Il faut que l’art et son but, qui est la beauté morale et sensible, soient la préoccupation première. […] je ne demande pas à Lord Macaulay, le protestant anglais, et qui veut être conséquent en avant comme en arrière aux principes de la Constitution de 1688, d’avoir sur la souveraineté les opinions de Joseph de Maistre, mais pourtant il y a autre chose de plus noble et de plus chrétien, et, si nous sortons de l’ordre sentimental pour entrer dans l’ordre rationnel, de plus mâle et de plus profond à invoquer contre un Roi, même coupable, que la loi du talion et l’utilité, qui composent, à peu près, toute la morale de Lord Macaulay sur cette question et sur toutes les autres. […] Et c’est le manque de grande et forte conception morale dans Macaulay qui, bien avant qu’il eût passé avec armes et bagages de la Littérature à l’Histoire, fait déjà le vice principal et radical de sa critique dans les quelques morceaux, admirables sous d’autres rapports, que nous avons de lui, et qui en aurait été, je le crains bien, le vice éternel, en supposant qu’il ne fût jamais devenu, lui, le transfuge de la littérature. […] en morale, il eût toujours, je m’imagine, été sans profondeur. Or, que peut devenir, sans la morale, l’esthétique des nations très civilisées et très intellectuelles ?
Mais ceci sort tout à fait de notre appréciation et de notre portée : ce qui y rentre davantage, c’est l’étude morale et sociale qu’il ne tarda pas à joindre à celle des procédés techniques et qu’il mena bientôt parallèlement avec le même zèle. […] Et c’est ainsi que la partie morale et sociale, menée de front avec l’étude scientifique et technique, prenait insensiblement le dessus dans son esprit. […] Les Ouvriers européens, Études sur les travaux, la vie domestique et la condition morale des populations ouvrières de l’Europe, précédées d'un exposé de la méthode d’observation , par VI. […] Les Ouvriers des Deux Mondes, Études sur les travaux, la vie domestique et la condition morale des populations ouvrières des diverses contrées et sur les rapports qui les unissent aux autres classes , publiées par la Société internationale des Études pratiques d’économie sociale.
Mais il y a en même temps chez Malebranche toute une psychologie et toute une morale qui conservent leur valeur, même si l’on ne se rallie pas à sa métaphysique. […] Lui aussi remit tout en question ; il voulut remodeler la société, la morale, l’éducation, la vie entière de l’homme sur des principes « naturels ». […] Et l’on pourrait ranger du même côté Édouard Le Roy, si l’œuvre de ce philosophe n’était animée, malgré certaines ressemblances extérieures, d’un esprit différent : sa critique de la science est liée à des vues personnelles, profondes, sur la réalité en général, sur la morale et la religion 31. […] Par sa morale, autant que par sa théorie de la nature et de l’homme, il a agi considérablement sur la pensée de son temps 36.
Lamotte, en essayant d’épurer la morale et la tragédie d’Œdipe, a rendu sa pièce ennuyeuse sans la rendre plus raisonnable : trop raisonner sur les arts, est le moyen de les affaiblir et de les dénaturer. […] Fleury fut enchanté de la morale, mais trouva quelque chose à reprendre à la poésie. […] Que les chefs des républiques ne s’assurent point sur la force physique ; elle ne résiste pas longtemps à la force morale. […] Mais l’intérêt, l’intérêt, voilà le grand mot : l’intérêt est en littérature ce que l’argent est en morale ; tout le monde veut en avoir à quelque prix que ce soit ; il excuse et couvre tous les vices. […] Voilà une morale bien relâchée pour un critique quelquefois si sévère : ne serait-ce pas par hasard l’auteur de Mélanide qui parlerait ainsi, et non pas l’auteur d’un bon Cours de littérature ?
L’esprit d’anarchie s’est répandu sur tous les genres : en matiere de goût, comme en matiere de raison, tout se réduit à l’arbitraire ; le plus grand nombre des Ouvrages d’agrément annoncent l’oubli des regles, l’amour des systêmes, le renversement des principes reçus ; les Ouvrages de morale ne sont le plus souvent que le fruit d’une imagination indépendante, qui assujettit à ses caprices les sentimens, les devoirs, les bienséances ; dans les Ouvrages de raisonnement, le sophisme triomphe, la Philosophie attaque les vérités les plus certaines, mine avec activité les fondemens de la Religion, des Mœurs, des Loix, rompt les nœuds de la Société, & obscurcit jusqu’aux notions les plus claires de la Nature. […] Les Journaux seuls peuvent offrir des ressources sûres pour retablir l’ordre & repousser les usurpations ; presque tous sont aujourd’hui dévoués aux corrupteurs du goût & de la morale : il n’y a guere que l’Année Littéraire & les Annonces & Affiches pour la Province, où l’on ose les combattre & les ridiculiser, encore même les Auteurs de ces Feuilles, aussi patriotiques que littéraires, sont-ils souvent exposes aux persécutions de l’amour-propre des Auteurs blessés de leurs censures, &c…..
« Quelle morale ! s’écrie Alceste, quelle morale ! […] Or Rousseau veut une pièce morale ou au moins moralisante ; il veut voir dans une pièce ou des vertueux, ou un vertueux, ou un professeur de morale. […] Cela ne regarde pas la morale générale. […] L’auteur avait voulu prouver que quand on n’a pas de religion, on n’a pas de morale, que quand on n’a pas de morale on n’a pas de patriotisme, que quand on n’a ni religion ni morale ni patriotisme on est capable de tous les crimes.
