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613. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Mais je remarque d’abord que, dans cette masse d’études de Sieyès, il est question de tout : de métaphysique, d’économie politique, de langues, de mathématiques, de musique, — oui, de tout, hormis de l’histoire. […] Les hommes, jusque dans les questions où ils sont le plus intéressés, veulent être séduits, charmés ou entraînés encore plus que redressés et convaincus. […] Un jour, à l’Assemblée, pendant une séance orageuse, ils échangent sur un petit billet, à demi énigmatique pour nous, des questions et des réponses. […] , demi-ivre, dissertant sur le plan de la guerre, et examinant le ministre par interrogats et censure ; Les auditeurs ne s’apercevant même pas combien cela est ridicule et à quel point de perfection l’orateur porte la bêtise ; Le malheureux ministre, échappant aux questions par une réponse de café et l’historique des campagnes ; Ce sont là les hommes chargés de conduire les affaires et de sauver la République ! […] Et si, dans quelque séance pareille, il suppose cette question qui revient si souvent à son sujet : « Vous vous taisez ? 

614. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

Ainsi donc, nous nous appuyons sur la physiologie, nous prenons l’homme isolé des mains du physiologiste, pour continuer la solution du problème et résoudre scientifiquement la question de savoir comment se comportent les hommes, dès qu’ils sont en société… En somme, tout se résume dans ce grand fait : la méthode expérimentale, aussi bien dans les lettres que dans les sciences, est en train de déterminer les phénomènes naturels, individuels et sociaux, dont la métaphysique n’avait donné jusqu’ici que des explications irrationnelles et surnaturelles8. »‌ En résumé, de même que, suivant Claude Bernard, la « méthode appliquée dans l’étude des corps bruts, dans la chimie et dans la physique, doit l’être également dans l’étude des corps vivants, en physiologie et en médecine », de même, suivant Zola, la méthode expérimentale qui conduit à la connaissance de la vie physique, « doit conduire aussi à la connaissance de la vie passionnelle et intellectuelle. » « Ce n’est qu’une question de degrés dans la même voie, ajoute le romancier, de la chimie à la physiologie, puis de la physiologie à l’anthropologie et à la sociologie. […] Un vague instinct de vie spirituelle semble l’animer parfois, mais les plus graves questions demeurent en dehors de son domaine. […] La question est alors de savoir si la soif de vie inassouvie peut valoir en fécondité réelle pour l’artiste, cette même soif assouvie, et si l’esprit qui regarde de l’extérieur vibrer la matière vaut l’être qui la sent intérieurement vibrer en lui-même. […] III A qui nous reprocherait de n’envisager ici que la pensée générale de Zola, en laissant de côté son œuvre d’écrivain et d’artiste, nous pourrions répondre par une phrase du romancier lui-même : « Au fond des querelles littéraires, il y a toujours une question philosophique ».

615. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre II. La qualité des unités sociales. Homogénéité et hétérogénéité »

Telle est la première question qu’il faut se poser si l’on veut classer les sociétés et déterminer les influences les plus générales auxquelles elles cèdent. […] La réponse à la question posée paraît simple : c’est l’homogénéité, dira-t-on, qui prédispose les sociétés à accepter les idées égalitaires. […] Inversement, dans les sociétés modernes, lorsqu’on voudra déroger à l’égalité des citoyens posée en principe, c’est l’idée de la diversité des types ethniques qu’on invoquera : l’antisémitisme ne déclare-t-il pas que « la question de race prime tout » ? […] À la question que nous posions : « de l’homogénéité et de l’hétérogénéité sociales, laquelle des deux est favorable à l’égalitarisme ?  […] — Les distinctions qui permettent de répondre à ces questions ont été brillamment formulées.

616. (1911) Nos directions

Dans ces deux façons de conclure se résume toute la question. […] Question de simple décence esthétique, question de choix. […] Et cette question se pose. […] Nous n’aborderons pas cette question. […] Ils éludent complètement la question de l’accentuation.

617. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

Monsieur m’a fait quelques lourdes questions pendant que M. de Charrière dormait. […] De Paris, dans tout cela, il en est peu question : y vint-elle ? […] Alors aussi se décidera la question : savoir, si M. […] Un jour, travaillant chez Mlle de La Prise qui a eu des bontés pour elle, et qui, la voyant pâle, triste et tremblante, l’a pressée de questions affectueuses, ce soir-là, avant de sortir, les sanglots éclatent : elle lui confesse tout ! […] Plus d’une question que nous posions ici trouve sa réponse dans l’article sur Benjamin Constant et madame de Charrière inséré dans les Derniers Portraits (1852) et, depuis, dans le tome III des Portraits littéraires, édit. de 1864.

618. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Pour la saison prochaine, la question d’un théâtre Wagnérien français semble avancer. Lohengrin et la Walküre seront donnés cet hiver à Bruxelles, avec les Maîtres Chanteurs ; au printemps, il est question de Siegfried. […]     A cette histoire se rapporte une série de documents, lettres écrites par le Maître à ses amis, communications aux membres du Patronat, circulaires, prospectus, etc. beaucoup d’importantes questions ayant été discutées oralement ou exposées dans des écrits rassemblés dans les œuvres complètes16, ces documents n’éclairent qu’un nombre assez restreint des questions spéciales relatives à l’établissement des Fêtes ; ils donnent pourtant, d’une façon sommaire, un aperçu exact du développement de l’œuvre, et peuvent dissiper les malentendus qui ont dû résulter tout naturellement de publications partielles. […] Mais la musique, « l’âme du drame », est, elle, tout entière de la période de la plus parfaite maturité du maître, et d’un seul jet ; celui qui l’écrivait avait écrit — et entendu —Tristan et les Maîtres Chanteurs ; il était dans la plénitude de sa puissance d’orchestration ; et si la question de préférence est discutable, on peut au moins affirmer que jamais Wagner n’a été plus grandiose que dans la Gœtterdaemmerung. […] J’ai eu l’occasion, l’année dernière, en préface à un essai de traduction du Rheingold, de dire un mot sur la question des traductions ; et j’ai parlé d’une traduction rêvée, celle de l’exacte et totale équivalence.

619. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

  On a beau suivre et étudier de près le récit que M. de Rohan a fait des guerres civiles religieuses sous Louis XIII, et le rôle si considérable qu’il y joua, on ne peut, même en se plaçant au point de vue le plus neutre et en évitant d’entrer dans les questions d’Église, s’intéresser fortement à lui et désirer à aucun moment son succès et le triomphe de ses armes. […] La question, si sacrée pour nous, de tolérance et de respect de toutes les convictions et professions de foi sincères compatibles avec l’ordre social n’était pas dégagée alors. […] Cependant on ne saurait leur faire à l’un ni à l’autre l’injure de poser cette question, s’ils étaient braves et très braves en effet : mais ils étaient les têtes du parti, et ils avaient à se réserver pour leur cause ; et de plus, comme on l’a très judicieusement observé, ils devaient craindre, non pas de périr les armes à la main de la mort du soldat, mais d’être pris et d’aller finir sur un échafaud en rebelles. […] là est la question suprême.

620. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Il est question de cette double lecture dans les lettres qui suivent : elle m’y loue plus que je ne le méritais, et elle se montre plus sévère pour elle qu’il n’était juste. […] « Moi, je ne m’estime pas, car, après m’être adressé de semblables questions, je ne les ai pas résolues et j’en suis restée là ; M. Jouffroy, n’ayant pas appris que ces questions existent, n’a pas grand mérite à les nier ; mais vous qui, ayant songé à tout et peut-être goûté à des choses immondes comme font les chimistes, avez déclaré que la chair humaine est mauvaise et malsaine, et vous êtes décidé à vivre d’aliments choisis, apparemment vous avez le discernement, c’est-à-dire, dans le sens moral, la lumière et la force. […] Je voulais vous en parler longuement et, dans l’intention de profiter de vos conseils, vous adresser quelques questions littéraires et philosophiques ; mais je n’en ai pas pu trouver le temps, et je ne l’ai pas encore.

621. (1887) Discours et conférences « Réponse au discours de M. Louis Pasteur »

Craignant que les railleries de Voltaire n’eussent une part dans ses opinions religieuses, et se regardant comme responsable de sa théologie à l’égard de ses enfants, il reprit avec le plus grand sérieux la question des croyances. […] Il s’agit ici, en effet, de ces questions sur lesquelles la providence (j’entends par ces mots l’ensemble des conditions fondamentales de la marche de l’univers) a voulu qu’il planât un absolu mystère. […] Et cela est tout simple ; il est des questions insolubles sur lesquelles le sentiment moral veut une réponse. […] Les questions qu’elle résout à sa manière, les règles qu’elle prescrit en vertu de son principe, les croyances qu’elle déconseille au nom de notre ignorance de tout absolu, je viens, aux pages qui précèdent, d’en faire un examen que je termine par la parole suprême du début : Pour la dernière fois. » J’ai toujours eu peine, je l’avoue, devant les cercueils illustres, à partager cette héroïque résignation.

622. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Dans son petit traité Du bonheur, il veut qu’avant de s’attacher aux objets extérieurs, on évalue ce qu’ils peuvent rapporter en plaisirs ou en peines, et qu’on ne laisse prendre des droits sur soi qu’aux objets dont, tout compte fait, on a plus à espérer qu’à craindre : « Il n’est question que de calculer, dit-il, et la Sagesse doit toujours avoir les jetons à la main. » Des jetons pour compter les points. […] Quand il en vient à l’astronomie en particulier, à la question de savoir si c’est la terre qui est le centre autour duquel tourne l’univers, ou si c’est elle au contraire qui décrit une révolution dans l’espace, il a de ces comparaisons toutes morales et sensibles qui vous remettent d’avance au point de vue : Il faut que vous remarquiez, s’il vous plaît, que nous sommes tous faits naturellement comme un certain fou athénien, dont vous avez entendu parler, qui s’était mis dans la fantaisie que tous les vaisseaux qui abordaient au port de Pirée lui appartenaient. […] La question littéraire se trouvait ainsi réduite, au grand scandale des érudits, à une question de physique et d’histoire naturelle.

623. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Si donc l’art en venait à n’avoir plus d’autre fin que de charmer les yeux et les oreilles, il pourrait se réduire un jour à un système de règles techniques, à une question de savoir-faire, ou même de savoir pur et simple. […] Dans tout art, comme dans la peinture, il y a des effets de raccourci, d’ombre et de lumière, des questions de premier et de second plan. […] Ni dans l’art ni dans la vie réelle la beauté n’est une pure question de sensation et de forme. […] Mais, lorsqu’il s’agit d’un être vraiment intelligent et supérieur, ayant une individualité véritable, il ne saurait être question de lui prêter l’expression d’autrui, celle du vulgaire, celle de tous ; car il a son expression à lui, toute personnelle, qu’il conservera partout et toujours, de quelque nature que soient les circonstances et les émotions.

624. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — II. L’histoire de la philosophie au xixe  siècle — Chapitre II : Rapports de l’histoire de la philosophie avec la philosophie même »

Sans doute, si un tel a tort, c’est un esprit faux ; mais la question est de savoir s’il a tort, et vous ne pouvez pas en préjuger la solution par une qualification qui la suppose. […] La question même implique déjà une solution anticipée, qui est la loi primitive et fondamentale de la raison. […] C’est là un des dangers les plus manifestes des époques très-éclairées, qui connaissent trop le fort et le faible de toutes les thèses, le pour et le contre de toutes les questions. […] C’est la dernière question que nous voudrions examiner.

625. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Quelle que soit la question qu’il traite, économie politique, morale, philosophie, littérature, histoire, Macaulay se passionne pour son sujet. […] Ils ont en main des développements tout faits, sorte d’échelles portatives qui s’appliquent également bien sur les deux faces contraires de la même question et de toute question. […] Southey a complétement abandonné la narration, et essayé de traiter des questions morales et politiques, sa chute a été complète et ignominieuse. […] Développée, abondante, elle éclaircit les faits obscurs, et ouvre aux plus ignorants les questions les plus compliquées. […] Southey has completely abandoned narration, and has undertaken to argue moral and political questions, his failure has been complete and ignominious.

626. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Préface »

. — Demander l’avis du propriétaire, soumettre au peuple français les plans de sa future habitation, c’était trop visiblement parade ou duperie : en pareil cas, la question fait toujours la réponse, et d’ailleurs, cette réponse eût-elle été libre, la France n’était guère plus en état que moi de la donner : dix millions d’ignorances ne font pas un savoir. […] Pour répondre à cette question, il faut savoir comment cette France s’est faite, ou, ce qui vaut mieux encore, assister en spectateur à sa formation.

627. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XVIII » pp. 198-205

La question est de savoir si un vieillard pourra réussir à s’assurer la tendresse et la fidélité d’une jeune tille qu’il épousera ; Molière réduit le problème à cette simple expression : sera-t-il cocu ou non ? […] Après quelques questions générales, il en vient aux détails.

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