Zola auront aussi coulé… VI18 Nous en étions restés sur le joli souvenir du Ventre de Paris, cette haute pièce montée de charcuterie, que M. […] La Faute de l’abbé Mouret n’est plus une farce nauséabonde comme Le Ventre de Paris, avec sa fameuse description de fromages dont on ne se souvient qu’en se bouchant le nez, et qui n’avait, au bout du compte, que l’inconvénient de l’infection pour nous et d’un ridicule incommensurable pour l’auteur. […] Zola lui fasse une gloire de son repentir, de sa pénitence, de sa résistance obstinée à la femme qui le fit tomber et à la tentation des souvenirs ?
La longévité des nations qui traversent le temps et qui ont toutes cherché à défendre le mariage et la légitimité paternelle comme la source même de leur double vie, l’Antiquité, par l’eunuchat, cette invention du désespoir, dégradante et terrible, et le Christianisme, qui a transfiguré toutes les institutions antiques par un autre eunuchat volontaire qui retranche, avec la volonté, la convoitise du cœur de l’homme et crée une atmosphère de pudeur inconnue avant Jésus-Christ, cette longévité relative des nations ne lui a rien appris pour, dans cette occasion, s’en souvenir ! […] C’est qu’il n’a pas de conclusion, non-seulement exprimée, mais sentie, et qu’il ne s’adresse qu’aux honteux souvenirs, que nous avons tous, quand il devrait s’adresser, ce livre, encore plus à l’avilissement de nos idées qu’à l’avilissement de nos mœurs. […] On lui avait reproché, — si vous vous en souvenez, — les détails par trop bourgeois et même par trop boutiquiers de son premier livre, les descriptions des clous et des tentures de ses appartements, le capitonné, le vernis et le tripoli de tout cela ; on l’avait même (et ce n’était pas nous) appelé le « tapissier littéraire », et il a essayé de prouver que « le tapissier » pouvait travailler aussi à ciel ouvert, faire du Byron, de l’Océan, de la grande nature, car la prétention de Daniel, c’est d’être un livre byronien, et c’est avec cette épithète qu’un critique célèbre nous l’annonçait un jour dans une quinte de bienveillance.
Tous les bons souvenirs de cette année où nous en avons fait. […] Nous en avons encore le souvenir dans la mémoire des muscles des cuisses. […] Ô cruel souvenir de ses gloires passées. Mauvais souvenir, impérieux souvenir des gloires tant de fois manquées, souvenir en avant des gloires qu’il manquerait, qu’il allait peut-être manquer tant de fois encore (moins de fois). […] Vous vous en souvenez certainement.
J’ai un souvenir que je ne peux chasser. […] Mais, j’ai beau l’évoquer, les nuits sont vides de lui, de son souvenir, de son image. […] ……………………………………………………………………………………………………… Depuis deux jours, je ne sais, le souvenir de mon frère se réempare de mon esprit, un peu distrait de lui par l’horreur du moment, la menace de l’avenir, — et ce souvenir m’est présent et cruel comme aux premiers jours. […] J’étudiais au passage Choiseul ce manège d’un assiégé devant un tout nouveau produit, dont l’usage connu, et peut-être des souvenirs personnels, l’arrêtaient dans son désir de le faire servir à sa cuisine. […] » fait quelqu’un qui se souvient, en voyant passer le chirurgien dans une voiture.
Le souvenir de George Sand s’empare impérieusement d’Alfred de Musset. […] faible femme, orgueilleuse, insensée, Malgré toi tu t’en souviendras ! […] Que lui fallait-il, pour laisser aux hommes ce chef-d’œuvre de poésie, cette forêt décrite dans Alastor, et qui ne sortira plus de leur souvenir ? […] Lourdement, longuement, revenant dix fois sur les mêmes idées, les farcissant d’anecdotes et de souvenirs livresques, il poursuit ses démonstrations avec une opiniâtreté magnifique. […] Alfred de Musset, Souvenir.
Pour le prononcer, il faut bien que nous nous souvenions de la première moitié au moment où nous articulons la seconde. […] Je fais appel à vos souvenirs professionnels : je vais, si vous le voulez bien, évoquer quelques-uns des miens. […] Nous n’aurons plus à rendre compte du souvenir, mais de l’oubli. […] Que pourra bien être ce souvenir, s’il résulte véritablement de la fixation, dans le cerveau, de l’impression reçue par l’œil ? […] J’aperçois ensuite des souvenirs plus ou moins adhérents à ces perceptions et qui servent à les interpréter ; ces souvenirs se sont comme détachés du fond de ma personne, attirés à la périphérie par les perceptions qui leur ressemblent ; ils sont posés sur moi sans être absolument moi-même.
