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849. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Carle Vanloo  » pp. 117-119

Belle sainte, venez ; entrons dans cette grotte, et là nous nous rappellerons peut-être quelques moments de votre première vie.

850. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre IV. Des éloges funèbres chez les Égyptiens. »

L’orateur finissait par invoquer sur lui le dieu redoutable des morts, et par le confier pour ainsi dire à la divinité, en la suppliant de ne pas l’abandonner dans ce monde obscur et inconnu où il venait d’entrer ; enfin en le quittant, et le quittant pour jamais, on lui disait pour soi et pour tout le peuple, le long et éternel adieu.

851. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

L’on en goûte le frisson et les affres avant d’y être entré. […] C’était un douloureux moment pour entrer dans l’armée. […] Je n’entrerai pas dans le détail de ces procédures. […] Il alla chercher ses enfants et les fit entrer dans la chambre de leur mère. […] Je n’entrerai pas dans la pensée profonde et régulière de M. 

852. (1923) Nouvelles études et autres figures

Mahomet et Dante se purifient trois fois avant d’entrer au Paradis. […] Ce ne fut qu’à partir de 1750 que cette étude entra en décadence. […] Le père entra dans le jeu. […] Claire les quitta pour entrer chez une veuve en qualité de dame de compagnie. […] Il entra à Polytechnique.

853. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

Ainsi il entra un dimanche dans le salon de Mme Sophie Gay, et cria qu’ayant passé huit jours sans sortir de son cabinet, il avait gagné dix-huit mille francs. […] Mais l’anecdote, la voici : Un soir de Janvier M. de Balzac entra dans le même salon, disant à tout le monde qu’il avait donné à M.  […] Il est entré dans la littérature par le journal le Figaro, qui a servi aux premières armes d’une foule d’écrivains fort estimés aujourd’hui. […] Karr : Sous les Tilleuls, et cet exemplaire, le seul, peut-être, qui fut entré en Belgique, ne s’était pas vendu, tandis qu’en France le livre a obtenu trois éditions. […] Le jeune homme la fit bon gré mal gré entrer chez lui, la rassura… vainquit ses craintes et ses appréhensions.

854. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

Mais pour Lamartine, c’est justement le contraire ; pour Lamartine, l’amour est un sentiment dans lequel il doit entrer quelque chose d’infini ; car tout passe, les êtres et les choses disparaissent ; mais rien ne saurait briser le lien par lequel deux âmes qui se sont retrouvées se sont unies. […] Une idée, un sentiment, quand on veut les exprimer par un mot, ce mot, nécessairement, les altère et les déforme ; une idée se rétrécit, un sentiment se fige, pour entrer dans le cadre étroit du mot ; et c’est pour cela que les poètes, la plupart du temps, nous disent, une fois que leurs vers sont écrits, qu’ils ne les reconnaissent plus : c’est autre chose qu’ils avaient dans l’imagination. […] Quelquefois, pour un rien, l’enfant entrait dans de violentes colères, et alors il devenait vraiment méchant, avec un désir de faire mal, de nuire, de blesser. […] Il y a des gens qui sont ainsi, ils entrent dans une chambre : demandez-leur ensuite de quelle couleur était le papier, ils ne sauront pas vous le dire. […] Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d’entrer. » Quand ils eurent fini de clore et de murer, On mit l’aïeul au centre en une tour de pierre.

855. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Sa vie et sa correspondance (suite) Mardi 20 avril 1869 On ne peut tout dire à la fois, et quand on a exprimé les traits principaux d’un caractère, on s’aperçoit presque aussitôt qu’on en a omis d’autres qui les corrigent, qui les complètent et qui doivent entrer aussi pour une part essentielle dans le portrait vivant de la personne. […] Si pour ses communications spirituelles et dans ses prières, elle n’employait pas entre Dieu et elle de fondé de pouvoir, elle entrait volontiers en relation avec un prêtre dès qu’il s’agissait de secourir et de se concerter pour une délivrance. […] Les préoccupations politiques et sociales ne vous empêchent pas de vous intéresser à une âme vibrante que la pauvreté et les misères de la vie ne purent abattre. — Il fallait également pouvoir faire entrer dans un journal une étude d’un relief si fin.

856. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Cette Ordonnance soi-disant réparatrice était donc entachée d’iniquité : il y entrait de la réaction. […] — Malgré cette journée brillante, il fallut plus de dix ans encore, pour que Victor Hugo, après des assauts réitérés, entrât par la brèche (1841). […] Chateaubriand, le premier, sous le premier Empire, succédant à Marie-Joseph Chénier en 1812, avait essayé de faire entrer la politique dans les Lettres par ce Discours de réception, qui ne put être prononcé.

857. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Prenez le René réel, ôtez-lui ce léger masque chrétien que M. de Chateaubriand lui a mis tout à la fin pour avoir droit de le faire entrer dans le Génie du Christianisme, revenez au pur René des Natchez, et la pièce de Lamartine pourra s’adresser à lui non moins justement qu’à lord Byron. » M.  […] Le jour était long : ma femme entra dans ma chambre et me pria de l’accompagner aux vêpres de Saint-Roch. J’entrai avec elle dans l’église pleine de musique et d’encens.

858. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Quinault se retira de la tragédie peu après que Racine y fut entré (1670). […] Les ballets entrent dans la poésie par les livrets de Benserade406, qui sont de ces œuvres de circonstance où revit l’âme d’une société. […] Philippe Quinault, né en 1635, entra à l’Académie en 1670.

859. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Elle nous éclairera peut-être sur certains caractères de ses écrits ; Le crédit de ses amis le tira des prisons de Fontenay-le-Comte, et lui obtint un indult du pape Clément VII qui lui permettait de passer dans l’ordre de Saint-Benoît, et d’entrer dans l’abbaye de Maillezais en Poitou. Rabelais ne profita que de la permission de quitter l’habit franciscain ; mais il ne paraît pas qu’il ait pris celui de bénédictin, ni qu’il soit entré au couvent de Maillezais. […] Est-il vrai que le jour même de son arrivée, ayant suivi la foule qui allait assister à une thèse sur la botanique médicale, son mécontentement de la médiocrité des tenants se manifesta par des mouvements si expressifs et si étranges, qu’il fut invité par le doyen à entrer dans l’enceinte et à donner son avis, et que prenant la parole, après s’être excusé de son audace, il traita de la matière avec tant d’esprit et de savoir, qu’il fut dispensé des épreuves du baccalauréat ?

860. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Si Wagner avait voulu exposer la théorie du monde de Schopenhauer, il aurait fallu qu’il fit ressortir avec évidence l’opposition entra la Volonté et la Représentation, et ensuite qu’il montrât la Volonté devenue consciente d’elle-même, répudiant la Représentation et entrant, par la Résignation, dans l’état de Sainteté. […] Je ne puis entrer ici dans une étude approfondie des rapports qu’il y a entre la pensée de Wagner et celle de Schopenhauer : mais si on me permet de l’indiquer aussi brièvement que possible, on verra que l’influence du philosophe sur l’artiste a été tout autre qu’on ne le suppose vulgairement ; on verra aussi combien il est oiseux de vouloir trouver dans Tristan ce qui ne saurait y être. […] Listz dirigeait l’orchestre, et, lorsqu’il entra, les artistes lui remirent un bâton de mesure en argent ciselé, entouré d’une inscription analogue à la circonstance.

861. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Dans quelques jours, dans quelques heures va entrer dans ma vie si remplie de cette affection, et qui, je puis le dire, était mon seul et unique bonheur, va entrer l’épouvantable solitude du vieil homme sur la terre. […] Je me rappelle maintenant, après les heures sans repos passées au remaniement, à la correction d’un morceau, après ces efforts et ces dépenses de cervelle, vers une perfection, cherchant à faire rendre à la langue française tout ce qu’elle pouvait rendre, et au-delà… après ces luttes obstinées, entêtées, où parfois entrait le dépit, la colère de l’impuissance ; je me rappelle aujourd’hui l’étrange et infinie prostration, avec laquelle il se laissait tomber sur un divan, et la fumerie à la fois silencieuse et accablée, qui suivait.

862. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Entrez à cette fête heureuse des yeux enchantés et des oreilles charmées, vous n’entendrez parler que de l’amour, vous n’avez sous les yeux que des faces amoureuses et tout au moins des galanteries à brûle-pourpoint ! […] Prend : ton bâton de mesure ; donne le signal à tes trompettes, à tes ophicléides, à tes tambours, à moins que tu ne préfères entrer en matière aux sons de la flûte et du hautbois champêtre. […] vous me criez aux oreilles, vous entrez ici comme la tempête, vous déclamez à outrance, vous me faites mal, vous me faites peur : le moyen de raconter une si honnête histoire au milieu de tout ce bruit que vous faites là !

863. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Enfin, grâce à lui, ils font entrer en scène, même sans en parler, le passé, le passé que toute noblesse évoque naturellement, et qui est en nous à l’état de passion, amour ou haine. […] L’ouvrier, voilà une autre catégorie de personnages qu’il faut s’habituer à voir entrer en scène dans le roman comme ailleurs. […] Elles entrent au cloître comme dans le refuge des cœurs navrés.

864. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

C’est ce Dieu qui abat « les rois effrénés et superbes, et qui les déracine avec toute leur race. » « Relevés tout d’un coup par sa main visible vers le salut et la liberté presque perdus, guidés par lui, vénérateurs de ses divins vestiges imprimés partout devant nos yeux, nous sommes entrés dans une voie non obscure, mais illustre, ouverte et manifestée par ses auspices446. » Le raisonnement finit ici par un chant de victoire, et l’enthousiaste perce sous le combattant. […] C’est que son poëme, ayant supprimé l’illusion lyrique, laisse entrer l’examen critique. […] Elles vous l’ont débitée ; voici une scène de votre ménage : « Ainsi parla la mère du genre humain, et avec des regards pleins d’un charme conjugal non repoussé, dans un doux abandon, elle s’appuie, embrassant à demi notre premier père ; lui, ravi de sa beauté et de ses charmes soumis, sourit avec un amour digne, et presse sa lèvre matronale d’un pur baiser506. » Cet Adam a passé par l’Angleterre avant d’entrer dans le paradis terrestre. […] Son mari, voyant cet effet, ajoute en casuiste accrédité : « Ne sois pas triste ; le mal peut entrer et passer dans l’esprit de Dieu et de l’homme sans leur aveu, et sans laisser aucune tache ou faute derrière lui. » On reconnaît l’époux protestant confesseur de sa femme. […] Il y a de quoi dégoûter du paradis ; autant vaudrait entrer dans le corps des laquais de Charles Ier ou dans le corps des cuirassiers de Cromwell.

865. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Bossuet entra tout d’abord dans sa destinée. […] Au seizième siècle, Erasme, Mélanchthon, Zwingle, cet apôtre soldat qui faisait entrer pêle-mêle dans le même paradis les grands hommes de l’antiquité avec les saints, avaient réconcilié le christianisme avec le paganisme. […] S’agit-il d’un politique, il entrera dans ses conseils ; il peindra les événements qu’il a dirigés ou suivis. […] « M. l’archevêque de Cambrai, écrit-il, s’est mieux tiré d’affaire qu’il n’y était entré. […] Quoique plus sensible aux vérités de la foi populaire et du catéchisme obéi en toute simplicité, il entrait volontiers dans les besoins des esprits qui cherchent un commerce plus intime avec Dieu ; mais il ne voulait les suivre que jusqu’où sa vue pouvait pénétrer.

866. (1896) Psychologie de l’attention (3e éd.)

Les modifications respiratoires qui accompagnent l’attention se rapprochent des phénomènes moteurs proprement dits et entrent pour une part dans le sentiment de l’effort. […] Nous entrons ici dans une question bien peu connue en physiologie et presque inexplorée en psychologie. […] Cette image est un entrait. […] Quand on se prépare à entrer dans cet état pénible, on voit les états de conscience surgir par groupes ou par séries, car il n’y a pas plus d’états de conscience isolés que de mouvements isolés. […] Il y a, dit-elle, un château bâti d’un seul diamant d’une beauté et d’une pureté incomparables ; y entrer, l’habiter, c’est le but du mystique.

867. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Que laisse-t-elle alors entrer ? […] La vie a pour eux des résonances de sentiment insoupçonnées, comme en pourrait donner une symphonie nouvelle ; ils nous font entrer avec eux dans cette musique, pour que nous la traduisions en mouvement. […] Mais Rousseau les a ramassés ; il les a fait entrer, simples harmoniques désormais, dans un timbre dont il a donné, par une création véritable, la note fondamentale. […] L’autre n’entrait pas dans le plan de la nature. […] Mais les grandes figures morales qui ont marqué dans l’histoire se donnent la main par-dessus les siècles, par-dessus nos cités humaines : ensemble elles composent une cité divine où elles nous invitent à entrer.

868. (1897) Aspects pp. -215

Entrons donc dans ces âmes tragiques. […] Les prosateurs entreront, sans nul doute, dans ce branle remarquable. […] Alors au lieu de progresser selon le rythme général de leurs semblables d’hier, ils entrent en régression. […] Et la Mère disait : « Ce sont les concerts des anges. » Voici que les Rois-Mages entrèrent alors. […] Maître Phantasm entra.

