« Tout le reste, ainsi qu’il le dit, ne sont que ris et choses frivoles dont personne, ce me semble, ne se doit scandaliser, s’il n’a les oreilles bien chatouilleuses. » Si l’on souffre un peu de voir un poète obligé de descendre à ces justifications, on n’est pas fâché du ton de fierté, du ton de gentilhomme ou, pour mieux dire, d’honnête homme, dont il le prend, au milieu de toutes ses déférences, avec son illustre parent et patron. […] Il semble qu’il ait eu le pressentiment de sa fin prochaine et qu’il se soit hâté de recueillir toutes ses gerbes avant de partir. […] Jacques Amiot, qui avait un français d’un coloris si vif et qui avait mis du rouge à Plutarque (entendez-le à bonne fin), semblait en effet avoir emprunté son nom au mot grec qui signifie vermillon, ἄμμιον. […] Tout cela nous semble aujourd’hui assez puéril et bien tiré par les cheveux, quoique Du Bellay s’y autorise de l’exemple de Platon dans le Cratyle et aussi de quelques plaisanteries de Cicéron sur Verres ( Verres à verrendo ). […] C’est le Tombeau latin et françois du feu roi son frère… Je l’eusse bien pu enrichir, si j’eusse voulu (et l’œuvre en étoit bien capable, comme vous pouvez penser), de figures et inventions poétiques davantage qu’il n’est, et qu’il semblera peut-être à quelques admirateurs de l’antique poésie… Or, tel qu’il est, si Madame s’en contente, j’estimerai mon labeur bien employé, ne m’étant, comme vous savez mieux qu’homme du monde, jamais proposé autre but ni utilité à mes études que l’heur de pouvoir faire chose qui lui fût agréable.
Même certains satisfont à l’esprit par ce fait de ne sembler pas dépourvus de toute accointance avec de hasardeux symboles. […] Et maintenant, quand je classe et compare mes souvenirs, celui qui me semble le plus complet, le plus parfait, le plus inoubliable, c’est celui de ce voyage à Schwerin. […] Jusqu’à Lessing, l’histoire de la littérature allemande n’a guère à recenser que des œuvres qui sont la mise en application de doctrines, Lessing est lui-même le plus frappant exemple de ce souci continuel de la théorie qui semble hanter les poètes de sa race. […] Ce résidu musical du déterminisme dramatique qu’est l’orchestre wagnérien, cette force physiologique qui associe si profondément notre organisme sensitif au devenir de l’action vivante, nous ignorons d’où elle sort, nos sens sont en désarroi, car cette musique semble ne plus avoir d’existence objective, elle nous semble aussi bien être le propre mouvement de notre pensée qu’un enchaînement orchestral : aucun point d’appui qui nous permette de le décider. […] Il semble également que le poète ait lu l’ouvrage de Paul Lindau, Richard Wagner, paru au début de l’année 1885.
Il semble qu’il devait être la fin de toutes les contradictions que j’ai éprouvées, et que toutes les circonstances se sont réunies pour dissiper ce fonds de mélancolie qui se reproduisait trop souvent. […] Jusqu’ici on conviendra que Chamfort ne semble pas avoir eu tant à se plaindre de l’ancienne société, et qu’il a été payé de ses productions outre mesure. […] Par exemple : La nature, en nous accablant de tant de misère et en nous donnant un attachement invincible pour la vie, semble en avoir agi avec l’homme comme un incendiaire qui mettrait le feu à notre maison, après avoir posé des sentinelles à notre porte. […] Il guérissait ou semblait en train de guérir lorsqu’il mourut d’une imprudence, dit-on, de son médecin, le 13 avril 1794, avant d’avoir vu la délivrance publique et la chute de Robespierre. […] Un jour le marquis de Créqui lui disait : « Mais, monsieur de Chamfort, il me semble qu’aujourd’hui un homme d’esprit est l’égal de tout le monde, et que le nom n’y fait rien. » — « Vous en parlez bien à votre aise, monsieur le marquis, répliqua Chamfort ; mais supposez qu’au lieu de vous appeler M. de Créqui, vous vous appeliez M.
