Aussi n’est-il point classé dans l’Anthologie des poètes du xixe siècle (Alphonse Lemerre, éditeur), ayant cela de commun avec Catulle Mendès, Louis Ménard, Raoul Ponchon et plusieurs autres… Dans son si remarquable volume : Nos poètes, le regretté Jules Tellier, récemment, rendait un enthousiaste hommage au maître écrivain de la Nuit, lui assignait une place au premier rang parmi ceux qui auront eu la gloire de jeter un suprême et éblouissant éclat sur la fin de ce siècle grandiose.
Dans ce livre, bien petit cependant en présence d’objets si grands, il y a tous les contraires, le doute et le dogme, le jour et la nuit, le coin sombre et le point lumineux, comme dans tout ce que nous voyons, comme dans tout ce que nous pensons en ce siècle ; comme dans nos théories politiques, comme dans nos opinions religieuses, comme dans notre existence domestique ; comme dans l’histoire qu’on nous fait, comme dans la vie que nous nous faisons.
Fuyons dans la nuit infernale.
Est-ce la femme qui a eu le courage de rester seule, en pleine nuit, sous le cadavre du fauve, sans savoir si celui-ci était tout à fait mort ou bien encore si une autre panthère ne surviendrait pas ?
Je travaille toujours, en dînant, au théâtre ; la nuit, je me réveille pour travailler. La nuit dernière, je me suis levé à deux heures, je me suis mis dans ma chaise longue, devant mon feu, pour examiner les états de situation que m’avait remis, hier soir, le ministre de la Guerre. […] Il expira sans maladie et par accident, dans la nuit du 17 au 18 décembre 1835, à l’âge de près de quatre-vingt-deux ans.
Le même démon familier lui soufflait dans ses nuits d’insomnie : « Tout se flétrit, tout passe, ayons eu, au moins, dans cette fuite rapide, un moment de pleine vie. » Et ce moment, plus heureuse que d’autres, elle l’a consacré dans des vers qui nous sont arrivés tout brûlants après trois siècles, et que répétera l’avenir. […] Non, non, plutôt la Nuit, la Nuit sombre, éternelle !
Joins au tableau les rugissements des furieux, les accents pitoyables d’un amoureux, et les deux yeux fixes d’un nègre silencieux qui vous regarde comme un oiseau de nuit ; et tu ne te feras encore qu’une faible idée de ce que nous avons vu. […] Enfin, après une nuit passée, ils s’en débarrassent : « … Nous avons repris nos montures, et deux heures après nous étions dans Bethléem ! […] Les doigts recommençaient à lui démanger ; il n’aspirait « qu’à reprendre la veste grise et à se fixer devant son chevalet. » Il fallut encore patienter pendant l’hiver : « Vingt heures de nuit, quatre heures de jour, et d’un jour malade !
Injures et sévices contre le premier venu, insultes et algarades de nuit, prodigalités folles, emprunts par force à des marchands et banquiers auxquels il ne rendait jamais, à côté de cela une superstition crasse, — je passe sur toutes ces folies et extravagances, parmi lesquelles la plus grotesque, assurément, fut la façon dont il crut devoir s’y prendre pour réfuter les mauvais bruits qui couraient sur son inhabileté au mariage. […] Le dimanche soir, dans la nuit du 18 au 19 janvier, il se rendit avec quelques-uns de ses ministres et un petit nombre d’hommes de sa garde dans la chambre de don Carlos, qu’on trouva endormi. […] On y avait pourvu, pour cette nuit, en enrayant le ressort.
Cette nuit, dans le bois, une calèche errante, De sa double lanterne éveillant l’écureuil, A travers les rameaux revenait scintillante De Boulogne au bassin d’Auteuil. […] Car aux légers panneaux les écussons s’effacent, A l’heure où dans le bois va dormir l’écureuil, Et vous ne suivez pas les lanternes qui passent La nuit près le bassin d’Auteuil. […] Un peu de violence et de contrariété ne nuit pas à l’artiste, — je dis un peu et pas trop.