Quand le pauvre Jean-Jacques dans sa jeunesse s’en revint d’un voyage entrepris pour sa santé, il trouva la place occupée ; Mme de Warens avait fait choix de ce grand diable, s’il vous en souvient, de celui-là qui menuisait toute la journée et frappait si fort. […] » — « En effet, monsieur, puis-je répondre, car je ne crois pas à vous. » Le pasteur Napoléon Peyrat, dans un livre de souvenirs, intitulé : Béranger et Lamennais (1861), m’apporte un trait à l’appui de mon dire. […] Molé : « Mais, en le réfutant, je me suis bien gardé de le nommer, disait-il l’autre jour chez la princesse de Craon ; je me suis souvenu que Corneille et Racine avaient donné l’immortalité à certains critiques en les nommant. » — Il a dit cela sans rire. […] Tout cela dit, je continuerai de noter quelques souvenirs, quelques mots encore qui me reviendront çà et là, à l’occasion, et qui sont autant de traits pour la connaissance de ce grand et éloquent esprit et de ce médiocre caractère. […] Tandis que Chateaubriand, vieillard, abdique noblement la carrière publique, sacrifiant son reste d’avenir à l’unité d’une belle vie, il est bien que le jeune homme qui a commencé sous la même bannière continue d’aller, en dépit de certains souvenirs, et subisse sans se lasser les destinées diverses de son pays.
Quand il se prit corps à corps avec eux, souvenons-nous qu’il avait vingt-cinq ans, qu’il s’attaquait à des poètes en crédit, que ces poètes étaient tous contre un seul. […] Les souvenirs et les habitudes prévalaient sur les écrits nouveaux. […] Ainsi, pour avoir le vrai sens de l’admiration qu’inspire à Boileau cette facilité à trouver la rime, il faut se souvenir qu’il l’entend de la rime enchaînée au joug de la raison, de la rime qui enrichit le sens au lieu de le gêner, de la rime telle que la manie Molière dans le Misanthrope. […] Celle-ci naquit du souvenir d’une équivoque de mots, qui l’avait arrêté au début d’un poème projeté contre les critiques de son temps. […] Or, que nous reste-t-il, soit d’une lecture récente de Boileau, soit du souvenir que nous en ont laissé nos études, sinon une impression de perfection ?
C’était, si vous vous en souvenez bien, dans ces jours néfastes où le public épouvanté l’entendit parler latin ; pecudesque locutæ ! […] » Et il ajoutait plus loin : « Je ne sais quel souvenir des grands artistes me saisit à l’aspect de ce tableau (Dante et Virgile). […] moins ingrats que les peuples d’Ausonie, les sauvages habitants des bords de l’Ister se souviennent encore de l’Orphée qui parut dans leurs forêts ! […] L’idée d’un combat de coqs appelle naturellement le souvenir de Manille ou de l’Angleterre. […] Je ne puis jamais contempler la collection des ténébreuses et blanches vignettes dont Nanteuil illustrait les ouvrages des auteurs, ses amis, sans sentir comme un petit vent frais qui fait se hérisser le souvenir.
Voici pourtant quelques beaux passages, du jugement le plus sûr, de la meilleure et de la plus saine des langues : « Hippocrate a fleuri à l’époque la plus brillante de la civilisation grecque, dans ce siècle de Périclès qui a laissé d’immortels souvenirs. […] Plus on pénètre le sens des écrits d’Hippocrate, et plus l’on s’identifie avec le fond et la forme de ses pensées, plus aussi on comprend l’affinité qu’il a avec les grands esprits ses contemporains, et plus l’on est persuadé qu’il porte comme eux la vive empreinte du génie grec. » Et plus loin, je détache, avec le regret de l’abréger, une belle et bien bonne page encore : « Celse a vanté la probité scientifique d’Hippocrate dans une phrase brillante qui est gravée dans tous les souvenirs : (« Hippocrate, a-t-il dit, a témoigné qu’il s’était trompé dans un cas de fracture du crâne, et il a fait cet aveu avec la candeur propre aux grands hommes, aux riches qui ont pleine conscience du grand fonds qu’ils portent en eux »)… C’est le même sentiment de probité qui lui inspire la plus vive répugnance pour tout ce qui sent le charlatanisme… La haine qu’Hippocrate ressentait et exprimait à l’égard des charlatans est très comparable à la haine qui animait Socrate, son contemporain, contre les sophistes. […] Préparé par ses leçons et par son exemple, j’ai été soutenu dans mon long travail par son souvenir toujours présent. […] Une affreuse catastrophe, où elle avait montré toute sa force d’âme, dominait ses souvenirs de jeunesse.
