/ 2392
1380. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre cinquième. La Bible et Homère. — Chapitre III. Parallèle de la Bible et d’Homère. — Termes de comparaison. »

On a tant écrit sur la Bible, on l’a tant de fois commentée, que le seul moyen qui reste peut-être aujourd’hui d’en faire sentir les beautés, c’est de la rapprocher des poèmes d’Homère.

1381. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre quatrième. Éloquence. — Chapitre V. Que l’incrédulité est la principale cause de la décadence du goût et du génie. »

Il ne voit rien de noble dans la nature ; tout s’y opère par d’impurs moyens de corruption et de régénération.

1382. (1767) Salon de 1767 « De la manière » pp. 336-339

La différence de l’ iliade à un roman est celle de ce monde tel qu’il est à un monde tout semblable, mais où les êtres, et par conséquent tous les phénomènes physiques et moraux, seraient beaucoup plus grands ; moyen sûr d’exciter l’admiration d’un pygmée tel que moi.

1383. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre cinquième. Retour des mêmes révolutions lorsque les sociétés détruites se relèvent de leurs ruines — Chapitre II. Comment les nations parcourent de nouveau la carrière qu’elles ont fournie, conformément à la nature éternelle des fiefs. Que l’ancien droit politique des romains se renouvela dans le droit féodal. (Retour de l’âge héroïque.) » pp. 362-370

Après les remarques diverses que nous avons faites dans ce chapitre sur tant d’expressions élégantes de l’ancienne jurisprudence romaine, au moyen desquelles les feudistes corrigent la barbarie de la langue féodale, Oldendorp et tous les autres écrivains de son opinion doivent voir si le droit féodal est sorti, comme ils le disent, des étincelles de l’incendie dans lequel les barbares détruisirent le droit romain.

1384. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Les nièces de Mazarin et son dernier petit-neveu le duc de Nivernais. Les Nièces de Mazarin, études de mœurs et de caractères au xviie  siècle, par Amédée Renée, 2e éd. revue et augmentée de documents inédits. Paris, Firmin Didot, 1856. » pp. 376-411

Tout cela est d’un bon esprit qui sent sa portée et ses limites, d’un acteur politique qui connaît son terrain et ses moyens. […] Le duc de Nivernais passa quelques mois à voir tous les jours Frédéric et à l’entretenir sur les objets les plus intéressants, à étudier son caractère : car,, pensait-il avec raison, dans les monarchies mixtes et non purement absolues, là où l’organisation de certains conseils est régulière et où l’État se conduit par les vrais principes, on peut saisir les motifs déterminants de la conduite, par la combinaison des circonstances avec l’intérêt de l’État : ainsi, les puissances voisines d’une telle monarchie ont des moyens de direction solides pour traiter avec elle ; mais, dans les pays où le souverain n’a d’autre conseil que lui-même, où ses perceptions non comparées à d’autres perceptions sont la seule occasion et la seule règle des mouvements de l’État, le caractère du prince est le gouvernail de l’État : la politique, l’intérêt fondamental ne sont que ce que l’intuition du prince veut qu’ils soient ; et les puissances voisines d’une telle monarchie ne peuvent traiter avec elle que d’après la connaissance des mouvements intérieurs du monarque, qui seuls impriment le mouvement à toute la machine. […] Le temps est si précieux, que j’ai cru ne pouvoir pas me trop hâter dans ce travail ; mais la crise violente et l’excès de fermentation qu’il y a ici m’ont heureusement fourni des moyens de prompte instruction, qui, dans un temps plus tranquille, auraient demandé de plus longues recherches.

