[Le Temps (8 avril 1896).] […] [Le Temps (1897).] […] [Le Temps (1897).] […] C’est l’Évangile mis en vers par un poète de cours d’amour, par un troubadour du temps de la reine Jeanne. […] [Le Temps (20 octobre 1901).]
On le dirait de notre temps. […] Il avait fondé, comme médecin, une maison des pauvres, qu’il soignait gratis, espèce de Petit manteau bleu de la science dans un temps qui produisait Vincent de Paul. […] Hatin nous met au courant, avec minutie, de la composition de cette Gazette, qui causa d’abord des soulèvements parmi les nouvellistes du temps (les nouvellistes à la main), et qui allait opérer une révolution. […] Il paraît que Richelieu, qui voulait avoir sa fine et puissante main partout, avait attaché à la fondation de Renaudot ces hommes remarquables du temps : Mézeray, Bautru, Voiture, La Calprenède, dont il fit toujours, et sous toutes les formes, les commis de sa gloire. […] Les pamphlets, qui ne sont pas le journalisme, quoiqu’ils s’y soient souvent mêlés avec une tartufferie d’impartialité qui ne les a rendus que plus redoutables, les pamphlets, quand ils n’étincellent pas de génie ou de talent, ne sont, dans tous les temps et dans toutes les littératures, que des injustices ou des injures, et cette poussière de la poussière, laissons-la où elle est tombée ; il convient de ne plus la remuer.
C’était, d’ailleurs, un écrémage des lettres de l’abbé Galiani, et voici tout le poli… Galiani est un de ces hommes qui doivent vivre plus par la correspondance que par les livres qu’il a écrits, malgré leur perfection, sur des questions dont le temps a emporté l’intérêt, passionné alors qu’il les écrivait. L’esprit de Galiani, si à part et si personnel, est plus curieux à étudier que ses ouvrages, et cet esprit est surtout dans sa correspondance il y parle beaucoup des livres qu’il a faits, mais il y parle aussi des livres qu’il veut faire, et ses projets de travaux qu’il n’a pas accomplis donnent la mesure et la portée d’un esprit qui tranchait sur les esprits de son temps par la pétulante originalité du sien. […] Heureusement, il sauva ses beaux yeux italiens de la cécité et ils lui restèrent assez perspicaces pour voir le faux de beaucoup de doctrines du temps. […] C’est à Paris, en effet, que cet Italien, naturalisé Français par un langage aussi étonnant pour un étranger que celui d’Hamilton (dans les Mémoires de Gramont), publia son fameux livre dialogué sur les blés, que Voltaire appela du Platon égayé par Molière, et qui fricassa les économistes balourds de ce temps dans la poêle à frire de la plaisanterie, chauffée avec cette verve qui faisait penser Catherine II au Vésuve, quand elle lisait Galiani ! […] Pour donner une idée de l’exiguïté de sa taille et du peu de hauteur de sa stature, on raconte qu’un jour une duchesse de ce temps matérialiste, qui n’estimait que la matière et à laquelle il s’était permis de faire une déclaration d’amour, le prit d’à genoux où il s’était mis, et, l’enlevant de terre comme un enfant coupable, l’assit d’autorité sur le marbre d’une cheminée qui était haute et sonna pour dire au domestique : « Descendez monsieur !
Nous savons trop, pour nous en étonner, à quel ironique piquet de chèvre Dieu a attaché l’esprit humain, et ce qu’il lui donne de cette corde au bout de laquelle l’homme passe son temps à rêver l’infini ! […] franchement, que trouverez-vous, sinon un tourbillon d’atomes, une poussière d’intelligences que le vent de leur temps a soulevées, mais qu’il faut laisser maintenant tranquilles au fond de leurs cercueils ! […] Il l’est, à la vérité, avec les réserves que font les honnêtes gens dans ce temps-ci, mais il l’est, nonobstant, de sentiment, d’idées, de rêveries. […] Ainsi, d’une part, l’idée que l’homme-fonction doit le bonheur à l’homme individuel, et d’autre part, l’idée de ce bonheur que vous pouvez faire définir au plus modeste et qui n’en sera pas moins toujours un inventaire de Dieu, supérieur de tout à l’aurea mediocritas d’Horace, voilà la double source d’où sont sorties toutes les utopies, toutes les révolutions, toutes les démences, et cela, dans tous les temps, mais plus particulièrement dans les temps modernes, où la personnalité humaine a pris de si monstrueuses dilatations. […] Le christianisme progressif est une expression des temps modernes, injurieuse dans sa bienveillance, et ne tendant à rien moins qu’à la négation du christianisme qui est absolu, puisqu’il est divin.
