Nous disons d’avance, avec la même franchise, que ces qualités n’existent pas pour nous dans son premier livre de l’Histoire de la Révolution, livre superficiel et jeune, où rien n’est pesé, où rien n’est approfondi, où rien n’est senti, où rien n’est peint ; espèce d’estampe mal coloriée de l’esprit, des choses, des hommes de la Révolution française, semblable à ces portraits de fantaisie que l’on colporte à la foule sur nos places publiques, et qu’on lui donne pour l’image de ses grands capitaines, de ses grands orateurs ou de ses grands événements. […] Tacite aurait cessé d’être Tacite, il aurait brisé sa plume, puisqu’on lui commandait de briser son cœur, sa conscience, son jugement sur le monde romain qu’il raconte, et, à la place du plus éloquent et du plus coloré des historiens, le monde n’aurait eu qu’un nomenclateur technique, un miroir inerte, qui n’aurait pas même eu le droit de haïr la tyrannie, la démence, la servilité, la boue et le sang qu’il aurait réfléchis dans sa métallique et immorale limpidité d’intelligence. […] « Joséphine Bonaparte, mariée d’abord au comte de Beauharnais, puis au jeune général qui avait sauvé la Convention au 13 vendémiaire, et maintenant partageant avec lui une place qui commençait à ressembler à un trône, était créole de naissance, et avait toutes les grâces, tous les défauts ordinaires aux femmes de cette origine. […] Elle se rappelait à ce sujet la singulière prédiction d’une femme, espèce de pythonisse alors en vogue, qui lui avait dit : “Vous occuperez la première place du monde, mais pour peu de temps.” […] Thiers paraît à sa place dans l’un comme dans l’autre ; il juge peut-être Moreau avec une autorité militaire qui ne conviendrait qu’à Bonaparte lui-même, mais il lui décerne toute la gloire qui ne peut offusquer celle de son consul.
Je ne suis peut-être pas le premier littérateur russe en Russie, mais à Paris, comme il n’y en a pas d’autre, vous m’accorderez que c’est moi, eh bien, dans ces conditions, savez-vous comment j’ai été placé à table ; j’ai eu la quarante-septième place, j’ai été placé après le pope, et vous savez le mépris dont jouit le prêtre en Russie. » Et un petit rire slave remplit les yeux de Tourguéneff, en forme de conclusion. […] Samedi 30 janvier Une chose dure, et qui m’a été bien pénible aujourd’hui : ça été de signer, à la place habituelle où étaient Edmond et Jules, de signer d’un seul nom, un livre sous presse. […] C’est mal écrit, lorsqu’on place assez près de l’autre, dans une phrase, deux mots commençant, par la même syllabe. […] Tourguéneff raconte, que descendant au son de la cloche, au dîner, avant-hier, et passant devant le cabinet de toilette de Viardot, il l’a vu, le dos tourné, en veston de chasse, occupé à se laver les mains, puis a été fort étonné de le retrouver, en entrant dans la salle à manger, assis à sa place ordinaire. […] Tout ce que nous osons dire à la dame que nous aimons, c’est que nous envions près d’elle la place des canards mandarins.
Toute cette première partie est dominée par une scène très simple, impossible à rendre au théâtre : nous voulons parler de cette soirée où les contrebandiers poursuivis, après avoir achevé eux-mêmes un des leurs, s’arrêtent dans un hallier épuisés de faim et de fatigue ; quelques-uns d’entre eux, tirant un paquet de cartes, jouent à la lueur d’un feu qu’ils allument. « Pendant ce temps-là, moi, j’étais couché, regardant les étoiles, pensant au Remendado (l’homme massacré) et me disant que j’aimerais autant être à sa place. […] Le psychologue est, lui aussi, un romancier : il imagine des caractères, des passions, des souvenirs, des volontés ; il se place par l’imagination dans telle ou telle circonstance ; il se demande ce qu’il ferait, ce qu’il a fait dans des circonstances analogues, ce qu’il a vu faire. […] Ainsi ont pu trouver place dans le roman moderne des sujets qu’on avait coutume de regarder comme laids ou inconvenants ; mais il y faut de l’art, et beaucoup d’art ; ce qui est beau en demande moins, ce qui est laid en demande infiniment. […] Au premier de ces trois plans appartiennent, — et c’est aussi leur place dans la vie, — les créatures très distinguées, exemplaires tout à fait réussis et par conséquent typiques de toute une espèce sociale. […] L’expérimentateur des Rougon-Macquart se vante d’avoir le premier, dans le roman, donné sa vraie place à l’instinct génésique.
