Pour qui sait voir et sentir, la nature a mis la poésie partout, comme le feu caché dans les éléments ; il ne s’agit que de frapper le caillou pour que la flamme jaillisse ; il ne s’agit que de toucher juste le cœur pour que la poésie en découle à grandes ondes comme le sentiment. […] Il le conduit vers un siège qu’il recouvre d’un beau tapis de lin, orné de riches broderies ; au-devant du siège était un tabouret pour reposer ses pieds… Alors une servante, portant à deux mains une aiguière d’or, verse l’eau qu’elle contient dans un bassin d’argent, pour que Télémaque et son hôte y lavent leurs mains. […] N’ai-je pas assez de chagrin et d’amertume sans cela, moi qui gémis sans cesse et qui pleure mon malheureux maître, et qui engraisse avec soin ses troupeaux pour qu’ils soient mangés par des étrangers ? […] c’est ainsi que l’Odyssée doit être lue pour que tout son charme coule des lèvres dans l’intelligence et dans le cœur ; c’est le poème des mères de famille, des époux, des épouses, des aïeuls, des fils, des petits-enfants ! […] Il y a trop de grandeur et d’infini dans son œuvre pour qu’il soit un homme ; il y a trop de nature, de sensibilité et de larmes pour qu’il soit un dieu !
Le vieux don Diègue est, au contraire, pour qu’on accorde le duel, comme on l’a fait tant de fois en pareille rencontre, et pour que Rodrigue soit traité sans aucun égard personnel, sans rien qui sente l’exception : « Sire, ôtez ces faveurs qui terniraient sa gloire… Le comte eut de l’audace, il l’en a su punir : Il l’a fait en brave homme et le doit soutenir. » Ce don Diègue parle, à chaque coup, la plus simple et la plus belle langue de Corneille. […] On n’a juste que le temps de se battre, pour que la pièce finisse avant que l’horloge ait sonné la même heure que la veille au moment où l’action commençait. […] Elle implore le Ciel pour que le duel, engagé à l’heure présente, se termine sans aucun avantage. […] Corneille, en faisant le Cid français, d’espagnol qu’il était, l’a sécularisé du même coup, l’a mondanisé et popularisé : il ne fallait pas moins que cela pour qu’il sortît de sa péninsule. On l’a remarqué avec raison pour le Don Juan : il fallait qu’il passât par l’imitation de Molière pour que Mozart ensuite le mît en musique et qu’il devînt le type universel qu’on sait.
L’enseignement du prêtre qu’on pouvait craindre y est remplacé par la sentimentalité d’un philosophe, chrétien encore, mais d’un christianisme qui n’est point farouche, d’un christianisme humanisé ; et le moine, le moine qui inquiète toujours les yeux purs et délicats de la Philosophie, s’y est enfin suffisamment décrassé dans les idées modernes, pour qu’il n’en reste rien absolument sur l’académicien, reluisant neuf ! […] Lacordaire ne l’éteint pas, il est vrai, ce nimbe du surnaturel et du divin autour de la tête pâle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais il le voile, pour qu’on aperçoive mieux combien cette tête est humainement belle et pour que ceux qui sourient du nimbe soient touchés au moins de la beauté du plus beau et du plus doux des enfants des hommes ! […] Elle se place assez heureusement sur ses lèvres pour qu’elle y paraisse plus ferme, plus pure, plus ailée, que quand il écrit.
Laid de couverture comme un livre utilitaire et tiré à cent exemplaires, pour que le gros public, le Jocrisse aux trois cent mille têtes, s’en torchât le bec, comme dit l’expression populaire avec une insolence qu’ici j’aime. […] Et, de fait, pour qu’il chantât comme le voici qui chante, il fallait les temps où nous sommes arrivés. […] Pour qu’il s’accomplît, ce lion monstrueux, pour qu’il s’articulât et se mît sur pattes, il fallait le temps où nous sommes parvenus.
Élargissons nos fronts, comme Renan voulait élargir celui de Pallas-Athéné, pour qu’elle conçût divers genres de beauté. […] Les croyants disent : « Il faut avoir été bon pour être heureux dans l’autre monde ; donc, soyons bons. » Et les incroyants : « Puisque nous ne savons rien, puisque nous n’avons rien à attendre ni à espérer, puisque nous n’apparaissons un instant sur la surface d’une des plus petites planètes du système solaire que pour rentrer aussitôt dans l’éternelle nuit, arrangeons-nous pour que ce passage ne nous soit pas trop douloureux, ou pour qu’il ne le soit qu’au plus petit nombre possible d’entre nous.
