Voilà le beau côté, le côté apparent et tout gracieux ; mais, à ne voir que celui-là, on prendrait peut-être du moral de la jeune princesse une idée trop flattée, ridée de quelque chose de trop accompli, et on ne sentirait pas assez non plus à quel point devait être grand en elle le charme, puisqu’il avait à triompher de certains défauts et de certaines ombres, dont il sera à propos de parler. […] Quant au fond moral, il est mince et médiocre, il faut l’avouer, ou plutôt il est absent. […] Pour tout le reste, il est impossible de voir dans ces pages autre chose qu’une charmante description physique, extérieure, mondaine, sans la moindre préoccupation des qualités intérieures et morales. […] Au moral c’était de même, et je me permettrai d’être ici moins circonspect que l’auteur de la Notice.
Réflexions morales sur la maladie du journal I Des réflexions morales sont des réflexions sur les mœurs, et le journal est une de nos mœurs.
Dans cette exquise Vie de Jésus, élégie et idylle mêlées, dont la grâce toujours enchantera les artistes, déjà nous avons cessé de trouver un contentement moral. […] Si mêlé qu’il fût à la vie parisienne, cet illustre maître n’avait plus grand’chose de commun avec les préoccupations morales actuelles.
Dans cet énorme monde moral et social, dans cet arbre humain aux racines et aux branches innombrables, ils détachent l’écorce visible, une superficie ; ils ne peuvent pénétrer ni saisir au-delà ; leurs mains ne sauraient contenir davantage. […] Il n’y en a presque aucun dans la Logique et dans le Traité des sensations de Condillac, dans l’Idéologie de Destutt de Tracy, dans les Rapports du physique et du moral de Cabanis380. […] Dans un livre qui est comme le testament philosophique du siècle382, Condorcet déclare que cette méthode est « le dernier pas de la philosophie, celui qui a mis en quelque sorte une barrière éternelle entre le genre humain et les vieilles erreurs de son enfance ». — « En l’appliquant à la morale, à la politique, à l’économie politique, on est parvenu à suivre dans les sciences morales une marche presque aussi sûre que dans les sciences naturelles. […] Nicole, Œuvres morales, second traité de la charité et de l’amour-propre, 142. […] Voir notamment son mémoire : De l’influence du climat sur les habitudes morales, si vague, si totalement dénué d’exemples, sauf une citation d’Hippocrate.
Veut-il peindre un docteur, il nous montre l’homme « qui a un long manteau de soie ou de drap de Hollande, une ceinture large et placée haut sur l’estomac, le soulier de maroquin, la calotte de même, d’un beau grain, un collet bien fait et bien empesé, les cheveux arrangés et le teint vermeil » : ce costume, c’est le « caractère » ; un peintre qui ferait un portrait n’exprimerait pas autrement le moral. […] En effet, comme il peint le moral par le physique, la description analytique fait place forcément à la vue synthétique des caractères : il recompose l’homme, et il le force à s’exprimer en vivant. […] Remontant, comme fait Platon, aux principes premiers et évidents, il ramène l’éloquence de la chaire à l’éloquence en général, et de là il passe aux beaux-arts, pour chercher son principe dans une théorie contestable et dangereuse : il pense que l’œuvre d’art doit avoir un but moral. […] C’est un roman pédagogique que Fénelon a composé pour donner au duc de Bourgogne un enseignement moral approprié à ses besoins, tout en lui faisant repasser la mythologie et l’histoire poétique de l’antiquité grecque. […] Un semblable esprit anime les Dialogues des morts : ces dialogues sont encore instructifs et moraux.
Quant aux vérités morales ou de devoir, lesquelles expriment ce qui doit se faire, il serait téméraire de dire que l’antiquité ait ignoré les principales. […] Outre donc ce qui manquait à l’ordre des vérités philosophiques transmises par l’antiquité au monde moderne, tout un ordre nouveau de vérités morales devait venir du christianisme par la voix de la Réforme, c’est-à-dire de la renaissance de l’antiquité chrétienne. […] De là, une science nouvelle de l’homme, qui devait découvrir et mettre en culture toutes ces terres inconnues de l’antiquité païenne, quoique peut-être soupçonnées de ses sages agrandir notre nature ou plutôt lui restituer sa grandeur, en un mot, compléter l’ordre des vérités philosophiques, et fonder tout un ordre nouveau de vérités morales. […] Quoique Calvin pût laisser voir, dès ce temps-là, par quelques marques, la dureté qu’on devait lui reprocher un jour, les éloges que firent tous ses maîtres successivement, de son assiduité au travail et de sa docilité, ne permettent pas de douter que Wolmar ne l’entendit d’une certaine souplesse d’esprit, qui ne regarde pas le moral. […] Voir le recueil des Mémoires de l’Académie des sciences morales et politiques.
