C'est à ce noble zele qu'on doit tant de Dictionnaires, tant d'Abrégés, tant de Compilations informes, qui couvrent le Royaume d'un déluge de papier, & qui finiront par réduire les Sciences & les Arts à des notions imperceptibles, à force de les resserrer dans de petits articles.
Ce fut sans doute une noble amitié pleine de tendresse. […] La bourgeoisie de cette ville vivait familièrement avec les nobles qui gouvernaient au nom du Roi. Ces nobles étaient « de gentils seigneurs, magnifiques dans leurs dépenses et débonnaires au pauvre monde ». […] Lorsqu’on parle d’une noble indifférence envers la mort, on n’oublie jamais Socrate. […] Le langage de tragédie employé par Shakespeare est d’ordinaire solennel et noble jusqu’à l’emphase.
c’est un vrai, tendre et noble poète au moins, celui-là… » Puis, tristement, Catulle Mendès recherche les causes du manque de génie, de la pneumonie poétique, de l’asthme sentimental. […] Mallarmé, Mistral est le plus noble poète, le plus populaire, le plus « vrai » de notre époque ; ce qu’il fera, sûrement sera grand et beau, noble et bon. […] Si elle est noble, pure et forte — comme pour Lamartine et Vigny — le chef-d’œuvre est promis. […] Le vers parnassien a sa beauté très noble et presque toujours très pure. […] Entre plusieurs qui y excellent, M. de Régnier a supérieurement enseigne d’exemple (et bien que ses vers réguliers me semblent préférables) qu’on pouvait produire de nobles et charmants poèmes, aux gracieuses idées, aux images neuves, aux vers précieux, sans toujours les rimer.
La maniere noble & variée, dont elle exprime sa tendresse pour sa fille, n'empêche pas qu'on ne s'apperçoive de la répétition trop fréquente de ce sentiment ; mais elle la fait pardonner, & jamais les redites ne furent plus agréables & plus intéressantes.
Le meilleur Ouvrage de l'Abbé de Vertot est, sans contredit, l'Histoire des Révolutions Romaines ; le style en est noble, élégant ; la narration rapide, & pleine de chaleur ; les portraits en sont intéressans, quoique tracés, la plupart, d'imagination ; les réflexions, naturelles, mais peu profondes.
Sur un corps encore solide reposait une tête noble et belle. […] Septuagénaire, il conservait sa noble prestance et toute sa vivacité d’esprit. […] Il connaissait tous les sentiers de la noble sylve et tous les courants de l’onde fameuse. […] Ce noble souvenir faisait à Judith Gautier une introduction naturelle auprès de Richard Wagner. […] Démissionnaire en 1830, il avait épousé la comtesse Marie-Frédérique de Brachet, chanoinesse du chapitre noble de Neuville.
Pierre Quillard Le Songe de l’Amour : Ce sont ici des vers de l’amour, de plusieurs amours qui n’en sont qu’un, à cause du poète qui en ressentit la joie inquiète, réticente et farouche, se donnant et se reprenant avec une égale bonne foi et une égale fierté d’indépendance ; s’il a souffert, il n’a pas fait souffrir ; et, sans être dupe outre mesure du songe qu’il s’était créé, il a voulu en perpétuer l’illusion, parce qu’elle était noble, cruelle et douce.
L’un deux l’emporte par le talent, l’autre par l’instinct poétique ; chez celui-ci des images plus nouvelles, plus d’inattendu une plus riche variété de rythmes et de gestes ; chez celui-là un sens plus pur de l’attitude, une rigueur plus grande dans l’expression, un style plus noble et plus voisin de la perfection.
Quant à cette noblesse proprement dite, elle avait des privilèges sans doute, mais des privilèges très-limités ; la qualité de noble était avant tout un titre honorifique qui obligeait plus étroitement envers l’État. […] Raymond a conservé des détails touchants sur la pauvreté et la sérénité du noble exilé en cette crise extrême. […] Dans son long séjour en Russie, ce noble esprit, si vif, si continuellement aiguisé par le travail et l’étude, n’a presque jamais été averti, n’a presque jamais rencontré personne en conversation qui lui dît Holà ! […] Mais la face encore si incandescente de l’Europe et le sol qui tremblait sur bien des points n’étaient pas propres à donner du calme à ce noble esprit excité ; ses illuminations sombres ne faisaient que gagner en avançant : il avait de ces tristesses de Moïse et de tous les sublimes mortels qui ont trop vu. […] Mais coupons vite avec cette queue fâcheuse et parfaitement indigne d’un sujet si noble et si grand ; tenons-nous jusqu’au bout en présence de la haute, de l’intègre et vénérable figure.
