Tous ceux qui faisaient partie de ces deux tiers, « véritables comédiens ambulants qui changèrent de nom et d’habit en même temps que de rôle »,lui paraissent « indignes non-seulement de gouverner, mais encore de vivre. » Il reconnaît pourtant qu’en voyant meilleure compagnie ils se sont amendés sous quelques rapports, et que, pour tout dire, « ils ont fait à peu près comme ces malheureuses femmes, qui, ramassées dans les carrefours et dans les prisons de la capitale, sont envoyées dans les colonies Étrangères, où, quoique leur jeunesse se soit écoulée dans le désordre, elles adoptent une nouvelle vie, redeviennent honnêtes, et, grâce à de nouvelles habitudes, dans une position nouvelle, sont encore des membres tolérables de la société. » Le rapprochement n’a rien de flatteur ni de délicat ; mais l’illustre baronnet n’y regarde pas de si près ; il a même tant d’affection pour ces sortes d’images, que plus tard l’arrangement du premier consul avec ses ministres lui semblera « pareil aux mariages contractés par les colons espagnols ou les boucaniers avec les malheureuses créatures envoyées pour peupler les colonies », et qu’il trouvera les moyens en un endroit de comparer, je ne sais trop pour quelle raison, M. de Talleyrand à une vivandière. […] Ils ne s’informent jamais si un arc de triomphe est bâti en pierre ou en bois, si un écusson est de métal solide ou s’il n’est que doré, et si un discours dont le but est de flatter la vanité nationale contient une véritable éloquence ou seulement une enflure extravagante. » Et tout cela, parce que les soldats français en 96 ne savaient pas ce qu’étaient les Tarquins ! […] A propos de l’enlèvement des tableaux et des statues, contre lequel il se déchaîne avec plus d’emportement qu’il ne sied au compatriote et à l’ami de lord Elgin, « Il est certain, dit-il, que les Français ne ressemblaient nullement à ces peuples dont le génie créa les premiers chefs-d’œuvre de l’art ; au contraire, le prototype classique de Bonaparte dans cette circonstance fut ce Mummius, consul romain qui dépouilla violemment la Grèce de ses trésors, dont lui-même et ses compatriotes étaient incapables d’apprécier le véritable mérite. » Cette mauvaise humeur de l’historien se mêle même aux éloges que lui arrache une admiration involontaire.
Mahaffy est dépourvu de l’esprit qui anime le véritable historien, mais il semble souvent manquer entièrement du tempérament du véritable lettré. […] Voici en quoi consiste sa véritable découverte artistique. […] Passons au véritable modèle d’académie. […] Elle ne s’est jamais mise en travers du véritable désir du pays. […] Un véritable artiste, tel que M.
N’y a-t-il pas là une contradiction véritable ? […] On peut supposer que la perception reste identique à elle-même, véritable atome psychologique qui s’en agrège d’autres au fur et à mesure que ces derniers passent à côté de lui. […] Il y a toujours quelques souvenirs dominants, véritables points brillants autour desquels les autres forment une nébulosité vague. […] Nous ne pouvons nous empêcher de voir dans ces derniers phénomènes le véritable substrat matériel des premiers. […] Dans le premier, aucun souvenir ne sera distrait, mais tous les souvenirs seront moins lestés, moins solidement orientés vers le réel, d’où une rupture véritable de l’équilibre mental.
