On le remarquera aussi plus tard, leur technique apporte comme le reflet de la forme et de la philosophie qu’ils ont choisies, et tous les caractères de leurs œuvres sont l’expression naturelle de leur personnalité. […] Les deux modes d’Espace et de Temps se pénètrent réciproquement il est vrai, puisque chacun d’eux est la mesure naturelle de l’autre, et les lignes précédentes ne peuvent être interprétées absolument ; car, à moins d’en revenir aux doctrines d’Élée, l’harmonie en soi et, pratiquement, l’harmonie d’une attitude même, ne sont concevables que comme un équilibre de mouvements, comme un accord unanime de directions compensées. […] Son naturel génie lui rendrait enfin le souvenir de lui-même, et il reconquerrait ce qui lui appartient ; mais cette réaction dépasserait probablement à son tour les limites de l’harmonie propre à cet art et le ballet présenterait, pour longtemps, un excès de gestes à l’exclusion de toutes attitudes. […] Griffin par sa couleur si l’on examine le résultat visible plutôt que ses causes naturelles.
Tout le reste, division de discours, preuves triomphantes & naturelles, érudition choisie, pensées neuves & sublimes, figures hardies, raisonnemens forts & suivis, pathétique admirable, diction élégante & correcte, lui sembloit étranger. […] S’ils ont mis dans leurs sermons plus de naturel & de simplicité qu’on n’en trouve dans les nôtres, c’est que, le siècle où ils vivoient étant moins difficile que celui-ci sur l’article des bienséances, ils ont eu moins de ménagemens à garder dans la peinture des vices mêmes qu’ils reprennent. […] Ils parlent l’un & l’autre purement & correctement ; mais autant l’Italien est plein d’onction, d’ame & de vie, autant l’Anglois est simple & naturel partout, dans ses divisions, dans ses preuves, dans ses réflexions, dans ses passages trop fréquens. […] L’impression que fait toujours cet orateur simple, naturel, insinuant, suffit pour faire préférer le sentiment à l’instruction, le pathétique au raisonnement, les réflexions de M. de Montcrif à toutes celles que lui oppose son adversaire.
Barbey d’Aurevilly a écrit une page étincelante pour démontrer l’infamie de la religion naturelle, par le fait qu’elle était la croyance de Robespierre. […] Il a voulu être naturel et vrai. […] Ces maîtres pensent, en général, d’une manière naturelle dans la forme du développement. […] Les grands artistes, les vrais inspirés sont toujours simples et naturels. […] Il avait cette richesse affective supérieure qui suppose l’ordre naturel des affections.
Livré à sa vocation naturelle, il apprit le dessin sous M. […] Le jeune homme fit donc des vers ; il les fit d’abord au hasard, un instinct naturel lui révélait la mélodie ; quelques études opiniâtres, bien incomplètes pourtant, telles qu’on peut se les figurer en ce lieu et en cette situation, lui permirent de s’enhardir un peu.
Son éloquence y est soutenue, mâle, abondante & naturelle ; elle dédaigne le faux brillant des antitheses, ces tours emphatiques qui ne prouvent que la sécheresse de l’imagination & la disette de l’esprit, ces details recherchés, ces portraits fantastiques, plus faits pour plaire que pour corriger ; elle s’abandonne à la chaleur qui l’enfante, & n’emprunte de l’art que ce qu’il faut pour l’embellir, ou plutôt elle embellit l’art même. […] Ils lui procurerent cette multitude de connoissances si propres à aider la fécondité naturelle de l’esprit.
Toujours cachant et choisissant, retranchant ou ajoutant, ils se trouvèrent peu à peu dans des formes qui n’étaient plus naturelles, mais qui étaient plus parfaites que la nature : les artistes appelèrent ces formes le beau idéal. […] Et, d’un autre côté, le poète chrétien, plus heureux qu’Homère, n’est point forcé de ternir sa peinture en y plaçant l’homme barbare ou l’homme naturel : le christianisme lui donne le parfait héros.
Observez ensuite le naturel des plaintes du Cyclope. […] La lettre A ayant été découverte la première, comme étant la première émission naturelle de la voix, les hommes, alors pasteurs, l’ont employée dans les mots qui composaient le simple dictionnaire de leur vie.
