Les bâtards de Henri IV, qui n’ont cessé de troubler la France, tant qu’ils ont vécu, ne faisaient que suivre la vocation naturelle des bâtards avoués qui, ne pouvant marcher les égaux des princes légitimes, ne veulent cependant point se soumettre à la condition de simples sujets. […] Quelle imagination n’a été frappée du récit de ces fêtes somptueuses et magiques où le jeune roi n’était pas simple spectateur et qu’il embellissait par son grand air, sa bonne grâce, et sa galanterie !
Ne nous enquérons donc pas du motif qui vous a fait prendre ce sujet, triste ou gai, horrible ou gracieux, éclatant ou sombre, étrange ou simple, plutôt que cet autre. […] Qu’il vaut bien mieux une belle et correcte nudité, de grandes murailles toutes simples, comme on dit, avec quelques ornements sobres et de bon goût : des oves et des volutes, un bouquet de bronze pour les corniches, un nuage de marbre avec des têtes d’anges pour les voûtes, une flamme de pierre pour les frises, et puis des oves et des volutes !
En effet comme une des preuves les plus convainquantes que je doive apporter pour faire voir que les anciens composoient et qu’ils écrivoient en notes la simple déclamation théatrale, est de montrer que cette déclamation étoit soûtenuë d’un accompagnement : je serois obligé, lorsque je viendrai à traiter de l’execution de cette déclamation, à faire relire les mêmes passages, et à repeter les mêmes réflexions dont je me serois déja servi, si j’avois parlé ici de l’accompagnement. […] Il dit que les simphonies touchent, quoiqu’elles ne soient que de simples imitations d’un bruit inarticulé, et s’il faut parler ainsi, des sons qui n’ont qu’une demi-vie, que la moitié de leur être.
— n’est pas un simple fait à plus ou moins de drolatique physionomie. […] Le fondateur des Dîners littéraires, à bon mot et à dix francs, n’est pas seulement un professeur d’hygiène intellectuelle aussi simple que cet ivrogne de Sheridan, qui disait : « Quand la pensée est lente à venir, un verre de bon vin la stimule, et quand elle est venue, un verre de vin la récompense », c’est un homme plus profond que cela : il connaît son temps et sait jouer du vice de son temps.
Il a réussi, comme réussiront toujours les livres vrais dans les sociétés décadentes qui meurent de leurs mensonges, chez qui la langue littéraire est usée à force d’avoir servi, et où les esprits, brûlés par les piments d’une littérature à ses dernières cartouches et à ses dernières balles mâchées, reviennent aux livres qui apportent la sensation rafraîchissante du naturel, du primitif et du simple… Bien avant Cladel, madame George Sand avait eu l’idée de cette littérature de terroir ; mais elle ne pouvait y entrer que comme un bas-bleu qu’elle était, un bas-bleu armé de toutes pièces prises à l’arsenal de toutes les bêtises philosophiques, philanthropiques et démocratiques de ce temps, et gâtant tout de son bas-bleuisme et de ses préfaces explicatives. […] III Le génie, en effet, quelles que soient les œuvres dans lesquelles il se révèle, n’est que la puissance d’une force mystérieuse qui paraît toujours simple, mais qui ne l’est pas toujours ; car, vous le savez, un jour on a douté jusque de la naïveté du bon La Fontaine, qui n’était pas si bon au fond, et qui, comme ses chats, avait « le génie scélérat ».
C’est une espèce de sous-Courteline, ou de simple vaudevilliste. […] C’est encore un simple fait d’observation. […] Du Bousquier, simple Hercule en peinture. […] Il ira s’enticher de Musset, comme un simple Nisard ! […] Simple blague de rapins !
Il me semble que tout reproche tombe devant cette simple explication. […] « Que le début soit simple et n’ait rien d’affecté. […] Encore cet exorde, aussi gracieux que rapide, contient-il la plus simple exposition de son riche et vaste sujet. […] Ce tour n’est pas ce qu’on appelle aisé, mais trop facile à employer : on ne sent pas que ce soit là un vers, sinon par la mesure des syllabes ; il n’est pas simple, mais plat. […] Il faut que de simples et douces images remplacent les objets pompeux ou redoutables de notre méditation.
Tout cela est bien trop simple ! […] La scène, très simple, serre le cœur. […] Sa cruauté est simple et directe comme un coup de couteau. […] Et tout cela si clair, si simple, si sobre et si sûr ! […] Dumas supprimerait un simple vibrion.
Le naturel et le sublime se touchent si souvent dans ce simple fabuliste ! […] N’est-il pas une diction précise, rapide, et simple, qui soit propre à la narration ? […] Quelle source de richesses poétiques ne sait-il pas puiser dans cette simple fable ! […] Ce simple fait s’agrandit de toutes les idées qui rappellent l’origine du peuple le plus renommé de l’univers par sa piété, par sa discipline, par son code, par sa majesté sénatoriale. […] Ce simple fait s’agrandit à l’aide de la mythologie.
