] À lui aboutit toute cette lignée de conteurs facétieux ou satiriques qui depuis les origines de notre littérature ont si alertement traduit les conceptions bourgeoises de la vie et de la morale : Voltaire a élevé à la perfection leurs qualités de malice, de netteté, de rapidité.

1479. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre V. Le roman »

Entre les deux écoles romantique et naturaliste se place Gustave Flaubert, qui procède de l’une et fonde l’autre, corrigeant l’une par l’autre, et mêlant en lui les qualités de toutes les deux : d’où vient précisément la perfection de son œuvre. […] Cette vie, très particulière en son détail, est si vraie, d’une vérité si moyenne en sa contexture et qualité, qu’elle en prend une valeur générale : à sa tristesse s’ajoute toute la tristesse des innombrables vies que nous apercevons derrière ce cas unique, et la puissance douloureuse de l’œuvre en est infiniment accrue.

1480. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

D’autres âges ont incarné le meilleur d’eux-mêmes dans le citoyen, dans l’artiste, dans le chevalier, dans le prêtre, dans l’homme du monde : le XIXe siècle à son déclin, si on ne veut retenir que les plus éminentes de ses qualités, est un vieux savant célibataire, très intelligent, très réfléchi, très ironique et très doux. […] Et le caractère de cet enfant se marque plus clairement par le voisinage d’un autre enfant doué de qualités différentes, mieux armé pour la lutte et pour l’action : le petit Fontanet, « ingénieux comme Ulysse », si malin, si déluré, si débrouillard, qui deviendra « avocat, conseiller général, administrateur de diverses compagnies, député ».

1481. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7761-7767

Les anciens n’avoient pas bien demêlé ceci ; ils regardoient comme des qualités positives toutes les qualités relatives de notre ame ; ce qui fait que ces dialogues où Platon fait raisonner Socrate, ces dialogues si admires des anciens, sont aujourd’hui insoûtenables, parce qu’ils sont fondés sur une philosophie fausse : car tous ces raisonnemens tirés sur le bon, le beau, le parfait, le sage, le fou, le dur, le mou, le sec, l’humide, traités comme des choses positives, ne signifient plus rien.

1482. (1900) Poètes d’aujourd’hui et poésie de demain (Mercure de France) pp. 321-350

Villiers de l’Isle-Adam était un mélange surprenant des qualités les plus contraires. […] C’est à cela qu’elle doit la plupart de ses qualités et de ses défauts.

1483. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Madame Gros fait à ce sujet une réflexion que nous recommandons à ceux qui s’occupent, dans la philosophie de l’histoire, du chapitre important : « Comment le brigand devient gendarme. » « En général, dit madame Gros, ils se communiquent leurs qualités nouvelles, au besoin par des voies de fait, en faveur du bon ordre. » Walch est évidemment un des naufragés dont le sauvetage a laissé le plus profond souvenir dans le cœur de madame Gros, « Il avait quinze ans ; carrure, tournure, visage, crinière, regard, caractère, le tout représentant à merveille le lion du désert dans sa force sauvage. » Quatre années l’avaient à peine apprivoisé, lorsqu’un jour une dame vient à l’école avec une rose rouge jetée coquettement sur un chapeau de velours noir. — Voyez, Mesdames, comme il faut peu de chose pour ramener l’homme à la vertu ! […] « Elle n’a pas pu séquer, dit-il ; mais elle séquera sur mon dos. » « Depuis ce jour, dit madame Gros, il s’est peu à peu civilisé : ses manières brusques ont disparu, il n’a gardé du fauve qu’il représente que l’extérieur avantageux et les qualités qui en sont l’apanage. » Madame Gros ayant été malade, le brave lion faisait chaque dimanche quatre heures de route pour venir s’informer de sa santé.

1484. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Pendant que la poésie s’amincit et se décolore à force de s’adresser à l’intelligence pure, la prose a toutes les qualités de beauté calme et méthodique que préfère le goût régnant. […] Il faut, à côté d’eux, placer les hommes et les ouvrages secondaires, qui a défaut d’autre mérite servent du moins à montrer, soit réduites au niveau moyen les qualités, soit portés à outrance les défauts des maîtres et de leurs productions géniales.

1485. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Vous savez comment j’ai toujours honoré Beethoven, un être presque surhumain ; un de mes plus chers désirs artistiques était de posséder une œuvre qui rapportât fidèlement l’histoire de sa vie et où il fût rendu justice à toutes ses sublimes et éclatantes qualités. […] Ainsi, ce n’est pas mon amitié pour Wagner que vous blâmez mais ce que vous appelez l’excès de cette amitié et mon penchant naturel à revêtir des hommes faits de boue de qualités divines.

1486. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

En même temps qu’elle réussissait, sans trop de peine, à faire ainsi de son fils une petite-maîtresse, elle s’attachait à lui inculquer les principes et l’art du courtisan, et elle semble avoir réduit à ce point toute la morale : Écoutez, mon fils, lui disait cette petite-fille amollie du chancelier de L’Hôpital, ne soyez point glorieux, et songez que vous n’êtes qu’un bourgeois… Apprenez de moi qu’en France on ne reconnaît de noblesse que celle d’épée… Or, mon fils, pour n’être point glorieux, ne voyez jamais que des gens de qualité. […] Le pauvre homme, enfin, avec de l’esprit et bien des qualités aimables, était plus qu’en chemin de se rendre à tout jamais ridicule et méprisable dans la société, quand il commença à faire quelques réflexions sérieuses, auxquelles une maladie grave vint prêter appui.

1487. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Vos grandes qualités ont besoin de mon impulsion ; mon impulsion a besoin de vos grandes qualités ; et vous en croyez de petits hommes qui, pour de petites considérations, par de petites manœuvres et dans de petites vues, veulent nous rendre inutiles l’un à l’autre, et vous ne voyez pas qu’il faut que vous m’épousiez et me croyiez, en raison de ce que vos stupides partisans m’ont plus décrié, m’ont plus écarté !

1488. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

On ne saurait dire que la vocation naturelle du jeune Maury fût ecclésiastique : à voir certaines qualités d’énergie, d’audace et d’action dont il donna tant de preuves, il eût fait plutôt un militaire, et il en convenait lui-même volontiers. […] Il est inépuisable ainsi à le reproduire et à l’exposer dans toutes ses qualités saines.

