Et comme l’ensemble d’une composition littéraire est toujours plus vaste que l’étroit espace ou l’étroite durée d’un tableau, il se trouve que L’Assassinat du Pont-Rouge n’a pas que la beauté solitaire du principal personnage, tête merveilleuse de désordre et d’anarchie depuis son crime, Satan vrai, Satan d’homme, à qui Barbara s’est bien gardé de donner même un pouce de plus que la taille humaine !
s’écria Théodore, et vous ne sauriez dire que le rhinocéros ou l’hippopotame soient d’agréables personnages ! […] Julie. — Satan est-il donc le héros du poème, et, comme dans Milton, le plus intéressant des personnages ? […] Dans le premier jet de la composition de Manfred, Byron voulait rendre ce personnage odieux ou ridicule. […] Chaque personnage, chaque groupe le porte en soi et le manifeste à sa manière. […] Il vous étonne, vous contrarie et vous afflige souvent par l’inattendu des catastrophes morales où il précipite ses personnages.
Bergson cite entre autres cet exemple : « supposons, nous dit-il, un personnage de roman dont on me raconte les aventures. Le romancier pourra multiplier les traits de caractère, faire parler et agir son héros autant qu’il lui plaira : tout cela ne vaudra pas le sentiment simple et indivisible que j’éprouverais si je coïncidais un instant avec le personnage lui-même. […] Ce ne seraient plus là des accidents s’ajoutant à l’idée que je me faisais du personnage… Le personnage me serait donné tout d’un coup dans son intégralité… Description, histoire et analyse me laissent ici dans le relatif. […] Alors les mots choisis seraient tellement impermutables qu’ils suppléeraient à tous les autres ; l’adjectif posé d’une si ingénieuse et d’une si définitive façon qu’il ne pourrait être légalement dépossédé de sa place, ouvrirait de telles perspectives que le lecteur pourrait rêver, pendant des semaines entières, sur son sens, tout à la fois précis et multiplet constaterait le présent, reconstruirait le passé, devinerait l’avenir d’âmes des personnages, révélés par les lueurs de cette épithète unique.
Ça devait être, dans le même milieu et la même tonalité, une vieille fille dévote et chaste… Et puis j’ai compris que ce serait un personnage impossible20. » Y a-t-il dans ces paroles une mystification ? […] Dans le même état, un homme trouve quelque jouissance à dévisager quelque personnage considérable, entouré du respect de tous, et à penser : si j’allais à lui et que je le prisse par le nez, en lui disant : — Eh ! […] Les personnages parlants ou agissants ne sont pas les seuls qui gravent dans l’esprit du spectateur la fidèle empreinte des faits. […] Les tragiques héros de Salammbô firent place aux grotesques personnages de Bouvard et Pécuchet. […] Enfin, accentuant d’une manière visible les dimensions étriquées de ses personnages, il parvient à en faire des types abstraits plutôt que des épreuves photographiques d’individus vivants.
Tel est ce petit drame, un drame tout fait, et d’une simplicité si grande, que Shakespeare ne s’est pas contenté des personnages indiqués par Boccace. […] et comme l’une et l’autre elles se sacrifiaient, sans tant marchander, à l’odieux du personnage qu’elles représentent ! […] Par l’esclavage, ou, ce qui revient au même, par le vice, vous pouvez rattacher les personnages de la comédie grecque ou latine aux personnages de la comédie moderne. […] — Pourquoi donc, se sera dit notre nouvel auteur comique, pourquoi, s’il en est ainsi, avoir tant d’indulgence pour un si vilain personnage ? […] D’ailleurs c’est le personnage le plus rempli de lui-même.
Dans la position toute particulière où il se trouve depuis quelques mois, personnage politique important, ballotté par les conjectures diverses de l’opinion, jugé avec une sévérité équitable pour avoir déserté un admirable rôle en une circonstance récente, désigné pourtant encore comme ressource prochaine et dernière d’un système qui a usé tous ses hommes, comment M.
Lemercier, c’est de représenter le poète comique conduisant une intrigue réelle, faisant agir des personnages et les peignant à mesure qu’ils agissent.
Son talent principal a été de combiner ses Pieces de telle sorte, que la fable du Poëme, la disposition des Scenes, l’intérêt des personnages, l’appareil du Spectacle, se développent sans effort & sans aucune espece de confusion.
Les autres en voulant cacher les larcins qu’ils se font à eux-mêmes, reproduisent sur la scéne leurs personnages déguisez, mais non pas méconnoissables, et ils rendent ainsi leurs larcins encore plus odieux.
