Mlle de Guérin (3e partie) I Et son frère mourut, en effet, quelques semaines après ces lignes, au Cayla, le vendredi 19 juillet 1839. […] « Plus rien mis hier après ces lignes.
Voici les grandes lignes de ce portrait. […] Démesuré en tout, mais encore plus étrange, non seulement Napoléon Bonaparte est hors ligne, mais il est hors cadre.
Il y a quatre ou cinq grandes lignes pour diviser les époques ; il y a une dizaine de grands noms qui se dressent isolément comme des poteaux indicateurs ; tout le reste est un grouillement confus, monotone, bien que l’auteur essaie d’entasser ses couleurs ; c’est toujours du vert et du rouge, du rouge et du vert, et on finit par ne plus voir ni le rouge ni le vert. […] Ainsi ce charme infini qu’on éprouve à retrouver un écrivain, un homme sous les lignes d’un livre, Flaubert prétend ne pas l’avoir, et de fait, d’un ouvrage comme l’Éducation sentimentale on ne sait quel est l’auteur ; on devine un être ennuyeux, voilà tout.
C’est qu’elle a été vraiment aux mains d’un homme, et que la griffe du maître a porté. » Témoin encore ces lignes qu’il écrivit dans une correspondance au Ménestrel : « Dès les premières notes de l’introduction, vous sentez qu’un monde harmonique nouveau vient de s’ouvrir ; vous êtes surpris, quelque chose se révolte en vous, et ce n’est pas sans effroi que vous consentez à suivre le compositeur. […] Il veut que la musique, la poésie, la mimique et les costumes de l’acteur, les décors, tout, jusqu’aux moindres détails, s’harmonise avec un accord parfait, s’unisse fraternellement et ne forme qu’un. » Rien n’est à reprendre dans ces lignes.
Ce tribut payé à la douleur conjugale, elle se souvient du commandant, à qui elle vient de donner des droits en acceptant la démission qu’il lui offrait tout à l’heure ; et vite elle lui écrit de partir « pour respecter son veuvage. » Si Louis Guérin ne lit pas entre les lignes de ce billet doux le conseil de se faire tuer au Mexique ou d’y mourir de fièvre jaune, c’est qu’il a la vue basse, comme tous les amants. […] Il y a au moins deux pièces dans Maître Guérin, et ces pièces ne suivent pas une ligne parallèle ; quand l’une a fini, l’autre commence ; les personnages se relayent.
Gavarni nous disait encore que physiquement, du derrière de la tête aux talons, chez Balzac, il y avait une ligne droite avec un seul ressaut aux mollets ; quant au-devant du romancier, c’était le profil d’un véritable as de pique. […] * * * — Je copie ces quelques lignes dans de vieilles notes d’Edmond : « Quand je commençai à être un jeune homme, je me rappelle qu’allant au printemps dans la campagne, j’avais une impression langoureusement triste de cette terre à la pauvre petite verdure, de ces arbres maigrelets, de toute cette puberté souffrante de la nature, et je me surprenais des larmes dans les yeux, gonflé de désirs, les glandes des seins douloureuses, l’âme, pour ainsi dire, pleine de bourgeons.
Car la suite des sociétés ne saurait être figurée par une ligne géométrique ; elle ressemble plutôt à un arbre dont les rameaux se dirigent dans des sens divergents. […] « Malheur, écrit un éloquent historien des religions, malheur au savant qui aborde les choses de Dieu sans avoir au fond de sa conscience, dans l’arrière-couche indestructible de son être, là où dort l’âme des ancêtres, un sanctuaire inconnu d’où s’élève par instants un parfum d’encens, une ligne de psaume, un cri douloureux ou triomphal qu’enfant il a jeté vers le ciel à la suite de ses frères et qui le remet en communion soudaine avec les prophètes d’autrefois25 !
parce qu’ils considèrent l’humanité elle-même directement et non pas parce détour et par ce faux-fuyant qui consistent à la représenter sous des figures d’animaux ; ils sont, en quelque sorte, ramenés à une certaine ligne normale, non pas sans doute, encore une fois, à une ligne de moralité, mais cependant d’études sérieuses, sensées, et jusqu’à un certain point assez hautes.
L’histoire de la tribune, dans les pays qui l’ont, c’est l’histoire générale, synthétique et d’ensemble, que le lettré Villemain, qui n’était que lettré, n’avait pas l’esprit assez mâle et assez décidé pour écrire, autrement qu’en la rapetissant entre les lignes de la sienne. Car toute rapetissée, toute tassée, toute étouffée qu’elle y soit, on la sent à travers ces lignes qui la diminuent pour qu’elle y tienne.
Or, si elles en avaient le caractère et l’importance, elles n’eussent point, soyez-en sûr, passé si vite et si aisément sous des pointes si rapprochées, et il aurait fallu plus de quelques lignes (la moyenne que M. […] Les troubles, les impuissances, les folies, les crimes des villes italiennes pendant tout le Moyen Âge, de ces rivales les unes des autres, des factions qui se dévorèrent elles-mêmes quand elles n’eurent plus d’ennemis à dévorer, constituent un état de choses si profondément anormal et exceptionnel dans les annales du genre humain, qu’il est impénétrable à une intelligence simplement politique, et qu’il faut entrer plus avant que dans l’histoire pour l’expliquer… Malgré le sang et le fer qui brillent ; malgré le poison, le génie du mal en toutes choses, une richesse d’horreurs, d’abominations et de scélératesses comme on n’en vit chez aucun peuple, toutes ces villes, bourgades et campagnes d’Italie, ne méritent guère, après tout, que quelques lignes d’histoire, et encore le plus souvent c’est trop !
Nisard, terminé ainsi qu’il a été conçu et sans que l’auteur ait jamais dévié de sa ligne principale, peut être considéré, d’après le point de vue didactique et moral qui y domine, comme une protestation contre le goût du temps, il en est à la fois un témoignage, et il en porte plus d’un signe par la nouveauté du détail, par la curiosité des idées et de l’expression : ce dont je le loue.
Je n’ai pas assez comparé les deux pays pour être juge ; mais ici le monde catholico-légitimiste qui avait pourtant connu Chateaubriand aussi bien que moi, et qui, dans le particulier, ne s’exprimait pas autrement sur son compte, parut se scandaliser et s’insurgea sur toute la ligne.
Pour achever le contraste, tandis que les génies poétiques de ce temps trahissent, presque tous, en leurs vers une allure plus ou moins aristocratique, soit par culte de l’art, soit par prédilection du passé féodal, soit par mystérieuse chasteté d’idéal dans les sentiments du cœur, Béranger est le seul poëte qui, indépendamment même du choix des sujets, ait gardé la rondeur bourgeoise, l’accent familier, la tournure d’idées ouverte et plébéienne ; par où encore il semble descendre en droite ligne de cette forte lignée à tempérament républicain, qu’on suit, sans hésiter, dans les trois derniers siècles, et de laquelle étaient Étienne de La Boëtie, les auteurs de la Ménippèe, Gassendi, Guy Patin, Alceste un peu je le crois, et beaucoup d’autres.
Dans ces pages, écrites il y a plus d’un an, on retrouve à chaque ligne l’événement sanglant d’hier.
Fléchier a repris exactement l’œuvre de prose de Balzac, un peu du côté de l’hôtel Rambouillet, et sans entrer dans le mouvement de Boileau ; il a rendu ce service dans sa propre ligne, directement, ayant reçu la tradition et la culture par ce coin un peu précieux du monde ; sorti de là, et sur les pas de Montausier, il s’est bientôt associé et assorti avec gravité à la décoration auguste du grand règne.