Que c’est laid la civilisation des machines : le timbre me semble la sonnette du phalanstère. […] Jamais, il me semble, je n’ai eu l’œil et le cœur plus réjouis que par le spectacle de ce laid pâté de plâtre, tout bâtonné de grandes lettres, et tout écrit et tout sali et tout barbouillé de la réclame parisienne. […] Il semble qu’une main du passé ait tenu la pointe du graveur, et que mieux que la pierre du vieux Paris soit venu sur ces feuilles de papier. […] Il me semble que les siècles futurs trouveront mieux. […] Il n’est plus un homme, mais un pur esprit, que rien, rien au monde, ne semble rattacher à l’humanité.
La m…. y est le gros sel et la m…. y semble le dieu du Rire. […] Bref, le mariage me semble une magistrature couchée. […] Jules Lecomte, cet homme dont nous n’avions entrevu dans l’ombre de son cabinet que le regard froid, métallique, mystérieusement intimidant, ne nous semble plus au grand soleil qu’un bourgeois, qui aurait des remords ou une maladie d’estomac. […] Ses dialogues des courtisanes semblent nos tableaux de mœurs. […] en le lisant, il me semble lire le grand-père de Henri Heine : des mots du grec reviennent dans l’allemand, et tous deux ont vu aux femmes des yeux de violettes.
De là les trois périodes d’une ère, périodes qui ne se succèdent normalement que dans un groupe de contiguïté bien constitué ; de là cet autre fait encore : que les conséquences pratiques d’un principe semblent parfois en contradiction avec la perception première ; et ce dernier fait enfin : que, pour l’observateur superficiel, l’histoire humaine semble se répéter et piétiner sur place, tandis qu’en réalité elle se renouvelle en des plans successifs. […] Il semble ainsi qu’on fasse machine arrière, qu’on remette en question de précieuses conquêtes ; c’est le fait de toutes les périodes de crise ; et notre crise durera, tant que nous n’aurons pas acquis une foi qui de cette anarchie dégage un ordre nouveau. […] L’affirmation peut sembler naïve, à force d’évidence ; et pourtant combien de gens qui se croient poètes parce qu’ils ont le sentiment poétique ! […] À première vue, il semble que ce soit la note personnelle, par opposition aux idées plus générales ; à y regarder de près, on se persuade du contraire […] Chacune des solutions a ses défenseurs ; aucune ne me semble juste, à elle seule, mais l’une n’exclut pas l’autre.
Quelles que soient les différences réelles et historiques qui séparent la civilisation des États-Unis de la civilisation européenne, il faut convenir maintenant que la première de ces civilisations est très avancée, très développée, et fort capable en mainte question de jeter un grand jour sur la seconde, de laquelle elle peut sembler à beaucoup d’égards comme un cas particulier simplifié et anticipé. […] Lui a-t-elle semblé devoir engendrer avec les siècles un ordre de choses devant lequel pâliraient les puissances et les gloires du passé, et qui serait un âge d’or incomparable pour le genre humain ? […] Pleins d’un amour sincère pour la patrie, ils sont prêts à faire pour elle de grands sacrifices : cependant la civilisation trouve souvent en eux des adversaires ; ils confondent ses abus avec ses bienfaits, et dans leur esprit l’idée du mal est indissolublement unie à celle du nouveau. » Cette absence de lien entre les opinions et les goûts, entre les actes et les sentiments, entre l’énergie des désirs et la justesse des vues, ce divorce trop habituel entre les convictions chrétiennes restantes et les sympathies de l’avenir, toute cette confusion morale attriste le jeune philosophe et lui semble un symptôme presque unique dans l’histoire. […] « Il est un pays dans le monde, se dit-il, où la grande révolution sociale semble avoir à peu près atteint ses limites naturelles ; elle s’y est opérée d’une manière simple et facile, ou plutôt on peut dire que ce pays voit les résultats de la révolution démocratique qui s’opère parmi nous, sans avoir eu la révolution elle-même. » Il nous emmène donc avec lui en Amérique pour y étudier le principe dominateur et générateur des sociétés modernes, l’égalité des conditions ; pour l’y contempler en ce vaste espace, où ni les souvenirs historiques, ni les décombres d’anciennes institutions ne l’ont comprimé ; pour l’y voir en jeu et vivifié de toute sa moralité, grâce à l’esprit religieux qui, là, s’est trouvé uni dès le début à l’ardeur laborieuse.
