Sois comme un loup blessé qui se tait pour mourir Et qui mord le couteau, de sa gueule qui saigne6 Ces plaintes ne servent de rien ; mais il ne sert de rien non plus de les retenir, et l’hymne lugubre se déroule à flots lents, si horriblement triste qu’auprès de cette tristesse-là celle de l’Ecclésiaste est d’un enfant et celle de René est d’un bourgeois. […] Unissez-vous de cœur, cela est aisé, avec les trois Brahmanes dans la haine de la vie, dans le sentiment que rien ne sert à rien et que toute passion apporte plus de peine que de joie ; et pénétrez-vous de cet hymne lugubre : Une plainte est au fond de la rumeur des nuits, Lamentation large et souffrance inconnue Qui monte de la terre et roule dans la nue ; Soupir du globe errant dans l’éternel chemin, Mais effacé toujours par le soupir humain.
La floraison qu’elle fournit, en dépit de tout, depuis le début de la période mistralienne, permet de pressentir, peut-être, l’intérêt qu’il y aurait, au nom de l’intelligence, à servir cette langue chez elle, à l’exalter justement, à la sauver, au lieu de la laisser qualifier officiellement de « patois », de l’opprimer, de l’humilier sous les règlements primaires et, sous prétexte d’unité française, de la traiter dans ses écoles populaires (alors qu’on lui ouvre timidement par ailleurs les portes de l’enseignement secondaire), à peu près comme les Boches, naguère, dans les écoles de Pologne, traitaient précisément le polonais. […] La vénalité de Barthélemy, qui servit plusieurs partis contraires d’une plume étincelante, ne suffit pas à justifier son oubli. […] Tous ces poètes ayant écrit en français, je ne vois pas leur inaptitude à se servir « d’une langue qui n’est pas la leur ».
Or, le Plutarque dont se servait Montaigne, c’est celui d’Amyot. […] Sa condition n’y servit guère moins que son caractère. […] La Bruyère imite visiblement son style ; La Fontaine le médite, Bayle se sert de son doute, comme d’une arme légère, contre les mille erreurs de l’esprit humain.
. ; enfin un tableau pris dans le Plaisir ou la Douleur, à tous les étages et dans tous les quartiers, mais cela fait rigoureusement d’après nature et non de chic, et pouvant servir de document historique pour plus tard — nous plaignant de ce que les siècles futurs n’auraient pas de renseignements de visu authentiques sur le « Paris moral » de ce temps. […] Et les charmants enfantillages au milieu de tout cela, et l’amusante colère de Blanche, le jour où le ténor Léonce lui dévora la pêche qu’elle devait manger en scène… Et quels soupers joyeux faisait le soir la petite troupe, quand on lui servait deux douzaines de chaussons aux pommes, et quel grand jour, la veille de la représentation, le jour que Mme Passy rangeait tous les costumes dans la grande chambre, où nous couchons aujourd’hui ! […] Et une admirable mémoire lui fournissant un arsenal pour la démolition des illusions et des prétendus dévouements, mémoire servie par une ironie bonhomme, et un sourire de vieil homme revenu de tout, et qui appelait Louis-Philippe : le papa Doliban de la chose.
Histoire d’un premier livre qui a servi de préface à la deuxième édition (1884) Le 1er décembre 1851, nous nous couchions, mon frère et moi, dans le bienheureux état d’esprit de jeunes auteurs attendant, pour le jour suivant, l’apparition de leur premier volume aux étalages des libraires, et même assez avant dans la matinée du lendemain, nous rêvions d’éditions, d’éditions sans nombre… quand, claquant les portes, entrait bruyamment dans ma chambre le cousin Blamont, un ci-devant garde du corps, devenu un conservateur poivre et sel, asthmatique et rageur. […] Pourquoi, à l’heure actuelle, un romancier (qui n’est au fond qu’un historien des gens qui n’ont pas d’histoire), pourquoi ne se servirait-il pas de cette méthode, en ne recourant plus à d’incomplets fragments de lettres et de journaux, mais en s’adressant à des souvenirs vivants, peut-être tout prêts à venir à lui ? […] Tout à coup brusquement mon frère s’arrêta, et me dit : « Ça ne fait rien, vois-tu, on nous niera tant qu’on voudra… il faudra bien reconnaître un jour que nous avons fait Germinie Lacerteux… et que “Germinie Lacerteux” est le livre-type qui a servi de modèle à tout ce qui a été fabriqué depuis nous, sous le nom de réalisme, naturalisme, etc.
