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1939. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

On se bat là-dessus et on se bouscule, en ce moment, entre mandarins, et, comme Scaliger le disait des Basques, on prétend qu’ils s’entendent.

1940. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Bref, à tort ou à raison, il souffre mille morts dans une seule ; et cependant vous voulez que je rie aux éclats de ces misères ; vous prétendez m’amuser au récit de ces tortures, sous prétexte que cela fait toujours passer une heure ou deux ! […] En même temps, comme chacun de ces personnages parle le langage qu’il doit parler, comme la comédie conserve tous ses droits d’un bout à l’autre de la pièce, en dépit de Voltaire lui-même qui prétend y retrouver le ton et la forme de la satire !

1941. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxiiie entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff »

On prétend que tu es impitoyable.

1942. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ce fleuve de Zenderoud (Zendéh-roùd) prend sa source dans les montagnes de Jayabat, à trois journées de la ville, du côté du nord, et c’est un petit fleuve de soi-même ; mais Abas le Grand y a fait entrer un autre fleuve beaucoup plus gros, en perçant, avec une dépense incroyable, des montagnes qui sont à trente lieues d’Ispahan, qu’on prétend être les monts Acrocerontes13, de manière que le fleuve de Zenderoud est aussi gros à Ispahan, durant le printemps, que la Seine l’est à Paris durant l’hiver ; mais c’est au printemps seulement que cela arrive, parce qu’alors ce fleuve grossit par les neiges qui fondent, au lieu que dans les saisons suivantes, on le saigne de toutes parts pour lui faire arroser par des rigoles les jardins et les terres.

1943. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Quant aux gens qui prétendent sentir les beautés de l’un et de l’autre art, ma conviction est qu’ils ne sentent rien, absolument rien.

1944. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

« Agréez… » Mardi 15 octobre Une conversation, dans une maison anticatholique, où l’on prétend que le lavage est incomplet chez les dévotes, et où la maîtresse de la maison, connaissant à fond Saint-Denis, Écouen, Picpus, déclare que le bidet y est inconnu.

1945. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Je n’avais jamais fait à loisir cette revue, parce que je n’avais jamais eu besoin de me grouper à moi-même en faisceau cette multitude de talents et de caractères pour donner un démenti à ce prétendu appauvrissement de la nature en France.

1946. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Audubon est le seul qui prétende avoir vu la Frégate (Tachypetes) s’abattre sur la surface de la mer, et la Frégate a ses quatre doigts palmés.

1947. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Guizot, James Nayler, d’abord soldat, puis quaker, et insensé parmi des insensés, prétendait que le Christ, descendu de nouveau sur la terre, s’était incarné en lui, et, à ce titre, il se livrait à toutes sortes de manifestations et d’actes extravagants ou licencieux ; des femmes, des vagabonds fanatiques le suivaient partout, chantant ses louanges et presque l’adorant. […] Les deux sophistes prétendaient tout savoir. […] En voici un singulier : « Le roi, tout content qu’il était toujours, riait aussi. » On s’étonnait de trouver Louis XIV bon homme, guilleret et joyeux compère, et l’on ne savait pas que le manuscrit porte contenu au lieu de content. — Le pis, c’est que le Saint-Simon prétendu complet ne l’était pas.

1948. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Écoutez-le éreinter l’Hercule de son rival ; sa parole vaut le couteau d’Apollon disséquant Marsyas : elle entre dans le marbre comme dans la chair vive : « On prétend que si l’on coupait les cheveux de ton Hercule, il ne lui resterait pas assez de crâne pour contenir sa cervelle ; on ne sait si son visage est celui d’un homme, d’un lion ou d’un bœuf ; on dit que sa tête n’est pas à l’action et ne tient pas à son cou ; que ses deux épaules ressemblent aux paniers d’un âne ; que les mollets ne sont pas copiés sur un modèle humain, mais sur un mauvais sac rempli de melons que l’on aurait appuyé tout droit le long d’un mur ; que le dos produit reflet d’un sac de courges longues ; on cherche en vain de quelle manière les deux jambes sont attachées à ce torse hideux qui ne s’appuie ni sur l’une ni sur l’autre. […] Il aurait effrayé les Stylites et les Silentiaires de la Thébaïde. — Ce fut de là que Charles II envoya un jour à la reine, dans un petit coffre de filigrane d’or, avec un chapelet en bois de calambour, ce billet qui tient dans un vers de Ruy Blas : « Madame, il fait grand vent, et j’ai tué six loups. » Spolié par la France, il l’avait toujours exécrée ; cette haine s’exaspéra lorsque Louis XIV prétendit à sa succession : elle avait les crises d’une monomanie. […] On prétend qu’il fut préparé chez le comte de Mansfeld. […] Longtemps la source de cette peuplade excentrique est restée aussi inconnue que celle de ce Nil d’où ils prétendaient venir.

