Les ouvrages purement littéraires, s’ils ne contiennent point cette sorte d’analyse qui agrandit tous les sujets qu’elle traite, s’ils ne caractérisent pas les détails, sans perdre de vue l’ensemble ; s’ils ne prouvent pas en même temps la connaissance des hommes et l’étude de la vie, paraissent, pour ainsi dire, des travaux puérils. […] Lorsqu’on se sert d’un mot nouveau, il faut qu’il soit bien prouvé, pour tous ceux qui savent lire, qu’il n’existait pas dans la langue un autre terme qui rendit précisément la même nuance de pensée, ni une tournure heureuse qui dût produire une égale impression.
Taine s’efforce de le prouver en l’appliquant. […] Taine veut démontrer un point de méthode historique, prouver que toute une série de documents, négligés jusqu’ici, sont à consulter pour connaître les hommes du passé ou de ce temps.
. — Ceux qui se servent de ces comparaisons ne s’aperçoivent pas qu’ils tombent dans ce genre de sophisme qui consiste à prouver le même par le même (idem per idem) : c’est ce qu’il n’est pas difficile d’établir. […] Le second argument dont on se sert pour prouver que le mouvement peut se convertir en pensée se tire de la transformation de la chaleur en mouvement et du mouvement en chaleur.
Or, ces critiques qui disent que les poëmes des anciens ne font pas sur eux l’impression qu’ils font sur le reste des hommes, sont un contre cent mille. écouteroit-on un sophiste qui voudroit prouver que ceux qui sentent du plaisir à boire du vin, ont le goût corrompu, et qui fortifieroit ses raisonnemens par l’exemple de cinq ou six personnes qui ont le vin en horreur. […] Rien n’est plus raisonnable que de supposer que l’objet feroit sur nous la même impression qu’il fait sur elles, si nous étions susceptibles de cette impression autant qu’elles le sont. écouteroit-on un homme qui voudroit prouver par de beaux raisonnemens que le tableau des nôces de Cana de Paul Veronese qu’il n’auroit pas vû, ne sçauroit plaire autant que le disent ceux qui l’ont vû, parce qu’il est impossible qu’un tableau plaise lorsqu’il y a dans la composition poëtique de l’ouvrage autant de défauts qu’on en peut compter dans le tableau de Paul Veronese ?
Pour quelques penseurs en Europe, qui l’affirment, mais sans le prouver, toute la force de l’empire russe est soupçonnée de n’être, comme beaucoup de choses, qu’une simple question de clair-obscur. […] II Que si nous tenions à prouver en détail ce que nous avons dit plus haut de l’absence complète d’originalité en Russie, voici un ouvrage qui serait un bon argument.
L’auteur, homme du monde et d’action, cela se devinait dans son livre, écrit d’une plume fringante comme une cravache, — la cravache qu’il portait aux Gardes du corps dont il eut l’honneur de faire partie, — l’auteur vit son malheur avec le sang-froid d’un homme de talent qui n’ignore pas que le succès ne prouve rien de plus que le succès, — un hasard dans la vie ! […] Prouvons que la forme de son livre mérite qu’on s’y arrête, et prenons sur elle la mesure d’un esprit que le fond de son ouvrage ne donne pas.
Il vit, comme Grégoire XVI, au premier regard, la supériorité de Mgr Pecci, et dans la circonstance surchargée et prodigieusement difficile d’un royaume nouvellement fondé, il eut souvent recours aux conseils de ce jeune nonce, qui, avant d’être diplomate, avait glorieusement prouvé qu’il était surtout un homme de gouvernement effectif, et dont la force, comme la vraie force, avait toujours été assez grande pour être moelleuse. […] Mais leur illusion ne sera pas longue… Dans leur ardente préoccupation contre l’Église, qu’il faut, disent-ils, effacer des institutions humaines, et d’autant plus qu’elle s’est vantée d’être immortelle et qu’il est bon de lui prouver qu’elle ne l’est pas, ni les gouvernements, ni les peuples, ne voient présentement l’horrible danger qui les menace.
Dans la partie de son volume occupée par les Mérovingiens, le profond historien s’acharne à prouver qu’il n’y eut jamais dépossession d’une race par une autre race. […] Les preuves que l’historien entasse pour prouver sa thèse submergeraient ce chapitre, si je tenais à les rapporter.
Ce n’est pas, comme on va le voir, une histoire bien nouvelle, quoiqu’elle soit fort triste puisqu’elle prouve, une fois de plus, le peu de durée des plus beaux sentiments de nos âmes ; et elle n’est pas non plus bien particulière à Goethe, car tout le monde, ou à peu près, a de cette cendre froide dans sa vie. […] Madame Lafarge, dans ses Mémoires, a prouvé qu’elle en était douée, Lacunaire aussi, dans quelques-unes de ses chansons… Goethe n’eut que celle-là, et encore pas longtemps.
On a de moins, enfin, tout ce qui a causé le malheur ou la faute, et si, nonobstant, on les prend à son compte tous les deux par l’approbation qu’on leur donne, c’est, sans doute, pour prouver qu’il peut y avoir plus coupable que le coupable : c’est-à-dire le juge, qui n’ose pas ou ne sait pas juger. […] Eh bien, nous ne craignons pas de le dire et l’ignorance seule pourrait nous demander de le prouver, l’abolition de l’ordre des jésuites est la plus grande faute que le pouvoir pontifical ait pu commettre !
La Critique, positive comme l’Histoire, et qui, pour l’instant, tient en sa possession les poésies complètes et avouées de Banville, en d’autres termes toute sa moisson poétique de 1841 à 1854, vannée, triée par lui et engrangée pour l’immortalité, s’il y a lieu, la Critique a bien moins à se préoccuper des chances d’un avenir incertain qu’à juger des efforts accomplis et du talent prouvé par l’œuvre même. […] S’il était un homme sans talent, sa médiocrité ne prouverait rien.
Qu’on ne s’y méprenne pas : je n’ai nullement, l’intention de prouver par là que le génie progresse de siècle en siècle, car ce serait une étrange et absurde erreur, le grand art étant, comme l’a défini l’auteur de William Shakespeare, « la région des Égaux ». […] Dès lors, pour quelle sorte d’hommes auraient pu passer, à la Renaissance, les Degas, les Manet ou les Raffaëlli, qui ont prouvé, par leur exemple, que tout objet, tout spectacle, tout être, contenait autant de réelle beauté qu’une Madone ou qu’un gentilhomme en prière ?
Nous croyons avoir prouvé qu’elle ne retient de la durée que la simultanéité, et du mouvement lui-même que la position du mobile, c’est-à-dire l’immobilité. […] Or nous avons essayé de prouver que la durée en tant que durée, le mouvement en tant que mouvement, échappent à la connaissance mathématique, laquelle ne retient du temps que la simultanéité, et du mouvement lui-même que l’immobilité.
La magistrale esquisse qui a provoqué ces brèves réflexions prouve qu’il avait tort. […] Cette injustice prouvait qu’il était plus autoritaire encore que monarchiste. […] Son accent prouve à quel degré les impressions de son enfance avaient mordu sur Barbey. […] Leur réciproque iniquité prouve la bonne foi de leurs tempéraments. […] Son but n’est pas de prouver telle ou telle théorie.
Leconte de Lisle L’Âme nue est un recueil de fort beaux poèmes où il a su exprimer de hautes conceptions en une langue noble et correcte, et prouver qu’il possédait, dans une parfaite concordance, un sens philosophique très averti, uni au sentiment de la nature et à celui du grand art.