Sous prétexte de ne faire aucun cas de ses nobles aïeux et de les subordonner tous dans leur ordre de noblesse à ce qui est de l’ordre de l’esprit, il les a montrés et déroulés en une longue lignée, mais pour les replonger aussitôt dans la nuit, et il s’est représenté, lui, le dernier, comme le seul glorieux, le seul vraiment ancêtre et dont on se souviendra ; car seul il a gravé son nom sur le pur tableau des livres de l’esprit. […] … L’homme est un lent voyageur qui envie ces passagers rapides ; rapides moins encore que son imagination, ils ont vu pourtant, en un seul jour, tous les lieux qu’il aime par le souvenir ou l’espérance… « Où vont-ils les nuages bleus et sombres de cet orage des Pyrénées ? […] De ses souvenirs de sa vie de soldat et des problèmes qu’il y rattachait, sortit ce livre de Grandeur et Servitude militaires, un noble livre, tout plein de choses fières, fines, maniérées et charmantes, où il sculpta d’un ciseau coquet et qu’il croyait sévère la statue de l’Honneur, le dernier dieu qu’il eût aimé à voir debout et respecté au milieu des ruines. […] Le moyen de se distraire d’un démon qui se rappelle à vous par de tels souvenirs !
Paul Pour la bourgeoisie, en partie par les souvenirs de collège ; pour tous, par la propension à considérer l’assassinat comme un des beaux-arts. […] Paul Je me souviens d’un article paru dans La Dépêche de Toulouse, où il insinuait qu’un confrère, qui faisait profession d’hellénisme, devait avoir des mœurs contre-nature. […] On ne lit plus beaucoup les romans de George Sand : même si les poésies de Musset déclinaient aussi, on se souviendrait toujours des amants de Venise. […] Pierre Bourget objecte que les lettres et les mémoires sont souvent faussés par l’influence du correspondant ou de l’interlocuteur, à qui l’on s’adapte pour lui plaire ou s’en faire entendre ; que les épistoliers et les mémorialistes forcent la note ou l’altèrent, suivant l’humeur du moment ou parce que leurs souvenirs ne sont pas sûrs, etc… M.
Les grands souvenirs de la poésie nationale l’attirent ensuite vers les lieux consacrés : il cherche l’âme de Dante à Ravenne, il visite à Arqua le tombeau de Pétrarque et celui d’Arioste à Ferrare. […] De poète je redevenais palefrenier…” Il était poète encore lorsque, débarqué à Antibes, il allait mêler ses larmes brûlantes aux flots de la Sorgue, en face du sombre rocher de Vaucluse, délicieuse solitude, dit-il, car il n’y a vu que l’ombre du souverain maître d’amour, et le souvenir de Laure de Noves lui a rappelé Louise d’Albany. […] dont le souvenir me sera toujours amer ; car tandis que, content et ivre de joie, j’allai chercher la moitié de moi-même, je ne savais pas qu’en embrassant ce rare et cher ami, quand je croyais ne me séparer de lui que pour six semaines, je le quittais pour l’éternité. […] Toutefois il ne se mit pas encore au lit ; ce repos que lui donnait l’opium n’était pas sans quelque mélange d’hallucinations importunes ; il avait la tête pesante, et, quoique éveillé, il retrouvait comme en songe le souvenir des choses passées le plus vivement empreintes dans son esprit.
Ne me fiant pas à mes propres lumières et à l’impression que le discours si sérieux de Cacault avait faite sur moi, je me souviens qu’avant de retourner à ma demeure, j’allai visiter le nouveau ministre d’Espagne, chevalier de Vargas, arrivé depuis peu de jours. […] Le Pape avait annoncé sa résolution : après avoir rendu grâces au Saint-Père ainsi qu’au sacré collège de la confiance qu’ils me témoignaient, — confiance que je savais ne point mériter, — je dis avec franchise et candeur que j’avais en ce moment un besoin extraordinaire de me souvenir de mes promesses et de mes serments d’obéissance aux volontés du Pape, promesses et serments articulés quand il me plaça le chapeau de cardinal sur la tête ; que cette foi soutenait mon courage et m’aidait à servir le pontife suprême et le Saint-Siège ; que mon désir de le faire était ardent, mais que ce secours m’était indispensable au moment d’accepter une mission si difficile et sa périlleuse, que j’avais tant et de si fortes raisons pour décliner. » II Le cardinal Doria fut choisi par le Pape et par Consalvi pour remplacer le cardinal-ministre en son absence. […] Là gisait l’insurmontable difficulté, car nous avions perdu le droit de leur confesser que nous ne nous souvenions pas très bien de leurs paroles, puisque l’un de nous avait commis la faute d’en prendre copie. […] « L’Empereur passa de Saint-Quentin dans les Pays-Bas, et il retourna peu après à Compiègne, ou à Saint-Cloud, — je ne me souviens pas très exactement de cela, mais je crois que ce fut à Compiègne. — Nous étions à Paris, et, comme nous n’avions plus de rentes, chacun s’empressa de renvoyer sa voiture, son domestique de place, et se contenta d’une habitation moins coûteuse.
Cette sortie contre les princes en amène une autre contre les nobles, avec des souvenirs du discours de Marius dans Salluste. […] Il gardait le souvenir d’une grande lumière qui avait brillé sur l’antiquité, et qu’il savait renfermée dans ses livres. […] On se souvient de ce qu’il a dit de la grâce et du sel d’Horace. […] On se souvient de cet endroit où la Raison parle en termes si crus qu’elle se fait traiter par l’ami de ribaude.