Letronne, pour prendre parmi les plus en vue, en est un. […] S’il a pu dire un non bien net à quelque opinion vague et reçue, s’il a pu déconcerter une chronologie sacro-sainte ou prendre en flagrant délit de fabrication quelque juif hellénisant, s’il a pu mettre à sec un déluge ou faire taire à propos la statue de Memnon, il est content. […] C’est qu’il y a des choses qu’on n’aperçoit et qui ne prennent au vif que du jour où elles sont dites d’une certaine manière. […] Dans l’histoire qu’on a tracée jusqu’à présent de la littérature des deux derniers siècles, on ne s’est pris qu’à des œuvres éminentes, à des monuments en vue, à de plus ou moins grands noms : les intervalles de ces noms, on les a comblés avec des aperçus rapides, spirituels, mais vagues et souvent inexacts. […] Cet Esprit des Journaux était une espèce de journal (disons-le sans injure) voleur et compilateur, qui prenait leurs bons articles aux divers journaux français, qui en traduisait à son tour des principaux journaux anglais et allemands, et qui en donnait aussi quelques-uns de son cru, de sa rédaction propre.
Eynard a sans doute ajouté à l’idée qu’on peut prendre d’elle sous sa dernière forme et à son importance comme prêcheuse, mais il a ôté à son premier charme. […] Mais vers le milieu de la nuit sa tête se prit ; il eut un accès de délire, durant lequel il proféra quelques mots sans suite, qui semblaient se rapporter aux propos de la veille : « Fermez la porte ! […] C’est un parti pris chez elle ; elle était forte pour les partis pris, et son imagination ensuite, sa faculté d’exaltation et de sensibilité tenaient la gageure. […] Tout était près pour la publication désirée, quand M. de Krüdner dérangea des mesures si bien prises en mourant brusquement d’apoplexie le 14 juin 1802. […] Eynard, qui veut bien tenir compte avec indulgence de notre ancienne esquisse de Mme de Krüdner, a pris soin d’en rectifier les traits qu’il trouve inexacts, et de réfuter aussi l’esprit un peu léger où se jouait notre crayon.
Et les chansons de geste furent reléguées peu à peu à l’usage des classes inférieures, qui continuèrent d’y prendre plaisir, parce qu’elles continuaient d’y avoir foi, et ne lisaient pas les histoires. […] Il nous a raconté clairement, sobrement, fortement les faits auxquels il a pris part depuis qu’on prit la croix, jusqu’à la mort du marquis de Montferrat, en 1207. […] Il lui suffit à l’ordinaire de marquer qu’on a parlé beaucoup dans un sens et dans l’autre : et il vient aux résolutions prises. […] Au reste, comme saint Louis même, il est assez sûr de sa foi pour ne pas être esclave de l’Eglise : le saint roi prenait un jour le parti des excommuniés, le sénéchal est une fois excommunié, et porte légèrement la chose, sans crainte et sans émotion. […] Il prit la croix au tournoi d’Écry-sur-Aisne (1199).
Quelqu’un le prit et en lut à haute voix le titre : le Décadent, en se moquant. […] Il ne parlait jamais de sa profession et rougissait comme un enfant pris en faute, à la moindre allusion. […] Pris au dépourvu, force lui fut de s’adresser à un imprimeur. […] C’est dans les feuilles publiques qu’à peine débarqué de sa province, il avait pris ce mot de décadent, alors à la mode. […] À la mort de son père, en 1879, il prit la direction des affaires de la maison, écrivit entre temps divers articles ou poèmes publiés çà et là.
Le Raymond, calqué sur le Fulgence de madame Sand, est honnête, mais désagréable ; sa loyauté est toute en pointes, on ne sait par quel bout la prendre. […] D’un Héritage, les auteurs n’ont pris que les noms et l’idée première. […] Voilà ce faquin qui se prend à rougir de sa fiancée maintenant, et qui se demande si elle est digne d’entrer dans sa baronnie d’occasion. Il ne prend pas même la peine de préparer à son abandon la douce enfant qui ne comprend rien à cette détestable disgrâce ; il la brusque, il la maltraite, il hausse les épaules à ses reproches ingénus et tendres. […] Vraiment, à la façon dont on représente les artistes sur la scène, vous les prendriez pour des truands en belle humeur qui n’ont d’autre affaire que de vexer les bourgeois, prendre la taille aux fillettes et danser comme des polichinelles détraqués.
