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1058. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Première partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère des idées religieuses » pp. 315-325

Ce simple pêcheur arrive tout seul dans la ville maîtresse du monde.

1059. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

 » Mais vous savez mieux que personne, madame, quelle singulière ville est Paris en fait d’opinions et de discussions. […] Ne voulant pas être confondu avec les nihilistes, je dois dire que la pensée de l’Enterrement est saisissante, claire pour tous, qu’elle est la représentation d’un enterrement dans une petite ville, et qu’elle reproduit cependant les enterrements de toutes les petites villes. […] Les souffrances de M. le professeur Delteil ont dû émouvoir le conseil municipal de la ville de Laon. […] Il ne restera plus qu’à développer l’intention d’après un système plus exact, en englobant aussi de la même manière toutes les classes subalternes de la société, dont les arts ne s’étaient pas plus occupés jusqu’à ce jour des paysans ; tout ce petit monde des villes et des bourgades qui, avec les paysans, représente au moins les trois quarts et demi de la population française ; tout ce petit monde si riche en types innombrables qu’il ne s’agit pas plus de créer, que les savants ne créent les objets de leurs découvertes ; si riche en types auxquels il n’y a qu’à attacher la ficelle pour les faire danser comme des pantins, en dégageant de leurs cabrioles soit la moralité discrète, soit l’éclat de rire qui console et fortifie, et alors seulement vous pourrez vous vanter d’avoir réalisé la grande synthèse artistique du monde moderne. […] Quelle fête continuelle de ville en ville c’eut été qu’un pareil voyage, et quel beau titre de plus à la reconnaissance de la postérité.

1060. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Voir sa ville brûlée et tous ses enfants morts Est un malheur possible, et l’aïeul solitaire Tremble et pleure de s’être attardé sur la terre. […] Partout ils avaient ouvert des écoles primaires, des écoles secondaires pour répandre leur langue au détriment de la nôtre, établi des communautés religieuses qui exerçaient une incontestable influence sur l’opinion de là bourgeoisie et de l’aristocratie bureaucratique des villes. […] À ce point que le préfet de la ville, M. de Gresser, inquiet d’un mouvement populaire extraordinaire, téléphona à l’Empereur alors au palais de Péterhof : « Sire, la ville est en révolution par l’arrivée de ces marins français, je n’attends que les ordres de Votre Majesté pour tout faire rentrer dans l’ordre. » — « Cela va bien ainsi, répondit l’empereur, laissez-les continuer. » Tous nos navires étaient encombrés de fleurs, de présents, et il faut nous reporter à la réception qui fut faite à Toulon et à Paris aux marins russes pour avoir idée de celle qui accueillit les nôtres à Saint-Pétersbourg. […] J’ai combattu au Conseil municipal les essais de socialisme municipal, comme l’établissement de la Série des prix de la ville de Paris, en 1882 ; j’y ai fait rejeter, en 1884, la première proposition de subvention à des grèves qui s’y soit produite. […] L’auteur nous promène étapes par étapes d’abord dans des villages russes, dans de petites villes juives d’une rare propreté ; il cause avec tout le monde. — « Petit père, lui dit une vieille paysanne, j’ai déjà vu passer dans ce village des troupes sans nombre, dans ma jeunesse ! 

1061. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Ce fut probablement, nous dit-on, la petite ville de Saint-Paul qui lui donna naissance ; depuis nombre d’années, la famille des Parny a été connue à Bourbon pour habiter ce quartier, et il est à présumer que c’est de ce centre que, par la suite, elle a rayonné sur les divers autres quartiers de l’île, tels que Saint-Denis, Sainte-Marie, où se trouvent maintenant des personnes du même nom et de la même origine. « Dans un voyage que je fis à Saint-Paul, nous écrit un élégant et fidèle narrateur, j’allai visiter l’ancienne habitation du marquis de Parny, père du poëte ; elle appartient aujourd’hui à M. […] Adossée à la montagne du Bernica, cette propriété conserve encore un petit bois étagé sur les flancs de la montée, ses plates-formes en amphithéâtre, quelques restes de canaux et de petits jets d’eau, curiosités de l’époque ; elle domine fort agréablement la plaine dite de l’Étang, couverte de rizières et coupée d’irrigations ; ces filets d’irrigation, après avoir fait leurs tours et détours, se rejoignent en nappe étendue à l’entrée de la ville (du côté de la Possession), et vont se jeter à la mer, à une lieue et demie environ de la ravine du Bernica. […] — Le temps, la mode, et la ville et la Cour183. 