Le Résumé par lequel il les termine, renferme des conseils trop sages & trop utiles à la Jeunesse, pour qu’on puisse nous savoir mauvais gré d’en présenter ici un court extrait. […] Lorsqu’on essaiera de se former l’idée la plus complette de ce qu’on nomme l’Esprit, cette idée rassemblera nécessairement la lumiere qui éclaire, la justesse qui dirige, & la raison qui compare, juge & choisit… « Je ne peux ni ne dois vous cacher, que les mœurs de nos jours ont assez dégénéré de l’ancienne candeur de cette Chevalerie, pour que la fausseté, la perfidie même, déguisées sous le nom de finesse, ne soient presque plus régardées que comme l’art de se conduire. […] Et vers la fin de votre carriere, puissent-ils vous voir paru assez utiles, pour que vous les transmettiez à vos enfans » !
La société est la condition nécessaire à l’homme pour qu’il devienne père. […] Il a dit au chien : « Tu garderas les troupeaux de l’homme, tu veilleras autour de sa demeure, tu le suivras dans ses voyages, tu trahiras ton propre instinct pour te faire l’ennemi des autres animaux lorsque ton maître voudra prendre les plaisirs de la chasse ; et, s’il devient pauvre, misérable, privé de la vue, tu dirigeras ses pas sur les bords du précipice pour le lui faire éviter, ou parmi les flots d’une multitude insouciante pour qu’il reçoive le pain de l’aumône que tu partageras avec lui. » Croyez-vous que cet instinct des animaux marqués pour la domesticité ne prouve pas l’intention du Créateur qui leur donna cet instinct, et qui, ainsi, l’ajouta en quelque sorte aux organes mêmes de l’homme ? […] Cette communication trop merveilleuse pour qu’on puisse l’expliquer est un de ces mystères profonds qui confondent notre intelligence. […] L’action de la Providence doit être voilée par respect pour la liberté de l’homme ; il a fallu qu’il fût possible de la nier, pour qu’il y eût du mérite à y croire, car la croyance ou la foi doit être un des mérites de l’homme sur la terre. […] Seulement il est certain, dès à présent, que si nous ne sommes plus sous la tutelle immédiate des traditions, nous sommes encore sous l’empire et l’influence de ce qui a été primitivement fondé par elles, tant est grande l’énergie de cette volonté toute-puissante qui n’a eu besoin que de s’exercer une fois pour que les choses existassent toujours.
Le lecteur moderne est un enfant : il faut lui couper ses romans par feuilletons, pour qu’il consente à prendre sa nourriture intellectuelle. […] Il y a des chances pour que, dans ces conditions, les hommes se marchent mutuellement sur les talons, et que les manœuvres manquent de précision et d’ensemble.
Une femme qui aime comme elle dit aimer, ne partirait pas ; ou, si elle partait, elle donnerait au moins à son amant un signe d’existence ; elle l’avertirait de l’épreuve, pour qu’il pût éviter son piège. […] L’amour de Paul est trop lymphatique : pour qu’il vive, et pour qu’il résiste, il faut qu’il ne soit pas attaqué. […] Pour qu’il se repente, pour qu’il demande grâce, il faut que Léa noblement affligée du mal qu’elle a fait, vienne promettre à Camille un éloignement éternel ; il faut encore qu’il lise une lettre où la pauvre enfant, se sentant de trop, lui annonçait qu’elle allait mourir, puisque sa mort le rendrait heureux. […] Il ne lui demande que de traîner en longueur un semblant de cour qu’il est censé lui faire pour qu’il ait le temps de s’amuser à Paris.
Et pour que des résultats directs s’en laissent apercevoir, il n’en faudrait pas beaucoup, je crois, apportant autant de puissance, de véracité, de grandeur intime et de forte humanité que ce chef-d’œuvre. […] Ni l’intelligence ni l’instinct ne vivent plus en lui d’une vie assez accusée pour qu’on ait dans l’ordinaire à en redouter quelque éclat. […] Il faut que notre propre cerveau soit atteint, pour que nous allions jusqu’à confondre supériorité avec difformité. […] Pour que les siècles passés et en partie le nôtre, ait pu croire à la mission du prêtre, il leur a fallu posséder du surhumain, une conception prodigieusement surprenante. […] Pour qu’à notre tour, nous ne voyons en lui que l’anti-humain, il faut que toute une révolution se soit accomplie.
