Ces camarades, qu’il ne nomme pas, outre Varignon, l’ardent géomètre, c’était quelquefois l’abbé de Vertot, Normand aussi et d’une imagination vive, qui venait les visiter et loger sous leur toit ; c’était ce penseur fin et neuf, et alors très hardi, Fontenelle : J’étais leur compatriote, nous dit celui-ci, et j’allais les voir assez souvent, et quelquefois passer deux ou trois jours avec eux : il y avait encore de la place pour un survenant… Nous nous rassemblions avec un extrême plaisir, jeunes, pleins de la première ardeur du savoir, fort unis et, ce que nous ne comptions peut-être pas alors pour un assez grand bien, peu connus. […] Or comment force-t-on les grands enfants d’écouter, si ce n’est par le plaisir de la lecture ? […] Oui, pour qui ne le connaissait que sur une première vue, l’abbé de Saint-Pierre était bien celui qui, se souciant le plus du bonheur des hommes en général (ce qu’on n’était pas obligé de savoir), s’inquiétait le moins de la commodité de son interlocuteur et de son plaisir. […] Il était content et le laissait voir : « J’ai du plaisir partout, disait-il, parce que j’ai l’âme saine. » Il a pourtant écrit, au sujet de la moquerie, un mot fait pour toucher, et où il ne tient qu’à nous de voir une allusion à ce portrait de Mopse : « Quel agrément dans la vie pour le bienfaisant de sentir la joie de ceux chez qui il entre !
C’est la satiété qui fait recourir à la bizarrerie ; c’est le besoin de variété qui rend souvent l’esprit recherché ; mais les Grecs, au milieu de tant d’images et de sensations vives, s’abandonnaient à peindre celles qui leur causaient le plus de plaisir. […] Pindare donne ce nom à l’art de triompher dans les courses de char aux jeux olympiques : ainsi les succès, les plaisirs, la volonté des dieux, les devoirs de l’homme, tout se confondait dans ces têtes ardentes, et l’existence sensitive laissait seule des traces profondes. […] Il aimait la liberté, comme assurant à tous les genres de plaisirs la plus grande indépendance ; mais il n’avait pas cette haine profonde de la tyrannie, qu’une certaine dignité de caractère gravait dans l’âme des Romains. […] L’envie chez les Grecs existait quelquefois entre les rivaux ; elle a passé maintenant chez les spectateurs, et par une singularité bizarre, la masse des hommes est jalouse des efforts que l’on tente pour ajouter à ses plaisirs, ou mériter son approbation.
Sa conversation est composée de parenthèses, principal objet de toutes ses phrases ; il voudrait laisser échapper ce qu’il a le plus grand besoin de dire ; il essaye de se montrer fatigué de tout ce qu’il envie ; pour se faire croire à son aise, il tombe dans les manières familières ; il s’y confirme, parce que personne ne compte assez avec lui pour les repousser, et tout ce dont il est flatté dans le monde est un composé du peu d’importance qu’on met à lui, et du soin qu’on a de ménager ses ridicules pour ne pas perdre le plaisir de s’en moquer. […] Un homme d’un esprit infini disait, en parlant de ce qu’on pouvait appeler précisément un homme orgueilleux et vain, en le voyant j’éprouve un peu du plaisir que cause le spectacle d’un bon ménage, son amour-propre et lui vivent si bien ensemble. […] Une femme qui se croit remarquable par la prudence et la mesure de son esprit, et qui n’ayant jamais eu deux idées dans la tête, veut passer pour avoir rejeté tout ce qu’elle n’a jamais compris, une telle femme sort un peu de sa stérilité accoutumée, pour trouver mille ridicules à celle dont l’esprit anime et varie la conversation : et les mères de famille, pensant, avec quelque raison, que les succès mêmes du véritable esprit ne sont pas conformes à la destination des femmes, voient attaquer avec plaisir celles qui en ont obtenu. […] Le plaisir au nom duquel on se rassemble est nul pour elle ; elle ne peut en jouir dans aucun moment ; car il n’en est point qui ne soit absorbé et par sa pensée dominante, et par les efforts qu’elle fait pour la cacher.
C’était écrit ; il n’en fallait pas plus à Diderot, il avait tiré de son œuvre le plaisir qu’il en attendait. Avec la même indifférence, il semait de ses pages dans les livres de ses amis : un traité de clavecin de Bemetzrieder, une histoire de l’abbé Raynal, une gazette de Grimm, tout lui était bon ; l’essentiel, pour lui, c’était d’écrire ; y mettre son nom n’aurait rien ajouté à son plaisir ! […] « Ne pensez-vous pas qu’on peut être si heureusement né qu’on trouve un grand plaisir à faire le bien ? […] Elle n’est qu’une institution sociale, d’autant plus haïssable que sa contrainte hypocrite s’exerce par le dedans : sous le nom de morale, on instruit les enfants à s’interdire les plaisirs légitimes qui résultent des fonctions naturelles.