1062. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Joachim et la reine montèrent en voiture, parcoururent la ville et furent accueillis par d’enthousiastes acclamations ; le soir, au Grand-Théâtre, ils se montrèrent dans leur loge, accompagnés de l’ambassadeur extraordinaire d’Autriche, négociateur du traité, et du commandant des forces anglaises, et ne recueillirent pas de moins ardentes marques de sympathie. […] À la ville elle habitait une maison qui lui appartenait, rue d’Anjou, et qui représentait sa dot. […] « Vous savez bien, écrivait-il de cette ville, vous savez bien que vous êtes mon étoile et que ma destinée dépend de la vôtre ; si vous veniez à entrer dans votre tombeau de marbre blanc, il faudrait bien vite me creuser une fosse où je ne tarderais pas d’entrer à mon tour ; que ferais-je sur la terre ?

1063. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Quand les Médicis, ces Périclès héréditaires de la Toscane, qui inventent un nouveau mode de gouvernement, le gouvernement commercial, l’achat de la souveraineté par la banque, et la paix par la corruption coïntéressée des citoyens, rentrent de leur exil, rappelés par la reconnaissance, cet homme est tombé du pouvoir ; il est emprisonné par l’ingratitude de ceux qu’il a sauvés ; il a subi la torture ; il a été absous enfin de son génie, puis exilé, pauvre et chargé de famille, non pas hors de la patrie, mais hors de Florence ; on lui a enfin permis de repasser quelquefois les portes de la ville, mais il lui est interdit d’entrer jamais dans ce palais du gouvernement où il a tenu si longtemps dans ses mains la plume souveraine des négociations, des décrets, des lois. […] Sans nous étendre sur les événements trop souvent microscopiques qui composent l’histoire de la Toscane, cette Athènes de l’Arno, aussi illustre et aussi dramatique que l’Athènes du Céphise, jetons un regard seulement sur les fondements de cette histoire où Machiavel décompose et recompose en quelques pages l’Italie tout entière ; cette anatomie, aussi savante que lucide, rappelle tout à fait, par sa structure fruste mais indestructible, ces monuments cyclopéens qui portaient des temples ou des villes, et qu’on rencontre encore çà et là sur les collines de l’antique Étrurie. […] Tandis que ceci se passe au nord de l’Italie, les Sarrasins occupent en maîtres tout le midi et le littoral de l’Italie depuis Gênes jusqu’aux Calabres ; Rome, incapable de défendre ces plus belles contrées de l’Italie méridionale, se console en parodiant l’ancienne république, maîtresse du monde entre les murs croulants de la ville de Romulus et des Césars.

