A une personne qui avait pensé à lui le jour de sa naissance, il écrivait de Passy (28 août 1833) ce remerciement plein de sensibilité et d’une pieuse reconnaissance envers le Ciel : « A l’instant où j’ai reçu votre aimable lettre, je réfléchissais à mon arrivée dans ce monde : il était trois heures, moment de ma naissance il y a cinquante-trois ans ; vous le voyez, votre lettre ne pouvait arriver mieux. […] Et moi aussi j’ai été malade, j’ai été profondément triste, et, de plus, j’étais bien pauvre et je n’avais pas reçu d’éducation. […] Je prends donc le parti de vous envoyer mes vœux et ma petite cotisation, que vous auriez dû recevoir fin de décembre.
Cette lettre du 15 décembre 1671 est à encadrer dans un cadre d’or ; elle est à mettre à côté de telle page de L’Hôpital, de telle allocution de Gerson, de telle réponse de ces vieux et grands parlementaires Achille de Harlay ou de La Vacquerie ; c’est l’éloquence du cœur, toute pure et toute crue, et qui n’y va pas par quatre chemins : « Il est de la dernière conséquence d’approfondir cette affaire, tant à l’égard du préjudice que le service du roi en peut recevoir, si ces Messieurs ont dit vrai, que de la justice que vous devez à ceux qui, pour faire leur devoir trop exactement, sont injustement calomniés. Recevez donc, s’il vous plaît, toutes leurs plaintes, Monseigneur, et les preuves qu’ils offrent de vous donner. […] Ils échangent leurs cadeaux d’amitié : Vauban aura le portrait de Louvois, peint par Mignard ; Louvois recevra de Vauban « un Plan de Lille bien rectifié, avec la description de tout son paysage à la portée du canon à la ronde, où toutes choses, jusqu’au moindre fossé, sont mises dans leur place juste, et où il ne manque pas la moindre chose du monde » ; présent sévère et de main de maître aussi.
L’essentiel est que Louis XIV avait reçu de la nature un bon esprit et un grand cœur. […] Louis XIV commence par rappeler ses bons offices constants et ceux de ses prédécesseurs envers les Provinces-Unies de la Hollande, et il raisonne, comme il aime à le faire, non-seulement à l’adresse et à l’intention de ses contemporains, mais en vue de l’avenir : « La postérité, dit-il, qui n’aura pas été témoin de tous ces événements, demandera quel a été le prix et la reconnaissance de tous ces bienfaits ; pour la satisfaire, je veux lui apprendre que, dans toutes les guerres que les rois mes prédécesseurs ou moi avons entreprises, depuis près d’un siècle, contre les puissances voisines, cette république ne nous a non-seulement pas secondés de troupes ni d’argent, et n’est pas sortie d’une simple et tiède neutralité, mais a toujours tâché de traverser, ou ouvertement ou sous main, nos progrès et nos avantages. » La Hollande n’est pas la seule ni la dernière république qui ait été ingrate envers la France pour prix des plus grands services reçus à leur berceau : ces sortes de gouvernements, où tant de passions et de volontés s’en mêlent, sont coutumiers du fait […] Boileau (et je ne parle pas ici du poète louant en public, mais de l’homme de sens s’épanchant dans la familiarité), Boileau était d’un tout autre avis ; il entrait, nous assure-t-on, dans une espèce d’enthousiasme lorsqu’il parlait de Louis XIV, et l’on a recueilli de ses lèvres ces propres paroles, qui renferment un si bel éloge sous forme littéraire : « C’est, disait-il, un prince qui ne parle jamais sans avoir pensé ; il construit admirablement tout ce qu’il dit ; ses moindres reparties sentent le souverain ; et quand il est dans son domestique, il semble recevoir la loi plutôt que la donner. » Ce dernier trait se rapporte à la facilité de vivre du roi dans son intérieur et à son égalité d’humeur avec tout ce qui l’entourait.
A Bâle, où nos voyageurs sont reçus avec distinction et traités par la seigneurie de la ville avec des marques d’honneur et de cérémonie, Montaigne voit François Hotman, le célèbre jurisconsulte, rival de Cujas, échappé au massacre de la Saint-Barthélemy ; à souper où il l’invite, il le met, lui et un savant médecin de la ville, sur le chapitre de la religion, et il devine que, tout en protestant contre la romaine, ils sont peu d’accord entre eux. […] Il respecte tant l’ancienne Rome qu’il se complaît à la parodie même qu’on en fait, pourvu qu’elle soit sérieuse et sans rire ; il reçoit ses lettres de citoyen au nom du Sénat et du Peuple : « C’est un titre vain, dit-il ; tant y a que j’ai reçu beaucoup de plaisir de l’avoir obtenu. » Voilà un aimable philosophe qui paye ouvertement son tribut à l’illusion et à la vanité humaine.
