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1392. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

ils ne portent point de hault de chausses61. » Comme si le gland était plus près de la nature que le chêne ! […] Essayez, par exemple, de porter un homme à une certaine action par un sentiment d’honneur. […] L’occasion a manqué au chancelier pour le développement des puissances oratoires qu’il portait en lui. […] Mais le coup était porté ; l’Hôpital ne s’en releva pas et mourut au bout de quelques mois. […] Cette action est manifeste, du moins quant aux jugements que l’auteur a portés sur les femmes.

1393. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Tous portaient de longs bâtons à la main et des havre-sacs sur le dos. […] Près de la maison s’étendait un grand jardin, contigu par un côté aux champs situés hors de la ville. « De cette façon, — avait dit Kalitine, peu porté à goûter le charme tranquille de la vie champêtre, — il est inutile de se traîner à la campagne. » Plus d’une fois, Maria Dmitriévna avait regretté, au fond du cœur, son joli Pokrofsk, avec son joyeux torrent, ses vastes pelouses, ses frais ombrages ; mais elle ne contredisait jamais son mari et professait un profond respect pour son esprit et la connaissance qu’il avait du monde. […] Elle portait constamment un bonnet blanc, et un casaquin blanc. […] De plus, elle lui portait envie : il était si bien élevé, il parlait si bien le français avec l’accent parisien, et elle pouvait à peine prononcer « bonjour », et « comment vous portez-vous ?  […] Lavretzky se prit à rire avec contrainte, mais se détourna aussi et porta ses regards vers la route.

1394. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Ils portaient un costume d’une grande richesse, on les comblait d’honneurs. […] Il s’en faut que j’aie cette haine vigoureuse que vous portez aux commentateurs. […] Filippo, de ses bras fangeux, embrasse Dante et s’écrie : « Bénie soit celle qui t’a porté dans ses flancs ! […] À mesure que l’on avançait dans le voyage dantesque, on se sentait plus porté au recueillement. […] Quand notre poëte arrive à Weimar, il vient de s’arracher à l’ivresse de la mort, mais il ne sait où porter ses pas chancelants

1395. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

L’abbé Fabre, à ce propos, s’est demandé si peut-être, en s’arrêtant à de certains détails, il n’allait pas porter une légère atteinte à la réputation d’un prélat justement respecté. […] Pareillement, il n’importe qu’à peine si Mme Guyon était malade ou folle : le fait est qu’elle a formé des disciples, et que son enseignement a porté des conséquences. […] Elle porta donc la peine d’être crue saine d’esprit et de corps. […] J’ai porté mes plaintes au conseil de Genève ; Bardin, interrogé, a répondu qu’il tenait ce libelle et plusieurs autres de Rigollet, qui les fait imprimer à Lyon. […] À moins peut-être qu’il n’eût besoin des suggestions que lui portaient là-bas les feuilles du journaliste.

1396. (1911) L’attitude du lyrisme contemporain pp. 5-466

Et puis a-t-on idée de faire porter un cercueil par des chameaux » ? […] L’homme qui la portait, même en des temps difficiles, vécut harmonieusement. […] Des artistes, des guerriers, des saints se sont tout de suite portés aux extrêmes. […] La prétendue clarté latine et le mirage jacobin portent en eux de terribles germes. […] Nous nous portons toujours vers les idées les plus générales et les plus simples.

1397. (1908) Promenades philosophiques. Deuxième série

Le briquet nous est familier, nous portons toujours quelque objet en fer, les pierres dures se rencontrent presque partout. […] On a peine à le croire et l’on est porté à supposer que la plupart de ces objets étaient des articles d’importation. […] Sa tournure d’esprit le portait à généraliser, mais il ne savait pas ce que contenaient ses généralisations. […] Qu’il invente ou qu’il choisisse, c’est le même sens Critique porté au plus haut point. […] On peut certainement les classer à part, parmi les monstres dont les hommes, quoiqu’ils portent leur face, ne sont pas responsables.

1398. (1911) Études pp. 9-261

Il la portait parmi sa vie. […] En effet nous portons la faute du premier homme. […] Mais la force qui l’anime est vaine ; elle ne peut pas le porter longtemps. […] Elles bougent ; elles se déroulent, elles ont mille inclinations diverses au gré desquelles elles se laissent porter. […] Elles ne vont pas jusqu’à leur réalité, elles ne portent pas sur les choses, elles ne se détachent pas de l’esprit.