Pour vérifier cette théorie, Spencer cite, entre autres exemples, la place de l’adjectif en anglais, qui précède toujours le substantif. […] A propos de ce second exemple, Spencer est plus heureux : il remarque que le mot grande, placé au début, éveille les associations d’idées vagues et émouvantes attachées à tout ce qui est grand et majestueux : « L’imagination est donc préparée à revêtir d’attributs nobles ce qui suivra. » A la bonne heure ; mais ce qu’il en faut conclure, c’est que la place du mot dépend de l’effet qu’on veut produire et de l’idée sur laquelle on veut insister. […] La richesse des rimes est nécessaire quand on veut surtout parler aux oreilles ou aux yeux, quand on veut chanter ou peindre ; dans les vers descriptifs, trop à la mode aujourd’hui, elle est à sa place ; mais, quand il s’agit de sentiments ou d’idées à exprimer, la rime doit se subordonner au rythme d’une part, et à la pensée d’autre part. […] La magnifique cantilène de Faust, Salut, demeure chaste et pure, traduite en italien, devient : Salve, dimora casta e pura ; et Gounod remarque que, dans cette sonorité italienne, la douceur profonde de sa musique disparaît : ces voyelles un peu sourdes et discrètes du vers français, « Salut, demeure chaste et pure », qui expriment à la fois le mystère de la nuit et le mystère de l’amour, font place à des voyelles éclatantes, à des a ouverts, à des o et à des ou arrondis, et les mots éclatent comme des fanfares : « Salve, dimora casta e pura. » Là où le chanteur français peut mettre toute l’expression de l’âme, le chanteur italien est presque obligé de déclamer : le poétique cède la place à l’oratoire. […] L’évocation, d’ailleurs, n’est pas le privilège de la rime ; elle appartient aussi aux idées, elle appartient surtout au sentiment, à tout ce qui renferme en soi un monde, prêt à reparaître dès qu’on y projette un rayon Si le mot mis à la rime prend nécessairement du relief, par le seul effet de la place qu’il occupe, il ne s’ensuit pas que la richesse de la rime soit toujours nécessaire à ce relief.
Mais avoir su se créer une place du vivant même de ce géant, Victor Hugo, avoir été si mal payé de ses efforts vers le mieux, avoir si singulièrement préparé sa gloire, avoir recueilli tant de dédain, tant de haussements d’épaules, me font considérer Charles Baudelaire comme le type du poète mort que je dois le plus vénérer. […] Si maintenant nous voulions assigner la première place au plus artiste de nos poètes, je crois bien que c’est à Leconte de Lisle qu’il la faudrait donner. […] Toute la pensée est assez bouffon ; si, au point de vue poétique, il peut d’abord apparaître comme un dominateur énorme, il faut vite reconnaître qu’il y a place à ses côtés pour d’autres génies. […] J’approuve qu’on ait mis leur statue sur des places publiques ; mais je ne souffrirais pas leur buste dans mon cabinet, sur ma table de travail, à côté de la photographie de ma bonne amie. […] Malgré la sensibilité charmante des premiers livres de Sully Prudhommeh, et la sereine beauté des sonnets de Herediai, malgré le lyrisme de Vielé-Griffin dans les poèmes que je comprends, la tenue d’art des livres d’Henri de Régnier, l’emportement magnifique de Verhaeren, la mélancolie de Rodenbach et la délicatesse pénétrante d’Albert Samain, malgré la belle impeccabilité de Moréas, dans le petit Panthéon que je m’étais construit nul poète n’a pris la place ou trônèrent successivement Hugo, Musset, le divin Lamartine et Verlaine qui ne marcha pieds nus comme les dieux que parce qu’il était de la race des Immortels 1 !
