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780. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XIII »

Lebonnard insiste et il prouve. […] Que l’amour, plus fort que la mort, soit aussi plus fort que le mépris, ce phénomène humiliant est prouvé par d’innombrables exemples.

781. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Dès 1745, l’abbé d’Estrées avait prouvé, sur cette question de généalogie, que la famille des Anfrie, seigneurs de Chaulieu, était d’épée avant d’être de robe (circonstance réputée honorable), et qu’elle servait sur un bon pied du temps de Charles VII. […] Être épicurien, quand on l’est avec art, n’empêche pas d’être habile, et Chaulieu, à partir de ce jour, le prouva.

782. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Ravenel publiait, pour la Société de l’histoire de France, des Lettres de Mazarin, écrites, pendant sa retraite hors de France, à la reine, à la princesse Palatine, à d’autres personnes de sa confidence, et qui prouvent du moins que, dans un temps où il se rencontrait si peu de cœurs français parmi tant de factieux, il était encore le plus français de tous dans les vues de sa politique et de son ambition toute sensée. […] Je désirerais pourtant que, dans le nouveau choix qu’il doit faire en réimprimant, l’auteur réduisît ses citations et ses notes à ne jamais signifier plus qu’elles ne prouvent en effet, et qu’il n’avançât rien que ne pût avouer une critique impartiale et précise.

783. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

M. de Lamartine, comme tous les grands poètes, a plusieurs âmes, il a dit même quelque part qu’il en avait sept (le nombre n’y fait rien) ; et certes il a prouvé, en des heures fameuses, que l’énergie, la force, une soudaine vigueur héroïque qui se confond dans un éclair d’éloquence, ne lui sont pas étrangères. […] Les deux volumes actuellement publiés le prouvent déjà.

784. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

— « Shakespeare, dit Ben Jonson, conversait « lourdement et sans aucun esprit. » — « Without any wit. » Le moyen de prouver le contraire ! […] Voyez, après les luttes des arminiens et des gomaristes, de quel air superbe Sparanus Buyter, la poche pleine des florins de Maurice de Nassau, dénonce Josse Vondel, et prouve, de par Aristote, que le Palamède de la tragédie de Vondel n’est autre que Barneveldt ; rhétorique utile, d’où Buyter extrait contre Vondel trois cents écus d’amende et pour lui une bonne prébende à Dordrecht.

785. (1912) L’art de lire « Chapitre VIII. Les ennemis de la lecture »

Cette estime trop haute, cette suspension momentanée du pendule critique n’était qu’un artifice pour prendre à la pipée l’âme d’une chose. » Il faut donc être un lecteur armé, qui désarme par méthode et pour comprendre, qui reprend ses armes pour discuter, qui désarme enfin de nouveau quand l’examen critique lui a prouvé qu’il est en face d’une chose dont la vérité ou la beauté est indiscutable. […] Victor Hugo, qu’on pourrait si bien soupçonner de manquer de sens critique, en a, puisqu’il se corrige et puisqu’il se corrige toujours bien, comme l’étude de ses manuscrits le prouve.

786. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Si nous voulions prouver expérimentalement notre opinion à cet égard, il nous serait facile de montrer ce que sont devenus, dans l’application préraphaélite, quelques-uns des préceptes les plus importants et les plus absolus de Ruskin ; nous nous bornerons à un seul exemple, assez général et assez frappant pour témoigner de la singulière transmutation d’une pensée saine en des œuvres chlorotiques. […] En nous proposant comme modèles les Giotto et les Angelico, il a prouvé que l’énorme et capitale nouveauté de la peinture moderne, insoupçonnée du plus génial des Primitifs, demeurait lettre morte pour lui.

787. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre premier. Le problème des genres littéraires et la loi de leur évolution » pp. 1-33

Mais il n’y a pas lieu de s’arrêter ici à ces nombreuses erreurs ; l’intention dernière de Hugo transparaît presque naïvement : il veut prouver que son époque est celle du drame ; en secret, il se flatte de dépasser Shakespeare ; et la préface de Cromwell a quelque chose de truqué. — On a souvent dit déjà pourquoi l’école romantique, essentiellement lyrique, tenait tellement à s’affirmer au théâtre : il s’agissait de vaincre Corneille et Racine. […] Je le crois ; et j’espère le prouver.

788. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIII : De la méthode »

L’axiome fataliste se réduit à un fait d’histoire politique et à un groupe d’habitudes morales ; on l’entend, et dès lors on peut le discuter, le vérifier, le prouver, le réfuter et le limiter. […] Elle en possédera un, par exemple, le jour où elle aura prouvé que la perception extérieure est une hallucination vraie.

789. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

ce sont là des beautés qui jaillissent tout armées, comme la déesse mythologique, du front olympien de M. de Fiennes, des beautés qui se sentent et ne se prouvent point. […] L’argument a si peu de force que je le ramasse, et le retournant, je le fais servir à prouver immédiatement le contraire. […] En vérité, M. d’Avrigny est bien bon de commettre une faute de français pour avancer une proposition inexacte, qui tendrait à prouver, si elle prouvait quelque chose, qu’il n’a pas vu jusqu’au bout la comédie de M.  […] Après avoir prouvé à l’auteur qu’il n’avait su ni voir ni observer, M.  […] Il peut réussir ailleurs, et il vient de le prouver, mais là seulement il est complet.

790. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Qu’est-ce que prouvent tous ces témoignages ? […] Nous avons le droit de faire un pas de plus maintenant ; et Diderot nous prouve par son exemple, que, si l’art ne peut pas imiter la nature tout entière, c’est pour des raisons tirées de la nature même. […] Les ouvrages anciens et modernes qui traitent des sujets de morale, de politique ou de science, prouvent évidemment les progrès successifs de la pensée, depuis que son histoire nous est connue. […] Qui veut trop prouver ne prouve rien, dit avec raison le proverbe. […] Il semble toutefois également entendu et prouvé désormais que l’œuvre littéraire est expressive ou significative de quelque chose de plus qu’elle-même et que son auteur.

791. (1885) L’Art romantique

Tous ces reproches mis de côté, qui prouvent simplement que M.  […] Les Jeune-France prouvèrent bientôt que l’école se complétait. […] Évidemment, à une époque pleine de duperies, un auteur s’installait en pleine ironie et prouvait qu’il n’était pas dupe. […] Une jeune princesse, accusée d’un crime abominable, du meurtre de son frère, ne possède aucun moyen de prouver son innocence. […] X… est un malhonnête homme, et de plus un imbécile ; c’est ce que je vais prouver », — et de le prouver !

792. (1874) Premiers lundis. Tome I « Anacréon : Odes, traduites en vers française avec le texte en regard, par H. Veisser-Descombres »

Tout le prouve donc, Anacréon fît du loisir sa principale affaire ; comme Simonide son contemporain, et comme plus tard Horace et La Fontaine, il était d’avis qu’on ne peut trop louer trois sortes de personnes, les dieux, sa maîtresse et son roi.

793. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIV » pp. 394-401

Les présents que madame de Montespan faisait trouver chaque jour à Maintenon, prouvaient un retour de sécurité sur l’amour dont le roi lui redonnait des marques.

794. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 211-219

L’invention en eût été plus riche, la diction plus naturelle, & l’intérêt plus sensible ; l’Auteur auroit employé des expressions plus correctes, & évité les tournures Gasconnes ; ses images auroient été mieux choisies, ses comparaisons plus justes & moins ridicules ; il n’eût point appelé le Soleil le Duc des Chandelles les Vents les Postillons d’Eole, le Tonnerre le Tambour des Dieux ; le total de l’Ouvrage eût été dans le goût de ces vers du quatrieme Chant, qu’on peut citer avec estime, dès qu’il ne s’agit pas de l’Astronomie : Il se trouve entre nous des esprits frénétiques Qui se perdent toujours dans des sentiers obliques, Qui, sans cesse créant des systêmes nouveaux, Prouvent que la raison gît loin de leurs cerveaux.

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