1489. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Ces qualités qui tiennent à la personne physique ont beaucoup plus d’influence au moral qu’on ne l’imagine. […] Pourtant plusieurs des qualités essentielles à former un caractère d’homme, la modération, l’équilibre, un juste temps d’arrêt, un retour sage, la mémoire du passé, lui firent faute, et ses onze ou douze dernières années accusèrent cette impossibilité de mûrir qui est l’infirmité de quelques organisations vives.

1490. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

Il les avait fait instruire par les plus habiles maîtres en tout genre, n’épargnant pour cela aucune dépense, quoiqu’il n’eût qu’un bien très médiocre… L’union intime de notre Scipion avec Polybe acheva de perfectionner en lui les rares qualités qu’un heureux naturel et une excellente éducation y faisaient déjà admirer… Cette allusion, sur laquelle insistait Rollin, avait pour but de déterminer le duc d’Aremberg à augmenter les appointements d’un très bon précepteur, M.  […] Où sont les jeunes gens modestes et savants qui unissaient l’ingénuité de l’enfance aux qualités solides qui annoncent l’homme ?

1491. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre premier. Existence de la volonté »

Les sensations de chaque moment ont beau se mêler aussitôt au continuum sensoriel, elles n’en ont pas moins, à leur apparition, des qualités tranchées qui leur confèrent une sorte d’individualité. […] En même temps, aux trois stades de la motion répondent des sensations diverses en intensité, en qualité, en signe local.

1492. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Certes, il est peu juste de voir un homme tout entier, et un tel homme, dans une de ses qualités. […] Il a, par-dessus tout, une qualité bien rare ; il est sobre. » Qu’est ceci ?

1493. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre II : De la méthode expérimentale en physiologie »

J’avoue que se servir de la force vitale comme d’un moyen pour expliquer tel ou tel phénomène en particulier, c’est faire appel aux qualités occultes, à un deus ex machina. […] Cette cause ne sert à rien physiquement parlant, elle est une qualité occulte ; mais elle répond à cette loi de l’esprit qui nous fait passer du phénomène à l’être, et qui est la raison d’être de la métaphysique.

1494. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

C’est à cela qu’elle doit la plupart de ses qualités et de ses défauts. […] « Croire qu’en imitant certaines qualités de pureté, de sobriété, de correction et d’élégance, indépendamment du caractère même et de la flamme, on deviendra classique, c’est croire qu’après Racine père, il y a lieu à des Racine fils, rôle estimable et triste, ce qui est le pire en poésie.

1495. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

C’est dans les mêmes écoles qu’on étudie encore aujourd’hui, sous le nom de belles-lettres, deux langues mortes qui ne sont utiles qu’à un très-petit nombre de citoyens ; c’est là qu’on les étudie pendant six à sept ans sans les apprendre ; que, sous le nom de rhétorique, on enseigne l’art de parler avant l’art de penser, et celui de bien dire avant que d’avoir des idées ; que, sous le nom de logique, on se remplit la tête des subtilités d’Aristote et de sa très-sublime et très-inutile théorie du syllogisme, et qu’on délaye en cent pages obscures ce qu’on pourrait exposer clairement en quatre ; que, sous le nom de morale, je ne sais ce qu’on dit, mais je sais qu’on ne dit pas un mot ni des qualités de l’esprit, ni de celles du cœur, ni des passions, ni des vices, ni des vertus, ni des devoirs, ni des lois, ni des contrats, et que si l’on demandait à l’élève, au sortir de sa classe, qu’est-ce que la vertu ? […] Quelle description assez vigoureuse peut donner la notion précise d’une sanie mûre ou crue, de bonne ou de mauvaise qualité, vieille ou nouvelle, alcalescente ou acrimonieuse ?

1496. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

Toutes les qualités qui manque à l’un de ces artistes, l’autre les a. […] Ce n’est qu’un long tems, une longue pratique, un travail opiniâtre, le concours d’un grand nombre d’hommes successivement appliqués qui amènent ces qualités qui ne sont pas du génie, qui l’enchaînent au contraire, et qui tendent plutôt à éteindre qu’à irriter, allumer la verve.

1497. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

De Platon à Rousseau, tous les utopistes qui ont posé, a priori, une limite à l’extension de leurs « républiques » ont prouvé qu’ils avaient, plus ou moins vague, le sentiment qu’à une certaine quantité sociale certaines qualités étaient liées. […] Les « qualités » de toutes sortes avec lesquelles ils se présentent à notre jugement nous empêchent de les mettre aisément sur un pied d’égalité, pour mesurer justement leurs facultés ou équilibrer leurs droits.

1498. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Mon intention n’est pas d’analyser page à page ce livre qui, pour moi, renferme comme un spécimen de toutes les qualités littéraires de M. de Maupassant. […] Voyez-vous, mon cher, la femme n’est créée et venue en ce monde que pour deux choses, qui seules peuvent faire épanouir ses vraies, ses grandes, ses excellentes qualités : l’amour et l’enfant. […] Telle est la donnée de ce roman très impressionnant, d’une poésie un peu sombre, dont les qualités d’observation et de sentiment feront un nouveau succès pour M.  […] Certes, ce n’est pas une œuvre qui se recommande par sa grâce et sa légèreté ; mais il n’y a pas, surtout aujourd’hui, place dans le roman que pour ceux qui ont ces deux qualités. […] Ajoutons pourtant qu’on n’y rencontre pas les hautes qualités de Victor Hugo, comme dans la seconde pièce non terminée qui paraît dans le même volume.

1499. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Réception du père Lacordaire » pp. 122-129

Je suis toujours étonné, en ma qualité d’académicien, lorsque je suis amené à me prononcer sur ces questions compliquées et délicates, et que l’invasion hardie de quelqu’un de mes illustres confrères sur ce terrain brûlant de la politique me met, pour ainsi dire, au pied du mur.