Ce jeune homme de dix-huit ans, élancé de taille, et dont la tête penchait volontiers comme légèrement lassée, blond, rougissant, se montrait d’une timidité extrême ; après une visite où il avait écouté longtemps, parlé peu, il vous écrivait des lettres pleines de naturel et d’abandon : plume en main, il triomphait de sa rougeur. […] Il voyait aussi plus que tout autre son excellent parent et son patron naturel, M. […] On a dit de cette spirituelle dissertation, devenue l’une des préfaces naturelles du pèlerinage dantesque, que c’était une histoire complète de l’infini tel qu’on se le figurait en ces âges crépusculaires : « Hélas ! […] Charles Labitte, qui était un esprit resté naturel parmi les jeunes (qualité des plus rares aujourd’hui), dans le livre utile où il apporte toutes sortes de preuves nouvelles en aide à la saine tradition, fait justice de ces travers en sens opposé. […] Non, dans l’ordre naturel, la Satyre Ménippée ne saurait venir (comme paraît le désirer M.
Diderot le pousse à bout jusque dans l’emphase larmoyante ou furibonde, par des exclamations, des apostrophes, des attendrissements, des violences, des indignations, des enthousiasmes, des tirades à grand orchestre, où la fougue de sa cervelle trouve une issue et un emploi En revanche, parmi tant d’écrivains supérieurs, il est le seul qui soit un véritable artiste, un créateur d’âmes, un esprit en qui les objets, les événements et les personnages naissent et s’organisent d’eux-mêmes, par leurs seules forces, en vertu de leurs affinités naturelles, involontairement, sans intervention étrangère, de façon à vivre pour eux-mêmes et par eux-mêmes, à l’abri des calculs et en dehors des combinaisons de l’auteur. […] Chez Diderot, ce fil est coupé ; il ne parle point par la bouche de ses personnages, ils ne sont pas pour lui des porte-voix ou des pantins comiques, mais des êtres indépendants et détachés, à qui leur action appartient, dont l’accent est personnel, ayant en propre leur tempérament, leurs passions, leurs idées, leur philosophie, leur style et leur âme parfois, comme le Neveu de Rameau, une âme si originale, si complexe, si complète, si vivante et si difforme, qu’elle devient dans l’histoire naturelle de l’homme un monstre incomparable et un document immortel. […] Il faisait voir l’aurore à des gens qui ne s’étaient jamais levés qu’à midi, le paysage à des yeux qui ne s’étaient encore arrêtés que sur des salons et des palais, le jardin naturel à des hommes qui ne s’étaient jamais promenés qu’entre des charmilles tondues et des plates-bandes rectilignes, la campagne, la solitude, la famille, le peuple, les plaisirs affectueux et simples à des citadins lassés par la sécheresse du monde, par l’excès et les complications du luxe, par la comédie uniforme que, sous cent bougies, ils jouaient tous les soirs chez eux ou chez autrui488. […] Dictionnaire philosophique, passim. — En vers, Les systèmes , La loi naturelle, […] Description du soleil levant dans Émile, de l’Élysée (un jardin naturel) dans la Nouvelle Héloïse.
Charlemagne, comme il était naturel, par son long règne, ses grandes guerres, son vaste génie, et la restauration prodigieuse de la puissance impériale, devint le héros favori et comme le centre de l’épopée. […] Roland essayant de briser son épée, battant sa coulpe, tendant son gant à Dieu son Seigneur, et rendant enfin son âme aux mains de saint Gabriel : toute cette partie est d’un pathétique naturel, élevé, sobre, vraiment puissant. […] Cependant, de chantées avec accompagnement de vielle, ou violon, les chansons d’abord furent récitées, puis lues à haute voix ; et, comme il était naturel, plus on s’éloignait du chant, plus la versification devenait compliquée et curieuse. […] De bonne heure s’était ébauchée l’organisation des cycles qui répond à un besoin naturel de l’esprit humain. […] Ainsi par une nécessité naturelle les grandes gestes tendaient à s’incorporer les petites, et les légendes provinciales à se fondre dans les nationales.
Il prétend le ramener à ses origines, lui rendre son sens primitif, le pousser dans sa voie naturelle ; il est plus chrétien que les chrétiens. […] Jean Reynaud n’est pas le seul qui se soit laissé emporter par ce raisonnement si étrange et par ces tendances si naturelles. […] Quoi de plus naturel dans une race sociable, parmi des gens oisifs, obligés d’être ensemble, de représenter et de s’observer ? […] Dans ses lettres, dans ses actions il y a cent traits de cette humanité, si rare alors, et qui chez lui était si naturelle. […] Il n’y a point de lois naturelles qui enchaînent les événements ; les événements ne sont enchaînés que par la loi morale.