Je vais prendre une comparaison qui n’est pas noble, mais elle est parfaitement exacte. […] Mais il a pris trop souvent, ce me semble, le mot peuple dans un sens étroit, il l’a pris dans un sens qui est celui de l’opposition et du combat des classes ; il s’est vanté d’être du peuple quand il suffisait de ne pas se vanter du contraire. […] Le malin y serait pris. […] Il m’a reçu très bonnement, et a comme pris garde (j’ai cru m’en apercevoir) de ne me rien dire de ces malices qu’il aime à dire, et qui ne sont pas toujours agréables à entendre. […] Béranger aime ce rôle de conseiller ; il le prend même quand on ne le lui offre pas.
Il importe assez peu pour la qualité de l’ouvrage que l’auteur en ait pris ici ou là le canevas, qu’il y ait inséré tel ou tel épisode d’emprunt : le mérite n’est pas dans l’invention générale, mais dans la conduite, dans le ménagement de chaque scène et de chaque tableau, dans le détail du propos et du récit, dans l’air aisé et le tour d’enjouement qui unit tout cela. […] Ce sont les deux seules classes auxquelles le satirique aimable se prenne avec tant de vivacité et s’acharne presque, lui dont la raillerie, en général, se tempère de bonne humeur et de bonhomie. […] Il écrivait au jour le jour, volume par volume ; il prenait ses sujets où il pouvait, et partout où il s’en offrait à sa convenance ; il faisait du métier. […] Quand on est bien sombre, qu’on croit à la fatalité, quand vous vous imaginez que certaines choses extraordinaires n’arrivent qu’à vous, lisez Gil Blas, et laissez-vous faire, vous trouverez qu’il a eu ce malheur ou quelque autre pareil, qu’il l’a pris comme une simple mésaventure, et qu’il s’en est consolé. […] Après des scènes très gaies entre le vieillard fat et sa maîtresse qui le trompe, scènes qui ont pour contrepartie dans l’antichambre les entretiens de Gil Blas aux prises avec la soubrette surannée de la dame, Gil Blas, certain qu’on trompe son maître, prend sur lui de l’en avertir.
On voulut prendre jusqu’à trois de ces personnes de parade pour mieux cacher le jeu, Mlle de Pons, Mlle de Chemerault, et Mlle de La Vallière. […] La première fois qu’elle prit la fuite, ce fut dans le premier et le plus beau temps de ses amours. […] Les années du bonheur s’étaient écoulées ; Mme de Montespan, spirituelle, altière, éblouissante, avait pris place et trônait à son tour dans le cœur du maître, et la pauvre La Vallière pâlissait. […] Il avait pris pour texte la parole de Celui qui est assis sur le trône, dans l’Apocalypse : Je renouvelle toutes choses, et il l’avait appliquée au cas présent. […] fallait-il foudroyer et le prendre d’un ton si haut pour abattre des cheveux ?
S’il prit à Franklin sa morale toute fondée sur l’utilité, ce fut sans y mettre le sourire. […] Des circonstances heureuses avaient habitué ma jeunesse à l’étude ; j’avais pris le goût, la passion même de l’instruction ; mon fonds me parut un moyen nouveau de satisfaire ce goût, et d’ouvrir une plus grande carrière à mon éducation. […] Il semble, à la manière dont il débute, qu’il a senti toute la majesté du spectacle ; que, lui aussi, il va prendre l’essor, qu’il va embrasser de l’aile le champ de la nature, de la poésie et de la tradition, dût-il s’y mêler pour lui quelques nuages. […] Ce moraliste qui se piquait d’être sans illusion se trouva pris au dépourvu sur la nature humaine. […] Sans entrer le moins du monde dans la question astronomique et théologique, à ne prendre le livre que par le côté littéraire et moral, nous en saisirons aisément le faux, et cela en vaut la peine.