Étienne n’a pas reçu de la nature et ne s’est pas donné par une émulation acquise cet aiguillon, cet éperon intérieur de ceux qui se tourmentent eux-mêmes. […] Et en conséquence, il va nous le dessiner ainsi : « Faible de santé, lourd dans ses mouvements, ce pauvre homme avait la tête et particulièrement le visage concassés comme s’ils eussent reçu deux ou trois coups de pilon dans un mortier… Tout le temps qu’il ne donnait pas à l’étude, il le consacrait à Mme Récamier, qu’il aimait et a toujours vénérée comme une sainte. […] Mais Ballanche, levant la tête et prenant un ton d’autorité : commença une diatribe fulminante en motivant, comme il l’entendait, les reproches qu’il faisait à Bossuet, et s’échauffant toujours davantage, il arriva enfin à sa péroraison en disant, comme s’il avait été hors de lui : « Qu’on ne me parle plus des vertus et des talents de Bossuet ; d’un homme qui a osé dire que Dieu n’a pas révélé le dogme de l’immortalité de l’âme aux Juifs, parce qu’ils n’étaient pas dignes de recevoir cette vérité !
Elle avoue qu’elle fut d’abord un peu jalouse de Maurice, le dernier-né, et qu’elle enviait les caresses, les bonbons et les baisers qu’il recevait plus qu’elle.. […] Elle en vint par la suite à admirer, mais elle ne put jamais prendre sur elle d’aimer et de goûter ces autres génies incontestables, mais dont les écrits ont des laideurs qui choquent l’œil d’une femme . « Je déteste de rencontrer, disait-elle, ce que je ne veux pas voir. » Bientôt elle fit des vers elle-même ; elle avait reçu de la nature le rythme intérieur et la mélodie. […] La fin du journal de Mlle de Guérin offre plus de variété que le début : elle est formée, elle est mûre : elle a reçu tous les enseignements de la douleur.
On trouve en général que mon ouvrage est simple et sans incidents ; mais mon succès fût-il un triomphe, ce que je suis bien loin d’espérer, recevez d’avance ma protestation, Monsieur, que je pose ma couronne sur la base et aux pieds de la statue de Shakespeare. […] N’ayant pas reçu de bonne heure toute l’éducation qu’il aurait fallu, s’étant refusé par vertu, par scrupule, par esprit étroit de bourgeoisie, toute celle même qui était à sa portée, l’expérience de Versailles et de la Cour, celle des femmes et des grands seigneurs, et plus tard le spectacle de l’ambition la plus gigantesque dans le sein du plus grand héros moderne, il avait pourtant des débris, des fragments de poète pathétique et terrible. […] Deleyre, ami de Jean-Jacques Rousseau, qui l’estimait plus qu’il ne l’a témoigné dans ses Confessions, et qui ne cessa de le recevoir jusqu’à la fin de sa vie, Deleyre dont le nom ne se rencontre qu’incidemment dans les mémoires des contemporains, était un de ces hommes secondaires du xviiie siècle, qui offrent bien de l’intérêt à qui les observe de près.
Il n’a cessé de développer et de varier en mille applications le don qu’il avait reçu de la nature. […] Né a Paris aux galeries du Louvre, où logeait son père, le 30 juin 1789, dans une bien chaude année, il fut élevé un peu au hasard et ne reçut pas, littérairement du moins, d’instruction première. […] Thiers à propos du Salon de 1824, ne pouvait choisir une meilleure direction que celle qu’il a prise, pour le développement du talent particulier qu’il a reçu de la nature.
Je remplirais des colonnes, si je le voulais, de ces phrases du biographe de La Rochefoucauld qui font venir la chair de poule à quiconque a reçu les premiers éléments de l’art d’écrire. […] Vous êtes capable de parler affaires, je ne le nie pas ; mais si la question devient philosophique, vous n’y êtes plus ; et, par exemple, de ce que M. de La Rochefoucauld mourut avec bienséance, comme on sait, et après avoir reçu les sacrements, vous terminez votre Notice par cette conclusion inattendue et un peu étrange. […] « La constance des sages n’est qu’un art avec lequel ils savent enfermer leur agitation dans leur cœur. » La générosité n’est que le désir de se donner le rôle où l’on se trouve le plus grand, le plus à sa gloire ; ou, comme il le dit avec sa subtilité profonde, « c’est un industrieux emploi du désintéressement pour aller plus tôt à un plus grand intérêt. » La magnanimité n’est qu’un trafic plus grand et plus hardi que les autres : « La magnanimité méprise tout, pour avoir tout. » Ou encore (et ceci, je le crois, est inédit en effet) : la magnanimité, c’est « le bon sens de l’orgueil et la voie la plus noble pour recevoir des louanges. » Les plus humbles vertus, après les grandes, y passent à leur tour ; pas une ne trouve grâce devant lui.
