/ 1858
1092. (1940) Quatre études pp. -154

Notre bonne volonté s’est exercée de cent manières : mais la poésie populaire française — à supposer qu’elle ne soit pas un simple mythe — nous n’avons pas réussi à la ressusciter. […] Encore le combat avec l’ange n’est-il pas terminé à ce point, car la peine de dégager une personnalité suppose la peine de vivre. […] Il faut donc supposer « une autre attraction », et « quelque principe d’intelligence, quelque chose de semblable à ce que nous appelons désir, aversion, mémoire » (Par.  […] Depuis l’homme, dont les molécules se renouvellent de telle sorte qu’il n’est jamais lui-même, ni tout à fait un autre, jusqu’aux étoiles que l’on voit, et, au-delà de celles que l’on voit, jusqu’à celles que l’on suppose, l’univers n’apparaît plus que comme un immense devenir. […] « Quant à la philosophie, elle suppose les passions dans la constitution de l’homme.

1093. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Dans une lettre à un ami qu’elle supposait méditant une brochure en faveur des philosophes, elle lui demande spirituellement pourquoi une brochure ? […] « Une femme arrivée au terme de la jeunesse ne doit plus supposer qu’elle puisse avoir commerce avec les passions, fût-ce même pour les vaincre ; on sent que sa force doit être dans le calme, et non dans le courage. » (19 avril 1806.)

1094. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

L’oraison funèbre de Mme de Longueville fut prononcée un an après sa mort, non point par Bossuet, je l’ai regretté, mais par l’évêque d’Autun, Roquette, le même qu’on suppose n’avoir pas été étranger à l’idée du Tartufe, et duquel encore on a dit que les sermons qu’il prêchait étaient bien à lui, puisqu’il les achetait. […] Si maintenant vous supposez que 200,000 têtes ont toutes un nombre de cheveux différent, il faut qu’elles aient chacune un des nombres de cheveux qui sont depuis un jusqu’à 200,000 ; car si l’on supposoit qu’il y en avoit deux parmi ces 200,000 qui eussent même nombre de cheveux, j’aurois gagné le pari.

1095. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

C’est peut-être un préjugé, Monsieur, je n’ose pas le décider, mais il n’en est pas moins vrai que, même parmi nous, les plus pauvres, les plus ignorantes des familles du peuple, soit à la ville, soit à la campagne, un instinct, absurde peut-être, mais invincible, nous inspire partout et toujours une répugnance naturelle pour certaines familles entachées de crimes fameux dans quelques-uns de leurs membres, et capables, nous le supposons du moins, de retrouver cette capacité du crime de génération en génération ; nous nous en éloignons tant que nous pouvons, nous disons que cette race est mal famée, nous ne leur donnons pas nos filles, nous ne permettons pas à nos garçons de chercher des femmes parmi eux. […] Seulement il y aura une erreur de plus entre les hommes, l’idéal, exagéré par l’imagination, l’accusation réciproque des uns contre les autres, la haine aveugle résultant de la mauvaise volonté supposée de tous contre tous, par conséquent un surcroît de calamités incurables.

1096. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Ces motifs parfaitement raisonnables n’attestent nullement dans Elisabeth, à cette époque, la perfidie et la haine que les historiens lui supposent dans cette négociation. […] On supposa que le roi et son page, entendant, au commencement de la nuit, les pas des sicaires, étaient descendus au jardin, avaient voulu fuir par le verger, et, poursuivis et étranglés par les bourreaux de Bothwell, avaient été laissés sur la scène du meurtre, par négligence ou par ignorance de l’explosion qui devait les engloutir eux-mêmes avec leurs victimes ; on ajoute que Bothwell, croyant les cadavres de Darnley et du page dans la maison, avait fait allumer inutilement la mine pour tout ensevelir dans ce cratère, qu’il était rentré à Holyrood après l’explosion, croyant qu’il ne restait aucun vestige de meurtre et qu’on attribuerait tout à un amas de poudre involontairement allumé par l’imprudence du roi.

1097. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIe entretien. Biographie de Voltaire »

Mais à peine avait-il écrit ces lignes impies qu’il rougissait de les avoir écrites et qu’il s’en vengeait en écrivant d’une main plus ferme les pages les plus solides de pensée et les plus magnifiques d’expression sur l’existence de Dieu dans ses œuvres, sur la conscience, ce code vivant de la morale une et éternelle, sur la moralité ou sur l’immoralité des actes humains, moralité ou immoralité qui suppose une peine ou une rémunération finale, et par conséquent une immortalité. […] Voltaire admettait cette Providence pour les généralités de la création ; pour les individualités, il supposait Dieu aussi faible que l’homme ; il attribuait à l’intelligence infinie les procédés et les généralisations qui soulagent l’intelligence bornée et l’attention restreinte de l’homme ; il soutenait que Dieu gouverne par les ensembles et non par les détails ; c’était méconnaître la première des attributions et des forces de Dieu : l’infini.

1098. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Il veut à toute force m’enlever le peu de mérite que les Trois Siecles supposent, & ne me laisser que les haines qu’ils m’ont attirées. […] il leur importe peu de me faire honneur du talent que cette Version suppose (car on la dit très-exacte), pourvu qu'elles réussissent à me nuire auprès des personnes dont l'estime m'est précieuse.

1099. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

On supposa qu’Aphrodite avait recueilli l’enfant merveilleux, tombé de l’arbre à parfums, et que, renfermant dans un coffre, elle l’avait confié à Perséphone, comme on cache sous terre un trésor. […] Un enfant, lacchos, supposé fils de Déméter, y figurait ; la bouche sur son sein, ne signifiant d’abord que la maternité de la bonne déesse.

1100. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

À supposer que le jeune auteur n’ait pas réussi du premier coup dans son effort, c’est au moins là une œuvre de haut vol qui s’élève au-dessus de la plupart des productions contemporaines. […] Rien ne nous le fait supposer, tout nous fait croire le contraire.

1101. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il raisonnera ailleurs, et tout à côté, dans le sens de la supériorité supposée des anciens.

1102. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Parny poète élégiaque. » pp. 285-300

» Beau cri, mais qui dépasse, ce me semble, la portée de l’amour, qui suppose dans le cœur une rage de bonheur antérieure à l’amour, et laquelle aussi lui survivra.

1103. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Ce n’est pas là de la force autant qu’on se l’imaginerait : cela suppose bien des limites.

1104. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Ce n’est pas précisément qu’un ecclésiastique ne puisse se tenir convenablement sur un cheval ; mais porteriez-vous un habit écarlate avec des franges d’or, supposé que ce fût encore la mode en France ?

1105. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le poëte prend son parti du labeur et de la peine que tout noble effort suppose, surtout quand il s’agit d’associer des contraires, de ne rien sacrifier, de ne verser d’aucun côté, de ne donner ni dans un idéal trop subtil et trop froid, ni dans une matière trop sensuelle et trop colorée.

1106. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

. — Mais ici ce n’est pas au point de vue du public, c’est au point de vue du gouvernement que je me place, et c’est le gouvernement qui a dû s’effarer tout le premier et se tâter pour savoir s’il était bien le même ; c’est lui qui a dû s’étonner de ne plus trouver un matin autour de lui ce qui y était la veille et se demander à son tour : Comment se fait-il que cette opinion qu’il y a quelques mois encore on supposait disciplinée et soumise, et quelque peu sommeillante, se soit tout d’un coup réveillée ?

/ 1858