Du jeune Enghien à la grande âme Comme il suit tous les pas, de carnage fumants ! […] Sa mort, qui suivit de près les douleurs que j’avais endurées pour vous mettre au monde, vous rendit orphelin, et me laissa veuve plus tôt qu’il n’eût été utile à l’un et à l’autre. […] Représentons-nous Massillon dans la chaire, prêt à faire l’oraison funèbre de Louis XIV, jetant d’abord les yeux autour de lui, les fixant quelque temps sur cette pompe lugubre et imposante qui suit les rois jusque dans ces asiles de mort où il n’y a que des cercueils et des cendres, les baissant ensuite un moment avec l’air de la méditation, puis les relevant vers le ciel, et prononçant ces mots d’une voix ferme et grave : Dieu seul est grand, mes frères ! […] Quelle nation ne suivait pas alors les modes de la France ? […] Son regard suit encor ces pieux Solitaires Errant sous les arceaux de leurs noirs monastères ; Dans la brise du soir elle entend leurs soupirs ; En silence elle écoute, immobile, rêveuse, De l’orgue qui gémit la plainte harmonieuse : — Il lui semble qu’au loin d’invisibles concerts > S’élèvent, emportés dans le vague des airs, Et, de l’autel brisé relevant l’édifice, À l’Éternel encore elle offre un sacrifice.
C’est par elle que Bacon caractérise la méthode que suivaient les savants de son temps et qu’il combat. […] Et ce n’est pas seulement dans les problèmes les plus généraux de la science que cette méthode est suivie ; elle reste la même dans les questions spéciales. […] Elles ne sont en somme que des conseils de sagesse pratique et, si l’on a pu, plus ou moins spécieusement, les présenter comme l’expression même de la réalité, c’est que, à tort ou à raison, on a cru pouvoir supposer que ces conseils étaient effectivement suivis par la généralité des hommes et dans la généralité des cas. […] Par conséquent, si superficielles qu’elles soient, ces propriétés, pourvu qu’elles aient été méthodiquement observées, montrent bien au savant la voie qu’il doit suivre pour pénétrer plus au fond des choses ; elles sont le premier et indispensable anneau de la chaîne que la science déroulera ensuite au cours de ses explications. […] Mais si l’on veut suivre une voie méthodique, il faut établir les premières assises de la science sur un terrain ferme et non sur un sable mouvant.
Ce n’est pas lui qui suivra d’une sympathie ardente les efforts désespérés des peuples vers la justice éternelle. […] On ne peut pas dire que ce fût chose nouvelle de suivre ainsi dans le temps la transmission des sentiments et des idées. […] Il a dû aussi bien souvent suivre d’un long et vague désir une belle inconnue devinée d’un regard au fond d’un coupé. […] Sa pensée ne vagabonde jamais au hasard : elle suit une route sévèrement tracée d’avance. […] Et c’est pour le lecteur un charme, au milieu des raisonnements arides qui se suivent sans trêve, de pouvoir reposer ses regards sur cette vue rafraîchissante.
C’est ainsi qu’elle prélude à ce songe d’âge d’or, à ce mirage d’innocence champêtre qui la prit dès l’enfance et la suivit jusque dans l’âge mûr. […] Nous ne la suivrons pas longuement dans cette voie nouvelle, dans laquelle l’auteur ne rencontrera jamais un succès égal à son mérite, à son effort, à son visible désir de bien faire. […] George Sand est idéaliste, sans doute, et c’est par là qu’elle se distingue profondément de l’école des romanciers qui l’ont suivie. […] Comme on sent peser lourdement sur chacun des acteurs le poids d’une soirée d’automne pluvieuse qui a suivi une journée plus monotone encore ! […] Elle avait suivi avec intérêt les débuts d’Edmond About, elle y avait applaudi non sans quelques protestations contre le système de la raillerie perpétuelle.
* * * * * Un moment de silence suivit ces mots. […] J’étais déconcertée par l’impossibilité du suivre à la fois le sens triple ou quadruple de ces tercines apocalyptiques. […] Me voici prête à vous suivre de l’enfer au ciel. […] Le lévrier avait suivi son maître, qui, avec l’aide de Marcel et de M. […] Pendant la campagne de France, où il suit par bienséance de cour son souverain, il s’absorbe dans ses rêveries contemplatives.
Le baptême de sang des journées de juin, les réactions qui suivirent nous serrèrent le cœur ; il était clair que l’âme et l’esprit de la France couraient un véritable péril. […] La France n’a fait, du reste, que suivre en cela le mouvement général de toutes les nations de l’Europe, la Prusse et la Russie exceptées. […] Mais quelle voie va-t-elle suivre dans l’œuvre de sa réforme ? […] C’est la Prusse elle-même qui nous l’a donné, et elle ne peut nous reprocher de suivre son exemple. […] Cette direction matérialiste dure depuis les années qui suivirent 1830.
