Il nous donne l’histoire véritable de notre ame, nous montre combien il est faux qu’elle soit créée avec le germe de toutes ses idées, & nous confirme le sentiment de Locke, qui ne rapporte qu’à nos sens l’origine de toutes nos connoissances. […] Frénuse y montre d’abord les exagérations dans lesquelles donnent souvent les écrivains, plus par envie de se distinguer, que par celle d’éclairer leurs compatriotes. […] Dans les universités, on montre sans doute la langue & l’éloquence Latine. […] Rien ne montre mieux la différence réelle du jansénisme au thomisme, que la réflexion mal-adroite de Pascal.
On releva, dans quelques sectateurs d’Hyppocrate & de Galien, la présomption & la fatuité : dans d’autres, une vaine montre d’érudition Grecque & Latine, & la négligence de leur art : dans ceux-ci, une ambition secrette & désordonnée, leur souplesse & leurs intrigues, pour obtenir des postes à la cour, & des survivances lucratives, leur adresse à composer leur air, leurs manières & leur visage ; à se donner de la gravité, pour mieux s’en faire accroire & captiver les suffrages ; à parvenir à la célébrité sans aucun mérite : dans ceux-là, l’esprit de dissipation & de frivolité, les airs de petit maître & le persiflage, une affectation à répéter mes gens, mes chevaux, mon carosse : dans les uns, des manières insinuantes & ce ton doucereux, si propres à les rendre les maîtres des maisons qu’ils fréquentent : dans les autres, cet air dur & tranchant qui annonce un mépris décidé pour la vie de leurs semblables, & l’indifférence avec laquelle ils feroient l’épitaphe du genre humain : dans quelques-uns, leurs manœuvres criminelles, leurs ordonnances inutiles ou nuisibles, leurs intelligences avec les distributeurs des remèdes & des drogues, pour partager le profit des mémoires exorbitans : enfin, dans plusieurs, cet esprit d’envie & de noirceur, qui leur rend odieux tout mérite de telle nation, de telle province, de telle faculté, & les porte à des éclats dont la honte rejaillit sur leurs confrères, & décrédite la médecine. […] Ils opposèrent enfin à son prétendu droit exclusif d’enseigner, & qu’elle tient des papes la volonté de nos rois, seuls arbîtres des sciences, & qui ont permis à différens collèges, hors de l’université, d’enseigner celles qu’on montre dans l’université même. […] Il montre que la plus grande marque d’attachement que Bernardo pût donner à ce prince, étoit de lui parler comme il sit. […] Son Apologie des grands hommes accusés de magie, montre combien il étoit ennemi des préjugés.
. — La princesse de Conti s’y montre sous sa première forme, avant sa conversion ; elle n’y paraît pas sans quelques défauts.
Un endroit des Contradictions montre bien à quel point la pensée de Mlle de Meulan allait d’elle seule et se formait en toutes choses ses propres jugements.
Or, c’est sous l’empire de cette philosophie de montre, trop docilement acceptée de l’Université, que semble avoir été conçu et motivé l’arrêté ministériel.
« Comme le voyageur qui, le soir, fixant encore ses regards sur les derniers rayons du soleil, voit flotter son image dans un bosquet obscur, puis auprès d’un rocher, et, de quelque côté qu’il se tourne ensuite, croit toujours la voir courir devant lui et se reproduire en couleurs étincelantes, ainsi la suave image de la jeune fille se montre aux yeux d’Herman et paraît suivre le sentier qui s’en va à travers les champs de blé… Mais, ce n’est pas une illusion, c’est elle-même !
On peint d’ordinaire les folles, comme si la folie s’arrangeait avec les convenances et donnait seulement le droit de ne pas finir les phrases commencées, et de briser à propos le fil des idées ; mais cela n’est pas ainsi : le véritable désordre de l’esprit se montre presque toujours sous des formes étrangères à la cause même de la folie, et la gaieté des malheureux est bien plus déchirante que leur douleur.
De là les fortes parties des Tragiques : cette sorte de psaume où le croyant appelle son Dieu, et crie vers lui pour qu’il se montre et se venge ; ces chants de triomphe en l’honneur des martyrs qui ont vaincu l’iniquité, les tourments et la mort ; ces scènes d’épopée lyrique qui placent d’Aubigné entre Dante et Milton, celle où la Justice et la Paix portent leurs plaintes à Dieu, celle surtout qu’a dictée à la fin le désespoir de l’irrémédiable défaite, quand, à la trompette de l’Ange, les morts s’éveillent, les éléments de la nature viennent témoigner de l’infâme abus qui a tourné entre les mains des hommes les excellentes oeuvres de Dieu en instruments d’injustice ; et Dieu, appelant les élus, qui ont souffert pour lui, aux délices éternelles, envoie les maudits aux gouffres ténébreux d’où il ne sort Que l’éternelle soif de l’impossible mort.
Plus l’individu qui voit la vérité se met lui-même dans l’ombre, plus nous voyons la vérité qu’il nous montre.
Mais si l’on entend par caractère un naturel toujours le même, qui marque toutes les actions d’un homme, une habitude de l’âme ancienne et profonde, indépendante des circonstances extérieures de condition, de temps et de lieu, j’attends encore qu’on m’en montre un exemple dans le théâtre espagnol.
Fontenelle montre beaucoup d’admiration pour le grand Corneille, son oncle ; je doute qu’il l’admire autant qu’il le dit.
C’est un état où le cœur ne peut être ému en son fond, et, quoique le monde lui montre ses beautés, ses honneurs, ses richesses, c’est tout de même comme s’il les offrait à un mort, qui demeure sans mouvement et sans désirs, insensible à tout ce qui se présente… Le mort peut bien être agité au dehors et recevoir quelque mouvement dans son corps ; mais cette agitation est extérieure ; elle ne procède pas du dedans, qui est sans vie, sans vigueur et sans force.
Et le poète s’apitoie sur cette population qui ne peut se consoler de la vie qu’en s’abrutissant de gin ; il montre l’amour dégénérant en bestialité sauvage dans ces centres putrides ; il supplie les habitants de climats plus doux, les joyeux enfants de l’Italie, de ne pas changer leur heureuse pauvreté pour cette existence infernale, où, dans le bruit des métiers, des rouets, des bobines, Le fer use le fer et l’homme use les hommes.
L’orchestre nous les montre s’agitant dans des enivrements douloureux, sur la dunette de leur navire comme des chats sur une gouttière.
Pour que la campagne nous parle, nous tente à la reproduire, il faut qu’elle se montre à nous sous de grands aspects, avec d’originales beautés, qu’elle soit dramatisée par un orage, par un coucher ou un lever de soleil.