La véritable éloquence politique de ce temps doit se chercher dans les écrits : dans tous ces petits libelles par lesquels Voltaire, par exemple, excite l’opinion publique, dans toutes ces déclarations virulentes que, sous un titre ou sous un autre, Rousseau, Diderol, Raynal lancent contre les institutions de l’ancien régime. […] Car le véritable intérêt des monuments de l’éloquence révolutionnaire est dans le terrible drame dont on suit jour à jour pour ainsi dire les péripéties : drame national, où s’explique une des grandes crises qu’ait traversées notre pays, drame individuel, où des caractères énergiques défendent à chaque instant leur autorité, leur honneur, leur vie. […] Plus simple, plus naturelle, elle aurait été plus près du véritable art, elle eût plus facilement rencontré les formes qui ne passent pas. […] Il a une éloquence pratique et technique, familière, courant au fait, se ramassant en mots brefs, saccadés, énergiques, qui se gravent dans les esprits ou mordent les cœurs : et son discours échappe au verbiage, aux phrases vagues et au jargon ampoulé du temps ; il n’y a personne dont la forme ait moins vieilli ; et il a chance d’être avec Mirabeau le plus véritable orateur de la période révolutionnaire. […] La lettre de condoléances du général Bonaparte à la veuve de l’amiral Brueys est une véritable dissertation sur un plan soigneusement concerté : les lettres de l’Empereur aux veuves des maréchaux Bessières et Lannes, plus courtes, d’un ton de maître, sont des réductions du même plan.
Mais depuis quand ces considérations prosaïques sont-elles ce qui donne la mesure de l’art véritable et de la poésie ? […] Il existe d’autres ridicules ou même de véritables vices, parfaitement connus de la personne chez qui ils règnent, mais cachés avec soin par son amour-propre. […] « De tout temps il s’est glissé parmi les hommes de belles imaginations que nous venons à croire, parce qu’elles nous flattent et qu’il serait à souhaiter qu’elles fussent véritables. […] J’aimerais en particulier le déguisement de M. de Pourceaugnac en femme, si le danger véritable que court à cette occasion ce pauvre gentilhomme, ne m’inspirait un intérêt trop sérieux pour être compatible avec la gaieté comique. […] La gaieté sans but, véritable inspiration du génie comique.
Si l’intervention illégitime de la perception externe est le caractère spécifique de l’hallucination, il faut dire que la parole intérieure vive devient alors une véritable hallucination. […] Tous ces phénomènes simultanés et successifs étaient parfaitement coordonnés ; Jeanne communiquait avec un véritable monde surnaturel composé de quatre personnages : saint Michel, le premier apparu et le garant des trois autres, saint Gabriel, sainte Catherine et sainte Marguerite. […] Nous avons déjà remarqué que Socrate avait du désigner par la voix du divin tantôt une véritable parole intérieure, tantôt un sentiment subit intérieurement inexprimé ; dans le second cas, le mot voix était une image. […] On ne peut en dire autant des apartés ; presque toujours nécessaires à la clarté du drame, souvent comiques, rarement vraisemblables, ils sont, à tout le moins, beaucoup plus fréquents sur la scène que dans la vie réelle ; leur usage, sinon leur essence, en fait une véritable machine dramatique, une convention. […] Le faux aparté traduit en langage extérieur une parole qui devrait rester intérieure ; le véritable consiste d’ordinaire à dire à mi-voix, par peur, ce qu’on voudrait, par amour-propre, crier à très haute voix.
. — Lord Hyland, histoire véritable (1895). […] Mais il est à craindre que cet adoucissement ne soit que passager chez M. de Bonnières et que, bientôt, il ne revienne à ses véritables goûts.
Le seul bon sens suffisoit pour les empêcher de concourir à une compilation indigne d'un véritable Homme de Lettres, & encore plus, d'un véritable Ecclésiastique.
Allez-vous-en aux Chartreux, et vous y verrez la véritable attitude de la piété et de la componction. C’est aujourd’hui veille de grande fête ; allez à la paroisse, rôdez autour des confessionnaux et vous y verrez la véritable attitude du recueillement et du repentir. […] Il n’y a de véritable contraste que celui qui naît du fond de l’action, ou de la diversité soit des organes soit de l’intérêt.
. — Il est si rare de rencontrer le véritable amour du cœur, que je hasarderais de dire que les anciens n’ont pas eu l’idée complète de cette affection. […] On avait peint la tendresse maternelle, la tendresse filiale, l’amitié avec sensibilité, Oreste et Pilade, Niobé, la piété romaine, toutes les autres affections du cœur, nous sont transmises avec les véritables sentiments qui les caractérisent : l’amour seul nous est représenté, tantôt sous les traits les plus grossiers, tantôt comme tellement inséparable ou de la volupté, ou de la frénésie, que c’est un tableau plutôt qu’un sentiment, une maladie plutôt qu’une passion de l’âme.