Mais il faut qu’Henri VIII et Élisabeth elle-même suivent dans les grands intérêts le courant de l’opinion publique ; s’ils sont si forts c’est qu’ils sont populaires ; le peuple ne soutient leurs entreprises et n’autorise leurs violences que parce qu’il trouve en eux les défenseurs de sa religion, et les protecteurs de son travail1326. […] La grande affaire est de le démêler, d’avoir le meilleur, de ne pas suivre un autre à sa place ; c’est un grand bonheur qu’il y en ait un, et qu’on le reconnaisse. […] Partout il y a des chefs reconnus, respectés, qu’on suit avec confiance et déférence, qui se sentent responsables et portent le poids en même temps que les avantages de leur dignité. Il y en a dans le mariage, où l’homme règne incontesté, suivi par sa femme jusqu’au bout du monde, fidèlement attendu le soir, libre dans ses affaires qu’il ne communique pas. […] Il ne dit point anathème au monde ; en cela sa doctrine est moderne, il suit la grande voie dans laquelle la Renaissance et la Réforme ont lancé la religion.
La noblesse de la province, qui s’y rassemble, n’a que ce qu’il faut de bien pour vivre ; elle n’en a pas assez pour parvenir ; et, ne pouvant se livrer à l’ambition, elle suit par nécessité le conseil de Cynéas. […] Je me mis à genoux près de la porte, et, sans l’interrompre, je suivis mentalement ses paroles. […] Combien ont dû vous paraître tristes les premiers jours qui suivirent la mort de cette sœur chérie ! […] Je les suivis des yeux jusqu’au bout de la prairie, et j’allais les perdre de vue dans les arbres, lorsque des cris d’allégresse vinrent frapper mon oreille : c’étaient leurs familles réunies qui venaient à leur rencontre. […] Mais cette lecture nous avait mis sur le front et sur les lèvres un sceau de mélancolie et de gravité qui n’était pas de notre âge, et qui distinguait notre groupe de ceux qui nous précédaient et qui nous suivaient.
Un homme chargé d’un fagot, suivi d’un chien et portant une lanterne, signifiait la lune ; sa lanterne figurait son clair. […] Ils le suivent. […] Illustre Glamis, digne Cawdor, élevé encore au-dessus de ces deux titres par le salut qui les a suivis, ta lettre m’a transportée au-delà de ce présent rempli d’ignorance, et je sens déjà l’avenir exister pour moi. […] Nous sommes perdus si la tentative n’est pas suivie de l’action. […] Banquo les suit.)
Il attaqua les provinces maritimes, il fit suivre à son armée de terre les côtes de la mer pour n’être point séparé de sa flotte ; il se servit admirablement bien de la discipline contre le nombre ; il ne manqua point de subsistances ; et s’il est vrai que la victoire lui donna tout, il fit aussi tout pour se procurer la victoire. […] Alexandre prit des femmes de la nation qu’il avait vaincue ; il voulut que ceux de sa cour en prissent aussi ; le reste des Macédoniens suivit cet exemple. […] Ce qu’il dit des troupes est plus ingénieux que vrai ; le voici : « Une maladie nouvelle s’est répandue en Europe ; elle a suivi nos princes, et leur a fait entretenir un nombre désordonné de troupes. […] « De là il suit qu’en Asie les nations sont opposées aux nations du fort et du faible ; les peuples guerriers braves et actifs touchent immédiatement des peuples efféminés, paresseux, timides : il faut donc que l’un soit conquis, et l’autre conquérant. […] « C’est au législateur de suivre l’esprit de la nation, lorsqu’il n’est pas contraire aux principes du gouvernement ; car nous ne faisons rien de mieux que ce que nous faisons librement et en suivant notre génie naturel.
Sans doute leurs chapitres ne se suivent pas tout à fait au hasard : outre qu’ils se tiennent par l’unité du but, qui est la description de tel ou tel monde, on devine le plus souvent dans quelle intention délicate, pour quel effet de symétrie, de redoublement du d’opposition ils ont été disposés comme on les voit : leur désordre, est lui aussi, « un beau désordre ». […] Au fond, ils n’aiment pas raconter ; ils ne peuvent souffrir le labeur d’un récit suivi, avec des passages nécessairement plus éteints, des transitions d’un épisode à l’autre. […] Je me fais fort, en retranchant beaucoup, en ajoutant très peu, de transformer Charles Demailly, sans beaucoup de peine, en un roman suivi et correctement composé ; mais je suis tenté d’estimer peu ce qui est si facile à faire. […] Continuons cette revue et suivons le roman de la tendresse et des nerfs, du monde des artistes dans le monde des bourgeois. […] La psychologie de sœur Philomène est plus simple et plus claire, et son développement suivi et logique.
