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705. (1902) La poésie nouvelle

Nulle fantaisie ne vient compliquer ce rythme paisible. […] La pensée est venue ; n’y a-t-il pas en elle quelque chose de meurtrier ? […] Une bonne sécurité vient à l’âme, inquiète naguère et qu’on eût dite alarmée définitivement. […] Mais, des hameaux, pour la kermesse, nul n’est venu, pour la kermesse comme jadis ? […] C’est là le secret de cette poésie, et de là vient son charme émouvant.‌

706. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Les préceptes sont toûjours venus après l’art. […] D’où vient cette différence ? […] ) vient originairement du latin fasti, jours de fêtes. […] Le bonheur vient du dehors, c’est originairement une bonne heure. […] Croira-t-on que les dieux descendoient du ciel pour venir se cacher dans ces statues ?

707. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre II. Le Bovarysme comme fait de conscience son moyen : la notion »

I L’analyse de l’œuvre de Flaubert, dont on vient d’exprimer de la façon la plus succincte les conclusions, se résumé en une vue psychologique que l’on a précisée en ces termes : l’homme a la faculté de se concevoir autre qu’il n’est. […] À première vue, la faculté de se concevoir autre apparaît liée au fait de la conscience : il s’agit ici de la conscience psychologique, un miroir où se viennent refléter les images des réalités. […] D’un mot, cet ensemble d’influences qui viennent en contact avec le facteur héréditaire, pour former la personnalité individuelle peut être nommé l’éducation. […] Une telle richesse comporte divers périls, à mesure que s’accroît le trésor accumulé par les générations successives, et dont la faculté d’éducation saisit les dernière venus, la disproportion s’accroît aussi entre le pouvoir d’invention dont chaque individu est doué et la somme des connaissances qui lui sont livrées, entre sa valeur ’propre et la richesse multiple qui lui vient de l’éducation. […] Vaincue, elle en vient à négliger et jusqu’à mépriser les buts fixés par l’hérédité et les tâches appropriées pour s’éprendre des buis et des tâches auxquels elle est le moins adaptée.

708. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Catulle Mendès »

Maigre roman, qu’un clown réel, qui fait présentement ses exercices au café des Ambassadeurs, avec une jambe coupée au-dessus du genou, vient d’enfoncer, autant par le talent qu’il déploie que par l’intérêt qu’il inspire. […] Il l’est comme les hommes qui ont dans l’opinion position de génie, peuvent être les pères intellectuels de ceux qui viennent après eux et qui les admirent. […] Il est devenu le Ménechme du père d’élection qu’il s’est donné… Sans l’antériorité indiscutable de Victor Hugo, venu le premier dans la vie, ce serait à se demander lequel est le Sosie ou le Mercure de l’autre ? […] Seulement, il faut bien en convenir, quoique aux fanatiques cela puisse sembler impossible, ici, l’imitateur, venu plus de quarante ans après l’imité, lui est, d’exécution, très supérieur. […] Elle est ailleurs… Il va, vient, s’arrête, s’empêtre et se dépêtre comme il peut dans le sien, coupant à toute minute son récit par des digressions luxueusement inutiles, avec l’indépendance d’une fantaisie qui est encore plus commode que capricieuse.

709. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

il me l’a dit, dix fois, vint fois, cent fois, mile fois, c’est-à-dire, plusieurs fois. […] C’est que par (…), il faut entendre d’abord en général le temple ; elle vint au temple et se plaça sous la voute. […] Est-il venu à la vile ? […] Enfin, sous le regne minéral ils comprènent tout ce qui vient dans les mines. […] Sa nourice l’ayant quitté pour quelques momens, un serpent vint et l’étoufa.

710. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome II

De chacun de ses grands romans se dégage une des thèses que nous venons d’énumérer. […] Léonce vint au monde le 31 décembre. […] Une troisième période viendra pour eux, comme elle vient pour Feuillet. […] Sur le conseil de son étrange diagnosticien, il vient à ma consultation. […] L’édition qu’il vient d’en donner d’après notre manuscrit mérite les plus vifs éloges.