1500. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Appendice. — Post-scriptum sur Alfred de Vigny. (Se rapporte à l’article précédent, pages 398-451.) »

Je les ai vus en assistant à la levée des scellés qui eut lieu après sa mort et à laquelle j’étais présent en qualité d’exécuteur testamentaire Il y avait des lettres autographes de Richelieu, et une admirable lettre de Cinq-Mars qui lui avait été donnée par son possesseur.

1501. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Note »

… Ce qui est certain, c’est que quand je considère aujourd’hui tout l’ensemble de l’œuvre étonnante de Victor Hugo, dans laquelle il a mis de plus en plus hardiment et fait sortir tout ce qu’il avait en lui de force, de qualités et de défauts, en les poussant jusqu’au bout et à outrance, je sens combien je suis demeuré timide à son égard et insuffisant comme critique : j’en suis resté avec lui très en arrière, à l’autre versant de la montagne, sans doubler le sommet et sans redescendre les dernières pentes si déchirées et si rapides.

1502. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Victorin Fabre avait des qualités de jeune homme, et supérieures à celles que cet âge présente d’ordinaire : il avait la générosité de la jeunesse, il y joignait un esprit grave, une application constante, une faculté d’analyse et d’examen qui, dans l’expression, savait se revêtir de nombre et d’un certain éclat.

1503. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Études sur Blaise Pascal par M. A. Vinet. »

Vinet consiste à montrer qu’en mettant à part la qualité si incomparable du talent, tout homme a dans Pascal un semblable et un miroir, s’il sait bien s’y regarder.

1504. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. Mignet : Histoire de la Révolution française, depuis 1789 jusqu’en 1814. 3e édition. »

Qualités et défauts, tout lui vient d’elle : forte et complexe, féconde en rapports nombreux qu’elle embrasse dans une merveilleuse symétrie, il la représente et la peint aux yeux par l’ordonnance sévère de ses formes et le mécanisme régulier de ses balancements.

1505. (1874) Premiers lundis. Tome I « Tacite »

Entre toutes les qualités d’un écrivain, la force et l’énergie se prêtent le mieux à ce passage toujours violent d’un idiome dans un autre ; elles offrent plus de corps, pour ainsi dire, à la main qui les déplace, et il suffit que cette main et l’instrument qu’elle manie ne fléchissent pas sous le fardeau.

1506. (1874) Premiers lundis. Tome I « A. de Lamartine : Harmonies poétiques et religieuses — I »

Mais, dans toutes ces pièces, et avec des qualités différentes d’énergie ou de grâce, d’élévation ou de tendresse, le poète ne fait autre chose qu’invoquer et adorer.

1507. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVIII. Pourquoi la nation française était-elle la nation de l’Europe qui avait le plus de grâce, de goût et de gaieté » pp. 366-378

Dans les monarchies limitées, comme en Angleterre et en Suède, l’amour de la liberté, l’exercice des droits politiques, des troubles civils presque continuels, apprenaient aux rois qu’ils avaient besoin de rencontrer dans leurs favoris de certaines qualités défensives, apprenaient aux courtisans que même pour être préférés par les rois, il fallait pouvoir appuyer leur autorité sur des moyens indépendants et personnels.

1508. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Je ne parle pas de l’ennuyeux Racine ou de l’innocent Delille : les Discours sur l’homme de Voltaire, en s’enveloppant de la dignité du vers, ont perdu ce trait, ce mordant, ce jaillissement d’idées, d’ironie et d’esprit, toutes les qualités les plus constantes enfin et les plus séduisantes de l’humeur voltairienne.

1509. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Que l’on songe aussi aux réformes introduites dans l’Éducation depuis vingt ans, à l’extension donnée dans les programmes à l’enseignement scientifique, à l’importance accordée principalement à l’étude des doctrines positivistes, et l’on comprendra ces dispositions d’esprit qui nous précipitent, pour la plupart, vers la réalité, l’exactitude, et le respect de la nature, sans, pour cela, négliger les qualités d’enthousiasme, d’héroïsme et de finesse dont la nature nous a si généreusement dotés.

1510. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vielé-Griffin, Francis (1864-1937) »

Ce profond poète, aux ressources exquises, nous touche, malgré tout, plutôt par des qualités de philosophe.

1511. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IX. Beltrame » pp. 145-157

Il fait des menaces à Mezzetin pour l’empêcher de vendre l’esclave à Cintio, sur la conduite de qui, en sa qualité de correspondant, il est tenu de veiller.

1512. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

Les sociétés actuelles ne peuvent plus compter uniquement, comme celles d’autrefois, sur les qualités héréditaires de quelques familles choisies, sur des institutions tutélaires, sur des organismes politiques où la valeur du cadre était souvent fort supérieure à celle des individus.

1513. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre IV Le Bovarysme des collectivités : sa forme imitative »

Jean Goujon, Germain Pilon, Jean Cousin semblent n’avoir tiré que des bénéfices de la vue des modèles qui leur furent proposés et n’avoir perdu à cette, contemplation aucune des qualités qui leur étaient propres.

1514. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préfaces de « Han d’Islande » (1823-1833) — Préface d’avril 1823 »

Comme il paraît qu’en ce siècle tout lumineux chacun se fait un devoir d’éclairer son prochain sur ses qualités et perfections personnelles, chose dont nul n’est mieux instruit que leur propriétaire ; comme, d’ailleurs, cette dernière tentation est assez forte, l’auteur croit, dans le cas où il y succomberait, devoir prévenir le public de ne jamais croire qu’à demi tout ce que les journaux lui diront de son ouvrage.

1515. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Jurieu, en qualité de théologien, dénonça Bayle comme un impie. » Cette anecdote rapportée par M. l’abbé d’Olivet d’après M. de Beringhen, élève de Bayle, est traitée de conte ridicule par une personne dont le père, servant en Hollande en 1 700, avoit eu souvent occasion de voir Bayle.

1516. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 40, si le pouvoir de la peinture sur les hommes est plus grand que le pouvoir de la poësie » pp. 393-405

Ainsi les objets que les tableaux nous presentent agissant en qualité de signes naturels, ils doivent agir plus promptement.

1517. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La défection de Marmont »

la défection du duc de Raguse à Essonnes est le développement logique et dernier de tout ce qui constituait Marmont lui-même, de tout ce qui entrait dans ce métal mêlé, mais où les qualités ne surpassaient pas les vices, dans cette nature vaniteuse et jalouse, médiocre avec beaucoup d’esprit, et finalement corrompue.