1064. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Le Jardin des plantes ; un atelier de trente élèves ; une ville d’Asie Mineure racontée par un coloriste ; une partie de canotage la nuit ; quelques aperçus sur la cuisine russe ; une vente après décès d’artiste pauvre et malchanceux ; un atelier au crépuscule ; l’ouverture du Salon ; ce qu’on voit en omnibus le soir ; le corps d’un modèle ; une pluie de printemps au Palais-Royal ; une synagogue ; un bal masqué chez un peintre ; les amours d’un bohème et d’un singe ; un petit cochon dans un atelier ; l’auberge de Barbizon ; la forêt de Fontainebleau ; la Bièvre et ses paysages ; la plage de Trouville ; je ne sais quelle rue derrière Saint-Gervais ; une pleine eau, la nuit, dans la Seine, sous les ponts… — le tout mêlé de tirades amusantes et truculentes sur l’École de Rome, sur Ingres et Delacroix, sur les primitifs, sur le bourgeoisisme des artistes..   […] Style et « nervosité » à part, l’auteur des Caractères s’y prend-il autrement pour nous faire connaître la cour ou la ville, que MM. de Goncourt pour nous mettre sous les yeux le monde des artistes et celui des hommes de lettres ? […] Alexandre, l’artiste qui joue au Cirque « le malheureux général Mêlas » jusqu’au sergent de ville Champion, ancien gendarme des colonies ; et le paysagiste Crescent, et son excellente femme la mère aux bêtes, et tant d’autres   Dans Sœur Philomène, la petite Céline ; dans Germinie Lacerteux, la monstrueuse mère Jupillon et son digne fils ; dans Madame Gervaisais, la mystique comtesse Lomanossow et le terrible père Sibilla ; dans Renée Mauperin, l’abbé Blampoix, confesseur des salons et directeur des consciences bien nées ; Henri Mauperin, le jeune homme sérieux et pratique, économiste et doctrinaire à vingt ans, « médiocre avec éclat et ténacité » (une des plus remarquables études de MM. de Goncourt, et de celles qui ont le plus de portée) ; et ce charmant Denoisel, à qui MM. de Goncourt ont évidemment prêté beaucoup d’eux-mêmes, comme à Charles et à Coriolis ; et M. et Mme Mauperin, et les Bourjot, et tout le monde enfin !

1065. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

» Alexis envoya des ambassadeurs aux chefs de la croisade, alors devant Zara, ville de l’Esclavonie, dont ils faisaient le siège pour le compte de Venise. […] C’est ainsi qu’il recueillait ses matériaux, partie dans les cours, partie sur les grands chemins ; il les rédigeait à Valenciennes, sa ville natale, où il venait se reposer de ses excursions. […] Ce fut l’époque de la grande prospérité des villes de Flandre et des ducs de Bourgogne, leurs suzerains les lettres naissent partout où une civilisation quelconque les abrite et les nourrit.

1066. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

La nuit rêveuse descend sur la ville antique de Nuremberg. […] La ville est-elle au pouvoir des infidèles ? […] Pendant plus de neuf mois de l’année on n’en joue pas à Londres, et dans les provinces il n’y en a jamais, excepté dans les villes où Carl Rosa et son excellente troupe se fixent quelquefois pour une semaine.

1067. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

II La contrée où je suis né, bien qu’elle soit voisine du cours de la Saône, où se réfléchissent d’un côté les Alpes lointaines, de l’autre des villes opulentes et les plus riants villages de France, est aride et triste ; des collines grises, où la roche nue perce un sol maigre, s’interposent entre nos hameaux et le grand horizon de la Saône, de la Bresse, du Jura et des Alpes, délices des yeux du voyageur qui suit la rive du fleuve. […] Le plus grand nombre de mes condisciples était né et avait été élevé dans les villes ; il ne connaissait le printemps que par les livres. […] Moi seul je connaissais un peu plus que de vue M. de Valmont, mais non les deux sœurs ; il venait quelquefois à la ville passer une semaine ou deux de l’hiver ; pendant ces courts séjours il rendait visite, en costume alors très-décent et même recherché, à mon oncle.

1068. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

C’est aussi dans cette ville que l’on a imprimé les Sermons de l’Abbé de Ciceri en six vol. […] La véritable éloquence, qu’on ne connoissoit guéres qu’à Paris, a tout d’un coup fleuri dans plusieurs villes ; témoins les discours sortis ou du Parquet, ou de l’assemblée des Chambres de quelques Parlemens, discours qui sont des chefs-d’œuvre de l’art de penser & de s’exprimer, du moins à beaucoup d’égards. […] Depuis l’établissement de l’Académie Françoise, & à l’exemple de cette illustre Compagnie, on a vu naître en des tems différens dans quelques villes du Royaume d’autres Académies, dont l’un des objets est de cultiver l’éloquence françoise.