711. (1860) Cours familier de littérature. IX « Le entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier (2e partie) » pp. 81-159

Récamier vint trouver sa jeune femme ; sa figure était bouleversée, et il semblait méconnaissable. […] Après quatre années d’absence j’espérais enfin vous revoir, et votre exil semblait vous fournir un prétexte pour venir en Suisse : vous avez cruellement trompé mon attente. […] Au moment de rendre cette transaction publique, Murat, extrêmement ému, vint chez la reine sa femme ; il y trouva madame Récamier ; il s’approcha d’elle, et, espérant sans doute qu’elle lui conseillerait le parti qu’il venait de prendre, il lui demanda ce qu’à son avis il devrait faire. […] Quelques oiseaux se venaient coucher dans les jalousies relevées. […] D’autres qui vinrent selon leur âge dans le siècle.

712. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIe entretien. Littérature politique. Machiavel » pp. 241-320

Quand ce moment sera venu, vous pourrez reprendre un peu place aux affaires publiques, veiller un peu plus à ce qui se passe dans l’État ; alors aussi vous me verrez quitter sur-le-champ ma métairie et accourir vers vous en vous disant : Me voilà ! […] Vient en causant ainsi l’heure du dîner, où je mange avec ma petite famille ces mets frugals que nous peuvent fournir ma pauvre métairie et mon étroit domaine paternel. […] Les Médicis, ces citoyens presque couronnés de Florence, venaient d’en être exilés pour avoir préféré l’appui de l’Espagne à l’alliance de la France. […] Il est à croire que ce pape, prodigue pour tout autre, voulait le contraindre par la nécessité même à venir à Rome. […] Quand les Romains les chassent, les empereurs germains héritiers de Charlemagne viennent les réintroniser.

713. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Il lui venait par moments un attendrissement étrange qu’il combattait et auquel il opposait l’endurcissement de ses vingt dernières années. […] « Cette fois la pièce de quarante sous lui échappa, et vint rouler vers la broussaille jusqu’à Jean Valjean. […] Il était là tout à l’heure, il était de l’équipage, il allait et venait sur le pont avec les autres, il avait sa part de respiration et de soleil, il était un vivant. […] Il entend des bruits étrangers à l’homme qui semblent venir d’au-delà de la terre et d’on ne sait quel dehors effrayant. […] Il le dit à son fils plus tard, et lui fait promettre de sauver un jour ses sauveurs, s’il vient à les découvrir jamais.

714. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Mais dès que le soleil, entouré d’une auréole de lumière, vient allumer l’atmosphère de notre planète, quel étonnant spectacle ! […] Aimé Martin, venait quelquefois le visiter dans sa retraite et lui servait de secrétaire. […] Après l’apaisement de la Terreur, il était venu accomplir ses études à Paris. […] s’il ne viendra pas ici des chefs sans mœurs et sans morale ? […] Marguerite vit venir sa fin, huit jours après celle de son fils, avec une joie qu’il n’est donné qu’à la vertu d’éprouver.

715. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

La religion prend une forme ; les rites règlent la prière ; le dogme vient encadrer le culte. […] Rien ne vient sans racine ; la seconde époque est toujours en germe dans la première. […] Le moment est venu où l’équilibre entre les deux principes va s’établir. […] C’est donc au drame que tout vient aboutir dans la poésie moderne. […] Il faut quelque étude, quelque labeur pour en venir là ; tant mieux.

716. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

Viennent ensuite les faits, les nouvelles de toute provenance. […] La mort vint le surprendre et ne lui permit pas de satisfaire à ses scrupules. […] La préoccupation scientifique est venue donner un renouveau à tous ces vieux clichés. […] Ernest Feydeau fut un disciple et vint à son tour. […] Zola, plus on se demande où il veut en venir.

717. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

Beyle deux personnes distinctes, le critique et le romancier ; le romancier n’est venu que plus tard et à la suite du critique : celui-ci a commencé dès 1814. […] Après les grandes guerres européennes de conquête et d’invasion, vinrent les guerres de plume et les luttes de parole pour les systèmes. […] Un jour à Rome, assis sur les degrés de l’église de San Pietro in Montorio, contemplant un magnifique coucher de soleil, il vint à songer qu’il allait avoir cinquante ans dans trois mois, et il s’en affligea comme d’un soudain malheur. […] On opposait sans cesse Racine et Shakespeare ; les Shakespeare modernes ne sont pas venus, et Racine, Corneille, reproduits tout d’un coup, un jour, par une grande actrice, ont reparu aux yeux des générations déjà oublieuses avec je ne sais quoi de nouveau et de rajeuni. […] Comme critique, il n’a pas fait de livre proprement dit ; tous ses écrits en ce genre ne sont guère qu’un seul et même ouvrage qu’on peut lire presque indifféremment à n’importe quel chapitre, et où il disperse tout ce qui lui vient d’idées neuves et d’aperçus.

718. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

La Révolution bientôt vint l’éprouver et le mûrir comme tant d’autres. […] Toi qui, le long du jour, sifflant des ariettes, Ou d’un Homère grec feuilletant les vignettes, Achètes tristement, par sept heures d’ennui, Le brouet qu’à ma muse on apporte à midi ; Et qui, le soir venu, plus vigilant encore, Pour guetter une rime, attends souvent l’aurore ! […] Venez y ranimer le goût des beaux vers en nous lisant les vôtres… Nos professeurs sont excellents : Cuvier, surtout, nous enchante ; il parle d’histoire naturelle comme Buffon, et appuie tout ce qu’il dit par des démonstrations si fortes, que la raison qui écoute n’est jamais choquée. […] quand on en vient au fait et au prendre, que trouve-t-on ? […] Un autre suffrage, d’un tout autre genre, mais très vif également et moins suspect de pure politesse, celui de Sophie Arnould, vieillie, souffrante et pauvre, venait tendrement remercier Daru, qui lui avait rappelé par l’abbé Delille quelques-uns des beaux jours de sa jeunesse.

719. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Balzac espéra qu’en provoquant Costar à répondre à Girac il s’ensuivrait un démêlé assez agréable, que par là les critiques que Girac avait faites sur les lettres de Voiture serait connues, et que, pendant ce temps-là, lui Balzac, sur sa chaise de malade, serait juge du camp, et se bercerait encore une fois, avant de mourir, aux bruits des louanges qui lui viendraient des deux côtés. […] « Ce n’est pas là de la science, ce n’est que ce qu’il en faut pour donner envie de la science, et en faire venir l’eau à la bouche… » — Je crois que j’ai là montré Costar en l’un de ses plus beaux jour ? […] Les deux chefs avaient vécu entre eux dans les termes les plus décents ; mais après leur mort, leurs disciples et les gens de leur suite n’y tinrent pas, ils en vinrent aux mains, ils se gourmèrent : c’est l’histoire du débat de Girac et de Coslar. […] Il se sentait plus chargé de la plupart des louanges qu’il ne s’en trouvait honoré, et pour les lui rendre agréables on était contraint de les déguiser avec adresse, et il y fallait bien de l’artifice et de la façon ; mais il n’en fallait point pour le reprendre, et rien ne fut jamais mieux reçu que les avis qui lui venaient des personnes intelligentes. […] Costar na pas fort lu les anciens poètes ; qu’il se trompe en disant que la lune n’a point eu d’amant ; qu’il ignore que l’étoile du matin est la même que celle de Vénus. » Quand on en est là, on est bien près d’en venir aux grosses injures : la querelle allait prendre une tournure décidée de xvie  siècle, et elle fut portée en effet bientôt aux dernières extrémités.

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