Zola auront aussi coulé… VI18 Nous en étions restés sur le joli souvenir du Ventre de Paris, cette haute pièce montée de charcuterie, que M.
Ne juge-t-on de beaux édifices que l’équerre à la main, en comptant toutes les pierres qui les composent, en analysant le ciment qui les a jointes, en en découvrant pièce à pièce toute la charpente, de façon à les démolir de fond en comble ? […] Si l’on se rappelle la section de mon cours, où je traitai de la tragédie, on se souvient de quels éloges j’ai relevé la beauté des leçons de La Harpe sur Andromaque, Iphigénie, Britannicus, et tant d’admirables pièces de l’auteur de Mérope : mais je n’ai pu le louer de déprécier le sublime Corneille, ni de rabaisser en faveur de Voltaire les grandeurs des tragiques grecs. […] Il ajoute que « plus une pièce aura d’étendue, plus elle sera belle, pourvu qu’on puisse en saisir l’ensemble d’une seule vue ». […] Ils adoptent tout sans choix, et nous savons choisir ; enfin, à plus d’un égard, notre littérature, devenue classique, a sur celle de l’Allemagne l’avance de plus de deux siècles, et nous pouvons leur prédire que les beautés de leur imagination, encore offusquée des vapeurs romantiques, ne se perfectionneront que lorsqu’ils sauront, en les épurant, les rendre aussi positives et aussi régulières que celles d’Œdipe et d’Athalie ; or qu’ils renoncent à nous persuader de renfermer la vie entière d’un personnage dans une pièce d’un genre dramatique principal, alors que, même dans l’épopée, leur sublime Klopstock garde les unités d’action et de lieu, et presque celle de temps, puisqu’il ne commence son poème qu’au sacrifice sur le mont des Oliviers, moment que suivent bientôt le jugement du divin réconciliateur, et son crucifiement sur le Golgotha, à l’entour duquel le génie du poète évoque et concentre les chœurs des séraphins, des patriarches, et des anges qui descendent sous la gloire de Jéhovah, et qui précipitent de là dans l’abîme tous les démons des ténèbres. […] Toutefois, messieurs, ce qui ne m’expose à aucune rétractation pareille à celle de La Harpe, c’est d’adopter ses idées comparatives entre Voltaire et l’Arioste : je lui nierai que la machine du premier ne soit qu’un assortiment de pièces de rapport où rien ne se tient, qu’il n’y ait aucun plan, aucune marche, aucune liaison : mais je rendrai justice au goût exercé de La Harpe, à son discernement dans l’art, à son tact des bienséances, quand il accuse l’auteur de la Pucelle « de n’avoir su, ni piquer le lecteur par la curiosité comme l’Arioste, ni l’émouvoir par des situations, ni l’attacher par des caractères.
La postérité revient aux sacrifiés avec une foule de bons et de mauvais sentiments, mélange qui se retrouve à l’origine de presque toutes nos actions, avec un souci de la justice, une saine et noble curiosité, et aussi un malicieux désir de faire pièce un peu à ceux qui ont trop triomphé, aux victorieux authentiques, aux princes consacrés de la littérature. […] Descreux, en sa traduction, intitule Pièces diverses. […] Il y a telle pièce conçue en passant le long d’un cimetière qui me paraît un pur chef-d’œuvre, un chef-d’œuvre de sentiment simple et profond, avec une belle imagination sincère et juste, sans rien de forcé pour fournir le cadre. […] C’est égal, la comptabilité de Lamartine, il ne faut s’y fier qu’après pièces à l’appui. […] S’il était un grand philosophe, allez donc, il ne songerait pas à faire des romans ou des pièces de théâtre ; s’il avait de grandes idées et très méditées et appuyées de beaucoup d’observations, elles seraient si impérieuses en son esprit qu’elles l’empêcheraient bien de faire un roman ou un drame.
« Le génie d’un homme ressemble à une horloge : il a sa structure, et, parmi toutes ses pièces, un grand ressort. Démêlez ce ressort, montrez comment il communique le mouvement aux autres, suivez ce mouvement, de pièce en pièce, jusqu’à l’aiguille où il aboutit. » C’est merveille de voir Taine aux prises avec les difficultés de cette tâché impossible, s’entêtant à suivre sa chimère, décomposant le génie, divisant les parties dont l’accord produit ce qu’il y a au monde de plus rare et de plus précieux, séparant les pièces qui s’emboîtent, les roues qui s’engrènent, les ressorts qui jouent, jusqu’à ce qu’il ait saisi le balancier, dont le va-et-vient, régulier et monotone, communique la vie à l’organisme tout entier, et fait circuler le mouvement jusqu’au timbre, dont la sonorité se prolongera, d’écho en écho, dans l’âme des hommes émerveillés. […] N’oublions pas, avant de discuter avec Taine, qu’il a dépouillé une multitude de documents, la correspondance d’un grand nombre d’intendants, directeurs des aides, fermiers généraux pendant les trente dernières années de l’ancien régime, les procès-verbaux et cahiers des États généraux en cent soixante-seize volumes, la correspondance des commandants militaires en 1789 et 1790, des lettres, mémoires et statistiques contenus dans les cent cartons du comité ecclésiastique, la correspondance en quatre-vingt-quatorze liasses des administrations de département et de municipalité, les rapports des conseillers d’État en mission à la fin de 1801, la correspondance des préfets sous le Consulat, sous l’Empire et sous la Restauration jusqu’en 1823, quantité d’autres pièces dont le seul catalogue découragerait l’attention des plus robustes chartistes. […] Ce misérable moi, dont nous parlons avec fierté, et que les philosophes suaves appellent une image de Dieu, n’est en réalité qu’une combinaison bariolée, faite de pièces et de morceaux, foyer de mirages multicolores et de multiples hallucinations.