1518. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Jules Vallès » pp. 259-268

que Vallès a les immenses qualités pittoresques de ce peintre de réfractaires, ou sa noblesse inouïe quand l’objet qu’il retrace est bas, ou son idéalité restée toujours pure dans l’observation la plus exacte.

1519. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Topffer »

C’est par là qu’il se fera pardonner tout ce qu’il a de supérieur, et, par exemple, son style, qui est de premier ordre pour l’envergure, les articulations, la richesse des vocables, et toutes les qualités diaphanes et substantielles des grands maîtres.

1520. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Leopardi »

En France, où l’on avale les étrangers sans les mâcher, comme des hosties, et où les ennuyeux paraissent des majestueux et imposent, je l’ai dit, il réussit davantage en sa double qualité d’ennuyeux et d’étranger, ce valétudinaire studieux, — qui, malgré son nom, ne fut un léopard d’aucune manière, pas même un chat, ce cadet des cadets de la race féline, mais tout simplement et pacifiquement un rat de bibliothèque qui faisait des vers comme il faisait un commentaire sur Épictète, et par le même procédé !

1521. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

En France, Godefroi de Bouillon, chef de la seule croisade qui ait réussi ; Charles VIII, qui conquit et perdit le royaume de Naples avec la même rapidité ; Louis XII, qui fut tour à tour dupe de ses amis et de ses ennemis, mais à qui on pardonna tout, parce qu’il était bon ; François Ier, qui, à beaucoup de défauts, mêla des qualités brillantes ; le maréchal de Trivulce, sur la tombe duquel on grava : Ici repose celui qui ne reposa jamais ; le maréchal de Lautrec, également opiniâtre et malheureux ; Gaston de Foix, si connu par son courage brillant et par la bataille de Ravenne qu’il gagna et où il perdit la vie ; enfin, ce connétable de Bourbon, si terrible à son maître, et dont l’âme altière eut à la fois le plaisir et le malheur d’être si bien vengé.

1522. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

Je crois sincèrement que ces lecteurs enfants ont les instincts nobles et généreux de l’enfance ; mais le discernement n’est pas la qualité dominante à cet âge. […] Théodore de Banville avait vingt et un ans à peine et pouvait réclamer cette qualité de mineur si fièrement inscrite par lord Byron au frontispice de ses Heures de loisir. […] Pour faire des Géorgiques, il ne suffit pas d’être Virgile, il faut aussi être un Mathieu de Dombasle, et ces deux qualités se trouvent rarement chez le même homme. […] Gustave Nadaud a fait une chanson moderne qui reste dans les limites du genre et pourtant contient les qualités nouvelles d’images, de rhythme et de style indispensables aujourd’hui. […] À force d’attention, vous parvenez à distinguer la partie que fait chaque oiseau dans le concert, vous appréciez sa qualité de voix, son trille et sa roulade ; vous nommez chacune des fleurs de votre bouquet, déjà énorme.

1523. (1900) La culture des idées

Albalat l’avait su il aurait été moins imprudent et n’aurait pas divisé les qualités d’un écrivain en deux sortes : les qualités naturelles et les qualités que l’on peut acquérir, — comme si une qualité, c’est-à-dire une manière d’être et de sentir, était quelque chose d’extérieur et qui se surajoute comme une couleur ou une odeur ! […] Des qualités secondaires seraient sans doute plus faciles à acquérir, mais la concision, par exemple, est-elle une qualité absolue ? […] La concision est parfois le mérite des imaginations rétives ; l’harmonie est une qualité plus rare et plus décisive. […] On trouverait finalement en ce mot le résumé des qualités dont la race française se croit l’expression. […] Il semble cependant qu’il ne serait pas absurde de ne considérer l’armée que comme la force extériorisée d’une nation ; et alors de ne demander à cette force que les qualités mêmes qu’on demande à la force.

1524. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Quant à Molière, en sa qualité de directeur, il avait un cheval pour lui seul. […] Voilà des qualités qui ne lui vont pas servir à grand-chose. […] Suprême qualité, en outre : elle est essentiellement moderne, cette pièce vivante, et pour ainsi dire contemporaine. […] Ce qui est fort imprévu, c’est que Shakespeare, l’acteur-auteur, devait avoir les mêmes qualités que Molière, en tant que comédien. […] Puis on pourrait citer les personnages de la cour et de la noblesse qui ont figuré dans les divertissements de Molière, et tout d’abord le Roi qui dansa en Égyptien dans Le Mariage forcé et en Maure de qualité dans Le Sicilien, et Monsieur le Grand, et Madame, et le marquis de Villeroy et Mlle de la Vallière et Mlle de Brancas, et le duc de Guise et le duc de Noailles, et le comte d’Armagnac et M. d’Artagnan, etc., etc.

1525. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. RODOLPHE TÖPFFER » pp. 211-255

Il se plaît à la force, à la vivacité brillante qui distingue ses jeunes ans ; il jouit aux qualités qu’amène son âge mûr, aux défauts qu’il corrige ou tempère ; il estime surtout les qualités que ne lui ôte pas la vieillesse, et souvent (qui n’en a pas été le témoin ?) […] Homère décrit toujours avec soin un mors, un bouclier, un char, une coupe, une armure ; il prête sans cesse à ces objets inanimés des qualités morales qui en font le prix aux yeux de leur possesseur, et qui leur valent l’estime ou les affections de l’armée.

1526. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

Il se fit remarquer par ses aptitudes spéciales et par ses qualités aimables et spirituelles. […] « Elles doivent être relatives au physique du pays, au climat, glacé, brûlant ou tempéré ; à la qualité du terrain, à sa situation, à sa grandeur ; au genre de vie des peuples, laboureurs, chasseurs ou pasteurs ; elles doivent se rapporter au degré de liberté que la constitution peut souffrir ; à la religion des habitants, à leurs inclinations, à leurs richesses, à leur nombre, à leur commerce, à leurs mœurs, à leurs manières. […] Dans les pays tempérés vous verrez des peuples inconstants dans leurs manières, dans leurs vices mêmes et dans leurs vertus : le climat n’y a pas une qualité aussi déterminée pour les fixer eux-mêmes.