La passion des livres, qui semble devoir être une des plus nobles, est une de celles qui touchent de plus près à la manie ; elle atteint toutes sortes de degrés, elle présente toutes les variétés de forme et se subdivise en mille singularités comme son objet même. […] Quoi qu’il en soit, l’honneur lui en reste ; il est le premier à qui la France dut cette sorte de publicité et de conquête, l’idée et l’exemple de l’accès facile vers ces nobles sources de l’esprit. […] Devenu l’un des domestiques, comme on disait, du cardinal de Bagni, adopté dans la famille, il se consacra tout entier à ses devoirs envers le noble patron, à l’agrément libéral et studieux de cette société romaine qui savait l’apprécier à sa valeur. […] Mais cette assez mauvaise prose poétique, cette flatterie plus que française, cette reconnaissance trop italienne, tous ces défauts du panégyrique composent, dans le cas présent, une très belle et très noble action, à savoir la défense et l’apologie, aux pieds du Saint-Siège, de la science et de la philosophie, hier encore persécutées240. […] Lui qui n’était pas philosophe ni protestant à demi, il jugeait qu’il y avait plus de place encore pour des opinions quelconques sous la noble pourpre flottante de ses patrons que sous l’habit noir serré du ministre ; mais c’était à condition toujours de n’en rien laisser passer242.
. — Tout ce qu’il y avait de plus noble dans sa nature paraissait en mouvement ; les flammes les plus pures de la jeunesse semblaient s’être ranimées toutes brillantes en lui, tant il y avait d’énergie dans l’accent de sa voix, dans le feu de ses yeux. […] Il ne la cherchait pas et ne flattait personne, mais le peuple l’aimait parce qu’il sentait que son cœur lui était dévoué. » Goethe parla alors des autres membres de la famille grand-ducale, disant que chez tous brillaient de nobles traits de caractère. […] En conséquence, il ne se demande pas si tel livre de la Bible peut jeter de la lumière dans l’esprit, s’il renferme de hautes leçons de moralité, s’il offre des exemples d’une noble existence : l’important pour lui, c’est dans les livres de Moïse l’histoire de la chute, qui rend nécessaire le Sauveur ; dans les prophètes, les allusions qui sont faites au Désiré ; dans les évangiles, le récit de son apparition sur cette terre, et de sa mort sur la croix, qui expie nos péchés. Vous voyez que, à ce point de vue et avec ces idées, on ne peut attacher d’importance ni au noble Tobie, ni à la Sagesse de Salomon, ni aux Proverbes de Sirach. […] Étendu sur le dos, il reposait comme un homme endormi ; la fermeté et une paix profonde se lisaient sur les traits pleins d’élévation de son noble visage.
Sa doctrine, c’est le renoncement complet à tout sentiment naturel, même à ceux qui passent pour nobles et généreux, aux affections terrestres, à la science, aux ambitions intellectuelles, bref, à tout ce qui ne sert pas au « salut ». […] Or, tandis qu’il offrait aux hommes assemblés des spectacles d’une volupté noble, mais pénétrante, toutes les religieuses et les saintes femmes de sa famille (il y en avait beaucoup), et le grand Arnauld, et le bon M. […] Public composé, non point de cent mille lecteurs quotidiens, mais de cinquante ou de cent personnes riches, nobles, distinguées, cultivées, oisives. […] Il est, dans sa vie, dans son caractère et dans son esprit, un des types les plus nobles — et les plus précoces — de cette espèce si étrangement mêlée. […] Or, ce railleur est tellement ingénu qu’il est un des trois ou quatre de nos contemporains qui ont fait des tragédies oui, des tragédies en cinq actes où tout est pris grandement au sérieux, où se déroulent des événements imposants, où des personnages royaux se débattent dans des situations douloureuses et terribles, où s’entre-choquent les passions les plus violentes et où s’énoncent en alexandrins les sentiments les plus nobles et les plus hauts dont l’humanité soit capable.