Ce serait une extravagance extrême de notre part et de la part de tout État de vous accorder une semblable permission avant que les magistrats aient examiné si ce que vos pièces contiennent est bon et convenable à dire en public ou s’il ne l’est pas. […] Et « comme ils composaient leurs pièces d’après ces principes et qu’ils y conformaient leurs discours, peu à peu ils enlevèrent à la multitude toute bienséance et toute retenue, et elle en vint à se croire en état de juger par elle-même… ». […] Car il n’y a pas à se le dissimuler : la foule est exactement, sur ce point, de l’avis des Cousin : jamais on ne pourra lui faire adopter, accepter une pièce à tendances immorales ou peu morales. […] De cette façon, vous aurez satisfaction des deux côtés : le genre d’attrait que contient en lui le ridicule, vous le trouvez dans les personnages que vous pouvez mépriser ; le genre d’attrait qu’a la beauté morale, vous le trouverez chez les honnêtes gens de ma pièce. […] Pièces à thèse, poèmes à thèses et peintures à thèses sont des thèses mal présentées et des œuvres d’art gauches.
Et véritablement je crois que si le temps calme eût continué, j’aurais emporté tout le navire pièce à pièce1026. » À ses yeux, le travail est chose naturelle. […] Adam, donnent et reçoivent une infinité de horions ; les coups de bâton trottent ; on leur jette à la tête des poêlons pleins de sang de porc ; les chiens mettent leurs habits en pièces ; ils perdent leur cheval.
Ainsi toute la marche de l’esprit humain, quand il raisonne, consiste à reconnaître dans les individus ce qu’il a connu de la classe, à affirmer en détail ce qu’il a établi pour l’ensemble, à poser une seconde fois et pièce à pièce ce qu’il a posé tout d’un coup une première fois.
Ainsi toute la marche de l’esprit humain, quand il raisonne, consiste à reconnaître dans les individus ce qu’il a connu de la classe, à affirmer en détail ce qu’il a établi pour l’ensemble, à poser une seconde fois et pièce à pièce ce qu’il a posé tout d’un coup une première fois.
Pareillement, Villon lègue à ses amis les pièces de son costume, ses chausses garnies de semelles, ses houseaux, sa robe rognée, ses meubles médiocres, son lit, une table, un pain, des paniers et sa librairie. […] Mais l’agitation de ces bonshommes n’a aucune influence sur la pièce. […] « Il n’est point de petit rôle dans une pièce de M. […] Hugo l’a priée de vendre ses meubles, afin d’acquitter les dettes de naguère en majeure partie ; et il l’a installée rue de Paradis, au Marais, dans un logement de quatre cents francs, deux pièces et une cuisine.
Il est muni de documents, il a lu ; il connaît la place, le jeu de tous les muscles ; il a sur son bureau des planches coloriées, autour de lui des squelettes, à côté de lui Daubenton qui lui fournit des préparations et toutes les pièces anatomiques.
À cet égard un grand poëme, un beau roman, les confessions d’un homme supérieur sont plus instructifs qu’un monceau d’historiens et d’histoires ; je donnerais cinquante volumes de chartes et cent volumes de pièces diplomatiques pour les mémoires de Cellini, pour les lettres de saint Paul, pour les propos de table de Luther ou les comédies d’Aristophane.
XCIII Ce fut ainsi, monsieur, que notre vie se replia tout à coup comme un mouchoir qu’on aurait déchiré dans une large pièce de toile.
Je me sentis inspirée de tomber à genoux devant elle et de lui jouer un air de montagne, afin de l’attendrir sur mon sort, mais surtout sur celui d’Hyeronimo ; je me dis : Personne ne me voit ni ne m’entend qu’elle, personne ne me donnera un pauvre baïoque ou un pauvre carlin (autre pièce de monnaie populaire dans cette partie de l’Italie) ; ce n’est donc pas pour le monde, c’est bien pour elle toute seule que je vais jouer, elle m’en saura plus gré que si c’était par vanité ou par intérêt ; elle ne pourra pas dire que c’est pour le monde.
Quand je lui dis que je n’y avais été que trois ou quatre fois, elle se récria, me promit que nous irions souvent ensemble à la comédie, ajoutant qu’au retour il faudrait écrire le sujet des pièces et ce qui nous aurait frappées, que c’était son habitude… Ensuite, me dit-elle encore, nous nous écrirons tous les matins.
Depuis les formules du langage jusqu’au dessin général de l’action, toutes les pièces d’une chanson de geste sont jetées dans les mêmes moules.