1527. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Ils ont rappelé les mots à leur fonction de sons, et dans la qualité de ces sons ils ont cherché un caractère, une expression, un plaisir. […] Je dois nommer encore Barbier791, qui a fait, parmi nombre de bons vers de qualité courante, deux chefs-d’œuvre d’éloquence satirique et fougueuse : la Curée et l’Idole. […] Ils servent à accuser plus vigoureusement la qualité de l’objet, l’accident sur lequel l’artiste veut fixer notre regard.

1528. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

N’améliorez pas leur sort, ils ne seraient pas plus heureux ; ne les enrichissez pas, ils seraient moins dévoués ; ne les gênez pas pour les faire aller à l’école primaire, ils y perdraient peut-être quelque chose de leurs qualités et n’acquerraient pas celles que donne la haute culture ; mais ne les méprisez pas. […] Quant à moi, ce milieu étrange m’a donné pour les études historiques les qualités que je peux avoir. […] Ce trait de caractère se compliqua, en cette circonstance, d’une qualité qui m’a fait commettre autant d’inconséquences que le pire des défauts.

1529. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre quatrième. Les émotions proprement dites. L’appétit comme origine des émotions et de leurs signes expressifs. »

Nous ne pouvons de même accorder à Mosso que la quantité seule, et non la qualité de l’émotion, « pèse sur la balance de l’expression. » Non ; il doit y avoir dès le début, au point de vue de la direction générale des mouvements, une différence de qualité entre le plaisir et la douleur. […] Lavater, qui attendait un portrait de Herder, se figura que ce profil était celui du philosophe allemand, s’extasia sur les qualités intellectuelles et poétiques de l’homme.

1530. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre III. Poëtes françois. » pp. 142-215

Ce Poëte, dit un auteur moderne, a d’assez grandes qualités, pour qu’on puisse convenir de ses défauts. […] Ses héroïdes se ressentent de cette qualité, qui lorsqu’elle n’est point dirigée par le goût, peut devenir un défaut. […] Il est diffus, incorrect, mais pénétré de ce qu’il écrit : qualité précieuse à laquelle on doit le peu de bons vers qu’on lit encore.

1531. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

L’onction en fait le principal caractère ; l’élégance n’y manque pas, mais ce n’est pas la principale qualité qui y domine. […] Nous demandons plus d’élégance & plus d’agrément, & il faut avouer que ces deux qualités ne paroissent que rarement dans les discours de Tillotson ; du moins si l’on en juge par la traduction françoise que nous devons à Barbeyrac. […] Nous ne saurions auquel de nos Orateurs françois le comparer ; il est plus neuf, plus varié & plus riche que la plûpart ; mais il lui manque peut-être d’autres qualités plus essentielles.

1532. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre III. Le comique de caractère »

Et enfin il faut bien s’avouer — quoiqu’il en coûte un peu de le dire — que nous ne rions pas seulement des défauts de nos semblables, mais aussi, quelquefois, de leurs qualités. […] Dans un défaut, dans une qualité même, le comique est ce par où le personnage se livre à son insu, le geste involontaire, le mot inconscient. […] Nous avons montré que tous les défauts peuvent devenir risibles, et même, à la rigueur, certaines qualités.

1533. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Le jeune lieutenant décrit fort bien les travaux qu’on achève à Cissey, la mise en état du camp retranché, la solide qualité de la défense. […] Ses qualités sont d’un véritable érudit, d’un merveilleux artiste et d’un philosophe, au moins d’un penseur ; et, ses défauts ou quelques-uns de ses défauts, certains ignorants, ou primaires, les ont aussi. […] Or, chacun des traits qu’il assemble pour dessiner son dix-septième siècle turbulent, il l’appuierait de preuves, au moins de justes remarques ; et pareillement il a des faits, de qualité scientifique, pour illustrer sa théorie de l’instinct ; des faits, de qualité philosophique, pour illustrer sa théorie de l’intelligence meurtrière. […] Le méticuleux et romanesque Gilbert Augustin-Thierry trouvait, dans cette ingénieuse conception du roman historique, le meilleur emploi de ses qualités érudites et imaginatives. […] Ce fut, cette impopularité, un phénomène de qualité, en quelque sorte, légendaire.

1534. (1930) Le roman français pp. 1-197

Enfin, défauts et qualités, il a tout ce qu’on n’a plus de nos jours, ce qu’on évite et craint d’avoir. […] Mais c’est peut-être parce qu’il garde des qualités d’enfance. […] Chez Régnier, ces qualités se compliquent d’une sorte de détachement à la fois hautain et léger de l’aventure qu’il conte. […] Je m’en applaudirais : c’est vraiment un écrivain parfait, d’une qualité rare. […] Ce style, comme toujours au début d’une tentative, a ses exagérations, ses erreurs, mais aussi des qualités neuves, originales.

1535. (1911) Études pp. 9-261

De cette sorte d’abstraction découlent, joints dans une même conséquence, les qualités et les défauts de sa peinture. […] Mais même quand il est beau, il ne suffit pas à rendre belle la toile ; en effet jamais à sa qualité les qualités de la couleur ne s’unissent. […] Pourtant, parce que leurs voix, jointes en un chant unique, laissent distinguer dans le concert leur qualité respective, il nous faudra séparer les Odes et les Hymnes. […] L’autre qualité de Dukas c’est le scintillement très particulier de son orchestre. […] En effet ses véritables qualités sont la sécheresse, la dureté, la pesanteur.

1536. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Très-bien reçu chez la marquise de Mimeure en qualité de Bourguignon, il y rencontra quelquefois Voltaire ; mais par une vocation et comme une pente naturelle, quand Voltaire faisait sa cour à la dame, Piron s’en prenait à la suivante : chacun son niveau. […] Un matin, en effet, il était venu trouver Piron et, après quelque préambule, lui avait déclaré que, de tous côtés, on lui coupait les vivres, qu’il n’y avait plus de nouveautés, qu’il ne savait plus, en sa qualité de critique, à qui se prendre ni où tirer un coup de fusil ; qu’il lui demandait de ne pas trouver mauvais qu’il chassât quelquefois sur ses terres. […] Un libraire de Bruxelles l’a déjà traduit devant le magistrat pour cette dernière qualité, et depuis quatre jours qu’il est ici il a déjà pris six lavements et un procès. […] Somme toute, il n’a pas à se plaindre de la postérité : mélange pour mélange, et sans trop de déchet sur la qualité, on lui rend ou on lui attribue de confiance à peu près autant qu’il a perdu.

