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177. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

Ces deux villes sont, certes, l’une bien italienne, l’autre bien française, mais elles sont aussi internationales. […] La ville, ravagée par la peste, avait eu à lutter contre Charles IV, contre Jean-Galéas Visconti. […] L’évêque et lui s’agenouillent devant l’autel de Marie, à laquelle le magistrat déclare consacrer la ville. […] Il était juste que la statue de ce vainqueur de la Marne fût dressée dans la ville où repose le cœur de Condé. […] Or les Borghèse résidaient précisément en cette ville à l’époque de la confirmation du jeune Scipion.

178. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

Le matin d’une des chaudes journées du mois de juin 18**, je partis seul et à pied de la petite ville pastorale et batelière de Neuchâtel en Suisse, pour gravir le mont Jura. […] On voit à distance un grand village, maintenant une élégante et populeuse petite ville, née en trente ans de la nature pastorale et de l’industrie. […] Ce groupe de maisons, c’était la Chaux-de-Fonds, la ville où Léopold Robert était né. […] La Providence lui devait un patron ; il l’avait cherché dans le roi de Prusse, alors souverain de Neuchâtel ; il le trouva, plus près de lui, dans un généreux et riche habitant de cette ville, M.  […] La petite ville de Sonnino, au pied des Abruzzes, était peuplée presque tout entière de cette race héroïque et belle de brigands romains.

179. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VII, seconde guerre médique. »

Sa faim dévastait les champs et mangeait les villes ; la terre semblait se rétrécir sous les dents du monstre, à chaque pas qu’il faisait. […] La seule ville de Thasos dépensa quatre mille talents — plus de trois millions d’aujourd’hui — à rassasier cet hôte dévorant. […] Phœbus avait tenu sa promesse, sa ville et son temple étaient délivrés. […] L’hospitalité de cette dernière ville fut celle d’une famille accueillant des frères en détresse. […] Là, le combat se changea en siège : mais la pesante Sparte ne savait et ne sut jamais prendre ni villes ni redoutes.

180. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

N’est-ce pas lui qui dans son poème de Psyché, dans cet hymne à la Volupté, c’est-à-dire à la Plaisance, comme dirait Froissart, nous a confessé ses goûts divers : J’aime le jeu, l’amour, les livres, la musique, La ville et la campagne, enfin tout : il n’est rien         Qui ne me soit souverain bien, Jusqu’aux sombres plaisirs d’un cœur mélancolique. […] Chaque ville, chaque vieux château, chaque pan de mur qu’ils rencontrent, est une occasion nouvelle de souvenir et de vive narration : — « Messire Jean, voyez-vous ce mur qui est là ?  […] » — « Je le dis, répond le chevalier, pour que vous voyiez bien qu’il est plus neuf que les autres. » — « C’est vrai », répondis-je. — « Or, dit-il, je vous conterai la chose et comment, il y a dix ans, cela arriva. » Et suit une histoire singulière de siège et de brèche faite à la muraille de cette ville de Cazères qu’ils traversaient en ce moment. […] ci vous ne les perdrez pas, car toutes seront mises en mémoire, en récit et chronique dans l’histoire que je poursuis, si Dieu m’accorde que je puisse retourner sain et sauf dans la comté de Hainaut et en la ville de Valenciennes dont je suis natif. […] Combien cela semble plus vrai encore lorsque l’on parcourt un de ces beaux Froissart manuscrits comme en possède notre grande Bibliothèque et comme l’Angleterre en a sans doute aussi, tout ornés de vignettes du temps, admirablement coloriées, d’une vivacité et d’une minutie naïve qui commente à chaque page le texte et le fait parler aux yeux, avec une entière et fidèle représentation des villes et châteaux, des cérémonies, des sièges, des combats sur terre et sur mer, des costumes, vêtements et armures !

181. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Ce sont deux frères (comme le titre l’indique) : l’un, Micion, qui est célibataire et habite la ville, — toujours Athènes ; l’autre, Déméa, marié et père, qui habite les champs. Cet homme des champs a deux fils dont il a donné l’un à l’oncle de la ville, qui l’a adopté et qui l’élève à sa manière, c’est-à-dire fort doucement et en lui laissant la bride sur le cou, il a gardé l’autre avec lui et l’a de tout temps tenu fort sévèrement : il l’a élevé à la Caton. […] Micion, l’homme de la ville, à l’ouverture de la pièce, est dans une inquiétude mortelle. […] Je crois qu’il est mieux de retenir ses enfants par un sentiment de pudeur et d’honneur que par la crainte… » On voit d’ici quel est le système de Micion, système bien connu et des plus relâchés : celui de Déméa est précisément le contraire ; aussi les deux frères sont-ils habituellement en querelle ouverte, et le frère de champs arrive souvent chez celui de la ville en s’écriant : « Que faites-vous, Micion ? […] Micion tout à l’heure était troublé de l’absence d’Eschine ; Déméa vient lui apprendre tout ce que le libertin a commis d’excès cette nuit même, et dont toute la ville est indignée.

182. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Ils sont légion : Retz et la Rochefoucauld, deux adversaires politiques, deux rivaux de gloire littéraire ; Scarron, Molière, Boileau, trois maîtres, à des degrés divers, du comique et de la satire ; Mme de Sévigné, la reine du style épistolaire ; Cyrano de Bergerac, malgré son nom de ; consonance gasconne ; Bachaumont et son ami Chapelle, le bon buveur, qui doit son surnom au village de la Chapelle, devenu aujourd’hui un faubourg de Paris agrandi ; Patru, Chapelain, Conrart, les petits grands hommes de l’Académie naissante ; d’Aubignac, un auteur de pièces sifflées qui se venge en se faisant le législateur du Parnasse ; le galant abbé Cotin, ce martyr de la critique littéraire, d’autres encore, sans compter les peintres Lesueur et Lebrun, attestent la fécondité alors décuplée de la grande ville. […] Si l’on me demandait la ville qui parlait le plus à l’imagination de nos romantiques, je serais embarrassé : car il y eut, aux entours de 1830, une orgie d’exotisme. […] Pour la France, ainsi que pour la plupart des pays d’Europe, le défrichement du pays, la multiplication des villages et des villes ont par une progression continue rendu possible une littérature élégante et polie dont le moyen âge n’a pu connaître les raffinements que par exception. […] On peut suivre l’effet de ces excitations sur une femme claquemurée dans la banalité d’une petite ville de province, dans l’uniformité d’une vie casanière : Mme Bovary rêve de voitures qui l’emportent, au galop de quatre chevaux, vers de vagues pays à noms sonores. « Dans des chaises de poste, sous des stores de soie bleue, on monte au pas des routes escarpées, écoutant la chanson du postillon qui se répète dans la montagne avec les clochettes des chèvres et le bruit sourd de la cascade. » Le rêve que raille le romancier, il le fait pour son propre compte, et il le réalisera en partie, quand il parcourra l’Egypte ou l’Espagne. […] Il ne serait pas inutile de considérer la densité de la population, sa distribution entre la campagne et la ville.

183. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

On est si près de la ville, qui s’étend au nord-ouest, que l’on peut y arriver en quelques minutes, et cependant, quand on regarde autour de soi, on ne voit s’élever dans les environs aucun édifice, aucun sommet de tour, pouvant rappeler le voisinage de la ville. […] Ces bruits ne sont pas désagréables ; ils nous remettent en mémoire que nous sommes près de notre ville, dont nous nous croyions éloignés de cent lieues. […] » Les nuages devenaient plus menaçants, on entendait un sourd tonnerre, quelques gouttes tombèrent, et Goethe pensa qu’il était sage de retourner à la ville. […] Que l’on aille dans nos grandes villes maritimes, on verra la cuisine et le service d’un grand négociant sur un meilleur pied que chez lui. […] Il n’y a pas si petite ville qui n’ait sa société d’archers.

184. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Dès 1833, on voit le jeune Gandar à Metz dans le pensionnat Laffitte, puis au collège de la ville ; il y fit toutes ses classes, y compris la rhétorique. […] — C’était prêcher un converti, car quel crève-cœur pour moi de renoncer au spectacle de cette ville unique au monde qu’on a nommée d’un nom pittoresque, la flotte de pierre ! […] Peu à peu la ville se montrait à nous avec ses formidables citadelles et ses jardins au bord de la mer ; à dix heures nous entrions au port. […] « Corfou n’est pas très frais, mais Corfou est charmant, je parle de l’île plutôt que de la ville, petite ville vénitienne et génoise sans caractère, qui ne serait rien par elle-même si elle n’avait pas la mer, son horizon, ses campagnes et son esplanade. […] Je sortirai très peu de la ville et ne songe pas dans mes promenades à dépasser Platée, Mycènes et Corinthe.

185. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLIXe Entretien. L’histoire, ou Hérodote »

Une nuit, il crut la voir en songe répandre une si grande quantité d’eau, que non-seulement elle inondait la ville où il faisait son séjour, mais qu’il lui sembla même que toute l’Asie en était couverte. […] Mais bientôt j’ai appris tout d’un homme de la maison, qui m’a accompagné jusqu’au dehors de la ville, et a remis l’enfant dans mes mains. […] Il fait ensuite prendre les armes à tous les habitants d’Ecbatane, jeunes et vieux, restés dans la ville, les mène contre les Perses, livre une bataille, la perd, et tombe vivant au pouvoir de l’ennemi : son armée y fut entièrement détruite. […] Ensuite, je suis allé jusqu’à Thèbes et à Héliopolis pour vérifier si les rapports que je recueillerais dans ces deux villes s’accorderaient avec ceux qui m’avaient été faits à Memphis. […] Dès que l’armée péonienne apprit que les villes étaient au pouvoir de l’ennemi, elle se dispersa ; chacun se retira chez soi, et tout le pays finit par se soumettre aux Perses.

186. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 234-238

Baudrand, [Michel-Antoine] Abbé, né à Paris en 1633, mort dans la même ville en 1700, connu par un mauvais Dictionnaire Géographique in-folio, qui n’a pas laissé d’être utile à ceux qui en ont composé de meilleurs. Bayle, [Pierre] Professeur de Philosophie à Sédan, puis à Rotterdam, né au Carlat, petite ville du Comté de Foix, en 1647, mort à Rotterdam en 1706 ; un des plus célebres Critiques du siecle dernier, & le plus subtil Dialecticien que nous connoissions.

187. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Combien de fois l’a-t-on mené à la ville, et mis en prison ? […] Sa maison était une des plus agréables de la ville. […] Le gouverneur l’avait envoyé hors de la ville. […] Il se rendit à la ville et passa la soirée chez les Kalitine. […] Il rentra en ville en traversant les rues endormies.

188. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

Pourquoi enfin Paris, ville si peu centrale, est-elle la capitale de la France ? […] Les grandes villes, enfin, sont des personnes morales, ayant un esprit propre. Je voudrais que toute grande ville de plus de cent mille âmes eût un élu dans la chambre haute ; Paris en aurait quatre ou cinq. […] Non seulement il faut que Paris renonce à ses attentats sur la représentation de la France ; Paris, étant constitué pas la résidence des autorités centrales à l’état de ville à part, ne peut avoir les droits d’une ville ordinaire. […] Le souverain ne doit pas trouver dans la ville où il réside une autre souveraineté que la sienne.

189. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 424-428

GOUDELIN, [Pierre] né à Toulouse, mort dans la même ville en 1649, âgé de 67 ans, célebre Poëte Gascon, dont les Ouvrages subsisteront tant qu’on parlera la Langue dans laquelle ils sont écrits, & qui serviront à la faire subsister elle-même. […] La ville de Toulouse, pleine d’admiration pour ses talens, & d’estime pour ses vertus, lui fit une pension pendant les vingt dernieres années de sa vie, &, lorsqu’il fut mort, plaça son buste dans le Capitole, à côté de celui du Poëte Maynard, son Compatriote.

190. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXVIII » pp. 113-116

« Rome est morte depuis quasi l’heure où Jugurtha a prononcé sur elle, en se retournant, l’anathème fameux : O ville vénale ! […] Ce n’est qu’une grande ville de province : il y a des gardiens pour les tombeaux.

191. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 17, de l’étenduë des climats plus propres aux arts et aux sciences que les autres. Des changemens qui surviennent dans ces climats » pp. 290-294

Memphis, ajoutera-t-on est plus près du soleil que Paris de dix-huit dégrez, et cependant les arts et les sciences ont fleuri dans ces deux villes. […] J’ai oüi dire à Monsieur Regis, célebre medecin d’Amsterdam, que depuis que l’usage des denrées dont je viens de parler, s’étoit introduit dans cette ville parmi les gens de toute condition, on n’y voïoit plus la vingtiéme partie des maladies scorbutiques qu’on y voïoit auparavant.

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