Nous n’ignorons pas que les Admirateurs de Rabelais ont prétendu excuser le défaut de plan, de méthode, de suite, de raison, qui choque dans tout son Livre, en croyant trouver dans ses peintures une censure allégorique des mœurs, des usages & des ridicules de son temps ; qu’ils ont vanté avec complaisance certains traits ingénieux qui y pétillent par intervalle ; qu’il n’est pas même jusqu’à son verbiage qui ne leur paroisse mystérieux, & tendre à des allusions, dont leur sagacité regrette de ne pouvoir expliquer l’objet.
« Les monarques de l’Iran et du Touran lui envoyaient des oiseaux très rares. » Et le chroniqueur royal ajoute que « Sa Majesté, en croisant les races, méthode qu’on n’avait encore jamais pratiquée jusque-là, les améliora étonnamment. » Vers cette même époque, les Hollandais se montraient aussi passionnés pour les Pigeons que les anciens Romains. L’importance de ces considérations, pour rendre compte de la somme énorme de variations que les Pigeons ont subie, apparaîtra avec évidence quand nous traiterons de la méthode de sélection. […] Si la méthode de sélection consistait seulement à séparer quelque variété bien distincte pour la faire se reproduire, le principe serait d’une telle évidence qu’il ne vaudrait pas la peine de le discuter ; mais son importance consiste surtout dans le grand effet produit par l’accumulation dans une direction déterminée, et pendant un grand nombre de générations successives, de différences absolument inappréciables pour des yeux non exercés, différences que j’ai moi-même tenté en vain d’apercevoir. […] — On pourrait objecter que le principe de sélection n’est devenu une méthode pratique que depuis trois quarts de siècle à peine. […] Néanmoins, nous pouvons admettre que ce procédé, continué durant des siècles, modifierait quelque race que ce fût, et en l’améliorant, de la même manière que Bakewell, Collins et tant d’autres, par la même méthode poursuivie systématiquement, modifient considérablement, dans la seule durée de leur vie, les formes et les qualités de leur bétail.
La singulière maladresse consiste à voir pris un expédient de sagesse et de prudence pratique pour une méthode philosophique. […] Cette méthode, pour nous en occuper d’abord, c’était l’esprit même de Ballanche. […] De cette méthode poétique, voyons quelle philosophie de l’histoire est sortie. […] Les livres comme le William Shakespeare, de Victor Hugo, sont le dernier terme de cette déplorable méthode. […] Même en se plaçant au point de vue déiste, cette méthode est bien arbitraire.
Faguet aille invoquant à grand bruit la raison, la science ou l’infaillibilité de sa méthode. […] Pour s’en rendre compte, il faut renvoyer à ses impressions d’Espagne et d’Italie, surtout à « Un amateur d’âmes » où la méthode est appliquée dans sa perfection. […] Méthode toute positive. […] Telle était la méthode de Rousseau, si l’on peut nommer cela une méthode et elle était neuve, en ce sens que de longs siècles de culture avaient au contraire plié l’homme à l’empire de la raison. […] Le résultat des opérations de ce cœur prodige lui parut si parfait, qu’il se confessa l’heureux inventeur de la première des méthodes.
De temps en temps il s’égaye et s’enivre classiquement, selon la méthode usitée au Caveau, ou bien découpe les sentiments lyriques en couplets, à la manière de Béranger et de Désaugiers ; il réussit presque aussi bien qu’eux l’ode à compartiments.
Cet Ecrivain n’a d’autre mérite que celui de la méthode, de la simplicité, de l’exactitude, & de la clarté ; mais M. de Voltaire, en bon Juge du style historique, n’auroit-il pas dû préférer ces qualités au brillant, à l’enthousiasme, à l’esprit de systême, qui forment précisément les mauvais Historiens ?
Pour le faire avec succès, sa méthode est d’en rapprocher les principes, & de mettre cet Ecrivain en contradiction avec lui-même.
On aurait peine à se figurer le désordre et la confusion où était l’enseignement de la jeunesse en 1800 : toutes les méthodes faciles, toutes les fantaisies philosophiques et philanthropiques s’étaient donné carrière sous le Directoire ; il s’agissait de remettre la règle et un peu de sévérité dans cette licence et cette bigarrure. […] Indépendamment de ces difficultés du fond et de la méthode, il y avait aussi celles du personnel. […] Les premières années de la jeunesse de Louis XIV lui causaient un peu de chagrin : on revenait à la méthode de François Ier, aux maîtresses brillantes.