Il me semble qu’il aurait tort et que sa première marche est plus naturelle. […] oui, il faut sentir ainsi : c’est si naturel ! […] Le sentiment qui les amenait était naturel et touchant, enfantin si l’on veut, c’est-à-dire doublement humain. […] Il reste donc qu’elle soit naturelle et que M. […] Les dieux, dans l’épopée, ont été à l’origine les personnifications des forces naturelles : M.
En revanche, les Mélanges du prince de Ligne, arrangés et publiés par Mme de Staël, « une vraie crème fouettée », obtiennent un succès fou ; ils ont jusqu’à trois et quatre éditions de suite dans la même année (1809) : « Et toute cette gloire, remarque Sismondi, a un peu consolé le vieux général des malheurs de sa patrie. » C’était l’année de Wagram en effet, et ce succès disproportionné qu’on faisait à un livre léger s’explique très-bien par la générosité française, j’aime à le croire, et aussi par ce goût d’opposition naturel de tout temps à certains salons. […] Nous en avons un aperçu par un mot de Mme de Souza : « J’aime beaucoup votre M. de Sismondi, écrivait-elle à Mme d’Albany (14 mai 1813) ; il est si naturel, si simple, au milieu de tant de connaissances et d’ouvrages qui ont demandé tant de travail et de lectures ! […] Les revers de la fin de 1813 et la chute du premier Empire produisirent sur Sismondi une impression que plusieurs de ses amis n’avaient pas prévue, et qui était cependant assez naturelle chez un homme en qui le cœur jouait le principal rôle. […] Son christianisme au reste, de la manière dont il l’entendait, ne cessa de germer en lui et de croître pendant les dix dernières années de sa vie ; il y mettait tout ce qu’on peut désirer d’un homme de bonne volonté ; il voudrait surtout croire à l’efficacité de la prière et la concilier avec l’universalité et la nécessité des lois naturelles ; il y a des moments où il lui semble saisir un trait de lumière sur cet obscur et mystérieux sujet. […] Les idées des Thierry, des Guizot, ont peu influé sur lui ; on trouve, à le lire, un goût particulier de naturel et de sincérité ; c’est une lecture judicieuse, copieuse et saine.
L’esprit militaire ne peut exister que lorsque l’état de la société est propre à le faire naître, c’est-à-dire lorsqu’il y a un très-grand nombre d’hommes que le besoin, l’inquiétude, l’absence de sécurité, l’espoir et la possibilité du succès, l’habitude de l’agitation, ont jetés hors de leur assiette naturelle. […] On conçoit donc sans peine que les poëtes de l’Allemagne qui ont voulu transporter sur la scène des époques de leur histoire, aient choisi de préférence celles où les individus existaient le plus par eux-mêmes, et se livraient avec le moins de réserve à leur caractère naturel. […] Les scènes se suivent sans que rien les enchaîne l’une à l’autre ; mais cette incohérence est naturelle ; c’est un tableau mouvant, où il n’y a ni passé, ni avenir. […] Aucune tournure poétique ne permettrait de transporter ce détail sur notre théâtre ; l’emphase des paroles ne ferait que gâter le naturel de la situation, et ce qui est touchant en allemand ne serait en français que ridicule. […] Ils ont dans le cœur une sensibilité naturelle et profonde qui se plaît à la peinture des sentiments vrais.
Il est certain que la belle, la naturelle poésie était encore possible au siècle des Ptolémées, puisque Théocrite de Sicile a traversé impunément leur cour et qu’il a écrit son éloquente idylle de la Magicienne. […] Tel il nous apparaît, dans sa prédiction d’Alexandra, dernier excès, et par là même, involontaire parodie de cette poésie sublime, de cette magnificence de langage, dont les chœurs des tragiques et les hymnes de Pindare avaient offert le modèle à la fois extraordinaire et naturel. […] Ils embrassèrent, avec la vue du ciel, des notions plus exactes de la terre ; ils appliquèrent même la poésie aux phénomènes célestes, à la géographie, aux sciences naturelles, à l’ait de guérir. […] Le vrai phénomène d’alors, c’était, dans une cour semi-asiatique et près d’un musée d’érudits, le naturel et la passion rendus à la poésie. […] De là se forma chez les Grecs cet âge tardif de la poésie naturelle, l’âge de Théocrite.