» et à la fin, impatientée, jetait : « Ah ! […] Un cocher ivre, que nous prenons à Auteuil, nous jette, bride abattue, dans la roue d’un camion, quai de Passy, et le choc est tel que Edmond, jeté dans la glace devant lui, la casse avec sa figure. […] Gautier fils me jette dans un profond, soupir : « Voilà encore mon père lancé ! […] Elle s’est jetée à ses pieds, a imploré son pardon, cette gueuse-là ! […] » Et comme une voix lui jette : « Vous vous exposez à ne pas l’être ici !
Indigné contre lui-même de cette faiblesse, il coupa ses paupières, et les jeta loin de lui, comme des morceaux de basse et de vile chair, l’empêchant d’atteindre à la perfection surhumaine à laquelle il aspirait. […] Et là, il ajoute avec un éclair de l’œil féroce, comme opposition à cette lente et pénible trouvaille d’un dessin et d’une légende, la joie, certains jours, de jeter son venin en un quart d’heure. […] » Quant à Dumas père, il a jeté le livre par terre, en disant : « Si c’est bon cela, tout ce que nous écrivons depuis 1830, ça ne vaut rien ! […] Tout cela s’envole avec la dernière aspiration, et il n’en reste pas un souvenir assez net dans la mémoire, pour se jeter à une table, et fixer, sur le papier, quelque chose de cette fiévreuse inspiration de la cervelle. […] Un intelligent haut de tête, des yeux clairs et voluptueux, un petit nez droit, un grain de beauté jeté au beau milieu d’une joue rose.
» Les cris guerriers de la Perse roulent vers l’hymne grec comme pour l’étouffer, et les flottes, d’un élan, se jettent l’une sur l’autre. […] » — « Par un grand pont jeté sur le détroit de Hellé. » — « Il a fait cela, il a fermé le grand Bosphore ? […] … Jetez des cris discordants, affreux, lamentables ! […] Ils ont été jetés palpitants contre terre. » — C’est le Dies irae de la catastrophe ; le Livre est ouvert devant le coupable, le livre « où tout est contenu ». […] jette les hauts cris !
L’homme y jette, çà et là, un cri de détresse vers un firmament sans échos et sans profondeur : — « Ciel auguste ! […] L’inévitable tristesse des choses jette cependant de légers nuages sur cette sérénité rayonnante, et rien de touchant alors comme ces pensées troublantes si vite dissipées. […] Le vent jette les feuilles à terre, mais la féconde forêt en produit d’autres. […] Jamais ascète chrétien n’a jeté sur la vie, du fond de sa cellule, un regard plus triste que ce héros assis sur le trône du monde. — « Oh ! […] Des chiens qui se mordent, des enfants qui se battent, qui rient, qui pleurent bientôt après… Le vain appareil de la magnificence, les spectacles de la scène, les troupeaux de petit et de grand bétail, les combats de gladiateurs, tout cela est un os jeté en pâture aux chiens, un morceau de pain jeté dans un vivier.
La fortune aime les nouveaux venus, quelques tours de baccarat lui jettent une liasse de billets de banque dans les mains. […] On admet qu’il se jette, une première fois, dans le jeu, comme dans un gouffre à combler, pour sauver une maîtresse en péril. […] L’arrivée de sa mère jette un froid dans la flirtation commencée. « Par où sort-on ? […] Mais le père est intervenu, il a jeté une calomnie entre l’amant et la maîtresse : les apparences étaient contre elle, le jeune homme s’est cru dégagé, il a rompu brusquement. […] A quoi bon les jeter, d’ailleurs, dans un panier percé dont madame Fourchambault tient l’anse ?
Tourguénef ; il le porte jusque dans ses histoires fantastiques, où tout le merveilleux consiste en quelques indications jetées au hasard, en quelques traces fugitives d’une apparition ou d’un mystère. […] Il a le cerveau rompu par une métaphysique vertigineuse qui diversifie la pensée, la jette dans des conflits interminables, et équilibrant tous les contraires, accoutume si bien l’esprit à la joie de vivre au-delà de la réalité, dans la sphère des entités logiques, qu’aucune impulsion motrice ne l’affecte plus ; l’habitude excessive de la ratiocination annule et absorbe toute l’activité volontaire. […] Dans la vie basse et grise d’un jeune homme pauvre, il a conservé une sensibilité délicate pour toute injustice ; les vexations dont on poursuit les libéraux l’ont jeté dans leur camp. […] Il s’est jeté dans l’œuvre nihiliste, et sans cesse il débat mentalement l’utilité de ce sacrifice. […] Il jeta loin de lui sa casquette, et, ayant ressenti d’avance dans tout son corps comme une tension forte, angoissante et douceâtre, il mit la bouche de son revolver contre sa poitrine et pressa la gâchette.