De là, des questions positives qui se mêlent aux questions morales et qui intéressent la condition future de l’homme de lettres et sa véritable indépendance. […] Croit-on par hasard que les masses achèteront de préférence les livres les plus moraux et les plus instructifs ? C’est supposer faite l’œuvre qu’il s’agit de faire : c’est croire les masses morales et instruites. […] Vous vous rappelez le grand et malheureux Jean-Jacques, copiant le matin de la musique, et se faisant le soir l’apôtre du sentiment moral, l’énergique tribun du spiritualisme ? […] Hegel a mis cette loi du monde moral dans tout son… développement ; je n’ose dire dans tout son jour.
Mais j’ai hâte d’aller au cœur du parti dont il fallait pourtant que je fisse comprendre les raisons, les conciles, le clergé ; mon objet propre est de chercher comment les doctrines de l’internationalisme et du pacifisme furent elles-mêmes, pour certains combattants, un ressort de guerre, un ravitaillement moral. […] Schiller, le cœur tout vibrant, prend le pas, s’associe au rythme de ses frères d’armes, mais ses principes, loin qu’il les abandonne à la porte de son dépôt, lui fournissent son ravitaillement moral. […] Il y a du renoncement moral dans ce respect du métier, dans ce désir de bien faire. […] Mais que de beautés morales ! […] Voudrons-nous nous imposer les efforts nécessaires pour conserver et accroître les trésors spirituels et moraux amassés pendant des siècles, éviter toute surprise et marcher avec sécurité vers nos hautes destinées ?
Voilà le type du jeune Français moderne quand il est réellement moral et bien doué ; jugez un peu de ce qu’il doit être quand il est immoral et sans esprit. […] Cette esthétique, excellente et vraie dans quelques-unes de ses parties, fait cependant une part beaucoup trop large aux sensations, et ne tient pas assez compte des forces morales. […] Son esprit judicieux et moral s’est défendu sans grand combat, je le crois, contre ces séductions, mais non cependant sans quelques protestations. […] Ces Scènes et Proverbes sont moins des comédies que des thèses morales. […] Le second point, c’est que le sujet est aussi moral qu’il était dangereux, et c’est même dans cet intérêt moral que se rencontre la nouveauté du roman.
L’on peut trouver dans ces passions honteuses la trace des affections morales dégénérées en impulsions physiques. Il y a dans les libertins, dans ceux qui s’enivrent, dans les joueurs, dans les avares, les deux espèces de mouvement qui font les ambitieux en tout genre, le besoin d’émotion et la personnalité : mais dans les passions morales, on ne peut être ému que par les sentiments de l’âme, et ce qu’on a d’égoïsme n’est satisfait que par le rapport des autres avec soi, tandis que le seul avantage de ces passions physiques c’est l’agitation qui suspend le sentiment et la pensée ; elles donnent une sorte de personnalité matérielle, qui part de soi pour revenir à soi, et fait triompher ce qu’il y a d’animal dans l’homme sur le reste de sa nature.
On y voit clairement de quelles façons la philosophie du divin Çakia-Mouni peut modifier et enrichir les divers sentiments d’un homme de nos jours : sentiment de la nature, amour de la femme, sentiment moral. […] Le bouddhisme, qui nous incline au plus suave nihilisme, mène aussi au stoïcisme moral.
On devait se plaire à la peinture d’amours dégagés d’un érotisme grossier, accueillir même l’exagération des plaisirs attachés à des communications purement intellectuelles et morales. […] Rien n’est bon, rien n’est innocent, rien n’est sans danger dans l’ennemi vaincu ; ni ses doctrines, ni ses habitudes morales, ni ses plaisirs intellectuels.
En vain, excusait-on tout par ce principe émis dans une préface de Thérèse Raquin : « Je ne sais si mon roman est moral ou immoral ; j’avoue que je ne me suis jamais inquiété de le rendre plus ou moins chaste. Ce que je sais, c’est que je n’ai jamais songé à y mettre les saletés qu’y découvrent les gens moraux ; c’est que j’en ai décrit chaque scène, même les plus fiévreuses, avec la seule curiosité du savant. » On ne demandait pas mieux que de croire, et même quelques jeunes avaient, par le besoin d’exaspérer le bourgeois, exagéré la curiosité du savant.
. — Le sens moral en Angleterre. […] Ce n’est pas l’esprit de société qui l’a faite, c’est le sens moral, et la raison en est que l’homme là-bas est autre que chez nous. […] Vous ne remuerez les hommes de cette race que par des réflexions morales et des émotions religieuses. […] C’est le sens moral qui de la conscience publique le fait passer dans le monde littéraire, et de populaire le rend officiel. […] Les sciences morales se dégagent en ce moment de la théologie.
Nous avions bâti pour notre repos un édifice moral, et, forts de la sagesse du passé, nous somnolions sous ces vieilles voûtes. […] Mais les problèmes moraux, toutes les passions humaines furent tour à tour soulevés et déchaînés. […] Or, un tel empire moral, s’il a illustré la race, plus que la gloire des armes, n’a pas manqué de peser lourdement sur la pensée française. […] Les accidents physiologiques déterminent notre maintien moral. […] Aussi, les anciennes religions le savaient-elles, elles qui étaient plus proches de la nature et dont les rites n’avaient point été corrompus par les morales artificielles.