Mais un jour, après la révolution de juillet, les portes de l’ordre social étant ébranlées, à ce que croyait la bourgeoisie, il s’agit de tenir bon et de se mettre en travers, en attendant qu’on eût refait à loisir des verrous neufs.
C’est une des caractéristiques de l’organisation sociale de ce temps, que cet homme mal vu du roi, et qui n’aimait pas le roi, ait vécu plus de quinze ans près du roi, sans songer à quitter sans qu’on songeât à le renvoyer, parce que, étant duc et pair, sa place était là.
Il se peut que dans les matières d’ordre politique ou social, le journal soit l’expression de l’opinion publique : en littérature, comme en art, comme en fait de finances et dans toute matière trop spéciale pour qu’une opinion générale se forme spontanément, les journaux sont les guides de l’opinion, les porte-parole des écoles, les agents de la réclame esthétique ou commerciale.
D’un côté, l’homme sauvage, en s’emparant des arts, n’a pas assez de finesse pour les porter jusqu’à l’élégance, et l’homme social pas assez de simplicité pour redescendre à la seule nature.
Il faut voir de quel ton tranchant il fait table rase de toutes les idées morales, artistiques, historiques, sociales ou littéraires !
Franz de Champagny a beau nous dire avec raison, dans sa préface, que la question pour le monde et l’histoire n’est ni la question économique, ni la question politique, ni même la question sociale, mais la question morale, la question de l’homme, de sa vie terrestre et de sa vie au-delà de la terre : « L’homme est-il souverain ou subordonné ?
Il eût fallu entrer dans le vif de ce talent, bien plus senti qu’il n’est jugé, caractériser ce prestigieux écrivain, le plus piquant du xviie siècle, qui, à force de style, s’est fait croire un grand moraliste, quoique son observation aille plus au costume qu’à la personne, à la convention sociale qu’au tréfonds de la nature humaine, — en cela inférieur à La Rochefoucauld, qui n’a pas tout dit non plus, mais qui a vu plus loin que La Bruyère dans la misère constitutive de l’homme, et, comme le Pouilleux de Murillo, a mieux écrasé notre vermine au soleil.
Il est un hypocrite anglais de la plus magnifique espèce, poussé sur les plates-bandes de l’Hypocrisie dans un pays où la Loi sociale est si forte, que l’Indépendance comme le Vice est tenue de rendre cet hommage d’un mensonge à la Loi.
Les peuples y combattaient pro aris et focis, expression qui désignait tout l’ensemble des rapports sociaux, puisque toutes les choses humaines étaient considérées comme divines.
Et c’est plus que cela pour quiconque réfléchit : c’est un événement social et philosophique. […] La laideur est donc une plaie sociale, un fait purement humain. […] Il n’y a pas de loi divine ni sociale qui t’enchaîne à la rudesse de tes pères. […] Il a vu le côté riant ou grand de toutes les destinées sociales, de tous les partis, de tous les systèmes. […] Béranger avait, disons-nous, une douce philosophie, c’est dire qu’il n’avait pas de théorie philosophique à l’état de religion sociale.
Ils ne sont une contribution ni à la philosophie, ni à l’histoire, ni à la statistique, ni à la science sociale, ni même à la morale ou à la critique littéraire, ni à rien qui s’enseigne et qui s’apprenne. […] Dans l’ordre social et politique, le public est naturellement très capable non seulement d’éprouver, mais de porter à leur paroxysme toutes les passions que lui soufflent ses conducteurs, parce que c’est ici son intérêt matériel qui est en jeu. […] La théorie de la concurrence vitale, généralisée d’une façon excessive, étendue des végétaux et des animaux aux hommes et à toute chose, devint une loi sociale et une loi du monde. […] Durkheim établit fortement le groupe social, comme antérieur et supérieur aux individus qui le constituent. « La vie collective, écrit-il, n’est pas née de la vie individuelle ; c’est, au contraire, la seconde qui est née de la première… Chaque individu est beaucoup plus un produit de la société qu’il n’en est l’auteur… L’esprit social est le fait primitif et dominant, l’initiative individuelle étant consécutive et subordonnée29. » M. […] Guyau a remarqué que des idées philosophiques, religieuses, sociales, inconnues jusqu’alors des poètes, se font jour au milieu des classiques alexandrins de l’abbé Delille.
