/ 2731
39. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Retour au naturel : facilité et diffusion à la fin du siècle. […] Aussi fut-ce pendant tout le siècle, et chez les mêmes écrivains, la plus étrange confusion de formes anciennes et nouvelles, comme il apparaît bien par l’usage actuel, où très capricieusement sont parvenues tantôt les unes et tantôt les autres. […] L’exercice populaire de la parole a poli plus tôt le langage de Calvin, en a retranché l’excès et la « débauche » : tout le siècle finit par y venir. […] Et en général le défaut de cette langue de la fin du siècle, entre 1580 et 1620. quand le génie individuel ne la réveille pas, c’est une sorte d’égalité diffuse, sans nerf et sans accent. […] L’usage de la Cour ne prévaudra qu’au début du siècle suivant263.

40. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre I. La poésie »

Les poèmes didactiques sont là pour prouver la supériorité de la philosophie du siècle, lorsqu’elle s’exprime en prose. […] Cela est sensible chez Delille, le maître des poètes descriptifs du siècle. […] A mesure que le siècle avance, la grande ressource de la poésie est la périphrase, qui substitue la description de l’objet au nom de l’objet. […] Enfin, je mettrai à part les épigrammes : c’est le triomphe du siècle. […] Il faut franchir tout le siècle : nous verrons reparaître inopinément la poésie et l’art, avec André Chénier.

41. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

C’est ainsi que la décadence du goût suivit le beau siècle d’Auguste ; c’est ainsi que le nôtre touche peut-être de près à l’époque humiliante de l’ignorance des premiers siècles. […] Les commencemens de ce siècle, sembloient s’annoncer par de plus heureux présages. […] Notre siècle est fait pour offrir les contrastes les plus frappans. […] Enfin ce siècle raisonneur a tout dégradé, tout altéré, tout détruit. […] l’heureux siècle, où Le cuivre devient or, & l’or devient à rien !

42. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Le siècle est maudit. […] Amaury n’est pas un type du 19e siècle. […] Notre siècle n’est donc ni présomptueux ni désespéré. […] On a dit que notre siècle n’était pas gai ; je le crois bien ! […] Ils veulent remonter le courant du siècle, et le siècle les emportera : il est plus fort qu’eux.

43. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Le lecteur y trouve l’expression parfaite de ses vagues tendances, et de l’esprit général du siècle : mais Boileau y a mis quelque chose de plus, une doctrine originale et personnelle, qui, dans la vaste unité du siècle, sépare un certain groupe d’esprits, exprime l’idéal d’une école littéraire. […] Le siècle refait, du reste, l’antiquité à son image, qui lui ressemble comme les divinités d’Opéra à l’Olympe homérique. […] Il semble qu’en notre siècle, il n’y ait pas lieu de parler de l’influence de Boileau. […] Une conception relativiste, qui lie l’œuvre du littérateur au caractère de la race, à l’esprit de siècle, au tempérament de l’auteur, autorise toutes les audaces et toutes les nouveautés. […] Ce ne serait pas pourtant un paradoxe d’avancer que l’évolution de la littérature en ce siècle nous a plus rapprochés qu’éloignés de Boileau.

44. (1886) De la littérature comparée

Son trésor est un commun héritage qui, de siècle en siècle, continue à vivre en nous. […] Quels efforts il a fallu pour préparer le siècle de la Renaissance, c’est ce que montrerait la comparaison la plus superficielle entre l’art et les lettres avant et depuis ce mouvement. […] Deux siècles auparavant, quand Brunetto Latini osait dire que « toutes les choses étaient faites pour l’homme et que l’homme était fait pour lui-même », un prudent contemporain se hâtait d’ajouter « et pour aimer et servir Dieu et avoir la joie perdurable ». […] Ce mouvement, créé par la patience des humanistes, quoiqu’il vînt du dehors et ne fût point un produit spontané, naturel de la société moderne, devait durer trois siècles, produire un nombre énorme de chefs-d’œuvre, et finir par s’épuiser en stériles imitations. Par bien des points, il nous gouverne encore, quand même au commencement du siècle, le Moyen-Âge si longtemps méprisé a eu aussi sa Renaissance.

45. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre premier. » pp. 5-11

Le berceau de cette révolution fut l’hôtel de Rambouillet, cet hôtel regardé, depuis la fin du siècle passé, comme l’origine des affectations de mœurs et de langage, et qui fut dans le grand siècle, et pour tous les grands écrivains qui l’illustrèrent, pour Corneille, pour Boileau, pour La Fontaine, pour Racine, pour Molière même, oui pour Molière, plus que pour aucun autre, l’objet d’une vénération profonde et méritée. […] Au milieu du siècle, quand la marquise eut marié sa fille Julie au duc de Montausier, qui était gouverneur de l’Angoumois, sa société se dispersa ; les habituées principales se firent leur cercle particulier ; elles eurent leur réduit, leur cabinet, leur alcôve ; et là, libres et dégagées de l’autorité des bons exemples, elles donnèrent l’essor à leurs prétentions et entrèrent dans tout leur ridicule. […] Il est assez remarquable que ces critiques sans ménagement pour l’Hôtel de Rambouillet, et qui s’accordent à lui imputer le mauvais goût et les mœurs hypocrites d’une partie du siècle de Louis XIV, font cependant concourir, par une contradiction bizarre, plusieurs causes étrangères au règne de ces deux calamités. […] La vérité est que madame de Sévigné, dont pas une locution n’a vieilli, Descartes, Pélisson, Pascal, Malherbe, Régnier, Corneille, avaient écrit longtemps avant qu’aucun des écrivains du siècle de Louis XIV eut paru dans la littérature, même avant le règne de ce prince. […] Pour faire aux célébrités glorieuses et aux noms ridiculement fameux du xviie  siècle, la part de louange ou de mépris qui leur est due, il m’a été nécessaire de diviser ce siècle en périodes historiques d’environ dix années.

46. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

« L’historien pourrait se placer au sein de l’âme humaine, pendant un temps donné, une série de siècles, ou chez un peuple déterminé. […] On en a conclu qu’on pouvait, d’après les monuments littéraires, retrouver la façon dont les hommes avaient senti et pensé il y a plusieurs siècles. […] Cette divination précise et prouvée des sentiments évanouis a, de nos jours, renouvelé l’histoire ; on l’ignorait presque entièrement au siècle dernier ; on se représentait les hommes de toute race et de tout siècle comme à peu près semblables, le Grec, le barbare, l’Indou, l’homme de la Renaissance et l’homme du dix-huitième siècle comme coulés dans le même moule, et cela d’après une certaine conception abstraite, qui servait pour tout le genre humain. […] Au moment où nous les rencontrons, quinze, vingt, trente siècles avant notre ère, chez un Aryen, un Égyptien, un Chinois, ils représentent l’œuvre d’un nombre de siècles beaucoup plus grand, peut-être l’œuvre de plusieurs myriades de siècles. […] Plus un livre note des sentiments importants, plus il est placé haut dans la littérature ; car, c’est en représentant la façon d’être de toute une nation et de tout un siècle qu’un écrivain rallie autour de lui les sympathies de tout un siècle et de toute une nation.

47. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Dans un siècle de lumières, on ne saurait croire jusqu’à quel point les bonnes mœurs sont dépendantes du bon goût, et le bon goût des bonnes mœurs. […] Pourquoi donc le second siècle est-il au-dessous du premier ? […] Or, si notre siècle littéraire est inférieur à celui de Louis XIV, n’en cherchons d’autre cause que notre irréligion. […] Avec quel respect, avec quelle magnifique opinion, les écrivains du siècle de Louis XIV ne parlent-ils pas toujours de la France ! […] Jetez les yeux sur les générations qui succédèrent au siècle de Louis XIV.