À huit heures, je suis chez Mme Daudet, que je prends, et que je conduis à sa baignoire. […] J’avais construit, dans mon roman (La Faustin) un homme de bourse, auquel j’avais donné le nom de Jacqmin, un nom pris dans un catalogue de vente du xviiie siècle, le nom d’un joaillier du roi Louis XV. […] J’étais monté prendre une pièce de cinq francs, pour que la bonne vieille femme fit un joyeux mardi-gras, puis j’ai réfléchi, que si je donnais à son fils ces cent sous, il les garderait pour quelque chose de sérieux, et j’ai fait acheter des choses à boire et à manger. […] Et le Grec Athanasiadis est pris par Zola, pour un personnage crayonné d’après nature. […] Il fut appelé pour soigner un prêtre de quatre-vingts ans, tombé en paralysie depuis une dizaine d’années, et qui venait d’être pris d’une pneumonie aiguë.
S’il ne prend pas l’esprit par la nouveauté, il le prend par les souvenirs et par les premières impressions que nous donna la littérature qui, dans l’ordre des temps, précéda immédiatement la littérature actuelle. […] l’un avec son grand vilain rire jaune que l’Envie avait dessiné sur sa face, et l’autre avec ce rire pincé qu’on prit pour de la gaieté, pendant vingt ans. […] Dans ce tableau, qui devrait être complet et qui ne l’est pas, de toutes les forces de la littérature française sous le gouvernement de juillet, il n’y a d’exagéré ou de grandi que les hommes vivants qui peuvent être pris par la reconnaissance, et de diminué ou d’oublié que les hommes morts qui ne peuvent témoigner la leur. […] Elle avait seulement à montrer dans quelle inspiration ces jugements prenaient leur source, ce qu’ils prouvaient de force intellectuelle ou de conséquence d’opinion, et ce que valait enfin toute cette monnaie de jugements qui n’appartiennent pas plus à M. […] On voit qu’il a pris l’ordre longtemps chez M. de Chateaubriand ; mais il tempère la manière du maître par la sienne, et de ce mélange il résulte je ne sais quelle phraséologie solennelle et verbeuse qui se remue mal, s’étale, s’affaisse et devient, au bout d’un certain nombre de pages, un modèle de style accroupi.
Hervieu prend rang de romancier révolutionnaire. […] Vous prenez une idée commune, courante, banale. […] Quelques-uns de nous avaient envie de le prendre pour guide. […] Pour qui le prenez-vous ? […] Ses membres prennent des mesures révolutionnaires.
Sans cesse, dans ses livres, il les cite, les prend à témoin. […] Il était pris d’une espèce de frisson qui hérissait ses cheveux sur sa tête. […] Il prit pour sujet Coleridge, le célèbre poète et métaphysicien. […] Et peu à peu la reine d’Écosse prend le pas sur tous les autres sujets. […] C’était aux prises le bon sens le plus lourd et la malice la plus aiguisée.
Il voulait, de plus, mettre cette passion en contraste et aux prises, à la fin, avec le calme de la religion, — de la religion qui, telle qu’il fallait peindre, devenait une nouveauté aussi, une résurrection et comme une découverte. […] Mais quand on a dit tout cela, on n’a rien prouvé ; le talent de l’auteur, dans ce qu’il a précisément de neuf, de puissant et de grand, ne laisse pas de vous prendre, de vous remuer étrangement et de triompher. […] S’il y a laissé des gaucheries, c’est à vous que je m’en prendrai ; mais vous m’avez paru si rassurée sur ce point, que je n’ai aucune inquiétude. […] René a toutes les ambitions, toutes les velléités ou les extrémités d’ambition ; il les épuise : qu’il traverse les choses ou qu’il les effeure, il se dégoûte vite, il pénètre le néant de tout, il s’ennuie, et cet ennui n’est peut-être au fond, à le bien prendre, que l’amour de la gloire littéraire et poétique à laquelle il croit plus qu’à tout le reste et qui ne le satisfera pourtant pas, quand il l’aura obtenue.
En vivant quelques années de plus, Forneron avait pris la jeunesse ; ce qui ne veut pas dire qu’il ait perdu de sa virilité. […] La cause fut le Catholicisme, et pour moi, qui me prends aujourd’hui au livre de Forneron, il n’en fut jamais de plus grande sous le tournant du ciel ! […] Mais celui de Grand, il ne le prit point ; il le lui laissa. Il tomba avant de l’avoir pris. […] Mais ce que les politiques, du temps, et même de ce temps-ci, prennent pour une transaction, fut pour le Catholicisme une défaite.