C’est pour faire entrer cette morale dans l’esprit du public qu’il a composé son théâtre, et c’est cette morale qui lui a valu la réputation d’être l’un des auteurs les plus immoraux de son temps. […] Mais l’œuvre de Molière ou celle de La Fontaine est-elle une œuvre morale ? […] Augier n’a aucun parti pris en morale. […] Toute la morale de M. […] Ce qu’on ne saurait plus en attendre, c’est une direction morale pour les âmes.
« Vous prétendez que le signe d’une action morale est le sacrifice ? […] L’esthétique de Nietzsche, comme sa métaphysique et sa morale, n’est qu’une série de négations. […] J’espérais que le comte Tolstoï allait enfin nous dire si c’est la morale du Christ qui prouve sa divinité ou si c’est sa divinité qui est la garantie de l’infaillibilité de sa morale. […] Il a défini, avec une admirable clarté, ce qu’il entendait par le mot de religion ; il a montré ensuite qu’une morale sans religion ne saurait être une vraie morale : mais nous continuons à ne pas savoir à qui, de la morale ou de la religion, revient le rôle principal dans la conduite de la vie. […] C’est une œuvre morale, religieuse si l’on veut ; et par là elle est si belle.
Ce qui fait la beauté particulière de ces images, c’est leur fécondité morale. […] En littérature comme en morale, il y a danger, autant que gloire, à être délicat. […] Naturellement l’une prêche la morale bourgeoise et l’autre la morale socialiste. […] Si vous êtes sage, vous aurez du nanan, telle est la base de cette morale. […] De cette triple impression résulte la morale des choses.
L’histoire morale de l’homme écrite par lui-même quand il se prend au sérieux, c’est la tragédie. […] C’est un cas de casuistique morale excessivement difficile et scabreux. […] Arréat, est enveloppée d’une conception morale, d’une doctrine de moraliste. […] Voilà la morale de Tartuffe. […] Avec Néron, qu’il connaît, il ne fait nullement un cours de morale.
Il ne s’agit donc, encore ici, que d’hérédité morale, aussi obscure pour le moins et, à coup sûr, plus modifiable que l’hérédité physique. […] À une époque d’inquiétude morale, et de frisson mystique ou néo-chrétien, et d’ibsénisme et de septentriomanie, M. […] Et elle est très morale. […] Une idée morale, toute simple, y est développée en une action ingénieuse. […] Ce héros modeste ressemble trop à un automate. — Enfin, à cette simplification morale de Denis Roger répond celle des membres de sa famille.
Henry Bérenger s’intéresse d’abord à sa portée morale. […] Il est d’autres questions qui le passionnent davantage, et l’honnêteté morale de M. […] Il nous montre les dangers sociaux qui peuvent advenir de l’extension d’une telle caste : appauvrissement de la race, corruption morale, accroissement de la criminalité. […] C’est un livre à la fois chaste et sensuel, un vaste poème en prose dont les versets et les épisodes, en dehors de leur beauté esthétique, possèdent une haute signification morale. […] Imprégnons-nous de cette morale !
Sainte-Beuve, une sorte d’homœopathie appliquée à la morale ; c’est l’âme humaine livrée aux empiriques. […] Le grand défaut, si j’ose le dire, d’une discipline exclusivement religieuse, c’est qu’une fois la morale établie sur cette base, si la base chancelle, si elle croule au souffle de l’incrédulité mondaine, la morale croule avec elle. […] C’est que nous ne connaissons qu’une règle, la règle religieuse ; qu’une morale, la morale religieuse. […] Il faut donc une morale pour les cœurs que la foi délaisse, pour les âmes que la religion ne saurait remplir ; il faut une morale pour combler l’abîme que les révolutions des empires, que les prédications des philosophes, que le scepticisme naturel à l’esprit humain, creusent sans cesse dans la conscience des hommes. Cette morale, nous l’avons tous au fond du cœur ; il faut savoir en démêler les principes, en formuler les préceptes, en exécuter les arrêts.
Le drame à thèse, tel que nous le trouverons au xviiie siècle et de nos jours, est évidemment le signe le plus caractéristique d’une crise morale ou sociale. […] Même en dehors de la critique, il serait utile de montrer ce que la morale des Miracles a de positif et de neuf. […] à être vu sous l’angle où je le présente ici, il ne perd rien de sa grandeur morale, de sa mâle beauté ; au contraire il y gagne en vérité humaine, et ses défauts même éveillent la sympathie, étant le conflit d’un génie épique avec une formule dramatique. […] La philosophie se ramène au pur déterminisme ; la morale relève de l’hygiène ; elle est scientifique. […] Les problèmes de ce genre abondent ; c’est que la réalité morale, intimement liée à toute la vie d’un peuple, et facteur essentiel de cette vie, échappe à l’analyse des documents.
L’amour, unique souci et culte unique, leur crée une morale à leur usage et une religion. […] Paul Bourget qualifie tel de ses romans d’être une planche d’anatomie morale. […] La science est en dehors de l’esthétique et de la morale ; mais esthétique et morale c’est toute la littérature. […] Et Taine témoigne à son tour de la parenté de l’art et de la morale. […] Cette renommée a été l’œuvre des représentants autorisés de l’art, du goût et de la morale.