Songez bien que les Rois sont, à la vérité, les plus remarquables personnes de l’Histoire, mais que les grands changemens en sont le véritable sujet ; que, comme souvent un Ministre, & quelquefois une femme, y a plus de part que les Rois, on est obligé, en plusieurs endroits, de donner plus de place & de relief à ce qu’a fait ce Ministre, ou cette femme, qu’à ce que le Roi de leur temps a fait. […] Il faut insinuer dans l’Histoire un amour de vertu, & de quoi donner un honnête désir de gloire ; sur-tout faire connoître avec adresse, en quoi consiste la véritable gloire.
— « Donne-moi tous tes vêtements et tout ce qui témoigne de ton origine royale, de façon qu’en nous voyant ensemble on croie que c’est moi la véritable fiancée du fama. » Dêdé, vaincue par la soif, céda aux exigences de la griote. […] » Le massa tira son sabre du fourreau et menaça la fausse griote de l’égorger sur le champ si elle ne chantait pas la véritable chanson.
Le véritable homme d’État de l’Angleterre, aux yeux du premier Consul, c’était M. […] Thiers, juste cette fois, et juste parce qu’il est sévère, caractérise vigoureusement cette tendance de la médiocrité jalouse à se créer des idoles plus grandes que nature pour les opposer aux véritables supériorités intellectuelles de leur temps. […] On voit, dès ce moment, qu’il ne veut de paix que juste ce qu’il en faut pour préparer d’autres guerres, et que son véritable ministre des affaires étrangères sera le hasard des batailles. […] L’œuvre du véritable homme d’État n’est pas de caresser les vanités de notre nature, mais de les transformer en vertu publique. […] Pour ceux qui ont, comme moi, connu l’empereur François II, véritable figure de deuil le lendemain d’une défaite, et le front de marbre de Napoléon, rayonnant d’une supériorité sans défiance et sans orgueil, le tableau a plus de physionomie encore que pour les lecteurs qui viendront après nous.
Cela est si vrai que M. de Gobineau regarde la race comme le seul fondement possible d’une unité intellectuelle et morale véritable. […] Et c’est ce moi profond, mystérieux ; c’est cette partie inaccessible et voilée de nous-mêmes qui constitue notre être véritable. […] Sans doute l’originalité véritable est difficile, faible et rare. […] Elle n’est que l’ombre de la véritable connaissance. […] Sans nous préoccuper de vaines terreurs, nous tendons alors à écarter davantage un excès de prévoyance et de présomption qui altère beaucoup notre véritable bonheur privé et public.
Je serais merveilleusement curieux que la chose fut véritable…, etc. » Suivent toutes sortes d’histoires qui ne se rapportent véritablement qu’à sa famille et qui n’ont d’intérêt que pour des personnes de sa famille. […] Dans de véritables lettres, écrites pour sa femme, cette répétition de la taquinerie n’a rien que de très naturel. […] La Fontaine montrera encore un grand amour pour les jardins qui sont des parcs et pour les parcs qui sont de véritables forêts, où l’on trouve l’ombre et le frais, comme il dit, et où l’on trouve une solitude peuplée de véritables ténèbres ; il montrera encore cet amour, lorsqu’il parlera des jardins qui entourent le château de Richelieu. […] Il se montre enfin l’amoureux, ou plutôt l’amateur de femmes qu’il a été toujours, ceci dans une mesure qui, à moi du moins, paraît une demi-galanterie et peut-être un commencement de sentiment véritable. […] Il a aimé les considérer, il s’est trompé souvent sur leur véritable complexion, mais il a aimé les observer, voir leur physionomie, leurs gestes, comprendre leur petite âme par leurs gestes et leur physionomie.