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768. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

Note J’ai peu à ajouter à ces articles au point de vue littéraire, et toute la gamme des sentiments du critique, depuis l’enthousiasme premier jusqu’au temps d’arrêt et à la résistance finale, vient d’être, ce me semble, parcourue et comme épuisée. […] « C’est parce qu’il sentait qu’il avait en lui de quoi suffire à cette situation (au moins dans un grand moment) et de quoi y vibrer dans le tonnerre, que Lamartine a tout fait pour amener cette situation et pour la créer. — Le talent qui veut sortir est comme un fleuve qui creuse jusqu’à ce qu’il se soit fait un lit, fut-ce un lit de torrent. » « — Ce qui me frappe dans ces événements si étonnants, c’est, à travers tout, un caractère d’imitation, — et d’imitation littéraire. […] « Lamartine a bien mérité de la patrie à un moment décisif, et la critique littéraire ou celle du moraliste n’a plus guère rien à faire avec lui : l’acclamation publique la ferait taire.

769. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre IV. La langue française au xviie  »

Un dernier caractère de la langue des précieux est à remarquer : ils parlent comme les livres, en belles phrases littéraires. […] Si l’on parcourt la liste des quarante membres298 qui composèrent la Compagnie à l’origine, on verra aisément que tous ne sont pas des écrivains, et que la primitive Académie est peut-être moins une institution destinée à honorer le mérite littéraire qu’une sélection de gens d’esprit, amateurs de bonne langue et de bons ouvrages. […] Cependant cette compagnie qui n’était pas exclusivement littéraire, l’était plus que n’importe quel salon, et ainsi dans l’élaboration du vocabulaire, elle donna aux écrivains plus d’autorité que le monde ne leur en donnait jusque-là.

770. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XV. Les jeunes maîtres du roman : Paul Hervieu, Alfred Capus, Jules Renard » pp. 181-195

Hervieu (Revue des Deux-Mondes, premiers-Paris applaudisseurs, thèmes de conversation aux cinq-à-sept), si L’Armature est un roman mal réussi, je voudrais vous faire sentir que cette défaillance littéraire est encore tout à l’honneur de l’écrivain. […] On ferait à la rigueur une honorable conférence sur Scarron, en racontant sa vie et en soulignant les renseignements que sa manière et sa matière nous donnent sur le mouvement littéraire et sur la société de son temps. […] C’est un sujet frais, c’est-à-dire un mode neuf de situation vraie et connue, avec son expression littéraire conforme, inédite.

771. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre II. Filles à soldats »

Une belle ordonnance synthétique grandirait singulièrement la valeur littéraire du volume. La valeur littéraire du volume est médiocre : non seulement nous n’avons pas un livre, mais encore, parmi les nombreux personnages inventés, aucun ne montre la solidité organique d’un caractère. […] Heureusement les auteurs, vite fatigués, ne soutiennent ce grand effort littéraire qu’aux trois ou quatre premières pages.

772. (1889) La critique scientifique. Revue philosophique pp. 83-89

« L’esthopsychologie, nous dit-il (p. 21), n’a pas pour but de fixer le mérite des œuvres d’art et des moyens généraux par lesquels elles sont produites ; c’est la tâche de l’esthétique pure et de la critique littéraire. […] Elle implique la critique littéraire ; mais celle-ci n’y est pas définie expressément, et la question vise surtout l’étude psychologique du poète. Un critique littéraire estimerait l’émotion « esthétique » ; le psychologue dégagera les émotions « ordinaires » de conservation, de sympathie, qui se trahissent dans l’œuvre.

773. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Tallemant des Réaux »

Édité une fois par un très savant homme, Monmerqué, jugé par la critique avec la bienveillance enfantine que nous avons pour tout ce qui nous amuse dans ce joyeux pays de France, le livre de Tallemant avait obtenu plus qu’il ne méritait de la Fortune littéraire. […] Techener n’a pas le sens intime de la valeur littéraire des livres qu’il édite. […] C’est un écrivain élégant, pur et coloré, qui, par parenthèse, nous a donné la meilleure traduction qu’il y ait de lord Byron dans notre langue, et qui, si nous en jugeons par sa manière d’écrire, a le sens très développé des choses littéraires.

774. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Mathilde de Toscane »

Mais il y avait plus beau, et je parle à un homme littéraire ; oui ! […] Le seul défaut du livre de Renée, comme expression littéraire, tient à un fond de choses que nous croyons en lui expirant. […] Et lui, Renée, lui qui a le goût et le sens, ces deux grands avertissements critiques, ces deux consciences de ce qui fait la force et la beauté littéraires, a-t-il donc pu oublier que, pour écrire l’histoire de Grégoire VII, presque autant que pour la penser, il faut avoir en soi cet absolu que Grégoire avait dans le génie, dans le caractère, dans la foi, et que ceux qui ne l’ont pas dans la pensée ne peuvent s’empêcher d’admirer ?

775. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIII. Pascal »

Pascal14 [Le Pays, 5 juin 1860] I Les Pensées de Pascal et l’Étude littéraire de M.  […] Le Pascal profond n’est pas plus dans son initiative scientifique que dans l’originalité de sa langue littéraire. […] Les Pensées de Pascal, précédées d’une Étude littéraire, par M. 

776. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « La Fontaine »

C’est moins fièrement littéraire, mais c’est plus laquais… Le Diderot des Garnier en était à son douzième volume, et l’Introduction et l’Essai sur la philosophie du xviiie  siècle ne devait paraître que quand l’ouvrage tout entier serait terminé. […] C’est la seule popularité qui ne soit ni une bêtise ni un mensonge, car les grands talents littéraires ne sont pas populaires, et dont le génie puisse être fier, parce qu’elle est en équation avec sa propre étendue. […] Seulement, lui, c’est le Gaulois par excellence, et comme il est, de tous les écrivains, celui qui a le mieux exprimé poétiquement le génie de cette race que l’Histoire a symbolisée sous le nom de Jacques Bonhomme, on lui a taillé, de reconnaissance, son titre littéraire dans ce nom.

777. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Amédée Pommier »

I Je voudrais pouvoir tenir droite et ferme la plume avec laquelle je vais écrire et faire simplement ici de la critique littéraire sur les œuvres et le talent d’un homme le plus digne d’inspirer la Critique et de s’en faire respecter. […] On le voyait encore aux soirées de ce démocrate aux airs de roi, qui eut sa cour, et qui, s’il crut à l’égalité civile et politique, ne crut pas, du moins, plus que nous, à l’égalité littéraire ! […] C’est, sans nul doute, de vivre entre elles deux, qui lui avait donné cette tranquillité d’âme avec laquelle il avait accepté une destinée littéraire que les hommes de son temps auraient dû lui faire plus brillante.

778. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Jean Richepin »

— Je disais récemment que l’on n’en publiait pas et que le néant littéraire s’affirmait… Mais en voici un, cependant, et dans lequel l’imagination et l’observation sont bien pour quelque chose. […] Dans sa Madame André, il relève, sous des formes littéraires à lui, de Chamfort, de Stendhal et de Mérimée, ces yeux qui n’ont jamais pleuré, ces bouches qui n’ont jamais ri ! […] On peut s’arrêter en le buvant… Il n’exerce pas sur nous la tyrannie littéraire du génie, qui est toujours un despote, lui !

779. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Madame Sand et Paul de Musset » pp. 63-77

seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit, de sa plume titubante de femme littéraire : « L’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même ! […] Les critiques qui veulent aller passer huit jours à Nohant peuvent la traiter de tête d’homme, de penseur, de génie qui n’a pas de sexe, etc. ; mais, pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, madame Sand n’est qu’une femme littéraire, ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire.

780. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Deux romans scandaleux » pp. 239-251

Deux lignes plus bas que celles dans lesquelles Thérèse se donne et qu’il ne faut pas se lasser de citer : « J’ai été coupable envers toi, et n’ayant pas eu la prudence égoïste de te fuir, il vaut mieux que je sois coupable envers moi-même », oui, seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit de sa plume titubante de femme littéraire, « l’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même ! […] Les Critiques qui veulent aller passer huit jours à Nohant, peuvent la traiter de têtu d’homme, de penseur, de génie qui n’a pas de sexe, etc. ; mais pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, Mme Sand n’est qu’une femme littéraire ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire.

781. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Ernest Feydeau »

Le roman-feuilleton est, en effet, la forme la plus énervante et la plus traîtresse des formes littéraires, parce qu’elle en est la plus facile et la plus débordée. […] Mais j’entends par romans-feuilletons tous les livres composés, ou plutôt décomposés, en vue de l’intérêt de chaque jour et de son succès, et je dis que cette forme littéraire abaissée pourrait, au fond, très bien s’appeler la forme « Rigolboche » en littérature ! […] Je le crois de l’école des Impassibles en littérature, mais je connais les despotismes de cette forme littéraire qu’on appelle le roman-feuilleton.

782. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Académie française — Réception de M. Biot » pp. 306-310

Dans ce qu’il a dit de ses longs et patients travaux pour la mesure d’un arc du méridien, il a insisté sur les diversions littéraires que s’accordait le savant, et sur l’attention tout humaine qu’il ne cessait d’apporter à travers ses mesures et ses calculs, aux mœurs des populations parmi lesquelles il vivait. […] Biot, il n’a jamais oublié d’y joindre le côté social, orné, ce soin de culture littéraire, qui faisait de lui depuis si longtemps un membre désigné de l’Académie française.

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