1385. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Que mon excellent et ancien ami et collègue d’autrefois durant mon court passage dans l’Université, que M. le ministre de l’instruction publique, si zélé pour le bien, si occupé en ce moment même, avec des ressources restreintes, de doter la science des instruments qui lui sont indispensables, que ce parfait et honnête représentant en haut lieu de la classe moyenne éclairée, me permette de le lui dire : Il a lui-même beaucoup pris sur lui en déclarant que la thèse « contient la négation du principe même de la morale et de l’autorité des lois pénales. » Telle n’est point, à mon sens, la conclusion obligée de cette thèse, quelque jugement qu’on en porte. […] — Je sais qu’on établit des distinctions entre doctrine et doctrine, et qu’il s’est élevé, depuis une quarantaine d’années, une sorte de philosophie dont j’ai déjà indiqué le caractère, philosophie à double fin, en quelque sorte bâtarde et amphibie, tantôt dénoncée elle-même par le clergé, tantôt, selon les circonstances, accueillie par lui comme alliée et auxiliaire, laquelle prétend établir un moyen terme entre le symbole religieux et la recherche rigoureusement philosophique et scientifique, avec ses résultats quels qu’ils puissent être. […] Et au même moment, dans une lettre adressée au plus compromettant, au plus brouillon des prélats de France, il trouve moyen d’insulter un de vos ministres il prétend vous imposer sa destitution : ce qui ne s’était jamais vu de mémoire de roi dans l’ancienne France, durant les siècles de la religion gallicane.

1386. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Les moyens les plus simples sont toujours les plus prompts et les plus sûrs. […] Et quelle bizarre idée de lui donner un gouvernement qui a de bien nombreux ennemis, en ôtant à ce pauvre bon roi qu’on lui fait prendre tous les moyens de se faire aimer, car les contributions et les troupes étrangères se confondent avec les Bourbons, quoiqu’ils en soient à beaucoup d’égards très affligés ! […] Sa taille moyenne n’était ni grande ni petite : la taille qui exclut la majesté, mais qui permet l’agrément ; ses cheveux étaient blonds, son front poli et divisé au milieu en deux zones légèrement arrondies, qui indiquent la facilité de l’intelligence ; ses joues d’un contour élastique, son nez un peu grossi et retroussé qu’on ne voit jamais en Italie, mais qui dans la jeunesse donne à la figure un mordant et un éveillé très propre à mordre et à éveiller le regard, sa bouche entr’ouverte et souriante, douce, fine, pleine de réticence sans malignité ; le plus beau de ses traits, c’étaient ses yeux, d’un bleu noir, larges, confiants, obéissants à sa pensée ; elle leur commandait.

1387. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Et le moyen, pour elles, de discerner l’amour vrai de l’amour cupide ? […] Quant à cette Caliste, si tendre d’ailleurs et si charmante par endroits, le moyen de ne pas la trouver un peu maniérée dans ses cantiques éternels à la pauvreté ! […] De même, le moyen d’admettre que de cette timide jeune fille qui n’a jamais quitté la jupe de sa tante, elle obtienne, par des procédés pareils, une lettre contenant l’aveu de son chaste amour.

1388. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Il a singulièrement assoupli le rythme ; il a inventé des procédés, autant de moyens ingénieux qui se mettront d’eux-mêmes au service d’une pensée savante, quand elle viendra, et qui en faciliteront l’expression. […] Ce que nous appelons le mal en dehors de nous n’est qu’un moyen fatal, la condition d’un ordre qui nous dépasse infiniment. […] C’est le devoir de la critique de faire l’examen de conscience du public, le nôtre et celui du poète, et de chercher les raisons de cette hésitation ou de cette froideur qui semblent injustes. — Il ne servirait de rien d’accuser le public, son incompétence, sa frivolité, son peu de goût pour les matières abstraites, son visible ennui « dès que le sujet traité cesse d’être aisément accessible aux esprits de moyenne culture ».

1389. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VIII : Hybridité »

En ce cas, il compare toujours le nombre maximum des graines produites par les deux espèces croisées et par leur postérité hybride, avec le nombre moyen produit par les deux espèces pures à l’état de nature. […] Cependant tous ces faits démontreraient que ni la stérilité ni la fécondité ne peuvent fournir le moyen de distinguer sûrement les espèces des variétés : les preuves qu’on en peut tirer s’effaçant graduellement et donnant lieu aux mêmes doutes que celles qui dérivent des autres différences de l’organisation. […] Ces différences, en l’un comme en l’autre cas, semblent jusqu’à un certain point en corrélation, comme du reste on pouvait s’y attendre, avec les affinités systématiques au moyen desquelles on a pris à tâche d’exprimer, autant que possible, toutes les ressemblances ou dissemblances qui peuvent servir à grouper les êtres organisés.