1537. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

Eugène Veuillot n’avait qualité pour exprimer les sentiments posthumes, si je puis dire, du fondateur de l’Univers, et l’on sait quelle a été, dans ces derniers temps, la conduite de M.  […] Sans illusion ni sur les représentants ni sur le fondement humain de l’aristocratie, aussi impitoyable aux « mauvais nobles » qu’aux « mauvais prêtres », c’est lui qui, à propos d’un domaine dépecé par un gentilhomme de boulevard et de cabinets de nuit, écrit ces lignes, où se révèle délicieusement la qualité de son âme : Je ne peux prendre mon parti de ces décadences de la noblesse. […] Il faut pourtant bien que je finisse par avouer  au moins une fois  que, dans l’échauffement de la lutte, Veuillot eut des violences, des injustices, et des erreurs à demi volontaires sur la qualité morale des personnes contre qui il combattait. […] Seule elle peut « sauver » le monde, même selon la chair : car seule elle a qualité pour enseigner à la fois au peuple la résignation, et le sacrifice à ceux qui sont au-dessus du peuple.

1538. (1901) Figures et caractères

Il est d’un homme qui a vu et d’un homme qui a pensé, le chef-d’œuvre simultané d’un conteur et d’un philosophe, et ces deux qualités se renforcent l’une par l’autre. […] Manquant des dons premiers, il se rabattit sur les qualités secondaires ; ne pouvant être lyrique, il chercha à être familier et plaintivement sentimental. […] Il prétendait montrer à tous ce qu’il était, « un jeune homme » et revendiquer le privilège de cette charmante qualité. […] Villiers de l’Isle-Adam était un mélange surprenant des qualités les plus contraires. […] C’est à cela qu’elle doit la plupart de ses qualités et de ses défauts.

1539. (1894) Critique de combat

Je livre celle-ci à l’appréciation des vrais savants : « L’évolution est l’ensemble des qualités acquises par l’humanité depuis son apparition et transmises en s’accumulant à travers les séries de générations. » On avait cru jusqu’ici que l’évolution est un mouvement, une suite de phases, une succession d’états divers et non une somme de qualités acquises devenues héréditaires. […] Il gagnait à Lausanne, en qualité d’avocat, de 30 000 à 40 000 francs par an (c’était d’ailleurs son seul avoir), quand il fut nommé membre du Conseil fédéral. […] Le cardinal de Rohan s’exclame : « Comment un homme de qualité peut-il vivre avec moins de 1 500 000 livres de revenu ?  […] Mais, comme tout homme, il a les défauts de ses qualités. […] Quoiqu’elle pousse trop au noir le type de Malauve, personnification démesurée de l’esprit d’analyse, elle a des qualités littéraires distinguées.

1540. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Le perfectionnement mécanique des sens de l’homme augmente la quantité et la qualité de l’être. […] Même si on admet la réalité du monde sensible, on est forcé d’hésiter sur la qualité de cette réalité en tant que réalité perçue et jugée. […] Cette valeur tient-elle à la qualité du style ou à la qualité de la pensée ? […] Leur qualité est indifférente, considérés comme des jeux, comme des excitants. […] On masculinisera les objets et les êtres qui sont réputés posséder les qualités viriles et on féminisera les autres.

1541. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Assez de qualités rapides de penseur et d’écrivain rachèteront toujours cette passion qui sommeille et se ralentit avec l’âge dans le bonheur et la sécurité.

1542. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre VIII. Du crime. »

Plus ils étaient nés avec des facultés sensibles, plus l’irritation qu’ils éprouvent est horrible ; il vaut mieux, en fait de crimes, avoir à faire à ces êtres corrompus, pour qui la moralité n’a jamais été rien, qu’à ceux qui ont eu besoin de se dépraver, de vaincre quelques qualités naturelles ; ils sont plus offensés du mépris, ils sont plus inquiets d’eux-mêmes, ils s’élancent plus loin pour mieux se séparer des combinaisons ordinaires, qui leur rappelleraient les anciennes traces de ce qu’ils ont senti et pensé.

1543. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Mais ces bouffonneries me paraissent d’une si excellente qualité et d’une invention si spéciale, que je ne croirais pas avoir entièrement perdu ma peine si je parvenais à les définir et à les caractériser avec quelque précision.

1544. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Marcel Prévost et Paul Margueritte »

Marcel Prévost et Paul Margueritte Je voudrais vous parler un peu de deux romans presque également distingués, à ce qu’il me semble, par des qualités diverses : Mademoiselle Jaufre, de M. 

1545. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vigny, Alfred de (1797-1863) »

Le scrupule moral le protégea contre cet excès de ses qualités.

1546. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIV. Moralistes à succès : Dumas, Bourget, Prévost » pp. 170-180

Par la combinaison involontaire, mais heureuse, de ces qualités diverses, M. 

1547. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Quand bien même ni moi, ni aucun de mes semblables ne verrait le chat ni ne toucherait le verre, ces objets n’en resteraient pas moins avec leurs qualités propres de forme, de résistance, etc., telles que je les perçois.

1548. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

Elle est habillée modestement et magnifiquement, comme une femme qui passe sa vie avec des personnes de qualité.

1549. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 239-252

Le mérite d’un Ecrivain dépend de l’habileté à réunir les qualités principales qui se trouvent éparses, tantôt dans un modèle, tantôt dans un autre.

1550. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Mais de tout ce que j’ai dit, il ne s’ensuit pas que Corneille manque d’esprit, ou Racine de génie : ce sont des qualités inséparables dans les grands Poëtes.