Dans ce pauvre homme je venais de reconnaître un des plus vieux coquetiers de ces montagnes, qui louait à notre mère des ânesses au printemps pour donner leur lait à ses pauvres femmes malades, qui lui servait de guide, d’écuyer pour promener ses enfants avec elle sur ces solitudes élevées, où elle voyait la nature de plus haut, et où elle adorait Dieu de plus près. […] Tous mes enfants sont morts, excepté la Marguerite, qui était la dernière de mes filles, et que vous appeliez la Pervenche des bois, parce qu’elle avait les yeux bleus comme ces fleurs qui croissent à l’ombre, vers la source ; elle a été veuve à vingt-huit ans, et elle a refusé de se remarier pour venir me soigner et me nourrir dans la petite cabane là-haut, où elle est née et où elle restera jusqu’à ma mort ; elle a une petite fille et un petit garçon, qui mènent les bêtes au champ, et qui continuent à servir mes pratiques d’œufs et de pommes. Ce petit commerce, dont nous leur laissons les gros sous pour eux, servira pour leur acheter des habits, du linge et une armoire quand ils seront en âge et en idée de se marier.
Courtisan de l’envie, il la sert, la caresse, Va dans les derniers rangs en flatter la bassesse, Jusques aux fondements de la société Il a porté la faux de son égalité ; Il sema, fit germer, chez un peuple volage, Cet esprit novateur, le monstre de notre âge, Qui couvrira l’Europe et de sang et de deuil. […] » Ce qu’il a fait dans son royaume doit servir à jamais d’exemple. […] Dites-moi si les bons livres de ce temps n’ont pas servi à l’éducation de tous les princes de l’empire ?
Un de mes compagnons, qu’autrefois on a vu Des dons de la fortune abondamment pourvu, Qui, tenant table ouverte, et toujours des plus braves, Voulait être servi par un monde d’esclaves, Devenu maintenant moins superbe et moins fier, S’estimerait heureux d’être mon estafier. […] , il y a tout un La Fontaine, je ne dirai pas burlesque, mais demi-burlesque, et qui savait se servir des procédés burlesques, des procédés burlesques même les plus communs. […] Que sert d’en parler aux échos ?
Pour nous servir d’une expression fameuse de M. […] En définitive, demandez-vous-le, à quoi servira le rude effort de toute cette érudition patiente et passionnée, et obstinée et enflammée encore plus ? […] Il est vrai que, pour se servir de ceux-là, il eût fallu à M.
Est-ce que les effroyables et superbes orgies des Rois barbares, les coupe-gorges des brigands féodaux, toutes ces vastes et violentes peintures avec lesquelles nous croyions en avoir fini pour passer à d’autres tableaux, ne recommencent pas trait pour trait ici, mais moins appuyés, et toute l’imagination des mots dont le poète a la puissance nous illusionne-t-elle assez pour nous faire accepter comme une inspiration neuve la desserte d’un repas déjà servi, et qui, comme Macbeth, nous a rassasiés d’horreurs ? […] Mais il est d’une mélancolie plaisante de voir les vers grandiloquents de Hugo, que l’admiration de ce siècle appellerait volontiers Hugomagne, comme on dit : « Charlemagne », ne plus servir qu’à exprimer des idées que le chansonnier Béranger, ce polisson de France, qui, du moins, était gai, a exprimées d’une façon moins pleurarde, moins pompeuse et moins pédantesque. […] Ils haussent les épaules et ils rient de ce vieux bonhomme qui n’a pas pu laver son génie des souillures immortelles que le Christianisme y a laissées ; car Hugo se sert contre le Christianisme d’un langage que le Christianisme a fait.
