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474. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Le dernier venu était maître des eaux et forêts et s’était même, par parenthèse, intitulé « écuyer » dans certains actes publics. […] Le mariage, après la venue d’un fils, tourna très mal. […] La Fontaine déclare l’honneur satisfait et dit à Poignant : « Maintenant, tu viendras chez moi tous les jours ; si tu n’y viens pas tous les jours, nous nous battrons une seconde fois. » Ce témoignage est un peu trop gai pour être bien certain. […] Il vient donc à Paris pour chercher à trouver quelque chose de lucratif, certainement ; et puis, ensuite, par un désir de la gloire que vous n’avez pas vu du tout poindre en lui jusqu’à présent, mais qui devait venir. […] On vint lui annoncer l’élection de La Fontaine, il répondit qu’il y avait lieu de surseoir.

475. (1912) Réflexions sur quelques poètes pp. 6-302

Je sens desjà un piteus souvenir, Qui me contreint la larme à l’œil venir… Elle croit éprouver de nouveau les tendres inquiétudes de jadis, elle revoit les armes dont Amour vint l’assaillir. […] que, soudain, le même mal venait la surprendre à son tour. […] Elle disait plaisamment : — Je viens d’envoyer mes pensées au rimeur. […] On fait venir un chirurgien qui trouve le blessé baignant dans son sang. […] Il allait partir, lorsque Amour vint, le brûler d’une nouvelle flamme.

476. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre II. Qu’il y a trois styles principaux dans l’Écriture. »

Mais lorsque, sous les rapports chrétiens, on vient à penser que l’histoire des Israélites est non seulement l’histoire réelle des anciens jours, mais encore la figure des temps modernes ; que chaque fait est double, et contient en lui-même une vérité historique et un mystère ; que le peuple juif est un abrégé symbolique de la race humaine, représentant, dans ses aventures, tout ce qui est arrivé et tout ce qui doit arriver dans l’univers ; que Jérusalem doit être toujours prise pour une autre cité, Sion pour une autre montagne, la Terre Promise pour une autre terre, et la vocation d’Abraham pour une autre vocation ; lorsqu’on fait réflexion que l’homme moral est aussi caché sous l’homme physique dans cette histoire ; que la chute d’Adam, le sang d’Abel, la nudité violée de Noé, et la malédiction de ce père sur un fils, se manifestent encore aujourd’hui dans l’enfantement douloureux de la femme, dans la misère et l’orgueil de l’homme, dans les flots de sang qui inondent le globe depuis le fratricide de Caïn, dans les races maudites descendues de Cham, qui habitent une des plus belles parties de la terre91 ; enfin, quand on voit le Fils promis à David venir à point nommé rétablir la vraie morale et la vraie religion, réunir les peuples, substituer le sacrifice de l’homme intérieur aux holocaustes sanglants, alors on manque de paroles, ou l’on est prêt à s’écrier avec le prophète : « Dieu est notre roi avant tous les temps. » Deus autem rex noster ante sæcula. […] « D’où me vient le bonheur que la mère de mon Sauveur vienne vers moi ? […] » L’histoire de la crèche et des bergers vient ensuite.

477. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Michel Van Loo » pp. 66-70

Après ces deux morceaux viennent des portraits sans nombre à les compter tous ; quelques portraits, à ne compter que les bons. […] Et puis un luxe de vêtement à ruiner le pauvre littérateur si le receveur de la capitation vient à l’imposer sur sa robe de chambre. […] Mais que diront mes petits-enfants, lorsqu’ils viendront à comparer mes tristes ouvrages avec ce riant, mignon, efféminé, vieux coquet-là ? […] D’où vient cette inégalité qui dans un intervalle de temps assez court touche les deux extrêmes du bon et du mauvais ? […] Michel apprend ce désastre, et le premier mot qui lui vient à la bouche, c’est, j’ai perdu un bon ami. cela vaut bien un bon tableau.

478. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Louis Wihl »

Du reste, ils ont raison de ne pas venir, j’aime mieux mourir seul. […] Venu après Le Divan de Gœthe et Les Orientales de Victor Hugo, le livre des Hirondelles, que Louis Wihl eût pu appeler Les Hébraïques, apporta sa part d’Orient dans les littératures vieillies, et qui remontaient vers l’Orient pour se rajeunir. […] Errant en Europe, venu en France, il se mêla un peu au journalisme, qui nous prend tous et qui nous dévore ; mais il retira son pied de ce gouffre, et dans la solitude d’une ville de province, où il donne noblement des leçons pour vivre, il put, quelques années après Les Hirondelles (1860), ces oiseaux bleus, publier son Pays bleu (1865), — une œuvre de tout autre aspect de génie, et qui, après le Juif, nous donnait l’Allemand. […] Mais il y a assez dans ces quelques volumes de vers pour que les hommes distraits qui ne vous sont pas venus d’abord finissent par vous venir.

479. (1858) Cours familier de littérature. V « XXIXe entretien. La musique de Mozart » pp. 281-360

Voici venir en triomphe le dieu de la joie ! […] Il vient ! il vient ! […] il faut prendre les choses comme elles viennent. […] Ce matin j’ai fait venir M. 

480. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (3e partie) » pp. 5-96

Frédéric venait d’ouvrir une grande caisse qui arrivait de Paris. […] Quand viendront le temps et l’occasion pour agir ? […] Vous dites, il est vrai : Des événements décisifs sont venus nous donner le signal. […] Après ces fils vinrent trois filles, et enfin Jérôme, qui paraît avoir été le moins bien doué de tous. […] On attendait autour de lui son réveil. — Il ne vint pas.

481. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Tout cela était accompli : que me restait-il à faire, sinon de ne point attendre qu’avec le solve senescentem d’Horace, quelqu’un vînt me dire que j’avais trop tardé ? […] Un de ses anciens collaborateurs diplomatiques et qui avait servi sous lui, un Allemand de plus de mérite que de montre, Reinhard, vint à mourir. […] Thiers ne vint que deux heures après la mort. […] Je ne hais ni n’aime Talleyrand ; je l’étudie et l’analyse et je ne m’interdis pas les réflexions qui me viennent chemin faisant : voilà tout. […] Se rappeler, dans Célimare le bien-aimé, le mari qui vient dire à l’amant de sa femme le mot convenu : « Ma femme m’a dit de venir te demander les Nord. » 59.

482. (1860) Cours familier de littérature. X « LVIIIe entretien » pp. 223-287

Pasquier, alors ministre, n’avait pas peur de la poésie ni de l’éloquence, à supposer que je vinsse à développer un peu de ces avantages dans la diplomatie ; mais j’avais dès lors, comme par instinct, la conviction du danger qu’il y a en France pour un homme à développer plus d’une faculté à la fois. […] De là viennent ces hommes qui n’ont qu’une faculté et qui ne voient les choses humaines que d’un seul point de vue. […] Il sera de plus un poète sérieux, ayant le respect de ceux qui l’écoutent, et non un de ces poètes moqueurs et siffleurs, tels que nous venons d’en voir vivre et mourir deux ou trois, qui mêlent le fifre au concert des anges, et qui soufflent la froide ironie dans l’âme de la jeunesse, au lieu du saint enthousiasme, seul thème véritable des chants immortels ! […] C’est un des vrais amis de cette idole à terre, Qui, de son vieux perron, aime à le voir venir, Du fond de l’avenue aujourd’hui solitaire, Dans l’abandon de tous porter son souvenir. […] Avec ses lévriers sur son balcon de bois, Il me salue au loin du geste et de la voix ; Et son salut sonore, envoyé dans l’espace, Vient vibrer jusqu’à moi, puis se prolonge et passe.

483. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

me dis-je en moi-même, si la femme du bargello et son mari, qui sont là, derrière moi, dans le char, et qui n’ont peut-être pas encore trouvé de garçon pour remplacer leur gendre, venaient à jeter les yeux sur moi et à m’accepter pour porte-clefs à la place de leur gendre ? […] Le petit bouvier rattela ses bœufs au timon fleuri ; on s’embrassa sur les marches de la prison, et le cortège s’en alla sans moi, plus triste qu’il n’était venu, par les sombres rues de Lucques. […] Ce cri me fendit le cœur, mais il m’inspira aussitôt une idée qui ne me serait jamais venue, à moi toute seule, sans elle. […] Je m’étais levée toute confuse au bruit, et je tremblais qu’elle vînt me demander compte des airs de musique dont j’avais troublé, sans doute, le sommeil de ses prisonniers. […] Il y a bien des innocents et des innocentes dans le nombre ; il ne faut pas leur tendre leur morceau de pain et leur verre d’eau au bout d’une barre de fer : il est assez amer sans cela le pain des prisons ; viens, mon garçon, que je te montre ton ouvrage de tous les jours, et que je t’apprenne ton métier.

484. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

S’il n’est pas né dans cette maison, comme on l’a cru longtemps, on ne saurait douter qu’il y soit venu souvent. […] Plus froid et moins souple, de jour en jour aussi moins valide, il s’en retira peu à peu : après la mort de Racine, il n’y vint plus qu’une seule fois. […] Un jour, Bossuet y venait entendre l’Épître sur l’Amour de Dieu ; un autre jour, La Bruyère y lisait ses Caractères, ou d’Aguesseau s’y arrêtait en revenant de Versailles. […] Il accueillait tous les Lyonnais de distinction qui venaient à Paris, reconnaissant envers leur ville de bons intérêts qu’elle lui servait depuis tant d’années qu’il y avait placé ses fonds. […] Vint la malheureuse satire sur l’Équivoque : les ennemis de la Compagnie firent à cette pièce un tel succès, que l’auteur n’osa l’imprimer.

485. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il vint à Paris. […] Je ne sais quel orgueil vient parfois les comprimer : Tais-toi. […] Viennent alors les idylles, Glaucé, Klytie, Kléariste, la Source, etc., songes d’amour enchanté, tout près de la nature, pleins d’images ravissantes, presque sans pensée. […] Aussi, même chez les meilleurs, si la charité vient des entrailles, toujours il s’y mêle une arrière-pensée surnaturelle. […] Un scrupule me vient ici.

486. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

M*** vient me voir, un jour de mauvaises nouvelles. […] Asellus venait d’y parler. […] Puis, par la pente de ses idées, il en vint à la politique. […] Ce temps viendra-t-il jamais pour le chef du second Empire ? […] Rouher venait d’y arriver.

487. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LV » pp. 213-214

Quelques-uns disent qu’il y avait une phrase qu’on n’a pas imprimée : « Je viens apporter ici non plus des espérances, mais des regrets », quelque chose dans ce sens ; dans tous les cas, le roi l’a compris ainsi, et a eu un moment d’humeur. Mais voilà que le lendemain à la Chambre des pairs (2 mai), M. de Montalivet est venu parler contre la philosophie et dans un sens qui pouvait sembler favorable au clergé. […] Les paroles de M. de Montalivet, sa démarche (étant venu là, tout malade de la goutte et en s’appuyant sur sa canne) ont été interprétées comme partant de plus haut et du Château (voir le Constitutionnel d’hier).

488. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Ces manières d’expressions lui viennent tout couramment, et elles entrent dans sa phrase sans dire gare. […] Je dis restes, car on ne sait réellement si, chez lui, ce sont des restes ou des commencements de grand ministre ; mais les obscurités, les écarts, les bizarreries de forme ou les singularités d’humeur, les préoccupations théoriques venaient bientôt compliquer la marche, entraver les combinaisons : l’or ne put jamais se dégager des scories. […] Parlant d’un intendant de mérite, mais dur et violent, qui était devenu inapplicable, il le juge, en faisant quelque retour sur lui-même : L’intendant d’Aube vient d’être révoqué, ou plutôt s’est fait révoquer lui-même, et exprès. […] Le piquant, lorsqu’on lit de suite le Journal, est de voir les idées sensées de d’Argenson, ses vœux honorables pour la grandeur de son pays, se mêler sans cesse à ses propres poussées d’ambition ; car ce vertueux était de la même pâte que les autres hommes, seulement son ambition prenait, à son insu, je ne dirai pas le masque, mais la forme du bien public : il avait l’ardeur du bien, s’en croyait les moyens et la science, et avait hâte d’en venir à l’application. […] La mort du dernier grand-duc, qui ne laissait pas d’enfants (1737), vint, selon lui, rouvrir des facilités nouvelles.

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