Mais il sait que « l’artiste peut passer sa vie à la même place et regarder autour de lui sans épuiser le spectacle sans cesse renouvelé ». […] Ces messieurs voudraient lapider en place publique la maîtresse de l’Athénien. […] par exemple, jusque-là … » Et elle-même plie la jambe, et montre avec sa main la place de son jarret. […] Fort penaud, le baron se dérange et cède sa place à l’impérieuse girl, qui ne daigne même pas le remercier. […] Ils lui crient : « Venez, la place est faite ; on n’attend plus que vous. » « — Hélas !
Ratisbonne et autres sont moelleusement installés aux places en vue et sur le même rang que MM. de Pontmartin et Montégut, lorsque M. […] Créations charmantes et douloureuses de la poésie familière, vous avez une place dans mon imagination fraternelle au-dessous de la simple et sainte Eugénie Grandet. […] D’ordinaire, tout en faisant assez large la part de l’analyse, nos romanciers donnent la plus grande place au développement des situations, au drame, au fait. […] Dominant le chevet, à la place où d’habitude on accroche le bénitier, la tête encornée de Satan. […] et digne du souvenir… » Savez-vous ce qui « place auprès de lui le témoin des Trente-deux duels de Jean Gigon, A.
Plus heureux qu’ils ne le seront alors, M. de Montesquiou peut être assuré de ne se point voir dépossédé de la place qu’il occupe dans la galerie des Originaux et des Beaux-Esprits de ce temps. […] Sans doute ont-ils un dictionnaire à la place du cœur. […] Nous-même avouons ne pas lui avoir toujours attribué sa juste place : très digne sans être des plus éminentes. […] L’adresse scénique que nous remarquions en lui prend la place de ses qualités les plus sérieuses. […] C’est à cette époque que se place l’horrible décadence du style qui attriste si désespérément l’époque contemporaine.
L’humiliation de se reconnaître esclave fait bientôt place à une acceptation joyeuse qui engendre des sentiments nouveaux et forts. […] Sous prétexte de remettre la nature en sa place, Rousseau abolit le naturel. […] Il est avant tout l’anarchie intellectuelle, celle qui ne met aucune chose à la place qui lui revient. […] Je veux dire que le détail ne manque certes pas dans ces romans ; mais il y est bien à sa place, qu’on n’a pas faite plus grande qu’il ne convient. […] Des deux conceptions, l’optimiste n’est peut-être pas celle qu’on pense… Mais après avoir fait si large place à la moralité, il est temps de résumer la fable.
Une place modeste dans une administration publique suffisait à ses besoins ; il la garda jusqu’au jour où il s’aperçut que son indépendance allait en souffrir.
Profondément estimé en France de tous ceux qui avaient lu quelques-uns de ses morceaux de morale et de critique dans lesquels une pensée si forte et si fine se revêtait d’un style ingénieux et savant, il laisse un vide bien plus grand que la place même qu’il occupait, et il serait impossible de donner idée de la nature d’une telle perte à quiconque ne l’a pas vu au sein de ce monde un peu extérieur à la France, mais si étendu et si vivant, dont il était l’une des lumières.
Quand la destinée d’une nation est dans la chambre à coucher d’une maîtresse, la meilleure place pour l’historien est dans le cabinet.
Il est vrai que ces places étaient peu considérées dans le monde, parce qu’on n’y voyait que le salaire des services ; elles étaient néanmoins une consolation et un but pour un cœur plébéien avide d’espérance ; et d’ailleurs l’exemple de Fabert n’était-il pas là, attestant que la gloire avait une fois été permise ?
Mais bientôt de graves pensées survinrent ; aux fêtes des salons succédèrent les orages de la place publique, et les ris étincelants des amours s’éteignirent par degrés dans l’immense clameur populaire.
Dès ce moment, sa « copie » eut cours sur la place ; au bout d’un an, on se l’arrachait.