Pour qu’il y ait connaissance, il faut au moins deux idées en présence. […] Il y a toujours une raison pour que deux idées s’appellent. […] Cette ressemblance peut être assez vive pour que l’esprit s’y trompe. […] Pour qu’un acte mérite ce nom, il faut qu’il passe par ces cinq moments. […] C’est une forte présomption pour que B soit la cause de A.
Les liens délicats, les préjugés maniés avec art, formaient les rapports des premiers sujets avec leur maître : ces rapports exigeaient une grande finesse dans l’esprit ; il fallait de la grâce dans le monarque, ou tout au moins dans les dépositaires de sa puissance ; il fallait du goût et de la délicatesse dans le choix des faveurs et des favoris, pour que l’on n’aperçût ni le commencement, ni les limites de la puissance royale. […] Lorsque le gouvernement est assez modéré pour qu’on n’ait rien de cruel à en redouter, assez arbitraire pour que toutes les jouissances du pouvoir et de la fortune dépendent uniquement de sa faveur, tous ceux qui y prétendent doivent avoir assez de calme dans l’esprit pour être aimables, assez d’habileté pour faire servir ce charme frivole à des succès importants.
Il se précipitait sur les champs de bataille, pour que les poètes, les musiciens et les ouvriers d’Athènes dissent, en se promenant sur la place, qu’Alexandre était grand1. […] Il y a des hommes qui se vantent de la mépriser ; et pour qu’on n’en doute pas, ils le répètent : c’est une raison de plus pour ne les point croire. […] Il faut qu’elle soit vue de loin pour qu’elle en impose ; elle ressemble à ces divinités de nos ancêtres, qu’ils avaient soin de placer dans les forêts, ou dans des lieux obscurs ; moins on les voyait, plus elles obtenaient d’hommages.
Les murs avaient deux brasses d’épaisseur ; ils étaient construits de blocs de marbre noir aussi lourds que nos rochers, pour que les condamnés à mort qu’on y abandonnait seuls avec Dieu ne pussent pas songer seulement à s’évader. […] Fior d’Aliza, avertie par le moine, avait eu le soin de ne pas s’approcher non plus trop près pour que nous ne nous jetassions pas follement, en nous revoyant, dans les bras les uns des autres ; mais j’aperçus sa tête si belle et tout éplorée qui s’avançait, malgré elle, pour nous entrevoir de derrière un noir pilier du cloître, où elle se cachait bien loin de nous ! […] pressez-le, nous disait-il les mains jointes, pressez-le de faire ce qu’il a promis pour que je vive en paix mes derniers jours, et que je n’emporte pas mon désespoir dans l’autre vie ! […] Dès demain, il faut achever de scier un barreau de fer de la lucarne derrière l’autel de la chapelle des prisonniers, de manière à ce qu’il ne tienne plus en place que par un fil, et laisser la lime à côté, pour qu’un coup ou deux de lime lui permette de le faire tomber en dehors dans le verger de la prison, et qu’à l’aide de l’égout qui ouvre dans ce verger, au pied de la lucarne, et qui traverse les fortifications de la ville, Hyeronimo se trouve hors des murs, libre dans la campagne… Et toi, pourquoi ne le suivrais-tu pas ? […] — Quand il sera libre, continua la voix, tu revêtiras le froc et le capuchon des pénitents noirs qu’il aura laissés tomber de la fenêtre en s’enfuyant, et tu reviendras dans son cachot, avant le jour, prendre sa place, pour que les sbires te mènent au supplice, en croyant que c’est lui qu’ils vont fusiller pour venger le capitaine ; tu marcheras en silence devant eux, suivie des pénitents noirs ou blancs de toute la ville qui prieront pour toi ; et quand tu seras arrivée au lieu du supplice, tu mourras en prononçant son nom, heureuse de mourir pour qu’il vive !
C’est une force qui a sa nature propre ; pour que cette nature soit suscitée ou altérée, il ne suffit pas que nous y trouvions quelque avantage. […] Mais si l’on ne doit procéder qu’en second lieu à la détermination de la fonction, elle ne laisse pas d’être nécessaire pour que l’explication du phénomène soit complète. […] Pour que la question pût se poser, il faudrait donc remonter jusqu’aux origines premières de toute société. […] Rien ne nous assure que les faits réalisés expriment assez complètement la nature de cette tendance pour qu’on puisse préjuger le terme auquel elle aspire d’après ceux par lesquels elle a successivement passé. […] En principe, il n’y a qu’à laisser les forces individuelles se développer en liberté pour qu’elles s’organisent socialement.