1399. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

Il est en toutes choses une première fleur, une première et large moisson ; ces heureux mortels y portent la main et couchent à terre en une fois des milliers de gerbes ; après eux, autour d’eux, les autres s’évertuent, épient et glanent. […] Mais Molière, nous le disons sans en porter ici éloge ni blâme moral, et comme simple preuve de la liberté de son génie, Molière ne rentre pas dans ce point de vue. […] Les traits précédents ne portent que sur des conformités assez vagues et générales ou sur de très-simples détails, et en réalité aucun des personnages de Molière n’est lui. […] Mais, ajouta-t-il, vous me paraissez plus mal que tantôt. — Cela est vrai, lui répondit Molière, j’ai un froid qui me tue. —  Baron, après lui avoir touché les mains qu’il trouva glacées, les lui mit dans son manchon pour les réchauffer ; il envoya chercher ses porteurs pour le porter promptement chez lui, et il ne quitta point sa chaise, de peur qu’il ne lui arrivât quelque accident du Palais-Royal dans la rue Richelieu, où il logeoit. […] Le 21 février, au soir, le corps, accompagné de deux ecclésiastiques, fut porté au cimetière de Saint-Joseph, rue Montmartre.

1400. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Il m’assura d’une manière positive que la sensation physiologique et purement subjective de ce membre n’avait jamais cessé. » — C’est surtout pendant la nuit que l’illusion des amputés est plus forte ; ils sont parfois obligés de porter la main à l’endroit où devrait être leur membre pour se convaincre qu’ils ne l’ont plus. […] Mais tous les deux sont des constructions ajoutées et que le sol primitif ne portait pas. […] « Par l’expérience, dit Helmholtz54, nous pouvons évidemment apprendre quelles autres sensations de la vue ou des autres sens un objet que nous voyons excitera en nous, si nous portons en avant nos yeux ou notre corps, si nous regardons cet objet de différents côtés, si nous le palpons, etc. […] À ce moment encore, l’étalon et sa signification, c’est-à-dire l’écartement du compas et le souvenir de notre promenade, c’est-à-dire aussi la sensation musculaire de l’œil et l’image de la sensation musculaire du bras porté en avant à trente centimètres, sont ensemble dans notre esprit. […] Mais, cela fait, quel que soit l’objet, une sphère, un cube, même une étendue considérable, par exemple une rue, ils le pensent d’un seul coup et se le représentent en bloc. « Il ne nous manque, disent-ils, que ce que vous appelez l’idée de la couleur ; l’objet est pour nous ce qu’est pour vous un dessin, une épreuve photographique sans ombres portées, plus exactement encore un ensemble de lignes.

1401. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Il ne portait pas dans la vie courante, le nom nobiliaire de son père, mon grand-père, le député du Bassigny en Barrois à la Constituante, ne voulant être appelé que M.  […] On s’entretient d’une société à la fin du dix-huitième siècle dont tous les membres, desquels était Condorcet, portaient dans le chaton d’une bague ou le gousset de leur gilet, la dose de néant, qu’il fallait pour les cas imprévus et les fins de vie déshonorantes. […] Aujourd’hui, en donnant à manger aux poissons rouges de mon bassin, dans le moment où il est éclairé par le plein soleil, j’étais frappé combien les ombres portées des poissons sur le fond, étaient les poissons des albums japonais. […] Coiffé d’un casque de toile blanche, comme en portent les officiers de l’Inde, avec ses longs cheveux, sa longue barbe, la fièvre de ses regards, il a quelque chose d’un ascète et d’un prophète de l’Extrême Orient. […] Une bague d’évêque qu’il portait avec ostentation orgueilleuse.

1402. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier »

La mode y poussait ; le plus flatteur triomphe d’un jeune-France en ce temps-là consistait à obtenir des parents de porter l’habit bleu de ciel et la culotte jaune de Werther. […] Il avait perdu sa place de bibliothécaire-adjoint ; son père l’envoya à Paris (vers 1800) pour y continuer ses études interrompues ; il y porta des romans déjà faits, et y contracta de nouvelles liaisons politiques. […] Le préfet Jean de Bry lui portait intérêt ; le ministre Fouché associait son nom à des souvenirs oratoriens. […] Pourtant les relations avec le chevalier portèrent leur fruit ; cette veine d’études philologiques aboutit en 1811 au livre ingénieux des Questions de Littérature légale.