Pour toutes les sciences de la nature, mécanique, physique, chimie, biologie, il y a trois siècles que cette direction est suivie, on sait avec quel succès. […] Beaucoup de physiologistes, comme Flourens, Longet, Durand (de Gros), Despine, qui ont suivi cette voie, ne vont pas au-delà, les uns par une réserve toute scientifique, les autres par attachement à une doctrine spiritualiste. […] Parce que la méthode statistique établit que la moralité et l’immoralité suivent une loi fixe dans leur développement. […] Littré est un esprit rigoureux et systématique qui suit son principe jusqu’au bout. […] Que l’homme essentiellement passionné suive sa voie ; que l’homme essentiellement raisonnable suive la sienne ; que l’homme, chez lequel la raison et la passion se disputent l’empire, flotte entre les deux voies sans s’engager résolument dans aucune : qu’y a-t-il à cela de contradictoire à la notion de liberté ?
Je n’ai à suivre ce récit qu’autant qu’il sert à peindre l’historien lui-même. […] Je n’ai pas à suivre ici les péripéties de l’entreprise ni à faire le siège de Constantinople : qu’il me suffise de rappeler que les croisés ne prirent point d’abord la ville pour leur compte ; ils exécutèrent fidèlement leur promesse, rétablirent sur le trône le père d’Alexis et y placèrent ce jeune homme lui-même. […] Que si l’on dit que c’est en fuyant Alphée qu’Aréthuse traverse ainsi les mers à l’état de fontaine, elle a bien plus à craindre encore en un tel moment que son onde ne se mêle à celle du fleuve qui la suit, qu’au flot marin qui l’environne ; et, après que la nymphe s’est dérobée et est devenue une fontaine de Sicile, c’est la poursuite de l’Alphée, du fleuve grec comme l’appelle Nicétas, du fleuve plongeur, comme l’a appelé Moschus, qui demeure la merveille perpétuelle et toujours vive à travers les mers ; mais il ne convient pas de trop presser la mythologie.
Fidèle à ces principes, suivez votre goût pour les lettres, et vous obtiendrez des gens de bien une sanction sans laquelle les plus grands talents n’ont rien qui soit digne d’être envié. » Certes, celui qui fait ainsi parler les grands esprits, et qui met dans leur bouche un sens si juste avec des paroles si complètes, est lui-même de leur postérité à bien des égards, et, si on ne le cite qu’au second rang, il ne fait pas d’injure au premier. […] En janvier 1790, Morris a-t-il à faire parvenir au roi un avis sur la marche à suivre, en désapprouvant son idée de se rendre à l’Assemblée pour y déclarer qu’il se met lui-même à la tête de la Révolution, ce qui paraît à Morris d’une faible et dangereuse politique : « Cette note, dit-il dans son Journal, fut remise à la reine par son médecin Vicq d’Azyr. » Deux ans après, en janvier 1792, Morris est-il sur le point de partir pour Londres : « Vicq d’Azyr, le médecin de la reine, est venu ce matin, dit-il encore, pour me demander de la part de Leurs Majestés de communiquer au roi et à la reine tout ce que je pourrai apprendre en Angleterre de nature à les intéresser. » Ce ne sont que des indications, mais qui donnent le sens de tout un rôle suivi que l’on peut assez conjecturer.
Les exemples, il les prend dans ce qu’il sait le mieux, c’est-à-dire dans ce qu’il a vu, et surtout dans ce qu’il a fait et dirigé ; il expose au long chaque entreprise de sa façon, même les plus secondaires en apparence, et il en tire des leçons directes ; chaque fait de guerre est suivi de son commentaire en règle et d’une exhortation. […] Deux trous furent pratiqués à la muraille, et Montluc aussitôt se jeta dans l’un tête baissée : « Dieu me donna (alors), dit-il, ce que je lui avais toujours demandé, qui était de me trouver à un assaut pour y entrer le premier ou mourir. » Ce dernier vœu faillit se vérifier ; ses soldats, assaillis d’une grêle de pierres, ne purent le suivre, et n’eurent d’autre moyen de le secourir que de le tirer dehors par les jambes, quand, blessé et renversé à terre, il eut à faire sa retraite à reculons ; mais ils ne le tirèrent pas si bien que, roulant de haut en bas jusqu’au fond du fossé, son bras ne se rompît en deux endroits : « Ô mes compagnons ! […] Au fond, il ne s’agit que d’un ou plusieurs moulins à prendre et à brûler, et Montluc, qui a bien de l’esprit, au moment d’entrer dans ce récit tout sérieux, comme s’il avait deviné que don Quichotte faisait quelque chose de pareil vers le même temps, se permet par précaution un petit sourire : « Or, pour déduire cette entreprise, dit-il, encore que ce ne soit pas la conquête de Milan, elle pourra servir à ceux qui en voudront faire leur profit. » Après cette légère précaution, il n’omet plus rien du détail et des circonstances du stratagème, et en fait un parfait modèle et un exemple à suivre.