Outre qu’on a le plaisir, çà et là, de faire d’agréables découvertes et qui reposent, on voit se dégager peu à peu la physionomie d’un poète intéressant qui n’est pas du tout de Paris et qui n’est presque pas d’aujourd’hui, mais qui semble être venu d’Italie et dater de la Renaissance ; qui n’a subi que très peu l’influence des poètes contemporains et qui, par bien des points et par ses qualités aussi bien que par ses défauts, est comme en dehors et à part du mouvement poétique de notre temps. […] L’essentiel est que ces mots cherchés, et qui ne s’imposaient pas plutôt que d’autres, paraissent venus spontanément, ou que, s’ils semblent tirés d’un peu loin, ce défaut de naturel soit compensé par le plaisir que donne le sentiment de la difficulté vaincue, ou par quelque effet de rythme, d’harmonie, de sonorité. […] Cathos eût eu plaisir à entendre appeler un grain de poussière : « l’atome ailé qu’aucun pouvoir ne tue. » Elle eût approuvé cette périphrase qui signifie que l’homme, à l’automme, devient sérieux : Comme elle (la terre), son fils l’homme a pris un maintien grave ; De ses jours de folie il fait payer le tort Au devoir qui l’étreint dans son rude ressort ; et, dans la description d’une gypsie : Un amulette où l’art imite Quelque Diane au front cornu, Des deux seins fixant la limite, Veillait aux mystères du nu. […] Lui, c’est avec des mots qu’il fait ses broderies compliquées à plaisir.
On a beau dire qu’il est impossible de persuader à un individu qu’il a du plaisir quand il n’en a pas : c’est possible ; mais il n’est pas du tout impossible de lui persuader qu’il faut avoir du plaisir, sous peine d’être un imbécile. […] Combien y a-t-il de gens qui, réellement, ne font pas dépendre leur plaisir ou leur désir de la mode : et la mode, à qui la demandent-ils ?
Guy de Maupassant 1 Je vous jure que ce n’est pas pour le vain plaisir de vous conter mes petites affaires. […] Puis, à cette époque déjà, Maupassant n’éprouvait aucun plaisir à parler littérature. […] pour le plaisir de les définir ?
Je voudrais faire plaisir à M. […] Il nous conte avec indifférence de bien indifférentes aventures, La Canne de Jaspe, le Bon Plaisir, la Double Maîtresse, tout ça se vaut et ne vaut rien. Voici Le Bon Plaisir, mesdames : Louis XIV traversant une ville au milieu de son escorte aperçoit à une fenêtre une jeune femme qui lui plaît.
Piron, entre autres, lui écrivit une Lettre que nous citons avec plaisir. […] Je l'ai lu & relu avec un très-grand plaisir.
Cet abrégé se fait lire avec plaisir, quoiqu’il y ait peu d’ordre, & que l’auteur n’ait presque eu en vue que de compiler ce qui regardoit les Solitaires de Port-Royal & leurs amis. […] Ces sortes de livres se font lire avec plaisir à cause de leur variété ; mais pour les lire avec fruit, il faudroit qu’ils fussent mieux digérés, plus uniformes & plus méthodiques.
Il aime le plaisir, le faste et la parure ; c’est presque un petit-maître. […] Combien il lui reste de belles choses à faire, si l’attrait du plaisir ne le pervertit pas !
Hommes toujours occupez de leurs plaisirs, et qui ne connoissoient d’autres inquietudes, ni d’autres malheurs que ceux qu’essuient dans les romans ces bergers chimeriques dont on veut nous faire envier la condition. […] Si le trait de l’épigramme n’est pas vif, si le sujet n’en est pas tel qu’on l’écoutât avec plaisir, quand même il seroit raconté en prose, l’épigramme, quoique bien versifiée et rimée richement, ne sera retenuë de personne.
et dépourvus de « volupté » ou de « plaisir » ? […] Mais nous constatons que nous avons plaisir ou peine : et malheur à qui augmente la peine, et bénédictions à qui augmente le plaisir. […] Il la veut aimable et destinée au plaisir du lecteur. […] Aucun précepte n’enseigne cette sorte de plaisir ». […] Pierre Mille ; et ça doit vous faire plaisir.
Quel que soit le motif qui nous attire ce plaisir, nous lui en sommes très-obligés… » Et sur une autre page de la même lettre, dans une apostille pour M. d’Argental : « N’auriez-vous pas contribué à nous procurer le plaisir d’y voir Mlle Aïssé ? […] L’on jouit avec lui du plaisir d’apprendre ce qu’on vaut par les sentiments qu’il vous marque, et cette sorte de louanges et d’approbation est bien plus flatteuse que celle que l’esprit seul accorde et où le cœur ne prend point de part. […] J’ai un sincère plaisir à vous ouvrir mon cœur ; je n’ai point rougi de vous confier toutes mes faiblesses ; vous seule avez développé mon âme ; elle était née pour être vertueuse. […] Je ne doute pas qu’il ne vous fasse grand plaisir. […] « M. de Boisseuil, qui doit retourner en Périgord au mois de janvier, m’a promis de se charger du portrait de votre mère ; je ne doute pas qu’il ne vous fasse grand plaisir.
Il reste que je « juge », si j’ose encore m’exprimer ainsi, les cinq dernières productions de notre art dramatique d’une manière toute subjective et sur le plaisir qu’elles m’ont fait. […] Après cela, ce n’est pas nécessairement juger de travers que de juger d’après son plaisir. Car notre plaisir vaut en somme ce que nous valons. […] Et sans doute ce raffinement de probité est beau : mais où étaient les scrupules de notre gentilhomme quand il empruntait, pour des plaisirs extra-conjugaux, un argent qu’il savait bien ne pouvoir jamais rembourser lui-même ? […] Non moins finement rendu, le sentiment complexe, fait de mépris et d’émerveillement, qu’inspire à l’Américain Jerry ce futile Paris, ville de joie et capitale du plaisir.