1551. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre quatrième. L’aperception et son influence sur la liaison des idées »

James croit de même que l’esprit n’a aucun pouvoir sur la qualité des représentations, mais qu’il en a un sur leur intensité, si bien que l’esprit pourrait librement, par l’attention, augmenter l’intensité d’une représentation et lui assurer la prééminence.

1552. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Balzac, et le père Goulu, général des feuillans. » pp. 184-196

Sous le nom de Phyllarque ou prince des feuilles, faisant allusion à sa qualité de général des feuillans, il publia deux volumes de lettres contre Balzac.

1553. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre VII. Des ouvrages périodiques. » pp. 229-243

Vérité, clarté, simplicité, voilà les qualités d’une bonne Gazette.

1554. (1865) Du sentiment de l’admiration

  Parmi les qualités que je me plais à vous reconnaître, je vous ai trouvé un défaut, un, ce n’est pas beaucoup avancer ; mais ce défaut est assez fâcheux pour que je prenne à cœur de vous le signaler avec force, dussé-je vous laisser de moi le souvenir d’un morose donneur de conseils, Caton malencontreux, Orbilius de la dernière heure !

1555. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Cet avantage me semble être plutôt la récompense du faire que l’effet de la qualité des couleurs.

1556. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Il n’en est pas du médecin comme du manufacturier  ; le manufacturier médiocre est encore utile à un grand nombre de citoyens qui ne peuvent payer ni l’excellente qualité ni la façon recherchée de l’ouvrage.

1557. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Histoire des ducs de Normandie avant la conquête de l’Angleterre »

Pour peindre ces iarls farouches que la Féodalité chrétienne apprivoise à peine, et ces tribus qui les suivent, — qui plongent dans les rayons du baptême leur front déformé par les coups du marteau de Thor, tandis qu’ils s’enfoncent jusqu’au flanc dans le limon de la barbarie, — il semble qu’il ne faudrait rien moins que de transporter dans l’histoire, en les élevant à ses sévères proportions, les qualités de ce romancier épique, Fenimore Cooper, l’Américain qui fut tout ensemble l’Homère et l’Hésiode des Peaux-Rouges et des Visages-Pâles.

1558. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Avellaneda »

La traduction est trop réussie pour que, malgré ses qualités de critique pénétrantes et raffinées, il ne nous ait pas surfait de beaucoup les mérites d’Avellaneda.

1559. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Dupont-White »

Selon nous, Dupont-White a la qualité la plus rare dans ce temps d’énervés : il a du muscle dans la pensée, et il nous paraissait en avoir assez pour vaincre les sottises de son temps et se dépêtrer de ce chaos.

1560. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XIII. Éloges donnés aux empereurs, depuis Auguste jusqu’à Trajan. »

Si quelqu’un veut éprouver toute l’indignation que la flatterie inspire ; s’il veut apprendre comment on ne laisse échapper aucune occasion de louer un homme puissant ; comment on s’extasie sur ses bonnes qualités, quand il en a ; comment on dissimule les mauvaises ; comment on exagère ce qui est commun ; comment on donne des motifs honnêtes à ce qui est vicieux ; comment on rabaisse avec art, ou sans art, les ennemis ou les rivaux ; comment on interrompt son récit par des exclamations qu’on veut rendre passionnées ; comment on se hâte de louer en abrégé, en annonçant que dans un autre ouvrage on louera plus en détail ; comment, et toujours dans le même but, on mêle à de grands événements, de petites anecdotes ; comment on érige son avilissement en culte ; comment on espère qu’un homme si utile et si grand, voudra bien avoir longtemps pitié de l’univers ; comment, enfin, dans un court espace, on trouve l’art d’épuiser toutes les formules, et tous les tours de la bassesse, il n’y a qu’à lire ces soixante pages, et surtout les vingt dernières.

1561. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

Pour la précipiter il promet le mariage, ce qui est indigne d’un Don Juan de qualité, ce qui est la honte de la corporation. […] Avec ces qualités le désabusé a un défaut. […] Alceste, à la bonne heure, qui n’a pour défaut que l’envers d’une qualité, défaut que Philinte sait bien qu’on corrige, puisqu’il l’a eu et s’en est délivré. […] C’est le Bourgeois gentilhomme transposé et mis au goût d’une société où les artistes sont une classe aussi tranchée que la caste des hommes de qualité l’était autrefois. […] Qui est-ce qui disait donc qu’il n’est pas homme de qualité et que son père n’était pas bon gentilhomme ?

1562. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Elle donnait pour motif la corruption universelle des gens de qualité : « Les jeunes gens, disait-elle, sont tous des viveurs, et les jeunes femmes font la cour aux hommes au lieu d’attendre qu’on la leur fasse804. » En effet, le vice est à la mode, et non pas délicat comme en France. « L’argent, écrivait Montesquieu, est ici souverainement estimé, l’honneur et la vertu peu. […] —  Je ne bois jamais de liqueurs fortes, excepté quand j’ai la colique. —  Justement l’excuse des dames à la mode : une personne de qualité a toujours la colique810. » N’est-ce pas le vrai ton de la bonne compagnie ? […] Macheath soit un homme de qualité quand vous apprendrez qu’il a mérité d’être pendu et qu’il ne l’est pas ? […] En effet, pourquoi un homme dissimule-t-il ou semble-t-il être ce qu’il n’est pas, sinon parce qu’il est bon d’avoir la qualité qu’il veut prendre ? […] Or le meilleur moyen du monde pour un homme de paraître quelque chose, c’est d’être réellement ce qu’il veut paraître, outre que bien des fois il est aussi incommode de soutenir le semblant d’une bonne qualité que de l’avoir.

1563. (1923) L’art du théâtre pp. 5-212

Je dis que c’est en les utilisant, en acceptant leurs qualités et leurs défauts, leurs qualités et leurs limites qu’il fera une œuvre vivante, dramatiquement parlant. […] Il exprimait toute entière la vie de la société française, avec sa bonne humeur native, son bon sens, ses vertus et ses vices, ses qualités et ses travers — avec aussi sa foi. […] Quand il monte sur le théâtre, c’est en qualité d’auteur de « proverbes » ; il n’a rempli qu’à demi son destin. […] Le plaisir du spectacle, en devenant moins rare, perd son prix… et sa qualité. […] Comment, en décriant le mot, Bataille est tombé dans l’abus des mots, dans la fausse émotion, dans la fausse poésie, dans la pire littérature, c’est ce que ses ouvrages, avec des qualités certaines, nous prouvent surabondamment.