Il y a des poètes plus ou moins mêlés à la littérature active des journaux et du théâtre, les deux timbalières de ce temps ; mais M. […] Il pourrait concevoir et réaliser sa poésie comme il faut la concevoir et la réaliser pour être encore sympathique à un temps qui, demain, ne voudra même plus de cette poésie qu’on a descendue jusqu’à lui. […] Promettre à ce poète que l’avenir le vengera un jour de son temps, ce serait prendre sur soi d’affirmer que la Poésie n’est pas perdue. […] Pécontal avait des virilités de pensée qui annonçaient un poète de reploiement et de réflexion, — oiseau rare dans les temps actuels ! […] Par ce côté, il n’est réellement pas de son temps.
Toutefois, du temps d’Aristote, il circulait des chants orphiques, et lui-même en discute un passage sur la nature de l’âme. […] Mystérieuse, quoique populaire, elle se conservait dans le souvenir de quelques familles sacerdotales ; et plus tard elle se renouvela, en se chargeant de vers apocryphes, selon le goût et le génie du temps. […] Il avait dans ses hymnes chanté la Fortune, divinité inconnue au temps d’Homère ; mais il l’avait supposée fille de la Prudence et sœur du Bon Gouvernement. […] Mais nous y remarquons aussi, par le choix de l’auteur ou peut-être par les altérations de l’usage et du temps, cette variété de dialectes dont Homère avait usé pour parler à toute la Grèce, et que, dans une autre société, reproduisit le Dante pour parler à toute l’Italie. […] Pausanias60, si studieux explorateur de la Grèce, au temps des Antonins, a décrit, sans exprimer de doute, le monument d’Arion, du moins fort ancien, s’il n’était vrai ; et, dans le siècle suivant, un polygraphe assez judicieux, Élien, citait une ode de ce poëte fabuleux sur la merveille de son sauvetage inespéré.
Chaque vers apparaîtra dès lors comme un lambeau palpitant arraché au Temps. […] La voûte et l’idée de temps. […] Le temps de la lumière blanche est fini. […] Temps lourds, temps légers prodigués avec goût, voilà l’essence de notre poésie. […] Nous lisons l’écriture du temps sur nos cathédrales.
Elle fait bien l’effet de ces vases d’airain artistement placés chez les anciens dans leurs amphithéâtres sonores, et qui renvoyaient à temps la voix aux cadences principales. […] Qu’en aucun temps tes yeux ne brillent que de larmes ! […] De 1827 à 1831, Leopardi passa la plus grande partie de son temps à Florence, sauf un voyage-qu’il fit à Recanati. […] Je souffre et je suis las, endors mes yeux calmés, Souveraine du temps ! […] Les temps se précipitent et empirent : c’est à tort que l’on confierait à des neveux gâtés (a putridi nepoti) l’honneur des âmes fortes et la vengeance suprême des vaincus.
Je répondis alors : Viens-tu ici pour achever ton temps, comme tu l’avais promis ? […] J’en bénis Dieu ; et, quelque temps après, je bénis aussi la pauvreté qui m’avait sauvé la vie, tandis qu’elle tue tant de malheureux. « Dans ce temps-là, M. […] Cet homme sembla me demander pardon devant ceux qui peu de temps après me vengèrent, moi et tant d’autres qui avaient été assassinés par lui. […] Ce temps explique Machiavel en politique, Benvenuto Cellini en art et en littérature.
Peu de temps après, la nécessité l’obligea de se charger d’enseigner le droit aux neveux de l’évêque d’Ischia. […] À cette division répond celle des temps obscur, fabuleux, historique. […] Mais lorsque nous essayons de remonter vers des temps si loin de nous, que de difficultés nous arrêtent ! […] Aussi la monarchie est-elle le gouvernement le plus conforme à la nature, dans les temps de la civilisation la plus avancée. […] Vico refusa, et se maria, à ce qu’il paraît, peu de temps après.