Il y a encore aujourd’hui des filles simples qui pensent fortement et ne rêvent guère. […] L’expression n’en était ni simple ni très claire. […] Et, comme c’est une haine de poète, elle est très grande et très simple. […] Leur imagination est courte, simple, point grivoise. […] Rome eut des idées simples, fortes, peu nombreuses.
On a essayé d’une explication plus simple : ce sont des mystificateurs, a-t-on dit. […] La mort, ainsi comprise, était quelque chose d’extrêmement simple. […] Mais Vénus et vierges ont également apporté de l’idéal aux simples. […] Vous êtes toute petite, mais vous paraîtrez grande parce que vous êtes simple. […] Soyons simples, enfin.
Ici encore on se tromperait si l’on prétendait faire de la fixité et de la mobilité deux caractères qui permettent de décider, à simple inspection, si l’on est en présence d’une plante ou d’un animal. […] Il semble que le reste du corps ait soutenu le système nerveux jusqu’à la dernière extrémité, se traitant lui-même comme un simple moyen dont celui-ci serait la fin. […] Que l’essentiel de la poussée vitale ait passé à la création d’appareils de ce genre, c’est ce que nous paraît montrer un simple coup d’œil jeté sur l’ensemble du monde organisé. […] Il n’existe pas de signe unique et simple auquel on puisse reconnaître qu’une espèce est plus avancée qu’une autre sur une même ligne d’évolution. […] L’intention de la vie, le mouvement simple qui court à travers les lignes, qui les lie les unes aux autres et leur donne une signification, lui échappe.
Feuillet reste vraie, qu’elle soit transportée de l’Église catholique à l’Église protestante, ou même, ce qui est bien plus fort, au simple rationalisme philosophique. […] Feuillet nous a fait toucher du doigt combien est mince la cloison qui sépare le crime du simple péché. […] En choisissant un simple cheval pour thème des considérations les plus élevées, alors qu’il pouvait prendre la frise du Parthénon tout entière, M. […] Le cadre imaginé par l’auteur est des plus simples et peut être décrit en quelques mots. […] Fromont jeune et Risler aîné, au contraire, est une simple anecdote parisienne, une peinture d’une simple fraction de la société parisienne, et d’une fraction très limitée.
Proportion, sobriété, décence, moyens simples et de cœur substitués aux grandes catastrophes et aux grandes phrases, tels sont les traits de la réforme, ou, pour parler moins ambitieusement, de la retouche qu’elle fit du roman ; elle se montre bien du pur siècle de Louis XIV en cela. […] J’aurais laissé pourtant le plaisir et la fantaisie de recomposer cette existence, bien simple d’événements, aux lecteurs de Mme de Sévigné, si un petit document inédit, mais très-intime, ne m’avait engagé à mettre la bordure pour l’encadrer. […] Le récit qu’elle a fait de cette mort égale les beaux récits qu’on a des morts les plus touchantes ; il s’y trouve en chemin de ces mots simples et qui éclairent toute une scène : « … Je montai chez elle. […] » Je ne sais si le lit galonné de Mme de La Fayette prêtait beaucoup aux plaisanteries ; mais, couchée là-dessus, comme il lui arrivait trop souvent, elle y était plus simple à coup sûr que son amie sous ce manteau couleur de feuille morte qu’elle affecte d’user jusqu’au bout. […] La conciliation est simple : la Princesse de Clèves ébauchée sommeilla de 1672 à 1677, et alors seulement l’auteur s’y remit de concert avec M. de La Rochefoucauld, pour l’achever.
Cela allait si loin que, dans le plus simple et le plus rude de tous, Corneille, le personnage disparaissait souvent, ne laissant à sa place qu’une idée abstraite et morte, sans âme ni figure d’homme, et qu’en changeant les pronoms on pouvait faire de ses plus belles scènes des dissertations philosophiques. […] Voyons seulement comment il a transformé Pilpay son modèle, et fait un poëme d’une simple matière, ce qu’il a dû changer pour accommoder le récit à la morale, combien de fois il a fallu créer de toutes pièces des caractères. […] Quand les juges ne seraient pas juges, quand ils décideraient sans autorité et en simples particuliers, quand leur arrêt ne serait qu’un plaidoyer, l’homme tomberait abattu sous les coups tout-puissants de leurs raisons. […] L’arbre prouve à l’homme qu’il est un meurtrier, d’un ton simple, qui ne laisse place à aucun subterfuge. […] Il n’a pas su les plus simples principes de l’escrime oratoire.