Quand je dis célébrer, je n’entends pas cette louange uniforme et banale qui tend à grandir et à exhausser un personnage au-delà du vrai ; la meilleure oraison funèbre, la seule digne des gens d’esprit qui en sont l’objet, est celle qui, sans rien surfaire, va dégager et indiquer en eux, au milieu de bien des qualités confuses, le trait distinctif et saillant de leur physionomie. […] Magnin tenait donc à honneur de rendre justice à un personnage d’autant de savoir et de finesse, à le louer sans le flatter, à le conquérir sans s’abaisser, et puisque l’occasion s’offrait naturellement, il voulait le forcer, envers lui, à une juste estime. […] Il nous fait apprécier comme la perle du genre des Enfants sans souci une petite farce, une parade à un seul personnage, très spirituelles et très amusantes, le franc Archer de Bagnolet ; on en ferait encore maintenant un joli lever de rideau du Palais-Royal.
Les étrangers sont admis aux séances de cette Académie, et cette fois il y avait autant de monde que la salle en pouvait tenir ; pas de femmes, mais des personnages d’élite, principalement politiques ; M. […] Mme de Staël déjà l’avait peint sous un déguisement, en coiffe et en jupon, dans le personnage de Mme de Vernon du roman de Delphine. […] M. de Lancy, que nous avons connu administrateur de la bibliothèque Sainte-Geneviève et qui avait autrefois rempli un poste assez important au ministère de l’intérieur, aimait à raconter des anecdotes qu’il savait d’original, notamment celle-ci : Un jour un des hauts personnages qui avait dû financer avec M. de Talleyrand, et qui tenait à savoir pourtant si son argent n’était pas resté en chemin, et s’il était bien arrivé à son adresse, exigea un signe, une marque qui l’en assurât.
George Farcy72 La Révolution de Juillet a mis en lumière peu d’hommes nouveaux, elle a dévoré peu d’hommes anciens ; elle a été si prompte, si spontanée, si confuse, si populaire, elle a été si exclusivement l’œuvre des masses, l’exploit de la jeunesse, qu’elle n’a guère donné aux personnages déjà connus le temps d’y assister et d’y coopérer, sinon vers les dernières heures, et qu’elle ne s’est pas donné à elle-même le temps de produire ses propres personnages. […] certes, il serait encore le même, loyal, solitaire, indépendant, ne jurant par aucun parti, s’engouant peu pour tel ou tel personnage ; au lieu de professer la philosophie chez M.
Au dix-septième siècle, le poète prête son âme à des personnages imaginaires, et ne découvre de son fonds que ce qui lui est commun avec tous les hommes. […] Les pièces en vers, pourvu qu’il n’y manque pas un poète, ont plus de chance de durée, parce qu’il y a là un travail supérieur qui élève l’écrivain au-dessus du temps présent, qui l’excite à chercher dans le rôle le caractère, dans le personnage le type, qui le préoccupe d’idéal, qui le met en commerce avec les maîtres de l’art et le fait penser à la gloire. […] Bref, Colomba vit, c’est un type, et comme le dit Balzac, dans une boutade de vanité, de ses propres personnages, « c’est un nouvel être ajouté à l’état civil. » La beauté poétique, par laquelle toutes les autres beautés de l’art ont leur lustre, donne un rang à part aux romans d’une femme célèbre, à qui, du consentement de tous, parmi les écrivains de ce temps, appartient la première place, Georges Sand.
Comment faire chanter des personnages tragiques, si ce n’est en vertu de cette convention. […] Chacun des acteurs parlera comme il doit parler ; les scènes se suivront franchement et se déduiront logiquement ; l’orchestre enveloppera la tragédie d’une atmosphère de sons appropriés, commentera les péripéties, fera comprendre les âmes et, par des mélodies typiques qui circuleront à travers toute l’œuvre, rappellera à la pensée de l’auditeur tel personnage, telle situation, telle émotion. […] Que penserait-on, si quelque dramaturge excentrique, au lieu de dérouler rigoureusement sa fiction en attribuant à ses héros le langage qui leur sied, rompait à tout instant sa trame en mettant des sonnets et des stances dans la bouche de ses personnages supposés agissants ?
— Mais, Madame, vous avez l’air de ce personnage de comédie qui dit toujours : « Je vais me coucher ! […] Et peut-être ira-t-on jusqu’à mettre dans le creux des personnages historiques, une petite manivelle à éloquence humaine, qui récitera leurs plus beaux mots : A moi d’Auvergne ! […] Il y avait aussi là, des meubles couverts de personnages chinois brodés en soie, qui m’amusaient infiniment.