1564. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Nous n’avons pas qualité pour trancher la question. […] Dans le premier, la quantité et la qualité de l’effet varient avec la quantité et la qualité de la cause. Dans le second, ni la qualité ni la quantité de l’effet ne varient avec la qualité et la quantité de la cause : l’effet est invariable. Dans le troisième enfin, la quantité de l’effet dépend de la quantité de la cause, mais la cause n’influe pas sur la qualité de l’effet : plus, par l’action du ressort, le cylindre tournera longtemps, plus longue sera la portion que j’entendrai de la mélodie, mais la nature de la mélodie entendue, on de la portion que j’en entends, ne dépend pas de l’action du ressort.

1565. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

On se rappelle la description de Lucrèce : l’illusion porte seulement ici sur les qualités de l’objet aimé, et non pas, comme l’illusion moderne, sur ce qu’on peut attendre de l’amour. […] On sent bien que la psychologie est encore dupe du langage quand, ayant désigné par le même mot toutes les attentions prêtées dans tous les cas possibles, elle ne voit plus entre elles, supposées alors de même qualité, que des différences de grandeur. […] Il faut tenir compte de la qualité comme de la quantité : la loi du talion ne s’appliquera qu’à l’intérieur d’une classe ; le même dommage subi, la même offense reçue, appellera une compensation plus forte ou réclamera une peine plus grave si la victime appartenait à une classe plus haute. […] De sorte qu’il est souvent impossible de dire a priori quelle est la dose de liberté qu’on peut concéder à l’individu sans dommage pour la liberté de ses semblables : quand la quantité change, ce n’est plus la même qualité. […] Ainsi, l’homme strictement inséré dans le cadre de son métier ou de sa profession, qui serait tout entier à son labeur quotidien, qui organiserait sa vie de manière à fournir la plus grande quantité et la meilleure qualité possible de travail, s’acquitterait généralement ipso facto de beaucoup d’autres obligations.

1566. (1886) Le roman russe pp. -351

Zola s’est imposé à nous avec une indiscutable puissance, c’est, ne lui en déplaise, grâce aux qualités épiques dont il ne peut se défaire. […] Oui, telle est bien sa qualité maîtresse : le naturel. […] Je ne sais, mais malgré toutes les qualités incontestables que je signale, les Veillées me laissent assez indifférent. […] Ivan Serguiévitch personnifiait les qualités maîtresses du vrai peuple russe, la bonté naïve, la simplicité, la résignation. […] Un de ces jeunes gens s’engage en qualité de précepteur chez un riche fonctionnaire qui l’emmène en province.

1567. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Davantage encore lorsqu’une phrase est transformée comme celle-ci : « d’excellents clowns, les Fratellini, attiraient à ce cirque (Médrano) un public de qualité » devient : « d’excellents clowns y attiraient le public des théâtres ». […] Le seul prédécesseur dont il envierait sans rire les qualités proprement poétiques ne pourrait être que M. de Fontanes, d’autant que ce dernier écrivit en l’honneur des Pyrénées quelques vers auxquels un Béarnais se doit d’être sensible. […] Il pousse assez loin ce travers ou cette qualité, comme vous voudrez. […] Les Anglais débarquaient bientôt et André Maurois fut attaché à un de leurs régiments en qualité d’interprète. […] Rod était à Paris accueillant à tout ce qui était suisse, et débutant des lettres ; nul plus que Ramuz ne rend hommage aux qualités de son cœur.

1568. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Bientôt Magny suivit, en qualité de secrétaire, le conseiller d’État Jean d’Avançon, qui se rendait à Rome chargé d’une mission importante. […] Mais là tout change, à cause de la qualité. […] On les suit sans déplaisir, et, avec eux, les qualités passent, comme les fautes. […] Même ses détracteurs s’accordent à lui reconnaître ces rares qualités. […] Car ce n’est point quelque ornement, une métaphore ou une invocation, mais bien la qualité rare de l’âme du poète qui font son originalité.

1569. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Et pour ce qui est de la Didon de Virgile en particulier, à laquelle tout ceci a trait et se rapporte, on se rend mieux compte alors de ces qualités souveraines qui assurent la vie aux œuvres de l’art dans les époques d’entière culture, à savoir, la composition, l’unité d’intérêt et un achèvement heureux de l’ensemble et des parties. […] Il est vrai qu’il n’y a pas seulement chez lui des traits de passion, on y trouve déjà de la sensibilité, qualité moins précise et plustôt moderne ; mais pourtant on est trop empressé d’ordinaire à restreindre le génie ancien ; en l’étudiant mieux et en l’approfondissant, on découvre qu’il avait de vin plus de choses que notre première prévention n’est portée à lui en accorder. […] Argus (c’est le nom de l’aîné des fils de Chalciope) commence en médiateur ; il essaye de disposer son grand-père en faveur des étrangers ; il raconte les services que lui et ses frères en ont reçus, le but de l’expédition, la qualité et la race divine de cette élite de héros ; que Jason ne vient que pour satisfaire aux ordres d’un tyran jaloux, et que, s’il obtient de plein gré la toison désirée, il est prêt, lui et ses amis, à payer ce bienfait par tous les services. — Éétès s’emporte à cette nouvelle, il met en doute la bonne foi des arrivants, il menace.

1570. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

Ces fines qualités de style se présageaient déjà vivement dans le Peintre de Saltzbourg, qui n’a plus guère conservé d’intérêt que par là. […] La clarté facile et la grâce mélodieuse distinguent ce petit nombre de vers de Nodier ; et il s’étend même assez souvent avec complaisance sur ce chapitre des qualités naturelles, pour qu’on y puisse voir sans malice une leçon insinuante à ses jeunes amis. […] Si de tout temps il y eut en sa manière quelque chose qui est le contraire de la condensation, ces qualités élargies n’ont pas dépassé la mesure en se continuant, et elles ont rencontré, pour y jouer, des cadres de mieux en mieux assortis.

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