Les types des miracles évangéliques, en effet, n’offrent pas beaucoup de variété ; ils se répètent les uns les autres et semblent calqués sur un très petit nombre de modèles, accommodés au goût du pays. […] L’épilepsie, les maladies mentales et nerveuses 750, où le patient semble ne plus s’appartenir, les infirmités dont la cause n’est pas apparente, comme la surdité, le mutisme 751, étaient expliquées de la même manière. […] Beaucoup de circonstances d’ailleurs semblent indiquer que Jésus ne fut thaumaturge que tard et à contre-cœur. […] Il semble que le disciple qui a fourni les renseignements fondamentaux de cet évangile importunait Jésus de son admiration pour les prodiges, et que le maître, ennuyé d’une réputation qui lui pesait, lui ait souvent dit : « N’en parle point. » Une fois, cette discordance aboutit à un éclat singulier 759, à un accès d’impatience, où perce la fatigue que causaient à Jésus ces perpétuelles demandes d’esprits faibles.
Professeur dans la maison même dont il nous fait l’histoire, il a eu sous la main toutes les sources, même les plus cachées jusqu’ici, de la tradition à laquelle sa fonction semble le mêler. […] Si la science a quelquefois recherché les formes de l’arbre dans son germe, il semble qu’on puisse s’expliquer, par cette organisation de Saint-Cyr, la destinée et l’influence de toutes ces femmes qui allaient devenir la tige en fleurs de la société de leur pays et de l’Europe. […] La haine et la jalousie des âmes basses que souleva l’immense Fortune qui s’abattit sur elle, comme un aigle, et qui l’enleva dans ses serres d’or à toutes les misères de la vie ; cette haine et cette jalousie semblent, après plus d’un siècle, fouler sa tombe et charger sa mémoire. […] … D’ordinaire, à cet âge-là, ce sont les hommes qui mènent les femmes au lieu d’être menés par elles, mais madame de Maintenon, de deux années plus âgée que Louis XIV, fit mentir ce qui semble une loi.
C’est là une grande raison, il semble, pour que la vérité, qui ne change point, la vérité immortelle, ne se croie pas obligée, devant les insolentes exigences de l’esprit humain, de revêtir des formes nouvelles qui la feraient mieux accepter de ce Balthazar ennuyé à la dernière heure de son orgie. […] Les annotations qu’il a choisies indiquent suffisamment cette tendance fixe de sa pensée : « Ce livre — est-il dit dans le prospectus très simple et très intelligent qui serait la préface naturelle de son ouvrage — n’est pas seulement le travail d’un auteur isolé, mais l’œuvre de tous les grands hommes qui ont brillé dans la société chrétienne depuis les temps apostoliques jusqu’à nos jours, qui semblent s’être levés de toutes les parties du monde et, malgré la distance des temps et des lieux, s’être réunis, comme dans un concile auguste, pour nous montrer comment nous devons concevoir Jésus-Christ et interpréter son Évangile. Si l’on nous demandait les noms de quelques-uns de ces grands hommes, nous répondrions avec saint Jean Chrysostôme parlant de ceux qui l’ont précédé, que c’est un Évode, la bonne odeur de l’Église, disciple et imitateur des Apôtres ; que c’est un saint Ignace, qui porte Dieu lui-même dans sa personne ; un saint Denis l’Aréopagite, qui poussait son essor jusque dans le ciel ; un saint Hippolyte-le-Grand, si plein de douceur et de bienveillance ; un saint Basile-le-Grand, presque égal aux apôtres ; un saint Athanase, si riche de vertus ; un saint Grégoire-le-Thaumaturge, soldat invincible de Jésus-Christ ; un autre du même nom et du même génie, un saint Éphrem, dont le cœur semblait être le temple particulier de l’Esprit-Saint ! […] On trouve, à côté, des illustrations plus modernes, qui, après les gloires incomparables de la sainteté, ont leur autorité et leur éclat : ainsi Bossuet, Massillon, Bourdaloue, — Bourdaloue surtout, que l’abbé Brispot semble affectionner pour l’héroïque et toute-puissante virilité du raisonnement.