1949. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Non, non, il n’est pas mort, le grand poète ; il y en a même qui prétendent que sa croissance n’est pas entière encore. […] » L’argument serait ad hominem, j’imagine ; à moins que vous ne prétendiez que, parce que vous ne travaillez qu’à vos heures, parce que vous allez à la campagne respirer l’air du printemps, parce que les Pyrénées vous abritent de leur ombre poétique contre les chaleurs de l’été, parce que vous allez vous adosser, en hiver, contre les arènes de Nîmes ou d’Arles, toujours éclairées d’un soleil tempéré ; parce que vous êtes un habile heureux, un prévoyant de ce bas monde, qui commandez à vos passions, qui ne jetez rien au hasard, qui êtes sage et qui avez pu l’être, vous ne prétendiez être mieux traité que nous, dont la porte est ouverte nuit et jour, qui sommes à notre tâche à toute heure, en toute saison ; nous, malheureux, qui avons demandé à notre plume, à notre tête, à notre cœur, à notre sang, tout ce qu’il faut pour satisfaire à une jeunesse ardente, impétueuse, emportée, remplie de passions grandes et petites, mais honnête, indépendante, incapable de servir une cause injuste et qui aimerait mille fois mieux faire un mauvais livre, qu’une mauvaise action. […] Une petite brune fort piquante du Jardin des Plantes. — Les uns disent que c’est un vieux singe, les autres prétendent que c’est une vieille fille qui veut être logée et nourrie gratis dans le Jardin du Roi. — Liszt est à Milan. — Horace Vernet a dîné à Trianon. — L’Odéon ouvre de nouveau ; mais il ouvre un vendredi. — Mademoiselle Mars est une femme étonnante ! […] Marie Mazel n’écoutait rien de cette oreille-là ; ce que voyant, et qu’elle était la plus sage comme la plus belle de toutes les filles à marier, Jean Monteil, qui pouvait prétendre à des filles plus riches, et d’un rang plus élevé, se décida à demander en mariage l’ingénue et belle Marie Mazel.

1950. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

N’étant pas partisan de la Liberté, il prétendit que le poète devait s’asservir à la nature, se soumettre au joug sacré de ses émotions, en être le docile esclave attentif.

1951. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

Sans chercher un but extérieur à elle, sans prétendre à l’utilité proprement dite, la grande poésie ne saurait pourtant être indifférente au fond des idées et des sentiments, elle ne saurait être une forme pure : elle doit être l’indivisible union du fond et de la forme dans une beauté qui est en même temps vérité.

1952. (1906) La rêverie esthétique. Essai sur la psychologie du poète

Quand on voit les goûts se partager à ce point, quand on constate de telles divergences entre esprits également sincères, également épris du beau, on comprend que l’on aurait mauvaise grâce à prétendre imposer son opinion personnelle : la conciliation s’impose. […] Une œuvre poétique, qui prétend à produire une impression d’art, doit être composée.

1953. (1913) Poètes et critiques

Rappelez-vous, dans les Sensations d’Italie, ce chapitre final sur la passion du voyage, et dites-moi, après l’avoir relu, si le prétendu prosateur n’est pas un musicien reprenant son archet et se divertissant voluptueusement à répandre des variations sur un thème cher à son cœur, un thème pris à Baudelaire : Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir. […] Il pourrait rappeler aux réformateurs et aux déformateurs du vers français, à leurs disciples, s’il en reste, que les poètes les plus grands ont dû la moitié de leur gloire à la possession complète du métier : si l’on prétend trouver à cette règle une exception, ce n’est pas plus Verlaine que Gautier qui la fournit.

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