1069. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Il se bornera donc à enregistrer officiellement dans ses journaux que Paris est la cité hospitalière par excellence, la seule ville du monde où les étrangers reçoivent un accueil vraiment cordial. […] Lorsqu’on a imposé un droit d’entrée à la Bourse en faveur de la ville de Paris, on espérait que la spéculation continuerait à y affluer. […] Les véritables amateurs de privilèges, et il n’en manque pas, y eussent trouvé, j’en suis sûr, une grande satisfaction, et cela eût bien peu coûté à la ville de Paris ! […] Peut-être aurait-il cru à quelque subite explosion de bibliomanie parmi le corps des sergents de ville, qui se trouvait largement représenté à cette vente. […] Veuillot semble avoir emporté une provision jusque dans la ville éternelle afin de la lancer de là au visage de ses adversaires.

1070. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Presque chaque grosse ville en province a ainsi sa plus petite près d’elle, qu’elle taquine et qu’elle nargue, qui lui sert de plastron : Lille et Turcoing, Montpellier et Lunel, Marseille et les Martigues, etc. […] Signalé à l’animadversion locale, on lui conseillait de ne point la braver en allant dans la ville avec les autres Dijonnais, chevaliers de l’arquebuse ; car la bêtise est aisément violente, et l’on pouvait lui faire un mauvais parti. […] Piron, trop à la gêne dans sa ville natale, vint à Paris vers 1719 : c’était un grand enfant, beau drille de cinq pieds huit pouces, belle mine sans élégance aucune, robuste en tout ; avec cela, myope ; ce qui lui donnait l’air singulier. […] Et que dit à cela la Cour et sa bonne ville ?

1071. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (1re partie) » pp. 313-408

Dès votre retour de Belgique, quelque temps après, vous allâtes achever de grandir en Suisse, dans cette ville de Lausanne que Voltaire avait choisie pour en faire la colonie de la liberté entre la persécution et les cours. […] Le peu de personnes qui prétendaient vous connaître disaient que vous sortiez d’une de nos villes maritimes du Nord, où vous aviez marqué dans votre éducation très distinguée. […] Ces longs murs noirs, ennuyeux à l’œil, ceinture sinistre du vaste cimetière qu’on appelle une grande ville ; ces haies mal closes laissant voir, par des trouées, l’ignoble verdure des jardins potagers ; ces tristes allées monotones, ces ormes gris de poussière, et, au-dessous, quelque vieille accroupie avec des enfants au bord d’un fossé ; quelque invalide attardé regagnant d’un pied chancelant la caserne ; parfois, de l’autre côté du chemin, les éclats joyeux d’une noce d’artisans, cela suffisait, durant la semaine, aux consolations chétives de notre ami ; depuis, il nous a peint lui-même ses soirées du dimanche dans la pièce des Rayons jaunes. […] Je me souviens que les Rayons jaunes, cette nuance non encore caractérisée du soir dans nos villes ou dans nos étages élevés de nos chambres à la campagne, me frappa comme une nouveauté des yeux, du cœur, de l’expression, et m’arracha des larmes.

1072. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Ces fêtes de l’intelligence sont assez mal organisées, et par un froid très vif, on fait queue, un long temps, entre des sergents de ville maussades, et des troubades étonnés de la bousculade entre les belles dames à équipages et des messieurs à rosettes d’officiers. […] Enfin l’on avait appris que la grande fabrication avait lieu surtout dans une petite ville, nommée Ourcha, l’ancienne capitale de la Phrygie ; et tout faisait supposer à Renan, que là s’était conservée la fabrication des tapis de l’ancienne Babylone. […] Cette rue Rousselet, dans ces lointains perdus de la rue de Sèvres, a le caractère d’une banlieue de petite ville, dans laquelle le voisinage de l’École militaire met quelque chose de soldatesque. […] Il a longuement parlé de la putréfaction des villes, de l’aspect cimetièreux des campagnes, de la tristesse morne et de l’ennui désolé, qui se dégagent de tout le pays.

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