Il faut bien savoir admirer tout ce qui peut développer dans l’homme des sentiments élevés, tout ce qui peut lui fournir l’occasion de beaux sacrifices ; mais il faut être juste aussi : et il n’est pas moins vrai que cette gloire, acquise en dernier lieu, au prix de tant de sang, n’a servi qu’aux vastes triomphes d’un aventurier.
Nous avons pour eux je ne sais quel faible dans le cœur, mais c’est un faible, et, pour être juste, nous devons reconnaître que la Peinture, cette sœur jalouse et ivre d’être tant aimée, étouffe un peu sa sœur, la Poésie, en l’embrassant.
Ils sont coupables de cécité. « Ils ont cru qu’ils n’avaient qu’à jouir de la centralisation qui s’était formée sous leurs prédécesseurs, et non à en généraliser l’action, afin de la rendre de plus en plus juste et féconde. » Dès que le Premier Consul paraît, au contraire, la centralisation sort tout organisée de son gouvernement.
Seulement, si cette force était plus grande encore, la main du poète, qui attaque parfois l’expression avec une si remarquable énergie, frapperait toujours juste et ne tournerait pas.
Il a du talent, ou, pour parler plus juste, il en aura, quand il n’imitera plus personne et qu’il se contentera d’être lui.
La prédiction était juste, bien que, pour une grande part, démentie par l’événement.
Ce grand art de la parole improvisée est devenu, pour nos voisins, un juste sujet d’envie et d’étonnement. […] Molière est plus juste pour Don Juan ; il le connaît trop bien pour nous le montrer occupé jusqu’à la fin de ces billevesées. […] quand après tant et tant données, tant et tant de siècles, de révolutions, de religions, de croyances, l’humanité se retrouve si loin, si loin de ces idées justes, saines, consolantes, sociales, honnêtes ? […] Et quand on songe que lui seul, Molière, parmi tous les artistes du monde français, se trouve entouré de ces souvenirs perpétuels, on se prend à se demander si la postérité a été juste, quand elle n’a accordé qu’à celui-là, cette louange éternelle ? […] C’est-à-dire que Don Juan, qui n’est pas un docteur, qui ne dispute avec personne, parce que le faux et le vrai, le juste et l’injuste, tout lui est égal, laisse parler Sganarelle avec ce dédain mêlé d’indifférence qui a inspiré à M. de Lamennais un si beau livre.
Rendons-leur encore ce juste hommage qu’ils n’ont pas craint, en donnant leurs conclusions, de déconcerter le plus grand nombre de leurs admirateurs. […] Telles et telles lois sont en apparence les plus raisonnables, les plus justes, et puis, à les appliquer, il se trouve que l’on a déchaîné un mouvement de barbarie. […] Il est juste de dire que les Allemands ont revendiqué de tout temps toutes les primautés. […] Qu’est-ce au juste que ce sens du diagnostic, pour lequel les cours, les livres, le laboratoire sont de précieux adjuvants, mais ne sont que des adjuvants ? […] Le plus juste éloge que l’on puisse faire de cette armée par laquelle la France a vaincu, les témoignages s’accordent là-dessus, c’est que la troupe a été digne de ses chefs, qui ont été dignes de leur troupe.
C’est très juste ; la première, et la seconde génération des symbolistes, (celle de (Vielé-Griffin), furent animées du même et louable sentiment, d’un bel esprit de justice. […] L’idée de Baju, idée juste au premier chef, était d’être éclectique dans un exclusivisme donné ; nous fûmes trop exclusifs et le Décadent retourna aux Décadents, ce qui était fort juste, et puis il mourut, car rien n’est éternel. […] On leur en adressa de justes reproches, et puis l’on en sourit. […] Quelques fonds que lui prêtèrent les siens lui fournirent juste de quoi s’installer. […] C’est au fabliau aussi qu’il emprunte l’acrimonie réciproque des deux époux, et leurs justes, réciproques aussi, griefs.