Il y a des temps très distincts à observer quand on parle de Bernis : il ne fut cardinal qu’à l’âge de quarante-trois ans, et il ne s’engagea réellement dans les ordres qu’à l’âge de quarante. […] Le temps dépouille les objets des passions dont on les offusque ; et, quand ils sont bons en soi, on parvient à n’y plus voir que le bon. […] et qu’il faut de temps et d’occasions pour en faire l’épreuve et pour le distinguer ! […] Le sort ne lui a pas laissé le temps de réparer ses fautes ni de corriger ses hasardeuses entreprises ; mais Bernis sera un excellent ambassadeur : il a l’insinuation, la conciliation, la politesse ; il représente avec goût et magnificence ; il sera le modèle d’un ambassadeur de France à Rome pendant plus de vingt ans. […] Du moins on ne saurait mieux marquer à quel prix était, selon lui, la considération : et, quoi qu’aient pu dire des chroniques secrètes, il sut dès ce temps-là l’obtenir.
La céleste Roxandre, en ce temps-là, était l’objet de son admiration vraiment romanesque ; elle la voyait comme assise sur un trône idéal, et, dans la suite de lettres qu’elle lui adresse, on croirait par moments qu’elle parle à quelque impératrice de Constantinople ou de Trébizonde. […] Quelques grands athlètes y viennent de temps en temps se mesurer dans des duels ingénieux : ils entrent dans la lice, ils brillent, on écoute, on applaudit, et bientôt chacun des habitués reprend, le fil de ses propres réflexions dans des à parte suivis et qui, après les airs de bravoure, composent un fond de bourdonnements plus doux. […] Vous me manquez, comme si nous avions passé beaucoup de temps ensemble, comme si nous avions beaucoup de souvenirs communs ; comment s’appauvrit-on à ce point de ce qu’on ne possédait pas hier ? […] Bacon a remarqué que les temps les plus enclins à l’irréligion sont ceux de paix et de tranquillité ; les révolutions au contraire, les grands coups de tonnerre en politique ramènent les hommes au pied des autels. […] « Rien ne fait échapper à la colère, disait-elle vers ce temps à une spirituelle amie, comme un profond sentiment de l’infirmité humaine. » Je ne sais rien qui lui fasse plus d’honneur, dans tout ce que ses amis nous ont transmis d’elle, que sa manière de sentir et de juger en ces années-là.
Imaginez-vous que, depuis dix ans, je ne l’avais plus quitté, que nous passions nos journées ensemble : j’étais à côté de lui quand il travaillait, je l’exhortais à ne pas tant se fatiguer, mais c’était en vain : son ardeur pour l’étude et le travail augmentait tous les jours, et il cherchait à oublier les circonstances des temps en s’occupant continuellement. […] M. de Chateaubriand, à son premier voyage d’Italie, vit la comtesse et lui fut présenté en 1803, dans le temps même de la mort d’Alfieri ; il a, depuis, dans une page désobligeante de ses Mémoires, affecté trop ouvertement de la sacrifier à Mme Récamier. […] Puisque le temps continuait d’aller et les années de courir, elle avait dû y pourvoir en personne sensée, et il lui avait bien fallu, elle-même, mettre une rallonge à sa vie ; mais la sensibilité n’a qu’un âge, et ce qui est passé, ce qui est perdu et véritablement irréparable, ne se recommence pas. […] En toute saison, quand le temps le permettait, elle sortait le matin, et en été avant sept heures. […] Dans les derniers temps, elle ne sortait plus, et son salon était ouvert tous les soirs.
Dominique une fois nouées et commencées, l’amitié entre eux s’ensuit, mais elle ne vient point tout d’un coup ; il y faut du temps, quelque intervalle : une absence y aide. […] Dès que le temps était triste, ils se taisaient ; ils reprenaient avec le soleil, avec les vents plus doux, avec l’espoir de l’été prochain. […] Consterné d’abord du mariage de Madeleine qui se fait peu après, Dominique, ayant terminé vers le même temps ses classes, vient à Paris, et là une nouvelle vie commence. […] Le roman n’est pas entièrement d’accord avec la vérité humaine, avec l’entière vérité telle que les grands peintres de la passion l’ont de tout temps conçue. […] Le temps, rien qu’en marchant, égalise tout.
Si le ridicule existait encore et si l’on avait le temps de rire de ces misères, il serait bouffon vraiment de voir que M. […] Ô vicissitude des temps et des mœurs ! […] Or Béranger a eu de cette élévation, due en partie à son temps et aussi à une disposition supérieure du poète. […] C’est trop le livrer en déshabillé vraiment ; c’est donner trop beau jeu à cette disposition habituelle où sont les critiques de tous les temps, et surtout ceux du nôtre, de se mettre au-dessus des auteurs et de le prendre de haut avec ceux qu’on juge. […] coupons court à temps ; c’est bon goût et sagesse.