1403. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

On vit bien ensemble, quand on vit ensemble depuis la naissance jusqu’à la mort, familièrement, avec les mêmes intérêts, les mêmes occupations et les mêmes plaisirs : tels des soldats avec leurs officiers, en campagne, sous la tente, subordonnés quoique camarades, sans que la familiarité nuise au respect. « Le seigneur les visite souvent dans leurs métairies, cause avec eux de leurs affaires, du soin de leur bétail, prend part à des accidents et à des malheurs qui lui portent aussi préjudice. […] C’est elle qui a porté seule la charge de l’assemblée du bailliage, lors de l’élection des députés à l’Assemblée nationale. […] On trouverait à peine des exactions égales dans l’Irlande de 1830, sur ces domaines où, le fermier général louant à des sous-fermiers, et ceux-ci à d’autres moindres, le petit colon, placé au bas de l’échelle, portait à lui seul tout le poids de l’échelle entière, d’autant plus foulé que son créancier, foulé lui-même, mesurait les exigences qu’il pratiquait aux exigences qu’il subissait. […] Les vieux paysans avec qui j’ai causé autrefois dans le pays ont gardé la vive impression de ces vexations et de ces ravages  Dans le Clermontois, ils racontent que les gardes du prince de Condé au printemps prenaient des portées de loups et nourrissaient les jeunes loups dans les fossés du château.

1404. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre troisième. La connaissance de l’esprit — Chapitre premier. La connaissance de l’esprit » pp. 199-245

De plus, outre ces capacités communes à tous les hommes, j’en ai qui me sont particulières ; par exemple, je suis capable de comprendre un livre latin ; ce portefaix est capable de porter un sac de trois cents livres ; voilà des attributions précises qui déterminent le quelque chose inconnu. […] Cela signifie que ce mouvement de mes membres et cette persistance de mes idées sont possibles ; ce mouvement est possible, parce que sa condition, un certain état de mon appareil musculaire et nerveux, est donnée ; cette persistance est possible, parce que sa condition, un certain équilibre de mes images, est donnée. — J’ai la faculté de comprendre un livre latin, et mon voisin le portefaix a la faculté de porter un sac de trois cents livres ; cela signifie que, si je lis un livre latin, je le comprendrai ; que, si le portefaix a sur le dos un sac de trois cents livres, il le portera. […] Mais il en est d’autres qui sont maladives et portent le trouble dans toute notre conduite ; ce sont les hallucinations dites psychiques ; dans ce cas, le malade aliène et rapporte à autrui des pensées qui sont à lui71 ; il entend par la pensée, il écoute des « voix secrètes, intérieures » ; on lui parle « à la muette » ; il voit « invisiblement ».

1405. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

« Pour nos voitures nous domptons les quadrupèdes, dont la force et la vitesse suppléent à notre faiblesse et à notre lenteur ; nous faisons porter des charges aux uns, le joug à d’autres. […] Ce livre n’est qu’un débris, il n’en reste que quelques belles pages ; on voit seulement que c’était un développement de son livre sur la divinité, et qu’il y portait, comme le poète Lucrèce, mais d’une main plus religieuse que Lucrèce, des coups terribles aux superstitions païennes de son pays. […] C’est sur toi que se porteront les regards du sénat, des gens de bien, des alliés, des Latins. […] Mais, si tu veux porter tes regards en haut, et les fixer sur ton séjour naturel et ton éternelle patrie, ne donne aucun empire sur toi aux discours du vulgaire.

1406. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

Mais dans quelle sphère la pouvait-on emprunter, cette Mélodie de la Nature, qui devait porter un caractère noble, universel, éternel ? […] Lemercier et Cie 1° Dans le Rêve, 10 planches, tirées à 25 exemplaires reste 1 exemplaire, porté à 50 fr. […] f — La Folie, tirées à 50 exemplaires, restent 4 exemplaires portés à 25 fr. 3° Les Origines, 8 planches, tirées à 25 exemplaires, restent 5 exemplaires, portés à 25 fr.

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