Ses tergiversations continuelles, son ambition et ses faiblesses allaient recevoir des deux côtés le payement qu’elles méritaient. […] A l’entendre, si sa mère le poussait trop loin et prétendait lui imposer plus que des conseils, lesquels il serait toujours ravi de recevoir ; si l’on oubliait pourtant qu’il était majeur enfin et voulait être maître, il ne demandait pour juge et arbitre en ce conflit que le roi lui-même, ajoutant : « Qu’il ne pouvait, croire que le roi voulût empêcher un prince légitime de gouverner ses États ; qu’il lui enverrait quelqu’un de confiance pour lui marquer son zèle et son respect ; qu’il n’entrerait jamais dans d’autres intérêts que les siens ; qu’il ne se marierait que de sa main, et que, se tenant dans ces termes et que faisant encore plus pour son service que n’avait fait Madame Royale, il était persuadé de n’être point désapprouvé de lui dans les démarches qui pouvaient lui donner à lui-même un peu de considération. » Il allait plus loin à certains moments, et comme s’il avait obéi à un élan de son cœur : « Eh bien ! […] Victor-Amédée reçoit l’outrage et dissimule en public : il se met aussitôt à licencier en effet une partie de son armée.
Prosper Faugère (car je reçois à l’instant et j’ai sous les yeux les bonnes feuilles de son édition des Mémoires de Mme Roland qui va paraître) m’avertit que les souvenirs de M. […] Dans les lettres récemment retrouvées, elle lui écrit d’abord de la prison de l’Abbaye, à la date du 22 juin 1793 ; elle venait de recevoir des lettres de lui où il lui annonçait qu’il était avec quelques-uns de leurs amis en sûreté dans le Calvados : « Combien je les relis ! s’écrie-t-elle ; je les presse sur mon cœur, je les couvre de mes baisers ; je n’espérais plus d’en recevoir 1… J’ai fait inutilement chercher des nouvelles de Mme Ch… ; j’avais écrit une fois à M.
un homme qui a pu avoir l’audace de se prêter à cette sotte et infâme scène du bosquet, qui a supposé qu’il avait eu un rendez-vous de la reine de France, de la femme de son roi, que la reine avait reçu de lui une rose63 et avait souffert qu’il se jetât à ses pieds, ne serait pas, quand il y a un trône, un criminel de lèse-majesté ? […] Une note que je reçois à l’instant m’apprend ce détail qui m’avait échappé. […] Marie-Antoinette, dans son indignation, se trompe ici sur un détail du procès, ce qui est bien permis : dans la scène du bosquet la prétendue reine n’avait pas reçu la rose, mais l’avait elle-même laissé tomber. — On remarque, à l’examen, une autre inadvertance, mais celle-ci moins explicable ou plutôt tout à fait inexplicable : il y avait trois mois, à cette date du 1er septembre, que l’arrêt du Parlement était rendu : il est en effet du 31 mai 1786.
Dans l’intérieur de l’Hôtel de Ville, j’ai été personnellement très bien reçue. […] J’ai dit aux poissardes d’aller répéter tout ce que nous venions de nous dire… » Trois jours après, le 10, elle écrivait plus à cœur ouvert : « Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, monsieur, votre lettre du mardi 6. […] J’espère que vous avez reçu ma lettre de mercredi, qui vous aura un peu rassuré.
Le maréchal de Noailles, dans un sentiment non de rivalité, mais d’intérêt public, croit devoir signaler au roi cette retraite précipitée, inexplicable, faite sans en avoir reçu l’ordre, comme la plus grande preuve du manque de concert et du peu de subordination qui compromet tout et tend à tout perdre. […] Je ne puis m’empêcher de lui dire qu’il y a, dans toutes les parties de l’administration du gouvernement, une sorte d’engourdissement, d’indolence et d’insensibilité à laquelle il faut apporter le plus prompt remède, sans quoi, Sire, votre royaume est menacé de grands malheurs. » Suivaient des considérations et des recommandations générales fort justes ; mais tous ces conseils, reçus avec bienveillance et discutés même avec bon sens par Louis XV, profitaient peu pour la conduite. […] Cette dernière affaire notamment, cette belle occasion manquée en Alsace et la fâcheuse impression qu’on en reçut à Paris, sont bien senties et rendues. — Un contrôle d’un tout autre ordre et qui se rapporte à l’histoire la plus sévère, à la science même, nous est fourni par la Relation de la Guerre de Succession, que le général Jomini a ajoutée à celle de la Guerre de Sept ans, dans la 4e édition de son Traité des grandes Opérations militaires.
Je reçus à cette occasion les deux lettres suivantes : « Je trouve, monsieur, que vous m’avez pris trop au mot. […] Ce 6 novembre 1849. » A peu de jours de là, je recevais cette lettre de Mme de Montalembert : « Villersexel, 11 novembre 1849. […] Je n’y ai rien trouvé que de vrai je dois et je puis, il me semble, oser en toute simplicité vous le dire, monsieur ; mais cette impression ne diminue en rien celle que j’ai reçue de la bienveillance si bien sentie et si visible qui accompagne tout un portrait qui m’a été si doux à lire.