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441. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Cette rhétorique modulera sur le thème sonore de l’altruisme, qu’on choisira comme principe, fond et unité de la vie, et qu’on imposera ensuite au voisin conformément aux habitudes d’influence si parlementaires et si françaises. […] Et il dresse un plan de réparation dont les principes sont, je pense, les suivants : La société ne vaut que par sa tête ; les parties basses n’importent pas plus que le bétail de boucherie ; le monde doit donc être disposé de façon à sauvegarder et à ennoblir l’Élite. […] Pour n’être pas le livre d’un littérateur, ce n’est pas un livre de forme banale ; quant au fond de la doctrine qu’il inclut, c’est la codification logique des principes féodaux ; mais d’une féodalité moderne, rationnelle, paradoxale et amusante. […] Chez ceux qui sont mal au courant des principes si nets du socialisme, la tendance socialiste est très nuancée de religiosité.

442. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

S’interposant entre l’Assemblée peu belliqueuse en principes (car elle était en majorité composée de quakers) et le général anglais, il avait procuré des chariots, des vivres, avait contracté des marchés, et s’était constitué le fournisseur de l’armée sans autre motif que de sauver au pays des exactions militaires et de faire son devoir de sujet fidèle. […] Or, il y a un royaume des sons comme il y en a un de la couleur et de la lumière ; et ce royaume magnifique où s’élèvent et planent les Haendel et les Pergolèse, comme dans l’autre on voit nager et se jouer les Titien et les Rubens, Franklin n’est pas disposé à y entrer : lui, qui a inventé ou perfectionné l’harmonica, il en est resté par principes à la musique élémentaire. […] Après un séjour de cinq ans en Angleterre, ayant obtenu, sinon tous les points de ses demandes, du moins la reconnaissance du principe essentiel pour lequel il était venu plaider au nom de ses compatriotes, Franklin s’embarqua, à la fin d’août 1762, pour l’Amérique. […] Le lendemain, il fut destitué de sa place de maître général des Postes en Pennsylvanie, pour laquelle on lui avait, à plus d’une reprise, insinué de donner sa démission : mais il avait pour principe de ne jamais demander, refuser, ni résigner aucune place.

443. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une croisade universitaire » pp. 107-146

ces gens-là, tout le monde vous les abandonne ; fustigez les paillasses du Romantisme tant que vous voudrez, personne ne s’y oppose ; mais ne concluez pas de leurs pantalonnades de style au principe mauvais et à l’abolition urgente du Romantisme ! […] Lisez le livre de Vacquerie, Monsieur ; et, quand vous l’aurez bien lu et bien médité, — au lieu de retaper et de ravauder les ineptes balourdises et les redites vieillies dont on a voulu écraser le Romantisme, détachez soigneusement et textuellement les principes émis dans Profils et grimaces, reproduisez-les entre guillemets, rangez-les chacun dans un casier particulier ; puis vous les discuterez corps à corps, un à un ; ce sera plus neuf — et plus loyal. Cela fait, et quand vous m’aurez prouvé que tout est bien faux et bien niais dans ces principes, qu’il n’y a plus que les « badauds » qui s’arrêtent devant sans hausser les épaules, — je m’empresserai de donner mon buste de Hugo à mon portier. […] Voilà qu’un beau jour tout changea d’une façon inattendue : voyant qu’on regimbait à rentrer dans l’ordre ancien et que la littérature vagabondait obstinément loin des principes si longtemps frayés, le chevalier du madrigal, le cérémonieux émigré de Coblentz, se mit en colère.

444. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre IX et dernier. Conclusion » pp. 586-601

Ces progrès, au contraire, sagement conduits, ne sont jamais qu’une source de biens et de jouissances : si la plupart des hommes ont senti le besoin d’un avenir par-delà cette vie, d’un appel à l’inconnu dans les tourments de l’âme, ne faut-il pas, dans les intérêts même du monde, un principe de décision entre les opinions diverses, qui n’ont aucun rapport direct avec la morale, et sur lesquelles elle ne prononce point ? […] J’ai tâché de rassembler, dans cet ouvrage, tous les motifs qui peuvent faire aimer les progrès des lumières, convaincre de l’action nécessaire de ces progrès, et par conséquent engager les bons esprits à diriger cette force irrésistible, dont la cause existe dans la nature morale, comme dans la nature physique est renfermé le principe du mouvement. […] À quelque peine que l’on puisse s’exposer en l’exprimant, il faut la braver ; l’on ne développe utilement que les principes dont on est intimement convaincu.

445. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre VII. Narrations. — Dialogues. — Dissertations. »

Ainsi Voltaire, dans son Siècle de Louis XIV, raconte d’abord toutes les guerres du règne, puis, arrivé à la paix d’Utrecht, revient à l’avènement du roi, pour raconter les anecdotes de la cour et des mœurs du temps, après quoi il reprend encore les choses au début pour développer le gouvernement intérieur, les lois, les réformes, les principes d’administration, les mesures heureuses ou funestes dans chaque département, enfin il finit par exposer chacune des principales disputes religieuses : faisant ainsi non pas une histoire générale du siècle de Louis XIV, mais une dizaine d’histoires spéciales, qui sont simplement mises bout à bout et n’ont d’unité que par le titre unique. […] On pourra, selon les matières, se décider pour la forme inductive ou la forme déductive : prouver par l’expérience des faits réels, ou par les conséquences des principes évidents. […] Il est bon de contrôler par les faits les conclusions de la théorie ; il est bon aussi d’appuyer les vérités d’expérience sur les principes de la raison.

446. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre I. Malherbe »

On peut blâmer ses décisions dans le détail, et il y en eut d’injustes, de bizarres, d’ineptes : en principe, par l’esprit général, son travail était excellent. […] Mais ici se découvre un autre principe, que .Malherbe extrait de ce qu’il estime être la fonction littéraire de la langue : il veut qu’on satisfasse à la raison, ainsi qu’à l’usage ; et l’usage même tire son autorité de la raison. […] Si l’on compense les critiques que cet enragé contradicteur adressait à Desportes par sa plus ordinaire pratique, on se persuadera qu’il ne reconnaît point une langue poétique plus noble que la langue épurée du bon usage : il distingue très sensément la langue commune des langues techniques, et pour la clarté, il se réduit à celle-là ; mais, de celle-là, tout est bon, et les trivialités énergiques de ses plus beaux vers nous démontrent que le principe unique de la noblesse du style réside pour lui dans la qualité de la pensée.

447. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. Oscar de Vallée » pp. 275-289

Il doit croire à ce qui abuse encore aujourd’hui, à cette heure, tant de bons esprits : aux cahiers des notables, cette barre de papier par-dessus laquelle la pouliche vicieuse et méchante de la Révolution a sauté ; aux actes impuissants de la Constituante ; enfin, à ces fameux principes de 89, qui n’étaient pas des principes, et que, par conséquent, on n’a pu violer, puisqu’ils n’étaient pas des principes !

448. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VII. Vera »

.), et il serait remonté de là vers les principes philosophiques d’où dépend toute la philosophie de son maître, et il eût placé ainsi le lecteur, familiarisé avec les idées et le langage hégélien, à la source même du système. […] Les philosophes seuls auront le courage de s’enfoncer dans les tautologies et les logomachies de ce Bouddhiste de la logique, qui a créé la science absolue, c’est-à-dire la science qui se connaît par l’idée et dans l’idée, « cette idée qui enveloppe tout l’esprit, qui absorbe l’être et la pensée, l’expérience et la raison, l’histoire et la science, et qui est la raison des choses, leur fin et leur principe ; cette idée qui unit l’âme et le corps, dont l’évolution a trois moments (ce qui est exquis) : être en soi, être contre soi et être pour soi (sans doute le moment le plus agréable !) […] — qui crut un jour pouvoir forcer la porte du pénitentiaire de Dieu, en mariant les langues, dans lesquelles nous sommes déportés, pour en faire une communauté et une langue universelle, Leibnitz aussi laissa surprendre sa religion et son génie à cette bêtise impie d’un optimisme, interdit nécessairement à un monde en chute, — mais c’est Hegel qui devait élever à l’état de principe le pressentiment de Leibnitz !

449. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Le Marquis Eudes de M*** »

Oui, le Christianisme tout entier, dans son principe et dans sa fin, dans son dogme et dans son histoire ! […] Les témoignages des voyageurs épuisés, il invoque ceux des magnétistes anciens et modernes qui, tous, reconnaissent l’intervention d’un « principe étranger ». Et quand il a encore épuisé ces témoignages il prend les faits eux-mêmes, et ils sont nombreux dans son livre, et il démontre par eux l’intervention de ce « principe surnaturel » qui s’impose de vive force à l’observation la plus supérieure, en raison même de sa supériorité.

450. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Nous n’avons pas à discuter contre lui une théorie qui pose, d’ailleurs, un principe vrai : c’est qu’une œuvre d’art incontestablement belle est toujours assez morale comme cela ! Mais nous avons à discuter la beauté de ses livres et le principe d’esthétique qui explique, selon lui, la beauté des œuvres, et, selon nous, la beauté des siennes. Ce principe singulier… vous l’imagineriez-vous jamais ?

451. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « En guise de préface »

Je vous assure que je pourrais, comme un autre, juger par principes et non par impressions. […] Je serais fixe si je le voulais ; je serais capable de juger les œuvres, au lieu d’analyser l’impression que j’en reçois ; je serais capable d’appuyer mes jugements sur des principes généraux d’esthétique ; bref, de faire de la critique peut-être médiocre, mais qui serait bien de la critique… Seulement alors, je ne serais plus sincère.

452. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVII. Sort des ennemis de Jésus. »

Pendant près de trois cents ans, il suivra sa voie sans se douter qu’à côté de lui croissent des principes destinés à faire subir au monde une complète transformation. […] De l’autre, la religion était désormais en principe séparée de l’État.

453. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre VI »

Il y a des réformateurs plus modérés et dont le but, purement utilitaire, est de rendre le français plus accessible aux étrangers  ; leurs principes sont ceux qui ont guidé jadis l’Académie espagnole quand elle simplifia la vieille orthographe  ; j’ai donné les motifs à la fois de science et d’esthétique qui ne me permettent pas de les accepter. […] Sur le principe même des modifications orthographiques, se reporter à la Préface.

454. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre V. Observations philosophiques devant servir à la découverte du véritable Homère » pp. 268-273

Castelvetro a aperçu cette vérité, mais cet ingénieux écrivain n’a pas su en profiter pour trouver la véritable origine de la poésie ; c’est qu’il fallait combiner ce principe avec le suivant : — 3. […] De telles histoires durent se conserver naturellement dans la mémoire des peuples, en vertu du premier principe observé au commencement de ce chapitre.

455. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Me plaçant, messieurs, à un point de vue qui n’est peut-être celui d’aucun d’entre vous, pour parler de ces choses qui intéressent à quelque degré les croyances, je voudrais que vous me permissiez d’exposer brièvement mon principe en telle matière : non que j’espère vous le faire accepter, mais au moins pour vous montrer que je ne parle point à la légère devant une aussi grave assemblée, ni sans y avoir mûrement réfléchi. […] Sans donc aller jusqu’à nier qu’il y ait telle ou telle opinion, conviction ou croyance, qui puisse ajouter quelque chose dans les âmes à la sanction morale des prescriptions légales, je maintiens que le meilleur et le plus sûr principe et fondement de la légitimité des lois qui régissent les sociétés humaines est encore et sera toujours dans leur nécessité, dans leur utilité même. […] Depuis Hippocrate jusqu’à nos jours, dans l’école vitaliste, on considérait volontiers la fièvre comme un bienfait des dieux, comme une réaction providentielle contre le principe morbifique. […] Il est rédigé comme si la philosophie néo-platonicienne ou éclectique était unique et universellement reconnue, comme s’il n’y avait pas d’autre théorie qui explique par d’autres raisons et qui assoie sur un principe différent l’autorité des lois pénales65. […] J’aime la liberté invoquée comme principe, mais je ne me paye pas de mots, et j’aime encore mieux la civilisation qui est le but ; je désire pour la jeunesse française, dans l’ordre des sciences, en présence des jeunesses étrangères, émules et rivales, le plus ferme, le plus sain et le plus viril enseignement.

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