869. (1903) La vie et les livres. Sixième série pp. 1-297

Il entrait alors, sinon dans la gloire, du moins dans la notoriété. […] Frédéric Masson, l’idée du divorce, suggérée, autorisée par l’évidence de l’adultère, entra dans l’esprit de Napoléon et n’en sortit plus jamais. […] Elle entra, triomphalement, dans des villes conquises. […] Bref, on ne saurait entrer en ménage avec des dispositions plus simplement familiales. […] Ils sont entrés mélancoliquement dans la territoriale et renoncent à l’espoir de voir quelque chose de nouveau avant leur congé définitif.

870. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre III. Du meilleur plan. — Du plan idéal et du plan nécessaire. »

« Avant, dit-il, de chercher l’ordre dans lequel on présentera ses pensées, il faut s’en être fait un plus général et plus fixe, où ne doivent entrer que les premières vues et les principales idées.

871. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre II. Du sens et de la valeur des mots »

De même que la définition d’une espèce ne donne que les caractères communs à tous les individus de l’espèce, et de même que ces caractères communs ne peuvent jamais se présenter isolés, mais s’accompagnent toujours de caractères individuels qui sont infiniment variables, de même la définition d’un mot ne donne que la portion de sens commune à tous les emplois que les écrivains ont fait de ce mot : à cela vient s’ajouter une valeur spéciale, qui résulte de la combinaison particulière où le mot est entré.

872. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laprade, Victor de (1812-1883) »

Edmond Biré Victor de Laprade a créé une forme nouvelle de poésie lyrique, c’est la Symphonie, où tous les rythmes, tous les mètres, toutes les voix, la voix de l’homme et celles de la nature, concourent à un même but : véritable poème lyrique qui ne saurait, sans doute, entrer en comparaison avec les grandes compositions de l’art musical, ni pour l’harmonie savante, ni pour le charme et l’éclat de la mélodie, mais qui a cette supériorité sur elles de traduire avec une admirable clarté les pensées et les sentiments de l’âme.

873. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VII »

La France a été longtemps le peuple de l’Europe qui imposait sa langue ; un Français d’alors, comme un Anglais d’aujourd’hui, ignorait volontairement les autres langues d’Europe ; tout mot étranger était pour lui du jargon et quand ce mot s’imposait au vocabulaire, il n’y entrait qu’habillé à la française.

874. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre V. Histoire littéraire. » pp. 212-219

Peut-être eût-il été à souhaiter que les savans auteurs n’eussent pas fait entrer dans leur livre les vies de tant d’écrivains inconnus, qui n’ont produit quelquefois qu’un mandement, ou qu’une lettre moins étendue que l’article qu’on leur a donné dans l’histoire littéraire.

875. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Il y a quelque temps que j’entrai par curiosité dans les atteliers de nos élèves : je vous jure qu’il y a des peintres à l’académie à qui ces enfans-là ne céderaient pas la médaille, il faut voir ce qu’ils deviendront.

876. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 17, s’il est à propos de mettre de l’amour dans les tragedies » pp. 124-131

Peu mortifiez, peu surpris même des préferences les plus bizarres, ils sont mal disposez à entrer avec affection dans les peines d’un personnage que la promotion d’un concurrent fait sortir de son bon sens.

877. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 22, quelques remarques sur la poësie pastorale et sur les bergers des églogues » pp. 171-178

Ainsi les bergers langoureux de nos églogues ne sont point d’après nature ; leur genre de vie dans lequel ils font entrer les plaisirs les plus delicats entremêlez des soins de la vie champêtre, et sur tout de l’attention à bien faire paître leur cher troupeau, n’est pas le genre de vie d’aucun de nos concitoïens.

878. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 31, de la disposition du plan. Qu’il faut diviser l’ordonnance des tableaux en composition poëtique et en composition pittoresque » pp. 266-272

J’appelle composition pittoresque, l’arrangement des objets qui doivent entrer dans un tableau par rapport à l’effet general de ce tableau.

879. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame de La Fayette ; Frédéric Soulié »

, Soulié révéla bien à son lit de mort, où il entra dans la métaphysique par le catéchisme, ce que, dans d’autres circonstances, un tel esprit aurait pu devenir.

880. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

car c’est la plus fraîche, la plus récente de nos lectures, et c’est un beau sujet pour entrer en matière. […] » Théodore entra dans une si grande colère qu’il me traita, je crois, de réaliste. […] C’est lui, l’ingrat, qui a fait entrer la laideur dans son domaine et dans sa propre famille. […] Il est entré dans une nouvelle phase de sa terrible existence. […] … Des épigrammes, des railleries… Des insectes qui m’entrent dans l’oreille… Ah !

881. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

D’autre part, les lettres, rapprochées du monde, entraient dans les affaires du monde, et d’abord dans les petites disputes privées. […] Pour comble, il entra dans le conflit des partis politiques et des sectes religieuses, combattit pour les tories et les anglicans, puis pour les catholiques, écrivit la Médaille, Absalon et Achitophel contre les whigs, la Religio Laici contre les dissidents et les papistes, puis la Biche et la Panthère pour le roi Jacques II, avec la logique d’un homme de controverse et l’âpreté d’un homme de parti. […] Celui-ci y entrait de lui-même. […] Entrons plus avant. […] Après avoir erré dans les débauches et les pompes de la Restauration, Dryden entrait dans les graves émotions de la vie intérieure ; quoique catholique, il sentait en protestant les misères de l’homme et la présence de la grâce ; il était capable d’enthousiasme.

882. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

Quelle est en effet l’intention de celui qui dit j’aurai soupé quand vous entrerez, caenavero cum intrabis ? […] Il est composé d’un auxiliaire comme les autres prétérits ; on dit j’aurai soupé, comme l’on dit j’ai soupé, j’avois soupé, j’aurois soupé : & qu’enfin son correspondant au subjonctif est dans notre langue le prétérit absolu de ce mode ; on dit également & dans le même sens, je ne sai si j’aurai soupé quand vous entrerez, & je ne crois pas que j’aye soupé quand vous entrerez. […] Si cette matiere pouvoit entrer dans un dictionnaire, elle ne pourroit convenir qu’à celui de l’académie, & nullement à l’Encyclopédie. […] La matiere de la proposition est la totalité des parties qui entrent dans sa composition ; & ces parties sont de deux especes, logiques, & grammaticales. […] L’ordre des parties d’oraison est celui que l’auteur a suivi ; & il est entré sur les idiotismes grecs, dans un détail très-utile pour l’intelligence de cette langue.

883. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Ce n’est point ici le lieu d’entrer dans l’examen d’une définition aussi importante que celle de la médecine expérimentale. […] Sur les 70 corps simples environ que la chimie connaît aujourd’hui, 16 seulement entrent dans la composition de l’organisme le plus complexe qui est celui de l’homme. […] L’expérience nous apprend qu’un rouage de la vie manque ; l’oxygène ne peut plus entrer dans l’organisme, parce qu’il ne peut pas déplacer l’oxyde de carbone de son union avec le globule. […] Nous ne pouvons entrer ici dans l’examen détaillé de ces questions qui ne comprendraient ni plus ni moins que l’histoire entière de la science médicale. […] Ce n’est pas le lieu d’entrer dans le développement de ces idées philosophiques ; reprenons notre sujet et passons à un nouvel exemple expérimental.

884. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

L’on a laissé entrer dans la partie, sans précaution, des passants. […] C’est un beau cycle, et digne d’entrer dans la « matière de France ». […] Vous êtes sur le point d’entrer. […] Il faut ne pas être seul ; il faut entrer dans une armée. […] Dès lors, tous les sentiments qui y entrèrent, se pénétrèrent de cela.

885. (1876) Romanciers contemporains

Il a dû être, il a été robuste de corps, car son corps tout entier entrait dans l’action. […] Il est entré dans un genre ouvert, et il ressemble à ces fils de famille qui n’ont que la peine de recueillir un héritage. […] Or, peut-il nier que le cœur ne soit entré pour beaucoup dans les plus durables succès obtenus par nos devanciers ? […] Le plein air du dehors entrait là brutalement, mettant à nu toute la misère du Dieu de ce village perdu. […] Ce fut alors que des flammes jaunes entrèrent par les fenêtres.

886. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Ce compliment donna lieu à l’empereur d’entrer en quelque explication sur les cérémonies Chinoises. […] Il avoit à se plaindre des cordeliers, qu’il soupçonnoit d’être entrés dans une conspiration contre lui. […] Les académiciens de la Crusca, surtout, entrèrent dans cette querelle. […] D’autres personnes entrèrent alors dans cette dispute. […] On refusoit d’entrer dans la maison de ceux-ci, pour leur administrer les derniers sacremens.

887. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Ce fut cette fâcheuse situation qui toucha Molière ; il s’applaudit d’être en état de faire du bien à un jeune homme qui paraissait avoir toutes les qualités nécessaires pour profiter du soin qu’il voulait prendre de lui ; il n’avait garde d’ailleurs, à le prendre du côté du bon esprit, de manquer une occasion si favorable d’assurer sa troupe en y faisant entrer le petit Baron. […] La Raisin ne fut pas longtemps à savoir son malheur : animée par son Olivier, elle entra toute furieuse le lendemain matin dans la chambre de Molière, deux pistolets à la main, et lui dit que s’il ne lui rendait son acteur, elle allait lui casser la tête. […] J’ai cru que je devais entrer dans le détail de la mort de Molière, pour désabuser le public de plusieurs histoires que l’on a faites à cette occasion. […] Ma passion est venue à un tel point, qu’elle va jusqu’à entrer avec compassion dans ses intérêts ; et quand je considère combien il m’est impossible de vaincre ce que je sens pour elle, je me dis en même temps qu’elle a peut-être une même difficulté à détruire le penchant qu’elle a d’être coquette, et je me trouve plus dans la disposition de la plaindre que de la blâmer. […] «Heur, dit la Bruyère, se plaçait où bonheur ne pouvait entrer ; il a fait heureux, qui est si français, et il a cessé de l’être.

888. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre II. Les sensations totales de la vue, de l’odorat, du goût, du toucher et leurs éléments » pp. 189-236

Avant d’entrer dans cette recherche, il faut distinguer les sensations d’odeur et de saveur proprement dites, des sensations adjointes. […] La sensation d’odeur proprement dite y est compliquée d’une autre qui cesse, s’accroît ou se renverse selon l’état de l’estomac ; la même odeur, celle d’un plat de viande fumante, est agréable pendant la faim et désagréable pendant une indigestion ; probablement, dans ce cas, il y a d’autres nerfs profonds du canal alimentaire qui entrent aussi en action ; la sensation totale est composée d’une sensation du nerf olfactif et de plusieurs sensations adjointes. — On peut enfin diviser en deux les odeurs fraîches ou suffocantes, c’est-à-dire, d’un côté, celles des sels volatils, de l’eau de Cologne, du goudron, du tan, et, de l’autre côté, celles du renfermé, celle d’une pâtisserie, d’une manufacture de coton, d’un magasin de laine ; visiblement ici, à la sensation d’odeur proprement dite s’ajoute une sensation de bien-être et de malaise qui vient des voies respiratoires et qui a pour canaux des nerfs de contact et de douleur. — Je pense aussi que dans plusieurs cas, par exemple lorsqu’on respire de l’alcool, une faible sensation de chaleur vient compliquer la sensation d’odeur proprement dite. — Restent les pures sensations d’odeur, agréables ou désagréables par elles-mêmes, celles de la violette et de l’assa fœtida par exemple ; il y en a un nombre infini desquelles on ne peut rien dire, sinon qu’elles sont agréables ou désagréables ; par elles-mêmes, elles résistent à l’analyse, et pour les désigner nous sommes obligés, de nommer le corps qui les produit. […] Nous voyons, du premier coup et par l’expérience ordinaire, que tel corps excite en nous telle sensation d’odeur ou de saveur, que tel corps excite en nous la sensation de bleu ou de rouge ; mais l’un et l’autre n’éveillent la sensation que par des intermédiaires ; il a fallu faire l’optique pour trouver que le second a comme intermédiaire des ondulations éthérées de telle vitesse et de telle longueur ; il faudrait aussi avoir recours à une science toute faite pour trouver l’intermédiaire par lequel agit le premier. — Cherchons pourtant cet événement dernier et immédiat à la suite directe duquel le nerf olfactif ou les nerfs gustatifs entrent en action. […] Nous sommes obligés de chercher une nouvelle voie ; avant d’y entrer, voyons, parmi les sensations du toucher, celles qui peuvent se ramener à d’autres ; il faut déblayer un terrain avant de le labourer.

889. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Mais, dès que vous entrez dans le règne animal, la loi prend tout à coup une épouvantable évidence. […] Il est le premier partout, et tous les saints n’entrent qu’à sa suite. […] Je vois le Christ entrer dans le Panthéon, suivi de ses évangélistes, de ses apôtres, de ses docteurs, de ses martyrs, de ses confesseurs, comme un roi triomphateur entre, suivi des grands de son empire, dans la capitale de son ennemi vaincu et détruit. […] tout est inutile ; le dégoût, la défiance, le découragement sont entrés dans mon cœur.

890. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Grâce à cette erreur populaire, j’arrivai à Naples sans obstacle, la nuit du jour où les Calabrais, l’armée insurrectionnelle et le général Pepe, qui avait pris le rôle de Lafayette napolitain dans le pays et dans l’armée, entraient dans cette capitale. […] XII M. de Fontenay était de mon pays, gentilhomme des environs d’Autun, ami de mes amis, beaucoup plus âgé et plus mûr que moi ; il était entré dans la carrière diplomatique par l’influence de M.  […] J’y arrivai au moment où un détachement de l’armée autrichienne campait de l’autre côté du Tibre, prêt à entrer dans la ville, si une révolution analogue à la révolution d’Espagne, de Naples et de Turin, venait à éclater, comme on l’annonçait à toute heure. […] Je le voyais souvent entrer seul dans son jardin, fermé aux curieux ; j’étais à portée de contempler ce pèlerinage d’amour et de douleur dont on chuchotait tout bas le motif.

891. (1856) Cours familier de littérature. I « IVe entretien. [Philosophie et littérature de l’Inde primitive (suite)]. I » pp. 241-320

Entrons dans la poésie ; c’est encore sa philosophie. […] Enfin, comme si la pensée ne pouvait s’élancer de la terre au ciel à moins d’attacher sous le nom de rime à chacun de ses vers deux consonances métalliques, comme la bayadère de l’Inde attache deux grelots à ses pieds pour entrer et pour adorer dans le temple ? […] Mais au moment d’y entrer on lui défend d’y pénétrer avec son chien, qui l’a suivi seul jusqu’à ces limites du monde. […] XXXV Nala, après des aventures aussi tragiques, était entré au service d’un roi voisin en qualité d’écuyer conducteur de chars.

892. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Il s’agit d’entrer dans la place de côté, sans faire trop de violence et sans épouvanter l’ennemi. […] Le Coq rêve donc qu’il voit je ne sais quelle chose qui est dans le courtil et qui lui vient dessus pour le revêtir : ce je ne sais quoi a une peau rousse, blanche sous le ventre ; le bord est en os, le col est étroit, et force lui est, après y être entré, de s’en revêtir au rebours, c’est-à-dire de telle sorte que sa taille aille à l’autre extrémité de l’habit et que sa queue reste dans le collet.

893. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le buste de l’abbé Prévost. » pp. 122-139

J’entrai lorsqu’elle y accourait avec précipitation. […] » Combien de fois ne forma-t-il point là-dessus, d’avance, un système de vie paisible et solitaire : J’y faisais entrer une maison écartée, avec un petit bois et un ruisseau d’eau pure au bout du jardin ; une bibliothèque composée de livres choisis, un petit nombre d’amis vertueux et de bon sens, une table propre, mais frugale et modérée.

894. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Sans entrer dans aucune discussion sur la prééminence des talents et sur la préséance des genres, il m’a toujours paru en effet que le premier rang dans l’ordre de l’intelligence pure était dû à ces hommes qu’on appelle Archimède, ou Newton, ou Lagrange. […] Je laisse parler M. de La Rive : — « Eh bien, me dit-il dès que je fus entré, je suis sûr que vous avez déjà lu cet article à Genève et que vous me donnez tort ? 

895. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — I. » pp. 19-35

Ce n’est pas à nous et ce n’est pas ici qu’il convient d’entrer en éclaircissement sur ce qu’on a appelé les divers degrés d’oraison : nous ne pouvons rester qu’au seuil, et c’est beaucoup déjà de nous y tenir. […] Souvenez-vous-en bien, et n’allez plus gronder contre les gens qui me gardent comme une relique. » Fénelon n’entra donc jamais très avant ni d’une manière parfaitement suivie dans la direction de Mme de Grammont ; ses conseils tournent dans un même cercle et ne se renouvellent que par l’agrément d’expression qu’il y met : « Surtout, madame, sauvez votre matin, et défendez-le comme on défend une place assiégée.

896. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Sénac de Meilhan avait promis, pour condition de son élévation, de travailler sans relâche à me détruire auprès du ministre de la Guerre, et de profiter de toutes les occasions qui se présenteraient pour me dégoûter d’une position qui me condamnait à un rôle purement passif, puisque je n’entrais dans aucun des conseils, et que je n’étais consulté que pour la forme. […] Sans faire entrer dans son analyse de l’homme d’autres éléments que les besoins physiques et, au moral, le mobile de l’ambition ou de la vanité, il a pourtant compris que cette bonne compagnie, définie comme on l’entendait alors, et devenue le plus tiède et le plus tempéré des climats, était mortelle au génie, à la grandeur, à la force naturelle en toutes choses : Ne cherchez pas le génie, dit-il, l’esprit, un caractère marqué dans ce qu’on appelle la bonne compagnie.

897. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je voudrais que l’historien, quand il n’est pas tout spécial et militaire, n’entrât dans cette voie de considérations qu’à son corps défendant, et qu’en tant que cela est strictement indispensable pour l’intelligence du fait tel qu’il paraît s’être passé. […] Je n’essaie pas d’entrer, comme bien l’on pense, dans le fond de la question, je ne prends que la forme.

898. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Ce gentil, ce dameret N’entrait point au cabaret : La seule onde Aganippide, etc. […] [1re éd.] dans lesquelles Boileau n'est point entré p.

899. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

Marolles, qui joindra plus tard (1627) à ce premier bénéfice l’abbaye de Villeloin, plus considérable, et qui en prit occasion de recevoir l’ordre de prêtrise moins par vocation que par convenance (les bulles y mettant cette condition), fut lié avec quelques-uns de messieurs de Port-Royal, fort sévères sur ce genre d’abus et de d’irrégularités ; mais, tout en se prévalant de leur amitié et en la leur rendant par de bonnes paroles et des témoignages publics d’intérêt, il ne fut touché en aucun temps de scrupules sur la manière dont il était entré dans les bénéfices et dans le sacerdoce ; il avait le christianisme assez large et coulant, et n’était rien moins que rigoriste, soit pour la doctrine, soit pour les mœurs : se contentant de vivre en honnête homme, comme on disait alors. […] Quant à la correction des mœurs de ses religieux, il n’estimait pas apparemment que son titre d’abbé commandataire lui conférât autorité suffisante pour cela, et, au lieu d’entrer en lutte avec ses moines, il avait mieux aimé patienter ; c’est à l’archevêque diocésain sous la juridiction duquel était placée l’abbaye, qu’il demanda enfin d’autoriser un rétablissement de règle devenu bien nécessaire.

900. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance de Buffon, publiée par M. Nadault de Buffon » pp. 320-337

Il n’entrera pas plus dans les raffinements que dans les coteries de son siècle. […] Les encyclopédistes et leur entreprise, au début, sont de même jugés par lui favorablement ; mais il se liera peu avec les personnes, et n’entrera point dans les passions et les excès de la coterie.

901. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire de la littérature française à l’étranger pendant le xviiie  siècle, par M. A. Sayous » pp. 130-145

Je les définis, au xviiie  siècle, toute une tribu intellectuelle, née de Calvin, restée très morigénée en s’émancipant, très philosophisée d’ailleurs et sécularisée, où Bayle est entré, où Fontenelle a passé, mais où, même avec la liberté de penser acquise, il se sent beaucoup de circonspection, de réserve, et une sorte de contrainte. […] Mais les femmes ont de quoi se consoler, en ce que les hommes font la même chose entre eux et se traitent en femmes les uns les autres : ils font entrer des louanges ou, pour me servir de leur terme, des choses obligeantes dans tout ce qu’ils se disent.

902. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Nous avons gagné assez de terrain pour qu’il puisse entrer au pouvoir : ce sera ma condition. […] Il a le goût des cités politiques choisies, des sociétés fermées et retranchées ; il n’aime pas à faire entrer dans le cercle, une fois défini, des citoyens, les gens du dehors, fussent-ils des natifs.

903. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Entré à l’École normale au sortir d’études brillantes et où le tour bien français de son talent se marquait déjà, moins latin d’abord et bien moins grec que d’autres, il en vint sans trop d’effort, au bout d’un an, à être le premier de sa volée, comme on disait autrefois, et l’un des princes, unanimement reconnus, de sa génération de jeunesse. […] Il entrait dans la politique, et il y réussit du premier jour.

904. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Sibylle venue à Paris, chez ses grands-parents maternels, y voit le monde, soupçonne, sans y entrer, le tourbillon de la capitale et le-juge très-bien ; elle écrit là-dessus de fort jolies pages. […] Que si vous avez voulu, au contraire, faire de Sibylle (comme son nom l’indiquerait) une sorte de demi-prophétesse et de révélatrice à sa manière, une fée ou une sainte déclassée et transposée dans le monde, vous n’en avez pas dit assez ; vous n’êtes pas entré assez avant dans votre sujet, vous n’avez pas attaqué hardiment et de front tout le problème.

905. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La Grèce en 1863 par M. A. Grenier. »

Moi-même, si parva licet…, si j’ose, en présence de tant de noms et d’œuvres d’alors, me rappeler tout bas ce premier souvenir de ma vie littéraire, lorsqu’en 1824 j’entrais comme apprenti rédacteur au Globe, que me demandait comme échantillon, comme premier essai de ma plume, mon ancien maître M.  […] Les détails dans lesquels il est entré à l’appui de sa thèse sont très ingénieux, et d’un homme qui a beaucoup lu et compulsé Homère dans l’original.

906. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Charles Loyson, né en 1791 à Château-Gontier, dans la Mayenne, après des études faites au collège de Beaupréau, et devenu déjà professeur, obtint en 1811 la faveur d’entrer à l’École normale pour y fortifier et y compléter son éducation classique, qui avait été un peu hâtive. […] Plus d’un de ceux qui se trouvaient en même temps que lui à l’École n’y étaient même entrés que pour éviter la conscription.

907. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Il suivait chaque bulletin sur la carte, tenait un petit journal des opérations de guerre, lisait en même temps l’histoire des campagnes du grand Frédéric et entrait avec une facilité merveilleuse dans le sens et l’intelligence de ces grandes opérations qui étonnaient et éblouissaient le monde. […] Homme d’art et de science avant tout, il eut l’idée dès lors d’entrer au service de la Russie, et il se présenta chez le chargé d’affaires, M. d’Oubril, son manuscrit à la main.

908. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

C’est malgré une coterie qu’y entrait La Bruyère, lequel s’en est si fort souvenu dans la préface de son discours de réception. […] Même dans les plus beaux jours du passé académique, de bien illustres, il est flatteur de se le dire, sont entrés tard et bien tard : Boileau, La Fontaine, Voltaire : Et j’avais cinquante ans quand cela m’arriva.

909. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

Racine fils avoue avec candeur qu’on peut regretter dans l’Iphigénie française cette vive peinture de l’Agamemnon grec ; mais Euripide n’avait pas craint d’entrer dans l’intérieur de la tente du héros, et de nommer certaines choses de la vie par leur nom29. […] Il usait son temps et son crédit à ces démarches, avec un zèle où il entrait quelque pensée d’expiation.

910. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Ce qui lui manqua, ce fut une pensée originale, une pensée qui ne fût occupée qu’à faire entrer le monde et la vie dans les formes du tempérament, à projeter le tempérament sur l’univers et sur l’humanité : qui par conséquent permît au tempérament de dégager toute sa puissance, et de réaliser ses propriétés personnelles. […] Car il y a dans Ronsard de quoi composer un volume où rien de médiocre n’entrerait.

911. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

— « Entrez », dit-il, car à peine la porte fermait au loquet. […] Je commence par dire à l’auteur : N’entrez pas, ne vous en mêlez pas ; allez produire encore, ne vous retournez jamais en arrière.

912. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre V : M. Cousin historien et biographe »

Entrons dans un de ces salons dont M.  […] Tous les procédés oratoires vont entrer en ligne.

913. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Je n’aime les prisons d’aucune sorte ; c’est pourquoi, entré chez M.  […] A l’âge où la plupart des écrivains entrent dans la vie en hommes libérés des férules, il redevenait élève, et bon élève. […] Mais ici il peut y avoir illusion, le contenu du livre est peut-être entré dans la mémoire subconsciente, et nous revenons au cas du vieux Macaulay, à moins qu’il n’y ait eu une saine et normale digestion de nos lectures. […] Ces petits mots proférés seuls donnent nécessairement jeu, teu, deu, leu ; mais dès qu’ils entrent en composition, leur voyelle devient instable. […] Dans cent ans, si la langue française n’a pas été réduite à un parler négroïde, mille entrera légitimement dans l’écriture des dates courantes.

914. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

« Mon dessein n’est pas d’entrer dans une discussion, dit-il ; mais il me suffira d’affirmer que j’ai vu, en assistant à un grand nombre d’expériences, des impressions et des effets très réels, très extraordinaires, dont la cause seulement ne m’a jamais été expliquée. » Sans nier que ces impressions et ces effets puissent être les résultats d’une imagination frappée, il demande si ce mot imagination est une réfutation bien péremptoire, et si au moins les savants et les philosophes ne devraient pas, par amour pour la vérité, méditer sur les causes de cette nouvelle et étrange propriété de l’imagination.

915. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Or, il ne se trompe point, sans doute : mais enfin qui le jurerait  Et ne dites pas non plus que la critique personnelle, la critique impressionniste, la critique voluptueuse, comme vous voudrez l’appeler, est bien pauvre vraiment et bien mesquine comparée à l’autre critique, à celle qui fait entrer le ressouvenir des siècles dans chacune de ses appréciations.

916. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre premier. Préliminaires » pp. 1-8

Le creuset a donné parfois des résultats bien étranges : on a vu ce qu’il fallait d’éléments divers combinés et fondus ensemble pour former un chef-d’œuvre, et ce qu’il entrait de réminiscences dans la plus franche originalité.

917. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Ils n’entrent en effet en relation avec tous ces objets du monde extérieur, ainsi qu’on vient d’en faire la remarque, qu’autant que leur sensibilité est encore affectée par eux : quelque joie à considérer les formes et les couleurs leur rend seule perceptibles les formes et les couleurs, quelque émotion, au contact des passions humaines leur permet seule de connaître les passions humaines.

918. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Clément Marot, et deux poëtes décriés, Sagon & La Huéterie. » pp. 105-113

Aussi tâchèrent-ils de le priver de tous les moyens par lesquels il pouvoit y entrer.

919. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre ix »

Puis, le culte terminé, le prisonnier dûment raccompagné, les indifférents partis, nous avons rompu le pain dans une assiette, versé le vin dans un gros verre, et sans liturgie, avec le seul récit de saint Matthieu, nous, avons commémoré le plus grand don de l’histoire, nous unissant à nos parents dans l’espérance, à nos amis dans l’amitié profonde, à nos ancêtres dans la foi. »‌ Mais, le plus souvent, les soldats calvinistes, trop isolés pour rien organiser, entrèrent dans la chapelle catholique.

920. (1881) Le naturalisme au théatre

Tout l’hiver, on le rencontre ; on ne peut entrer dans un salon sans le voir et sans lui serrer la main. […] De même au théâtre, il est nécessaire que les personnages entrent, causent et sortent. […] Or, un jour d’ennui, Herbert, ayant fait entrer dans son château une bande d’Égyptiens, s’éprend de la belle Aïscha, qu’il épouse séance tenante. […] Depuis quinze ans, il n’est donc pas un poète qui soit arrivé à Paris sans entrer dans le cercle de M.  […] Mais entrer dans la vie moderne en poète lyrique, voilà qui est grave !

921. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

. — Mlle Taillefer et sa maman, Mme Cantin, entrent. — D’où venez-vous si matin ? […] J’entrai dans une horrible défiance de moi-même, en trouvant là les répulsions que j’inspirais en famille. […] Vous verrez toujours mon malheur s’agrandissant en raison de la circonférence des sphères sociales où j’entrerai. […] « — Entrez donc, Messieurs, dit alors une voix d’or. […] Au bas du coteau seulement, je lui avais appris ma course de Tours à Frapesle, et craignant pour ma santé déjà si faible, il s’était avisé d’entrer à Clochegourde en pensant qu’elle me permettrait de m’y reposer.

922. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il me dit qu’il y a quelques années, faisant un voyage en Suisse, il entrait dans une brasserie, où le patron chantait, en faisant ses comptes, le garçon en rinçant les verres, la fille, en balayant, tandis que chez nos marchands de vin, patrons et domestiques, tout est morne. […] Ce matin, Geoffroy et Carrière entrent dans mon cabinet, un énorme bouquet de fleurs des champs à la main, venant fêter mes 71 ans. […] Sa mère qui est à la porte, me dit : « De son lit, il vous a vu traverser la place… entrez donc quelques instants… vous lui ferez un vrai plaisir. » Et tout bas : « Ç’a été bien dur. » — Ah ! fait-il, en me voyant entrer, on a été six minutes avant de m’endormir… je croyais que je ne dormirais jamais… Pozzi m’a dit : Vous avez pris de l’éther… Oui c’est vrai, j’en ai beaucoup pris, à la suite d’un grand chagrin, qui me donnait des contractions de cœur… et ces contractions, l’éther les calmait… vous savez, l’éther c’est comme un vent frais du matin… un vent de mer qui vous souffle dans la poitrine… Ah, après ce que j’ai souffert… il me semblait que j’avais le corps rempli de phosphore et de flamme… Il faudra encore que dans trois semaines, je fasse une saison de Luchon… C’est bien ennuyeux d’être obligé de refaire son sang. […] Aujourd’hui, je suis entré dans la tendue, et arrivé à un rejet où une mésange, les pattes brisées, se débattait, en jetant de petits cris de douleur, j’ai rebroussé chemin, et suis sorti du bois.

923. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Statique ou dynamique, en effet, la religion le tient avant tout pour un Être qui peut entrer en rapport avec nous : or c’est précisément de quoi est incapable le Dieu d’Aristote, adopté avec quelques modifications par la plupart de ses successeurs. Sans entrer ici dans un examen approfondi de la conception aristotélicienne de la divinité, disons simplement qu’elle nous paraît soulever une double question : 1º pourquoi Aristote a-t-il posé comme premier principe un Moteur immobile, Pensée qui se pense elle-même, enfermée en elle-même, et qui n’agit que par l’attrait de sa perfection ; 2º pourquoi, ayant posé ce principe, l’a-t-il appelé Dieu ? […] Elle ne serait tout à fait convaincante que si celui-ci était arrivé par une autre voie, telle que l’expérience sensible et le raisonnement fondé sur elle, a envisager comme vraisemblable l’existence d’une expérience privilégiée, par laquelle l’homme entrerait en communication avec un principe transcendant. […] La société lui fournit, élaborées par ses prédécesseurs et emmagasinées dans le langage, des idées qu’il combine d’une manière nouvelle après les avoir elles-mêmes remodelées jusqu’à un certain point pour les faire entrer dans la combinaison. […] Par sa pointe seulement le cône s’insère dans la matière ; dès que nous quittons la pointe, nous entrons dans un nouveau domaine.

924. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les brimades. » pp. 208-214

Elles signifient que l’École est un corps si sacré et d’une si prodigieuse excellence qu’il faut, pour y entrer, souffrir des épreuves longues et compliquées, — comme pour être admis dans la maçonnerie aux temps héroïques de la Comtesse de Rudolstadt, alors que cette Compagnie de Jésus à rebours n’était pas encore tombée dans le décri.

925. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bergerat, Émile (1845-1923) »

Il entra au Figaro comme chez lui, apportant sous son bras les Lettres de Jean Rouge.

926. (1887) Discours et conférences « Discours prononcé à Tréguier »

Entrez hardiment, avec votre génie propre, dans le concert de l’œuvre française ; portez-y votre raison, votre maturité.

927. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Introduction » pp. 2-6

Sur la porte par où l’on y pénètre devrait se lire cette inscription : Vous qui entrez ici, mettez bas toute passion autre que l’amour de la Vérité d’abord et de la Beauté ensuite.

928. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — E. — article » pp. 238-247

C’est à cette occasion que notre jeune Négociateur, qui avoit toujours montré le plus grand désir d’entrer dans l’état militaire, & qui s’étoit rendu habile dans tous les genres d’exercice que cet état exige, obtint une Lieutenance de Dragons.

929. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XIV. Parallèle de l’Enfer et du Tartare. — Entrée de l’Averne. Porte de l’Enfer du Dante. Didon. Françoise de Rimini. Tourments des coupables. »

Vous entendez d’abord mugir la caverne où marchent la Sibylle et Énée : Ibant obscuri solâ sub nocte per umbram ; puis tout à coup vous entrez dans des espaces déserts, dans les royaumes du vide ; Perque domos Ditis vacuas et inania regna.

930. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 8, des instrumens à vent et à corde dont on se servoit dans les accompagnemens » pp. 127-135

Deux autres acteurs, coeffez comme les premiers du masque que portoient les comediens des romains, entrent sur la scene, au fond de laquelle on voit un homme debout qui accompagne de sa flute.

931. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « Préface »

La Harpe fut un professeur qui, pour la première fois en France, fit entrer l’éloquence dans la critique.

932. (1856) Leçons de physiologie expérimentale appliquée à la médecine. Tome II

Il y a là toute une question de méthode que je veux aborder devant vous, avant d’entrer dans l’objet du cours de ce second semestre. […] Donc, plus nous poursuivrons l’anatomie, disait-on, plus nous entrerons dans la connaissance de la physiologie, qui n’en est que la conséquence. […] Nous allons entrer dans quelques détails à sujet. […] La plaie du ventre entra en suppuration, et au bout de huit à neuf jours, elle fut entièrement cicatrisée et le chien parfaitement guéri. […] Il est nécessaire d’entrer dans quelques détails sur cette matière importante.

933. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Mais, au milieu de notre propre discussion mêlée à nos conjectures et à nos désirs sur la destinée du poëme, nous oublions Jocelyn en personne, qui est entré au petit séminaire, et qui a dû, il est vrai, y rester six longues années. […] Après une jeunesse pleine de misère, étant entré lui-même dans cette humble condition de recteur de village ou de bourg, il en a retracé les alentours, les accidents de ridicule, de sujétion ou de souffrance, avec une vigueur sagace et mordante. […] Lamartine, très-probablement, ayant fait le même pèlerinage, eût entonné son hymne d’actions de grâces, au sommet, sans s’arrêter à cette comparaison, fort belle d’ailleurs, mais cherchée, de l’oiseau et du poisson, avec l’âme qui monte, tandis que le corps est étendu immobile. — S’il arrivait devant la hutte d’un Highlander, avec une femme, une dame, pour compagne de voyage, qui marquerait quelque répugnance à entrer dans cette hutte enfumée, il la lui décrirait avec détail, avec grâce, comme il fait pour Valneige, et se complairait bientôt magnifiquement à la bénédiction de Dieu sur les cœurs simples qui y sont cachés, mais sans trop s’arrêter et sans plus revenir à l’hésitation de sa compagne.

934. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre IV. Services généraux que doivent les privilégiés. »

Le capitaine des chasses, à Fontainebleau, vend à son profit chaque année pour 20 000 francs de lapins. « Dans chaque voyage aux maisons de campagne du roi, les dames d’atour, sur les frais de déplacement, gagnent 80 pour 100 ; on dit que le café au lait avec un pain à chacune de ces dames coûte 2 000 francs par an, et ainsi du reste. » — « Mme de Tallard s’est fait 115 000 livres de rente dans sa place de gouvernante des enfants de France, parce que, à chaque enfant, ses appointements augmentent de 35 000 livres. » Le duc de Penthièvre, en qualité de grand-amiral, perçoit sur tous les navires « qui entrent dans les ports et embouchures de France » un droit d’ancrage, dont le produit annuel est de 91 484 francs. […] Joignez à cela les dons de la main à la main avoués ou déguisés : 200 000 francs à M. de Sartine pour l’aider à payer ses dettes, 200 000 à M. de Lamoignon, garde des sceaux, 600 000 francs à M. de Miromesnil pour frais d’établissement, 166 000 à la veuve de M. de Maurepas, 500 000 au prince de Salm, 1 200 000 au duc de Polignac pour l’engagement du comté de Fenestranges, 754 337 à Mesdames pour payer Bellevue116. « M. de Calonne, dit Augeard, témoin compétent117, fit, à peine entré, un emprunt de cent millions, dont un quart n’est pas entré au Trésor royal : le reste a été dévoré par les gens de la cour ; on évalue ce qu’il a donné au comte d’Artois à cinquante-six millions, la part de Monsieur à vingt-cinq millions ; il a donné au prince de Condé, en échange de 300 000 livres de rente, douze millions une fois payés et 600 000 livres de rentes viagères, et il fait faire à l’État les acquisitions les plus onéreuses, des échanges dont la lésion était de plus de 500 pour 100. » N’oublions pas qu’au taux actuel tous ces dons, pensions, appointements valent le double. — Tel est l’emploi des grands auprès du pouvoir central : au lieu de se faire les représentants du public, ils ont voulu être les favoris du prince, et ils tondent le troupeau qu’ils devraient préserver.

935. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Au contraire, toutes les fois que la Jumelle entrait dans la danse, et qu’un danseur, l’élevant de terre dans ses deux bras, comme c’est l’habitude à la fin de l’air, poussait un de ces grands cris de triomphe et de joie qui sont l’évohé rustique de ces fêtes de village, Didier baissait les yeux ; il trouvait un prétexte pour s’éloigner, comme s’il avait entendu une voix qui l’appelait au jardin ou à l’étable. […] Il se glissa inaperçu dans le creux du ravin qui descend du château dans l’étroite vallée d’Arcey ; il gravit, non s’en s’arrêter bien des fois, de peur et d’angoisse, la colline escarpée au sommet de laquelle est bâtie la petite et noire église du village, et il entra tout en sueur, en poussant de la main la claire-voie, dans la maison de la Jumelle. […] Ils entraient dans les villes et dans les villages sous des arcs de triomphe.

936. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

C’est évidemment d’appeler et de fixer l’attention et l’intérêt sur la figure d’un personnage que l’on va voir entrer en scène et agir sous vos yeux. […] Il meurt en disant : “Enveloppez-moi de parfums et couronnez-moi de fleurs pour entrer dans le sommeil éternel.” […] « Ce dernier parti, dont Brissot était le publiciste, Pétion la popularité, Vergniaud le génie, les Girondins le corps, entrait en scène avec l’audace et l’unité d’une conjuration.

937. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

LVI Elle me pria d’entrer pour me rafraîchir un moment, m’assurant que son père aveugle et sa tante seraient heureux dans un tel jour de pouvoir m’offrir l’hospitalité. […] En parlant ainsi, elle tourna l’angle du petit jardin, et, m’annonçant à son père, elle me fit entrer dans la masure. […] Le bon air fin des collines ne fit que donner plus de force au poison qui était entré dans ses veines avec les rayons du soleil des Maremmes.

938. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Ses vers intransigeants ne condescendent point aux faiblesses ni aux habitudes du troupeau, n’entrent point dans ses émotions, ne le bercent ni le secouent. « Leconte de Lisle ? […] Il entra par l’étude dans les mœurs et dans l’esthétique des siècles morts ; il démêla l’empreinte que les générations reçoivent de la terre, du climat et des ancêtres : et, comme il s’amusait à la logique de l’histoire, il en sentit moins la tristesse ; puis il lui parut que toute force qui se développe a sa beauté pour qui en est spectateur sans en être victime ; il eut des visions du passé si nettes, si sensibles et si grandioses qu’il leur pardonna de n’être pas consolantes. […] Ils se lèvent, gravissent la divine montagne où siège Baghavat et, sortant de l’Illusion qui enveloppe le dieu, entrent en lui et s’unissent à l’Essence première.

939. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Mais entrons bien vite, avec M.  […] Mais elle a tous les instincts du rang et de la naissance, l’aplomb d’une comédienne qui pourrait jouer un rôle de duchesse ; le demi-monde la reconnaît déjà pour sa reine, et elle a mis dans sa petite tête ferme et pensive, d’entrer dans le vrai monde, et par la grande porte, au bras d’un mari. […] Admettons, et il faut l’admettre, puisque c’est vrai, que je ne sois pas digne, en bonne morale, du nom et de la position que j’ambitionne, est-ce bien à vous, qui avez contribué à m’en rendre indigne, à me fermer la route honorable où je veux entrer ?

940. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

Dans le demi-sommeil qui l’envahit, elle sent son Américain se remuer, s’agiter sourdement, entrer en colère pour les fautes qu’elle a faites, pour son manque d’attention, pour sa cervelle oublieuse de Française ; elle s’endort tout de même, mais au bout d’une demi-heure, d’une heure d’un silence furibond et dans lequel il se dévore, l’Américain la secoue et la réveille pour lui dire : « Si tu avais posé le cinq trois au lieu du deux trois, nous aurions gagné… Et il lui défile tout le jeu. […] — Je vais entrer un instant à Notre-Dame-de-Lorette… Au fait, on m’a dit que vous étiez un vieillard ? […] Je ne peux pas y entrer ! 

941. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Histoire d’un premier livre qui a servi de préface à la deuxième édition (1884) Le 1er décembre 1851, nous nous couchions, mon frère et moi, dans le bienheureux état d’esprit de jeunes auteurs attendant, pour le jour suivant, l’apparition de leur premier volume aux étalages des libraires, et même assez avant dans la matinée du lendemain, nous rêvions d’éditions, d’éditions sans nombre… quand, claquant les portes, entrait bruyamment dans ma chambre le cousin Blamont, un ci-devant garde du corps, devenu un conservateur poivre et sel, asthmatique et rageur. […] Pauvre créature, nous lui pardonnons, et même une grande commisération nous vient pour elle, en nous rendant compte de tout ce qu’elle a souffert… Mais, pour la vie, il est entré en nous la défiance du sexe entier de la femme, et de la femme de bas en haut comme de la femme de haut en bas. […] Il montre, lors de notre début littéraire, la tendance de nos esprits à déjà introduire dans l’invention la réalité du document humain, à faire entrer dans le roman, un peu de cette histoire individuelle qui, dans l’Histoire, n’a pas d’historien.

942. (1707) Discours sur la poésie pp. 13-60

J’ai étendu quelquefois ses fables, et fait entrer, pour ainsi dire, le commentaire dans le texte ; parce que ce qui s’entendoit à demi mot du tems d’Horace, n’est pas aujourd’hui aussi connu ; et il me semble que dans une traduction où l’on veut plaire, le traducteur doit suppléer ainsi à la distance des tems, et tâcher toujours de rendre l’équivalent, aussi bien pour les faits que pour les pensées. […] Malherbe nous a fait connoître dans les siennes le prix des pensées raisonnables, et des expressions propres et naturelles ; car pour ne pas entrer dans un trop grand détail, je laisse Mainard et Racan, quoique dans les odes du dernier il y ait beaucoup de noblesse ; et dans celles de l’autre beaucoup de netteté. […] J’évite même d’entrer dans cette question si fameuse qui a fait une espéce de schisme dans les lettres.

943. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Je n’entrerai pas dans de plus longs détails à ce sujet. […] Ce projet, Monsieur, aurait besoin de grands développements ; mais ce n’est pas ici le lieu d’entrer dans de tels détails. […] Oui, je vous le répète, si vous continuez à marcher dans la fausse route où vous êtes entré si orgueilleusement, c’en est fait de vous pour le théâtre, jamais vous n’y réussirez.

944. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

Je vous indiquerai seulement que Philémon et Baucis a probablement hanté l’imagination de Gœthe, puisque le grand poème de Faust finit presque par l’épisode de Philémon et Baucis ; il l’a traité d’une façon particulière dans laquelle je n’ai pas lieu d’entrer aujourd’hui et cela m’entraînerait trop loin ; mais il l’a traité à un point de vue à la fois philosophique et psychologique infiniment intéressant. […] Il s’agit de deux amants qui, au moment d’entrer dans le port, ont eu le malheur d’être frappés par le ciel. […] D’ailleurs faire l’agent, et d’amour s’entremettre, Couler dans une main le présent et la lettre, Préparer les logis, faire le compliment ; Quand Monsieur est entré, sortir adroitement, Avoir soin que toujours la porte soit fermée, Et manger, comme on dit, son pain à la fumée ; C’est ce que je ne puis ni ne veux pratiquer.

945. (1802) Études sur Molière pp. -355

qu’ils ne se dérangent pas, même pour y entrer ? […] Molière et Chapelle, voulant profiter d’un beau jour pour aller à Auteuil, entrent dans un batelet où était déjà un Minime. […] peut-il entrer dans la tête d’un acteur versé dans son art, que la situation d’Alceste lui permette de plaisanter ? […] Dernièrement, je vois entrer chez moi un jeune homme ; il avait son portefeuille sous le bras ; je le pris pour un écolier : quelle erreur ! […] Louis XIV fit mettre sa maison sous les armes, et la défense d’entrer sans payer lui fut réitérée.

946. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

On en jugera d’ailleurs à le voir à l’œuvre, et par l’exposé même des faits où nous avons hâte d’entrer. […] Fauriel était et (puisque nous sommes amené à le dire) resta toujours républicain au fond, sans trop entrer dans les nuances, et comme il convenait à un ancien sous-lieutenant de La Tour-d’Auvergne. […] Fauriel se tenait au point de vue plus général et plus philosophique ; Villers entrait davantage dans la donnée protestante et la croyait fertile en résultats de tout genre, comme elle l’a été en effet au delà du Rhin. […] Guizot, en juin 1811, lui écrivant de Nîmes, où il était retourné passer quelque temps, lui demandait des nouvelles de son Dante et de ses troubadours comme d’un travail déjà fort entamé, et le pressait avec intérêt d’entrer avec lui dans quelques développements là-dessus. […] Cette poésie, qui coule de source, et où la vanité ni les petits effets n’entrent pour rien, qui n’est pas une poésie d’auteur, mais une effusion du génie populaire, Fauriel la suit dans ses moindres courants et jusque dans ses filets épars.

947. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Entrer dans la discussion vers par vers serait bien long et bien fastidieux. […] Entrons, maintenant, dans la suite des événements. […] Son instituteur le fit entrer comme commis greffier et un peu comme domestique chez le bailli de Wesselburen, M.  […] Sainte-Beuve n’est pas entré dans Racine. […] La petite nièce pourra entrer dans ce plan, y prendre sa place, servir à quelque chose.

948. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

M. de Parny a su faire entrer dans une autre espèce de sentiment le charme attendrissant des souvenirs. […] Devons-nous entrer dans le palais, pour aider à dégager la reine de ses liens étroits ? […] Mackenzie sortit de la rivière du Saumon, pour entrer dans le bras de mer où cette rivière se jette par plusieurs embouchures. […] Le popularisme entra dans l’État, et le presbytérianisme dans l’Église. […] car il n’y a que l’ami de notre âme qui soit digne d’entrer dans le mystère de nos douleurs.

949. (1925) Dissociations

Oui, être heureux, autrement que de façon très passagère, aiguë et fugitive c’est là un état qui ne peut entrer dans la conscience ni même se concevoir extérieurement. […] Le bonheur est entré dans l’imagination des hommes. […] si l’on voulait entrer dans toutes ces histoires de psychologie, cela n’en finirait pas. […] Comme j’étais entré chez une fleuriste, je vis arriver une vieille dame qui choisit quelques brins de muguet, les attacha aussitôt à son corsage et sortit d’un pas plus léger. […] C’est des histoires de rues dans le détail desquelles je n’entrerai pas.

950. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

Les Grecs ne se sont jamais avisés de faire entrer l’amour dans des sujets aussi terribles qu’Œdipe, Électre, Iphigénie en Tauride : de plus, ils n’avaient point de comédiennes ; les rôles de femmes étaient joués par des hommes masqués, et il semble que l’amour eût été ridicule dans leur bouche. […] Mais ce grand homme ayant depuis contracté l’habitude de le faire entrer dans des intrigues peu dramatiques, où même il ne tenait que le second rang, il devint languissant et froid. […] Dès-lors, on ne vit plus, sur la scène tragique, que de fades romans dialogués ; et des auteurs qui semblaient n’avoir pas besoin de cette ressource, le firent entrer dans des sujets où il était absolument étranger. […] Mais quand les poètes furent forcés de se retrancher dans les bornes d’une censure générale, il paraît que l’amour entra pour beaucoup dans les pièces de Ménandre, et des poètes de la comédie nouvelle. […] Ils pouvaient bien par-là attirer l’approbation, exciter l’admiration même, mais non pas cette pitié qui fait entrer, pour ainsi dire, toute l’âme du spectateur dans l’intérêt du personnage.

951. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

Un voyageur vit en Abyssinie16 un de ses hommes déchiré par un lion ; plusieurs années après, quand il pensait à cet événement, il entendait en lui-même les cris du malheureux, « et il éprouvait la sensation d’un fer aigu qui lui entrait dans l’oreille ». […] D’autre part, la mémoire revenant, les images et les idées renaissantes enveloppent l’image par leur cortège, entrent en conflit avec elle, lui imposent leur ascendant, la tirent de sa vie solitaire, la ramènent à la vie sociale, la replongent dans sa dépendance habituelle. […] Nous n’entrons pas encore dans la physiologie, nous nous confinons dans la psychologie pure. […] « Quelques observateurs peuvent volontairement provoquer leurs hallucinations ; c’est-à-dire que des idées existant à l’état de conscience et qu’ils fixaient vivement faisaient entrer en action les fonctions sensorielles.

952. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

Nous revenons à la maison, et avant d’entrer je regarde la perspective ; décidément ils ont le sentiment de la campagne ; comme on sera bien, à cette grande fenêtre du parloir, pour contempler le soleil couchant et le large treillis d’or qu’il étale à travers la futaie ! […] Nous entrons. […] Nous entrons ! […] Nous sortons à minuit de ce théâtre où il écoutait la Malibran, et nous entrons dans cette lugubre rue des Moulins où, sur un lit payé, son Rolla est venu dormir et mourir.

953. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Ce pontife fit entrer les deux jeunes Florentins dans l’état ecclésiastique. […] — Vous ne vous trompez pas, mon père, lui dis-je, je suis triste, et cependant il ne m’est rien arrivé de mal ; mais je viens vous confier mes peines habituelles, vous les connaissez : mon cœur n’a jamais eu de replis pour vous ; vous savez ce que j’ai fait pour me tirer de la foule et pour acquérir un nom, mais je ne sais pourquoi, dans le moment même où je croyais m’élever peu à peu, je me sens retomber tout à coup ; la source de mon esprit est tarie ; après avoir tout appris, je vois que je ne sais rien ; abandonnerai-je l’étude des lettres, entrerai-je dans une autre carrière ? […] Combien de fois même suis-je entré seul, malgré les ténèbres intimidantes de la nuit, dans cet antre terrible où, le jour même et en compagnie d’autres hommes, on ne pénètre pas sans un secret saisissement ! […] La maison des Corrége, amis des Colonne et par conséquent les siens, l’arrête quelques jours à Parme ; les Corrége venaient de s’emparer de la souveraineté de cette ville sur la maison de la Scala : Pétrarque, paru à Parme au moment de cette révolution, entra dans la ville avec les vainqueurs, et se signala énergiquement parmi leurs partisans politiques.

954. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Réunir en une société régulière une multitude d’êtres épars qui pullulent au hasard sur une terre sans possesseurs légitimes et reconnus ; Combiner assez équitablement tous les intérêts divergents ou contradictoires de cette multitude pour que chacun reconnaisse l’utilité de borner son intérêt propre par l’intérêt d’autrui ; Extraire de toutes ces volontés individuelles une volonté générale et commune qui gouverne cette anarchie ; Proclamer ou écrire cette volonté dominante en lois qui instituent des droits sociaux conformes aux droits naturels, c’est-à-dire aux instincts légitimes de l’homme sortant de la nature pour entrer dans la société ; Sanctifier ces lois par la plus grande masse de justice qu’il soit possible de leur faire exprimer, en sorte que la conscience, cet organe que le Créateur nous a donné pour oracle intérieur, soit forcée de ratifier même contre nos passions la justice de la loi ; Faire régner avec une autorité impartiale et inflexible cette loi sur nos iniquités individuelles, sur nos résistances, nos empiétements, nos répugnances ; lui créer un corps, des membres, une main dans un pouvoir exécuteur et visible chargé de faire aimer, respecter et craindre la loi ; Armer ce pouvoir exécuteur de toute la force nécessaire pour réprimer les atteintes individuelles ou collectives contre la loi, sans l’investir néanmoins de prérogatives assez absolues pour qu’il puisse lui-même se substituer à la loi et faire dégénérer cette volonté d’un seul contre tous en tyrannie ; Échelonner, si l’empire est grand, les corps ou les magistratures, religieuse, civile, judiciaire, administrative, de telle sorte que chaque province, chaque ville, chaque maison, chaque citoyen, trouve à sa portée la souveraineté de l’État prête à lui distribuer sa part d’ordre, de sécurité, de justice, de police, de service public, de vengeance même si un droit est violé dans sa personne ; Faire contribuer dans la proportion de son intérêt et de sa force chacun des membres de la nation aux services onéreux que la nation exige en obéissance, en impôt, en sang, si le salut de la communauté exige le sang de ses enfants ; Créer au sommet de cette hiérarchie d’autorités secondaires une autorité suprême, soit monarchique, c’est-à-dire personnifiée dans un chef héréditaire, soit aristocratique, c’est-à-dire personnifiée dans une caste gouvernementale, soit républicaine, c’est-à-dire personnifiée dans un magistrat temporaire élu et révocable par l’unanimité du peuple : voilà le chef-d’œuvre de cette création d’un gouvernement par l’homme. […] À dix-sept ans, sa mère le contraignit à quitter à regret l’école du philosophe, et à entrer dans les affaires comme mandarin de la dernière classe. […] Il leur insinuait les grands principes d’où dépend le bonheur de l’homme vivant en société ; il entrait dans les plus petits détails des obligations particulières à leur état. […] L’espace limité de ces pages ne nous permet pas ici d’entrer dans le récit circonstancié de ces longues missions philosophiques et de rapporter les mille anecdotes et les cent mille leçons dont chacun de ses pas fut l’occasion.

955. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIIe entretien. Cicéron » pp. 81-159

La destinée semblait lui donner tout à la fois, au commencement de sa vie, cette dose de bonheur et de calme qu’elle mesure à chacun dans sa carrière, comme pour lui faire mieux savourer, par la comparaison et par le regret, les années de trouble, d’action, de tumulte, d’angoisse et de mort dans lesquelles il allait bientôt entrer. […] Tu viens d’entrer dans le sénat : eh bien, dans une assemblée si nombreuse, où tu as tant d’amis et de proches, quel est celui qui a daigné te saluer ? […] Il y entra, et, s’étant jeté tout habillé sur un lit pour se reposer de ses angoisses ou pour se recueillir dans ses pensées, il ramena sur son front le pan de sa toge, afin de ne pas voir la dernière lueur du jour. […] XXXV Antoine, qui venait d’entrer à Rome, présidait l’assemblée du peuple pour les élections des nouveaux magistrats au moment où Hérennius fendait la foule pour lui offrir la tête du sauveur du peuple. « C’en est assez ! 

956. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. Causes physiologiques et psychologiques du plaisir et de la douleur »

« Nous sommes continuellement emportés par le cours du temps ; or, au moment où nous sortons du présent pour entrer dans l’avenir, qu’est-ce qui peut causer le plaisir ? Ou c’est la perspective d’entrer dans un état futur, ou c’est la simple conscience de quitter l’état présent. Or, ce n’est pas la perspective d’entrer dans l’avenir, car nous sommes incertains de l’état dans lequel nous entrerons ; tout ce que nous savons, c’est qu’il sera autre que l’état présent.

957. (1909) De la poésie scientifique

Mais, que, le délivrant du sens erroné que nous a transmis à l’égard du poète et de l’art poétique la tradition imaginative, nous entrions en sa simple réalité, nous verrons le mot : « inspiration » n’être que l’équivalent improprement imagé du mot : — « intuition », au même sens philosophique-scientifique où nous l’avons voulu. […] Il est, rythmiquement, une succession comme mécanique de temps faibles et de temps forts, où s’astreint l’Idée : l’idée qui, patiemment, se mutilant ou non, doit entrer en ce cadre rigidement déterminé en dehors de ses lois ! […] Or, Amour implique deux désirs, deux pôles : pour se connaître, dirons-nous métaphysiquement, ils entrent en action, et la résultante de cette action est le troisième mouvement qui naît d’elle — et qui détermine la sortie hors de la non-connaissance, de la non-conscience : c’est-à-dire qu’il détermine l’Evolution, troisième mouvement de l’unité trinaire que nous avons représenté par l’Ellipse, signe de l’Univers évoluant. […] Il n’est pas possible d’entrer au détail de cette Œuvre : œuvre-une et composée harmoniquement dont toutes les parties, tous les livres et tous les poèmes se commandent  Elle se compose de douze à quinze volumes venant en leur ordre préconçu, dont un tiers environ est maintenant paru : toute la première partie (dont une Édition nouvelle, revue et mise au plan exact d’expression vient d’être publiée)31, et les deux premiers livres de la seconde partie.

958. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1857 » pp. 163-222

Par exemple, sur vingt-cinq personnes qui entrent ici, il n’y en a pas trois qui discernent la couleur du papier ! […] Aussitôt qu’elle le voyait traverser la cour, elle montait vite, vite, dans la chambre de sa gouvernante, se lavait les mains à la pâte d’amandes, et redescendait au moment où le monsieur entrait au salon. […] » 15 Juillet — Je suis entré dans la chambre de mon oncle. […] * * * — On parlait au café d’un journaliste bien connu, et je ne sais qui racontait qu’aussitôt que quelqu’un entrait un peu dans son intimité, le journaliste le couchait sur un livre, un vrai livre de banquier, avec d’un côté la recette, de l’autre la dépense, et au premier service qu’il lui rendait, marquait un chiffre à la dépense, et si l’autre ripostait, marquait un point à la recette : faisant la balance, tous les mois, pour que son amitié fût toujours à la tête d’un actif considérable.

959. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

— Eh bien, monsieur Lebrun, disait la grande dame, au moment où il entrait dans son salon, le premier fauteuil est donné… Oui, à M. d’Haussonville… C’est une chose faite. […] 1er avril En omnibus, à côté d’une jeune paysanne, d’une petite boulotte en bonnet blanc, qui semble aujourd’hui arriver à Paris, pour entrer en service. […] Mais à peine était-il entré dans sa chambre, que je m’entendis appeler, et le trouvai bégayant avec une voix qui me dit : « Je veux qu’on me lève !  […] Sa femme nous fait entrer dans sa chambre.

960. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

» Il veut prendre Dieu corps à corps. « Pourquoi l’homme ne peut-il pas entrer en jugement avec Dieu comme avec son égal ?  […] « Es-tu entré dans les réservoirs de la neige ? […] et c’est avec un pareil atome que vous daigneriez entrer en jugement ! […] Le péché est entré dans le monde, selon la tradition chrétienne ; avec le péché, la douleur et la mort.

961. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIe entretien. Littérature italienne. Dante. » pp. 329-408

Entré dans l’ordre des Dominicains, il alla étudier à Paris sous Albert le Grand, théologien célèbre, alors que la théologie était la science unique. […] Les créations infinies et de dates immémoriales de Dieu dans les profondeurs sans mesure de ces espaces qu’il remplit de lui seul par ses œuvres ; les firmaments déroulés sous les firmaments ; les étoiles, soleils avancés d’autres cieux, dont on n’aperçoit que les bords, ces caps d’autres continents célestes, éclairés par des phares entrevus à des distances énormes ; cette poussière de globes lumineux ou crépusculaires où se reflétaient de l’un à l’autre les splendeurs empruntées à des soleils ; leurs évolutions dans des orbites tracées par le doigt divin ; leur apparition à l’œil de l’astronomie, comme si le ciel les avait enfantés pendant la nuit et comme s’il y avait aussi là-haut des fécondités de sexes entre les astres et des enfantements de mondes ; leur disparition après des siècles, comme si la mort atteignait également là-haut ; le vide que ces globes disparus comme une lettre de l’alphabet laissent dans la page des cieux ; la vie sous d’autres formes que celles qui nous sont connues, et avec d’autres organes que les nôtres, animant vraisemblablement ces géants de flamme ; l’intelligence et l’amour, apparemment proportionnés à leur masse et à leur importance dans l’espace, leur imprimant sans doute une destination morale en harmonie avec leur nature ; le monde intellectuel aussi intelligible à l’esprit que le monde de la matière est visible aux yeux ; la sainteté de cette âme, parcelle détachée de l’essence divine pour lui renvoyer l’admiration et l’amour de chaque atome créé ; la hiérarchie de ces âmes traversant des régions ténébreuses d’abord, puis les demi-jours, puis les splendeurs, puis les éblouissements des vérités, ces soleils de l’esprit ; ces âmes montant et descendant d’échelons en échelons sans base et sans fin, subissant avec mérite ou avec déchéance des milliers d’épreuves morales dans des pérégrinations de siècles et dans des transformations d’existences sans nombre, enfers, purgatoires, paradis symbolique de la Divine Comédie des terres et des cieux ; Tout cela, dis-je, m’apparut, en une ou deux heures d’hallucination contemplative, avec autant de clarté et de palpabilité qu’il y en avait sur les échelons flamboyants de l’échelle de Jacob dans son rêve, ou qu’il y en eut pour le Dante au jour et à l’heure où, sur un sommet de l’Apennin, il écrivit le premier vers fameux de son œuvre : Nel mezzo del cammin di nostra vita , et où son esprit entra dans la forêt obscure pour en ressortir par la porte lumineuse. […] Entré dans la diplomatie française sous les derniers ministères de Louis XVI, il y était resté sous la Convention, sous le Directoire, sous le Consulat, sous l’Empire, jusqu’au jour où il n’y eut plus d’autre diplomate à Rome que le général Miollis, homme de même moelle et de mêmes os antiques que M.  […] Dante le comprit, et, franchissant les limites de l’espace et du temps pour entrer dans le triple royaume dont la mort ouvre les portes, il plaça de prime abord la scène de son poème dans l’infini.

962. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

« Quand tu auras entendu ses hurlements désespérés et traversé ensuite le séjour où ceux qui brûlent sont encore heureux parce qu’ils espèrent », lui dit-il, « une âme plus digne que moi d’entrer dans le ciel te guidera, parce que le Dieu qui gouverne là-haut ne veut pas que je pénètre dans son empire. » Dante le remercie de vouloir bien le conduire à la porte de saint Pierre (allusion au paradis ouvert ou fermé, selon les croyances catholiques, par cet apôtre), et il suit son guide. […] « Vous qui entrez, laissez à jamais toute espérance !  […] M. de Chateaubriand lui-même, dans son poème chrétien des Martyrs, cite l’autorité des Pères de l’Église pour expliquer en ce sens l’éternité des peines et pour effacer de la porte de l’enfer ce vers infernal du Dante : Abandonnez toute espérance, vous qui entrez ! […]entrent avec le coupable le crépuscule de la félicité future, l’espérance, le repentir, la prière, non seulement la prière de celui qui expie, mais la prière des compagnons qu’il a laissés sur la terre, et dont l’amitié, prolongée au-delà du tombeau, le suit d’un monde à l’autre et paye par ses vœux et par ses pénitences la rançon de son âme.

963. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Mal entré dans le xvie  siècle par la brèche de la Saint-Barthélemy, il devait remonter vers l’origine du mal et pénétrer dans ses sources mêmes une phase d’histoire dont on peut dire qu’il l’a possédée à la fin, tant il l’a bien comprise ! […] C’est un savant relevé d’un artiste, qui, pour la première fois peut-être, a fait entrer un agrément prodigieux dans les matières les plus hautes sans les abaisser jamais et sans nuire à leur solidité. […] Dans cette vie de sa pensée que nous écrivons à larges traits, parce qu’il n’eut presque pas d’autre vie que celle de l’esprit, de la méditation, de l’étude assise ou voyageuse, nous n’avons pas à entrer dans l’examen détaillé et minutieux de ses ouvrages ; mais nous pouvons dire sous la forme la plus générale que, quand il a failli, ce fut par le fait de la double bonté de son imagination et de son cœur. […] S’il avait continué et poussé dans cette voie, il eût pu, les visites aidant, entrer comme un autre à l’Académie française ; mais il aima mieux produire dix volumes de travaux immenses, où le talent égale l’abondance des notions.

964. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

» C’est le même sentiment qui, au début du règne misérable et antipatriotique de Charles VI, lui fera dire : « Comme j’étais près d’entrer dans ce long et pénible règne, deux choses ont pensé m’en détourner : l’horreur que j’ai de repasser sur tant de massacres, de ruines et de désolations, et la peine incroyable qu’il y a à démêler tant d’affaires si embrouillées, etc. » Ces parties ingénues et naturelles plaisent chez Mézeray, en attendant qu’on en vienne avec lui aux parties étudiées et fortes. […] Il sait y faire entrer les circonstances qui parlent et qui animent un récit : « Quand il allait par les champs, dit-il de Louis XII, les bonnes gens accouraient de plusieurs journées pour le voir, lui jonchant les chemins de fleurs et de feuillages, et, comme si c’eût été un Dieu visible, essayaient de faire toucher leurs mouchoirs à sa monture pour les garder comme de précieuses reliques. » J’essaie, en ramassant tous ces exemples, de donner l’idée et le sentiment du genre de mérite et de charme que je trouve au style ou plutôt à la langue et à la touche éparse de Mézeray ; il me reste à insister sur ses parties sérieuses d’historien, et aussi à traiter des originalités ou bizarreries de l’homme.

965. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Ira-t-il les discuter, les examiner en eux-mêmes, entrer dans le fond des preuves ? […] Il est possible qu’à ce moment où il entrait dans la célébrité, il ait commis quelque imprudence de ce genre, et les railleurs à l’affût, ne pouvant ôter à sa parole puissante de son onction et de son charme, essayèrent de lui ôter de son autorité.

966. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Vers les neuf heures du soir, on entrait dans son cabinet : on trouvait cette princesse assise à une grande table et entourée de papiers : il y avait une table d’hombre auprès de la sienne, où jouaient ordinairement Mme la maréchale de Clérambault et d’autres dames de la maison de cette princesse. […] La table sur laquelle elle écrivait d’habitude était un bureau un peu exhaussé, de telle sorte que, sans se déranger, elle pouvait, dans les moments de pause, suivre le jeu d’un des joueurs à l’une ou à l’autre des tables qui étaient de chaque côté : C’était là son occupation lorsqu’elle n’écrivait point ; mais, aussitôt que quelqu’un entrait et s’approchait d’elle pour la saluer, elle quittait tout pour demander : Quelle nouvelle ?

967. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Je ne viens pas concourir comme bien l’on pense, ni anticiper non plus sur un jugement dans lequel j’entrerai très peu : je ne veux que rendre à ma manière, et comme quelqu’un du dehors, l’impression qu’a faite sur moi la lecture de Froissart, la rejoindre et la comparer à cette autre impression que m’ont produite les mémoires de Joinville. […] Je n’y change toujours et n’y rajeunis çà et là que quelques mots : À la requête, contemplation et plaisance de très haut et noble prince, mon très cher seigneur et maître Gui de Châtillon, comte de Blois, sire d’Avesnes, de Chimay, etc., je, Jean Froissart, prêtre et chapelain de mon très cher seigneur susnommé, et pour lors trésorier et chanoine de Chimay et de Lille en Flandre, me suis de nouveau réveillé et entré dedans ma forge, pour ouvrer et forger en la haute et noble matière de laquelle dès longtemps je me suis occupé, laquelle traite et propose les faits et les événements des guerres de France et d’Angleterre, et de tous leurs conjoints et leurs adhérents… Or, considérez, entre vous qui me lisez, ou lirez, ou avez lu, ou entendrez lire, comment je puis avoir su ni rassemblé tant de faits desquels je traite avec tant de détail.

968. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Elle lui opposait une autorité, selon elle, convaincante, celle du délicat et très dédaigneux Alcibiade, qui n’aimait rien que le neuf et qui ne pouvait souffrir d’entendre la même chose deux fois : Cependant cet homme, si ennemi des répétitions, disait-elle, aimait et estimait si fort Homère, qu’un jour, étant entré dans l’école d’un rhéteur, il lui demanda qu’il lui lût quelque partie d’Homère ; et le rhéteur lui ayant répondu qu’il n’avait rien de ce poète, Alcibiade lui donna un grand soufflet. […] Au même moment, d’autres champions de tout caractère et de taille diverse entraient en scène, et la mêlée devint générale : il y avait la vraie jeunesse du temps, les malins et les espiègles armés à la légère, comme l’abbé de Pons, comme Marivaux ; il y avait ceux qui ne riaient pas et les esprits rectilignes comme l’abbé Terrasson, membre de l’Académie des sciences.

969. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Il fallait que le duc de Bourgogne eût été bien maté et dompté dans sa nature première pour ne pas regimber contre de tels avis, qui entraient plus avant que l’épiderme et qui piquaient jusqu’au cœur. […] Il voudrait le voir s’émanciper enfin, ne plus être soumis toujours ni docile à l’excès et subordonné ; il l’excite à prendre sur lui et à user de toute l’étendue des pouvoirs qu’il a en main, pour le bien du service : « Un prince sérieux, accoutumé à l’application, qui s’est donné à la vertu depuis longtemps, et qui achève sa troisième campagne à l’âge de vingt-sept ans commencés, ne peut être regardé comme étant trop jeune pour décider. » Le duc de Bourgogne lui répond avec calme, avec douceur, peut-être même avec raison sur certains détails, mais sans entrer dans l’esprit du conseil qui lui est donné ; et, quand il a tout expliqué et froidement, un scrupule d’un autre genre le prend, et il dit à Fénelon dans une espèce de post-scriptum : « Je me sers de cette occasion pour vous demander si vous ne croyez pas qu’il soit absolument mal de loger dans une abbaye de filles : c’est le cas où je me trouve.

970. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !) […] Il le montre lorsqu’il en vient aux oiseaux, obligé d’entrer décidément dans les voies de la méthode, à laquelle il avait résisté tant qu’il avait pu.

971. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

On avait pour moi de l’affection et des bontés touchantes ; ma douleur intéressa, et je réussis à ramener le calme. » Aussi, lorsque le lundi 25 mai, après un mois de séance et de secrétariat à l’Archevêché, Bailly se rendit dans la salle des États généraux à Versailles avec les autres députés de Paris, il sentit qu’il changeait de milieu et comme de climat : J’entrai dans cette salle avec un sentiment de respect et de vénération pour cette nation que je voyais réunie et assemblée pour la première fois ; j’éprouvai peut-être un sentiment de peine de m’y sentir étranger et inconnu. […] Il ne lui était pas donné de se perdre à volonté ni de se faire oublier ; il était à peine entré à l’assemblée des États généraux, que, dans l’embarras de nommer un doyen ou président, on l’élut au moment où il y songeait le moins : On n’imaginera pas facilement, dit-il, à quel point je fus affligé et atterré de cette nouvelle.

972. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Après avoir essayé d’entrer dans le commerce, Léopold Robert revint dans sa famille et s’y fit remarquer par un goût instinctif pour la gravure, genre dans lequel s’est illustré plus d’un de ses compatriotes de La Chaux-de-Fonds. […] Il remarquait que les sujets de conversation en Italie entre gens du Nord se ressentaient de cette disposition, dans laquelle les Italiens, au contraire, entraient assez peu : Les Italiens, disait-il, ne les conçoivent pas (ces sujets d’entretiens) ; ils sont bien éloignés d’y prendre part avec quelque plaisir.

973. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Louis XIV, à cette époque, et dût sa santé ensuite se rétablir, est donc entré décidément dans cette seconde et dernière moitié de la vie, et il ne serait pas juste de prétendre juger uniquement par là de ce qu’il a pu être dans la première. […] Le roi l’a fait entrer chez Mme de Maintenon, où il lui a fait rendre compte du siège de Mayence ; il paraît que le roi est content du compte qu’il lui a rendu. » Le baron d’Asfeld se défend avec bien plus d’opiniâtreté et avec gloire dans Bonn, qu’il finit par rendre également.

974. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Né en 1613, entré dans le monde à seize ans, toute sa première jeunesse se passe sous Louis XIII ; c’est là qu’il est chevaleresque et romanesque, c’est là qu’il est dévoué, c’est là que son ambition première et généreuse se déguise à elle-même en pur amour, en sacrifice pour la reine persécutée, et se prodigue en mille beaux actes imprudents que Richelieu sut rabattre sans les trop punir. […] Bien loin de les contredire et de les interrompre, on doit, au contraire, entrer dans leur esprit et dans leur goût, montrer qu’on les entend, louer ce qu’ils disent autant qu’il mérite d’être loué, et faire voir que c’est plutôt par choix qu’on les loue que par complaisance.

975. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Santeul, qui entrait tête baissée dans la plaisanterie. […] Après ce repas, je fus au logis du roi, où ayant rencontré M. le procureur général, j’entrai avec lui dans la chambre de M. le duc, à qui j’ai eu l’honneur de parler plus d’une fois.

976. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Mais il est pourtant de certaines notions qui, une fois établies et remises en circulation, ne se perdent plus, et qui entrent, bon gré mal gré, dans les jugements mêmes qui aimeraient à n’en pas tenir compte. […] Chacun alors prenait donc l’initiation où il le pouvait ; l’un entrait dans le sentiment de la haute poésie par Byron, l’autre par Shakespeare, un autre de préférence par Dante ; on saisissait un point, et l’on devinait le reste : tout cela se rejoignait dans une noble fièvre et une émulation commune.

977. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Voiture. Lettres et poésies, nouvelle édition revue, augmentée et annotée par M. Ubicini. 2 vol. in-18 (Paris, Charpentier). » pp. 192-209

Malgré l’amitié de M. d’Avaux, son ancien condisciple, avec qui il avait renoué un commerce familier, il ne brillait encore que dans les cercles bourgeois, lorsque M. de Chaudebonne, l’ayant un jour rencontré dans une maison, lui dit : « Monsieur, vous êtes un trop galant homme pour demeurer dans la bourgeoisie ; il faut que je vous en tire. » Par lui Voiture fut présenté chez la marquise de Rambouillet, l’oracle du mérite et de la politesse, et dès ce moment il entra dans sa vraie sphère ; il n’eût plus qu’à suivre sa vocation, qui était d’être le bel esprit à la mode dans une société d’élite. […] Entre Balzac et lui je n’ai fait qu’effleurer le parallèle ; il est curieux d’y mieux entrer : c’est un chapitre à part et qui mérite d’être traité en soi.

978. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Sénecé ou un poète agréable. » pp. 280-297

Je m’explique : quoique venant à une date déjà avancée du siècle, et de manière à avoir vingt ans lorsque Racine et Boileau faisaient leur glorieux début, il n’en reçut point l’influence directe, précise et comme soudaine ; il ne rompit point avec le goût antérieur, il ne s’aperçut point qu’un goût nouveau, ou plutôt qu’une réforme neuve et en accord avec le vrai goût ancien, s’inaugurait, et qu’on entrait décidément dans une grande et florissante époque qui tranchait par bien des caractères avec la précédente. Lorsqu’on descend le Rhône de Lyon à Avignon, il y a un moment, aux environs de Valence, où le ciel change ; l’azur est plus bleu, l’air plus limpide et plus transparent, les horizons se détachent en contours plus harmonieux : on est entré dans le pur Midi, dans la zone lumineuse.

979. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Dans sa ferveur de légitimité, il insulte à Guillaume III, sans daigner entrer dans la profondeur et la réalité de ce grand personnage ; mais ce qui était permis à un honnête homme étroit comme Arnauld, ou à un génie essentiellement oratoire comme Bossuet, ne l’était pas à un sage comme La Bruyère. […] Boileau céda la place à M. de Caumartin, après lequel il entra aussi dans la Compagnie, et ensuite M. 

980. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Le Poëme des champs par M. Calemard de Lafayette. »

Qu’on lise le Vœu suprême dans lequel le poëte désire entrer en son éternité, fut-ce par le fer, par la sensation aiguë du glaive, mais surtout cette Apostrophe aux Morts, à la paix desquels il aspire. […] Voulez-vous avoir plus d’accès dans les cœurs et y entrer plus sûrement : poëte, ménagez le cri.

981. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Weiss, et je n’y serais entré que pour y trouver déjà, en son lieu et à son poste, M.  […] Saint-Évremond, l’épicurien à l’âme ferme, avait appris à ce jeu où il semble n’être entré que pour mieux voir, à connaître de près le caractère des grands personnages de l’histoire et à deviner, presque en homme pratique, le génie des anciens peuples.

982. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Mémoire de Foucault. Intendant sous Louis XIV »

Foucault à pied y entra en tête de l’avant-garde. […] A ces odieux, procédés, il mêle parfois des airs d’honnête homme, des semblants de sentiment ; il joue le bon apôtre : « Le sieur d’Audrehon, ministre de Lembeye, m’étant venu voir ; me dit qu’il sentait de grands mouvements dans son cœur pour embrasser la religion catholique ; mais qu’il avait encore besoin d’un, mois pour prendre sa résolution ; sur quoi, l’ayant fait entrer dans la chapelle du château de Pau, où M. l’évêque d’Oléron recevait l’abjuration d’un ancien avocat de Pau et où il y avait beaucoup de monde, je lui demandai s’il ne sentait rien dans son cœur qui le sollicitât, à la vue de son véritable pasteur, de s’aller jeter entre ses bras.

983. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Pour revenir à des enfantillages bien innocents, mais indignes d’un pinceau sévère comme celui de l’auteur de Salammbô, je ne sais qui l’on prétend mystifier quand on nous parle sans rire de ce « lait de chienne » qui entre comme ingrédient dans un cataplasme d’Hannon, ou de ces « pattes de mouches écrasées » qui entrent dans un cosmétique de la jeune fille, et de tant d’autres singularités pareilles. […] La lecture d’un roman-poème doit-elle produire sur nous le même effet que si l’on entrait dans un bataillon hérissé de piques ?

984. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Les troupes du maréchal d’Humières y entrèrent ; mais, pour cela, fit-on évacuer Dinant ? […] La foudre, pour être tombée sans bruit et sans éclair, n’en parut que plus prodigieuse. « Tout le monde, écrivait-on de Wurizbourg quelques jours après au baron de Montclar, ne peut revenir de la consternation où l’on est de ce que les Français ont pris Strasbourg sans tirer un seul coup ; et tout le monde dit que c’est une roue du chariot sur lequel on doit entrer dans l’Empire, et que la porte de l’Alsace est fermée présentement. » Cette roue de chariot peut paraître un peu hardie et hasardée : mais ce qui est certain, c’est que la porte, hier encore ouverte sur la terre française, se fermait pour ne se rouvrir désormais que dans le sens opposé.

985. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid. »

Goethe, comme toujours, était plus juste, et, le seul peut-être de son pays, il s’est occupé de Corneille avec une sympathie intelligente et en voulant bien entrer dans son génie. […] Les Anglais, plus faits pour nous comprendre, et qui entrent mieux dans l’esprit de détail de notre littérature, sont loin pourtant d’accepter tous nos jugements : l’un des plus bienveillants et des plus judicieux, Hallam, parlant très-pertinemment et avec beaucoup d’équité de Corneille, ne le place pas dans le premier ordre des génies.

986. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens. par M. Le Play, conseiller d’État. (Suite et fin.) »

Cet usage met toute la maison à l’aise : il dispense les parents d’autorité, et les enfants de respect. » Toutes ces pensées dont on voit l’originalité morose et dans lesquelles il entrait une part de vérité, avaient l’inconvénient toutefois de ne comprendre qu’un seul côté de la question, le côté qui regarde le passé, de ne tenir aucun compte des changements survenus, de l’émancipation des intelligences, du libre développement de l’individu, des progrès des villes, de ceux de l’industrie, des rapports multipliés avec l’étranger. […] Il faudrait le prendre chapitre par chapitre et entrer en discussion avec l’auteur.

987. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

. — Sont venus ensuite les Girondins, et j’appelle ainsi tous les hommes du second moment, ceux d’après la fuite de Varennes, la plupart provinciaux, s’échauffant et s’enflammant à mEsure que les premiers se refroidissaient, et qui sont entrés dans l’arène politique avec des pensées républicaines honnêtes, avec la conviction arrêtée de l’incompatibilité de Louis xvi et de la Révolution, apportant d’ailleurs dans la discussion et la conduite des affaires plus d’ardeur et de générosité ou d’utopie que de réflexion et de prudence, depuis Brissot, Roland et sa noble femme, jusqu’à Condorcet. — Puis les Montagnards : ceux-ci violents, exaspérés, partant d’un principe extrême, s’inspirant d’une passion outrée, mais bon nombre également sincères, patriotes, d’une intégrité exemplaire, ne songeant dans l’établissement de leur terrible dictature temporaire qu’à la défense du territoire et au salut de la Révolution : Carnot, Cambon, Robert Lindet, Jean-Bon Saint-André, d’autres moins en vue comme Levasseur, Baudot… Pour les juger avec équité, il faut faire la part du feu, la part de la fièvre, et sacrifier sans doute beaucoup des idées applicables aux temps ordinaires ; mais, historiquement, à leur égard, ce n’est que justice. — Puis, la Terreur passée, il y a eu les hommes fermes, modérés, honorables, qui ont essayé de fonder l’ordre et le régime républicain en dépit des réactions, les hommes de l’an iii, Thibaudeau, Daunou, La Revellière-Lépeaux… — Je compterai ensuite une autre génération d’hommes politiques, ceux de 1797, de la veille de Fructidor, très honnêtes gens d’intention, un peu prématurés d’action et d’initiative, qui voulaient bien peut-être du régime légalement institué, mais qui le voulaient avec une justice de plus en plus étendue et sans les lois d’exception : les Barbé-Marbois, les Portalis, les Camille Jordan. — Enfin il y eut, à la dernière heure du Directoire, les hommes qui en étaient las avec toute la France, qui avaient soif d’en sortir et qui entrèrent avec patriotisme dans la pensée et l’accomplissement du 18 brumaire : Rœderer, Volney, Cabanis… Je crois que je n’ai rien omis, que tous les moments essentiels de la Révolution sont représentés, et que chacun de ces principaux courants d’opinion vient, en effet, livrer à son tour au jugement de l’histoire des chefs de file en renom, des hommes sui generis qui ont le droit d’être jugés selon leurs convictions, selon leur formule, et eu égard aux graves et périlleuses circonstances où ils intervinrent.

988. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

M. de Talleyrand cependant s’est remué, il a intrigué, il a plu à Barras ; il est entré, par lui, dans le gouvernement. […] Pour combien y entra-t-il par le conseil, et quant au fond même, et dans le mode d’exécution ?

989. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Chacun aurait ses réserves pour de certains apanages propres et auxquels on tient chèrement tout bas ; mais on entrerait en communauté et en concert sur bien des points de critique positive et de travaux qui s’appuieraient. […] On aurait à citer encore quelques noms de poëtes, de romanciers, de critiques ; mais ce serait entrer dans le détail, et un coup d’œil d’ensemble (ce qui est singulier à dire) ne fournit guère rien que cela.

990. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Une fois entré dans l’érudition, il a dû redoubler ce soin rigoureux ; célèbre dans le roman et dans le conte, il fallait avant tout, qu’on ne pût jamais l’accuser de confondre les genres. […] Au moment où cette belle jeune femme au regard sombre emmène avec elle son frère à cheval, fusil sur l’épaule, et sourit d’une joie maligne, on est comme miss Nevil, et un frisson vous prend : il semble qu’Orso soit ressaisi par la voix fanatique du sang, et qu’il entré sous l’influence barbare.

991. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Un chanoine de Soissons lui ayant prêté un jour quelques livres de piété, le jeune La Fontaine se crut du penchant pour l’état ecclésiastique, et entra au séminaire. […] Jeté jeune et sans éducation régulière au milieu d’une littérature compassée et d’une poésie sans âme, il a dû hésiter longtemps, s’essayer en secret, se décourager maintes fois et se reprendre, tenter du nouveau dans bien des voies, et, en un mot, brûler bien des vers avant d’entrer en plein dans le genre unique que les circonstances ouvrirent à son cœur de citoyen.

992. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Royer-Collard, « sur cette tombe qui semble avoir voulu se dérober à nos hommages » ; puis il est entré dans son sujet. […] Joubert adressait ces lettres si fructueuses et si intimes, un esprit poli et sensé qui, dans sa tendre jeunesse, parut grave avant d’entrer aux affaires, et qui toujours se retrouve gracieux et délicat en en sortant.

993. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

Il y a ainsi toute une partie de la Chanson des Gueux où nous entrons sans effort et même avec un singulier plaisir, tout simplement à cause de l’instinct de rébellion qui est en nous, tout au fond — depuis le péché originel, dirait un théologien. […] Le poète affecte d’entrer dans leur peau, qui est une sale peau, et parle leur argot, qui est une langue infâme, dont les mots puent et grimacent, dont les syllabes ont des traînements gras et font des bruits de gargouille.

994. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Ces lectures, dans lesquelles devait entrer le moins de critique possible, le strict nécessaire seulement en fait de commentaires, et où l’on devait surtout éviter de paraître professer, avaient pour objet de répandre le goût des choses de l’esprit, de faire connaître par extraits les chefs-d’œuvre de notre littérature, et d’instruire insensiblement les auditeurs en les amusant. […] C’est à ce prix seulement qu’on se montrera tout à fait digne de les aimer en elles-mêmes et de les comprendre ; car c’est le seul moyen de les sauver désormais et d’en assurer à quelque degré la tradition, que d’y faire entrer plus ou moins chacun et de les placer sous la sauvegarde universelle.

995. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Sans essayer d’entrer dans un éclaircissement impossible à cette distance, il est à remarquer seulement que si Chaulieu eut des torts, il les partagea tout à fait avec le grand prieur, et que ce dernier et lui furent de concert, faut-il dire de complicité ? […] Le marquis de La Fare, né en 1644, c’est-à-dire plus jeune que Chaulieu de cinq ans, était entré de bonne heure au service ; il y avait débuté avec toutes sortes d’avantages : Ma figure, qui n’était pas déplaisante, dit-il, quoique je ne fusse pas du premier ordre des gens bien faits, mes manières, mon humeur, et mon esprit qui était doux, faisaient un tout qui plaisait assez au monde, et peu de gens, en y entrant, ont été mieux reçus… Voilà comment les honnêtes gens autrefois s’exprimaient en parlant d’eux-mêmes, sans se trop glorifier et sans se déprécier non plus, ce qui est une autre forme de vanité.

996. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

On voit qu’elle ne sortait d’un déguisement que pour entrer dans un autre, et que la nature en elle était toujours masquée et travestie. […] Il n’a pas assez de louanges pour célébrer les petites pièces du théâtre de société ou d’éducation que Mme de Genlis composait à cette époque et faisait jouer à ses propres filles : c’étaient de petites comédies morales où il n’entrait jamais ni rôle d’homme, ni intrigue d’amour.

997. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Droz. » pp. 165-184

Il racontait souvent avec énergie l’impression qu’il reçut de l’état de terreur qui pesait alors sur la grande cité : « Cet état de prostration et de stupeur était tel (c’est lui qui parle), que si l’on avait dit à un condamné : Tu iras dans ta maison et là tu attendras que la charrette passe demain matin pour y monter, il serait allé et il y serait monté. » Ce qui n’est pas moins remarquable chez quelqu’un qui avait senti à ce degré l’horreur des crimes, il ne fut point dégoûté de la liberté ; il n’entra point, au sortir de là, dans la crainte et l’aversion des progrès modérés et des lumières. […] Droz y entra en 1824, le dernier de la réunion et non certes le moins digne.

998. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il sort bientôt du cercle étroit que lui prescrit le dogme, pour entrer dans les régions immenses que lui ouvre l’opinion. » Le jeune homme, nourri dans la tradition et dans la pratique religieuse, paraît préoccupé des querelles et des dissensions théologiques qui agitaient encore à ce moment plusieurs classes de la société : « Un enthousiaste, dit-il spirituellement, ne cherche point dans les ouvrages divins ce qu’il faut croire, mais ce qu’il croit ; il n’y démêle point ce qui s’y trouve, mais ce qu’il y cherche… Les livres sacrés sont comme un pays où les hommes de tous les partis vont comme au pillage, où ils s’attaquent souvent avec les mêmes armes et livrent bien des combats d’où tous croient sortir également victorieux69. » On devine, à la manière dont il parle du « judicieux abbé Fleury », qu’il n’est disposé à donner dans aucun extrême en fait de doctrine ecclésiastique, de même qu’on le trouve très en garde contre les écrits de Rousseau. […] Portalis, en entrant dans les Conseils avec Siméon, dont il avait épousé la sœur, vit tout d’abord Thibaudeau, qui s’était honoré dans les derniers temps de la Convention par sa résistance aux mesures exceptionnelles et révolutionnaires trop prolongées : « Nous vous prenons pour chef de file, lui dirent-ils, nous voulons marcher sur votre ligne. » Cette ligne était celle aussi qui aurait fait marcher la Constitution sans violence, sans infraction aux lois, et en y faisant entrer le plus possible les idées de régularité et de justice.

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