Nous nous bornerons, dans ce chapitre, à définir les méthodes, à signaler les tendances générales, à indiquer les conclusions des diverses écoles qui se sont partagé le travail psychologique de notre époque, en lâchant de faire ressortir comment chacune d’elle a servi la science à sa façon. […] Une pareille psychologie, la plus populaire de notre temps, n’a pas seulement un charme tout particulier par la nouveauté et le relief de ses révélations ; elle a un intérêt scientifique qui lui est propre, en ce qu’elle sert à confirmer par une véritable expérience les enseignements intimes et plus ou moins personnels de la conscience. […] Comment l’homme sent, imagine, pense, veut, agit, c’est-à-dire quel est le phénomène organique ou psychique qui sert de condition à chacun de ces phénomènes de la vie morale, voilà ce que cette école cherche à expliquer en s’appuyant sur un genre d’observation qu’il ne faut pas confondre avec l’observation immédiate et directe, telle que la pratiquent Maine de Biran, Jouffroy et les psychologues de leur école.
Par toutes ces raisons, il reste démontré que les tropes, qui se réduisent tous aux quatre espèces que nous avons nommées, ne sont point, comme on l’avait cru jusqu’ici, l’ingénieuse invention des écrivains, mais des formes nécessaires dont toutes les nations se sont servies dans leur âge poétique pour exprimer leurs pensées, et que ces expressions, à leur origine, ont été employées dans leur sens propre et naturel. […] L’interjection soulage la passion de celui à qui elle échappe, et elle échappe lors même qu’on est seul ; mais les pronoms nous servent à communiquer aux autres nos idées sur les choses dont les noms propres sont inconnus ou à nous, ou à ceux qui nous écoutent. […] La langue latine a aussi laissé des exemples nombreux de ces compositions formées de mots entiers ; et les poètes, en continuant à se servir de ces mots composés, n’ont fait qu’user de leur droit.
Ça sert à donner du courage. […] Les rimes en ombre(s) de Hugo lui servaient sensiblement comme les rimes en èbre(s) servaient aux classiques quand les classiques eux aussi s’abandonnaient, se laissaient aller au métier. […] Serve pour toute la vie. […] Serve pour eux. […] Qui ne fasse mal, qui ne serve à faire du mal à quelqu’un.
Voici l’âme d’un vieux journaliste ; elle est bien sale et elle sent très mauvais — raison de plus pour m’en servir. […] Tous deux servent l’espèce ; et ils la servent sans s’en douter, pour se faire plaisir à eux-mêmes. […] Émile Zola continue, il est vrai, à la servir sans dévier de la ligne d’art qu’il se traça dès ses débuts. […] Son pinceau passe de beaucoup en fermeté la petite lavette dont se sert la famille Daudet. […] Jean Grave qui servit dans l’armée de terre et M.
Les comparaisons dont je me suis servi sont par trop boiteuses. […] Ces brillantes et utiles escarmouches ne lui valurent aucune gratitude de ceux dont elles servaient la cause. […] Tout au plus en aurait-elle une, mais toute secondaire, serve et mécanique, à l’exécution. […] Ma crainte, c’est que les moyens dont il s’est servi ne soient un peu trop simples, trop élémentaires, trop physiques, parfois même trop triviaux, même pour un art dont la destination serait délibérément populaire. […] Seul, Hector Berlioz, noble et haut génie, mal servi par une technique courte et impure, soutient à l’écart, comme un prince exilé, les hautes traditions de la musique expressive.