Charles Morice Si ce poète n’a pas de sensualité, peut-être, sans doute il ne manque ni d’intelligence, ni d’imagination.
Il est poète de sens, de sentiment et d’esprit, plutôt que de haute imagination.
Son imagination y paroît féconde, mais peu réglée ; son esprit aisé, mais minutieux & trop enclin à la satire ; son style naturel, mais diffus & très-négligé.
Cette plume n’est pas à l’abri du reproche d’une très-grande licence, & le jugement de l’Historien a été souvent le jouet d’une imagination portée à inventer des anecdotes, ou à en adopter un grand nombre, destituées de tout fondement.
Brienne, [Henri-Louis de Lomenie, Comte de] fils du précédent, mort en 1698, cultiva les Lettres avec des talens propres à le distinguer, si les fréquens voyages, ses aventures & la tournure de son esprit un peu romanesque, n’eussent trop favorisé les écarts de son imagination.
Dans sa Tragédie d’Ericie, ou la Vestale, il n’a pas su assez réprimer les effervescences de son imagination : ses pensées sont souvent fausses, & plus souvent encore trop hardies.
Ils annoncent en général beaucoup d’imagination, de l’esprit, & le talent d’écrire.
Il montre quelquefois de l’imagination dans l’invention des sujets, des traits pétillans, des pensées ingénieuses ; mais l’esprit, sans le talent, ne procura jamais de succès, & le talent ne se fit jamais sentir dans des Vers assez communément prosaïques, sans grace, & péniblement travaillés.
La foiblesse du corps avoit sans doute énervé la vigueur de son imagination ; ou bien, il faut supposer qu’il n’en avoit jamais eu.
Une imagination trop impétueuse & trop féconde, une verve sans regle & sans frein, un style trop brillant & sans correction ; joignons à cela le mauvais goût de son Siecle, qui sortoit à peine de la barbarie ; l’ont empêché d’être un des premiers Poëtes de notre Nation.
Quiconque écrit sur des sujets d’imagination, ne doit pas attendre que l’âge vienne en refroidir & même en tarir la source ; à plus forte raison, quand cette source n’a été qu’abondante, sans limpidité & sans saveur.
Une assez juste connoissance de la Morale & de la Politique, plus d’esprit que de talent, plus de finesse que de raison, plus de sentiment que d’imagination, de la facilité pour écrire en Vers & en Prose avec intérêt & avec élégance, sont les principaux traits qui caractérisent les Ouvrages de cet Ecrivain.
Pour se tirer d’un pareil sujet, il eût fallu la force d’idées, de couleurs, et d’imagination de Rubens, et tenter une de ces machines que les Italiens appellent opera da stupire.
Malheur énorme pour l’imagination !
C’est par l’imagination que nous commençons à voir les choses, et par l’imitation que nous commençons à écrire. […] Ces marquis et ces méchants poètes, qu’était-ce que de vains fantômes créés par des imaginations malfaisantes ? […] La connaissance de lui-même, en le délivrant de la vanité, l’avait soustrait à la double servitude des écrivains qui s’ignorent : l’influence des personnes, et le tour d’imagination du moment. […] C’était à d’autres à donner les grands exemples de l’imagination qui crée les types, et de la sensibilité qui fait parler les cœurs. […] Je l’aime mieux quand il peint, parce que l’imagination y suffit, et quand il raconte, parce qu’il n’y faut que de l’enjouement et de l’esprit, avec une raison ordinaire.