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42. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

L’ouvrier ancien s’est servi pour embellir sa carte de plusieurs especes de vignettes telles que les géographes en mettent pour remplir les places vuides de leurs cartes. […] Pour me servir de cette phrase, les parties au procès ont produit leurs titres. […] Nous-mêmes, lorsque nous parlons à quelqu’un des tableaux d’un peintre qu’il ne connoît pas, nous sommes poussez par l’instinct à nous servir de cette voïe de comparaison. […] Les amours s’empressoient à la servir. […] Ces derniers sçavent tous les secrets, ils connoissent toutes les couleurs dont les premiers se sont servis.

43. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Dès que ceux qui n’entendent pas la langue dont un poëte s’est servi, ne sont point capables de porter par eux-mêmes un jugement sur son mérite et sur la classe dont il est, n’est-il pas plus raisonnable qu’ils adoptent le sentiment de ceux qui l’ont entendu, et de ceux qui l’entendent encore, que d’épouser le sentiment de deux ou trois critiques qui assurent que le poëme ne fait pas sur eux l’impression que tous les autres hommes disent qu’ils sentent en le lisant. […] Ou le traducteur se donne la liberté de changer les figures et d’en substituer d’autres qui sont en usage dans sa langue, à la place de celles dont son auteur s’est servi ; ou bien il traduit mot à mot ces figures, et il conserve dans la copie les mêmes images qu’elles présentent dans l’original. […] Les mots que la necessité fait regarder comme synonimes ou comme rélatifs en latin et en françois, n’ont pas toujours la même proprieté ni la même étenduë de signification, et c’est souvent cette proprieté qui fait la précision de l’expression, et le mérite de la figure dont le poëte s’est servi. […] C’est la destinée de la plûpart des images dont les poëtes anciens se sont servies judicieusement pour interesser leurs compatriotes et leurs contemporains. […] D’ailleurs cet animal que nous ne voïons jamais que couvert pauvrement et abandonné à la populace pour la servir dans les travaux les plus vils, sert ailleurs de monture aux personnes principales de la nation, et souvent il paroît couvert d’or et de broderie.

44. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre I : Qu’est-ce qu’un fait social ? »

La question est d’autant plus nécessaire que l’on se sert de cette qualification sans beaucoup de précision. […] Ainsi ce n’est pas leur généralité qui peut servir à caractériser les phénomènes sociologiques. […] Mais, tout d’abord, ces divers phénomènes présentent la même caractéristique qui nous a servi à définir les autres. […] On voit combien cette définition du fait social s’éloigne de celle qui sert de base à l’ingénieux système de M.  […] Si encore les faits sociaux étaient seuls à produire cette conséquence, l’imitation pourrait servir, sinon à les expliquer, du moins à les définir.

45. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XI. De la littérature du Nord » pp. 256-269

L’amour des arts, la beauté du climat, toutes ces jouissances prodiguées aux Athéniens, pouvaient leur servir de dédommagement. […] La réformation est l’époque de l’histoire qui a le plus efficacement servi la perfectibilité de l’espèce humaine. […] Mallet ; et il suffira de lire la traduction de quelques odes du neuvième siècle qui y sont transcrites, celle du roi Régner-Lodbrog, de Harald-le-Vaillant, etc., pour se convaincre que ces poètes scandinaves chantaient les mêmes idées religieuses, se servaient des mêmes images guerrières, avaient le même culte pour les femmes que le barde d’Ossian, qui vivait près de cinq siècles avant eux. […] Les modernes seraient condamnés aussi à la monotonie, si les fables des Grecs étaient le seul moyen de varier les ouvrages d’imagination ; car plus ces fables sont dignes d’admiration dans les poètes anciens qui les ont employées, plus il est difficile à nos poètes de s’en servir. […] L’on se permet aujourd’hui de dire précisément le contraire de la vérité, et cela sert auprès de ceux qui ne lisent pas.

46. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 24-41

Nous répondrons, premiérement, qu’il est très-possible de parler de la plupart de ces choses, sans se servir précisément de ces mêmes mots, comme l’a souvent fait avec succès M. l’Abbé Delille, dans sa Traduction des Géorgiques. […] Patris s’est servi, sans révolter, du terme de fumier, dans sa célebre Epigramme : ………….. […] On désireroit seulement qu’il eût été moins prolixe dans cet Ouvrage ; défaut qu’il n’a pas plus évité dans ses excellentes Remarques sur les Tragédies de son pere, que dans les Mémoires qu’il a publiés pour servir à l’Histoire de la Vie de cet illustre Poëte. […] Tibere s’étant servi de quelques expressions peu conformes à la pureté du langage, voulut s’en excuser, en disant que si les mots dont il s’étoit servi n’étoient pas latins, ils pouvoient le devenir, par la raison même qu’il en avoit fait usage : Vous pouvez bien, César, lui répondit Pomponius-Marcellus, donner le droit de Bourgeoisie aux hommes, mais vous ne pouvez pas le donner aux mots.

47. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

Il faut, pour bien écrire, des habitudes autant que des réflexions ; et si les idées naissent dans la solitude, les formes propres à ces idées, les images dont on se sert pour les rendre sensibles, appartiennent presque toujours aux souvenirs de l’éducation, et de la société avec laquelle on a vécu. […] Un auteur peut rendre à jamais ridicule une expression dont il s’est inconvenablement servi ; un usage, une opinion, un culte, peuvent relever ou avilir par des idées accessoires l’image la plus naturelle. […] On veut arriver aux grands effets par beaucoup de nuances, et l’on ne peut alors employer les mêmes moyens dont se servait Shakespeare pour entraîner le flot populaire qui se précipitait à ses pièces. […] Une sorte d’esprit madrigalique attestait le sang-froid lors même qu’on voulait peindre l’entraînement ; et l’on se servait souvent d’un langage qui n’appartenait ni à la raison ni à l’amour.

48. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 46, quelques refléxions sur la musique des italiens, que les italiens n’ont cultivé cet art qu’après les françois et les flamands » pp. 464-478

Quoique les italiens étudient beaucoup la mesure, il semble néanmoins qu’il ne connoissent pas le rithme, et qu’ils ne sçachent pas s’en servir pour l’expression, ni l’adapter au sujet de l’imitation, aussi bien que nous. […] Au lieu d’imiter et d’exprimer le sens des paroles, elle ne sert qu’à l’énerver, qu’à l’anéantir. […] Voici ce qu’il en dit dans un discours sur les Païs-Bas en general, qui sert de préface à sa description de leurs dix-sept provinces, livre très-connu et traduit en plusieurs langues. […] Ainsi qu’il est plusieurs personnes, qui pour être trop sensibles à la musique, s’en tiennent aux agrémens du chant, comme à la richesse des accords, et qui éxigent d’un compositeur qu’il sacrifie tout à ces beautez, il est aussi des hommes tellement insensibles à la musique, et dont l’oreille, pour me servir de cette expression, est tellement éloignée du coeur, que les chants les plus naturels ne les touchent pas.

49. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

On dit qu’elle avait servi, dans les anciens temps, à murer, dans ce dernier étage de la tour, un prisonnier d’État qu’on avait voulu laisser mourir à petit bruit, dans ce sépulcre au milieu des airs, et que les gonds et les verrous de la porte avaient retenu le bruit de ses hurlements. […] C’est ce que je fis, monsieur, jusqu’à ce qu’un bruit singulier, que je n’avais jamais entendu auparavant, montât du bas de la cour de la prison jusqu’à la meurtrière qui me servait de fenêtre, et que ce bruit me fît me dresser sur mes pieds, comme en sursaut, quand on se réveille d’un mauvais rêve. […] ma tante, de quoi me servait-il d’avoir découvert où il était et de lui avoir envoyé, du haut d’une tour, une voix de famille de notre montagne, si je n’avais aucun moyen de l’approcher, de le consoler, de le justifier, de le sauver des sbires ses ennemis, sans doute acharnés à sa mort ? […] lui répondis-je, toute rouge de l’idée qu’elle allait peut-être me proposer la place du gendre qui venait de la quitter, et pensant à toutes les occasions que j’aurais ainsi de voir, d’entendre et de servir celui que je cherchais. […] Un petit mur à hauteur d’appui, dans lequel la grille était scellée par le bas, leur servait à s’accouder tout le jour pour respirer, pour regarder le puits et les colombes, ou pour causer de loin avec les prisonniers des autres loges qui leur faisaient face de l’autre côté de la cour.

50. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

— Sert sous Luxembourg. — Souffre des guerres inactives. […] Le roi s’accoutuma à l’agréer, à se servir de lui à plus d’une fin ; il l’envoya à Madrid après la campagne de 1672, pour complimenter le roi d’Espagne qui relevait de la petite vérole. […] Villars, tandis qu’il sert dans la cavalerie, apprend le métier d’éclaireur : aux sièges où il est, il fait le métier de fantassin. […] L’année suivante (1675), il continua de servir en Flandre sous Condé encore, puis sous Luxembourg, l’un de ses maîtres pour le brillant et le hardi comme pour le bonheur. […] Réduit à la nécessité de se faire un mérite qui forcât la Fortune en sa faveur, et d’être pour ainsi dire lui-même sa créature, son cœur lui suggéra le seul parti que la raison elle-même lui laissait à prendre, de servir et de surmonter les obstacles, ou de périr.

51. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — I » pp. 107-125

» Et quand ses médecins jugeaient à propos de le saigner, il lui fallait donner sa pertuisane qu’il avait au chevet de son lit, pour lui servir de bâton dans la faiblesse ; il n’en voulait point d’autre22. […] Mais s’il n’eut qu’un œil pour voir, on peut dire qu’il s’en servit avec d’autant plus d’activité, toujours curieux et l’esprit à la fenêtre. […] À la seconde visite qui eut lieu en grande cérémonie, il fit encore l’introducteur et servit d’interprète. […] C’est chez lui besoin d’occuper ses heures, besoin d’occuper les autres de soi, désir de servir le public, gloriole, vanité puérile ou sénile, comme on le voudra, qui ne fera que croître avec les années, qu’on a fort raillée en son temps, mais qui lui a fait faire du moins certaines choses utiles. […] [NdA] Ou peut-être était-ce pour lui servir de point d’appui et d’objet à manier pendant la saignée ; Marolles n’explique pas toujours nettement les choses.

52. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Son ouvrage est intitulé : Histoire sainte de l’ancien & du nouveau Testament, pour servir d’introduction à l’Histoire Ecclésiastique de M. […] C. jusqu’à présent, pour servir de continuation à l’histoire de Josephe, in-12. la Haye 15. vol. […] Ce livre servira d’introduction à son Histoire ecclésiastique dont on a vingt volumes in-4°. […] C. est fort superficiel & ne peut servir que d’une médiocre introduction. […] On a publié en 1762. deux vol. pour servir de continuation à son histoire ; mais ils ne sont pas dignes de lui.

53. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Examinons les moyens dont il se servit, et de quelle manière il déploya l’autorité royale qu’il usurpait. […] On sait que Richelieu se servit toujours de cette voie pour assassiner juridiquement ses ennemis. Laubardemont, conseiller d’état, et l’un de ces hommes lâches et cruels faits pour servir d’instrument au plus cruel despotisme, pour égorger l’innocence aux pieds de la fortune, pour calculer toutes les infamies par l’intérêt, et avilir le crime même aux yeux de celui qui le commande et qui le paie, Laubardemont, enivré de sang et affamé d’or, présidait à la plupart de ces tribunaux, allait prendre d’avance les ordres de la haine, les recevait avec le respect de la bassesse, se pressait d’obéir pour ne pas faire attendre la vengeance, et, après avoir immolé sa victime, venait, pour le salaire d’un meurtre, recevoir le sourire d’un ministre. […] Il sut, comme Auguste, employer les talents qu’il n’avait pas, et faire servir les grands hommes à sa renommée ; mais il fallait qu’Octave se servît de ses égaux pour sa grandeur, et leur persuadât qu’il avait droit à leurs victoires, quoiqu’il ne tînt ce droit que de leurs victoires même ; tandis que Louis XIV, armé de la souveraineté, commandait à des hommes qui lui étaient soumis, etc.

54. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Cet examen nous servira peut-être à montrer le but et le résultat de ses ouvrages. […] Son éloquence est une partie de son âme, elle en a la douceur, elle ne sert qu’à en exprimer les sentiments. […] Aimé Martin, venait quelquefois le visiter dans sa retraite et lui servait de secrétaire. […] Je passe donc mes jours loin des hommes, que j’ai voulu servir, et qui m’ont persécuté. […] Souvent il me suffit de moi pour me servir de leçon à moi-même.

55. (1890) L’avenir de la science « XIII »

Longtemps encore la science aura besoin de ces patientes recherches qui s’intitulent ou pourraient s’intituler : Mémoires pour servir. […] Ces résultats acquis, les travaux qui ont servi à les acquérir peuvent disparaître sans trop d’inconvénient, comme l’échafaudage après l’achèvement de l’édifice. […] Mais leurs recherches, je le répète, ne sauraient avoir leur but en elles-mêmes ; car elles ne servent pas à rendre l’auteur plus parfait, elles n’ont de valeur que du moment où elles sont introduites dans la grande circulation. […] Il serait trop étrange que la science n’eût d’autre but que de servir ainsi d’aliment à la curiosité de tel ou tel. […] À quoi serviraient les monographies si, pour chaque travail ultérieur, on en était sans cesse à recommencer ?

56. (1865) Introduction à l’étude de la médecine expérimentale

Mais une observation peut servir de contrôle à une autre observation. […] Il y aura toujours jugement par une comparaison s’appuyant sur deux faits, l’un qui sert de point de départ, l’autre qui sert de conclusion au raisonnement. […] L’esprit du savant se trouve en quelque sorte toujours placé entre deux observations : l’une qui sert de point de départ au raisonnement, et l’autre qui lui sert de conclusion. […] Elles doivent aussi servir de point d’appui à des idées investigatrices nouvelles. […] Les mathématiques servent d’instrument à la physique, à la chimie et à la biologie dans des limites diverses ; la physique et la chimie servent d’instruments puissants à la physiologie et à la médecine.

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