La Rochefoucauld, spéculatif jeté par les événements dans l’action. — Ses Mémoires. — § III. […] La Rochefoucauld, spéculatif jeté par les événements dans l'action. […] Il ne faut chercher La Rochefoucauld ni dans son rôle de frondeur, nouant des intrigues politiques, sans avoir rien de l’intrigant ; politique par amour ; brave sans véritable ardeur militaire ; exposant sa vie par point d’honneur ; agité plutôt qu’actif ; ni dans son début malheureux, lorsque s’essayant à la guerre civile par le complot, il se jette à vingt ans dans la ridicule échauffourée qui s’appela la Journée des Dupes. […] La Rochefoucauld n’est qu’un spéculatif, que sa naissance, ses amitiés, les passions de sa jeunesse ont jeté dans l’action ; qui paye fort décemment de sa personne, et qui joue sa vie pour l’honneur de son nom, peut-être par dégoût pour l’action. […] Je l’ai dit : un esprit spéculatif, que des événements plus forts que ses penchants, des passions plus fortes que sa raison, avaient jeté dans une carrière d’intrigue et d’action.
Chateaubriand Ce n’est pas sur les grands événements de la Révolution que ces Mémoires peuvent jeter du jour ; ce n’est pas même sur des événements secondaires, non moins recherchés parce qu’ils sont moins connus, que portent les récits de l’auteur. Jeté par sa position militaire dans le midi de la France, pendant les premières années de nos troubles, transporté tour à tour d’Uzès à Avignon et de Carpentras à Jalès, il aurait pu sans doute nous exposer avec clarté et franchise les déplorables agitations de ces provinces tant de fois ensanglantées ; nous dire comment la patrie des plus ardents fauteurs de l’ordre nouveau se trouva si proche du camp où le régime ancien se retrancha ; comment ces Cévennes, encore retentissantes de la voix des pasteurs proscrits, prêtèrent leurs asiles à la monarchie et à la religion déchues de Louis XIV ; comment, en un mot, les partis se caractérisèrent dans ces vives contrées, s’y constituèrent en présence l’un de l’autre, d’autant plus terribles et inexorables qu’ils s’alimentaient de rivalités plus immédiates et pour ainsi dire plus domestiques, que de vieilles haines inextinguibles se rallumaient aux haines récentes, et que les séductions étrangères les plus habilement ménagées s’y combinaient avec ce qu’ont de plus irrésistible et de plus spontané les mouvements populaires. […] Ignominieusement refoulés vers ce peuple dont ils étaient sortis, et qui leur tendait les bras, les guerriers s’y jetèrent au premier appel.
Les paons familiers, perchés dès l’aurore sur ces parapets pour attendre le réveil des habitants du château, jettent par intervalles leurs cris rauques et sauvages pour demander les miettes de pain qu’on leur jette du haut des fenêtres ; les hennissements des poulains dans le pré, les gloussements des poules dans les basses-cours, les joyeux aboiements des chiens enchaînés dans leurs niches aux deux côtés du seuil, leur répondent. […] L’un de ces artistes était le jeune Allemand Liszt, ce Beethoven du piano, pour qui la plume du premier Beethoven était trop lente, et qui jetait à plein doigté ses symphonies irréfléchies et surnaturelles au vent, comme un ciel des nuits sereines d’été jette ses éclairs d’électricité sans les avoir recueillis dans la moindre nuée. […] Qu’il lui jette la première pierre, celui qui n’a jamais désespéré de ce triste monde, et qui n’a jamais replié son manteau pour partir avant l’heure, en emportant ailleurs son œuvre méconnue ici, et en disant à ses contemporains : « Je vous méprise, adieu ; voilà mon œuvre, jugez-moi ! […] Cette voix lente, grave, timbrée d’émotion, résonnait comme le puits où le passant jette une pierre du chemin pour mesurer par la lenteur de l’écho la profondeur de l’abîme. Son accent remontait ainsi du fond de sa poitrine ; il faisait involontairement penser : « Ce jeune homme a un grand abîme en lui ; le creux de son âme ne peut être comblé par les pierres du chemin : il y faudra jeter l’infini, Dieu, l’amour, la poésie, ces trois choses sans mesure !
Pourtant je ne tentai pas de m’en délivrer par un au revoir cordial, gaiement jeté en me retournant ; il eût sonné trop faux et m’eût fait encore plus mal. » Et ce que je te conte, je te jure que je ne me laisse pas aller à le revêtir de la tristesse qui depuis s’est jetée sur le souvenir. […] De toute leur jeune voix, ils ont crié pour qu’on s’y préparât ; ils pressentaient qu’elle les jetterait bas, et joyeusement ils y coururent. […] Je les pose à même sur le papier pour qu’ils jettent librement leurs feux. […] tout le monde se jette à plat ventre ; c’était un 105 qui s’annonçait.