Elle complique son héroïsme d’une violence dont il est juste qu’elle réponde, violence d’occasion et d’expédient, contraire aux principes, et dont elle est fatalement punie. […] « Le livre que le lecteur a sous les yeux en ce moment, c’est d’un bout à l’autre, dans son ensemble et dans ses détails, quelles que soient les intermittences, les exceptions ou les défaillances, la marche du mal au bien, de l’injuste au juste, du faux au vrai, de la nuit au jour, de l’appétit à la conscience, de la pourriture à la vie, de la bestialité au devoir, de l’enfer au ciel, du néant à Dieu. […] Ce n’est ni vous, ni moi, ni Victor Hugo lui-même ; car, il faut être juste, il est presque partout, dans ce livre, spiritualiste comme le génie, cette transcendance de l’esprit.
Ses cheveux étaient d’un blond cendré : elle était très mignonne, très timide et très blanche ; une voix nette, juste et flûtée, mais qui n’osait se développer. […] Elle vit des avances où je n’avais vu que des amitiés ; elle jugea que Mme Lard, se faisant un point d’honneur de me laisser moins sot qu’elle ne m’avait trouvé, parviendrait de manière ou d’autre à se faire entendre ; et outre qu’il n’était pas juste qu’une autre femme se chargeât de l’instruction de son élève, elle avait des motifs plus dignes d’elle pour me garantir des pièges auxquels mon âge et mon état m’exposaient. […] Ma douleur ne me permit de voir dans cet ordre juste, mais sévère, qu’une barbarie aussi atroce qu’inutile ; et quoique j’aie honte aujourd’hui du sentiment qui m’animait alors, je ne puis encore y penser de sang-froid.
Examinons juste ce qu’il mérite ; prenons ses pièces, et voyons qui juge mieux de Hugo ou de Voltaire. […] Quant au réel, nous y insistons, Shakespeare en déborde ; partout la chair vive ; Shakespeare a l’émotion, l’instinct, le cri vrai, l’accent juste, toute la multitude humaine avec sa rumeur. […] D’ailleurs, j’aime trop le commentateur de Molière pour être juste ; je suis surtout ami !
Tout ce qu’une érudition ingénieuse et patiente, excitée par la juste curiosité qui s’attache aux origines d’une grande langue, en a exhumé dans ces derniers temps, a confirmé, pour cette période de notre histoire, le choix qu’a fait la France entre tant d’écrivains, de ceux auxquels elle déclare s’être reconnue. […] De là cette franchise de langage, ce cours naturel de son style, selon l’expression si juste de M. […] L’arrêt est juste, s’il s’agit des qualités qui font les livres durables.
Oui, oui, soyons justes, il y a du mal, mais il y a du bien dans la vie, et l’on peut dire de l’existence ce que j’ai dit moi-même de notre patrie il y a peu d’années : La France a de beaux moments et de vilaines années. — Ni à sa patrie, ni à Dieu, ni aux hommes, il ne faut nier les beaux moments ! […] XVIII En effet, l’homme, ce misérable trompé par la vie, effaré par la mort, demande à ses religions au moins un Dieu, un seul Dieu, un Dieu évident, juste, bon, sauveur, paternel, pour réfugier ses pensées et ses douleurs dans une miséricorde sans fond ; et voilà que ses religions elles-mêmes au lieu d’un lui en ont fabriqué mille, et qu’elles lui multiplient les angoisses du doute jusque dans le remède même du doute, la foi ! […] Qui est-ce qui n’a pas expérimenté qu’au retour d’un voyage de long cours, ou même d’une simple promenade au grand air et sous le ciel, on ne rapportait pas à sa demeure les idées qu’on en avait emportées, mais qu’on sentait en soi-même un certain renouvellement de pensée et de cœur qui faisait voir les choses sous un aspect plus étendu et par conséquent plus juste et plus vrai ?
La tentative phrénologique de Gall et de son école eut ceci de scientifique qu’elle avait pour but de substituer à une juste, mais vague affirmation des rapports entre l’homme physique et l’homme moral, une classification des organes cérébraux exactement correspondants aux facultés, aux capacités, aux instincts, aux appétits de l’âme humaine, de manière que cette classification pût servir de base à une véritable théorie des faits psychologiques. […] Où réside au juste l’organe de l’instinct ? […] On savait que certaines de ces fonctions ont besoin d’organes ; on ne savait pas au juste que toutes en eussent besoin, la pensée et la volonté comme la sensibilité et la motilité.