— Le duc de Raguse vient de publier sous ce titre, Esprit des institutions militaires, un volume plein de feu, d’intérêt, de science et d’agrément ; il rend accessibles au lecteur une foule de questions qui semblaient du ressort des hommes spéciaux ; il fait comprendre la guerre, l’empereur, Wellington, le génie de la France et de l’Angleterre. […] — La mort frappe coup sur coup au sein de l’Académie et parmi les générations dont le tour ne semblait pas encore venu. […] Étienne, poëte comique distingué sous l’empire et organe spirituel de l’opposition libérale dès les débuts de la Restauration, pouvait sembler avoir rempli sa tâche ; mais M.
Le petit livre de René garde l’honneur d’avoir, le premier, et du premier coup, trouvé une expression nette et précise à ce qui semblait indéfinissable ; il a même donné cette expression tellement noble, flatteuse et séduisante, qu’il a pu sembler dangereux à son heure. […] Mais trop pressé déjà par le temps, trop appelé et tenté par la politique et par ses passions dévorantes, il se hâta de dresser le monument de son souvenir ; il fit ses personnages un peu roides ; il les drapa : au lieu de donner le ton cette fois, il semble avoir suivi lui-même le goût des peintres de l’Empire.
Et si je dis : « le vent gémit », j’aurai encore modifié mon idée » et je le puis parfaitement ; et encore si je dis : « le vent sanglote », « le vent frissonne » ou, comme Flaubert : « un vent tiède se roule dans les plates-bandes labourées », ou encore, comme Chateaubriand : « le vent semble courir à pas légers », ou encore avec Hugo : « le vent de la mer souffle dans sa trompe », il est possible, en effet, que j’aie exprimé plus que je ne voulais dire ; mais, en définitive, ce que j’ai voulu dire sera simplement ce que j’ai dit après avoir cherché. […] Dans les grands styles, par exemple, les mots ordinaires semblent toujours les plus rares. […] « Sa vie passée dans le luxe, dit Bossuet, ne lui faisait point sentir la durée, tant elle coulait doucement17. » C’est le mot ordinaire ; mais si je veux, spontanément par trouvaille, ou volontairement par effort, si je veux donne ; à ce mot plus de hardiesse, l’accoupler à des pensées imprévues, ce simple verbe peut devenir admirable, la plume de Bossuet : « Laissez couler sur le prochain cet amour que vous avez pour vous-même18. » Et ailleurs « Dieu a tant d’amour pour les hommes et sa nature est si libérale qu’on peut dire qu’il semble qu’il se fasse quelque violence quand il retient pour un temps ses bienfaits et qu’il les empêche de couler sur nous avec une entière profusion19. » Et toujours de Bossuet dans cet ordre d’idées : « Les générations des hommes s’écoulent comme des torrents. » Encore une fois, ces trouvailles, ces images, ces transpositions de sens peuvent n’avoir pas coûté d’effort à Bossuet.
L’Ariane de Catulle peut aisément s’apprécier et faire valoir ses droits ; mais il me semble qu’on n’a pas rendu assez justice à la Médée d’Apollonius, frappée d’une sorte de défaveur et d’oubli, et comme entourée d’une ombre funeste. […] Le poëte-narrateur semble préoccupé, chemin faisant, de ne rien vouloir oublier. […] Il me semble lire Apollonius traduit par Delille. […] C’est à ce moment, et comme dans ce lointain, que le poème devrait finir, ce me semble, pour garder son intérêt et pour trouver son unité. […] Il importe, ce semble, d’être clair et direct au moment où l’on fait une comparaison physique.
Leurs membres leur semblent privés de pesanteur. […] En premier lieu, la condition peut être un état spécial du même nerf, ce qui semble le cas dans l’expérience où le genou refroidi devient exsangue. […] On peut supposer que la chaleur atteint les éléments nerveux dans un autre ordre que la pression. » — « De fait, plus on s’approche d’une sensation vraiment élémentaire, plus la différence entre la sensation de température et celle d’un excitant mécanique semble s’évanouir. […] « Lorsque j’ai mâché de la racine de roseau aromatique, le lait et le café me semblent aigres ensuite. » 93. […] Quantité de sensations qui nous semblent avoir un type spécial et sui generis sont composées de sensations élémentaires de contact.