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896. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Maintenant, l’homme risque peu et gagne peu. Aux époques héroïques de l’activité humaine, l’homme risque tout et gagne tout. […] Les hommes alors vivront heureux ; la terre sera comme une plaine ; il n’y aura qu’une langue, une loi et un gouvernement pour tous les hommes. […] Les plus grands hommes d’une nation sont ceux qu’elle met à mort. […] N’est-elle pas la fille des humbles de cœur, des hommes de bonne volonté ?

897. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Comme les hommes les plus doctes ne sont pas toujours ceux qui ont le plus de sens, de même le siecle qui est plus sçavant que les autres n’est point toujours le siecle le plus raisonnable. […] Dans toutes les questions où les faits sont géneralement connus, un homme ne juge pas mieux qu’un autre, parce qu’il est plus sçavant que lui, mais parce qu’il a plus de sens ou plus de justesse d’esprit. […] Qu’on juge de la supériorité d’esprit et de raison que nous avons sur les hommes des temps passez, par l’état où sont aujourd’hui les sciences naturelles, et par l’état où elles étoient de leur temps. […] Il est venu un homme dont la profession étoit de faire des cartes, et qui s’est servi utilement des expériences. […] Ils doivent tous convenir quelles sont les choses dont les hommes ne peuvent point connoître encore la verité.

898. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Les malheurs qui fondirent sur la France, à partir de 1812, vinrent mettre à l’épreuve les hommes. […] Mathieu de Montmorency à l’Académie, de l’homme estimable auquel celui-ci succédait, de M.  […] Avec les hommes de sa génération et de son école historique, M.  […] Daru pendant les années de la Restauration ; elle aimait à l’avoir pour président les jours de séances délicates et solennelles, soit qu’en recevant M. de Montmorency (1826) on eût à faire la part de l’homme de bien pour couvrir l’absence de l’homme de lettres, soit qu’en fêtant M.  […] Je n’ai pas tout dit, mais je suis arrivé au terme ; l’homme, sous l’aspect où je l’ai voulu montrer, est connu.

899. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

Pierre Laffitte, homme de bien et de dévouement. […] et l’homme qui l’a écrite est le même (cela se conçoit), qui plaidera, dans une lettre à M.  […] « Quelques peuples, disait dernièrement un libéral, homme d’esprit, ont tenté de se passer de grands hommes et y sont parvenus. » C’est là une perspective. […] Malheur à qui prétendrait diminuer ce ressort moral et rabaisser l’idée si respectable que l’homme civilisé a de lui ! […] Je ne refuse certes pas aux hommes de liberté cet humain et généreux souci ; mais le moyen chez eux est un principe sacré autant que le but.

900. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Lesage, par indépendance, par dignité d’homme, n’attend ni les pensions ni les cadeaux ni les sinécures que procure la faveur des grands. […] C’est un homme, lui aussi, ce n’est plus l’humanité. […] Des Grieux consent à tout, à tout ce qu’un homme devrait refuser, pour garder Manon. […] Tout le roman est dans les révoltes de l’honneur chez l’homme, dans l’effort de la femme pour accorder l’amour et la coquetterie. […] Rousseau fait place à la nature pour elle-même : là il montre en face de l’homme, autour de l’homme, douce ou triste à ses sens ; il en fait le cadre et l’accompagnement des souffrances et des joies humaines, qui y ressortiront plus puissantes.

901. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Il donne à la France un roi, d’abord, Henri IV, et autour du Béarnais se presse toute une brigade d’hommes remarquables ! […] L’homme contribue à l’opérer par son travail, et de la sorte il modifie lui-même les conditions où ses descendants vont se développer. […] Partout où l’homme domine la nature, la raison prend le pas sur l’imagination, la science sur la fantaisie exaltée. […] Rien ne montre mieux le renversement des rôles qui s’est accompli dans ses relations avec l’homme ; rien n’atteste mieux les victoires qu’il a remportées. […] Cela influe sur les sentiments et les idées des hommes aussi bien que sur le tour qu’ils leurs donnent.

902. (1886) De la littérature comparée

— c’est à cette heureuse expérience d’un homme lettres illustrant un enseignement universitaire, que je dois sans doute l’honneur d’avoir été appelé ici. […] Le résultat de ce travail est un portrait intellectuel plus ou moins complet, selon la valeur des documents employés et l’application du critique, de l’écrivain placé dans son milieu : les rapports entre l’homme et l’œuvre se trouvent déterminés ceux entre l’homme, l’œuvre et l’époque, sont indiqués. […] À son tour, « l’homme corporel et visible n’est qu’un indice au moyen duquel on doit étudier l’homme invisible et intérieur ». […] Et le discours sur la dignité de l’homme, de Pic de la Mirandole, caractérise nettement le changement radical qui s’est opéré dans la conception de la vie. Deux siècles auparavant, quand Brunetto Latini osait dire que « toutes les choses étaient faites pour l’homme et que l’homme était fait pour lui-même », un prudent contemporain se hâtait d’ajouter « et pour aimer et servir Dieu et avoir la joie perdurable ».

903. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Fauriel était triste et désespéré comme un homme jeune, qui voit pour la première fois se briser son rêve. […] Pour le reste des hommes, ne leur ouvrez jamais votre cœur… Notez que celui qui donne ce conseil était le plus expansif des hommes, le cœur qui, jusqu’à la fin, devait être le moins fermé. […] Allez, allez, cet homme a tout vu dans le cœur de l’homme. […] Ne masquons jamais la nature ni l’homme. Quand je dis de ne pas masquer l’homme, ce n’est pas que j’aie la grossièreté de vouloir qu’on exprime tout.

904. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre III. Zoïle aussi éternel qu’Homère »

Les hommes du pouvoir y encourageaient les hommes du libelle. […] D’autres hommes, plusieurs en soutane, les attendaient. […] Ce sont des hommes surhumains, mais des hommes. […] Ils sont des hommes. Ce qui vous trouble, c’est qu’ils sont des hommes plus que vous ; ils sont trop des hommes, pour ainsi dire.

905. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Les mœurs, selon le cours ordinaire des choses, ont marché avec la révolution du temps ; les opinions, au contraire, ont marché en avant avec la révolution des hommes. […] Le guerrier le plus fameux, le plus brave sur le champ de bataille, s’il n’est pas un homme aimable dans la société, perd tout le fruit des dangers qu’il a courus. […] L’éducation n’a pas tant à polir en elles que dans les hommes. […] Le sentiment moral est tellement entré, par lui, dans tous les hommes, qu’il n’a plus autant besoin de se mettre sous la protection des institutions sociales. […] Nous chercherons à établir, plus tard, que, la société étant imposée à l’homme, les lois de la société sont nécessaires.

906. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « M. de Pontmartin. Les Jeudis de Madame Charbonneau » pp. 35-55

Je ne marchanderai pas : socialement il est étrange, et de la part d’un écrivain qui avait tous les dehors et les prétentions d’un homme de bonne compagnie, il est impardonnable. […] Le comte d’Orsay était un libertin, un dissipateur, mais un charmant et galant homme. […] Un homme de lettres pauvre est tenté autrement qu’un homme de lettres riche. […] cette tentation, sous la seule forme où elle pouvait se présenter à un homme de sa sorte, l’auteur des Jeudis l’a éprouvée, et il n’a pas su y résister. […] Je suis bien sûr que de ces hommes qui viennent de me serrer la main, aucun ne me trahira, n’ira écrire incontinent contre moi (entendez-vous, Monsieur le gentilhomme-propriétaire du Comtal ?)

907. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

Il me dit que la poésie rendait égaux tous les hommes et qu’il serait heureux de mon amitié. […] Telles furent la vie et la fin de cet excellent homme. […] Je jouissais de fouler ces gazons semés autrefois par un grand homme et possédés aujourd’hui par le plus vertueux des hommes. […] Ainsi finit cet homme de bien, qui ne laissa que des respects et des regrets sur cette terre. […] C’était un homme que Dieu seul pouvait juger, car il n’avait agi que pour lui.

908. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Le dessin, la musique et la poésie le consolèrent et partagèrent ses moments, jusqu’à ce qu’il devint homme public, en 1300 : c’est là l’époque de tous ses malheurs. […] Les mânes signifient restes, et désignent ce qui survit à l’homme, ce qui est permanent après lui. […] Il arrivait quelquefois qu’un homme voyait son génie avant de mourir ; mais le cas était rare, et on ne compte guère que Dion, Socrate et Brutus qui aient eu cet avantage. […] La Genèse, en disant que Dieu fit l’homme à son image, semble indiquer aussi cette première portion de l’homme. On pourrait conclure de là que l’âme avait deux enveloppes : cachée d’abord dans l’ombre qui avait la figure humaine, elle formait un homme intérieur, sur qui se moulait l’homme extérieur, c’est-à-dire le corps.

909. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Dans celui-ci nous l’étudierons en tant que signe de l’homme qui l’a produite. […] Ces images et ces idées, avant de se trouver dans l’œuvre d’art, ont dû se trouver dans l’esprit de l’homme qui l’a conçue et exécutée. […] Or on sait que l’esprit, le moi de tout homme, est constitué, comme le montre notamment M.  […] Taine, Ribot, et la Revue philosophique », Unité et globalité de l’homme. Des humanités aux sciences de l’homme, dir.

910. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

Il sait ce que rapporte le talent à son homme, lorsqu’on est assez noblement bête pour ne pas vouloir l’abaisser. […] Je jurerais qu’il serait bien attrapé, l’aimable homme, s’il croyait ne jamais faire un peu souffrir ! […] L’homme qui se la versa et qui nous la verse est de la sensation, et peut-être de la famille, de l’épicurien intellectuel qui disait : « Je sacrifierais toute une hécatombe d’imbéciles pour sauver un rhume de cerveau à un homme d’esprit ! » Et l’homme d’esprit, c’est Babou lui-même ! […] Qu’est-ce qu’un homme surfait, après tout ?

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