Quiconque jette les yeux dessus perd l’idée du paradis. […] Je ne travaille, pour moi, à autre chose qu’à me jeter à corps perdu dans cet abîme. […] Le grand maître se jeta aux pieds du roi pour avoir la grâce du favori. […] Il se jeta aux pieds du roi, en les embrassant, et le supplia de leur faire grâce. […] On jette plusieurs boules au milieu de la place, et on donne un mail à chacun.
Le cri perçant jeté par madame Heine n’était rien moins que la menace d’un procès contre des éditeurs sans droit, prétendait-elle, — lesquels, eux, ont répondu tranquillement qu’ils avaient droit et n’avaient nulle peur du procès… Or, depuis cet altercas dont les tribunaux devaient connaître, le silence s’est fait sur la chose. […] Mais, comme un enfant vigoureux qui s’ennuie de ces grêles amusettes et qui s’en retourne à la récréation en plein air, il a fini par jeter le jeu de cartes sous la table et il est retourné, sans foi ni loi, à la Sensation, qui a décidé de sa vie ; — car Henri Heine est le poète de la Sensation, du Doute et de l’Impression personnelle, comme, du reste, le plus grand du χιχe siècle, l’auteur du Childe Harold et du Don Juan. […] C’est un Goethe, sans l’ennui de Goethe, le Jupiter Olympien de l’ennui solennel et suprême, qui l’a fait tomber cinquante ans comme une pluie d’or sur l’Allemagne ; sur l’Allemagne, cette Danaé de l’ennui heureuse, qui se jetait par terre pour le ramasser ! […] Il dit comment la tarte est faite, et il la jette par la fenêtre.
Leur spécialité était de jeter des pierres aux passants pour le plaisir de les blesser. Les plus âgés, après une année de résistance, se décidèrent enfin à ne jeter qu’un nombre de cailloux fixé, avec promesse de n’atteindre personne. Ils ont tous fini par se corriger, et ils y ont mis tant de zèle que maintenant ils pourchassent avec acharnement tous ceux qui jettent des pierres. […] La pauvre fille a été jetée comme une perle au milieu d’un triste monde d’infirmes et d’incapables. […] Songez à Sfax, à cette poignée de braves jetés sur une plage de boue et de feu ; partout les ruses cachées du désespoir, les embûches du fanatisme, et, au milieu de cet enfer, un nombre imperceptible de soldats, de marins, courant où les mène la voix de leurs chefs, car le chef, est pour eux la patrie, le devoir.
Il a découvert sous ces traits obscurs quelque chose qui ressemble à de la beauté ; il a frappé sur cet esprit engourdi et il en a fait sortir de vives étincelles ; bref, le chevalier est amoureux, autant qu’il peut l’être, et le voilà qui se jette aux pieds de la délaissée en lui proposant d’être… sa maîtresse. […] On dirait que, dans sa joie, elle casse une tirelire pleine d’épigrammes économisées et qu’elle jette d’un coup par la fenêtre ses épargnes de vingt ans de silence et de niaiserie feinte. […] Il lui jette à la tête ses soixante ans et ses rhumatismes ; il le pousse à coups de chiquenaudes jusque sur le bord de sa tombe ; il rit au nez de ce visage vénérable qui a reflété Louis XIV soleillant dans sa gloire. […] Pour qui sait quelle grande ombre jetait un duc dans le monde, même à ce crépuscule de la monarchie, de quel pied de pourpre il foulait la terre, et quelle solennelle étiquette régnait jusque dans l’intérieur de ces grandes familles rangées en face du trône et en vue du peuple, les incartades du chevalier de Talmay divaguent d’inconvenance et de contresens. […] Les propos s’aigrissent, le débat s’envenime, et l’artiste, après avoir livré son œuvre, jette au grand laquais qui le suit la bourse d’or que le baron vient de lui tendre.
Une première fois, il a pardonné, il a même pris soin de l’enfant, dont elle ne s’inquiétait pas plus que d’un petit Chinois jeté au fleuve Jaune. Mais la dame, loin de s’amender, s’est jetée, à corps perdu, dans la vie galante. […] Cependant son amant l’a prise aux poignets, il va la dompter ; elle se dégage de son étreinte, et court jeter son manuscrit, par la fenêtre, à Cantagnac embusqué. […] Dès la première scène, le drame se jette dans l’action : c’est en plein mouvement qu’il s’expose. […] Au moyen âge, elle l’aurait accusé de lui avoir jeté un sort.