48. (1803) Littérature et critique pp. 133-288

Alfred-le-Grand et Charlemagne la possédèrent dans un siècle d’ignorance ; et des siècles savants ne l’ont pas toujours connue. […] Cette naïveté des siècles héroïques révolte beaucoup madame de Staël. […] Les hommes du siècle étaient accourus sous ces voûtes religieuses. […] Il fait agir trop longtemps les siècles passés sur l’âme de Descartes, et réagir l’âme de Descartes sur les siècles futurs. […] Il fallait montrer ce grand ministre entre le siècle de la Ligue, dont il réprimait les dernières fureurs, et le siècle de Louis XIV, dont il préparait la gloire.

49. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

L’Allemagne a été durant un siècle le pays de la critique, et pourtant étaient-ce des hommes frivoles que Lessing, Kant, Hegel ? […] Il en a été de même au commencement de ce siècle. […] Soit, par exemple, le XVIIIe siècle ; qui a tenu la haute main de l’humanité durant ce grand siècle ? […] Prenons encore les trois premiers siècles de l’ère chrétienne. […] Cinq siècles plus tard, on ne nommera entre les hommes illustres de ce siècle que Pierre, Paul, Jean, Matthieu, pauvres gens qui, assurément, faisaient peu figure.

50. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Fénelon n’était pas tout à fait juste : il ne voyait pas que nos grands poètes, avec notre grand critique, sortaient précisément de leur siècle et s’élevaient au-dessus de lui par le caractère nettement naturaliste et artistique de leurs œuvres et de leur doctrine. […] Puis, en dépit de tout, il ne pouvait faire qu’il ne fût Français, et Français du grand siècle, épris de politesse et de décence, homme de réflexion et de raison. […] Il s’engageait à faire voir que le siècle de Louis XIV était non pas plus grand à lui seul que tous les siècles passés, mais supérieur à n’importe quel siècle pris à part, même à celui d’Auguste. […] Avec une netteté admirable de vues, il disait les écrivains qui devaient recommander leur siècle à la postérité. […] Boileau, judicieusement, remettait chacun à sa place, et dressait la liste qui fait loi encore au bout de deux siècles.

51. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre III. Les traducteurs »

On mesure dans cette déclaration la valeur des idées que lentement, sourdement, sur le regard indulgent des puissances séculière et religieuse, par les soins des plus inoffensifs régents, la culture classique fera couler pendant deux | siècles au fond des âmes, y préparant la forme que les circonstances historiques appelleront au jour. […] L’éclosion, l’organisation de la littérature classique se firent sous son action prolongée à travers le siècle. […] Mais de plus, avant le roman contemporain, avant le théâtre du XVIIc siècle et les Caractères de La Bruyère, le Plutarque français fut le recueil des gestes, attitudes, et physionomies d’individus en qui l’humanité réalise la diversité de ses types : ainsi fut-il un répertoire de sujets dramatiques. […] À un autre point de vue, Amyot, qui représente et résume l’effort de tous les traducteurs de son siècle, nous fait apercevoir comment se fondirent par une pénétration réciproque l’antiquité et l’esprit français. […] Vaugelas et Fénelon, dans le siècle suivant, lui ont bien rendu cette justice.

52. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Mais traversons le siècle. […] Il n’est pas d’époque où le fait soit plus saillant que dans notre siècle. […] Aussi les hymnes au génie de l’homme ne manquent-ils pas dans la poésie de notre siècle. […] L’accroissement a procédé en notre siècle par bonds énormes. […] La Confession d’un enfant du siècle, chap. 

53. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Christophe »

Nous avions déjà d’une main moderne l’histoire de la Papauté au xvie et xviie  siècles. […] L’histoire d’un seul siècle… que dis-je ? […] Le presbytérianisme est né, et c’est dans le siècle suivant que le protestantisme va naître. […] Misérable siècle, où l’esprit de contention et d’anarchie était partout, et où les Grecs chicaneurs vinrent donner comme une leçon, dont ils ne profitèrent pas, à ces autres chicaneurs du concile de Bâle, grecs aussi à leur manière contre la Papauté. […] Mais les temps à flétrir et à maudire sont peut-être plus inspirateurs que les siècles à admirer, pour les écrivains qui ont en eux le génie de l’histoire.

/ 2731