1390. (1870) La science et la conscience « Chapitre IV : La métaphysique »

On ne peut, selon le conseil de Bossuet à propos de la prescience divine et de la liberté, tenir fortement les deux bouts de la chaîne sans s’inquiéter du moyen de les réunir. […] Il faut donc en revenir au témoignage de la conscience comme au seul moyen possible de prouver la liberté. […] On voit donc ici les deux lois en action à la fois, et comment l’une se soumet à l’autre dans le rapport du moyen à la fin.

1391. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Soudain, voici que ce christianisme, dont il venait de se dégager, le reconquiert par des moyens nouveaux, voici qu’il en subit l’attirance au moment même ou il l’attaque dans ses fondements historiques. […] Stupides et mauvais par ‘nature, les hommes trouvent encore le moyen de se gâter par l’exercice de leurs divers métiers, qui les déforment. […] Pour la supprimer de la vie, le plus sûr moyen serait de la supprimer de la littérature, car c’est la littérature qui la propage. […] Il l’étudie en psychologue : son procédé ; et en moraliste : moyens qu’il indique pour la régler. […] Comme nous venons de le voir en commentant l’apologue du voyageur, la moyenne des hommes s’arrange de la vie telle qu’elle est !

1392. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Champfleury, — le coryphée jusqu’ici de ce petit groupe, — s’est levé un beau matin en rêvant aux moyens de devenir un personnage littéraire et de fonder une école, et il s’est dit : — Jusqu’à présent le but de toute littérature a été la reproduction du beau, du vrai, du comique, voire même du grotesque ; si j’inventais le trivial ! […] C’était le seul moyen d’attirer la foule. […] Le poète se fait le centre et le motif de son œuvre ; il en devient la cause et le but. — Société, humanité, univers, les sujets les plus vastes ne sont pour lui qu’un moyen d’étaler de plus haut son génie et son orgueil. […] Barbara, de maîtriser l’attention du lecteur, et de la pousser devant lui, surmenée, hors d’haleine, sous l’éperon de la surprise. — Ce qui vaut mieux encore, c’est que les coups de théâtre et les incidents forcés n’entraient pour rien dans ce résultat : il y arrivait par les moyens les plus simples. […] Comme d’autres en ont fait un moyen de propagande avancée, il y voit, lui, une forme de propagande conservatrice ; — et Dieu sait quelles inventions étriquées, racornies, miévrottes, lui suggère cette théorie de Procuste.

1393. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Fiorentino a pris un terme moyen entre l’exagération en sens opposé de ses deux confrères. […] Fiorentino en musique, ce n’est pas, comme on pourrait le croire, son ignorance d’un art sur lequel il s’est condamné à écrire en moyenne de quinze à vingt colonnes par semaine ; mais bien plutôt son manque de vocation. […] — Ne m’en parlez pas, dit-il avec un haussement d’épaules tout à fait miséricordieux, je me suis enfui ; il n’y avait pas moyen d’y tenir : le docteur est fou à lier ! […] Le moyen, dans de pareilles conditions, de rendre un journal attrayant ? […] Après avoir inutilement cherché un levier, — des souscripteurs, — n’ayant pas les moyens de vivre, elle eut l’esprit de savoir mourir.

1394. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Quelque classique et peu nouvelle que soit cette plaisanterie, le sûr moyen de se faire lapider eut été de la rappeler le jour où l’Académie fut tout à coup tirée de sa langueur accoutumée par la voix du rapporteur de son dictionnaire, appelant le mot fatal Romantique entre les mots Romarin et Romaniste. […] N’oublions pas que le public français est encore plus obstiné dans ses admirations que les auteurs dans leurs principes ; car les plus classiques renieraient demain Racine et Virgile si l’expérience leur prouvait une fois que c’est un moyen d’avoir du génie. […] Trouvez-vous inconvenant de mettre en scène les ridicules d’un patriote qui après tout parle en faveur d’une sage liberté, et cherche les moyens d’inoculer un peu de courage civil à des électeurs si braves l’épée à la main ? […] À la renaissance des lettres après la barbarie des neuvième et dixième siècles, Virgile était tellement supérieurs au poème de l’abbé Abbon sur le siège de Paris par les Nomades, que pour peu qu’en eût de sensibilité, il n’y avait pas moyen de n’être pas Classique, et de ne pas préférer Turnus à Hérivée. […] Au reste, chaque poète fera des expériences, à la suite desquelles il est possible que l’espace d’une année soit trouvé le terme moyen convenable.

/ 2392