Le Chariot de terre cuite est un drame d’amour, un drame social, un drame religieux, un conte philosophique, un mélodrame, une comédie et un poème. […] Ici c’est donc lui, l’homme de famille, qui viole en réalité la Règle divine, humaine et sociale, qu’il sacrifie à une prétendue bienséance ; c’est lui, en un sens, qui est le réfractaire, et c’est Magda, à son tour, qui agit « selon l’ordre ». […] la « revendication du droit de l’individu à son développement intégral », malgré les religions, les codes et les préjugés sociaux ! […] Ce vieux voltairien d’Augier ignore tout à fait « le frisson du mystère » ; mais il est lucide et solide ; et, si l’animal de rêve n’est pas son fait, il connaît bien, dans l’homme, et peint fortement les mouvements de l’animal social. […] Jugez par là de l’absurdité d’un état social qui interdit absolument l’obéissance à des lois aussi claires et aussi bienfaisantes.
C’est comme encore quand on a dénoncé le danger social du pessimisme. […] Cette espèce d’enquête que le roman pouvait être sur la vie sociale d’un peuple ou d’un temps, c’est la critique, — pour nous borner à ce seul point, — depuis Sainte-Beuve et depuis M. […] Car comment apercevons-nous, dans la vie même et dans la réalité de chaque jour, — les inconvénients ou les dangers d’une loi, d’une coutume, ou d’un préjugé social ? […] Mais non, si l’on peut lui montrer l’intérêt très réel qu’il a dans ces sortes de questions, et que cet intérêt même est moral ou social autant que littéraire. […] Rhétorique, un Discours de Rousseau, son Contrat social ou sa Profession de foi du vicaire savoyard !
On y sent comme une logique et une revanche ; elles accusent quelque chose de pourri dans l’état social, et le criminel semble promener sur sa route comme une espèce de justice. » Telle est la théorie de M. […] Certes, les malheurs de cette jeune divorcée et de ce brave et beau jeune homme, qui tous deux restent de nos jours les héros d’un drame violent du xvie siècle, sont touchants, mais que deviennent-ils à côté des grandes questions religieuses et sociales abordées par M. […] Le Coupable C’est d’abord un tableau très lumineux, très enlevé de la vie de jeunesse, puis une comédie sociale, puis un drame terrible et sombre que M. […] L’idée du roman est généreuse et par conséquent sympathique ; c’est sous une forme nouvelle, la protestation contre l’abandon de l’enfant pour raison de convenances sociales. […] Drumont en contiendra une autre toute charmante, sorte d’oasis pour ceux que le récit des luttes sociales présentes et les sinistres prophéties pourraient effrayer.
Or dans ce qu’on appelle la Révolution en France il y a deux natures : une nature irréfléchie, inquiète, convulsive, incapable de repos, sans autre but que sa propre agitation, envieuse des supériorités et inhabile à en produire elle-même ; toujours prête à renverser sans savoir ce qu’elle veut construire, sorte de fièvre nerveuse nationale qui donne des convulsions au corps social au lieu de lui donner la croissance régulière et l’action progressive qui forment ce qu’on appelle la civilisation : c’est ce qui distingue l’esprit de faction et de démagogie de l’esprit de civisme et de liberté. […] On remarque avec peine la même aigreur, trop consonante avec l’aigreur croissante du peuple et avec les récits subversifs des rénovateurs de fond en comble de l’édifice social, dans la Chanson philosophique des Fous. […] Elles expliquent la profonde tristesse civique qui saisit Béranger quand, à la place de l’unanime et patriotique enthousiasme qui soulevait le peuple et l’Assemblée nationale au-dessus de terre en 1848, il vit l’Assemblée législative jouer, comme une assemblée d’enfants en cheveux blancs, à l’utopie, à la Terreur, à la Montagne, à la réaction, à l’orléanisme, au militarisme, à l’anarchie, à tous les jeux où l’on perd la liberté, la dignité, l’ordre social et la patrie. […] Il avait trouvé plus facile et plus sûr de faire tout le bien qu’il pouvait faire, homme par homme, dans un cercle privé autour de soi, que de faire un bien abstrait, incertain et problématique aux nations et à l’humanité dans l’ordre social ou politique.