Non, ce n’était pas du Voltaire, parce que Voltaire était sincère, passionné, possédé jusqu’à son dernier soupir du désir de changer, d’améliorer, de perfectionner les choses autour de lui ; parce qu’il avait le prosélytisme du bon sens ; parce que, jusqu’à sa dernière heure, et tant que son intelligence fut présente, il repoussait avec horreur ce qui lui semblait faux et mensonger ; parce que, dans sa noble fièvre perpétuelle, il était de ceux qui ont droit de dire d’eux-mêmes : Est deus in nobis ; parce que, tant qu’un souffle de vie l’anima, il eut en lui ce que j’appelle le bon démon, l’indignation et l’ardeur. […] À quatre heures, la paix a été signée ; elle est très bonne, faite sur le pied de la plus grande égalité, et plutôt noble, quoique la France soit encore couverte d’étrangers. » Plutôt noble ! […] Dans ce prétendu pays démocratique, chacun tâchant de se faire passer pour noble et d’être un homme comme il faut, fait mine aussi d’être religieux.
X Les savants ont beau disserter, il suffit à un voyageur comme moi d’avoir vu, dans les steppes du Danube, le noble pasteur équestre hongrois, au front élevé, à l’œil rêveur, à la taille lapidaire, au maintien ferme et immobile comme la statue de bronze, enveloppé de sa pelisse noire de poil de mouton, appuyé sur sa houlette de coudrier armée au bout d’un fer de lance, soldat, chevalier, pasteur à la fois. Il suffit de l’avoir vu à pied dans les steppes, la bride de son cheval passée autour du bras, promener pendant des journées entières le regard de ses larges yeux bleus sur l’horizon des monts Crapacks tacheté de pins noirs et de neiges roses, pour reconnaître à la charpente haute et solide du corps, à la dimension du front, au vague pensif du regard, à l’ovale effilé de la tête, à la gravité des lèvres, à l’attitude à la fois virile et un peu inclinée par la féodalité des membres, la consanguinité évidente des Huns et des Francs-Comtois : Deux races nobles, deux filiations du Caucase, deux peuples à héros dans les ancêtres, deux civilisations disciplinées où la fierté et l’obéissance s’accordent sur un visage pastoral, guerrier et poétique. […] Les poètes populaires, qui sont en général les tailleurs d’habits ou les ménétriers de village, y remplissent leurs veillées de légendes orientales ou d’idylles siciliennes ; la religion, l’amour et la guerre, les trois passions nobles des châteaux et de la chaumière, en sont les sujets. […] il y a des sorts plus tristes qui font bien envier ces nobles trépas.
L’art d’écrire en vers s’est renouvelé ; la rime s’est enrichie, comme on le voulait au dix-septième siècle, par la richesse du sens ; la phrase poétique a repris son ancienne liberté ; le mot propre a été substitué à la périphrase, et le poète est allé le prendre hors de cette élite jalouse de mots auxquels un goût de cour, timide et circonspect comme l’étiquette, avait reconnu exclusivement la qualité de noble. […] Le poète parle en son nom de tout ce qui l’a touché, peines, plaisirs, espérances, regrets, impressions des grands événements et des beautés de la nature, amour, enthousiasme, tentations du doute, rêveries, désenchantements, tout ce qui a passé par l’âme de René, René, le type de la poésie personnelle, l’aîné de cette noble famille qui le continue, non par imitation, mais parce que sa mélancolie est l’état des âmes d’élite au dix-neuvième siècle. […] Le caractère philosophique de ces livres, la morale tirée des événements, la profondeur et la gravité des maximes ; des vues supérieures et des leçons éloquentes sur la part de chacun dans la bonne et la mauvaise fortune des sociétés ; plus de penchant pour le principe d’autorité que pour le principe de liberté, dans une conviction égale de la nécessité des deux choses pour la bonne conduite et pour la gloire des sociétés humaines : toutes ces qualités indiquent que les nobles habitudes de l’enseignement public ont passé par là. […] Il vit par toutes les vérités particulières qui le nourrissent et l’animent, et surtout par la candeur, par l’accent de sincérité d’un écrivain qui, entre autres nobles exemples, a donné celui d’avouer ses erreurs et de les effacer.