Faut-il rappeler que la philosophie du temps s’occupe surtout de l’âme, abstrait de la complexe réalité la pensée pure, se fie en aveugle à la puissance du raisonnement, use de la méthode mathématique ? […] Seulement autre chose est la méthode qui convient à la recherche des faits, autre chose la méthode qui doit présider à leur exposition.
Ce n’est pas de la politique que je viens faire ; je ne veux qu’appliquer à quelques sujets nouveaux la même méthode d’analyse dont j’use à l’égard des auteurs et des personnages littéraires. […] J’ai dit que M. de Broglie est un des esprits les plus originaux de ce temps-ci ; il l’est surtout dans la forme, dans la méthode et dans les moyens de démonstration qu’il emploie ; même quand il pense la même chose que tout le monde, quand il arrive aux mêmes conclusions, il y arrive ou s’y confirme par ses raisons à lui ; il a en tout ses raisons, vraies peut-être, subtiles quelquefois, ingénieuses toujours, et qui ne sont jamais du vulgaire : son aristocratie, s’il fallait en rechercher quelque trace en lui, se retrouverait par ce coin-là. […] Esprit méthodique, son improvisation elle-même porte ce cachet de méthode et n’a rien du laisser-aller ni de l’abandon.
Pendant deux années, il visita successivement presque toutes les parties des États-Unis, appliquant sa méthode d’étude et de voyages, commençant par le climat et par les circonstances physiques pour base fixe, et n’arrivant qu’ensuite aux lois, aux habitants et aux mœurs. […] Je parlerai peu de ses derniers travaux, consacrés presque uniquement à l’ancienne chronologie, et à une méthode de simplification pour l’étude des langues orientales. […] Il ne cessa également, jusqu’à la fin de sa vie, de s’occuper d’une méthode qui avait pour objet d’écrire toutes les langues orientales au moyen d’un même alphabet, de l’alphabet européen.
. — Ce n’est pas tout : il faut surtout une bonne méthode et une saine critique expérimentale. […] Depuis Galien jusqu’à nos jours cette méthode a été mise en pratique pour déterminer l’usage des organes. Cuvier a préféré à cette méthode les déductions de l’anatomie comparée3. […] La méthode qui doit diriger la physiologie est la même que celle des sciences physiques ; c’est la méthode qui appartient à toutes les sciences expérimentales ; elle est encore aujourd’hui ce qu’elle était au temps de Galilée. […] Elle aussi, elle a sa liberté d’action, ses problèmes particuliers et ses méthodes spéciales pour les résoudre.
La civilisation a mis dans la gloire un peu de méthode, provisoirement. […] C’est une très bonne idée de brouter des roses, c’est une méthode de délivrance. […] On a classifié les actes sous quelques clefs ; c’est une méthode. […] Il vaut mieux essayer d’une autre méthode. […] C’est de l’empirisme ; sans doute, mais pour qui ne croit pas à la vérité, l’empirisme est la seule méthode.
Cela même est la méthode de Maupassant, qui ne nous montre jamais que des résultats. […] C’était un résultat direct de l’avènement de l’esprit historique et des méthodes positives. […] Il n’a pas perfectionné les méthodes de découverte. […] Qu’il les discute bravement sans craindre ni l’aridité des sujets, ni la hardiesse des méthodes ! […] Mais la méthode qu’ils suivent est déplorable.
On me répondrait encore que l’homme étant doué d’une grande puissance d’imitation, et ayant de plus une certaine paresse qui le porte à adopter les méthodes existantes, pour se dispenser d’en créer de nouvelles, il a dû en résulter naturellement que lorsqu’une langue a été une fois inventée, il a pu se contenter des formes qu’il a trouvées, et qu’alors toutes les langues se sont moulées les unes sur les autres. […] D’ailleurs, quand les langues ne seraient considérées que comme une méthode, n’est-ce rien qu’une méthode plus parfaite ? […] pourquoi ne donnerions-nous pas en même temps, par cette langue, des ailes à l’imagination et au sentiment, des méthodes sévères à la raison, des guides infaillibles à l’intelligence ?