D’étape en étape, à travers la province de Salamanque, évitant les villes ou ne les traversant que de nuit, constamment entourés d’argus, sur des chevaux harassés, on perdait toute chance de secours ou d’évasion. […] Ils arrachèrent au général une dernière dépouille, sa giberne : il consentit à la livrer ; mais, montrant ses décorations : « Vous aurez ma vie, dit-il, avant que vos mains y aient touché. » Les prisonniers ne firent que traverser Séville pendant la nuit. […] À la nuit seulement, cette foule effrayante s’écoula vers Grenade.
Cette voix chante les beautés et les dangers de la nuit, l’ivresse virginale du matin, l’oraison mélancolique des soirs ; elle devient la douce prière de l’enfant au réveil, l’invocation en chœur des orphelins, le gémissement plaintif des souvenirs en automne, quand les feuilles jonchent la terre, et qu’au penchant de la vie soi-même, on suit coup sur coup les convois des morts. […] quelle succession de tableaux à chaque heure des jours et des nuits ! […] S’il était possible d’assigner aux vrais poëtes des heures naturelles d’inspiration et de chant, comme cela existe dans l’ordre de la création pour certains oiseaux harmonieux, nous dirions, sans trop de crainte de nous tromper, que Lamartine chante au matin, au réveil, à l’aurore (et réellement la plupart de ses pièces, celles même où il célèbre la nuit, sont écloses à ces premiers moments du jour ; il ébauche d’ordinaire en une matinée, il achève dans la matinée suivante).
Je pourrai dire un jour, lorsque la nuit douteuse Fera parler, les soirs, ma vieillesse conteuse, Comment ce haut destin de gloire et de terreur, Qui remuait le monde aux pas de l’Empereur, Dans son souffle orageux m’emportant sans défense, À tous les vents de l’air fit flotter mon enfance ; Car, lorsque l’aquilon bat ses flots palpitants, L’Océan convulsif tourmente en même temps Le navire à trois ponts qui tonne avec l’orage Et la feuille échappée aux arbres du rivage ! […] Soumet écrivait de Toulouse au jeune lauréat : « Vos dix-sept ans n’ont trouvé que des incrédules. » L’Ode sur la Statue de Henri IV avait été composée en une nuit. […] La nuit du 5 au 6 février, c’était le tour de Victor, Sa mère, qui tenait beaucoup (car elle y croait déjà) à la gloire future de son fils, regretta qu’il eût laissé passer un concours sans s’y essayer : les pièces, en effet, devaient être envoyées à Toulouse avant le 15, et il aurait fallu que Victor eût expédié la sienne dès le lendemain matin pour qu’elle pût arriver à temps.
Une Nuit de la Garde nationale, puis le Comte Ory, le Nouveau Pourceaugnac, annoncèrent qu’un homme d’esprit de plus était trouvé pour payer son écot dans les gaietés de chaque soir. […] Dans sa Nuit de la garde nationale, on a retenu ces couplets si roulants, si bien frappés : Je pars, Déjà de toutes parts La nuit sur nos remparts, etc., etc.
La voilà sortie au milieu de la nuit, allant à la découverte, interrogeant les rares passants, puis raccourant au logis pour faire lever sa femme de chambre, et se mettant en route à l’aventure. […] Un jour, une nuit de décembre, à Vienne, après quelques heures passées dans l’attente de je ne sais quel rendez-vous, il rentra chez lui avec la fièvre, et l’idée de la mort se présenta brusquement à lui. […] Mais vers le milieu de la nuit sa tête se prit ; il eut un accès de délire, durant lequel il proféra quelques mots sans suite, qui semblaient se rapporter aux propos de la veille : « Fermez la porte !
Je rentrais en silence dans ma cellule, Virieu ne rentrait que dans la nuit. […] Il poursuit : « Cependant la nuit approche ; le bruit commence à cesser au dehors, et le cœur palpite d’avance du plaisir qu’on s’est préparé. […] C’étaient ensuite mille autres questions sur l’état de mon cœur : elles me demandaient si j’avais vu une biche blanche dans mes songes, et si les arbres de la vallée secrète m’avaient conseillé d’aimer. » Cependant Atala apparaît pour la première fois à Chactas : « Une nuit que les Muscogulges avaient placé leur camp sur le bord d’une forêt, j’étais assis auprès du feu de la guerre avec le chasseur commis à ma garde.